mot d`accueil pour la messe d`obseques de romain justin
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MOT D’ACCUEIL POUR LA MESSE D’OBSEQUES DE ROMAIN JUSTIN Eglise de saint Gervais de Langon - Mercredi 16 septembre 2009 Le Père Romain JUSTIN vient de nous quitter. Sa mort, dimanche, ne nous a surpris que par sa soudaineté. Depuis des mois - et on peut même dire depuis des années - Romain a lutté contre cette leucémie qui ne l’a pas lâché et qui lui faisait alterner périodes de rémission et périodes de rechute. Aujourd’hui sa mort est un véritable arrachement pour nous tous. Elle vient trancher à vif dans tous ces liens d’affection, d’amitié, de sympathie et d’estime qui nous lient à Romain. Qu’il me soit permis, en mon nom et au nom de toute l’Eglise diocésaine, de présenter ce matin mes profondes condoléances à sa maman, à ses frères, à sa grand-mère, à toute sa famille, à tous ses amis de Gujan-Mestras, de Langon, de Bordeaux et d’ailleurs, aux prêtres présents, à l’équipe sacerdotale et à tous les paroissiens du secteur de Langon et de celui de Podensac. Je n’oublie pas non plus l’équipe de rugby de Langon qui était venue chanter pour son ordination et dont nous gardons encore un souvenir ému. Je suis touché moi-même par ce départ de Romain, car il y a toujours un lien très particulier entre un évêque et les prêtres qu’il a ordonnés. Et c’était il y a deux ans seulement à la cathédrale Saint André…. ! Il y a quelques mois, au centre hospitalier de Haut-Lévêque, nous nous sommes dit au revoir l’un à l’autre. Je lui ai demandé de me bénir et il m’a demandé de le bénir à son tour. Et je me rappellerai toujours de la belle et longue prière qu’il a faite sur moi. Beaucoup ont prié pour lui, pour qu’il guérisse et certains peuvent se demander aujourd’hui à quoi cela a-t-il pu servir ? N’oublions pas que dans la communion des saints la prière a un pouvoir certain, même si ce n’est pas toujours sur l’objet précis de notre demande. Quand j’étais à Montpellier, j’avais accueilli un évêque africain qui était venu se faire soigner d’un cancer. Apprenant qu’il était en phase terminale, il avait voulu recevoir le sacrement des malades et il nous disait lors de la célébration de ce sacrement : « Beaucoup de gens dans mon diocèse ont prié pour que je sois guéri, pour qu’il y ait un miracle. Mais ce miracle a eu lieu. Je n’ai pas peur de la mort. Je suis dans la paix ». Je pense que l’apprivoisement de Romain par rapport à la mort et sa disponibilité par rapport à Dieu avaient une origine analogue. Ceci dit, la mort de Romain a spontanément un aspect choquant. Elle est source de questions dans l’esprit de beaucoup : pourquoi cette mort ? Pourquoi mourir si jeune, avant d’avoir eu son plein de vie ? Pourquoi cette disparition après deux ans seulement de ministère presbytéral alors que les jeunes prêtres sont si peu nombreux et qu’on a un besoin vital de leur ministère ? La volonté de Dieu reste mystérieuse et ce n’est sans doute que dans l’au-delà que nous aurons une lumière sur nos questions. Ce que vient nous dire la mort de Romain, à la lumière de la croix du Christ, c’est que nous ne sommes pas devant une vie inaccomplie. Le ministère du pasteur, à la suite du Christ, le Bon Berger, est d’être au service de la fécondité de l’Esprit de Dieu dans les cœurs. Et la source de la fécondité se trouve dans l’union au Christ, dans le don de soi, dans le don de sa vie pour les autres. En se remettant entre les mains de Dieu, Romain s’est associé à la fécondité de la vie du Seigneur. Dans le Christ, Romain peut être aujourd’hui source de grâce et de bénédiction pour nous tous. Dans cette eucharistie, confions-le à Dieu mais confions-nous aussi à lui. Qu’il bénisse chacun d’entre nous, chacune de nos familles, chacun de nos groupes, chacune de nos communautés chrétiennes. Qu’il intercède auprès de Dieu pour notre Eglise diocésaine. Qu’il demande à Dieu que d’autres jeunes se lèvent comme lui pour servir le Seigneur, dans la joie du don de soi et l’amour de son peuple. + Jean-Pierre cardinal RICARD