cas clinique - Journet AD - ( PDF - 396.9 ko)

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Fertilité après embolisation des artères utérines pour
hémorragie du post partum
à propos de 2 cas cliniques
Dr. JOURNET Dorothée (Lyon)
L’embolisation utérine a été utilisée pour la première fois, à visée hémostatique avec
succès, en 1979 dans un contexte d’hémorragie grave du post partum (HPP). Elle est de
plus en plus utilisée de nos jours car elle présente une excellente alternative à la chirurgie
tout en essayant de préserver la fertilité. Son indication est le résultat d’une discussion
pluridisciplinaire et ne sera discutée qu’après une révision utérine, un examen du col et du
vagin et l’échec des utérotoniques. De plus, elle nécessite un plateau technique spécialisé
avec un équipe expérimentée pour cette prise en charge, non disponible dans toutes les
maternités, ainsi qu’un diagnostic précis de l’étiologie de l’HPP. Dans ces conditions,
l’embolisation sélective des artères utérines garantit un taux de succès important et une
faible morbidité maternelle. Néanmoins, dans de rare cas, elle entraîne certaines
complications compromettant la fertilité ultérieure.
Présentation de 2 cas clinique de nécrose endométriale totale avec altération de la
fonction ovarienne après embolisation des artères utérines pour hémorragie sévère du
post partum:
a. Cas 1
Il s’agit d’une patiente de 23 ans primipare, aux antécédents de fausse couche précoce,
d’obésité (BMI 33 kg/m2 en début de grossesse, 39 kg/m2 en fin de grossesse) et de
tabagisme actif pendant la grossesse. La grossesse était de déroulement normal. Elle
bénéficia à 38 semaines d’aménorrhée et 5 jours d’une césarienne pour échec de
déclenchement par prostaglandines intra vaginales dans un contexte de pré éclampsie
sévère avec anomalie du rythme cardiaque foetal. Une petite fille de 2110 g était née avec
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un score d’apgar normal. La délivrance per opératoire était dirigée et complète avec
révision utérine certifiant la vacuité utérine. Une atonie modérée fût rapidement corrigée
par perfusion d’ocytocine et massage utérin. Les pertes vaginales étaient normales en
post partum immédiat. Le saignement récidiva 4 heures après la naissance, il était
persitant malgré une perfusion de sulfoprostone (NALADOR ®). La patiente était alors
transférée en maternité de niveau 3 pour une embolisation des artères utérines.
L’embolisation fût réalisée 2h après le début de l’hémorragie de la délivrance. Les 2
artères utérines étaient embolisées de manière sélective après repérage angiographique
avec un matériel résorbable (Curaspon ®). Le traitement de l’hémorragie par embolisation
était un succès avec arrêt des saignements et sans récidive.
Dans les suites, elle consulta en urgence 39 jours après sa césarienne pour syndrome
septique avec leucorrhées malodorantes et rétention d’un amas tissulaire en intravaginal.
Il n’y avait pas eu de retour de couche, la patiente allaitait encore et était sous pilule
microprogestative. La masse tissulaire intravaginale fut prélevée et envoyée en
anatomopathologie. Il s’agissait d’un fragment de tissu musculaire lisse nécrobiosé
provenant probablement de la paroi myométriale. La patiente fut alors hospitalisée pour
pyométrite et traitement par antibiotiques intraveineux. Deux mois après cet épisode, il n’y
avait toujours pas de retour de couche, l’allaitement était sevré et la patiente encore sous
microprogestatifs.
Cinq mois plus tard, elle consulta à nouveau n’ayant toujours pas de retour de couche.
L’échographie endovaginale retrouvait un utérus diminué de volume sans collection intra
utérine, l’endomètre n’était pas visualisé ainsi que l’ovaire gauche. Une hystéroscopie et
une coelioscopie diagnostiques furent réalisées. Ces examens retrouvaient un utérus
anormalement petit, blanc, sans aucune résistance myométriale et une cavité utérine avec
une synéchie complète (ascherman stade IV) sans endomètre sain. Les ovaires et les
trompes étaient d’aspect normal.
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Un traitement par estrogène fut mis en place en espérant une amélioration de la qualité
endométriale. Une échographie endovaginale et une IRM pelvienne réalisées à la fin de ce
traitement confirmaient la présence d’une double synéchie, l’une séparant la région
cervico isthmique de la région corporéale, l’autre séparant les 2 cornes utérines. Il n’y
avait pas de tissu endométrial visualisé (annexe 1). Les ovaires étaient de petite taille
sans follicule individualisable. Un dosage de l’hormone anti müllérienne la retrouvait
effondrée et inférieure à 0,1. Le Doppler des artères utérines en échographie était normal
(annexe 2).
b. Cas 2
Patiente de 30 ans suivie pour sa troisième grossesse après une fausse couche précoce
et un accouchement normal à terme dépassé. La grossesse actuelle fut marquée par un
hématome sous membranaire provoquant des métrorragies abondantes à 27 semaines
d’aménorrhées avec placenta normalement inséré. Elle accoucha très rapidement à
domicile d’une fille de 2540g à 36 semaines d’aménorrhée et un jour. La délivrance était
artificielle avec révision utérine, sous anesthésie générale, 40 minutes après
l’accouchement pour non décollement placentaire et hémorragie de la délivrance. Il n’y
avait pas de lésion hémorragique de la filière génitale. La patiente fut sondée à demeure
et traitée par ocytocine (30 UI en tout) et par sulfoprostone (NALADOR ®). L’hémorragie de
la delivrance était résistante à ces traitements entraînant une décision d’embolisation 2
heures après l’accouchement. Les pertes sanguines étaient alors estimées à 2 litres.
Les 2 artères utérines furent embolisées de manière sélectives après repérage
angiographique, sans complication
per
opératoire,
avec un
matériel
résorbale
(Curaspon®). L’arrêt des saignements était immédiat et sans récidive.
Dans les suites immédiates, la patiente n’avait pas de reprise de son transit et un
abdomen sensible et météorisé. Le transit fut correctement repris après un traitement
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symptomatique mais au septième jour post embolisation les douleurs pelviennes
reprenaient avec syndrome septique important et leucorrhées. Une IRM et une TDM
pelvienne retrouvait un utérus à paroi fine avec un rétention liquidienne et nécrotique, un
défect de vascularisation du myomètre et de l’ovaire gauche (annexe 3).
Deux mois après l’embolisation, la patiente n’avait pas de retour de couche, l’utérus était
encore augmenté de volume avec une rétention nécrotique importante.
Un contrôle échographique fut réalisé 3 mois après l’accouchement retrouvant une nette
diminution de la collection intra utérine, plus homogène et anéchogène, sans endomètre
individualisable. Le fond utérin et l’ovaire gauche étaient hétérogènes et mal vascularisés
(annexe 3).
Ces deux cas exposent une complication très rare de l’embolisation artérielle dans le
cadre d’une HPP. Nous n’avons pas retrouvé de cas publié de nécrose totale
endométriale dans la littérature, de plus associée à une aménorrhée, conséquente à une
embolisation respectant les recommandations actuelles: indication, utilisation de gélatine
résorbable, équipe pluridisciplinaire entraînée, etc...
Ce travail est en cours de publication.
L’embolisation des artères utérines reste un traitement de référence dans l’HPP sévère.
Son efficacité et sa faible morbidité ne sont plus à démontrer. Néanmoins, le nombre de
centre de radiologie interventionnelle la pratiquant 24 heures sur 24 toute l’année reste
faible et peu disponible. Devant ces difficultés, les indications d’embolisation ne font à
l’heure actuelle l’objet d’aucun consensus.
Les complications de l’embolisation notamment ischémiques bien que rares peuvent avoir
un impact sur la fertilité ultérieure de nos patientes. Les connaître nous permet de les
informer au mieux des conséquences de ce traitement.
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Annexe 1:
Annexe 2:
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Annexe 3:
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