Anastomose portosystémique intrahépatique percutanée
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Anastomose portosystémique intrahépatique percutanée
EMC-Radiologie 2 (2005) 183–196 http://france.elsevier.com/direct/EMCRAD/ Anastomose portosystémique intrahépatique percutanée Transjugular intrahepatic portosystemic shunts (tips) P. Legmann (Professeur des Universités, praticien hospitalier, chef de service) *, O. Vignaux (Professeur des Universités, praticien hospitalier), J. Uzan-Augui (Praticien hospitalier), H. Gouya (Chef de clinique-assistant des Hôpitaux), S. Silvera (Chef de clinique-assistant des Hôpitaux), A.-E. Millischer-Bellaiche (Chef de clinique-assistant des Hôpitaux), H. Bahurel-Barrera (Praticien attaché) Service de radiologie, Groupe hospitalier Cochin – Saint-Vincent-de-Paul, Pavillon Achard, 27, rue du Faubourg-Saint-Jacques, 75014 Paris, France MOTS CLÉS Prothèse porto-sus-hépatique ; Hypertension portale ; Transplantation hépatique KEYWORDS Transjugular porto-systemic shunt; Portal hypertension; Liver transplantation Résumé L’anastomose portosystémique transhépatique (APSP) a été développée dans les années 1980 pour le traitement des complications de l’hypertension portale. Ces complications concernent la rupture de varices gastro-œsophagiennes avec hémorragie digestive, le contrôle de l’ascite réfractaire chez les patients cirrhotiques essentiellement. D’autres applications sont intervenues plus récemment : le traitement de l’hydrothorax, du syndrome hépatorénal, du syndrome de Budd-Chiari. L’APSP paraît donner des résultats satisfaisants, notamment en cas de récidive après échec d’une sclérothérapie pour le traitement des varices œsophagiennes, et en cas d’ascite réfractaire, notamment chez les patients en attente de transplantation hépatique. Les complications sont néanmoins possibles et concernent la survenue d’une encéphalopathie, voire l’occlusion et la thrombose du stent. L’utilisation de prothèses couvertes devrait permettre d’améliorer la perméabilité à moyen terme de cette anastomose portocave transhépatique. © 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés. Abstract Transjugular intrahepatic porto-systemic shunts (TIPS) have been developed in the 80’s, for the treatment of portal hypertension complications. Their indications include active bleeding from gastro-esophageal varix, and control of refractory cirrhotic ascites, especially in patients awaiting liver transplantation. New indications include hepatic hydrothorax, hepato-renal failure, and the treatment of the Budd-Chiari syndrome. TIPS have been shown to provide better control than endoscopic sclerotherapy, in the prevention of re-bleeding from gastro-esophageal varix and in the treatment of * Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (P. Legmann). 1762-4185/$ - see front matter © 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés. doi: 10.1016/j.emcrad.2005.01.002 184 P. Legmann et al. refractory cirrhotic ascites. Complications of TIPS procedures are possible and include encephalopathy, stent occlusion and stenosis. Using Polythetrafluoroethylen covered endoprosthesis (EPTFE) should improve the permeability of the TIPS. © 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés. Introduction L’anastomose portosystémique intrahépatique percutanée (APSP) a été développée au début des années 1980 pour le traitement de certaines complications de l’hypertension portale. Le principe de l’APSP consiste en la création d’un shunt portocave terminoterminal mettant en communication le système porte et les veines hépatiques au travers du parenchyme hépatique. Le but est la décompression du système veineux splénique, mésentérique supérieur et portal, conséquence de l’hypertension portale, en créant une communication entre un circuit à basse résistance : le système veineux hépatique, et un système à haute résistance : le système porte. Dès 1969, Rösch et al. ont rapporté leur expérience dans la création d’un trajet transhépatique mettant en communication une veine hépatique et une branche portale intrahépatique. Les premières expériences concernaient l’animal ; le trajet était dilaté au ballonnet. Appliqués à l’homme en cas de rupture de varices œsophagiennes, les premiers résultats de cette méthode ont été décevants.39,45 Puis, Colapinto, Richter et al. complétèrent le trajet formé au ballonnet entre une veine hépatique droite et les branches portales intrahépatiques par le largage d’une prothèse métallique autoexpansible ou montée sur un ballon type Palmaz puis Wallstent.14,15,17,34 L’utilisation d’une prothèse métallique autoexpansible permet de maintenir une communication perméable à plus long terme et a favorisé la diffusion de cette technique pour le traitement des hémorragies digestives par rupture de varices œsophagiennes. D’autres applications de l’APSP ont concerné le traitement des ascites réfractaires, de l’hydrothorax d’origine hépatique, du syndrome de BuddChiari, de la maladie veino-occlusive, également du syndrome hépatopulmonaire et hépatorénal, et de certains chylothorax. Cette technique possède un taux de complications acceptable, car pratiquée chez des patients à risque élevé, et n’exclut pas une intervention ultérieure pour transplantation hépatique. Cette procédure peut être réalisée en urgence et dès 1993, plus de 1 000 APSP avaient été rapportées dans la littérature.42,43 Actuellement, les prothèses autoexpansibles sont en nitinol et pour certaines recouvertes de polytétrafluoroéthylène, destiné à éviter la formation d’une néo-intima hypertrophique endoluminale, complication classique à l’origine de thrombose ou de sténose du shunt.6,11,46 Aspects techniques L’insertion, puis le déploiement d’une prothèse intrahépatique créant une communication entre le réseau portal intrahépatique et le système veineux est une procédure complexe qui requiert un opérateur entraîné. L’intervention dure environ 2 heures, le succès technique est obtenu dans 90 % des cas. L’équipement nécessaire comporte : • une salle d’angiographie vasculaire numérisée ; un plateau mobile et un statif ; • un échographe. L’opérateur doit maîtriser la représentation en trois dimensions de l’anatomie vasculaire du foie et posséder une bonne expérience de la radiologie interventionnelle, du guidage par imagerie des cathéters, de la manipulation des guides et des techniques d’angioplastie, enfin de l’insertion de stent (prothèses).44 Matériel La procédure est effectuée sous anesthésie générale et antibiothérapie préalable. Une échographie-doppler permet de repérer l’axe portal et la veine jugulaire interne. L’utilisation de l’échographie réduit la difficulté de la procédure.35,36 Le geste peut être précédé par une angiographie cœliaque et/ou mésentérique supérieure, objectivant la perméabilité de l’axe portal, la distribution anatomique de l’artère hépatique, la bifurcation portale, ses branches intrahépatiques et ses rapports avec les veines hépatiques. Un set pour APSP (RTPS – 100) est utilisé (Cook, France). Le set d’introduction comporte une canule courte de 14 G, un cathéter courbe en 9 F avec un introducteur 9 F d’une longueur de 41 cm, une aiguille à ponction interne flexible de 20 G, un cathéter téflonné 5 F et trois dilatateurs de 8 à 12 F. Un guide extrarigide d’Amplatz de calibre 0,035 pouce, d’une longueur de 180 cm, avec une extrémité distale en « J », est utilisé pour sécuriser la procédure une fois la veine porte franchie. Anastomose portosystémique intrahépatique percutanée 185 Technique Après ponction de la veine jugulaire interne droite, un introducteur de calibre 9 F est mis en place, puis la veine est dilatée à l’aide d’un dilatateur de calibre 12 F. Une gaine de longueur 40 cm adaptée est positionnée et autorise l’introduction d’une aiguille à ponction 18 G type Ross modifiée, transseptale à biseau normal, munie d’un tube connecteur. Le cathéter est positionné dans une veine hépatique droite puis bloqué en distalité, la pression est mesurée et correspond à la pression sinusoïdale. L’injection de produit de contraste opacifie par reflux le réseau veineux portal et peut permettre un repérage anatomique. Puis le cathéter est retiré, libre, dans la veine hépatique ce qui permet ainsi de mesurer la pression postsinusoïdale. Un gradient de pression est établi entre les mesures bloquée et libre, ce qui permet d’affirmer l’existence d’un obstacle intrahépatique, comme cause de l’hypertension portale. Au travers de cette aiguille-cathéter est introduite, par voie coaxiale, une aiguille à ponction interne 20 G flexible, montée sur un cathéter 5 F (Fig. 1). Après repérage sous amplificateur de brillance, la paroi d’une veine hépatique est franchie et suit le cheminement transhépatique de l’aiguille-cathéter, puis la ponction d’une branche portale intrahépatique droite. La difficulté essentielle réside en un repérage d’une branche portale intrahépatique : les méthodes utilisées sont, soit l’angiographie, soit l’échographie en temps réel.36,40 La branche portale se trouve en situation antéro-inférieure par rapport au trajet de la veine hépatique droite, mais des variations sont possibles et liées au volume hépatique. La longueur du trajet transhépatique peut varier de 20 à 60 mm selon la taille du foie. La ponction transveineuse s’effectue entre 15 et 25 mm de l’ostium veineux hépatique cave inférieur. Le cathéter, après son trajet transhépatique, franchit la paroi d’une veine porte. Les branches portales intrahépatiques droites sont alors opacifiées, et un guide d’échange de type Térumo 0,035, destiné à assurer le cathétérisme des branches portales intrahépatiques droites, du tronc porte et de la veine mésentérique supérieure ou de la veine splénique, est mis en place. Un cathéter 5 F est alors poussé sur le guide et positionné dans la veine mésentérique supérieure. Les prises de pression sont réalisées dans la veine porte objectivant un gradient porto-sus-hépatique supérieur à 12 mmHg, confirmant l’importance de l’hypertension portale. Le guide Térumo est changé au profit d’un guide Amplatz Super Stiff de calibre 0,035 pouce qui Figure 1 Schéma de la procédure de mise en place d’un shunt trans-porto-sus-hépatique par voie veineuse hépatique droite, puis franchissement d’un trajet transhépatique et largage de la prothèse en situation portoveineuse sus-hépatique (cf. Encadré 1, Aspects techniques). 1. Cathéter ; 2. veine sus-hépatique ; 3. veine porte ; 4. cœur ; 5. estomac ; 6. varices. sécurise la procédure et autorisera la dilatation du trajet transhépatique, avec un cathéter à ballonnet. Au travers du cathéter-guide 9 F puis sur le guide Amplatz, le trajet trans-porto-sus-hépatique est dilaté à l’aide d’un ballonnet 8 mm × 8 cm, inflaté à une pression de 14 à 17 atmosphères. Le trajet transhépatique dilaté, sécurisé, un contrôle par portographie est effectué. Une prothèse autoexpansible en nitinol recouverte ou non est alors larguée (Fig. 2). Son calibre en expansion complète peut atteindre 10 mm, pour une longueur variant de 30 à 80 mm. La position idéale du stent se situe entre une branche portale intrahépatique droite sans occlure la lumière de la branche portale, jusqu’à une veine hépatique droite à proximité de l’ostium cave. Des variantes techniques sont possibles : veine hépatique gauche/branche portale gauche, veine hépatique médiane/branche portale droite. La ponction du confluent portal et du tronc de la veine porte de siège extrahépatique sont à éviter en raison du risque hémorragique. En fin de procédure, un contrôle par opacification transprothétique vérifie le flux porto-sus- 186 P. Legmann et al. Figure 3 A. Opacification porto-sus-hépatique. B. Contrôle par échodoppler couleur : aspect d’aliasing dans la prothèse. Surveillance de l’anastomose portosystémique intrahépatique percutanée Figure 2 Ponction transveineuse hépatique avec largage d’une prothèse (A). Opacification par portographie : visualisation d’un flux porto-sus-hépatique (B). Matériel utilisé : RTPS-100 ; prothèse utilisée : ZA – Stent (Cook) diamètre 10 mm, longueur 8 cm (ZAB : 7 – 60 – 10) (Silverstent Cook). hépatique. Une mesure du gradient porto-sushépatique inférieure à 12 mmHg confirme la réduction de l’hypertension portale (Fig. 3). Il est possible de compléter la mise en place d’un stent par l’embolisation de varices œsophagiennes lorsqu’elles sont volumineuses et demeurent opacifiées afin de réduire le risque hémorragique dans la période postinterventionnelle immédiate. Dans les suites immédiates, après retrait du cathéter-guide, et surveillance du point de ponction, l’héparinothérapie varie selon les équipes (Encadré 1). Le patient est surveillé 24 heures en réanimation chirurgicale, de façon à s’assurer de l’absence de récidive hémorragique immédiate, et de la perméabilité du shunt. La biologie hépatique peut révéler dans les premiers jours une élévation des enzymes hépatiques, avec une fébricule. Le contrôle régulier est pratiqué par échographiedoppler couleur. L’échographie-doppler doit être réalisée 12 à 24 heures après la procédure puis tous les 3 mois. L’aspect en mosaïque de l’APSP, lié à des phénomènes d’aliasing, témoigne de la rapidité des vitesses au sein du stent (Fig. 4). Un flux hépatopète de la branche portale vers la veine hépatique, et un flux hépatofuge dans la branche portale gauche permettent de confirmer la perméabilité du stent. Il existe de nombreuses turbulences, les veines hépatiques sont le siège d’un flux continu turbulent et non plus triphasique. Anastomose portosystémique intrahépatique percutanée 187 Encadré 1 Procédures du shunt portosystémique intrahépatique transjugulaire Le set comporte un ensemble canule courbe - cathéter courbe (canule 14 G cathéter 9 F), un ensemble aiguille de ponction interne flexible-cathéter comportant une aiguille de 20 G et un cathéter de 5 F avec un introducteur radio-opaque 9 F. Pour les ballons : il est utilisé des ballons de type Blue Max (Boston Scientific France) de 10 mm de diamètre en expansion complète pour 8 cm de long, avec une pression maximale de 17 atmosphères (set d’introducteur 9 F). • Technique Après anesthésie locale et sous neuroleptanalgésie, incision à l’aide d’un scalpel. Le tissu souscutané est écarté à l’aide d’une pince avant de ponctionner la veine jugulaire interne. La ponction utilise le set d’accès veineux relié à une seringue remplie de sérum physiologique pour flusher le système. On exerce une pression négative jusqu’à ce que le sang veineux reflue. Ensuite, le guide est introduit dans la veine cave inférieure de façon à dilater le site de ponction. À l’aide du cathéter hépatique sélectif et d’un guide, la veine hépatique appropriée est cathétérisée, le guide est laissé en place en position distale. La gaine d’introduction transjugulaire est introduite sur le guide aussi loin que possible dans la veine hépatique. Le dilatateur est ensuite retiré. L’ensemble, aiguille de ponction flexible-cathéter, est introduit dans la canule courbe de guidage et progresse ensuite dans le cathéter introducteur. Si l’angle de la veine hépatique est très marqué, il est possible de courber davantage tout l’ensemble. L’aiguille de ponction flexible est retirée. Un phlébogramme hépatique peut être réalisé en pression bloquée, les pressions sont ensuite mesurées. Pour la ponction de la branche porte, l’aiguille de ponction flexible dans le cathéter est introduite, le canal de guidage est orienté vers le bas et tourné en avant. Dans la plupart des cas, la branche portale droite est visée. En calant le cathéter de guidage contre la paroi veineuse, l’aiguille de ponction flexible est enfoncée à travers le parenchyme en un seul mouvement dans la direction de la branche porte préalablement choisie. L’aiguille flexible est ensuite retirée. Après avoir accordé une seringue avec du produit de contraste au cathéter, on aspire et on retire le cathéter jusqu’à l’apparition de sang d’aspect veineux. Ensuite on injecte une petite quantité de produit de contraste afin de vérifier la position intravasculaire. Ensuite un guide de type Térumo est introduit dans la branche porte de façon à cathétériser la veine porte. Le cathéter introducteur et la gaine transjugulaire sont avancés pour dilater le trajet dans le parenchyme. Le tout est retiré à l’exception du guide et de la gaine. Ensuite un cathéter de mesure de pression est introduit dans la veine porte afin de mesurer la pression porte, une portographie est réalisée. Ensuite un guide ultrarigide Amplatz est introduit dans la veine porte. La dilatation du trajet se fait au ballonnet avec une pression de gonflage variant entre 14 et 17 atmosphères. Le cathéter à ballonnet est retiré, et une seconde dilatation est réalisée également entre 14 et 17 atmosphères. Le cathéter à ballonnet est retiré, le patient est prêt pour la pose de l’endoprothèse. La surveillance met en évidence : • une augmentation de la pression cave inférieure ; • pas de modification du diamètre de la veine porte ; • une augmentation du flux sanguin portal, les vitesses passent à 70 cm/s, le débit de 800 ml à 1 900 ml/min, les vitesses dans l’APSP doivent dépasser 60 cm/s et se mesurer à 100 cm/s avec un débit de 2 200 ml/min. Si l’échographie suggère une dysfonction de l’APSP ou en cas de récidive de l’hypertension portale, une angiographie avec cavographie et étude des pressions au travers de l’APSP doit être réalisée. Lorsqu’une sténose est identifiée, une dilatation peut être alors réalisée par voie veineuse sous anesthésie locale. La surveillance régulière de l’APSP est nécessaire, notamment lorsque le patient est inscrit sur liste d’attente pour transplantation hépatique.32 À la fin de la première année, l’APSP doit être à nouveau contrôlée par cathétérisme de façon à étudier la perméabilité, et prendre à nouveau les pressions. Le scanner hélicoïdal peut être utile pour surveiller les anastomoses vasculaires, l’état du parenchyme et de la cavité abdominale.13,23 188 P. Legmann et al. Figure 4 Patient en attente de transplantation hépatique. A. Échographie-doppler couleur, flux rapide dans la prothèse. B. Échographie-doppler, vitesse rapide au sein de la prothèse. C. Contrôle par portographie porto-sus-hépatique. D. Flux hépatofuge dans la branche portale gauche. Complications de l’anastomose portosystémique intrahépatique percutanée Complications liées à la procédure La procédure peut se solder par un échec, si aucune branche portale n’est cathétérisée n’autorisant pas la mise en place d’une prothèse. Complications locales • Le franchissement de la capsule hépatique avec effraction est fréquent (10 %) mais l’hémorragie intrapéritonéale est relativement rare (1 à 2 %) ;32,37 • une fistule peut se développer entre une veine porte et une branche artérielle intrahépatique. Il est alors nécessaire d’emboliser la fistule, par voie endovasculaire artérielle à l’aide de microcoïls ; • un trajet fistuleux entre la prothèse et l’arbre biliaire peut apparaître et être à l’origine d’ic- tère et de sepsis. Une telle complication peut nécessiter d’occlure le shunt et de pratiquer une nouvelle procédure ;27 • une fistule biliaire doit être suspectée en cas de plaie des voies biliaires au décours de la procédure et survenue d’hémobilie ; • une plaie de l’artère hépatique ou de l’artère gastroduodénale, enfin, peut amener l’apparition d’un faux anévrisme, d’une hémorragie intrapéritonéale nécessitant secondairement une embolisation ; • d’autres complications exceptionnelles ont été rapportées telles que la migration du stent métallique avec perforation atriale et/ou œdème aigu pulmonaire.57 Hémolyse L’hémolyse liée au placement d’un shunt intrahépatique doit être diagnostiquée rapidement car cette pathologie peut se manifester par la survenue d’un ictère, qui peut laisser croire à tort que la pathologie hépatique s’aggrave. Le diagnostic est Anastomose portosystémique intrahépatique percutanée porté sur l’association de la chute de l’hémoglobine, d’une augmentation des réticulocytes, et de la présence de marqueurs auto-immuns d’hémolyse.16 L’hémolyse peut se développer dans 10 à 15 % des cas et se résout en 3 à 4 semaines, dès que le stent est recouvert d’un revêtement intimal.48 Infection Chez les patients cirrhotiques, le risque d’infection bactérienne est augmenté.26,43 Le patient présente une fièvre, une hépatomégalie, des hémocultures positives avec parfois la présence de thrombus ou de végétations visibles dans le stent. Le traitement est l’antibiothérapie et aboutit habituellement à une guérison. Complications tardives liées à l’anastomose portosystémique intrahépatique percutanée Dépistage des complications tardives Après la pose du stent, l’hyperplasie intimale se produit ; le contrôle échographique est aisé avec un système porte et une veine hépatique parfaitement accessibles. La surveillance de l’endoprothèse doit permettre de s’assurer de l’absence de sténose, au niveau veineux hépatique en particulier.24,51 L’étude en échographie-doppler couleur doit permettre de dépister la survenue de complications liées à la dysfonction de l’APSP. Il s’agit de la thrombose portale ou du stent, soit d’origine cruorique, soit par hypertrophie intimale. Ces complications peuvent amener une récidive de l’hypertension portale avec rupture de varices et hémorragie digestive. La survenue d’hypertension portale avec la réapparition de varices lors d’un contrôle endoscopique sont une indication à pratiquer une angiographie. Environ 80 % des patients vont développer une dysfonction de l’APSP au cours de la première année après la procédure, avec ascite ou varices hémorragiques. Sur le plan anatomopathologique, les stent occlus ou sténosés sont recouverts de collagène, et par une couche de cellules endothéliales. Une réduction des vitesses circulatoires, inférieures à 60 cm/s dans le stent avec une vitesse dans la veine porte inférieure à 10 cm/s, font craindre une sténose et une occlusion du shunt.3,4,7,12,17,32,42,43 D’autres signes peuvent apparaître confirmant la moindre fonctionnalité du stent : réapparition d’un flux portal gauche hépatopète en intrahépatique, réapparition de varices œsophagiennes, d’un flux portal hépatofuge. Les manifestations liées à la récidive de l’hypertension portale correspondent à la réapparition d’un gradient portocave supérieur à 15 mmHg avec une occlusion ou une sténose de l’APSP, une baisse de la vélocité portale, l’appari- 189 tion endoscopique de varices œsophagiennes, un saignement lié à une rupture de varices, avec hématémèse, méléna. La création de l’APSP se complique d’une récidive hémorragique dans 20 % des cas, d’une encéphalopathie chez 35 % des patients, la mortalité due à la récidive hémorragique étant de l’ordre de 5 %. Si le gradient porto-sus-hépatique doit rester inférieur à 12 mmHg, certains auteurs considèrent qu’une diminution supérieure à 20 % est nécessaire par rapport au gradient initial. Cependant, un gradient inférieur à 10 mmHg après la mise en place du stent comporte un risque d’encéphalopathie. Mortalité La mortalité liée à cette procédure est de l’ordre de 1 % bien que la mortalité à 30 jours puisse, selon les équipes, s’élever jusqu’à 55 %.33 La mortalité à 1 an pour les APSP mises en place en raison d’hémorragie digestive liée à la rupture de varices œsophagiennes varie de 10 à 52 %.12 Quand l’indication de la procédure est une ascite réfractaire, la mortalité à 1 an varie de 24 à 54 %.26,54 Il s’agit en règle générale de patients atteints de cirrhose Child B ou C, plus rarement A. La sévérité de l’atteinte hépatique sous-jacente est l’élément le plus important expliquant une mortalité élevée. La survie précoce et à long terme d’un patient bénéficiant d’une APSP peut être évaluée2,57 et s’étend de 68 % à 41 % de 1 à 5 ans. Cette information est utile pour la prise en charge postinterventionnelle du patient et notamment son inscription sur liste d’attente pour transplantation hépatique, ou la décision d’une alternative thérapeutique à la mise en place du stent. Le score Apache II, le caractère urgent ou non de la procédure, le taux de bilirubine, sont des éléments importants pour le pronostic à 60 jours. Ainsi une bilirubine supérieure à 3,0 ml/dl, une encéphalopathie pré-APSP, des enzymes hépatiques (aspartate aminotransférases [ASAT], alanine aminotransférases [ALAT]) supérieures à 100 UH, le caractère urgent du stent sont des variables défavorables pour le pronostic et la survie du patient après la procédure.4,12 Lorsque la pression portale est contrôlée, la mortalité est limitée à 3 % contre 10 % pour un shunt chirurgical, la survie à 1 an atteint 87 % contre 70 à 90 % pour un shunt chirurgical.2,24 La mortalité de ce geste, lorsqu’il est pratiqué en urgence, reste inférieure à la confection d’un shunt chirurgical. Thrombose précoce de l’APSP La thrombose de l’APSP peut survenir précocement chez 10 à 15 % des patients dans la période postthérapeutique. Une plaie biliaire avec hémobilie 190 P. Legmann et al. peut favoriser la survenue d’une thrombose. L’héparinothérapie peut être alors utile tout en sachant que le risque de saignement n’est pas négligeable chez les patients cirrhotiques. En cas de thrombose aiguë, le cathétérisme de la prothèse peut permettre, avec une dilatation au ballonnet, de recanaliser le shunt. Occlusion secondaire du stent L’occlusion du stent survient au-delà de 30 jours après la procédure et est un élément qui en limite l’utilisation (Fig. 5). Encéphalopathie La survenue d’encéphalopathie correspond à l’apparition d’une limitation de la concentration, une fatigue, voire une somnolence, un astérixis pour aboutir à une somnolence profonde, un stupor et un coma. C’est l’une des complications majeures qui limitent la diffusion de cette technique. L’encéphalopathie hépatique est liée à un débit élevé porto-sus-hépatique ; il s’agit d’une complication connue des shunts latérolatéraux.49 L’incidence ou l’aggravation d’une encéphalopathie survient chez 20 à 30 % des patients. Le traitement médical peut contrôler cette encéphalopathie.49 Parfois, un calibrage du stent peut s’avérer nécessaire pour contrôler l’encéphalopathie en insérant au sein de la prothèse une nouvelle prothèse de calibre plus étroit. L’encéphalopathie est liée au diamètre de la prothèse métallique : un stent de 8 mm provoque 9 % d’encéphalopathie. Indications et résultats de l’anastomose portosystémique intrahépatique percutanée Le traitement reconnu des hémorragies digestives est la sclérothérapie. La confection d’un shunt chirurgical est à l’origine d’un taux élevé de récidive hémorragique et d’encéphalopathie. Dans ce cas, l’incidence de survenue d’une sténose varie de 18 à 78 %. Le diagnostic peut être porté par doppler avec une valeur prédictive positive variant de 70 à 100 %. En cas de doute à l’ultrasonographie-doppler, une angiographie est indispensable. Elle est pratiquée par voie fémorale avec cathétérisme de l’artère mésentérique supérieure et étude du retour veineux mésentéricoportal, qui doit objectiver le stent et l’APSP. L’APSP n’est donc pas indiquée en tant que prévention primaire du saignement par varices œsophagiennes. Les indications dans ce cadre relèvent d’une contre-indication à la chirurgie Figure 5 A. Contrôle par angiographie mésentérique supérieure : le retour veineux mésentéricoportal objective une thrombose d’une prothèse porto-sus-hépatique droite. B. Nouvelle procédure avec contrôle d’une prothèse mise en place par voie veineuse hépatique gauche, avec flux porto-sus-hépatique gauche. C. Contrôle par échodoppler couleur : visualisation des deux prothèses dont l’une est occluse. portocave, surtout chez des patients ayant une récidive hémorragique digestive après échec d’une sclérothérapie endoscopique ou chez lesquels la sclérothérapie endoscopique a été jugée impossible en raison de la présence de varices cardiotubérositaires. La contre-indication absolue de l’APSP est le carcinome hépatocellulaire, tandis que les contreindications relatives intéressent la thrombose porte, et l’existence de kystes hépatiques multiples. L’indication majeure demeure le traitement Anastomose portosystémique intrahépatique percutanée 191 Figure 7 A. Modèle de prothèse utilisée. B. Contrôle après transplantation hépatique, perméabilité de l’axe prothétique (pièce d’explantation). dant une récidive précoce dans 18 % et la survenue de décès estimée dans la littérature chez 38 % des patients pendant la première année.1,4 En cas de prévention secondaire du saignement et/ou de récidive après sclérothérapie Figure 6 A. Ponction transveineuse sus-hépatique. B. Mise en place d’un cathéter. C. Opacification veineuse portoveineuse sus-hépatique. pendant la période d’attente de transplantation hépatique, de l’hypertension portale, de l’ascite, car ce geste ne modifie pas l’anatomie vasculaire extrahépatique (Fig. 6,7). Procédure effectuée en urgence La mortalité est d’autant plus élevée que la procédure est effectuée en urgence. La procédure doit être limitée à des patients non ventilés, non septiques dont l’état hémodynamique demeure stable en l’absence de traitement pharmacologique. L’arrêt du saignement par rupture de varices œsophagiennes est obtenu dans 95 % des cas avec cepen- L’efficacité de l’APSP a été démontrée notamment par 14 études contrôlées comparant cette procédure aux traitements endoscopiques et pharmacologiques. Une méta-analyse regroupant 11 essais, associant 811 patients a montré qu’il y avait moins de récidive hémorragique en cas d’APSP comparativement au traitement endoscopique et pharmacologique, mais que l’incidence de l’encéphalopathie était supérieure.22,42,49,50 Une méta-analyse publiée en 1999 dans Hepatology, rapportant un total de 750 patients, a montré que les complications surviennent chez 22 % des patients, avec essentiellement récidive hémorragique dans 30 %, encéphalopathie dans 16 %, et décès dans 2 % ; les dysfonctionnements d’une APSP intervenant chez 55 % des patients.32 Des études plus récentes ont montré que la ligature endoscopique des varices œsophagiennes obtenait des résultats identiques comparativement aux APSP avec cependant un meilleur résultat pour les APSP pour la récidive hémorragique avec 19 % contre 47 %, mais avec la 192 survenue plus fréquente d’encéphalopathie (34 % pour les APSP contre 19 % pour le traitement endoscopique). La mortalité est identique dans les deux séries.32,37,47 D’autres études ont comparé APSP et traitement pharmacologique associant propranolol et dérivés nitrés.18,50 La récidive hémorragique est observée chez 39 % des patients traités pharmacologiquement contre 13 % des patients ayant bénéficié d’une APSP. En revanche, l’encéphalopathie était plus fréquente chez les patients avec APSP. Au total, l’APSP limite la récidive hémorragique mais au prix d’une encéphalopathie accrue.41,43 Le coût de la mise en place d’une APSP est plus élevé que les thérapeutiques endoscopiques et pharmacologiques en raison des reprises radiologiques et interventionnelles nécessaires à 12 et 18 mois.10,29 Le développement de stents couverts, actifs, peut limiter la nécessité de reprise et donc le coût final de la procédure.6,11,31 Comparée aux shunts chirurgicaux, l’incidence de la dysfonction de l’APSP est plus fréquente.41 L’APSP doit être indiquée essentiellement pour prévenir la récidive hémorragique chez les patients en cas d’échec de sclérothérapie endoscopique.3 Chez les patients dont la fonction hépatique est conservée, un shunt chirurgical peut être une alternative plus efficace que la mise en place d’une APSP, notamment chez les patients en échec pharmacologique et endoscopique. Gastropathie par hypertension portale et varices gastriques ou cardiotubérositaires L’efficacité de l’APSP dans le contrôle de l’hémorragie liée à l’hypertension portale, notamment par gastropathie et varices antrales, n’a pas fait l’objet d’étude contrôlée. Cependant, chez les patients ayant une hypertension portale liée à une cirrhose avec varices antrales et gastropathie, la décompression portale par APSP est efficace.28,52 Dans la plupart des études randomisées, l’insertion d’une APSP a été comparée à la sclérothérapie endoscopique pour la prévention de récidive de saignement par varices œsophagiennes.47 Les résultats de ces études montrent une augmentation de la mortalité chez les patients traités par APSP.33,37 En 1994, une conférence de consensus rappelait les indications principales retenues pour les APSP.7,8 La procédure devait être utilisée chez les patients uniquement en cas de récidive, de saignement par rupture de varices œsophagiennes non contrôlée par sclérothérapie endoscopique ou traitements médicamenteux.17,18,22,32 D’autres complications de l’hypertension portale peuvent être notées en dehors du saignement par P. Legmann et al. varices : l’ascite réfractaire, l’hydrothorax d’origine hépatique, le traitement de l’insuffisance hépatorénale, le syndrome hépatopulmonaire, le syndrome de Budd-Chiari. Syndrome de Budd-Chiari L’APSP a également été utilisée pour le traitement de la maladie de Budd-Chiari et de la maladie veino-occlusive.10,21,44 Les patients non contrôlés par traitement médical peuvent nécessiter une décompression du foie par un shunt chirurgical.30 Cependant, les inconvénients avec notamment une mortalité peropératoire importante peuvent dépasser les bénéfices d’une telle procédure. Le shunt portosystémique peut être indiqué chez les patients qui s’aggravent, développent des complications sévères de l’hypertension portale : ascite réfractaire, hémorragie digestive, et nécessitent un traitement dérivatif. L’APSP draine le sang du système veineux portal vers la partie suprahépatique de la veine cave inférieure, évitant ainsi les effets délétères de l’obstruction ou de la compression de la veine cave inférieure par un lobe caudé hypertrophié dans cette pathologie. Par rapport aux dérivations chirurgicales, l’APSP, par ailleurs, ne modifie pas la technique pour une transplantation hépatique ultérieure. La faisabilité de l’APSP apparaît plus complexe. Chez un patient atteint de maladie de BuddChiari, techniquement, la présence de structures veineuses hépatiques thrombosées est la première difficulté : un moignon d’une veine hépatique peut être le seul repère anatomique disponible. Le cathétérisme du moignon peut suffire pour stabiliser tout le système et permettre de piquer à travers le parenchyme hépatique.2 Cependant, si aucun moignon n’est identifié, d’autres méthodes de localisation des structures veineuses peuvent être tentées et notamment une ponction directe à travers la partie infrahépatique de la veine cave inférieure. Des complications graves sont alors possibles avec fistule et hémopéritoine. Cependant, l’APSP peut s’avérer efficace pour diminuer l’hypertension portale, améliorer la fonction hépatique, et mieux contrôler l’ascite. D’une façon générale, les dysfonctionnements de l’APSP restent le problème majeur ; malgré le traitement anticoagulant, la probabilité d’une occlusion et/ou d’une sténose du stent est élevée dans cette population et apparaît supérieure aux patients traités par APSP pour hémorragie digestive ou ascite réfractaire. Contrôle de l’ascite réfractaire Quatre études, soit un total de 264 patients, ont montré que l’APSP était efficace et réduisait le Anastomose portosystémique intrahépatique percutanée nombre de ponctions mais cependant sans aucun effet sur la survie.54 Par ailleurs, l’encéphalopathie survient de façon plus fréquente chez les patients traités par APSP. Il faut noter que les patients avec une ascite réfractaire ont sans doute une pathologie hépatique plus avancée. Les patients non inscrits sur liste de prétransplantation peuvent être traités par APSP, tandis que ceux qui sont inscrits sur la liste de transplantation peuvent bénéficier, pour les quelques mois d’attente, d’une paracentèse.26 Hydrothorax hépatique réfractaire L’ascite peut fuir dans l’espace pleural au travers des trous du diaphragme. Il se produit alors un hydrothorax.53 Une gêne respiratoire et une dyspnée peuvent être la conséquence de cet épanchement pleural, même limité. Le traitement par APSP a été proposé avec une certaine efficacité, notamment en cas d’échec des traitements médicaux diurétiques. Syndrome hépatorénal Le syndrome hépatorénal est une complication de la cirrhose grave, caractérisé par une vasoconstriction rénale sévère et la libération de facteurs endogènes vasoactifs avec des modifications de la pression artérielle.9 La pathogenèse du syndrome hépatorénal résulte d’une hypovolémie de la circulation artérielle, secondaire à une vasodilatation artérielle intéressant la circulation splanchnique. Il existe alors une réponse compensatoire visant à libérer des facteurs de vasoconstriction. Le pronostic est mauvais. La transplantation hépatique apparaît être la meilleure option chez les patients sélectionnés, mais n’est pas toujours possible en raison de l’espérance de vie limitée dans cette population. Le syndrome hépatorénal de type I est caractérisé par le développement d’une insuffisance rénale rapide, alors que dans le type II, l’insuffisance rénale se développe de façon plus progressive.5,25 Dans ce cas, le placement d’une APSP peut permettre une amélioration de la fonction rénale et espacer l’hémodialyse chez ces patients. La survie chez les patients de type I est limitée. Chez les patients avec un syndrome hépatorénal de type II, l’amélioration à la suite de la mise en place d’une APSP apparaît satisfaisante. Le niveau de bilirubine est un facteur prédictif de la survie. Des patients présentant un syndrome hépatorénal de type II et un niveau de bilirubine limité peuvent bénéficier de cette procédure avec une survie de 80 % à 3 mois contre 10 % pour les patients non dérivés.5 193 Autres indications D’autres indications ont été proposées, notamment chez les patients ayant une occlusion porte. La recanalisation de la veine porte et la mise en place du stent nécessitent une technique différente.38 Le cathéter est positionné au travers de la thrombose portale droite, voire de la veine porte, pour former un conduit jusqu’à la veine splénique ou la veine mésentérique supérieure. Le trajet peut être alors dilaté au ballonnet d’angioplastie afin d’assurer la mise en place du shunt. Une ou plusieurs prothèses expansives peuvent être déployées, de la partie non thrombosée de la veine porte au travers de la thrombose et du parenchyme hépatique jusqu’à la lumière de la veine hépatique droite. D’autres techniques proposent, en cas d’occlusion porte, un franchissement transhépatique par voie latérale droite nécessaire pour recanaliser la thrombose portale et guider ensuite une ponction par la veine hépatique.36 Dans ce cas, la procédure habituelle reprend ensuite, avec recathétérisme de la voie transhépatique par voie transveineuse. Certains auteurs ont rapporté l’intérêt de l’APSP en cas de chylothorax traumatique associé à une hypertension portale, ceci afin de réduire le chylothorax en diminuant l’hypertension portale.56 Innovations Un certain nombre d’innovations ont été apportées par les auteurs chez l’animal, avec l’échographie 3D. Les procédures de shunts transhépatiques ont été réalisées au travers d’un abord direct de la veine cave inférieure.57 Après repérage et ponction de la veine cave inférieure, la branche portale est cathétérisée et un shunt est directement mis en place entre la veine cave inférieure et le système porte. Toutefois, la série publiée a montré des complications chez les animaux sacrifiés avec sténose sévère ou occlusion du shunt entre la veine cave et la veine porte. Une autre innovation technologique consiste en la mise en place de prothèses couvertes entre la veine hépatique et le système porte intrahépatique.36 Dans un premier temps, ces prothèses couvertes doivent être biocompatibles, microporeuses et non thrombogéniques. Elles doivent être surtout imperméables à la bile et aux tissus, de façon à permettre une prolifération endothéliale non hypertrophique, afin de recouvrir la lumière interne de la prothèse. Les premières prothèses couvertes en nitinol avec du polyéthylène téréphtalate n’ont pas montré leur supériorité par rapport aux prothèses non couvertes classiques. 194 P. Legmann et al. Plus récemment, les prothèses utilisant deux couches (polytétrafluoroéthylène [PTFE] avec une couche externe poreuse et une couche interne non poreuse), notamment pour éviter la communication entre la bile et le sang, semblent avoir démontré leur supériorité et surtout leur perméabilité à 1 an.19,20 La technique consiste à canaliser complètement, par la prothèse couverte, le trajet transhépatique, y compris jusqu’à la veine hépatique, et ne laisser la partie découverte que dans la lumière du système porte. Cette prothèse est recouverte d’un endothélium mais n’est pas recouverte d’une prolifération néo-intimale comme c’est le cas avec les autres prothèses et donc ces prothèses ont un pronostic plus favorable. Une couverture complète de la voie transhépatique apparaît indispensable, pour bien profiter du potentiel élevé de ces prothèses couvertes PTFE.31 Références Conclusion 6. Le placement d’une APSP peut réduire significativement l’hypertension portale et être réalisée avec un risque immédiat modéré.55,58 En cas d’hémorragie digestive par rupture de varices œsophagiennes, lorsque la procédure est réalisée en urgence, la présence d’un ictère, d’une infection pulmonaire ou la nécessité d’agents vasoactifs pour maintenir l’hémodynamique du patient sont des facteurs de mauvais pronostic. Chez les patients bénéficiant d’une procédure programmée, l’existence d’un ictère est également un facteur de mauvais pronostic. Les APSP ont été comparées avec d’autres thérapeutiques dans des études randomisées prospectives pour la prévention de la récidive hémorragique ou pour le traitement d’ascite réfractaire chez des patients cirrhotiques. Dans ces études contrôlées, l’APSP a montré qu’elle réduisait le pourcentage de récidive hémorragique comparativement aux traitements endoscopiques et pharmacologiques et permettait un meilleur contrôle de l’ascite réfractaire comparativement aux autres traitements. Cependant, l’APSP n’a pas montré d’avantages en termes de survie des patients par rapport aux autres traitements. Seule une étude récente58 a indiqué que la qualité de vie après la procédure était supérieure à la période précédant le geste. D’autre part, la survenue d’encéphalopathie apparaît plus élevée après la mise en place d’une APSP. Celle-ci n’a pas démontré un rapport coût - efficacité optimal. L’APSP peut être utilisée en cas d’échec de sclérothérapie et de récidive hémorragique ou en cas d’échec thérapeutique en présence d’une ascite réfractaire, chez des patients cirrhotiques, notamment en attente de transplantation hépatique. 1. 2. 3. 4. 5. 7. 8. 9. 10. 11. 12. 13. 14. 15. 16. 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