Le légume au régime vert
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Le légume au régime vert
52 www.courrier-picard.fr COURRIER PICARD MERCREDI 17 JUIN 2015 LE DESSIN D’ALEX L’ÉDITORIAL DE JEAN-MARC CHEVAUCHÉ Tragique Ce qui s’est passé hier à l’Assemblée est tragique. Que le 49-3 ait été à nouveau utilisé par Manuel Valls est l’un des marqueurs de ce qu’est devenue notre démocratie. Une fille violée par une bande de mauvais garçons. On se méprendrait à disséquer l’infiniment divers de ce qui se trouve dans la loi Macron. Et chacun aurait son mot à ajouter. Globalement, elle libéralise l’économie, elle réduit les délais, elle simplifie les procédures. Son problème n’est pas là. Son problème est qu’elle n’est pas une loi que ceux qui ont voté Hollande attendent. Sur la ligne politique qu’Emmanuel Macron réfute : elle est de droite, pas de gauche. Le cinéma de Christian Jacob et de ses amis n’y change rien. En privé, les députés de droite le disent : Macron est des leurs. Eux-mêmes sont perdus, sonnés par un ministre d’Hollande qui ré-invente leur propre politique et, -sacrebleu !-, qui gouverne à leur place ! Pierre Gattaz, le peu marxiste patron du Medef, a soutenu le 49-3 et, concernant la loi Macron, a parlé d’aurore libérale. Il est absolument faux de croire qu’il y aurait des mesures, comme on l’entend souvent, qui seraient à prendre absolument et ne seraient ni de droite ni de gauche. La vaillante tête d’œuf qui a inventé ce concept ne devait pas bien aimer la démocratie. On va le rappeler puisque ça devient incroyablement nécessaire : la démocratie, c’est ne pas être d’accord. La démocratie n’est pas une entreprise, où les solutions sont imposées par des réalités sur lesquelles le chef d’entreprise n’a pas de prise. La démocratie est un système qui propose des solutions concrètes, radicalement différentes, et demande au peuple de choisir. Parfois le peuple choisit à droite, et c’est tant mieux. Parfois, il choisit à gauche, et c’est tant mieux aussi. Mais c’est quand les postures remplacent les programmes et quand un coucou parasite les nids que la démocratie s’effondre. Pour la respecter, il faut le courage de l’aimer et celui de ne pas être d’accord. Ces gens-là en sont incapables. Le légume au régime vert En Santerre, Bonduelle et ses organisations de producteurs ont tiré le bilan des huit fermes-pilotes tournées vers une culture durable. Les bonnes pratiques poussent. AGRICULTURE éduire l’usage des produits phytosanitaires dans les cultures de légumes, par essence fragiles, en préservant la productivité, la qualité des produits et la compétitivité de l’ensemble de la filière. C’est l’enjeu du programme de production intégrée des légumes de plein champ en Picardie (35 expérimentations et 200 enquêtes), porté par le groupe Bonduelle et ses organisations de producteurs (OPLVert et Expandis), sans oublier différents partenaires institutionnels (Inra, chambres d’agriculture et fonds européens notamment). R À SAVOIR Démonstrations Un pari réussi pour les huit fermes-pilotes engagées. Les matériels développés pour une agriculture intégrée, herse étrille, bineuse à moulinets et robot de désherbage, pour chasser les mauvaises herbes sans nuire aux rendements, ont assuré des démonstrations sur les parcelles de l’agriculteur de Méharicourt, Alexandre Deroo, exploitant l’une des fermes partenaires. « J’ai la sensation de mieux travailler avec la production intégrée, de réduire l’impact sur l’environnement et de participer à une stratégie durable dans le temps », a témoigné le cultivateur. Le bilan s’avère « encourageant » et « révèle qu’il est possible de produire les mêmes quantités » de jeunes carottes, haricots et pois de conserve, avec la même qualité et au même prix, tout en réduisant TDER1. Le robot bineur en démonstration dans une parcelle de haricots verts s’est taillé un vrai succès. (Photo Dominique TOUCHART) les produits de traitement des plantes. Les exploitants ont prouvé que combiner désherbage chimique et mécanique n’est pas insensé, « à condition de s’adapter au contexte climatique », pondère Bonduelle. Un bémol de taille souligné par l’agro-industriel : « s’agissant de la lutte contre les maladies et les ravageurs, les résultats sont moins probants ». Une avancée de la recherche est attendue dans ce domaine. Un guide du désherbage alternatif a été édité et est diffusé à grande échelle dans toute la filière. Aux alentours de Péronne, une ferme 3.0 est lancée, pour développer le biocontrôle et les applications des nouvelles technologie. Les bienfaits du désherbage mécanique À l’image de ce robot désherbeur conçu par une start-up de Toulouse et qui vire de lui-même en bout de parcelle. La stratégie d’essaimage, se poursuit en Picardie. « Nos légumes sont aujourd’hui d’une qualité exceptionnelle. On ne cultive plus comme il y a trente ans et c’est tant mieux. Mais l’histoire est pleine d’empoisonnement 100 % naturel, alors laissons nos contemporains anxiogènes qui sautent sur leur chaise comme des cabris, a déclaré Pierre Klein, président d’ Expandis. Simplement l’état de notre art a progressé et donc continuons à creuser notre sillon ». Saluant les bienfaits du désherbage mécanique, Eric Legras, le président de l’organisation de producteurs de légumes OPLVert, a avoué qu’il restait « plus difficile de s’affranchir des produits chimiques face aux maladies et aux insectes ». ▶ Après 6 ans de projet, le programme-pilote de culture durable de légumes de plein champ en Picardie, sous l’égide de Bonduelle et des organisations de producteurs Op-l-Vert et Expandis, a livré son bilan hier, mardi 16 juin à Méharicourt (Somme). ▶ Huit fermes pilotes, quatre dans la Somme, trois dans l’Aisne et une dans l’Oise, ont participé à ce programme tendu vers l’éco-agronomie. Elles ont réduit de 17 % leur indice de fréquence de traitement, par rapport à 2007, pour leur culture de carottes, haricots et pois de conserve. ▶ Un groupement d’intérêt économique et environnemental (GIEE) poursuit la démarche et se concentrera sur la préservation de la qualité des eaux de captage du bassin de Caix (Somme). Citant l’exemple de l’ergot de seigle, « tout n’est pas sain dans la nature et il y a des choses très dangereuses. On ne pourra pas se passer du chimique », a insisté Éric Legras. Dans la culture des petits pois, « nous sommes dans une impasse technique face à la prolifération de la mouche et on attend depuis trois ans en France l’homologation d’un fongicide pour traiter le haricot alors qu’il est en vigueur en Belgique ». N. T.