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N°258 - mars 2009
Supplément à conserver
“Quelles aides publiques
pour votre entreprise ?”
LE MAGAZINE DE LA CHAMBRE DE COMMERCE ET D’INDUSTRIE DE TOURAINE
www.touraine-eco.fr
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B
p.10
Dossier
Economie :
la Touraine mise sur l’anticipation
des difficultés des entreprises
p.20 Cap sur l’entrepreunariat
Touraine ECO n° 258
Sommaire
En couverture
Economie :
la Touraine mise sur l’anticipation
des difficultés des entreprises
La CCI de Touraine n’a pas attendu pour agir. En effet, dès décembre
2008, elle invitait les principaux acteurs économiques à une table ronde...
........................................................................................ Page 10
Entreprises citées (Pages) :
Automobiles Chassay (2) • La Poste (4) • Institut de la Piscine (4)
• Sarl Barraco (4) • Planet’Office (4) • Sodero Gestion (16) •
Recogest (16) • AJ Copieurs (19) • Pierre & Terre (19) • Touraine
Ecobiz (25) • Crédit Agricole Touraine Poitou (19) • MJ 80 (26)
• Sogepress (26) • Aéroport International Tours Val de Loire (26)
• Brosset Immobilier (26) • Ambin informatique (29) • GCI (29)
• Polyassur (29) • Amplitude Automobiles (29) • Setipp (30) •
Sarl Lejeau Motoculture (30) • Clim’Touraine (33) • Touraine
Info Pro (34) • Quatro Développement (35) • Thermo Energy (35)
• Signyo (36)
Annonceurs (Pages) :
Eden Park (8) • Mécachrome (14) • Peugeot (15) • Renault (15)
Pollinordsud (17) Suez (17) • STP (17) • Touraine Miroiterie (17)
• Promod (17) • Celio (17) – Orange (17) • Altimetr’is (17) • Porcher
(17) • Womup (24) • Carty (24) • Jean et Chaumont (27) • Hôtel de
l’Univers (31) • Flunch (32) • Sade (32) • Fidelia (32) • Armaplan (32)
• Keolis (32) • Fil Bleu (32)
Réagissez aux articles de notre
numéro ou postez vos avis ou
commentaires sur le Blog du
Président de la CCI de Touraine :
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Touraine Eco le Mag sur internet :
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Magazine édité par la Chambre de
Commerce et d’Industrie de Touraine
BP 41028 - 37010 TOURS CEDEX
Tél. : 02 47 47 20 00 - Fax : 02 47 47 20 64
N°ISSN : 16379837 • 4 numéros par
an – Ce numéro a été tiré à 18 600
exemplaires • Président du comité
de rédaction : Bernard Estivin •
Directeur de la publication :
Pascal Rivet • Directeur de la r é d a c tion : Guy Baculard [email protected] • Contact : 02 47 47 20 15 [email protected] • Rédaction : Agence Kogito •
Conseillers techniques : Philippe Carlier, Frédéric Bris,
Bénédicte Gozillon •
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Maquette : Micro5 : 01 56 26 55 35
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Edito ...................................................................................... page 5
La parole à
Patrick Poirier,Vice Président de la CCI
sur la nécessité d’un aéroport.......................................... page 6
Jean-Marie Peretti, Changement et diversité.................. page 7
Rencontre avec Franck Mesnel, Eden Park .................. page 8
Organisations professionnelles,
"Non à la pression fiscale" .............................................. page 9
Dossier
Economie : la Touraine mise sur l’anticipation
des difficultés des entreprises ........................................ page 10
Dossier d’opinion
Cap sur l’entrepreneuriat ................................................ page 20
Portraits
A l’affiche ce mois-ci :
ASCA Industrie .................................................................... page 17
Altiverre ................................................................................ page 17
SAT........................................................................................ page 18
ActiStream .......................................................................... page 18
FP Environnement ............................................................ page 27
La Réserve ........................................................................ page 27
Groupe Le Berre .............................................................. page 28
Cas’al Dente ...................................................................... page 28
Aux P’tits Courmets ............................................................ page 31
Volteram .............................................................................. page 31
Retour sur
Charte de la Diversité ...................................................... page 32
Arrêt de travail : un guide précieux .............................. page 32
Medef Touraine : Michel Amann prend la relève ........ page 34
3 Touraine ECO n°258 - mars 2009
Edito
Photo : D.R.
Management
et marketing
des services
Philippe Callot, Professeur à l’Escem,
Co-auteur des “Dilemmes du Tourisme”
Coordinateur de l’ouvrage “Marketing des services”
“Levier de différenciations
et de valeurs pour
l’entreprise”
ne nuance s’impose d’emblée. Nous
devrions parler de Marketing et
Management des Ser vices (MMS) tant la
variable humaine demeure pour l’instant
présente (rôle du manager/vendeur, participation active parfois de l’acheteur).
Doit-on donner une définition aux services ?
Non car il serait illusoire d’en trouver une qui
soit consensuelle (même si les notions de
variabilité ou d’intangibilité reviennent
souvent). L’évolution et le fonctionnement
des économies (pays riches ou en voie de
développement) font s’estomper la limite
entre les secteurs industriels et le tertiaire.
Les ser vices ajoutés autour des produits
deviennent, par exemple, un élément de
distinction, pour ne pas dire de différenciation, des firmes (petites ou grandes, en B to B
“Business to business” ou B to C “Business to
Consumer”).
Les ser vices couvrent tous les secteurs
(services aux personnes, aux biens) et représentent des métiers très différents nécessitant peu de moyens et de compétences ou, à
l’inverse, supposant un fort savoir et des
investissements conséquents. Le MMS est
donc pluriel, transversal, holistique. Quels
sont alors les points communs dans ce
patchwork ?
U
Tout d’abord s’engager sur la fiabilité au
regard de la promesse faite au client. C’est ici
toute la garantie liée au sérieux de la prestation. "Do it or die" (faire ou mourir) disent
les Américains. Ailleurs, il impor te de
comprendre que chaque client est différent.
Il faut intégrer cette variable de l’hétérogénéité des attentes dans le processus du
MMS ; à clients et perceptions différents
l’entreprise doit et peut offrir des prestations personnalisées avec des prix adaptés.
I l y a a l o r s d e s n iches considérables en
perspectives.
L’empathie et la ser viabilité sont d’autres
points clés de la qualité en MMS. Résoudre le
problème que le client a (appareil défectueux, mal aux dents, chemise tachée…) est
la base du MMS. L’entreprise de ser vice
apporte LA solution au problème du client.
Avec les technologies convergentes le MMS
trouve sa maturité. Les supports physiques
et les employés en contact participent ainsi
à la servuction (SERVice et prodUCTION) du
ser vice. Le phénomène du e-commerce
atteste de cette interactivité rendue possible
entre l’offre et la demande.
En conclusion le MMS est source de services
supplémentaires, créateur de différenciation
et donc de valeurs.
5 Touraine ECO n°258 - mars 2009
La parole à
“Non,
La Touraine ne peut pas se passer
d’un aéroport”
Développement
D’aucuns émettent des réserves sur la nécessité d’un
aéroport à Tours. Face aux critiques, la CCI de Touraine donne son point
de vue, et Patrick Poirier, Vice-président, nous explique en quoi un tel
équipement est plus que jamais pertinent pour l’agglomération tourangelle.
Quand on vous dit qu’une ville
comme Tours est trop proche d’Orly
ou de Roissy, que répondez-vous ?
Je réponds que Paris n’est pas une
fin en soi. D’une part parce que le
temps d’attente est long, ceux qui
connaissent Orly et Roissy me
comprendront ; d’autre par t, ces
aéropor ts ne sont pas si faciles
d’accès, le réseau est très saturé.
A Tours, l’aéropor t est proche du
centre ville, bien desser vi par les
lignes de bus et met à disposition
un park ing gratuit ouver t 7/7,
24/24.
De plus, excepté l’aéropor t de
Nantes, celui-ci est le seul dans la
région. Enfin, j’ajouterai que je suis
très attentif au développement de
France Transplant qui utilise de
plus en plus l’aéropor t, aéropor t
qui est par ailleurs un centre
national d’évacuation sanitaire.
Quand il s’agira d’attendre la greffe
d’un organe ou une évacuation
vitale, on ne dira plus que Tours est
proche de Paris.
L’aéroport Val de Loire représente
un réel atout économique ?
Bien sûr. L’aéropor t est un atout
supplémentaire pour inciter les
entreprises à venir s’implanter
dans l’agglomération tourangelle.
L’équipement nous permet de
rejoindre les capitales européennes
via Londres Stansted, immense
aéroport à seulement 1h20 de Tours.
Il n’y a pas seulement les hommes
d’affaires qui rejoignent la capitale
outre-manche : les étudiants utilisent fréquemment la ligne car elle
est en moyenne deux fois moins
chère que le train, et Stansted est
le point de départ de nombreuses
destinations à bas tarifs.
A par tir du 31 mars 2009, nous
bénéficierons d’une liaison ToursMarseille, nouvelle destination
importante.
L’aéroport doit sans doute être
attractif pour les touristes ?
En effet son atout est également
touristique. Quelques chiffres pour
vous répondre : en 6 ans, 450 000
passagers sont passés par l’aéroport
de Tours grâce à la liaison Ryanair.
Plus de la moitié déclarent qu’ils ne
seraient pas venus si la liaison n’avait
pas existé. Sachant qu’un passager
dépense en moyenne 490 euros lors
de son séjour, ce n’est pas négligeable. Et puis rappelons tout de
6 Touraine ECO n°258 - mars 2009
Photo :D.R.
Propos recueillis par Anne-Sophie Jacques
Patrick Poirier,Vice-président
de la CCI Touraine
même que l’aéroport est le seul à
desservir le site classé patrimoine
mondial de l’humanité par l’UNESCO !
Parlez-nous de sa gestion…
Depuis peu, un syndicat mix te a
été créé pour regrouper les collectivités territoriales impliquées dans
la gestion de l’aéropor t Tours Val
de Loire : la CCI de Touraine, le
Département, Tour(s)plus et également la Région Centre.
Nous avons tous à cœur de faire de
l’aéroport un équipement calibré
pour notre territoire, avec un flux
non pas dense mais raisonné, des
offres accessibles à tous, ou encore
de multiplier l’offre de séjours
culturels ou de loisirs pour les
habitants de l’agglomération.
La parole à
Changement et diversité :
A quoi doit s’attendre
le décideur de demain ?
Management
Propos recueillis par Anne-Sophie Jacques
Face à une crise qui va induire
de nombreuses restructurations
d’entreprises, quel rôle assignezvous au management ?
La crise ac tuelle suscite chez les
salariés, dans leur très grande
majorité, une inquiétude croissante
face à de grandes incer titudes. Il
appar tient au management dans
ce contexte difficile de conserver
un climat de confiance en mettant
en valeur les politiques et pratiques mises en œuvre pour assurer
la pérennité de l’entreprise.
Lorsque des restruc turations
apparaissent inévitables, le rôle du
management devient essentiel
pour les mener dans le respect des
salariés, pour accompagner leurs
collaborateurs, les aider à piloter
leurs évolutions et à « sécuriser
leurs parcours professionnels ».
Quelles sont les populations
qui rencontrent des difficultés
à accéder au travail ?
Toutes les classes d’âge peuvent
aujourd’hui se retrouver en difficulté
pour trouver ou retrouver un emploi
dès lors que leurs compétences sont,
pour des raisons conjoncturelles ou
plus structurelles, moins recherchées.
Pour certains, les emplois offerts se
Jean-Marie Peretti a écrit et
coordonné plusieurs ouvrages,
notamment : Tous DRH, Tous
différents, Richesse de la diversité,
Ressources humaines, et plus
récemment Tous talentueux.
situeront en deçà de leurs attentes
et pourront créer un risque d’insatisfaction et un sentiment d’iniquité, en
particulier pour la génération Y.
Qu’est-ce que la génération Y ?
Les 22-32 ans. Cette génération a un
très grand besoin de reconnaissance.
Lorsqu’ils ont le sentiment que le
travail qui leur est proposé ne
reconnaît pas leurs compétences,
leurs capacités ou leur potentiel, ils
peuvent avoir des comportements
de retrait. Les Y veulent progresser,
avoir un travail intéressant qui leur
permet de développer leurs expertises.
Comment, pour un DRH,
organiser la promotion de la
diversité dans l’entreprise ?
Pour réussir la promotion de la
diversité, la DRH doit mettre en
valeur les richesses de la diversité
pour l’efficacité à court, moyen et
long terme de l’organisation. Elle
doit convaincre les responsables
opérationnels
qu’avoir
des
personnes différentes en termes
d’âge, de genre, d’origine sociale ou
géographique crée de la valeur et
que les efforts pour les accueillir et
les intégrer sont rentables.
Photo :D.R.
Le 12 février dernier, Jean-Marie Peretti était
l’invité d’une conférence RH organisée par Touraine Écobiz et
l’Escem. Professeur et chercheur en ressources humaines, JeanMarie Peretti est également le fondateur des rencontres internationales de la diversité. Il nous explique en quoi la diversité
est aujourd’hui davantage qu’un outil manageriel : c’est un atout.
Que pensez-vous des outils
existants (CV anonyme, charte
de la diversité*, etc.) ?
L’outil anonyme est une réponse à
faible efficacité. Signer la charte de
la diversité crée des engagements
qu’il faut tenir et favorise donc une
dynamique de la diversité.
Quels conseils donnez-vous
aux DRH pour accompagner
les comportements individuels
vers le changement ?
Les DRH peuvent mettre en œuvre
tous les outils personnalisés de
GRH. Bilans de compétence, bilans
professionnels, bilans de carrière,
comité de carrière, 360°, coaching,
centres d’évaluation sont de bons
i n s t r u m e n t s pour favoriser le
changement.
Et aux dirigeants d’entreprises ?
Veiller à développ e r l e c a p i t a l
h u m a i n d e l e u r o rg a n i s a t i o n e n
profitant de la crise pour mieux
recruter, fidéliser et développer
l ’ e n g a g e m e n t d e l e u r s c o llaborateurs.
* ”Retour sur” page 32
7 Touraine ECO n°258 - mars 2009
La parole à
“La plus belle des motivations,
elle vient de soi-même”
Rencontre
Un nœud papillon rose ? Le logo d’Eden
Park bien sûr. Rencontre avec Franck Mesnel,
co-fondateur et dirigeant d’une marque en plein drop.
histoire se raconte presque
comme une légende : en 1987,
le jour de la finale du Championnat
de France de rugby au Parc des
Princes, Yvon Rousset, Jean Baptiste
Lafond, Philippe Guillard, Franck
Mesnel et Eric Blanc por tent un
nœud papillon rose autour du cou.
Un an plus tard, quand la marque
est créée, marque qui porte le nom
du stade d’Auckland en NouvelleZélande, le nœud papillon rose
s’impose. Une légende ? Non, tout
est vrai.
« On savait que ce logo était extraordinaire, explique Franck Mesnel. Il
évoque le côté classieux du smoking
de James Bond et la fantaisie qui
nous caractérise avec sa couleur. On
savait aussi qu’on allait devenir les
premiers spécialistes du vêtement
pour le rugby, un sport authentique. »
Il savait. Sa foi et sa motivation
expliquent pourquoi son entourage
ne formule aucune réserve quand il
décide de ne pas exercer le métier
d’architecte acquis après 6 ans
d’études aux Beaux-arts de Paris.
« Mes parents ont eu la pudeur de
ne rien me dire ; en même temps,
mon père est lui-même entrepreneur dans l’industrie, c’est un
chercheur qui dépose brevet sur
brevet. » Dans la famille, entreprendre n’était donc pas un secret.
L’
Franck Mesnel dirige Eden Park
depuis 20 ans maintenant. « Je suis
toujours aussi passionné. Nous
passons notre temps à la recherche
d’idées, avec l’envie de nouvelles
choses à créer. » Une aventure
excitante, même si la vie de l’entreprise n’a pas toujours été aussi rose
que le logo, au début notamment.
Car nonobstant un enthousiasme
débordant et une réputation
comme celles de Franck ou Eric
Blanc, il faut monter de lourds
dossiers, trouver cautions et garanties. Et surtout bien s’entourer. Ce
qui fut fait.
Deuxième grande étape que Franck
Mesnel nous décrit comme
charnière : l’embauche comme
directeur général de son ami
d’enfance, Hervé Godest. « Je devais
prendre la décision de me faire
épauler. Le choix de mon meilleur ami
n’a pas été au goût de tous mais
j’étais sûr de lui. » Bien lui en a pris :
l’homme est toujours Directeur
Général et ami, et sa présence a
permis de solidifier l’entreprise. Enfin,
dernier moment crucial dans la vie
de la société : « la remise en cause,
l’an dernier, de notre train de vie.
Nous avons limité les frais généraux,
et nous nous sommes recentrés sur
nos métiers. » Un choix judicieux
compte tenu de la conjoncture.
8 Touraine ECO n°258 - mars 2009
Photo :D.R.
Propos recueillis par Anne-Sophie Jacques
Franck Mesnel,
dirigeant d’Eden Park
Aujourd’hui, avec un chiffre
d’affaires de 55,3 millions d’euros
en 2008 et près de 250 employés, la
société réinvestit ce qu’elle gagne
dans l’achat de magasins, la rénovation des points de vente existants
et la création de nouvelles lignes.
Le produit phare reste cependant
le maillot de rugby. « Aujourd’hui
nous sommes en pleine expansion
internationale, avec une belle
progression au Royaume-Uni et en
Irlande en partenariat avec des stars
du rugby comme Lawrence Dallaglio
à Londres ou David Humphreys pour
Belfast. »
Eden Park compte 563 points de
vente dans le monde, 55 boutiques
exclusives en France, dont une à
Tours. Une ville qui plaît à Franck
Mesnel, notamment « p o u r s a v i e
estudiantine qui bouillonne et qui
f a i t d e To u r s u n e v i l l e é ve i l l é e,
pleine d’une jeunesse qui nous
p o u s s e à n e p a s n o u s e n d o r m i r. »
Mais Eden Park peut compter sur
Franck Mesnel pour toujours passer
le drop.
Billet d’humeur
Non à la pression fiscale
Oui à l’investissement
dans nos entreprises
Dans un courrier de
fin d’année, la CGPME
(Confédération générale
du patronat des petites
et moyennes entreprises),
le Medef Touraine et l’UPA
(Union Professionnelle
Artisanale) alertent les
pouvoirs publics locaux
sur l’augmentation des
taxes à venir, augmentation
qualifiée d’agressive et
préjudiciable pour nos
entreprises. Les co-signataires pointent du doigt
plusieurs hausses
annoncées en 2009.
a première concerne la taxe
transpor t : cette dernière
s’applique aux entreprises de plus
de 9 salariés qui se situent sur le
secteur du SITCAT ( Tour(s)plus et
7 c o m m u n e s e nv i r o n n a n t e s ) .
Ce t t e t a xe p a s s e d e 1 , 3 5 % e n
2008 à 1,80% en 2009, soit une
a u g m e n t a t i o n d e 3 3 % o u, en
valeur absolue, plus de 14 millions.
Une hausse peu cohérente selon
les syndicats : « Cet impôt, assis
s u r l a m a s s e s a l a r i a l e, p é n a l i s e
t r è s lourdement les entreprises
employeurs de main d’œuvre, et cela
dans la perspective de la construction du tramway qui, dans sa configuration actuelle, ne dessert aucune
zone d’activité où travaillent les
salariés des entreprises par ticipantes. »
L
Autre source d’inquiétude : l’augmentation du budget du Conseil
général de 10 à 15% pour cette
a n n é e, p u i s d e 5 % p o u r l e s
années suivantes. Dans le même
temps, rappellent les trois conféd é r a t i o n s, l e Co n s e i l g é n é r a l
annonce la suppression d’une
somme de 2,2 millions d’euros
concernant l’accompagnement des
entreprises et de l’économie, et la
diminution du budget d’investissement de 6 millions d’euros.
Dans ces conditions, la CGPME, le
Medef Touraine et l’UPA sont sans
équivoque : « il ne saurait être
question d’accepter une telle agression fiscale et d’en cautionner les
effets dans une période de crise. »
Au c o n t r a i r e, a r g u ent-ils, il faut
soutenir la commande publique
et maintenir les programmes
d ’ i nve s t i s s e m e n t : « Ce t t e c r i s e
f i n a n c i è r e p u i s é co n o m i q u e d o i t
être un élément déclencheur d’une
véritable volonté d’investir, seule
priorité pour compenser les effets
d’un ralentissement de l’économie.
Ce l a d o i t s’ a c co m p a g n e r p a r u n
effort tout particulier en matière de
fiscalité notamment par une pause
de la pression fiscale. »
Et de conclure : « La Touraine n’a pas
besoin de coups de frein, les entreprises tourangelles ont besoin d’une
dynamisation de la commande
publique. Cela passe par une volonté
d’investissements. »
9 Touraine ECO n°258 - mars 2009
Dossier
Economie :
la Touraine mise sur
des difficultés des
La CCI de Touraine n’a pas attendu pour agir. Dès décembre 2008, elle invitait les
principaux acteurs économiques à une table ronde. La Fédération Française du
Bâtiment d’Indre-et-Loire, le Conseil Régional, le Conseil Général, l'Association des
Maires d'Indre-et-Loire ont ainsi discuté des mesures gouvernementales mises en
place ainsi que des initiatives locales comme « Dynamique Pme 37 ». Cette journée
de débats a également permis de faire un état des lieux de la situation économique :
seules quelques entreprises tourangelles rencontraient alors des difficultés
majeures. Mais les données ont changé. Et aujourd’hui, face à une situation
économique tendue, la vigilance est de mise afin de prévenir les conséquences
de la crise, à court et à moyen terme.
Propos recueillis par Anne-Lise Shinback
Les secteurs
sous surveillance
La réponse des pouvoirs
publics en région Centre
En France, la crise financière atteint
aujourd’hui certains secteurs plus
sensibles que d’autres : c’est le cas
du bâtiment et de l’automobile.
Dans cette filière, on constate en
Touraine une baisse des volumes
produits et de la demande. Des
entreprises ont même dû avoir
recours au chômage par tiel.
Concernant le bâtiment, il n’y a pas
encore trop d’inquiétudes. « Le
carnet de commandes est plein,
même si un peu en baisse. On ne
connaît pas de crise comme en 90 »
explique Bernard Hibert, Président
de la Fédération Française du
Batîment d’Indre-et-Loire. Et comme
40% de leurs commandes sont
publiques, « il est important de ne
pas désamorcer la pompe de cette
économie » conclut-il.
Les collectivités locales se sont
fixées comme objectif de ne pas
ralentir les investissements dans le
bâtiment. Et pour que les travaux
déjà commencés ne rencontrent pas
d’obstacle, l’Association des Maires,
représentée par Jacques Barbier,
maire de Descartes et Président du
Pays de Touraine Sud, a décidé
d’engager 1/12 e du budget 2009
sans même attendre qu’il soit voté.
Le Conseil Régional et Tour(s)Plus
se sont quant à eux prononcés
pour le maintien des engagements
en matière d’investissement. Pour
le tramway, par exemple, il n’est
pas question d’un quelconque
ralentissement dans l’exécution
des travaux. Enfin, pour donner une
réponse adaptée aux PME qui
s’inquiètent ou qui rencontrent des
10 Touraine ECO n°258 - mars 2009
difficultés, la CCI de Touraine, la
Fédération Française Bancaire et
Oséo ont mis en place le 30
octobre 2008 “Dynamique PME 37”.
Dynamique PME 37,
une initiative de la CCI
Cette structure a pour objectif de
renforcer la relation de confiance
entre les chefs d’entreprises et
leurs partenaires bancaires. Que ce
soit par téléphone* ou directement
à l’Espace Service Entreprises de la
CCI de Touraine, une équipe est là
pour accueillir les chefs d’entreprises, les informer sur les dispositifs gouvernementaux d’urgence et
les accompagner dans leurs
relations avec leurs établissements
de crédit. Toutes ces actions sont
rapportées régulièrement lors de
réunions d’échanges du comité
“D ynamique PME 37”. Ainsi est-il
Dossier
possible d ’établir un instantané
de la santé de nos entreprises et
surtout de suivre leur évolution en
cette période jugée critique.
Dynamique PME 37 : 02 47 47 21 10
Des aides précieuses peu
connues : le médiateur de
crédit et le président du
tribunal de commerce
Les chefs d’entreprises qui
connaissent des difficultés financ i è re s o n t p l u s i e u r s s o l u t i o n s.
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r
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Entre le 30 octobre 2008 et le 06
février 2009, 69 entreprises ont été
accueillies dans le cadre du dispositif Dynamique PME 37 dont : 16
entreprises de commerce, 39 de
services et 14 du secteur industrie/
production.
Concernant les besoins exprimés, la
majorité des demandes sont liées à
des anticipations de difficultés de
trésorerie. V iennent ensuite des
demandes d’information sur les
dispositifs gouvernementaux en
place (en prévision d’une année
2009 tendue) et enfin quelques cas
de difficultés d’obtention de prêts
à l’investissement. Huit cas relèvent
de réelles difficultés structurelles.
Dans le cas de différend avec leur
banque, ils peuvent s’adresser au
médiateur de crédit – le directeur
dépar temental de la Banque de
France. (Inteview page 12)
S’ils rencontrent ou prévoient des
difficultés financières ou structurelles, ils peuvent s’adresser au
Président du Tribunal de Commerce,
qui analysera la situation de l’entreprise et donnera des conseils sur
d’éventuelles procédures à engager.
(Inteview page 12)
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Dossier
l’anticipation
entreprises
Dynamique PME 37 :
les premiers résultats
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11 Touraine ECO n°258 - mars 2009
Dossier
Photo :D.R.
Entretien avec
Jean-Charles Sananes,
Directeur départemental
de la Banque de France
et médiateur départemental
de crédit.
Depuis novembre 2008,
vous occupez la fonction
de médiateur de crédit.
En quoi cela consiste-t-il ?
En tant que médiateur, mon rôle est
d’aider les entreprises qui connaissent des difficultés de financement
avec leur banque : soit dans le cas
d’un refus de crédit, soit dans le cas
où la banque dénonce une ligne
qui était conclue. En revanche je ne
traite pas de litiges sur impayés.
Cette fonction a été créée pour
aider les entreprises, habituellement
en bonne santé, à surmonter des
difficultés transitoires dues à la
crise. L’idée est de ne pas laisser les
PME seules face aux décisions des
banquiers.
Quelles sont les démarches à
suivre pour saisir le médiateur ?
L’entrepreneur doit obligatoirement
se rendre sur le site internet :
mediateurducredit.fr.
Il remplit un dossier où il explique
les raisons du désaccord avec sa
banque, dossier transmis ensuite au
médiateur national et au médiateur
départemental concerné.
Comment se déroule la médiation ?
Dès que je reçois le dossier, j’ai 48h
pour prendre contact avec l’entreprise afin de lui n otifier si son
dossier est accepté ou rejeté.
Ensuite, j’ai une période de 5 jours
pour informer la banque de la
demande de l’entreprise. Je lui
demande de revoir le dossier et de
m’informer de sa position. La
banque peut demander 5 jours de
p l u s p o u r f a i re i n te r ve n i r l a
garantie d’Oséo. Passé ce délai, le
banquier me doit une réponse : soit
r
u
e
t
a
i
éd
M
il maintie n t s a p o s i t i o n e t l a
m é d i a t i o n c o n t i n u e, soit il fait
une nouvelle proposition à l’entreprise. Si elle accepte, la médiation
est close. Si elle refuse, elle se
poursuit.
Et quand la banque maintient
sa position, que se passe t-il
pour l’entreprise ?
Si l’entreprise dispose d’une bonne
structure financière -notamment
des fonds propres suffisants - je
vais chercher d’autres banques et
les mets en relation avec le chef
d’entreprise. Mais si elle connaît
des difficultés struc turelles,
antérieures à la crise et récemment aggravées, il faut envisager
une solution plus globale avec le
chef d’entreprise. Le dossier peut
être étudié avec le TrésorierPayeur Général pour le volet
« dettes fiscales et sociales », ou
transmis au Président du Tribunal
de Commerce. Ce dernier, si la
situation n’est pas définitivement
obérée, peut prendre des mesures
de prévention : désigner un
mandataire ad hoc, entamer une
procédure de sauvegarde, etc.
Le médiateur peut aussi envisager,
avec l’accord du chef d’entreprise,
des solutions plus complexes
faisant intervenir d’autres banques
ou d’autres par tenaires afin de
restructurer les financements. Et
en cas d’échec des démarches
effectuées par le médiateur départemental, le chef d’entreprise peut
demander à voir son dossier réexaminé « en appel » au niveau de la
médiation nationale.
12 Touraine ECO n°258 - mars 2009
Quelques chiffres
> René Ricol, nommé Médiateur national
en octobre 2008, est entouré de
7 médiateurs délégués et de 105
médiateurs départementaux, à savoir
les directeurs de la Banque de France.
> au 19 janvier, 4 439 entreprises ont
saisi le médiateur du crédit et
4 054 dossiers ont été acceptés ;
1 869 dossiers ont été clôturés,
positivement dans 64% des cas ;
1 198 entreprises sont confortées dans
la poursuite de leurs activités ;
29 878 emplois ont été préservés.
Pour être orienté
dans vos démarches
Outre le N° Azur à votre
disposition (0 810 00 12 10),
pour faire le point en amont
de la médiation et faciliter
les démarches sur internet,
vous pouvez vous adresser à
un « tiers de confiance »
désigné par la CCI, la Chambre
des Métiers et de l’Artisanat, le
MEDEF, etc. Pour consulter la
liste des tiers de confiance
rendez-vous sur le site
www.mediateurducredit.fr
Dossier
Photo :D.R.
Président du Tribunal
de Commerce de Tours
Dossier
Entretien avec
Maurice Georges,
deTrib
comun
mael
rce
La crise a-t-elle déjà un impact
sur les entreprises tourangelles ?
Pour l’instant, la crise touche
sur tout les entreprises qui sont
faibles sur le plan financier ou
commercial. Jusqu’à la fin 2008, la
plupart des sociétés en procédure
collective ou en prévention connaissaient des difficultés d’ordre structurel aujourd’hui aggravées par la
conjoncture. Malgré tout, on a des
signaux d’alerte. Depuis janvier, des
entreprises voient leur carnet de
commandes diminuer. Et d’autres,
notamment celles qui sont soustraitantes dans le secteur automobile, ne prévoient pas de travail à
plein temps pour les mois à venir.
Quels conseils donner aux chefs
d’entreprises qui connaissent
des difficultés structurelles ?
Si on doit leur faire passer un
message aujourd’hui c’est celui-ci :
« Ne venez pas trop tard ! » Le fait
d’être reçu par le Tribunal de
Commerce ne vous prive pas de la
direction de votre entreprise ni de
votre liberté. Quelqu’un qui entre
dans mon bureau n’est pas obligé
d’accepter un mandat ad hoc ou
une conciliation, ni de déposer son
bilan. Et je peux vous assurer que
les saisines d’offices du Tribunal
sont très rares et toujours faites
avec prudence. Mais dans l’esprit
des gens, on est là pour
sanctionner, pas pour aider. Sans
doute parce que la procédure de
prévention est confidentielle.
Donc, par définition, on ne peut
pas en faire de publicité, on ne
peut pas en publier les résultats.
Pour tant, la prévention a un très
fort taux de réussite.
Vous avez des chiffres ?
En 2008, on a ouvert 215 dossiers
d e p r é v e n t i o n . Co n t r e 8 9 e n
2 0 0 7 . S u r c e s d o s s i e r s, 4 7 %
r é s u l te n t d e d e m a n d e s s p o n t a nées des entreprises grâce aux
conseils avisés de leurs exper tscomptables ou de leurs avocats.
Et sur l’ensemble de ces dossiers,
25 à 30% se traduisent par des
d é p ô t s d e b i l a n . Po u r l e s 7 0 %
restants, une autre solution, plus
f avo r a b l e, a d o n c é t é t r o u v é e à
l’issue de cet entretien.
Qu’en est-il du plan
de sauvegarde ?
C ’est la m ê m e c h o s e : l e s e n t re p r i s e s v i e n n e n t n o u s vo i r t ro p
t a rd. D e p l u s l e s p ro c é d u re s d e
sauvegarde sont impossibles pour
l e s e n t re p r i s e s d é j à e n é t a t d e
cessation de paiement. Elles sont
d e s t i n é e s à d e s e n t re p r i s e s q u i
co n n a i s s e n t d e s d i f f i c u l t é s, q u i
s o u h a i te n t a n t i c i p e r, m a i s q u i
p e u ve nt e n co re m o b i l i s e r d e s
r é s e r v e s d e t r é s o rerie.
Co m m e l a s o c i é t é M é c a c h ro m e
qui, avec ses actifs disponibles ou
réalisables, n’est pas en cessation
de paiement.
Ce p e n d a n t, ave c l a c r i s e q u i
touche les secteurs de l’automobile et de l’aviation, sa situation
est tendue : les dirigeants savent
q u e ç a n e p e u t p a s d u re r.
L’entreprise a donc demandé un
p l a n d e s a u ve g a rd e q u i a é t é
o u ve r t l e 1 2 d é ce m b re 2 0 0 8 .
Jusqu’au 12 juin 2009, Mécachrome
est en période d’observation, étape
nécessaire à l’élaboration de leur
plan de sauvegarde.
“
Le Tribunal de Commerce
est là pour vous aider :
ne vous en privez pas
Plan de relance :
”
les mesures gouvernementales
d’aide aux PME
> Le plan PME
En réaction à la menace de la crise économique et financière, en octobre 2008, le
gouvernement a mis en place un plan de
soutien aux PME de 22 milliards d’euros.
Une aide destinée à garantir le financement bancaire des entreprises.
> Augmentation des moyens de financements des petites entreprises
Pour inciter les banques à accorder les
prêts nécessaires aux PME et aux TPE, le
gouvernement augmente de 4 milliards
d’euros la capacité de d’intervention
d’Oséo Garantie et de la Siagi
> Remboursement par l’État des dettes
sur l’économie
Exceptionnellement, l’État va accorder un
remboursement anticipé du CIR (crédit
impôt recherche) et de la T VA pour
améliorer la trésorerie des entreprises.
> Montant du plan de relance :
26 milliards d’euros, soit 1,3% du PIB
> Montant du soutien destiné à la
trésorerie des entreprises :
11,4 milliards d’euros
13 Touraine ECO n°258 - mars 2009
Dossier
Quelques définitions
avec Maurice Georges
> La prévention
Le mandat ad hoc
U n m a n d a t a i re e s t d é s i g n é p a r l e Pr é s i d e n t d u
Tribunal de Commerce à la demande de l’entreprise.
Il est là pour l’aider à négocier avec ses créanciers.
« Ce qu’on cherche, c’est à étaler les dettes de façon à
ce que l’entreprise puisse faire face au trou de trésorerie
consécutif à une réduction passagère de son activité.
Mais il est essentiel que celle-ci retrouve rapidement
une capacité bénéficiaire, pour faire face aux engagements qu’elle va prendre envers ses créanciers. »
> La conciliation
En vigueur depuis le 1 er janvier 2006, la conciliation permet de sor tir d’une situation
de cessation de paiement, à condition qu’elle ne soit pas supérieure à 45 jours. Sur
requête du chef d’entreprise, le Président désigne un conciliateur dont l’objectif est
de trouver un accord entre la société et ses créanciers. Cet accord (qui peut être constaté
par le Président du Tribunal ou homologué par le Tribunal) portera sur le rééchelonnement des dettes, des abandons de créances ou de nouvelles aides financières. « Les
organismes qui appor tent des capitaux peuvent bénéficier d’un privilège “d’appor teur
d’argent frais” ou “new money” en anglais... »
> Le plan de sauvegarde
L’effet immédiat de l’ouverture de cette procédure est le gel provisoire de tout le passif
(les dettes). Ensuite vient la phase d’obser vation de 2 fois 6 mois. « Le scénario est en
principe le suivant : pendant la première période on vérifie les résultats dégagés par l’entreprise. On sur veille la trésorerie car celle-ci doit payer au comptant toute dette postérieure
au jugement. C’est la contrepartie du gel du passif. » La deuxième période de 6 mois est
destinée à mettre en place le plan de sauvegarde. Et « lors de l’acceptation du plan de
sauvegarde présenté par l’entreprise, le Tribunal, dans son jugement, va pouvoir imposer
des délais à tous les créanciers, sur un maximum de 10 ans. »
14 Touraine ECO n°258 - mars 2009
Dossier
un bilan du secteur,
des solutions pour l’avenir
Dossier
Etats généraux de l’automobile :
C’est une grande première. Le 20 janvier, Luc Chatel, Secrétaire d’État chargé de
l’Industrie et de la Consommation, porte-parole du gouvernement, a inauguré les premiers
États Généraux de l’Automobile. Une journée de concertation où étaient présents
François Fillon, Jean-Louis Borloo, Christine Lagarde et Patrick Devedjian. Et bien sûr,
tous les acteurs de la filière automobile, constructeurs, équipementiers et patrons de
PME, inquiets de la conjoncture.
Les premières
conséquences de la crise
Fin 2008, les constructeurs voient
leur stock grossir et sont contraints
d’arrêter leur production. Pas une
voiture n’est sortie en décembre.
« Les salariés de Peugeot et Renault
ont été payés à 100%. Les constructeurs ont fait des économies sur les
achats et ont déstocké. Ils s’en sont
donc sortis en rentrant du cash. Mais
les Rangs 1 à 4 - équipementiers,
sous-traitants… - ont souffert »
explique
Richard
K aminsk i,
Directeur du Pôle Automobile de
la
Chambre
Régionale
du
Commerce et de l’Industrie.
Conséquences : ils ont eu recours
au chômage partiel. En Touraine, il
a été multiplié par 100 : « on
compte 400 000 heures de chômage
par tiel pour ces derniers mois »
constate R i c h a r d K a m i n s k i . « Le
gros problème est sans doute que les
entreprises de la filière n’ont aucune
visibilité sur les mois à venir. Elles
sont incapables de faire des plans de
production. »
Pourquoi l’industrie
automobile est-elle
si durement touchée
par la crise ?
D’abord à cause de la crise financière. « Pour les constructeurs, le
recours au crédit est plus difficile, ce
qui implique une diminution de leurs
investissements». Et si les constructeurs ont moins de capitaux, ils ne
peuvent plus faire crédit à leurs
clients. « Or, 25% à 50% de leurs
bénéfices sont dus aux résultats
financiers générés par la vente des
voitures.»
Le second facteur concerne l’adéquation de l’offre et de la demande.
Les véhicules qui marchent sont de
type Logan – des voitures simples
et pas chères. Les voitures écologiquement correctes (comme la Prius)
ainsi que la mini voiture urbaine de
type Smart ont aussi leur public. Or
ces véhicules ne sont pas – ou peu
– fabriqués en France. Seules les
voitures de milieu et haut de
gamme sont fabriquées chez nous,
et ce marché ne décolle pas. « Comme
la Laguna » a r g u m e n t e R i c h a r d
K a m i n s k i . « Renault prévoyait d’en
vendre 900 par mois. Ils en ont
produit seulement 70. »
Le fonctionnement de la filière en
lui-même est un autre facteur de
déclin. Les entreprises que l’on
appelle de Rang 1, 2, ou 3 - fournisseurs, équipementiers - n’arrivent
plus à amortir leurs investissements
qui se font en fonction des ventes.
Tous ces facteurs ont orienté la
teneur des débats organisés lors
des États Généraux. Les principaux
sujets abordés durant cette journée
ont été les relations entre les
acteurs de la filière, les innovations
technologiques, la question de la
compétitivité de l’outil industriel
automobile et enfin le thème de
l’emploi. Mais surtout, cette journée
a permis de signer un protocole
d’accord créant le Fonds de modernisation des équipementiers
automobiles. Doté de 300 millions
d’euros, il est destiné à investir
dans les équipementiers stratégiques et à contribuer au renforcement de la compétitivité de la
filière... Une manne financière à
laquelle s’ajoutent les mesures
d’aides gouvernementales décidées
par le Président de la République
Nicolas Sarkozy le 9 février.
Les chiffres clés
de l’industrie des matériels
de transport et de l'automobile
en Indre-et-Loire (mai 2008)
> Nombre d'établissements : 36
> Nombre de salariés : 1 118
% de l'emploi salarié industriel total : 3,7%
> Place dans le secteur industrie d'Indreet-Loire (par le nombre d'emplois
salariés) : 12 e rang
> Nombre d'établissements de
10 salariés et plus : 12
> Nombre d'établissements de
100 salariés et plus : 4
(Sources : OE2T - 05/08, Insee-Sirène, Assedic Région
Centre au 01/01/07)
15 Touraine ECO n°258 - mars 2009
Portraits
“L’alu ? C’est comme
un légo pour grand”
“J’ai créé ma société par
affection pour le verre”
Dominique Bouillon,
dirigeant d’ASCA Industrie
Nous sommes à Avoine, juste derrière la centrale, dans les
bureaux de Dominique Bouillon, dirigeant d’ASCA (acronyme
d’Agencement Sécurité Création Aluminium). En compagnie
d’un patron au parcours atypique donc. Mais atypique en quoi ?
« Disons que dans ma jeunesse, j’étais un glandouilleur. Je n’ai
pas vraiment fait d’études après le bac. Après des petits boulots,
j’ai travaillé comme éducateur auprès d’ados et d’adultes handicapés pendant presque 8 ans. Puis d’un coup d’un seul, je suis
passé à l’industrie. Un copain, un ancien éducateur, m’a engagé
dans la boîte qu’il venait de créer, Polinordsud, une société de
maintenance. On travaillait essentiellement pour le nucléaire. »
Notre reconverti se charge alors du bureau d’études et découvre
l’aluminium. « J’ai tout de suite aimé travailler avec, résoudre des
problèmes de construction. C’est comme un légo pour grand. J’avais
enfin trouvé ce qui me plaisait. » A la réserve près que Polinordsud
n’était pas structurée à la hauteur de ses envies.
Pascal Coquil
Pascal Coquil, responsable
de l’entreprise Altiverre
Sous une allure tranquille se cache un homme qui bouillonne. Un peu comme une rivière. Et quand Pascal Coquil
décide de créer sa société, Altiverre, on est à moitié surpris
de la voir progresser aussi rapidement.
Après de bons et loyaux services comme responsable
d’exploitation chez Suez, pour Dépannage n°1 puis pour STP
à Saint-Avertin, Pascal Coquil devient chargé d’affaires chez
Touraine miroiterie. Il fait un constat simple : « à 40 ans, soit
on poursuit sa carrière soit on redémarre. J’ai choisi de
redémarrer avec le verre, un matériau que j’affectionne. » A la
fin de l’été 2004, il participe au forum de la création d’entreprise, rencontre conseils et banquiers, puis quitte son travail
fin septembre et commence seul, trois jours plus tard. Son
activité se développe autour du verre avec l’acier, l’alu, le
bois, « tous les encadrants qui font tenir le verre. »
Dominique Bouillon décide alors, en 1996, de monter sa propre
société. Malgré un secteur, le nucléaire, difficile d’accès, ce
nouvel entrepreneur trouve sa place. « Nous sommes dans une
petite niche que j’entends bien garder. » Bilan ? Douze ans d’activités croissantes, des locaux tout neufs, un chiffre d’affaires
d’1,9 million d’euros, une deuxième implantation au sud de
Montélimar dans la vallée du Rhône… et des perspectives
prometteuses. En effet, Asca intervient aussi sur les chantiers
de déconstruction, le nouveau cheval de bataille de la société.
Etant donnée l’étendue des chantiers nucléaires à démanteler,
il y en a pour une bonne trentaine d’années de travail. Trente
ans encore ? Ça n’a pas l’air d’effrayer Dominique Bouillon qui
avoue aimer sa liberté de patron. Et son travail de légo, sa passion.
Photo :D.R.
Pascal Coquil s’installe à Saint-Paterne Racan car Tours lui
semble engorgé. Le premier mois est dur : « je n’avais ni
téléphone, ni électricité, j’ai encaissé 2 000 euros. » Il ne se pose
pas de questions : il démarche, se référence dans les Pages
jaunes, et surtout, le bouche à oreille fonctionne vite. Une
énergie couplée avec une qualité de service fait que l’entreprise embauche et croît rapidement. Quatre ans plus tard,
Altiverre compte 12 salariés et réalise un chiffre d’affaires
d’1,3 million d’euros. La société travaille pour de grandes
enseignes comme Promod, Celio, Orange ou encore des
banques et des architectes. Pascal Coquil a également créé
Altimetr'is, une deuxième structure qui permet de regrouper
son activité destinée aux professionnels.
Pour l’habitat et le particulier, Altiverre va proposer cette
année un show-room, bâtiment qui s’ajoutera aux locaux
situés sur la ZI du Vigneau aux abords de la route du Mans.
Car c’est l’objectif de 2009 : plus de confort. Aujourd’hui,
en dépit de son tempérament de fonceur, Pascal Coquil
souhaite prendre le temps d’analyser le travail de sa société.
Car il sait maintenant qu’il est installé pour longtemps dans
sa seconde vie.
ASJ
Dominique Bouillon
17 Touraine ECO n°258 - mars 2009
Photo :D.R.
« On dit de moi que j’ai un parcours atypique. C’est vrai que je ne me
sens pas un vrai patron. Je ne mets pas de cravate. Et j’écoute de la
musique dans mon bureau.» En effet, un air joyeux inonde la grande
pièce lumineuse. On en profite pour lui demander s’il peut
l’éteindre et il rit à gorge déployée : « Oui bien sûr ! »
Portraits
Jocelyne Vée, dirigeante de la SAT
(Société des Agglomérés de Touraine)
La porte du bureau de Jocelyne Vée est ouverte, comme toujours.
De la grande baie on aperçoit, au loin, la centrale à béton et les
matériaux en attente de livraison. Tous les camions sont partis en
tournée. Un entrepreneur en maçonnerie entre, jovial, et tend une
main que madame Vée sert chaleureusement. Ici, tout le monde
se connaît.
Des origines de la SAT rue Gutenberg à Joué-lès-Tours, nous n’en
connaissons que la date de création : 1963. Le père de Jocelyne
Vée la rachète en 1980. Il dirige alors la société Porcher à
Vendôme, une entreprise de fabrique et de négoce de matériaux
de construction. Sa fille Jocelyne y travaille, depuis 1985, et prend
en charge une des agences située à Château-Renault. Quand son
père part à la retraite en 1995, il confie la SAT à Jocelyne et son
mari, Patrick Vée. Elle la dirige et lui en est le directeur technique.
Ils rachètent le terrain voisin et double ainsi la surface de la
société qui s’étend aujourd’hui sur 2 hectares. La SAT, qui possédait déjà une centrale à béton à La Riche, ouvre une nouvelle
agence à Nouâtre, « pour être
plus proche de nos chantiers du
sud du département. » L’activité
se partage entre la fabrication
de béton et la vente de
matériaux. Le chiffre d’affaires
passe de 6 millions d’euros en
95 à 9,8 millions d’euros en
Jocelyne Vée
2008. Qui n’est pas une année
faste. « On nous dit qu’on s’en sort bien » mais Jocelyne Vée grimace :
les mauvais chiffres ne l’enchantent pas. Cependant, elle est
convaincue que c’est une crise à passer : « ce n’est pas la première.
Il suffit de la franchir, comme les autres. »
Quels sont les clients de la SAT ? « Des particuliers bricoleurs et des
entrepreneurs du bâtiment. » Et Jocelyne Vée avoue « carburer aux
clients : ce sont eux qui nous motivent. D’un autre côté, nous sommes
connus pour la qualité de notre service. » Avec des marques en exclusivité, un service soigné, on comprend mieux maintenant que les
clients de la SAT entrent tout sourire dans les bureaux.
ASJ
“Je voulais le Vendée Globe, c’était une obsession”
Ne comptez pas rencontrer Hervé Thizy
derrière son bureau. « Excusez-moi, mais
les locaux de la société, ce sont un peu nos
camions. Et ils stationnent rarement à
Tours ». Pour cause, cet entrepreneur
quadragénaire, résolument mobile, a
choisi l’événementiel. Avec comme
carburant, « la vibration du jour J où tout
doit fonctionner. »
La vocation de patron d’Hervé Thizy aura
mis quelque temps à mûrir. Après la fac,
Hervé Thizy
en 1985, il devient… professeur d’histoire,
exerce en France puis dans plusieurs
grandes universités américaines. A son retour, l’enseignant
voyageur s’oriente vers le privé : il rejoint Pigier et occupe des
responsabilités au sein d’une école de commerce. « Ç’a été mon
terrain d’apprentissage du business. J’accompagnais des étudiants
sur des projets d’entreprises et j’en voyais certains réussir. Le déclic
est venu de là. A un moment, on se dit qu’on peut le faire ». Le
passage à l’acte a lieu en 2003. Hervé Thizy lance un concept
au carrefour de son premier métier, la formation, et des
nouvelles technologies : le Nautibus. Grâce à ce véhicule tout
numérique, il apporte l’Internet en zones rurales, permettant
à leurs habitants de s’initier au multimédia.
ActiStream naîtra de cette expérience et de la
rencontre avec Johan Peerbolte et Armel Chargé,
alors âgés d’à peine 25 ans. « Tout est parti de
l’envie de travailler dans les télécoms, qu’on
commençait à bien connaître. Notre analyse a
débouché sur l’idée de développer du réseau
temporaire adapté à divers types de manifestations ». Fin 2006, les trois associés démarrent leur
activité : l’installation de points d’accès au web,
connexions wi-fi, lignes haut-débit et autres
moyens de transmission vidéo destinés à des
besoins ponctuels. Après des débuts difficiles,
les prestations s’enchaînent : Printemps de
Bourges, « le contrat qui nous a fait monter », Harley
Davidson Eurofest, Internationaux de badminton,
transat Jacques Vabre… « Là, en partant, j’ai vu
une annonce du Vendée Globe. C’est devenu obsessionnel, il
fallait que j’obtienne cette course. »
Photo :D.R.
Hervé Thizy,
directeur associé et
fondateur d’ActiStream
Hervé Thizy passera des nuits blanches à étudier le cahier des
charges, « un truc de malades, trop énorme ». Et décrochera le
marché. La suite ? « Un tourbillon inoubliable de cinq mois aux
Sables-d’Olonne en même temps qu’une grosse aventure technique,
ActiStream a pris une autre dimension. » Cette seule opération
représente plus que le chiffre d’affaires 2008. Mais notre homme
n’est pas prêt de s’asseoir au chaud. « Ce qui me motive, c’est ce
stress qui monte quand 300 journalistes débarquent pour faire leurs
directs ou envoyer leurs images… »
LD
18 Touraine ECO n°258 - mars 2009
Photo :D.R.
“Le parpaing c’est toute ma vie”
Dossier d’opinion
Cap sur
l’entrepreneuriat
Le 23 juillet 2008, le parlement a voté la loi de modernisation de l’économie.
Les objectifs sont d’accroître le nombre d’entreprises et d’intensifier
la concurrence afin d’arriver à plus de croissance, plus d’emploi et
plus de pouvoir d’achat. Pour atteindre ces résultats, le parlement
a adopté une série de mesures dont une visant à favoriser
l’entrepreneuriat : la mise en place du statut de l’auto-entrepreneur.
Propos recueillis par Anne-Lise Shinback
La réforme de l’économie :
nous sommes
tous concernés
L’ o b j e c t i f a n n o n c é d e l a l o i e s t
d e « lever les contraintes qui
empêchent certains secteurs de se
développer, de créer des emplois
et de faire baisser les prix ». Et
question entrepreneuriat, les Français
sont de plus en plus demandeurs
tout en témoignant encore d’une
certaine réticence à se lancer. Avec
le statut de l’auto-entrepreneur mis
en place par Hervé Novelli, secrétaire d’Etat chargé du commerce, de
l’artisanat, des petites et moyennes
entreprises, cela est en passe de
changer.
“Pourquoi pas moi ?”
Ce statut simplifié a la particularité
d’être ouvert à chacun d’entre nous :
salarié,
demandeur
d’emploi,
étudiant, retraité… Grâce à lui, nous
allons tous pouvoir développer une
activité secondaire ou encore tester
une activité qui, si le résultat est
positif, pourra mener à la création
d’entreprise. `
Des secteurs comme le télétravail
ou le e-commerce vont prendre de
l’ampleur. Les ser vices de proximité vont aussi connaître un
nouveau souffle : l’entretien de la
maison et les travaux ménagers, les
petits travaux de jardinage, le
soutien scolaire ou les cours à
domicile, l’assistance informatique à domicile, l’aide
à la personne*, etc. sont
autant d ’ac tivités qui
peuvent aujourd ’hui
être pratiquées en
entrepreneur individuel.
Changement
de mentalités
et nouveaux
modèles
économiques
Mais ce n’est pas tout. Accéder à
l’entrepreneuriat individuel pourrait
changer les mentalités ainsi que
l’image, par fois stéréotypée, du
chef d’entreprise. Le rapport va se
rééquilibrer : une fois dans la peau
d’un entrepreneur, nous verrons
sans doute sous un jour nouveau
les réalités des dirigeants.
Et côté développement
économique ?
Le fait de pouvoir se mettre à son
compte sans contrainte administrative et fiscale va permettre à
certains de tester des métiers ou
des concepts et renforcer les
s e c t e u r s e n vo i e d e d é ve l o p p e ment. Comme, par exemple, le C
to C (consumer to consumer),
terme qui désigne les échanges
q u i s’ é t a b l i s s e n t d i r e c t e m e n t
entre consommateurs. Un système
déjà illustré par les sites Internet
comme eBay ou Priceminister.
* Pour des services qui s’adressent à des personnes dites «fragiles»
(enfants de moins de 3 ans, personnes âgées de plus 60 ans ou
personnes handicapées) un agrément de qualité sera obligatoire.
20 Touraine ECO n°258 - mars 2009
Dossier d’opinion
l’auto-entrepreneur
“
Un tiers des Français et deux tiers des jeunes
se disent prêts à créer un jour leur propre
entreprise... Un statut simple, fiscalement
avantageux peut fournir le […] tremplin
à tous ceux qui veulent entreprendre […]
Christine LAGARDE,
Ministre de l’Economie, de l’Industrie et de l’Emploi
armi les mesures phares de la
loi de modernisation de l’économie (LME), celle qui instaure le
statut de l’auto-entrepreneur était
sans doute l’une des plus attendues. Cette loi, votée en août 2008,
est applicable depuis le 1 er janvier
2009. Succès immédiat. En 15 jours,
près de 20 000 personnes se sont déjà
inscrites au régime de l'auto-entrepreneur, un chiffre encourageant qui
rend les objectifs de 200 000 inscrits
en 2009 annoncés par Hervé Novelli
et Christine Lagarde tout à fait
réalistes.
P
Un auto-entrepreneur,
c’est quoi ?
En même temps que se dessine
une tendance au développement
d u ra b l e, a u re c yc l a g e d e s
produits et à la chasse au
g a s p i l lage, les consommateurs
citoyens pourront trouver dans
le statut d’auto-entrepreneur un
o u t i l i d é a l p o u r développer de
nouvelles activités : la récolte et
l a ve n te d e l é g u m e s b i o e n t re
voisins, la revente d’objets inutil i s é s e n v i d e g re n i e r o u s u r
Internet, etc. D es échanges qui
jusqu’alors s’apparentaient à un
h o b by, e t q u i a u j o u rd ’ h ui, vont
accéder à un statut d’ac tivité
rentable.
L'auto-entrepreneur est entrepreneur individuel. Il est soumis au
régime fiscal de la micro entreprise
mais il bénéficie de mesures qui
simplifient ses démarches de
création, de gestion ou de cessation
d’activité. Ce statut est destiné à ceux
qui veulent se mettre à leur compte
sans pour autant créer une société.
Qui peut devenir
auto-entrepreneur ?
Tout le monde peut p r é t e n d r e à
ce statut : étudiant, salarié,
p r o fe s s i o n l i b é r a l e, r e t r a i t é ,
demandeur d’emploi, entrepreneur et fonctionnaire.
Dossier
Nouvelle année,
nouveau statut :
”
Quelles activités
est-il possible d’exercer
sous ce statut ?
Commerce en ligne, chambre
d’hôte, service à la personne, télétravail… le nombre d’activités concernées par ce statut est vaste. Il existe
tout de même des activités exclues
de ce régime comme : les activités
relevant de la T VA immobilière et
celles relevant de la TVA agricole, les
productions littéraires, scientifiques
ou artistiques, les activités sportives
lorsque les bénéficiaires ont opté
pour une imposition sur la base
d’une moyenne des bénéfices des
deux ou quatre années précédentes,
etc. (Retrouvez la liste complète sur
le site www.lautoentrepreneur.fr)
Comment devenir
auto-entrepreneur ?
En se déclarant auprès du centre
de formalité des entreprises, en
ligne, via le site www.lautoentrepreneur.fr Ce site vous propose
aussi de télécharger le k it de
l’entrepreneur qui réunit tous les
éléments nécessaires à votre
inscription : le guide de l’autoentrepreneur, le formulaire d’inscription, un facturier, etc.
Pour votre déclaration de début
d’activité, vous pouvez également
vous adresser aux chambres de
21 Touraine ECO n°258 - mars 2009
Dossier d’opinion
métiers et de l’artisanat ou aux CCI.
Vous disposerez d’un numéro de
Siret délivré par l’INSEE mais vous
serez dispensé d’immatriculation
au registre du commerce et des
sociétés ou au réper toire des
métiers.
Quelles sont les conditions
à remplir pour bénéficier
du statut ?
Pour les activités commerciales, le
chiffre d’affaires doit être inférieur
à 80 000 euros. Quant aux activités
de ser vices, le seuil à ne pas
dépasser est de 32 000 euros.
Pourquoi le statut
est-il avantageux ?
- L’auto-entrepreneur ne paie des
charges que sur ce qu’il gagne : s’il
ne gagne rien, il ne paie rien
- Il n’est pas soumis à la T VA
- Il est affilié à la sécurité sociale
et cotise à la caisse de retraite à
laquelle il est rattaché : le montant
des cotisations est de 12 % du C. A.
pour une ac tivité commerciale,
21,3 % pour les prestations de
ser vices, et 18,3 % des recettes
pour les professions libérales.
- I l p e u t o p te r p o u r l e r é g i m e
« micro social simplifié » avec
versement libératoire
de l’impôt sur les
revenus. Le prélèvement entre 1 et 2,2 %
selon l’activité se fait par
mois ou par trimestre.
- S’il opte pour le régime
micro social simplifié, il
est exonéré de la taxe
professionnelle pendant
trois ans
- Il peut cesser son activité à tout
moment, sans avoir à s’acquitter
de formalités ou d’obligations
administratives et fiscales
- Enfin, l’auto-entrepreneur peut
protéger ses biens personnels des
risques liés à l’activité.
L’entrepreneuriat,
révélateur de personnalités
Rencontre avec Eric Pasquier,
Créateur et gérant de Shop à Bord, société d’avitaillement de bateaux de plaisance.
Comment est née cette idée
de livraison sur les ports ?
En naviguant avec ma famille. Un soir
de 2002, rentrés tard au port, nous
avons peiné pour faire les courses. C’est
là que j’ai imaginé un système de
livraison à bord du bateau. Via Internet
bien sûr, l’outil idéal pour ce concept.
Photo :D.R.
Vous avez attendu 4 ans pour
le mettre en œuvre. Pourquoi ?
Je n’étais pas prêt. A l’époque, j’étais
commercial dans la logistique et les
transports. Trois phases m’ont été
nécessaires pour me lancer : une étude
de marché, la rencontre avec un
conseiller, devenu mon associé, et une
enquête auprès des professionnels du
nautisme. Sans oublier une discussion
avec mon épouse avec qui j’ai pris
cette décision.
Verdict ?
Je suis fier d’en être là ! Aujourd’hui,
Shop à bord est opérationnel sur 120
ports et propose de nouveaux services :
nettoyage, surveillance, livraison de
fruits de mer... Et pour continuer ce
développement, je cherche à lever des
fonds. Je suis convaincu que mon
concept est bon : en traitant avec des
prestataires proches des ports, le
service est plus écologique, plus réactif
et les produits plus frais.
22 Touraine ECO n°258 - mars 2009
Dossier d’opinion
Dossier
Questions à
Hervé Novelli
Secrétaire d’Etat chargé du commerce,
de l’artisanat, des petites et moyennes
entreprises, du tourisme et des services
En France, il y a longtemps eu
une certaine réticence vis-à-vis de
la création d’entreprise, le choix
de l’entreprenariat faisant souvent
figure d’exception. Ce n’est plus le
cas aujourd’hui. L’action engagée
par les pouvoirs publics visant à
faciliter la création d’entreprises,
porte ses fruits : un nombre record
de création d’entreprises a une
nouvelle fois été atteint en 2008
avec près de 327.400 nouvelles
structures. Ce chiffre traduit une
évolution des mentalités et une
véritable attente des Français de
lancer leur propre activité.
En ce sens, le statut de l’autoentrepreneur, que j’ai lancé le 1 er
janvier, va permettre d’accélérer
cette révolution culturelle. En
mettant la création d’entreprise à
la portée de tous, on bouleverse
la perception que les Français ont
des chefs d’entreprise. Lancer son
activité n’est plus réservé à une
élite, tous les français, qu’ils soient
en recherche d’emploi, chômeurs,
fonctionnaires, retraités, étudiants
ou salariés peuvent désormais
faire le choix de devenir entrepreneur. Il s’agit d’une véritable
révolution des mentalités !
Quel premier bilan faitesvous du statut de l’autoentrepreneur ?
C’est un véritable succès, qui va
même au-delà de nos prévisions ! Alors que le site n’ e s t
ouvert que depuis le 1 er janvier,
nous comptabilisons déjà
plus de 60 000 inscriptions.
Notre objectif, fixé au lancement
du régime de 200 000 autoentrepreneurs en 2009 a déjà dû
être revu à la hausse.
Pour moi, c’est le signe que les
Français se sont réellement
approprié ce régime. C ’est un
bilan positif : au lieu de subir la
crise, nombre d’entre eux préfèrent agir en se mettant à leur
compte.
Quelles modifications,
selon vous, ce nouveau
statut peut amener
dans les entreprises ?
L’auto-entrepreneur va permettre
d’abolir en partie l’opposition
entre salarié et dirigeant. Les
salariés pourront tester leur
potentiel entrepreneurial en
lançant leur activité. Cela
i n t r o duira plus d’idées et de
dynamisme dans l’entreprise.
Attention, toutefois : l’autoentrepreneur doit respecter la
déontologie professionnelle : il
est hors de question qu’il puisse
« débaucher » les clients de son
entreprise, par exemple.
Photo :D.R.
Comment voyez vous
évoluer la culture
entrepreneuriale en
France et en quoi le
statut de l’auto-entrepreneur modifie l’image
du chef d’entreprise ?
Que répondez-vous
aux entreprises qui
craignent l’installation
d’une nouvelle
concurrence ?
De ne pas avoir peur de l’autoentrepreneur. Ce qui est préjudiciable à l’entreprise, ce sont
avant tout les contraintes au
développement, qu’elles soient
administratives, fiscales ou
culturelles. Plus il y aura d’entreprises en France, mieux se
portera l’activité économique et
plus il y aura de répercussions
positives sur les entreprises qui
sont au cœur de la création de
richesse. En ce sens, il y a largement la place pour l’auto-entrepreneur, qui pourra même
devenir un client des entreprises
traditionnelles.
Je voudrais d’ailleurs rappeler
que ce régime est avant tout
destiné à assurer un complément de revenu ou à tester une
idée. Une fois la viabilité de leurs
projets démontrée, la majorité
des auto-entrepreneurs qui
souhaiteront vivre entièrement
des revenus de leur entreprise
devront passer à un régime de
société classique.
23 Touraine ECO n°258 - mars 2009
Dossier d’opinion
L’entrepreneuriat, révélateur de personnalités
WomZone :
La première place de
marché d’informations
epuis avril 2008, grâce au site www.womzone.com,
les internautes peuvent rechercher, acheter ou
vendre des informations dans des domaines très
variés. Ce nouveau service développé par la société
Womup, basée en Touraine (Saint Aver tin), a pour
vocation de devenir un service du quotidien pour le
plus grand nombre, dont les auto-entrepreneurs.
A ce titre, la société Womup a signé un par tenariat
avec la CCI de Touraine pour lancer dès Janvier 2009,
www.touraine-infopro.com, une place de marché
d’informations professionnelles à destination des
entreprises tourangelles et des auto-entrepreneurs.
Questions posées à Jean-David Rezaioff,
président de Womup
Que pensez-vous du statut
de l’auto-entrepreneur ?
Il va permettre à ceux qui hésitaient à se lancer dans
l’aventure entrepreneuriale à faire le pas. En facilitant
l’accès à la première marche de l’escalier, des envies
vont se révéler. Et à terme, ceux qui auront testé avec
succès leur activité basculeront naturellement dans
la création d’entreprise.
Jean-David Rezaioff
Ce nouveau statut est une aubaine alors ?
C ’est une vraie révolution ! Ce nouveau régime va
appor ter une plus grande flexibilité tant pour les
individus que pour les entreprises. Demain on pourra
voir des activités entières se bâtir avec uniquement des
auto-entrepreneurs, ce qui devrait également permettre
le développement du travail à temps partagé.
Quel impact aura-t-il sur
la culture entrepreneuriale ?
Il va changer l’image que nous avons, en France, de
l’entrepreneuriat. En favorisant la possibilité de lancer
et de développer une première activité, c’est aussi le
développement de la confiance en soi qui va se
développer pour un grand nombre de personnes.
Entretien avec Pierre Blanchart
Président du club APM Tours
APM ou l’Association Progrès de Management est
une association de chefs d’entreprises. Créée en
1987 par Pierre Bellon, elle a pour objectif d’offrir aux
dirigeants une formation spécialisée sur des thèmes
choisis. Des experts venus de tous horizons – sociologie, philosophie, psychologie, affaires internationales,
astrophysique, etc. – partagent leurs connaissances
théoriques et pratiques avec les chefs d’entreprises.
Qui eux-mêmes vont alimenter le débat en faisant part
de leur vécu.
250 clubs existent aujourd’hui en France et au Benelux,
dont un Tours, présidé par Pierre Blanchart. Dirigeant
depuis 2005 de la société Carty spécialisée dans les
emballages plastiques par injection et les boîtes de
conservation, il nous explique en quoi l’APM est une
véritable aubaine pour des chefs d’entreprises qui se
sentent souvent seuls dans leur vie décisionnelle.
L’
Que pensez-vous de l’image
du chef d’entreprise ?
En France on donne beaucoup trop d’importance aux
titres. Et quand on parle de chefs d’entreprises, on
parle surtout des grands patrons, des intouchables.
Or il faut distinguer l’image du grand patron de celle
des dirigeants de PME. Ceux-ci ont besoin de plus de
courage, s’exposent davantage et sur tout sont très
peu aidés.
Le statut d’auto-entrepreneur
peut-il changer cette image ?
Oui car les gens vont être confrontés aux réalités de
l’entreprise. Mais surtout, ce statut va développer l’initiative individuelle. Les gens vont pouvoir se lancer et
tester leur projet sans trop de contraintes. Et si succès
il y a, ils passeront à une structure plus solide.
24 Touraine ECO n°258 - mars 2009
Photo :D.R.
D
Portraits
Titre
Titre Titre Titre c’est décaper l’amiante, tout simplement”
“Désamianter,
Titre Titre Titre Titre
A vrai dire, avant d’arriver dans les
bureaux de FP Environnement dans la
ZI Saint-Malo d’Esvres, nous ignorions
tout du décapage. Excepté le fait que
décaper, c’est nettoyer une surface.
Philippe Furgerot comble rapidement
cette lacune…
Philippe Furgerot
Avec un grand-père fondateur de l’entreprise Jean et Chaumont
à Reims et un père dirigeant sa propre société de traitement de
surface, Philippe Furgerot a du sang d’entrepreneur dans les
veines. Aussi, à 22 ans, il se met à son compte dans le domaine
du décapage. Mais, si les affaires rentrent, l’entreprise est mise
à mal par des difficultés qui contraignent Philippe Furgerot à
tout stopper. En 2004, la fibre de l’entrepreneur reprend le
dessus. Il crée alors FP Environnement : « Mes clients sont
immédiatement revenus, comme si rien ne s’était passé. » Philippe
Furgerot emploie aujourd’hui 19 personnes et gère l’entreprise
avec sa femme Corinne.
Photo :D.R.
Philippe Furgerot,
directeur général
de FP Environnement
Nous jetons un œil sur les photos de la façade
de la gare de Tours accrochées au mur de son
bureau, un avant/après étonnant : « nous l’avons
entièrement décapée en hydrogommage basse
pression, une technique plus douce qu’un sablage
traditionnel. Actuellement je devise pour la restauration d’une façade avenue de Clichy à Paris.
J’interviens également comme expert pour le
Centre d’Etudes BTP. Et puis, mais ça c’est mon
hobby, je fais de la déco, comme sur les vitrines de
la bibliothèque François Mitterrand.Vous voyez, le
monde du décapage est vaste. »
Vaste et varié. Car FP environnement s’est considérablement
développé en travaillant pour la dépollution et la décontamination de sites. En effet, l’entreprise retire l’amiante et le plomb, une
activité qui représente 95% de son chiffre. « J’ai fait mon premier
chantier plomb en 2005, à Angoulême, sur 4000 m2. Puis les chantiers
de désamiantage se sont enchaînés. Désamianter, c’est retirer
l’amiante, tout simplement. » Positionné sur un secteur porteur,
Philippe Furgerot est très sollicité. Et l’homme continue à ne pas
compter son temps. Pour sa passion, pour son métier.
ASJ
“Vu le contexte actuel, nous n’avons pas le droit
de faire les choses à moitié.”
Christian Bonte,
restaurateur à La Réserve
cuisine, décoration : 4 mois de travaux
plus tard et le café vendu, le restaurant
La Réserve ouvre ses portes. Trois chefs
en cuisine, deux employés en salle toute
l’année et deux à trois supplémentaires
l’été, les 50 couverts ont rapidement
trouvé une clientèle. « Nous essayons
d’être au top et de maintenir la qualité.
Vu le contexte actuel, nous n’avons pas le
droit de faire les choses à moitié. »
Ancien gendarme à l’ambassade de France
au Sultanat d’Oman, Christian revient en
région Centre en 1991 avec l’envie d’investir
dans un commerce. Pour commencer, il
achète un bar-tabac à Vierzon avec sa femme Annie, une affaire
qui tourne pendant 6 ans. Puis, « à la recherche de nouvelles têtes
et d’un esprit de vacances », il décide de s’installer à Amboise et
rachète tout d’abord un café-brasserie au pied du château, lieu
très fréquenté. Dix ans passent. Annie et Christian Bonte décident
à nouveau de taquiner le sort, non loin de là.
« Nous avons toujours eu l’envie d’évoluer, de créer nos propres
affaires. C’est un challenge très motivant. » Intéressés par la
boutique de souvenirs située sur cette même place du château,
ils parviennent à racheter les locaux en 2008. Vestiaires, cave,
Photo :D.R.
Couverts en bataille, tables lustrées et
personnel hyperactif : nous sommes en pleine
journée de réouverture de restaurant. Prêt à
reprendre du service après les congés de
l’hiver, Christian Bonte trouve le temps de
nous parler de lui, et de son restaurant.
Pour Annie et Christian Bonte, l’objectif
est atteint, en partie grâce aux soutiens
de la CCI et de la municipalité qu’ils reconnaissent volontiers.
« Nos interlocuteurs ont toujours été de qualité, en allant tous dans
un même sens. » Aujourd’hui, la conjoncture a beau être morose,
le couple reste confiant et plein d’entrain : « A partir du moment
où l’on dirige, on fait ce que l’on veut ».
L’offre en restauration, assez dense dans cette ville très touristique,
ne les effraie pas non plus : « Plus il y a de concurrence, plus les
commerces sont dynamiques. » A 51 ans, Christian Bonte prend
désormais plaisir à faire plaisir en proposant une cuisine traditionnelle qui met le bœuf à l’honneur. A consommer sans réserve,
bien entendu.
KD
Christian Bonte
27 Touraine ECO n°258 - mars 2009
Portraits
“Qui peut le plus peut le moins”
« Vous prendrez un café ? » et aussitôt la machine se met en route.Yann
Le Berre en boit sans compter. Un forcené du travail ? Non. Un
passionné. Du genre à tout faire à fond.
Aussi, quand le jeune bachelier en économie sait qu’il doit faire son
service militaire, il s’engage pour 5 ans dans l’armée de l’air. Pas assez
d’action à son goût, il y apprend cependant beaucoup quand on lui
confie un groupe de 90 appelés, « du bac - 7 au bac + 7, gars issus de
l’ensemble des classes sociales. J’ai appris à manager une équipe. » Il
rompt son contrat - fait exceptionnel dans l’armée - pour saisir
l’opportunité de créer son entreprise, sur les conseils de son beaufrère avec qui il s’associe. « A 22 ans, j’ai quitté la Touraine pour monter
en région parisienne une boîte de déménagement. Il y avait un vrai
créneau sur Paris dans lequel on s’est engouffré. » Mais l’association
n’est pas idyllique.Yann Le Berre vend ses parts et revient à Tours dans
l’idée de fonder une autre société de déménagement.
Après étude de marché, il s’aperçoit que la région est saturée. D’un
autre côté, son père, militaire à la retraite, cherche à retravailler. Yann
crée donc une seconde entreprise le 2 janvier 1996, avec comme
premier salarié son père. Ils ont chacun un camion, travaillent pour
une société de courses et partent sur les routes. « Qui peut le plus
peut le moins » répète souvent Yann Le Berre. La devise lui colle à la
peau. Il passe sa capacité de transport, accepte une première tournée
en « poids lourd » puis embauche un
salarié. Une deuxième tournée, un
deuxième salarié. Ainsi de suite
jusqu’à 40 personnes.
En 1999,Yann Le Berre se forme pour
être commissionnaire afin de
maîtriser les ressorts de la mondialisation du transport. « Pendant 6
ans j’ai dormi 3 heures par jour. Seulement j’ai pu m’aguerrir aux
bases des métiers de conducteur routier, chauffeur livreur, cariste,
comptable… » En 2005, les Transports Le Berre s’installent sur la ZI
de la Liodière, dans un bâtiment de 6 000m2. On trouve une station
de lavage pour des véhicules toujours blancs, les entrepôts et les
bureaux bien sûr, mais aussi un espace détente pour les conducteurs et une salle de sport. C’est là que se cache le secret du patron
: sa forme, il la doit à la pratique de la force athlétique, sport peu
connu dérivé de l’haltérophilie.
Les transports Le Berre exercent 4 métiers : la course, la distribution,
la logistique et – retour aux sources – le déménagement. Et depuis
peu, un 5ème : le lot et demi-lot, spécialité des Transports Gelez que
Le Groupe Berre vient de racheter. Une grosse étape de développement qui arrive en situation de crise et donc s’avère plus complexe
à gérer. Mais le dirigeant du groupe peut compter sur les valeurs qu’il
défend : intégrité et respect du client. « Contrairement à ce qu’on croit,
je ne suis pas boulimique. Je suis poussé par mes clients. » Et par sa
passion aussi, peut-être.
ASJ
Photo :D.R.
Yann Le Berre, fondateur
et dirigeant du Groupe Le Berre
Valérie Coulon, gérante
de Cas’al Dente, traiteur italien
Impossible de faire autrement : dès que nos yeux tombent sur l’étal
de la Cas’al Dente, des envies d’Italie surgissent, irrévocables. Que
choisir entre le salami au fenouil, le rôti cuit aux herbes ou la mozzarella fraîche ? « Si vous prenez la mozzarella, pensez à la mettre dans
l’eau tiède un quart d’heure avant de la manger » nous conseille Valérie
Coulon, la patronne de ces lieux. Nous voici arrachés à la salivante
digression pour un retour à notre mission : en savoir plus sur cette
jeune entrepreneuse qui vient d’être récompensée du Mercure d’or,
un prix décerné par l’Assemblée des Chambres Françaises de
Commerce et d’Industrie (ACFCI).
« Ma nonna était la reine des gnocchis» raconte Valérie Coulon. Une mère
Romaine donc, qui épouse la France en même temps que son mari.
Après avoir vécue dans le Jura, la famille s’installe à Blois quand Valérie
a 10 ans. A l’issue de son bac scientifique, elle se lance dans pharma
mais une vilaine maladie stoppe net ses études. Que faire ? « En seconde,
j’avais fait un échange avec les Etats-Unis ; ma famille d’accueil tenait un
restaurant de poissons et fruits de mer sur la côte Est. J’ai adoré l’ambiance.
J’ai donc décidé de faire l’école hôtelière. » Après un BTS puis une licence
de gestion en hôtellerie passée à Toulouse,Valérie met sa carrière entre
parenthèses pour les enfants. Sitôt la
petite dernière entrée en maternelle, elle
suit la formation de la Chambre des
métiers et de l’artisanat puis s’installe sur
les marchés avec son rêve de toujours : la
vente de produits italiens. Elle commence
dans un vieux camion, vendu au bout de
quatre ans pour un tout neuf, « le plus beau
du marché. »
Elle aménage un laboratoire à Esvres, une
cuisine pour les plats préparés. Elle se
fournit en Italie bien sûr et à Paris aussi pour certaines pâtes ou raviolis.
En juin 2008, Valérie Coulon s’installe sous les Halles, porte H. Un
magasin qui ravit les habitués du marché, qu’elle continue d’arpenter.
Elle emploie Marion et Antoine à Tours, Célia sur le marché de Blois
le samedi matin. Attirée par la restauration, aventure qu’elle vivra
peut-être un jour, Valérie est aussi toujours en contact avec sa famille
de restaurateurs américaine. « On se parle via la webcam tous les
dimanches ». Elle a hâte de les accueillir pour leur faire découvrir la
boutique et les produits : fromages, vins, charcuteries, antipasti,
desserts... ça y est, nous voici repartis en Italie.
ASJ
28 Touraine ECO n°258 - mars 2009
Photo :D.R.
“Dans mon métier, parler parfaitement
italien et anglais est un atout”
Portraits
“Il faut être patient, tout ne
se fait pas en un clin d’œil”
Franck Mazière,
restaurateur Aux P’tits Gourmets
“Les 50 véhicules vendus
d’un coup à la Jordanie
sont à ce jour notre plus
belle expérience”
Après 17 années passées dans le secteur de l’automobile en
région parisienne et avec deux CAP comme bagages, Franck
gravit les échelons d’une grande entreprise d’équipementier
et atteint les postes à responsabilités. Un aboutissement ? Pas
vraiment. « Arrivé en haut de l’échelle, je décide finalement de
tout arrêter pour évoluer dans d’autres domaines. » Direction la
Sarthe, où Franck Mazière sera responsable de magasin dans
l’imprimerie pendant 4 ans, jusqu’à ce qu’une nouvelle vie
se profile. C’était en 2003…
Un beau jour, autour d’un repas, Franck décide d’assouvir sa
vieille passion : la cuisine. « Un ami m’a suggéré d’ouvrir un
restaurant, une idée qui trottait déjà dans ma tête. » A 40 ans, en
quête d’autonomie et avec la volonté de « lier l’utile à l’agréable »,
il décide alors de se lancer dans l’aventure. Renseignements
pris auprès de la CCI puis formation de cuisinier sous la houlette
de son professeur de CFA Jean-François Lagneau : Franck cesse
de mijoter et s’immerge totalement dans la restauration.
Franck Mazière
Photo :D.R.
Trois ans plus tard, après des expériences dans les grandes
chaînes d’hôtellerie et à l’Hôtel de l’Univers à Tours, il est fin
prêt. Son projet ? Racheter un restaurant au cœur du village
de La Celle-Saint-Avant et confier le service en salle à sa
conjointe Stéphanie. Appuyé par l’ACCRE, l’aide à la reprise
d’entreprise de la CCI, Franck reprend Aux P’tits Gourmets
et dresse les premières tables en avril 2008. « Nous faisons
partager notre cuisine à tous les gourmands-gourmets, et le
bouche-à-oreille fonctionne très bien ». Après seulement 9
mois de recul, Franck reste lucide : « C’est le jour et la nuit
avec mes emplois précédents, même en terme de salaire, mais
j’aime cette vie et il faut être patient, tout ne se fait pas en un
clin d’œil. » Cuisine raffinée et gastronomique sont au
programme toute la semaine Aux P’tits gourmets. Gourmets
qui, petits et grands, ont déjà fait savoir leur plaisir sur le livre
d’or bien rempli.
KD
Laurent Leriche et l'équipe de Volteram
Photo :D.R.
Le chef nous reçoit sous les poutres rustiques de son restaurant.
« Installons-nous près de la cuisine, l’heure du repas approche et
le coq au vin est en pleine préparation… » Notre nez confirme.
Aujourd’hui, à 43 ans, Franck Mazière voit l’avenir en cuisine,
et cela pour une histoire de passion.
Laurent Leriche, dirigeant de Volteram
Sur le parc des poids lourds, Laurent Leriche nous montre la
plaque Euro 4 d’un camion quasi neuf : « c’est une norme
environnementale, un engagement que je prends : cette année,
je vise la certification Iso 14001. » Au fil de notre rencontre,
nous nous apercevons que ce n’est pas là sa seule ambition.
Sur le bureau, à l’entrée, les drapeaux de la Russie et du
Kazakhstan attendent d’être dépliés en l’honneur de clients
attendus dans la soirée. Oui, Volteram vend beaucoup à
l’étranger : la société y réalise les deux tiers de son chiffre
d’affaires. Mais revenons un peu en arrière. Fils d’entrepreneurs, Laurent Leriche vit à La Courneuve. Un bac G en poche,
il se lance un premier défi : faire du Droit à Paris. Il passe
4 ans à l’université d’Assas puis travaille auprès d’un commissaire priseur. Mais le besoin de partir à la découverte de
grands espaces se fait sentir. Sa femme et lui sont sur le point
d’emménager au Québec quand ses parents lui proposent
d’intégrer leur petite société de négoce : « ils m’ont mis ça
dans les pattes, pour que je reste. » Laurent Leriche prend à
cœur son nouveau boulot, et bientôt n’a pas le choix que de
trouver plus grand pour la société. « Un soir, nous avons sorti
la carte de France. En toute logique, les villes industrielles
comme Nantes, Rennes ou Le Mans auraient dû s’imposer. Mais
notre choix s’est porté sur Tours où j’y avais fait ma première
expérience en salle des ventes. La ville nous avait plu. »
En 2000 Volteram s’installe près du rond-point de l’avion à
Parçay-Meslay. L’entreprise vit bien, mais Laurent Leriche
veut davantage. Encore un appel des grands espaces ? « J’ai
participé à des missions à l’étranger avec la CCI, Catherine Zuber
m’a accompagné en Lettonie. Grâce à elle, je me suis lancé sur
les marchés de l’Europe de l’Est. En 2002, je faisais 8% des ventes
à l’export, aujourd’hui 73%. » Son équipe est à l’image de l’activité de Volteram : « Barbara et Thierry sont de Montlouis, Olga
est russe, Anita polonaise et Nicolaï géorgien. Remarquez : je
n’ai attendu aucune consigne pour la parité ! » Une équipe
joyeuse, encore fière du beau succès de l’an dernier : la vente
à la Jordanie de 50 camions d’un coup. En 2009, Laurent
Leriche part à la conquête de l’Arabie Saoudite, des Emirats
Arabes, de la Libye, de la Syrie. D’autres cultures, mais il n’est pas
inquiet. Cet homme est manifestement fait pour voyager.
ASJ
31 Touraine ECO n°258 - mars 2009
Retour sur...
Charte de la Diversité
Les entreprises tourangelles s’engagent
e 11 décembre 2008, à la
préfecture d’Indre-et-Loire, les
dirigeants de Flunch, Sade, Fidelia,
Car wash, Sineo, Societe 7000, Quick,
Armaplan, Keolis Fil bleu signaient
la Charte de la diversité. Avec cette
signature, ils attestent ainsi de leur
engagement en faveur de la diversité culturelle, ethnique et sociale
au sein de leur entreprise. Ce jourlà, les signataires ont également
témoigné, devant les 80 sociétés
invitées, de la pertinence de l’adoption de la Char te de la diversité.
En effet, favoriser le pluralisme au
travers des recrutements s’avère
L
aussi incontournable que bénéfique.
Michelle Guitton, directrice des
ressources humaines de la société
de restauration collective 7000
présente lors de la signature, nous
le confirme : « Nous avions depuis
longtemps déjà misé sur la diversité,
en raison de notre activité. Nous
travaillons sur une soixantaine de
sites et engageons plus de 200
personnes. Nos clients ont donc
besoin d’équipes soudées et de
personnels fiables. Dans la gestion de
nos recrutements, il faut faire sauter
des barrières et chercher au-delà des
critères habituels. Alors oui, peu
importe le sexe, l’âge, la couleur de
peau, le handicap… les seuls critères
sont la fiabilité et la motivation. La
diversité est un atout considérable,
surtout face à la concurrence. Le
recrutement est certes plus long, mais
nos efforts sont largement récompensés : nous avons de bonnes
équipes, et il règne chez nous un état
d’esprit différent, tolérant. »
Michelle Guitton reste cependant
lucide : « Mais nous devons rester
vigilants car les vieux réflexes reviennent vite. La signature est là pour
nous rappeler combien nous sommes
riches de la diversité. »
ASJ
Arrêt de travail : un guide précieux
Spécialiste de formation, le Docteur François Valette a été médecin de sociétés
d’assurances pendant 25 ans et expert près la Cour d’appel d’Orléans. De ses
réflexions sur la durée des arrêts de travail faisant suite aux accidents est né un
ouvrage qui fait aujourd’hui référence.
oici les chiffres : selon les statistiques de l’assurance maladie,
6% des arrêts de travail sont médicalement injustifiés tandis que, pour
l’une des plus importantes sociétés
de contrôle médical à l’usage des
entreprises, ce taux était de 9,27%
en province et 7,55% à Paris avec
cependant une tendance à la baisse
probablement liée à la crise. Il y a
de quoi s’interroger sur cette différence d’appréciation.
Un dispositif d ’expérimentation
est en cours dans 11 dépar tements prévoyant une coopération
renforcée entre les médecins
contrôleurs privés et ceux de la
sécurité sociale qui pourraient
entériner l’avis de leurs confrères
sans avoir à convoquer systématiquement l’assuré.
Sans entrer dans les polémiques et
les réticences habituelles des uns et
des autres à chaque fois que l’on
essaye d’améliorer un système, on
V
peut se demander si cette coopération qui est souhaitable ne devrait
pas bénéficier d’une base de
référence commune. Or celle-ci
existe sous forme de barème au
moins pour les accidents quelque
soit leur origine sans qu’il y ait lieu
de distinguer les accidents de travail
dont on sait par expérience que les
arrêts d’activité sont à tort plus
prolongés sans autre justification
qu’une indemnisation plus favorable.
Ce barème original, établi à partir de
lésions simples, non compliquées, en
l’absence de contraintes professionnelles spécifiques, suit le plan de
classement du centre de documentation sur le dommage corporel avec
ses numéros de code.
L’ouvrage débute par l’étude des
lésions générales (brûlures, morsures,
contusions, syndrome dépressif...)
pour se poursuivre dans un ordre
anatomique. Il est d’utilisation
32 Touraine ECO n°258 - mars 2009
simple, accessible à tous, médecins
ou non. Les chiffres sont accompagnés de commentaires si nécessaire.
Ce guide, destiné à l’origine à aider
le praticien à répondre aux interrogations de la victime ou de sa
famille, à aider le médecin conseil et
l’expert à apprécier les conséquences d’un accident en évaluation
prévisionnelle puis indemnitaire, a
vu son usage s’étendre aux entreprises, à leurs conseils, aux administrations et dans tout l’espace francophone y compris le Québec.
Cette nouvelle édition comporte 17
modifications par rappor t à celle
de 1998 et contrairement à cette
dernière qui avait été diffusée hors
circuit commercial traditionnel est
disponible en librairie.
ASJ
Arrêts de travail en traumatologie.
Barème indicatif.
1 vol. 41 p., Le Mans 2008, Geraso éd.
Tel : 02 47 54 19 44
http://baremevalette.free.fr
Retour sur...
Au MEDEF Touraine
un Michel peut en cacher un autre…
ien connu du monde économique et institutionnel, Michel
Lecat, délégué général du Medef
Touraine, a souhaité faire valoir ses
droits à la retraite après 14 années
d’intense activité au sein de ce
mouvement d’entrepreneurs ainsi
que tout un parcours professionnel
dédié au service et à l’écoute des
entreprises.
Homme de terrain, toujours réactif
et fourmillant d’idées, il a participé
et contribué à la création de
nombreux dispositifs, organismes ou
manifestations d’envergure visant à
favoriser le développement économique des entreprises ou à faciliter
leur quotidien sur le département.
Ses compétences reconnues ont
même dépassé les limites de l’Indreet-Loire puisqu’il fût également
délégué général du Medef Centre.
Photo :D.R.
B
Michel Lecat et Michel Amann
Dès le 1 er mars, Michel Amann aura
pour challenge de prendre la relève.
Agé de 48 ans, cet orléanais a précédemment exercé, 12 ans durant, les
fonctions de Secrétaire Général de
la Fédération Française du Bâtiment
Région Centre et de la Fédération du
BTP Loiret après avoir œuvré plus
d’une douzaine d’années en entreprise dans le secteur de la métallurgie et dans celui des services.
Nous souhaitons au premier Michel
une excellente retraite que nous
savons d’ores et déjà active et nous
disons au second bienvenue en
Touraine et bonne chance.

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