Allocution de Monsieur le Recteur de l`académie de Lille
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Allocution de Monsieur le Recteur de l`académie de Lille
Allocution de Monsieur le Recteur de l’académie de Lille Bernard Dubreuil Recteur de l’académie de Lille Chancelier des universités Monsieur le Président de la conférence des directeurs d’IUFM, Mesdames les directrices, Messieurs les directeurs, Mesdames, Messieurs, En ouverture, permettez-moi tout d’abord de vous souhaiter la bienvenue ici à Arras, l’un des centres de l’IUFM Nord-Pas de Calais à qui échoit cette année la responsabilité d’organiser le colloque de la conférence. Bienvenue dans l’académie de Lille, une académie importante par ses effectifs d’élèves et de professeurs, une académie dans laquelle les enjeux éducatifs sont de taille, à la hauteur de problèmes sociaux encore prégnants dans certaines parties de la Région. C’est dire qu’ici, on attend beaucoup de l’école et que l’on demande beaucoup aux acteurs du système éducatif, au premier rang desquels se trouvent les enseignants. Leur travail dans la classe exige cette capacité à tenir compte des déficits sociaux et culturels sans jamais renoncer à leur mission de pédagogue, sans jamais renoncer à l’objectif de conduire chaque élève sur les chemins de la connaissance et de les préparer à leur vie d’adulte, par l’acquisition de savoir et la construction de compétences. C’est une ambition qui exige de la part des enseignants un grand professionnalisme. C’est une ambition qui exige une formation solide des enseignants, à la hauteur des enjeux. C’est la raison pour laquelle, la loi d’orientation sur l’avenir de l’école du 23 avril 2005 inscrit une nouvelle étape dans l’organisation de la formation des maîtres avec deux dispositions majeures. D’une part l’intégration de l’IUFM dans l’université comme composante de celleci ; de l’autre, la publication d’un cahier des charges de la formation des maîtres qui fixe le cadre dans lequel chaque institut, en lien avec les universités et les services académiques devra arrêter son plan de formation. L’un des principes du cahier des charges est la continuité de la formation. C’est à dire que la formation professionnelle du jeune enseignant doit être préparée très en amont, avant le concours de recrutement et qu’elle doit faire encore plus qu’aujourd’hui l’objet d’un accompagnement structuré en aval, après son année de formation. On voit bien que l’intégration des IUFM à l’université doit permettre de créer des cursus universitaires qui préparent mieux aux métiers de l’enseignement : de véritables cursus de pré-professionnalisation commençant très tôt, par exemple après le 1er semestre de licence. L’un des enjeux de l’intégration est de réussir à mettre en place cette continuité de la formation pour qu’elle apporte une plus-value incontestable en réponse aux exigences du métier d’enseignant. L’université s’appuyant sur les IUFM a maintenant la responsabilité de former des professionnels de l’éducation, comme elle le fait avec les centres hospitaliers pour la formation des professionnels de santé. IUFM Nord-Pas de Calais Qu’est-ce qu’une formation professionnelle universitaire des enseignants ? – 2009 (13-15) Tome 1 13 Dans ce contexte, vous avez choisi comme thème du colloque le réexamen de l’association des concepts de professionnalisation et d’universitarisation, sous forme d’une interrogation – propre aux démarches de recherche – « Qu’est-ce qu’une formation professionnelle universitaire des enseignants ? ». Telle qu’elle est formulée, cette question pose d’abord un principe général d’existence. L’université dispense-t-elle des formations professionnelles ? Dispose-t-elle d’un savoirfaire en la matière ? La réponse est oui ; mais peut-être pas aussi largement qu’un regard rapide le laisserait apparaître. Car peu nombreuses sont les formations universitaires conduisant à une profession basée sur un référentiel-métier fixé par les futurs employeurs. Formation professionnelle n’est pas formation professionnalisante. J’ai cité les études médicales, et je crois que c’est un bon exemple de formation professionnelle universitaire à plus d’un titre, et particulièrement par la très forte spécificité du couple métierformation. On peut considérer que certaines formations délivrées par les IUT ou les écoles d’ingénieurs internes dont les référentiels et les modalités sont arrêtés en relation étroite, par coconstruction, avec les futurs employeurs des étudiants, répondent aux caractéristiques d’une formation professionnelle. On peut d’ailleurs trouver quelques analogies avec la formation des maîtres et les IUFM. Par exemple, les écoles d’ingénieurs appuient leur activité sur la synergie triangulaire : recherche, formation, entreprise. La représentation du monde socio-économique au sein même de ces formations en est également une caractéristique, comme la place importante des périodes de stage en entreprises qui permet le va et vient entre la pratique et la théorie. Il faut mentionner également les licences professionnelles, certaines formations juridiques, les IUP, les masters professionnels… Ainsi, l’université a déjà démontré sa capacité à développer en son sein de véritables formations professionnelles. Cela ne s’est pas fait facilement, de nombreuses oppositions se sont manifestées à l’occasion, car les instituts ou les écoles qui abritent ces formations professionnelles bénéficient, par construction, de statuts dérogatoires, d’une certaine autonomie et de fléchage de moyens, conditions qui à l’expérience, faut-il le rappeler, ont énormément contribué à leur réussite. Ce principe d’existence acquis, qu’en est-il de la formation au métier d’enseignant ? Paradoxalement, l’université, lieu par excellence de la production et de la transmission des savoirs a longtemps considéré son rôle dans la formation des enseignants à la préparation exclusive des concours du second degré, ceux-ci étant principalement basés sur des savoirs universitaires.La création des IUFM avait déjà modifié quelque peu cette conception en conférant une dimension « universitaire » à la formation des professeurs des écoles et en introduisant en substance des éléments de pratique professionnelle dans la formation des professeurs du second degré. De cette première période d’existence des IUFM, on peut tirer un bilan de « l’apport universitaire » dans la formation des enseignants. Ce bilan doit servir de base pour aller plus loin et faire mieux. L’intégration de chaque IUFM dans toutes ses fonctions doit en effet permettre de réaliser un pas supplémentaire dans la prise en charge globale de la formation des maîtres par l’institution universitaire. C’est désormais l’acquisition du référentiel de compétences en un ensemble complexe de 14 IUFM Nord-Pas de Calais savoirs, savoir-faire et savoir-être nécessaires à l’exercice de la profession qui doit devenir la préoccupation de l’université, et non plus la seule acquisition d’une partie de ces savoirs, de ceux qui sont traditionnellement appelés académiques ou de contenus, vérifiés lors des concours. L’université aura dès lors à se poser la question des collaborations harmonieuses avec les professionnels mais aussi de la coïncidence avec le projet de la Nation pour son système d’enseignement, la question aussi des relations avec l’institution scolaire ainsi qu’avec les représentants de l’État employeur. L’institution scolaire elle-même, ses professionnels et ses représentants auront à repenser les modes de relation avec l’université, désormais officiellement et complètement chargée de la formation des enseignants, dans une relation maître d’ouvrage – maître d’œuvre. Ce colloque s’est donné comme objectif de dresser un état des recherches et des pratiques dans ces domaines. Vous avez construit un programme d’ateliers, de conférences et de tables rondes pour traiter des nombreuses déclinaisons des questions que je viens d’évoquer très succinctement. Vos travaux apporteront, j’en suis certain, une contribution significative au thème de la formation professionnelle universitaire des enseignants, une contribution utile pour conduire le changement dans lequel nous sommes désormais engagés. Je tiens à féliciter les organisateurs de ce colloque, remercier tous ceux qui y participent et plus spécialement les collègues étrangers qui ont accepté d’apporter leurs précieuses contributions. Je vous souhaite un excellent séjour, des travaux fructueux et vous remercie de votre attention. IUFM Nord-Pas de Calais 15