Caractéristiques des foulées de l`abord, de l`appel et du saut

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Caractéristiques des foulées de l`abord, de l`appel et du saut
CARACTERISTIQUES DES FOULEES
DE L’ABORD, DE L’APPEL ET DU SAUT
"La reconnaissance est ouverte"
annonce le président du jury.
Les cavaliers confirmés comptent
leurs pas pour savoir si les distances
entre les sauts correspondent bien à
un nombre entier de foulées.
Mais combien mesure une foulée de
galop à l’abord d’un obstacle ?
Comment varie son amplitude en
fonction de la vitesse, du niveau du
cheval, et des autres facteurs ?
A travers ce dossier
vous trouverez des éléments de
réponse chiffrés à ces questions
techniques utiles à l’enseignement
théorique du saut d’obstacle.
16
ce car les cavaliers vont choisir
leur trajectoire et estimer le
nombre et l’amplitude des foulées à faire entre les obstacles de
ligne et les combinaisons. Ces
estimations servent à fixer un
point d’appel optimum pour
franchir chaque obstacle selon
ses côtes et son profil (vertical,
oxer, spa, rivière, etc...). Ces
connaissances sont basées sur
l'expérience personnelle des
cavaliers et des chefs de piste
ainsi que les données techniques
enseignées sur l’amplitude
moyenne des foulées de galop.
Jean Paul Magnen qui enseigne
le saut d’obstacle à l’ENE, considère "qu’une foulée de CSO
varie de 3 m, dans les tournants
un peu serrés, à 4,5 m en sortie
de tournant avant un vertical,
par
L’amplitude
exemple.
moyenne d’un cheval se situe
a u x e n v i r o n s d e 3,75 m."
(L’Eperon N ° l 3 5 , p86). L e s
experts estiment d’ailleurs qu'elle a augmenté en CSO durant
les 20 dernières années.
Le problème est que l’amplitude
des foulées change en fonction
de nombreux facteurs tels que le
cheval, la vitesse, la distance par
rapport à l’appel, la technique
d’abord. etc... Cette synthèse de
expérimentations
plusieurs
menées ces dernières années soit
sur des obstacles isolés, soit sur
des obstacles d’épreuves allant
du Cycle Libre à la finale des
Jeux Olympiques, apporte des
informations précises sur l e s
caractéristiques des foulées à
l’abord et à l’appel. L’article s’appuie principalement sur une
réalisée
à
l’Ecole
étude
Nationale d’Equitation sur 30
chevaux qui ont été filmés lors
du franchissement d’un oxer de
1,20 m de haut sur 1,20 m de
large (voir article sur l’engagement à l’abord dans le numéro
25).
QUELQUES DEFINITIONS
Afin de parler de mesures précises, il nous faut définir les
quelques termes qui serviront à
l’exposé des résultats
Les allures sont constituées de
mouvements des membres et du
corps qui se répètent de manière
cyclique. A chaque allure, les
membres décrivent toujours le
même cycle locomoteur Au
galop à trois temps, normalement utilisé par le cheval de
CSO, les appuis se succèdent
ainsi, pour un galop à gauche
appui du postérieur droit (PD),
appui d u diagonal droit (PGAD) pus appui de l’antérieur
gauche (AG) et enfin, la phase
d e suspension et le cycle
recommence par le d é b u t d e
l’appui du PD. 0n définit une
foulée comme étant l’ensemble
des mouvements accomplis pendant un cycle locomoteur com-
:
plet, par exemple entre deux
posers du postérieur gauche. Le
point de départ de la foulée peut
être choisi différemment selon le
champ de vision et les mouvements observés. Les deux principales composantes de la foulée
sont l’amplitude et la cadence
(Barrey et al. 1989).
Amplitude ou longueur
de la foulée
Cette longueur correspond à la
distance entre les deux traces
successives du même pied. Elle
correspond à la distance parcourue par le membre pendant une
foulée si bien qu’elle peut différer d’un membre à l’autre. Pour
mesurer la longueur précisément, il faut prendre un repère
sur le sabot, comme la pince,
par exemple.
l
*
Relation entre vitesse, cadence
et amplitude de la foulée
La vitesse d’une allure résulte
des deux composantes de la foulées que sont la longueur et la
fréquence. La vitesse instantanée
est égale au produit de ces deux
caractéristiques
Vitesse =
Fréquence x Longueur des foulées.- On a vérifié expérimentalement à plusieurs reprises qu’une
augmentation de vitesse se traduit par une élévation simultanée des deux composantes fréquence et longueur de la foulée.
L'amplitude des foulées a la particularité d’augmenter très proportionnellement à l’élévation
de la vitesse, alors que la cadence varie non linéairement avec la
vitesse.
:
. Les foulées d’abord
l'appel et la foulée de saut
Dans le cas du saut d’un obsCadence ou fréquence
tacle, les caractéristiques des
de la foulée
foulées changent continuelleLa cadence ou la fréquence des ment de l’abord jusqu'au franfoulées correspond au nombre chissement Pour cette raison, il
d e foulées effectuées par unité est nécessaire d’identifier chaque
de temps autrement dit, si la foulée qui précède le saut pour
cadence est maintenue constan- décrire ces caractéristiques. Sur
te, on compte le nombre de fou- l a f i g u r e 1, o n définit par
lées réalisées en une minute. En convention les foulées de l’abord
mesurant le temps qui s’écoule (F-5 a F-l) comme étant séparée
entre deux posers successifs d’un par l’appui du postérieur interne
même pied, on obtient la durée au galop F-l est donc la dernièd’une foulée. Si les foulées chan- refoulée complète avant le saut.
gent de cadence, comme à l’ap- Ce dernier correspond à une
pel du saut, on peut calculer la foulée particulière, puisque l’apfréquence d’une foulée par la pui des deux postérieurs a lieu
relation
devant la barre et l’appui des
Fréquence de la foulée = 1/Durée de la foulée antérieurs à la réception.
*
EquAthlon. Vol. 7. Numéro 26 . juin 1995
;
:
17
Définitions des foulées d’abord, d’appel et de saut
Foulée de saut
,, ~~ .
Foulées d’abord
F-4
I
F-2
F-3
I
I
I
F-l
I
1
1‘1,
PG
distance
d’appel
Positions des traces
Distance
PD
PG
AD
AG
cc
\\.
\
‘5
1
1
PG
Au fur et à mesure que le cheval se rapproche de l’obstacle, il
modifie les caractéristiques de sa
foulée pour prendre son appel.
L’observation des distances entre
les traces révèle les changements
d’amplitude des foulées pour
chacun des membres (Fie 2).
L’analyse des 5 dernières foulées
avant le saut montre que F-2 et
F-l ont des caractéristiques distinctes des foulées d’abord précédentes. Les foulées d’abord F5 à F-3 sont des foulées de galop
à trois t e m p s très semblables
entre elles. On parlera de préabord. La foulée F-2 est la dernière à 3 temps et la distance
p a r c o u r u e p a r l e s quatre
membres n’est plus exactement
é g a l e les mouvements d e s
membres ne sont plus synchronisés. On observe pendant cette
foulée F-2 une élévation du
b a l a n c i e r tête-encolure q u i
ensuite, s’abaisse et s’étend lors
de la foulée F-l (Fig. 3). Cette
dernière foulée comporte 4
t e m p s d’appui très différenciés
par rapport aux foulées précédentes l’appui du postérieur
externe est raccourci tandis que
celui de l’antérieur e x t e r n e
devient plus long. Les membres
antérieurs d’une part, puis les
p o s t é r i e u r s d’autre part, se
regroupent pour s’ appuyer au
sol simultanément et exercer
ainsi des efforts de propulsion
plus efficaces.
;
-cm
-c
LES FOULEES D’ABORD
Modifications
progressives des foulées
I
;
Dans notre étude de saut standardisé d'un oxer, la vitesse
moyenne horizontale des chene de l’abord était 365 m/min.
vaux à l’abord augmente douceToutefois à l’intérieur de
ment jusqu'à la foulée F-2 puis chaque foulée, la vitesse fluctue
diminue en F-l (Fig. 4).
légèrement en passant par un
Globalement, la vitesse moyenmaximum au moment de l’ap-
Evolution de la vitesse à l’abord
-5
plus
Vitesse (m/s)
lent
/
Vitesse à l’abord en fonction du niveau
l”-
8
0
F-2
F-l
pui du postérieur externe et un
minimum lors de l’appui de
l’antérieur interne.
La technique d’abord utilisée
par les cavaliers influence largement la vitesse du cheval. Dans
le cadre de notre étude, les
quatre cavaliers avaient pour
recommandation de venir sauter dans un train régulier, adapte à chaque cheval. Des mesures
réalisées e n compétition d e
n i v e a u x très différents, m o n trent que le niveau technique
cheval-cavalier
du
couple
influence très nettement la
vitesse d’abord. Pour des
c o u p l e s "débutants" d ’ u n e
épreuve jeunes chevaux Cycle
Libre, la vitesse d’abord en F-2
d’un vertical de 1,10 m était
supérieure de + 35 % par rapport à l’abord d’un vertical de
1,25 m en épreuve A3. P o u r
des obstacles plus hauts de
n i v e a u Grand Prix ou J e u x
Olvmpiques, la vitesse d’abord
est supérieure à celle d’une A3
mais reste en dessous de la vitesse mal maîtrisée des débutants
(Fig. 5). Dans une épreuve de
Cycle Libre la vitesse est excessive car l’équilibre et la franchise
sont mal maîtrisés, tandis qu’au
niveau olympique, une vitesse
soutenue est nécessaire pour
acquérir l’énergie suffisante
pour sauter des obstacles hauts.
Dans les niveaux intermédiaires, la technique des couples
chevaux-cavaliers
permet
d’aborder les obstacles plus lentement.
II semble aussi exister des différences d’école entre pays car les
études réalisées aux USA montrent que les cavaliers abordent
les obstacles plus vite.
19
l L’amplitude des foulées
Jusqu’à F-3, les longueurs des
foulées d’abord restent semblables entre elles et tous les
membres ont un déplacement
identique, puis les amplitudes
des mouvements se différencient à partir de F-2 et les
contrastes sont flagrants en F-l
(Fig. 6). Entre F-2 et F-l, la
Longueur des foulées à l’abord de l’obstacle
mètres
6,5
6:
4,5
3:
3
2,5
1,:
1
0,5
n
I
longueur moyenne de la foulée
est systématiquement réduite
pour tous les membres sauf l’antérieur externe qui parcourt une
distance plus longue que précédemment. La longueur de la
foulée F-l des postérieurs est
réduite de -25 à -30 % par rapport à F - 2 . P o u r l’antérieur
i n t e r n e , la r é d u c t i o n est d e
- 18% tandis que pour l’externe, on constate un allongement
de 3%.
Du fait de la relation de proportionnalité entre la vitesse et la
longueur des foulées, le niveau
technique du couple chevalcavalier retentit aussi sur l’amplitude des foulées (Fig.7). Les
jeunes chevaux inexpérimentés
ont des foulées d’abord plus
longues (2,80 m) que les chevaux de haut niveau (2,9 à
3,3 m). De plus, le couple
débutant raccourcit moins sa
dernière foulée F- 1 (- 24 %) que
le couple de haut niveau (- 26 à
-30 %).
La technique d’abord en foulées
c r o i s s a n t e s ou décroissantes
modifie les amplitudes relatives
de F-3 et F-2 mais la foulée F-l
demeure toujours plus courte
que les foulées précédentes (Fig.
8). Dans cette étude, le cavalier
devait respecter un abord type.
Seule la monte en foulées croissantes augmente signicativement l’amplitude de F-2 par
rapport à F-3. Avec cette technique, la diminution d’amplitud e d e l a dernière foulée est
considérable puisqu’elle passe
de 4,4 m à 2,8 m, soit -36% de
réduction contre -19 % par la
technique de foulées décroissantes. En réalité, cette dernière
méthode d’abord ne se manifes-
te pas par une décroissance de
l’amplitude de la foulée F-2
Une analyse des foulées sur un
abord en foulées croissantes
montre que la place de l’appel et
F-2
F-l
la longueur des dernières foulées
F-2 et F-l sont interdépendames. Si le cheval s’approche
trop près (1,40 m) de l’obstacle
(oxer 1,25 x 0,80) pour prendre
saut
son appel, on constate une
réduction importante de l’amplitude de la dernière foulée
F-1 par rapport à F-2. A l’opposé, si l’appel se fait de trop
loin (2,60 m), la longueur de la
dernière foulée est peu modifiée
par rapport à F-2. Tout semble
se passer comme si le cheval
corrigeait son erreur d’abord
(trop long ou trop court) en
effectuant une modification
ultime de sa dernière foulée
(Fig. 9). A ce jour, nous n’avons
pas observe une régulation
continue des foulées dans la
zone d’abord lorsque le cavalier
monte sans consigne particulière pour l’abord de l’obstacle.
Un article précédent traite en
détail de l’engagement du cheval pendant l’abord de l’obstacle (Galloux et Barrey 1995)
Rappelons simplement que les
meilleurs chevaux de CSO dans
notre étude présentaient un
meilleur engagement du fait
d’une plus grande amplitude de
mouvement des articulations
du jarret et du grasset et une
flexion lombosacrée plus marquée. Si l’on considère la distance de recouvrement entre la
trace antérieure et postérieure
des membres internes, on
démontre que l’engagement
tend à diminuer au fur et à
mesure de l’approche de l’obstacle (Fig 10). II existe aussi
une importante variabilité due
à la technique du cavalier. Pour
deux d’entre eux, l’engagement
g
est très fort pendant l’abord et
devient nul à l’appel ; pour un
autre, il est modeste à l’abord et
le cheval se déjuge légèrement à
21
l'appel enfin pour le dernier, il
Ces résultats proviennent des
moyennes des 6 à 8 chevaux
montés par chaque cavalier et
indiquent que la monte du
cavalier retentit nettement sur
l’engagement du cheval.
de pied à l’abord
Pied du galop
roa,+
I
- Galop
à Gauche
En observant des chevaux sauter en compétition, on constate
qu’en ligne droite, beaucoup de
chevaux changent de pied en
sautant, à l’abord ou à la réception. Dans le but de quantifier
ces changements de pied et de
mieux les localiser, ils ont été
dénombrés sur 30 chevaux sautant un oxer. L’obstacle était
placé sur une ligne droite de 30
m, située de part et d’autre
d’arcs de cercles larges à main
gauche. La proportion de chevaux sur le bon pied (gauche)
est évidemment très élevée au
début et diminue en approchant du saut, pour s'inverser
après le saut (Fig. 11). A la dernière foulée F-l 43 % des
chevaux seulement sautent
effectivement au galop à
gauche, les autres ont soitchangé de pied (l3%) soit un galop
désuni à droite ou à gauche
(43 %). A la réception du saut,
40 % galopent à droite, 17% à
gauche et 33 % ont un galop
désuni. Une grande proportion de chevaux change donc
de pied pendant le saut mais le
plus remarquable est la forte
proportion de chevaux désunis
avant ou après le saut.
Ces résultats sont confirmés par
des études similaires dans des
épreuves de haut niveau (JO). La
proportion de chevaux sur le
bon pied s’accroît si les virages
d ’ a b o r d et d’éloignement de
l’obstacle sont serrés. La part des
chevaux qui se désunissent en
F-2 et F-l reste élevée.
L’APPEL
Les cavaliers attachent à juste
titre une grande importance à la
place de l’appel pour réussir le
saut. En effet, la distance à
laquelle se produit le dernier
contact entre les pieds postérieurs du cheval et le sol va fixer
le centrage de la trajectoire par
rapport au profil de l’obstacle.
Mais il ne faut pas oublier
l’orientation et l’intensité de la
poussée à ce même instant qui
vont déterminer l a h a u t e u r
maximale de la trajectoire audessus des battes. Ce dernier
facteur dépend largement de la
puissance musculaire et de la
précise
coordination
des
membres qui permettent au
b o n sauteur de p r e n d r e u n
appel en équilibre avec le maximum d’efficacité. Les forces de
poussées des membres et la distance d’appel des postérieurs
déterminent, selon les lois de la
balistique, la forme et la hauteur
de la trajectoire du centre de
gravité du couple cheval-cavalier (CG) pendant la phase de
planer (Fig. 12). La trajectoire
des sabots dépend de la trajectoire générale
ale du CG, du mouvement de basculement autour
du CG et des mouvements de
articulaires
flexions
des
membres.
A chaque pied
sa distance d’appel
On ne peut pas mesurer une
seule distance d’appel mais une
distance pour chaque pied. Les
dernières traces des pieds antérieurs et postérieurs avant l’obstacle sont situées à des distances
différentes pour les antérieurs et
semblables pour les postérieurs
(Fig. 2 et 13) les postérieurs se
placent plus près de l’obstacle
que les antérieurs. II faut donc
définir la distance d’appel par
r a p p o r t à u n p i e d donné.
Toutefois, il est vrai que lors du
dernier appui des antérieurs (en
F-l) et des postérieurs (Première
partie de la foulée de saut), les
membres ont tendance à se synchroniser et à se poser proche
l’un de l’autre pour exercer une
poussée symétrique efficace. De
par sa position, le cavalier visualise mieux la place des antérieurs
mais elle est beaucoup moins
fiable que celle des postérieurs
pour réussir le saur. Pour donner des recommandations de
distance d’appel, il semble préférable d e se référer aux distances des postérieurs pour les
raisons suivantes
1°/ les deux traces sont très
proches l’une de l’autre contrairement aux antérieurs
2°/ les postérieurs sont les traces
les plus proches de la base de
l’obstacle
3°/ la place des postérieurs par
rapport à l’obstacle va déterminer le centrage de la trajectoire
générale du cheval par rapport
au profil de l’obstacle ;
4°/ les traces postérieures sont
souvent les seules qui restent
visibles après le saut car celles
des antérieurs sont effacées ou
recouvertes.
;
:
Facteurs biomécaniques de réussite du saut
:
BALISTIQUE
T r a j e c t o i r e CG
moment d’inertie
;
-\
;
L’engagement
A l’appel, la mesure du chevauchement de la trace du pos23
térieur (foulée de saut) sur celle
de l’antérieur (F-l) du même
côté indique le degré d’engagem e n t d e s postérieurs. En
moyenne, les chevaux s’engagent à l’appel mais il existe une
g r a n d e variabilité entre les
couples cheval-cavalier (Fig.
10). Dans notre étude, les che-
vaux montés par les deux cavaliers LT et JF ont un engagem e n t respectivement faible et
marqué tandis que ceux montés
par les deux autres cavaliers se
déjugent.
La technique d’abord en foulées décroissantes incite le cheval à s’engager quelle que soit la
Distances d’appel
3
-15’
appel (m)
1m40
2m20
2m60
2x12 sauts, J P Magnen, P Galloux. ENE 90
24
l
distance d’appel (Fig. 14). En
foulées croissantes, le cheval ne
s’engage pas autant excepté
pour les appels de loin pour
lesquels un bon équilibre est
indispensable.
Influence de la
technique du cheval
et du profil de l’obstacle
II existe une nette différence
entre les distances d’appel (trace
postérieur externe) des jeunes
chevaux et les chevaux plus
expérimentés. Si on rapporte
cette distance à la hauteur de
l’obstacle (vertical), les jeunes
chevaux placent en moyenne
leur postérieur externe à 2,4 fois
la hauteur tandis que les chevaux expérimentés de A3 et Al
le placent à 1,5 fois la hauteur.
De plus, il existe aussi une plus
grande variabilité de la distance
d’appel entre jeunes chevaux
(20%) qu’entre chevaux de plus
haut niveau (A3 16% et Al
12%). La distance d’appel
excessive du jeune cheval doit
être mise en relation avec sa
vitesse d’abord plus rapide qui
semble compenser un manque
d’équilibre et de technique du
couple cheval-cavalier.
Pour s’adapter au profil de
l’obstacle, le cheval expérimenté
prend son appel à une distance
relative différente. En moyenne, on vérifie bien qu’il faut
s’approcher davantage des oxers
que des verticaux pour les franchir sans faute. En effet, comme
on l’a indiqué précédemment,
la distance d’appel du postérieur externe pour un vertical
(entre 1,2 et 1.45 m) se situe à
1,5 fois la hauteur de l’obstacle,
tandis que pour un oxer carré
elle se rapproche de 1,4 fois la
hauteur de l’obstacle. Pour une
rivière de 4.5 m de large, l’appel
des postérieurs se place à 0,59
m, soit 0,13 fois la largeur à
franchir.
CE QU’IL FAUT RETENIR
POUR LA PRATIQUE
L’analyse des foulées d’abord
nous a montré que jusqu’à la
deuxième foulée avant le saut,
les foulées de galop étaient semblables entre elles. A partir de F2, les appuis des membres sont
modifiés par rapport à une fou-
toujours une amplitude réduite.
Cette foulée est raccourcie d’environ 1 m, et les antérieurs propulsent l’avant-main vers le
haut. Puis lors de la foulée de
saut, les postérieurs assurent la
dernière poussée. Les deux dernières foulées ont des caractéristiques d’amplitude et de cadence différentes des foulées de préabord. Sur un plan technique,
on ne peut donc pas parler de la
constance de la cadence pour
l’abord de l’obstacle puisque en
F-2 et F-l chaque membre a
une durée d’appui différente.
Lors de ces foulées d’appel la
cadence du galop change rapidement.
,
REFLEXIONS
SUR L’ACTION
RELATIVE DU CAVALIER
ET DU CHEVAL
A l’issu de l’exposé de ces
nombreux résultats, on peut se
demander sur quelles caractéristiques des foulées d’abord et
d’appel peut agir le cavalier pour
réussir le saut d’un obstacle ? Le
principal élément de contrôle
dont dispose le cavalier semble
être la maîtrise de la vitesse qui
retentit indirectement sur les
composantes de la foulée que
sont l’amplitude et la cadence.
Au regard de nos analyses et des
notions élémentaires de perception sensori-motrice, on peut
essayer d’expliquer l’intervention du cavalier et du cheval
pendant l’abord.
La place de l’appel est déterminée à la fois par l’amplitude des
foulées qui précèdent l’appel et
le réglage ultime se fait sur la
dernière foulée F-l. Nos études
semblent indiquer que le cavalier a une action sur les foulées
de pré-abord et en partie sur F-2
mais en F-l c’est le cheval qui
opère seul. De plus, les caractéristiques de la foulée F-l sont
influencées p a r l’origine génétique du cheval. Nous formulons l’hypothèse qu’un cheval
qui fait souvent des fautes ne
doit pas bien régler sa foulée F-l
Par contre, le cavalier doit pouvoir travailler son cheval pour
améliorer l’ajustement d e F - l
par des exercices de saut avec des
barres de réglage. Un cavalier
expérimenté, perçoit bien l e s
distances entre les obstacles en
équivalent foulées de son cheval d'autant plus qu’il a fait
une bonne reconnaissance de
,
son parcours et qu’il a éventuellement déjà fait le parcours à
cheval par un procédé de simulation mentale. Ensuite, sur le
terrain, il faut ajuster la longueur des foulées pour faire correspondre au mieux le nombre
des foulées de son cheval à la
distance imposée. L’amplitude
de la foulée n’est pas directement perceptible mais le cerveau
appréhende bien la vitesse de
déplacement et la distance qu’il
reste à couvrir avant l’appel.
L’ajustement de l’amplitude des
foulées s’effectue par l’intermédiaire du réglage de la vitesse du
galop. Ainsi, les accélérations ou
les décélérations modifient rapidement la longueur des foulées
qui est proportionnelle à la
vitesse. Par rapport aux foulées
d ’ a b o r d précédentes, la longueur de la foulée F-l est réduite mais elle reste assez modulable pour optimiser la distance
d’appel. Les caractéristiques
adaptables de cette dernière foulée seraient fixées par les qualités
acquises et innées du cheval et,
par conséquent, le cavalier n'aurait que très peu d’action possible au moment de l’appel.
Pour en savoir plus

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