Formation des maîtres : « Que va-t-on devenir - SNASUB

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Formation des maîtres : « Que va-t-on devenir - SNASUB
Formation des maîtres : « Que va-t-on devenir ? »
Ouest-France- Edition de St Brieuc le mercredi 18 juin
Enseignants et personnels de l'antenne briochine de l'IUFM de Bretagne s'inquiètent du devenir de leur
établissement de formation.
Nicolas Sarkozy veut réformer la formation des enseignants. Et provoque, du coup, l'inquiétude du
personnel de l'antenne briochine de l'IUFM.
« La réforme, si tu savais... ! » Quimper, Toulouse... Les unes après les autres, les Instituts universitaires de
formation des maîtres (IUFM), appuyées par les syndicats, réagissent vertement aux récentes déclarations de
Nicolas Sarkozy. Dans ce qui n'est encore qu'un projet de réforme, le chef de l'État veut, dès 2010, « intégrer la
formation des enseignants au cursus universitaire ». Allongée d'une année (de bac + 4 à bac + 5), la durée
des études permettrait, selon le président, de « mieux former l'enseignant de demain ». « En se passant du
dispositif IUFM, on veut raser tout ce que cette institution a fait depuis vingt-cinq ans », commente
Philippe Louarn, représentant de la délégation des personnels de l'antenne briochine de l'IUFM (1). « Est-ce qu'un
étudiant titulaire d'un diplôme théorique sera à même d'enseigner dans une classe ? », s'interroge Valérie
Lecoeur, professeur des écoles et maître formateur.
Ce projet prévoit que la « mastérisation » (2) de la formation des maîtres d'école s'accompagne de la suppression
de leur salaire. Aujourd'hui, les stagiaires 2e année de l'IUFM (environ 20 000 en France) sont payés 1 350,00 €
par mois. « S'ils ne sont plus rémunérés du tout, comment vont faire certaines familles ? Et nous, s'il n'y a
plus d'IUFM à Saint-Brieuc, que va-t-on devenir ? Où l'État va-t-il nous envoyer ? », s'inquiète Mme
Lecoeur.
Les spécificités briochines
À Saint-Brieuc et ailleurs, on assimile cette réforme, qui a des faux airs de carte judiciaire, a une « logique
clairement économique ». Enseignants, personnels de service et administratifs veulent se défendre et
argumenter. L'antenne des Côtes-d'Armor, qui dépend de l'Université de Bretagne occidentale de Brest, est
« l'une des plus riches de la région ». Elle assure, comme ses consoeurs, la formation au concours
d'enseignant du premier et du second degré. Mais elle a ses spécificités. En France, elle est la seule à proposer
une formation académique bilingue français breton, ainsi que l'adaptation et la scolarisation des élèves en
situation de handicap (22 élèves en 2007, 54 en 2008). Au même titre que Quimper, Saint-Brieuc prépare des
salariés qui justifient cinq années de contrat de droit privé au concours d'instituteur.
Au total, l'antenne briochine réunit sous ses toits, rue Théodule-Ribot, une population d'environ quatre cents
personnes : cent cinquante étudiants, cent vingt stagiaires, quinze administratifs et soixante enseignants à temps
plein. Le personnel de l'IUFM de Bretagne a relayé ses inquiétudes auprès du maire de Saint-Brieuc, des députés
Marc Le Fur et Danielle Bousquet, et du président du conseil général, Claudy Lebreton. Un rendez-vous est prévu
le 20 juin avec Bruno Joncour. Sinon ? « On attend des informations concrètes et officielles ».
Jérôme BEZANNIER.
(1)
L'IUFM de Bretagne englobe cinq sites de formation : Rennes, Saint-Brieuc, Brest, Quimper et Vannes. Le taux
d'admission était de 33 % en 2007.
(2)
Être titulaire d'un Master 2.

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