Un employeur peut être poursuivi en responsabilité civile
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Un employeur peut être poursuivi en responsabilité civile
Un employeur peut être poursuivi en responsabilité civile par un travailleur qui subit un accident du travail. Par Éric Thibaudeau, associé chez Langlois Kronström Desjardins La Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST) administre la Loi sur les accidents du travail et les maladies professionnelles (LATMP) : cette loi indemnise les travailleurs victimes d’accidents du travail et de maladies professionnelles. Bien que ce régime soit sans égard à la faute (no fault), saviez-vous qu’un employeur peut être poursuivi en dommages-intérêts par un travailleur blessé? Le principe général est à l’effet qu’un travailleur victime d’une lésion professionnelle est indemnisé par la CSST. Il ne peut poursuivre son propre employeur en justice. Ainsi, le régime prévu par la LATMP est fondé sur les principes d’assurance et de responsabilité collective sans égard à la faute. L’article 442 LATMP comporte certaines exceptions qui permettent à un travailleur, qui a subi une lésion professionnelle, d’intenter une poursuite en responsabilité civile devant les tribunaux de droit commun et ce, même s’il a droit à une prestation de la CSST. Ladite poursuite doit être intentée contre un autre employeur que le sien et l’une des conditions suivantes doit être rencontrée : 1. Le tiers employeur a commis une faute qui constitue une infraction criminelle; 2. Le travailleur peut recouvrer l’excédent de la perte subie et non couverte par la prestation qu’il a reçue de la part de la CSST; 3. Le tiers employeur est responsable d’une lésion survenue dans le cadre des soins reçus; ou 4. Le tiers employeur est tenu personnellement au paiement des prestations. Le deuxième cas intéresse l’industrie de la construction. En effet, nous retrouvons sur un chantier de construction plusieurs employeurs effectuant des travaux avec leurs propres employés : il est fréquent qu’un travailleur subisse un accident à cause des gestes posés par les salariés d’un autre employeur que le sien. À titre d’exemple, M. Malchance est manœuvre pour le compte de la Compagnie Malheur inc. et effectue des travaux au sol sur un chantier de construction. M. Malhabile, monteur de structures pour C-Haut inc. échappe un outil à partir du 3e étage. Cet outil heurte M. Malchance lui causant de graves blessures. M. Malchance aura droit au versement d’indemnités de la part de la CSST. Mais en plus, il pourrait entreprendre une poursuite en responsabilité civile contre la C-Haut inc., qui n’est pas son employeur et dont l’employé a causé l’accident, pour recouvrer la différence entre ses pertes réelles et la compensation versée par la CSST. Vous croyez qu’il s’agit d’un cas théorique? Détrompez-vous! Dans le cadre de notre pratique, nous avons pu constater, au cours des dernières années, une recrudescence de ce type de réclamations, notamment à cause des salariés accidentés de l’industrie qui gagnent plus que le maximum couvert par la CSST (69 000$ bruts en 2014). Nous vous recommandons donc d’être vigilants et de continuer à sensibiliser vos propres salariés à la sécurité des autres personnes présentes sur le chantier.