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N°258 - mars 2009 Supplément à conserver “Quelles aides publiques pour votre entreprise ?” LE MAGAZINE DE LA CHAMBRE DE COMMERCE ET D’INDUSTRIE DE TOURAINE www.touraine-eco.fr e pris e r t n E deTrib comun mael rce CCI r teu édia M que n a B p.10 Dossier Economie : la Touraine mise sur l’anticipation des difficultés des entreprises p.20 Cap sur l’entrepreunariat Touraine ECO n° 258 Sommaire En couverture Economie : la Touraine mise sur l’anticipation des difficultés des entreprises La CCI de Touraine n’a pas attendu pour agir. En effet, dès décembre 2008, elle invitait les principaux acteurs économiques à une table ronde... ........................................................................................ Page 10 Entreprises citées (Pages) : Automobiles Chassay (2) • La Poste (4) • Institut de la Piscine (4) • Sarl Barraco (4) • Planet’Office (4) • Sodero Gestion (16) • Recogest (16) • AJ Copieurs (19) • Pierre & Terre (19) • Touraine Ecobiz (25) • Crédit Agricole Touraine Poitou (19) • MJ 80 (26) • Sogepress (26) • Aéroport International Tours Val de Loire (26) • Brosset Immobilier (26) • Ambin informatique (29) • GCI (29) • Polyassur (29) • Amplitude Automobiles (29) • Setipp (30) • Sarl Lejeau Motoculture (30) • Clim’Touraine (33) • Touraine Info Pro (34) • Quatro Développement (35) • Thermo Energy (35) • Signyo (36) Annonceurs (Pages) : Eden Park (8) • Mécachrome (14) • Peugeot (15) • Renault (15) Pollinordsud (17) Suez (17) • STP (17) • Touraine Miroiterie (17) • Promod (17) • Celio (17) – Orange (17) • Altimetr’is (17) • Porcher (17) • Womup (24) • Carty (24) • Jean et Chaumont (27) • Hôtel de l’Univers (31) • Flunch (32) • Sade (32) • Fidelia (32) • Armaplan (32) • Keolis (32) • Fil Bleu (32) Réagissez aux articles de notre numéro ou postez vos avis ou commentaires sur le Blog du Président de la CCI de Touraine : www.touraine-eco.com/leblog Touraine Eco le Mag sur internet : www.touraine-eco.fr Magazine édité par la Chambre de Commerce et d’Industrie de Touraine BP 41028 - 37010 TOURS CEDEX Tél. : 02 47 47 20 00 - Fax : 02 47 47 20 64 N°ISSN : 16379837 • 4 numéros par an – Ce numéro a été tiré à 18 600 exemplaires • Président du comité de rédaction : Bernard Estivin • Directeur de la publication : Pascal Rivet • Directeur de la r é d a c tion : Guy Baculard [email protected] • Contact : 02 47 47 20 15 [email protected] • Rédaction : Agence Kogito • Conseillers techniques : Philippe Carlier, Frédéric Bris, Bénédicte Gozillon • Rédaction : Agence Kogito : 02 47 68 94 98 Régie Publicitaire : Sogepress : 02 47 20 40 00 E-mail : [email protected] Maquette : Micro5 : 01 56 26 55 35 Impression : Vincent Imprimeries : 02 47 39 39 52 Edito ...................................................................................... page 5 La parole à Patrick Poirier,Vice Président de la CCI sur la nécessité d’un aéroport.......................................... page 6 Jean-Marie Peretti, Changement et diversité.................. page 7 Rencontre avec Franck Mesnel, Eden Park .................. page 8 Organisations professionnelles, "Non à la pression fiscale" .............................................. page 9 Dossier Economie : la Touraine mise sur l’anticipation des difficultés des entreprises ........................................ page 10 Dossier d’opinion Cap sur l’entrepreneuriat ................................................ page 20 Portraits A l’affiche ce mois-ci : ASCA Industrie .................................................................... page 17 Altiverre ................................................................................ page 17 SAT........................................................................................ page 18 ActiStream .......................................................................... page 18 FP Environnement ............................................................ page 27 La Réserve ........................................................................ page 27 Groupe Le Berre .............................................................. page 28 Cas’al Dente ...................................................................... page 28 Aux P’tits Courmets ............................................................ page 31 Volteram .............................................................................. page 31 Retour sur Charte de la Diversité ...................................................... page 32 Arrêt de travail : un guide précieux .............................. page 32 Medef Touraine : Michel Amann prend la relève ........ page 34 3 Touraine ECO n°258 - mars 2009 Edito Photo : D.R. Management et marketing des services Philippe Callot, Professeur à l’Escem, Co-auteur des “Dilemmes du Tourisme” Coordinateur de l’ouvrage “Marketing des services” “Levier de différenciations et de valeurs pour l’entreprise” ne nuance s’impose d’emblée. Nous devrions parler de Marketing et Management des Ser vices (MMS) tant la variable humaine demeure pour l’instant présente (rôle du manager/vendeur, participation active parfois de l’acheteur). Doit-on donner une définition aux services ? Non car il serait illusoire d’en trouver une qui soit consensuelle (même si les notions de variabilité ou d’intangibilité reviennent souvent). L’évolution et le fonctionnement des économies (pays riches ou en voie de développement) font s’estomper la limite entre les secteurs industriels et le tertiaire. Les ser vices ajoutés autour des produits deviennent, par exemple, un élément de distinction, pour ne pas dire de différenciation, des firmes (petites ou grandes, en B to B “Business to business” ou B to C “Business to Consumer”). Les ser vices couvrent tous les secteurs (services aux personnes, aux biens) et représentent des métiers très différents nécessitant peu de moyens et de compétences ou, à l’inverse, supposant un fort savoir et des investissements conséquents. Le MMS est donc pluriel, transversal, holistique. Quels sont alors les points communs dans ce patchwork ? U Tout d’abord s’engager sur la fiabilité au regard de la promesse faite au client. C’est ici toute la garantie liée au sérieux de la prestation. "Do it or die" (faire ou mourir) disent les Américains. Ailleurs, il impor te de comprendre que chaque client est différent. Il faut intégrer cette variable de l’hétérogénéité des attentes dans le processus du MMS ; à clients et perceptions différents l’entreprise doit et peut offrir des prestations personnalisées avec des prix adaptés. I l y a a l o r s d e s n iches considérables en perspectives. L’empathie et la ser viabilité sont d’autres points clés de la qualité en MMS. Résoudre le problème que le client a (appareil défectueux, mal aux dents, chemise tachée…) est la base du MMS. L’entreprise de ser vice apporte LA solution au problème du client. Avec les technologies convergentes le MMS trouve sa maturité. Les supports physiques et les employés en contact participent ainsi à la servuction (SERVice et prodUCTION) du ser vice. Le phénomène du e-commerce atteste de cette interactivité rendue possible entre l’offre et la demande. En conclusion le MMS est source de services supplémentaires, créateur de différenciation et donc de valeurs. 5 Touraine ECO n°258 - mars 2009 La parole à “Non, La Touraine ne peut pas se passer d’un aéroport” Développement D’aucuns émettent des réserves sur la nécessité d’un aéroport à Tours. Face aux critiques, la CCI de Touraine donne son point de vue, et Patrick Poirier, Vice-président, nous explique en quoi un tel équipement est plus que jamais pertinent pour l’agglomération tourangelle. Quand on vous dit qu’une ville comme Tours est trop proche d’Orly ou de Roissy, que répondez-vous ? Je réponds que Paris n’est pas une fin en soi. D’une part parce que le temps d’attente est long, ceux qui connaissent Orly et Roissy me comprendront ; d’autre par t, ces aéropor ts ne sont pas si faciles d’accès, le réseau est très saturé. A Tours, l’aéropor t est proche du centre ville, bien desser vi par les lignes de bus et met à disposition un park ing gratuit ouver t 7/7, 24/24. De plus, excepté l’aéropor t de Nantes, celui-ci est le seul dans la région. Enfin, j’ajouterai que je suis très attentif au développement de France Transplant qui utilise de plus en plus l’aéropor t, aéropor t qui est par ailleurs un centre national d’évacuation sanitaire. Quand il s’agira d’attendre la greffe d’un organe ou une évacuation vitale, on ne dira plus que Tours est proche de Paris. L’aéroport Val de Loire représente un réel atout économique ? Bien sûr. L’aéropor t est un atout supplémentaire pour inciter les entreprises à venir s’implanter dans l’agglomération tourangelle. L’équipement nous permet de rejoindre les capitales européennes via Londres Stansted, immense aéroport à seulement 1h20 de Tours. Il n’y a pas seulement les hommes d’affaires qui rejoignent la capitale outre-manche : les étudiants utilisent fréquemment la ligne car elle est en moyenne deux fois moins chère que le train, et Stansted est le point de départ de nombreuses destinations à bas tarifs. A par tir du 31 mars 2009, nous bénéficierons d’une liaison ToursMarseille, nouvelle destination importante. L’aéroport doit sans doute être attractif pour les touristes ? En effet son atout est également touristique. Quelques chiffres pour vous répondre : en 6 ans, 450 000 passagers sont passés par l’aéroport de Tours grâce à la liaison Ryanair. Plus de la moitié déclarent qu’ils ne seraient pas venus si la liaison n’avait pas existé. Sachant qu’un passager dépense en moyenne 490 euros lors de son séjour, ce n’est pas négligeable. Et puis rappelons tout de 6 Touraine ECO n°258 - mars 2009 Photo :D.R. Propos recueillis par Anne-Sophie Jacques Patrick Poirier,Vice-président de la CCI Touraine même que l’aéroport est le seul à desservir le site classé patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO ! Parlez-nous de sa gestion… Depuis peu, un syndicat mix te a été créé pour regrouper les collectivités territoriales impliquées dans la gestion de l’aéropor t Tours Val de Loire : la CCI de Touraine, le Département, Tour(s)plus et également la Région Centre. Nous avons tous à cœur de faire de l’aéroport un équipement calibré pour notre territoire, avec un flux non pas dense mais raisonné, des offres accessibles à tous, ou encore de multiplier l’offre de séjours culturels ou de loisirs pour les habitants de l’agglomération. La parole à Changement et diversité : A quoi doit s’attendre le décideur de demain ? Management Propos recueillis par Anne-Sophie Jacques Face à une crise qui va induire de nombreuses restructurations d’entreprises, quel rôle assignezvous au management ? La crise ac tuelle suscite chez les salariés, dans leur très grande majorité, une inquiétude croissante face à de grandes incer titudes. Il appar tient au management dans ce contexte difficile de conserver un climat de confiance en mettant en valeur les politiques et pratiques mises en œuvre pour assurer la pérennité de l’entreprise. Lorsque des restruc turations apparaissent inévitables, le rôle du management devient essentiel pour les mener dans le respect des salariés, pour accompagner leurs collaborateurs, les aider à piloter leurs évolutions et à « sécuriser leurs parcours professionnels ». Quelles sont les populations qui rencontrent des difficultés à accéder au travail ? Toutes les classes d’âge peuvent aujourd’hui se retrouver en difficulté pour trouver ou retrouver un emploi dès lors que leurs compétences sont, pour des raisons conjoncturelles ou plus structurelles, moins recherchées. Pour certains, les emplois offerts se Jean-Marie Peretti a écrit et coordonné plusieurs ouvrages, notamment : Tous DRH, Tous différents, Richesse de la diversité, Ressources humaines, et plus récemment Tous talentueux. situeront en deçà de leurs attentes et pourront créer un risque d’insatisfaction et un sentiment d’iniquité, en particulier pour la génération Y. Qu’est-ce que la génération Y ? Les 22-32 ans. Cette génération a un très grand besoin de reconnaissance. Lorsqu’ils ont le sentiment que le travail qui leur est proposé ne reconnaît pas leurs compétences, leurs capacités ou leur potentiel, ils peuvent avoir des comportements de retrait. Les Y veulent progresser, avoir un travail intéressant qui leur permet de développer leurs expertises. Comment, pour un DRH, organiser la promotion de la diversité dans l’entreprise ? Pour réussir la promotion de la diversité, la DRH doit mettre en valeur les richesses de la diversité pour l’efficacité à court, moyen et long terme de l’organisation. Elle doit convaincre les responsables opérationnels qu’avoir des personnes différentes en termes d’âge, de genre, d’origine sociale ou géographique crée de la valeur et que les efforts pour les accueillir et les intégrer sont rentables. Photo :D.R. Le 12 février dernier, Jean-Marie Peretti était l’invité d’une conférence RH organisée par Touraine Écobiz et l’Escem. Professeur et chercheur en ressources humaines, JeanMarie Peretti est également le fondateur des rencontres internationales de la diversité. Il nous explique en quoi la diversité est aujourd’hui davantage qu’un outil manageriel : c’est un atout. Que pensez-vous des outils existants (CV anonyme, charte de la diversité*, etc.) ? L’outil anonyme est une réponse à faible efficacité. Signer la charte de la diversité crée des engagements qu’il faut tenir et favorise donc une dynamique de la diversité. Quels conseils donnez-vous aux DRH pour accompagner les comportements individuels vers le changement ? Les DRH peuvent mettre en œuvre tous les outils personnalisés de GRH. Bilans de compétence, bilans professionnels, bilans de carrière, comité de carrière, 360°, coaching, centres d’évaluation sont de bons i n s t r u m e n t s pour favoriser le changement. Et aux dirigeants d’entreprises ? Veiller à développ e r l e c a p i t a l h u m a i n d e l e u r o rg a n i s a t i o n e n profitant de la crise pour mieux recruter, fidéliser et développer l ’ e n g a g e m e n t d e l e u r s c o llaborateurs. * ”Retour sur” page 32 7 Touraine ECO n°258 - mars 2009 La parole à “La plus belle des motivations, elle vient de soi-même” Rencontre Un nœud papillon rose ? Le logo d’Eden Park bien sûr. Rencontre avec Franck Mesnel, co-fondateur et dirigeant d’une marque en plein drop. histoire se raconte presque comme une légende : en 1987, le jour de la finale du Championnat de France de rugby au Parc des Princes, Yvon Rousset, Jean Baptiste Lafond, Philippe Guillard, Franck Mesnel et Eric Blanc por tent un nœud papillon rose autour du cou. Un an plus tard, quand la marque est créée, marque qui porte le nom du stade d’Auckland en NouvelleZélande, le nœud papillon rose s’impose. Une légende ? Non, tout est vrai. « On savait que ce logo était extraordinaire, explique Franck Mesnel. Il évoque le côté classieux du smoking de James Bond et la fantaisie qui nous caractérise avec sa couleur. On savait aussi qu’on allait devenir les premiers spécialistes du vêtement pour le rugby, un sport authentique. » Il savait. Sa foi et sa motivation expliquent pourquoi son entourage ne formule aucune réserve quand il décide de ne pas exercer le métier d’architecte acquis après 6 ans d’études aux Beaux-arts de Paris. « Mes parents ont eu la pudeur de ne rien me dire ; en même temps, mon père est lui-même entrepreneur dans l’industrie, c’est un chercheur qui dépose brevet sur brevet. » Dans la famille, entreprendre n’était donc pas un secret. L’ Franck Mesnel dirige Eden Park depuis 20 ans maintenant. « Je suis toujours aussi passionné. Nous passons notre temps à la recherche d’idées, avec l’envie de nouvelles choses à créer. » Une aventure excitante, même si la vie de l’entreprise n’a pas toujours été aussi rose que le logo, au début notamment. Car nonobstant un enthousiasme débordant et une réputation comme celles de Franck ou Eric Blanc, il faut monter de lourds dossiers, trouver cautions et garanties. Et surtout bien s’entourer. Ce qui fut fait. Deuxième grande étape que Franck Mesnel nous décrit comme charnière : l’embauche comme directeur général de son ami d’enfance, Hervé Godest. « Je devais prendre la décision de me faire épauler. Le choix de mon meilleur ami n’a pas été au goût de tous mais j’étais sûr de lui. » Bien lui en a pris : l’homme est toujours Directeur Général et ami, et sa présence a permis de solidifier l’entreprise. Enfin, dernier moment crucial dans la vie de la société : « la remise en cause, l’an dernier, de notre train de vie. Nous avons limité les frais généraux, et nous nous sommes recentrés sur nos métiers. » Un choix judicieux compte tenu de la conjoncture. 8 Touraine ECO n°258 - mars 2009 Photo :D.R. Propos recueillis par Anne-Sophie Jacques Franck Mesnel, dirigeant d’Eden Park Aujourd’hui, avec un chiffre d’affaires de 55,3 millions d’euros en 2008 et près de 250 employés, la société réinvestit ce qu’elle gagne dans l’achat de magasins, la rénovation des points de vente existants et la création de nouvelles lignes. Le produit phare reste cependant le maillot de rugby. « Aujourd’hui nous sommes en pleine expansion internationale, avec une belle progression au Royaume-Uni et en Irlande en partenariat avec des stars du rugby comme Lawrence Dallaglio à Londres ou David Humphreys pour Belfast. » Eden Park compte 563 points de vente dans le monde, 55 boutiques exclusives en France, dont une à Tours. Une ville qui plaît à Franck Mesnel, notamment « p o u r s a v i e estudiantine qui bouillonne et qui f a i t d e To u r s u n e v i l l e é ve i l l é e, pleine d’une jeunesse qui nous p o u s s e à n e p a s n o u s e n d o r m i r. » Mais Eden Park peut compter sur Franck Mesnel pour toujours passer le drop. Billet d’humeur Non à la pression fiscale Oui à l’investissement dans nos entreprises Dans un courrier de fin d’année, la CGPME (Confédération générale du patronat des petites et moyennes entreprises), le Medef Touraine et l’UPA (Union Professionnelle Artisanale) alertent les pouvoirs publics locaux sur l’augmentation des taxes à venir, augmentation qualifiée d’agressive et préjudiciable pour nos entreprises. Les co-signataires pointent du doigt plusieurs hausses annoncées en 2009. a première concerne la taxe transpor t : cette dernière s’applique aux entreprises de plus de 9 salariés qui se situent sur le secteur du SITCAT ( Tour(s)plus et 7 c o m m u n e s e nv i r o n n a n t e s ) . Ce t t e t a xe p a s s e d e 1 , 3 5 % e n 2008 à 1,80% en 2009, soit une a u g m e n t a t i o n d e 3 3 % o u, en valeur absolue, plus de 14 millions. Une hausse peu cohérente selon les syndicats : « Cet impôt, assis s u r l a m a s s e s a l a r i a l e, p é n a l i s e t r è s lourdement les entreprises employeurs de main d’œuvre, et cela dans la perspective de la construction du tramway qui, dans sa configuration actuelle, ne dessert aucune zone d’activité où travaillent les salariés des entreprises par ticipantes. » L Autre source d’inquiétude : l’augmentation du budget du Conseil général de 10 à 15% pour cette a n n é e, p u i s d e 5 % p o u r l e s années suivantes. Dans le même temps, rappellent les trois conféd é r a t i o n s, l e Co n s e i l g é n é r a l annonce la suppression d’une somme de 2,2 millions d’euros concernant l’accompagnement des entreprises et de l’économie, et la diminution du budget d’investissement de 6 millions d’euros. Dans ces conditions, la CGPME, le Medef Touraine et l’UPA sont sans équivoque : « il ne saurait être question d’accepter une telle agression fiscale et d’en cautionner les effets dans une période de crise. » Au c o n t r a i r e, a r g u ent-ils, il faut soutenir la commande publique et maintenir les programmes d ’ i nve s t i s s e m e n t : « Ce t t e c r i s e f i n a n c i è r e p u i s é co n o m i q u e d o i t être un élément déclencheur d’une véritable volonté d’investir, seule priorité pour compenser les effets d’un ralentissement de l’économie. Ce l a d o i t s’ a c co m p a g n e r p a r u n effort tout particulier en matière de fiscalité notamment par une pause de la pression fiscale. » Et de conclure : « La Touraine n’a pas besoin de coups de frein, les entreprises tourangelles ont besoin d’une dynamisation de la commande publique. Cela passe par une volonté d’investissements. » 9 Touraine ECO n°258 - mars 2009 Dossier Economie : la Touraine mise sur des difficultés des La CCI de Touraine n’a pas attendu pour agir. Dès décembre 2008, elle invitait les principaux acteurs économiques à une table ronde. La Fédération Française du Bâtiment d’Indre-et-Loire, le Conseil Régional, le Conseil Général, l'Association des Maires d'Indre-et-Loire ont ainsi discuté des mesures gouvernementales mises en place ainsi que des initiatives locales comme « Dynamique Pme 37 ». Cette journée de débats a également permis de faire un état des lieux de la situation économique : seules quelques entreprises tourangelles rencontraient alors des difficultés majeures. Mais les données ont changé. Et aujourd’hui, face à une situation économique tendue, la vigilance est de mise afin de prévenir les conséquences de la crise, à court et à moyen terme. Propos recueillis par Anne-Lise Shinback Les secteurs sous surveillance La réponse des pouvoirs publics en région Centre En France, la crise financière atteint aujourd’hui certains secteurs plus sensibles que d’autres : c’est le cas du bâtiment et de l’automobile. Dans cette filière, on constate en Touraine une baisse des volumes produits et de la demande. Des entreprises ont même dû avoir recours au chômage par tiel. Concernant le bâtiment, il n’y a pas encore trop d’inquiétudes. « Le carnet de commandes est plein, même si un peu en baisse. On ne connaît pas de crise comme en 90 » explique Bernard Hibert, Président de la Fédération Française du Batîment d’Indre-et-Loire. Et comme 40% de leurs commandes sont publiques, « il est important de ne pas désamorcer la pompe de cette économie » conclut-il. Les collectivités locales se sont fixées comme objectif de ne pas ralentir les investissements dans le bâtiment. Et pour que les travaux déjà commencés ne rencontrent pas d’obstacle, l’Association des Maires, représentée par Jacques Barbier, maire de Descartes et Président du Pays de Touraine Sud, a décidé d’engager 1/12 e du budget 2009 sans même attendre qu’il soit voté. Le Conseil Régional et Tour(s)Plus se sont quant à eux prononcés pour le maintien des engagements en matière d’investissement. Pour le tramway, par exemple, il n’est pas question d’un quelconque ralentissement dans l’exécution des travaux. Enfin, pour donner une réponse adaptée aux PME qui s’inquiètent ou qui rencontrent des 10 Touraine ECO n°258 - mars 2009 difficultés, la CCI de Touraine, la Fédération Française Bancaire et Oséo ont mis en place le 30 octobre 2008 “Dynamique PME 37”. Dynamique PME 37, une initiative de la CCI Cette structure a pour objectif de renforcer la relation de confiance entre les chefs d’entreprises et leurs partenaires bancaires. Que ce soit par téléphone* ou directement à l’Espace Service Entreprises de la CCI de Touraine, une équipe est là pour accueillir les chefs d’entreprises, les informer sur les dispositifs gouvernementaux d’urgence et les accompagner dans leurs relations avec leurs établissements de crédit. Toutes ces actions sont rapportées régulièrement lors de réunions d’échanges du comité “D ynamique PME 37”. Ainsi est-il Dossier possible d ’établir un instantané de la santé de nos entreprises et surtout de suivre leur évolution en cette période jugée critique. Dynamique PME 37 : 02 47 47 21 10 Des aides précieuses peu connues : le médiateur de crédit et le président du tribunal de commerce Les chefs d’entreprises qui connaissent des difficultés financ i è re s o n t p l u s i e u r s s o l u t i o n s. e r t n E Entre le 30 octobre 2008 et le 06 février 2009, 69 entreprises ont été accueillies dans le cadre du dispositif Dynamique PME 37 dont : 16 entreprises de commerce, 39 de services et 14 du secteur industrie/ production. Concernant les besoins exprimés, la majorité des demandes sont liées à des anticipations de difficultés de trésorerie. V iennent ensuite des demandes d’information sur les dispositifs gouvernementaux en place (en prévision d’une année 2009 tendue) et enfin quelques cas de difficultés d’obtention de prêts à l’investissement. Huit cas relèvent de réelles difficultés structurelles. Dans le cas de différend avec leur banque, ils peuvent s’adresser au médiateur de crédit – le directeur dépar temental de la Banque de France. (Inteview page 12) S’ils rencontrent ou prévoient des difficultés financières ou structurelles, ils peuvent s’adresser au Président du Tribunal de Commerce, qui analysera la situation de l’entreprise et donnera des conseils sur d’éventuelles procédures à engager. (Inteview page 12) e s i r p Dossier l’anticipation entreprises Dynamique PME 37 : les premiers résultats deTrib comun mael rce CCI r teu a i d é M e qu Ban 11 Touraine ECO n°258 - mars 2009 Dossier Photo :D.R. Entretien avec Jean-Charles Sananes, Directeur départemental de la Banque de France et médiateur départemental de crédit. Depuis novembre 2008, vous occupez la fonction de médiateur de crédit. En quoi cela consiste-t-il ? En tant que médiateur, mon rôle est d’aider les entreprises qui connaissent des difficultés de financement avec leur banque : soit dans le cas d’un refus de crédit, soit dans le cas où la banque dénonce une ligne qui était conclue. En revanche je ne traite pas de litiges sur impayés. Cette fonction a été créée pour aider les entreprises, habituellement en bonne santé, à surmonter des difficultés transitoires dues à la crise. L’idée est de ne pas laisser les PME seules face aux décisions des banquiers. Quelles sont les démarches à suivre pour saisir le médiateur ? L’entrepreneur doit obligatoirement se rendre sur le site internet : mediateurducredit.fr. Il remplit un dossier où il explique les raisons du désaccord avec sa banque, dossier transmis ensuite au médiateur national et au médiateur départemental concerné. Comment se déroule la médiation ? Dès que je reçois le dossier, j’ai 48h pour prendre contact avec l’entreprise afin de lui n otifier si son dossier est accepté ou rejeté. Ensuite, j’ai une période de 5 jours pour informer la banque de la demande de l’entreprise. Je lui demande de revoir le dossier et de m’informer de sa position. La banque peut demander 5 jours de p l u s p o u r f a i re i n te r ve n i r l a garantie d’Oséo. Passé ce délai, le banquier me doit une réponse : soit r u e t a i éd M il maintie n t s a p o s i t i o n e t l a m é d i a t i o n c o n t i n u e, soit il fait une nouvelle proposition à l’entreprise. Si elle accepte, la médiation est close. Si elle refuse, elle se poursuit. Et quand la banque maintient sa position, que se passe t-il pour l’entreprise ? Si l’entreprise dispose d’une bonne structure financière -notamment des fonds propres suffisants - je vais chercher d’autres banques et les mets en relation avec le chef d’entreprise. Mais si elle connaît des difficultés struc turelles, antérieures à la crise et récemment aggravées, il faut envisager une solution plus globale avec le chef d’entreprise. Le dossier peut être étudié avec le TrésorierPayeur Général pour le volet « dettes fiscales et sociales », ou transmis au Président du Tribunal de Commerce. Ce dernier, si la situation n’est pas définitivement obérée, peut prendre des mesures de prévention : désigner un mandataire ad hoc, entamer une procédure de sauvegarde, etc. Le médiateur peut aussi envisager, avec l’accord du chef d’entreprise, des solutions plus complexes faisant intervenir d’autres banques ou d’autres par tenaires afin de restructurer les financements. Et en cas d’échec des démarches effectuées par le médiateur départemental, le chef d’entreprise peut demander à voir son dossier réexaminé « en appel » au niveau de la médiation nationale. 12 Touraine ECO n°258 - mars 2009 Quelques chiffres > René Ricol, nommé Médiateur national en octobre 2008, est entouré de 7 médiateurs délégués et de 105 médiateurs départementaux, à savoir les directeurs de la Banque de France. > au 19 janvier, 4 439 entreprises ont saisi le médiateur du crédit et 4 054 dossiers ont été acceptés ; 1 869 dossiers ont été clôturés, positivement dans 64% des cas ; 1 198 entreprises sont confortées dans la poursuite de leurs activités ; 29 878 emplois ont été préservés. Pour être orienté dans vos démarches Outre le N° Azur à votre disposition (0 810 00 12 10), pour faire le point en amont de la médiation et faciliter les démarches sur internet, vous pouvez vous adresser à un « tiers de confiance » désigné par la CCI, la Chambre des Métiers et de l’Artisanat, le MEDEF, etc. Pour consulter la liste des tiers de confiance rendez-vous sur le site www.mediateurducredit.fr Dossier Photo :D.R. Président du Tribunal de Commerce de Tours Dossier Entretien avec Maurice Georges, deTrib comun mael rce La crise a-t-elle déjà un impact sur les entreprises tourangelles ? Pour l’instant, la crise touche sur tout les entreprises qui sont faibles sur le plan financier ou commercial. Jusqu’à la fin 2008, la plupart des sociétés en procédure collective ou en prévention connaissaient des difficultés d’ordre structurel aujourd’hui aggravées par la conjoncture. Malgré tout, on a des signaux d’alerte. Depuis janvier, des entreprises voient leur carnet de commandes diminuer. Et d’autres, notamment celles qui sont soustraitantes dans le secteur automobile, ne prévoient pas de travail à plein temps pour les mois à venir. Quels conseils donner aux chefs d’entreprises qui connaissent des difficultés structurelles ? Si on doit leur faire passer un message aujourd’hui c’est celui-ci : « Ne venez pas trop tard ! » Le fait d’être reçu par le Tribunal de Commerce ne vous prive pas de la direction de votre entreprise ni de votre liberté. Quelqu’un qui entre dans mon bureau n’est pas obligé d’accepter un mandat ad hoc ou une conciliation, ni de déposer son bilan. Et je peux vous assurer que les saisines d’offices du Tribunal sont très rares et toujours faites avec prudence. Mais dans l’esprit des gens, on est là pour sanctionner, pas pour aider. Sans doute parce que la procédure de prévention est confidentielle. Donc, par définition, on ne peut pas en faire de publicité, on ne peut pas en publier les résultats. Pour tant, la prévention a un très fort taux de réussite. Vous avez des chiffres ? En 2008, on a ouvert 215 dossiers d e p r é v e n t i o n . Co n t r e 8 9 e n 2 0 0 7 . S u r c e s d o s s i e r s, 4 7 % r é s u l te n t d e d e m a n d e s s p o n t a nées des entreprises grâce aux conseils avisés de leurs exper tscomptables ou de leurs avocats. Et sur l’ensemble de ces dossiers, 25 à 30% se traduisent par des d é p ô t s d e b i l a n . Po u r l e s 7 0 % restants, une autre solution, plus f avo r a b l e, a d o n c é t é t r o u v é e à l’issue de cet entretien. Qu’en est-il du plan de sauvegarde ? C ’est la m ê m e c h o s e : l e s e n t re p r i s e s v i e n n e n t n o u s vo i r t ro p t a rd. D e p l u s l e s p ro c é d u re s d e sauvegarde sont impossibles pour l e s e n t re p r i s e s d é j à e n é t a t d e cessation de paiement. Elles sont d e s t i n é e s à d e s e n t re p r i s e s q u i co n n a i s s e n t d e s d i f f i c u l t é s, q u i s o u h a i te n t a n t i c i p e r, m a i s q u i p e u ve nt e n co re m o b i l i s e r d e s r é s e r v e s d e t r é s o rerie. Co m m e l a s o c i é t é M é c a c h ro m e qui, avec ses actifs disponibles ou réalisables, n’est pas en cessation de paiement. Ce p e n d a n t, ave c l a c r i s e q u i touche les secteurs de l’automobile et de l’aviation, sa situation est tendue : les dirigeants savent q u e ç a n e p e u t p a s d u re r. L’entreprise a donc demandé un p l a n d e s a u ve g a rd e q u i a é t é o u ve r t l e 1 2 d é ce m b re 2 0 0 8 . Jusqu’au 12 juin 2009, Mécachrome est en période d’observation, étape nécessaire à l’élaboration de leur plan de sauvegarde. “ Le Tribunal de Commerce est là pour vous aider : ne vous en privez pas Plan de relance : ” les mesures gouvernementales d’aide aux PME > Le plan PME En réaction à la menace de la crise économique et financière, en octobre 2008, le gouvernement a mis en place un plan de soutien aux PME de 22 milliards d’euros. Une aide destinée à garantir le financement bancaire des entreprises. > Augmentation des moyens de financements des petites entreprises Pour inciter les banques à accorder les prêts nécessaires aux PME et aux TPE, le gouvernement augmente de 4 milliards d’euros la capacité de d’intervention d’Oséo Garantie et de la Siagi > Remboursement par l’État des dettes sur l’économie Exceptionnellement, l’État va accorder un remboursement anticipé du CIR (crédit impôt recherche) et de la T VA pour améliorer la trésorerie des entreprises. > Montant du plan de relance : 26 milliards d’euros, soit 1,3% du PIB > Montant du soutien destiné à la trésorerie des entreprises : 11,4 milliards d’euros 13 Touraine ECO n°258 - mars 2009 Dossier Quelques définitions avec Maurice Georges > La prévention Le mandat ad hoc U n m a n d a t a i re e s t d é s i g n é p a r l e Pr é s i d e n t d u Tribunal de Commerce à la demande de l’entreprise. Il est là pour l’aider à négocier avec ses créanciers. « Ce qu’on cherche, c’est à étaler les dettes de façon à ce que l’entreprise puisse faire face au trou de trésorerie consécutif à une réduction passagère de son activité. Mais il est essentiel que celle-ci retrouve rapidement une capacité bénéficiaire, pour faire face aux engagements qu’elle va prendre envers ses créanciers. » > La conciliation En vigueur depuis le 1 er janvier 2006, la conciliation permet de sor tir d’une situation de cessation de paiement, à condition qu’elle ne soit pas supérieure à 45 jours. Sur requête du chef d’entreprise, le Président désigne un conciliateur dont l’objectif est de trouver un accord entre la société et ses créanciers. Cet accord (qui peut être constaté par le Président du Tribunal ou homologué par le Tribunal) portera sur le rééchelonnement des dettes, des abandons de créances ou de nouvelles aides financières. « Les organismes qui appor tent des capitaux peuvent bénéficier d’un privilège “d’appor teur d’argent frais” ou “new money” en anglais... » > Le plan de sauvegarde L’effet immédiat de l’ouverture de cette procédure est le gel provisoire de tout le passif (les dettes). Ensuite vient la phase d’obser vation de 2 fois 6 mois. « Le scénario est en principe le suivant : pendant la première période on vérifie les résultats dégagés par l’entreprise. On sur veille la trésorerie car celle-ci doit payer au comptant toute dette postérieure au jugement. C’est la contrepartie du gel du passif. » La deuxième période de 6 mois est destinée à mettre en place le plan de sauvegarde. Et « lors de l’acceptation du plan de sauvegarde présenté par l’entreprise, le Tribunal, dans son jugement, va pouvoir imposer des délais à tous les créanciers, sur un maximum de 10 ans. » 14 Touraine ECO n°258 - mars 2009 Dossier un bilan du secteur, des solutions pour l’avenir Dossier Etats généraux de l’automobile : C’est une grande première. Le 20 janvier, Luc Chatel, Secrétaire d’État chargé de l’Industrie et de la Consommation, porte-parole du gouvernement, a inauguré les premiers États Généraux de l’Automobile. Une journée de concertation où étaient présents François Fillon, Jean-Louis Borloo, Christine Lagarde et Patrick Devedjian. Et bien sûr, tous les acteurs de la filière automobile, constructeurs, équipementiers et patrons de PME, inquiets de la conjoncture. Les premières conséquences de la crise Fin 2008, les constructeurs voient leur stock grossir et sont contraints d’arrêter leur production. Pas une voiture n’est sortie en décembre. « Les salariés de Peugeot et Renault ont été payés à 100%. Les constructeurs ont fait des économies sur les achats et ont déstocké. Ils s’en sont donc sortis en rentrant du cash. Mais les Rangs 1 à 4 - équipementiers, sous-traitants… - ont souffert » explique Richard K aminsk i, Directeur du Pôle Automobile de la Chambre Régionale du Commerce et de l’Industrie. Conséquences : ils ont eu recours au chômage partiel. En Touraine, il a été multiplié par 100 : « on compte 400 000 heures de chômage par tiel pour ces derniers mois » constate R i c h a r d K a m i n s k i . « Le gros problème est sans doute que les entreprises de la filière n’ont aucune visibilité sur les mois à venir. Elles sont incapables de faire des plans de production. » Pourquoi l’industrie automobile est-elle si durement touchée par la crise ? D’abord à cause de la crise financière. « Pour les constructeurs, le recours au crédit est plus difficile, ce qui implique une diminution de leurs investissements». Et si les constructeurs ont moins de capitaux, ils ne peuvent plus faire crédit à leurs clients. « Or, 25% à 50% de leurs bénéfices sont dus aux résultats financiers générés par la vente des voitures.» Le second facteur concerne l’adéquation de l’offre et de la demande. Les véhicules qui marchent sont de type Logan – des voitures simples et pas chères. Les voitures écologiquement correctes (comme la Prius) ainsi que la mini voiture urbaine de type Smart ont aussi leur public. Or ces véhicules ne sont pas – ou peu – fabriqués en France. Seules les voitures de milieu et haut de gamme sont fabriquées chez nous, et ce marché ne décolle pas. « Comme la Laguna » a r g u m e n t e R i c h a r d K a m i n s k i . « Renault prévoyait d’en vendre 900 par mois. Ils en ont produit seulement 70. » Le fonctionnement de la filière en lui-même est un autre facteur de déclin. Les entreprises que l’on appelle de Rang 1, 2, ou 3 - fournisseurs, équipementiers - n’arrivent plus à amortir leurs investissements qui se font en fonction des ventes. Tous ces facteurs ont orienté la teneur des débats organisés lors des États Généraux. Les principaux sujets abordés durant cette journée ont été les relations entre les acteurs de la filière, les innovations technologiques, la question de la compétitivité de l’outil industriel automobile et enfin le thème de l’emploi. Mais surtout, cette journée a permis de signer un protocole d’accord créant le Fonds de modernisation des équipementiers automobiles. Doté de 300 millions d’euros, il est destiné à investir dans les équipementiers stratégiques et à contribuer au renforcement de la compétitivité de la filière... Une manne financière à laquelle s’ajoutent les mesures d’aides gouvernementales décidées par le Président de la République Nicolas Sarkozy le 9 février. Les chiffres clés de l’industrie des matériels de transport et de l'automobile en Indre-et-Loire (mai 2008) > Nombre d'établissements : 36 > Nombre de salariés : 1 118 % de l'emploi salarié industriel total : 3,7% > Place dans le secteur industrie d'Indreet-Loire (par le nombre d'emplois salariés) : 12 e rang > Nombre d'établissements de 10 salariés et plus : 12 > Nombre d'établissements de 100 salariés et plus : 4 (Sources : OE2T - 05/08, Insee-Sirène, Assedic Région Centre au 01/01/07) 15 Touraine ECO n°258 - mars 2009 Portraits “L’alu ? C’est comme un légo pour grand” “J’ai créé ma société par affection pour le verre” Dominique Bouillon, dirigeant d’ASCA Industrie Nous sommes à Avoine, juste derrière la centrale, dans les bureaux de Dominique Bouillon, dirigeant d’ASCA (acronyme d’Agencement Sécurité Création Aluminium). En compagnie d’un patron au parcours atypique donc. Mais atypique en quoi ? « Disons que dans ma jeunesse, j’étais un glandouilleur. Je n’ai pas vraiment fait d’études après le bac. Après des petits boulots, j’ai travaillé comme éducateur auprès d’ados et d’adultes handicapés pendant presque 8 ans. Puis d’un coup d’un seul, je suis passé à l’industrie. Un copain, un ancien éducateur, m’a engagé dans la boîte qu’il venait de créer, Polinordsud, une société de maintenance. On travaillait essentiellement pour le nucléaire. » Notre reconverti se charge alors du bureau d’études et découvre l’aluminium. « J’ai tout de suite aimé travailler avec, résoudre des problèmes de construction. C’est comme un légo pour grand. J’avais enfin trouvé ce qui me plaisait. » A la réserve près que Polinordsud n’était pas structurée à la hauteur de ses envies. Pascal Coquil Pascal Coquil, responsable de l’entreprise Altiverre Sous une allure tranquille se cache un homme qui bouillonne. Un peu comme une rivière. Et quand Pascal Coquil décide de créer sa société, Altiverre, on est à moitié surpris de la voir progresser aussi rapidement. Après de bons et loyaux services comme responsable d’exploitation chez Suez, pour Dépannage n°1 puis pour STP à Saint-Avertin, Pascal Coquil devient chargé d’affaires chez Touraine miroiterie. Il fait un constat simple : « à 40 ans, soit on poursuit sa carrière soit on redémarre. J’ai choisi de redémarrer avec le verre, un matériau que j’affectionne. » A la fin de l’été 2004, il participe au forum de la création d’entreprise, rencontre conseils et banquiers, puis quitte son travail fin septembre et commence seul, trois jours plus tard. Son activité se développe autour du verre avec l’acier, l’alu, le bois, « tous les encadrants qui font tenir le verre. » Dominique Bouillon décide alors, en 1996, de monter sa propre société. Malgré un secteur, le nucléaire, difficile d’accès, ce nouvel entrepreneur trouve sa place. « Nous sommes dans une petite niche que j’entends bien garder. » Bilan ? Douze ans d’activités croissantes, des locaux tout neufs, un chiffre d’affaires d’1,9 million d’euros, une deuxième implantation au sud de Montélimar dans la vallée du Rhône… et des perspectives prometteuses. En effet, Asca intervient aussi sur les chantiers de déconstruction, le nouveau cheval de bataille de la société. Etant donnée l’étendue des chantiers nucléaires à démanteler, il y en a pour une bonne trentaine d’années de travail. Trente ans encore ? Ça n’a pas l’air d’effrayer Dominique Bouillon qui avoue aimer sa liberté de patron. Et son travail de légo, sa passion. Photo :D.R. Pascal Coquil s’installe à Saint-Paterne Racan car Tours lui semble engorgé. Le premier mois est dur : « je n’avais ni téléphone, ni électricité, j’ai encaissé 2 000 euros. » Il ne se pose pas de questions : il démarche, se référence dans les Pages jaunes, et surtout, le bouche à oreille fonctionne vite. Une énergie couplée avec une qualité de service fait que l’entreprise embauche et croît rapidement. Quatre ans plus tard, Altiverre compte 12 salariés et réalise un chiffre d’affaires d’1,3 million d’euros. La société travaille pour de grandes enseignes comme Promod, Celio, Orange ou encore des banques et des architectes. Pascal Coquil a également créé Altimetr'is, une deuxième structure qui permet de regrouper son activité destinée aux professionnels. Pour l’habitat et le particulier, Altiverre va proposer cette année un show-room, bâtiment qui s’ajoutera aux locaux situés sur la ZI du Vigneau aux abords de la route du Mans. Car c’est l’objectif de 2009 : plus de confort. Aujourd’hui, en dépit de son tempérament de fonceur, Pascal Coquil souhaite prendre le temps d’analyser le travail de sa société. Car il sait maintenant qu’il est installé pour longtemps dans sa seconde vie. ASJ Dominique Bouillon 17 Touraine ECO n°258 - mars 2009 Photo :D.R. « On dit de moi que j’ai un parcours atypique. C’est vrai que je ne me sens pas un vrai patron. Je ne mets pas de cravate. Et j’écoute de la musique dans mon bureau.» En effet, un air joyeux inonde la grande pièce lumineuse. On en profite pour lui demander s’il peut l’éteindre et il rit à gorge déployée : « Oui bien sûr ! » Portraits Jocelyne Vée, dirigeante de la SAT (Société des Agglomérés de Touraine) La porte du bureau de Jocelyne Vée est ouverte, comme toujours. De la grande baie on aperçoit, au loin, la centrale à béton et les matériaux en attente de livraison. Tous les camions sont partis en tournée. Un entrepreneur en maçonnerie entre, jovial, et tend une main que madame Vée sert chaleureusement. Ici, tout le monde se connaît. Des origines de la SAT rue Gutenberg à Joué-lès-Tours, nous n’en connaissons que la date de création : 1963. Le père de Jocelyne Vée la rachète en 1980. Il dirige alors la société Porcher à Vendôme, une entreprise de fabrique et de négoce de matériaux de construction. Sa fille Jocelyne y travaille, depuis 1985, et prend en charge une des agences située à Château-Renault. Quand son père part à la retraite en 1995, il confie la SAT à Jocelyne et son mari, Patrick Vée. Elle la dirige et lui en est le directeur technique. Ils rachètent le terrain voisin et double ainsi la surface de la société qui s’étend aujourd’hui sur 2 hectares. La SAT, qui possédait déjà une centrale à béton à La Riche, ouvre une nouvelle agence à Nouâtre, « pour être plus proche de nos chantiers du sud du département. » L’activité se partage entre la fabrication de béton et la vente de matériaux. Le chiffre d’affaires passe de 6 millions d’euros en 95 à 9,8 millions d’euros en Jocelyne Vée 2008. Qui n’est pas une année faste. « On nous dit qu’on s’en sort bien » mais Jocelyne Vée grimace : les mauvais chiffres ne l’enchantent pas. Cependant, elle est convaincue que c’est une crise à passer : « ce n’est pas la première. Il suffit de la franchir, comme les autres. » Quels sont les clients de la SAT ? « Des particuliers bricoleurs et des entrepreneurs du bâtiment. » Et Jocelyne Vée avoue « carburer aux clients : ce sont eux qui nous motivent. D’un autre côté, nous sommes connus pour la qualité de notre service. » Avec des marques en exclusivité, un service soigné, on comprend mieux maintenant que les clients de la SAT entrent tout sourire dans les bureaux. ASJ “Je voulais le Vendée Globe, c’était une obsession” Ne comptez pas rencontrer Hervé Thizy derrière son bureau. « Excusez-moi, mais les locaux de la société, ce sont un peu nos camions. Et ils stationnent rarement à Tours ». Pour cause, cet entrepreneur quadragénaire, résolument mobile, a choisi l’événementiel. Avec comme carburant, « la vibration du jour J où tout doit fonctionner. » La vocation de patron d’Hervé Thizy aura mis quelque temps à mûrir. Après la fac, Hervé Thizy en 1985, il devient… professeur d’histoire, exerce en France puis dans plusieurs grandes universités américaines. A son retour, l’enseignant voyageur s’oriente vers le privé : il rejoint Pigier et occupe des responsabilités au sein d’une école de commerce. « Ç’a été mon terrain d’apprentissage du business. J’accompagnais des étudiants sur des projets d’entreprises et j’en voyais certains réussir. Le déclic est venu de là. A un moment, on se dit qu’on peut le faire ». Le passage à l’acte a lieu en 2003. Hervé Thizy lance un concept au carrefour de son premier métier, la formation, et des nouvelles technologies : le Nautibus. Grâce à ce véhicule tout numérique, il apporte l’Internet en zones rurales, permettant à leurs habitants de s’initier au multimédia. ActiStream naîtra de cette expérience et de la rencontre avec Johan Peerbolte et Armel Chargé, alors âgés d’à peine 25 ans. « Tout est parti de l’envie de travailler dans les télécoms, qu’on commençait à bien connaître. Notre analyse a débouché sur l’idée de développer du réseau temporaire adapté à divers types de manifestations ». Fin 2006, les trois associés démarrent leur activité : l’installation de points d’accès au web, connexions wi-fi, lignes haut-débit et autres moyens de transmission vidéo destinés à des besoins ponctuels. Après des débuts difficiles, les prestations s’enchaînent : Printemps de Bourges, « le contrat qui nous a fait monter », Harley Davidson Eurofest, Internationaux de badminton, transat Jacques Vabre… « Là, en partant, j’ai vu une annonce du Vendée Globe. C’est devenu obsessionnel, il fallait que j’obtienne cette course. » Photo :D.R. Hervé Thizy, directeur associé et fondateur d’ActiStream Hervé Thizy passera des nuits blanches à étudier le cahier des charges, « un truc de malades, trop énorme ». Et décrochera le marché. La suite ? « Un tourbillon inoubliable de cinq mois aux Sables-d’Olonne en même temps qu’une grosse aventure technique, ActiStream a pris une autre dimension. » Cette seule opération représente plus que le chiffre d’affaires 2008. Mais notre homme n’est pas prêt de s’asseoir au chaud. « Ce qui me motive, c’est ce stress qui monte quand 300 journalistes débarquent pour faire leurs directs ou envoyer leurs images… » LD 18 Touraine ECO n°258 - mars 2009 Photo :D.R. “Le parpaing c’est toute ma vie” Dossier d’opinion Cap sur l’entrepreneuriat Le 23 juillet 2008, le parlement a voté la loi de modernisation de l’économie. Les objectifs sont d’accroître le nombre d’entreprises et d’intensifier la concurrence afin d’arriver à plus de croissance, plus d’emploi et plus de pouvoir d’achat. Pour atteindre ces résultats, le parlement a adopté une série de mesures dont une visant à favoriser l’entrepreneuriat : la mise en place du statut de l’auto-entrepreneur. Propos recueillis par Anne-Lise Shinback La réforme de l’économie : nous sommes tous concernés L’ o b j e c t i f a n n o n c é d e l a l o i e s t d e « lever les contraintes qui empêchent certains secteurs de se développer, de créer des emplois et de faire baisser les prix ». Et question entrepreneuriat, les Français sont de plus en plus demandeurs tout en témoignant encore d’une certaine réticence à se lancer. Avec le statut de l’auto-entrepreneur mis en place par Hervé Novelli, secrétaire d’Etat chargé du commerce, de l’artisanat, des petites et moyennes entreprises, cela est en passe de changer. “Pourquoi pas moi ?” Ce statut simplifié a la particularité d’être ouvert à chacun d’entre nous : salarié, demandeur d’emploi, étudiant, retraité… Grâce à lui, nous allons tous pouvoir développer une activité secondaire ou encore tester une activité qui, si le résultat est positif, pourra mener à la création d’entreprise. ` Des secteurs comme le télétravail ou le e-commerce vont prendre de l’ampleur. Les ser vices de proximité vont aussi connaître un nouveau souffle : l’entretien de la maison et les travaux ménagers, les petits travaux de jardinage, le soutien scolaire ou les cours à domicile, l’assistance informatique à domicile, l’aide à la personne*, etc. sont autant d ’ac tivités qui peuvent aujourd ’hui être pratiquées en entrepreneur individuel. Changement de mentalités et nouveaux modèles économiques Mais ce n’est pas tout. Accéder à l’entrepreneuriat individuel pourrait changer les mentalités ainsi que l’image, par fois stéréotypée, du chef d’entreprise. Le rapport va se rééquilibrer : une fois dans la peau d’un entrepreneur, nous verrons sans doute sous un jour nouveau les réalités des dirigeants. Et côté développement économique ? Le fait de pouvoir se mettre à son compte sans contrainte administrative et fiscale va permettre à certains de tester des métiers ou des concepts et renforcer les s e c t e u r s e n vo i e d e d é ve l o p p e ment. Comme, par exemple, le C to C (consumer to consumer), terme qui désigne les échanges q u i s’ é t a b l i s s e n t d i r e c t e m e n t entre consommateurs. Un système déjà illustré par les sites Internet comme eBay ou Priceminister. * Pour des services qui s’adressent à des personnes dites «fragiles» (enfants de moins de 3 ans, personnes âgées de plus 60 ans ou personnes handicapées) un agrément de qualité sera obligatoire. 20 Touraine ECO n°258 - mars 2009 Dossier d’opinion l’auto-entrepreneur “ Un tiers des Français et deux tiers des jeunes se disent prêts à créer un jour leur propre entreprise... Un statut simple, fiscalement avantageux peut fournir le […] tremplin à tous ceux qui veulent entreprendre […] Christine LAGARDE, Ministre de l’Economie, de l’Industrie et de l’Emploi armi les mesures phares de la loi de modernisation de l’économie (LME), celle qui instaure le statut de l’auto-entrepreneur était sans doute l’une des plus attendues. Cette loi, votée en août 2008, est applicable depuis le 1 er janvier 2009. Succès immédiat. En 15 jours, près de 20 000 personnes se sont déjà inscrites au régime de l'auto-entrepreneur, un chiffre encourageant qui rend les objectifs de 200 000 inscrits en 2009 annoncés par Hervé Novelli et Christine Lagarde tout à fait réalistes. P Un auto-entrepreneur, c’est quoi ? En même temps que se dessine une tendance au développement d u ra b l e, a u re c yc l a g e d e s produits et à la chasse au g a s p i l lage, les consommateurs citoyens pourront trouver dans le statut d’auto-entrepreneur un o u t i l i d é a l p o u r développer de nouvelles activités : la récolte et l a ve n te d e l é g u m e s b i o e n t re voisins, la revente d’objets inutil i s é s e n v i d e g re n i e r o u s u r Internet, etc. D es échanges qui jusqu’alors s’apparentaient à un h o b by, e t q u i a u j o u rd ’ h ui, vont accéder à un statut d’ac tivité rentable. L'auto-entrepreneur est entrepreneur individuel. Il est soumis au régime fiscal de la micro entreprise mais il bénéficie de mesures qui simplifient ses démarches de création, de gestion ou de cessation d’activité. Ce statut est destiné à ceux qui veulent se mettre à leur compte sans pour autant créer une société. Qui peut devenir auto-entrepreneur ? Tout le monde peut p r é t e n d r e à ce statut : étudiant, salarié, p r o fe s s i o n l i b é r a l e, r e t r a i t é , demandeur d’emploi, entrepreneur et fonctionnaire. Dossier Nouvelle année, nouveau statut : ” Quelles activités est-il possible d’exercer sous ce statut ? Commerce en ligne, chambre d’hôte, service à la personne, télétravail… le nombre d’activités concernées par ce statut est vaste. Il existe tout de même des activités exclues de ce régime comme : les activités relevant de la T VA immobilière et celles relevant de la TVA agricole, les productions littéraires, scientifiques ou artistiques, les activités sportives lorsque les bénéficiaires ont opté pour une imposition sur la base d’une moyenne des bénéfices des deux ou quatre années précédentes, etc. (Retrouvez la liste complète sur le site www.lautoentrepreneur.fr) Comment devenir auto-entrepreneur ? En se déclarant auprès du centre de formalité des entreprises, en ligne, via le site www.lautoentrepreneur.fr Ce site vous propose aussi de télécharger le k it de l’entrepreneur qui réunit tous les éléments nécessaires à votre inscription : le guide de l’autoentrepreneur, le formulaire d’inscription, un facturier, etc. Pour votre déclaration de début d’activité, vous pouvez également vous adresser aux chambres de 21 Touraine ECO n°258 - mars 2009 Dossier d’opinion métiers et de l’artisanat ou aux CCI. Vous disposerez d’un numéro de Siret délivré par l’INSEE mais vous serez dispensé d’immatriculation au registre du commerce et des sociétés ou au réper toire des métiers. Quelles sont les conditions à remplir pour bénéficier du statut ? Pour les activités commerciales, le chiffre d’affaires doit être inférieur à 80 000 euros. Quant aux activités de ser vices, le seuil à ne pas dépasser est de 32 000 euros. Pourquoi le statut est-il avantageux ? - L’auto-entrepreneur ne paie des charges que sur ce qu’il gagne : s’il ne gagne rien, il ne paie rien - Il n’est pas soumis à la T VA - Il est affilié à la sécurité sociale et cotise à la caisse de retraite à laquelle il est rattaché : le montant des cotisations est de 12 % du C. A. pour une ac tivité commerciale, 21,3 % pour les prestations de ser vices, et 18,3 % des recettes pour les professions libérales. - I l p e u t o p te r p o u r l e r é g i m e « micro social simplifié » avec versement libératoire de l’impôt sur les revenus. Le prélèvement entre 1 et 2,2 % selon l’activité se fait par mois ou par trimestre. - S’il opte pour le régime micro social simplifié, il est exonéré de la taxe professionnelle pendant trois ans - Il peut cesser son activité à tout moment, sans avoir à s’acquitter de formalités ou d’obligations administratives et fiscales - Enfin, l’auto-entrepreneur peut protéger ses biens personnels des risques liés à l’activité. L’entrepreneuriat, révélateur de personnalités Rencontre avec Eric Pasquier, Créateur et gérant de Shop à Bord, société d’avitaillement de bateaux de plaisance. Comment est née cette idée de livraison sur les ports ? En naviguant avec ma famille. Un soir de 2002, rentrés tard au port, nous avons peiné pour faire les courses. C’est là que j’ai imaginé un système de livraison à bord du bateau. Via Internet bien sûr, l’outil idéal pour ce concept. Photo :D.R. Vous avez attendu 4 ans pour le mettre en œuvre. Pourquoi ? Je n’étais pas prêt. A l’époque, j’étais commercial dans la logistique et les transports. Trois phases m’ont été nécessaires pour me lancer : une étude de marché, la rencontre avec un conseiller, devenu mon associé, et une enquête auprès des professionnels du nautisme. Sans oublier une discussion avec mon épouse avec qui j’ai pris cette décision. Verdict ? Je suis fier d’en être là ! Aujourd’hui, Shop à bord est opérationnel sur 120 ports et propose de nouveaux services : nettoyage, surveillance, livraison de fruits de mer... Et pour continuer ce développement, je cherche à lever des fonds. Je suis convaincu que mon concept est bon : en traitant avec des prestataires proches des ports, le service est plus écologique, plus réactif et les produits plus frais. 22 Touraine ECO n°258 - mars 2009 Dossier d’opinion Dossier Questions à Hervé Novelli Secrétaire d’Etat chargé du commerce, de l’artisanat, des petites et moyennes entreprises, du tourisme et des services En France, il y a longtemps eu une certaine réticence vis-à-vis de la création d’entreprise, le choix de l’entreprenariat faisant souvent figure d’exception. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. L’action engagée par les pouvoirs publics visant à faciliter la création d’entreprises, porte ses fruits : un nombre record de création d’entreprises a une nouvelle fois été atteint en 2008 avec près de 327.400 nouvelles structures. Ce chiffre traduit une évolution des mentalités et une véritable attente des Français de lancer leur propre activité. En ce sens, le statut de l’autoentrepreneur, que j’ai lancé le 1 er janvier, va permettre d’accélérer cette révolution culturelle. En mettant la création d’entreprise à la portée de tous, on bouleverse la perception que les Français ont des chefs d’entreprise. Lancer son activité n’est plus réservé à une élite, tous les français, qu’ils soient en recherche d’emploi, chômeurs, fonctionnaires, retraités, étudiants ou salariés peuvent désormais faire le choix de devenir entrepreneur. Il s’agit d’une véritable révolution des mentalités ! Quel premier bilan faitesvous du statut de l’autoentrepreneur ? C’est un véritable succès, qui va même au-delà de nos prévisions ! Alors que le site n’ e s t ouvert que depuis le 1 er janvier, nous comptabilisons déjà plus de 60 000 inscriptions. Notre objectif, fixé au lancement du régime de 200 000 autoentrepreneurs en 2009 a déjà dû être revu à la hausse. Pour moi, c’est le signe que les Français se sont réellement approprié ce régime. C ’est un bilan positif : au lieu de subir la crise, nombre d’entre eux préfèrent agir en se mettant à leur compte. Quelles modifications, selon vous, ce nouveau statut peut amener dans les entreprises ? L’auto-entrepreneur va permettre d’abolir en partie l’opposition entre salarié et dirigeant. Les salariés pourront tester leur potentiel entrepreneurial en lançant leur activité. Cela i n t r o duira plus d’idées et de dynamisme dans l’entreprise. Attention, toutefois : l’autoentrepreneur doit respecter la déontologie professionnelle : il est hors de question qu’il puisse « débaucher » les clients de son entreprise, par exemple. Photo :D.R. Comment voyez vous évoluer la culture entrepreneuriale en France et en quoi le statut de l’auto-entrepreneur modifie l’image du chef d’entreprise ? Que répondez-vous aux entreprises qui craignent l’installation d’une nouvelle concurrence ? De ne pas avoir peur de l’autoentrepreneur. Ce qui est préjudiciable à l’entreprise, ce sont avant tout les contraintes au développement, qu’elles soient administratives, fiscales ou culturelles. Plus il y aura d’entreprises en France, mieux se portera l’activité économique et plus il y aura de répercussions positives sur les entreprises qui sont au cœur de la création de richesse. En ce sens, il y a largement la place pour l’auto-entrepreneur, qui pourra même devenir un client des entreprises traditionnelles. Je voudrais d’ailleurs rappeler que ce régime est avant tout destiné à assurer un complément de revenu ou à tester une idée. Une fois la viabilité de leurs projets démontrée, la majorité des auto-entrepreneurs qui souhaiteront vivre entièrement des revenus de leur entreprise devront passer à un régime de société classique. 23 Touraine ECO n°258 - mars 2009 Dossier d’opinion L’entrepreneuriat, révélateur de personnalités WomZone : La première place de marché d’informations epuis avril 2008, grâce au site www.womzone.com, les internautes peuvent rechercher, acheter ou vendre des informations dans des domaines très variés. Ce nouveau service développé par la société Womup, basée en Touraine (Saint Aver tin), a pour vocation de devenir un service du quotidien pour le plus grand nombre, dont les auto-entrepreneurs. A ce titre, la société Womup a signé un par tenariat avec la CCI de Touraine pour lancer dès Janvier 2009, www.touraine-infopro.com, une place de marché d’informations professionnelles à destination des entreprises tourangelles et des auto-entrepreneurs. Questions posées à Jean-David Rezaioff, président de Womup Que pensez-vous du statut de l’auto-entrepreneur ? Il va permettre à ceux qui hésitaient à se lancer dans l’aventure entrepreneuriale à faire le pas. En facilitant l’accès à la première marche de l’escalier, des envies vont se révéler. Et à terme, ceux qui auront testé avec succès leur activité basculeront naturellement dans la création d’entreprise. Jean-David Rezaioff Ce nouveau statut est une aubaine alors ? C ’est une vraie révolution ! Ce nouveau régime va appor ter une plus grande flexibilité tant pour les individus que pour les entreprises. Demain on pourra voir des activités entières se bâtir avec uniquement des auto-entrepreneurs, ce qui devrait également permettre le développement du travail à temps partagé. Quel impact aura-t-il sur la culture entrepreneuriale ? Il va changer l’image que nous avons, en France, de l’entrepreneuriat. En favorisant la possibilité de lancer et de développer une première activité, c’est aussi le développement de la confiance en soi qui va se développer pour un grand nombre de personnes. Entretien avec Pierre Blanchart Président du club APM Tours APM ou l’Association Progrès de Management est une association de chefs d’entreprises. Créée en 1987 par Pierre Bellon, elle a pour objectif d’offrir aux dirigeants une formation spécialisée sur des thèmes choisis. Des experts venus de tous horizons – sociologie, philosophie, psychologie, affaires internationales, astrophysique, etc. – partagent leurs connaissances théoriques et pratiques avec les chefs d’entreprises. Qui eux-mêmes vont alimenter le débat en faisant part de leur vécu. 250 clubs existent aujourd’hui en France et au Benelux, dont un Tours, présidé par Pierre Blanchart. Dirigeant depuis 2005 de la société Carty spécialisée dans les emballages plastiques par injection et les boîtes de conservation, il nous explique en quoi l’APM est une véritable aubaine pour des chefs d’entreprises qui se sentent souvent seuls dans leur vie décisionnelle. L’ Que pensez-vous de l’image du chef d’entreprise ? En France on donne beaucoup trop d’importance aux titres. Et quand on parle de chefs d’entreprises, on parle surtout des grands patrons, des intouchables. Or il faut distinguer l’image du grand patron de celle des dirigeants de PME. Ceux-ci ont besoin de plus de courage, s’exposent davantage et sur tout sont très peu aidés. Le statut d’auto-entrepreneur peut-il changer cette image ? Oui car les gens vont être confrontés aux réalités de l’entreprise. Mais surtout, ce statut va développer l’initiative individuelle. Les gens vont pouvoir se lancer et tester leur projet sans trop de contraintes. Et si succès il y a, ils passeront à une structure plus solide. 24 Touraine ECO n°258 - mars 2009 Photo :D.R. D Portraits Titre Titre Titre Titre c’est décaper l’amiante, tout simplement” “Désamianter, Titre Titre Titre Titre A vrai dire, avant d’arriver dans les bureaux de FP Environnement dans la ZI Saint-Malo d’Esvres, nous ignorions tout du décapage. Excepté le fait que décaper, c’est nettoyer une surface. Philippe Furgerot comble rapidement cette lacune… Philippe Furgerot Avec un grand-père fondateur de l’entreprise Jean et Chaumont à Reims et un père dirigeant sa propre société de traitement de surface, Philippe Furgerot a du sang d’entrepreneur dans les veines. Aussi, à 22 ans, il se met à son compte dans le domaine du décapage. Mais, si les affaires rentrent, l’entreprise est mise à mal par des difficultés qui contraignent Philippe Furgerot à tout stopper. En 2004, la fibre de l’entrepreneur reprend le dessus. Il crée alors FP Environnement : « Mes clients sont immédiatement revenus, comme si rien ne s’était passé. » Philippe Furgerot emploie aujourd’hui 19 personnes et gère l’entreprise avec sa femme Corinne. Photo :D.R. Philippe Furgerot, directeur général de FP Environnement Nous jetons un œil sur les photos de la façade de la gare de Tours accrochées au mur de son bureau, un avant/après étonnant : « nous l’avons entièrement décapée en hydrogommage basse pression, une technique plus douce qu’un sablage traditionnel. Actuellement je devise pour la restauration d’une façade avenue de Clichy à Paris. J’interviens également comme expert pour le Centre d’Etudes BTP. Et puis, mais ça c’est mon hobby, je fais de la déco, comme sur les vitrines de la bibliothèque François Mitterrand.Vous voyez, le monde du décapage est vaste. » Vaste et varié. Car FP environnement s’est considérablement développé en travaillant pour la dépollution et la décontamination de sites. En effet, l’entreprise retire l’amiante et le plomb, une activité qui représente 95% de son chiffre. « J’ai fait mon premier chantier plomb en 2005, à Angoulême, sur 4000 m2. Puis les chantiers de désamiantage se sont enchaînés. Désamianter, c’est retirer l’amiante, tout simplement. » Positionné sur un secteur porteur, Philippe Furgerot est très sollicité. Et l’homme continue à ne pas compter son temps. Pour sa passion, pour son métier. ASJ “Vu le contexte actuel, nous n’avons pas le droit de faire les choses à moitié.” Christian Bonte, restaurateur à La Réserve cuisine, décoration : 4 mois de travaux plus tard et le café vendu, le restaurant La Réserve ouvre ses portes. Trois chefs en cuisine, deux employés en salle toute l’année et deux à trois supplémentaires l’été, les 50 couverts ont rapidement trouvé une clientèle. « Nous essayons d’être au top et de maintenir la qualité. Vu le contexte actuel, nous n’avons pas le droit de faire les choses à moitié. » Ancien gendarme à l’ambassade de France au Sultanat d’Oman, Christian revient en région Centre en 1991 avec l’envie d’investir dans un commerce. Pour commencer, il achète un bar-tabac à Vierzon avec sa femme Annie, une affaire qui tourne pendant 6 ans. Puis, « à la recherche de nouvelles têtes et d’un esprit de vacances », il décide de s’installer à Amboise et rachète tout d’abord un café-brasserie au pied du château, lieu très fréquenté. Dix ans passent. Annie et Christian Bonte décident à nouveau de taquiner le sort, non loin de là. « Nous avons toujours eu l’envie d’évoluer, de créer nos propres affaires. C’est un challenge très motivant. » Intéressés par la boutique de souvenirs située sur cette même place du château, ils parviennent à racheter les locaux en 2008. Vestiaires, cave, Photo :D.R. Couverts en bataille, tables lustrées et personnel hyperactif : nous sommes en pleine journée de réouverture de restaurant. Prêt à reprendre du service après les congés de l’hiver, Christian Bonte trouve le temps de nous parler de lui, et de son restaurant. Pour Annie et Christian Bonte, l’objectif est atteint, en partie grâce aux soutiens de la CCI et de la municipalité qu’ils reconnaissent volontiers. « Nos interlocuteurs ont toujours été de qualité, en allant tous dans un même sens. » Aujourd’hui, la conjoncture a beau être morose, le couple reste confiant et plein d’entrain : « A partir du moment où l’on dirige, on fait ce que l’on veut ». L’offre en restauration, assez dense dans cette ville très touristique, ne les effraie pas non plus : « Plus il y a de concurrence, plus les commerces sont dynamiques. » A 51 ans, Christian Bonte prend désormais plaisir à faire plaisir en proposant une cuisine traditionnelle qui met le bœuf à l’honneur. A consommer sans réserve, bien entendu. KD Christian Bonte 27 Touraine ECO n°258 - mars 2009 Portraits “Qui peut le plus peut le moins” « Vous prendrez un café ? » et aussitôt la machine se met en route.Yann Le Berre en boit sans compter. Un forcené du travail ? Non. Un passionné. Du genre à tout faire à fond. Aussi, quand le jeune bachelier en économie sait qu’il doit faire son service militaire, il s’engage pour 5 ans dans l’armée de l’air. Pas assez d’action à son goût, il y apprend cependant beaucoup quand on lui confie un groupe de 90 appelés, « du bac - 7 au bac + 7, gars issus de l’ensemble des classes sociales. J’ai appris à manager une équipe. » Il rompt son contrat - fait exceptionnel dans l’armée - pour saisir l’opportunité de créer son entreprise, sur les conseils de son beaufrère avec qui il s’associe. « A 22 ans, j’ai quitté la Touraine pour monter en région parisienne une boîte de déménagement. Il y avait un vrai créneau sur Paris dans lequel on s’est engouffré. » Mais l’association n’est pas idyllique.Yann Le Berre vend ses parts et revient à Tours dans l’idée de fonder une autre société de déménagement. Après étude de marché, il s’aperçoit que la région est saturée. D’un autre côté, son père, militaire à la retraite, cherche à retravailler. Yann crée donc une seconde entreprise le 2 janvier 1996, avec comme premier salarié son père. Ils ont chacun un camion, travaillent pour une société de courses et partent sur les routes. « Qui peut le plus peut le moins » répète souvent Yann Le Berre. La devise lui colle à la peau. Il passe sa capacité de transport, accepte une première tournée en « poids lourd » puis embauche un salarié. Une deuxième tournée, un deuxième salarié. Ainsi de suite jusqu’à 40 personnes. En 1999,Yann Le Berre se forme pour être commissionnaire afin de maîtriser les ressorts de la mondialisation du transport. « Pendant 6 ans j’ai dormi 3 heures par jour. Seulement j’ai pu m’aguerrir aux bases des métiers de conducteur routier, chauffeur livreur, cariste, comptable… » En 2005, les Transports Le Berre s’installent sur la ZI de la Liodière, dans un bâtiment de 6 000m2. On trouve une station de lavage pour des véhicules toujours blancs, les entrepôts et les bureaux bien sûr, mais aussi un espace détente pour les conducteurs et une salle de sport. C’est là que se cache le secret du patron : sa forme, il la doit à la pratique de la force athlétique, sport peu connu dérivé de l’haltérophilie. Les transports Le Berre exercent 4 métiers : la course, la distribution, la logistique et – retour aux sources – le déménagement. Et depuis peu, un 5ème : le lot et demi-lot, spécialité des Transports Gelez que Le Groupe Berre vient de racheter. Une grosse étape de développement qui arrive en situation de crise et donc s’avère plus complexe à gérer. Mais le dirigeant du groupe peut compter sur les valeurs qu’il défend : intégrité et respect du client. « Contrairement à ce qu’on croit, je ne suis pas boulimique. Je suis poussé par mes clients. » Et par sa passion aussi, peut-être. ASJ Photo :D.R. Yann Le Berre, fondateur et dirigeant du Groupe Le Berre Valérie Coulon, gérante de Cas’al Dente, traiteur italien Impossible de faire autrement : dès que nos yeux tombent sur l’étal de la Cas’al Dente, des envies d’Italie surgissent, irrévocables. Que choisir entre le salami au fenouil, le rôti cuit aux herbes ou la mozzarella fraîche ? « Si vous prenez la mozzarella, pensez à la mettre dans l’eau tiède un quart d’heure avant de la manger » nous conseille Valérie Coulon, la patronne de ces lieux. Nous voici arrachés à la salivante digression pour un retour à notre mission : en savoir plus sur cette jeune entrepreneuse qui vient d’être récompensée du Mercure d’or, un prix décerné par l’Assemblée des Chambres Françaises de Commerce et d’Industrie (ACFCI). « Ma nonna était la reine des gnocchis» raconte Valérie Coulon. Une mère Romaine donc, qui épouse la France en même temps que son mari. Après avoir vécue dans le Jura, la famille s’installe à Blois quand Valérie a 10 ans. A l’issue de son bac scientifique, elle se lance dans pharma mais une vilaine maladie stoppe net ses études. Que faire ? « En seconde, j’avais fait un échange avec les Etats-Unis ; ma famille d’accueil tenait un restaurant de poissons et fruits de mer sur la côte Est. J’ai adoré l’ambiance. J’ai donc décidé de faire l’école hôtelière. » Après un BTS puis une licence de gestion en hôtellerie passée à Toulouse,Valérie met sa carrière entre parenthèses pour les enfants. Sitôt la petite dernière entrée en maternelle, elle suit la formation de la Chambre des métiers et de l’artisanat puis s’installe sur les marchés avec son rêve de toujours : la vente de produits italiens. Elle commence dans un vieux camion, vendu au bout de quatre ans pour un tout neuf, « le plus beau du marché. » Elle aménage un laboratoire à Esvres, une cuisine pour les plats préparés. Elle se fournit en Italie bien sûr et à Paris aussi pour certaines pâtes ou raviolis. En juin 2008, Valérie Coulon s’installe sous les Halles, porte H. Un magasin qui ravit les habitués du marché, qu’elle continue d’arpenter. Elle emploie Marion et Antoine à Tours, Célia sur le marché de Blois le samedi matin. Attirée par la restauration, aventure qu’elle vivra peut-être un jour, Valérie est aussi toujours en contact avec sa famille de restaurateurs américaine. « On se parle via la webcam tous les dimanches ». Elle a hâte de les accueillir pour leur faire découvrir la boutique et les produits : fromages, vins, charcuteries, antipasti, desserts... ça y est, nous voici repartis en Italie. ASJ 28 Touraine ECO n°258 - mars 2009 Photo :D.R. “Dans mon métier, parler parfaitement italien et anglais est un atout” Portraits “Il faut être patient, tout ne se fait pas en un clin d’œil” Franck Mazière, restaurateur Aux P’tits Gourmets “Les 50 véhicules vendus d’un coup à la Jordanie sont à ce jour notre plus belle expérience” Après 17 années passées dans le secteur de l’automobile en région parisienne et avec deux CAP comme bagages, Franck gravit les échelons d’une grande entreprise d’équipementier et atteint les postes à responsabilités. Un aboutissement ? Pas vraiment. « Arrivé en haut de l’échelle, je décide finalement de tout arrêter pour évoluer dans d’autres domaines. » Direction la Sarthe, où Franck Mazière sera responsable de magasin dans l’imprimerie pendant 4 ans, jusqu’à ce qu’une nouvelle vie se profile. C’était en 2003… Un beau jour, autour d’un repas, Franck décide d’assouvir sa vieille passion : la cuisine. « Un ami m’a suggéré d’ouvrir un restaurant, une idée qui trottait déjà dans ma tête. » A 40 ans, en quête d’autonomie et avec la volonté de « lier l’utile à l’agréable », il décide alors de se lancer dans l’aventure. Renseignements pris auprès de la CCI puis formation de cuisinier sous la houlette de son professeur de CFA Jean-François Lagneau : Franck cesse de mijoter et s’immerge totalement dans la restauration. Franck Mazière Photo :D.R. Trois ans plus tard, après des expériences dans les grandes chaînes d’hôtellerie et à l’Hôtel de l’Univers à Tours, il est fin prêt. Son projet ? Racheter un restaurant au cœur du village de La Celle-Saint-Avant et confier le service en salle à sa conjointe Stéphanie. Appuyé par l’ACCRE, l’aide à la reprise d’entreprise de la CCI, Franck reprend Aux P’tits Gourmets et dresse les premières tables en avril 2008. « Nous faisons partager notre cuisine à tous les gourmands-gourmets, et le bouche-à-oreille fonctionne très bien ». Après seulement 9 mois de recul, Franck reste lucide : « C’est le jour et la nuit avec mes emplois précédents, même en terme de salaire, mais j’aime cette vie et il faut être patient, tout ne se fait pas en un clin d’œil. » Cuisine raffinée et gastronomique sont au programme toute la semaine Aux P’tits gourmets. Gourmets qui, petits et grands, ont déjà fait savoir leur plaisir sur le livre d’or bien rempli. KD Laurent Leriche et l'équipe de Volteram Photo :D.R. Le chef nous reçoit sous les poutres rustiques de son restaurant. « Installons-nous près de la cuisine, l’heure du repas approche et le coq au vin est en pleine préparation… » Notre nez confirme. Aujourd’hui, à 43 ans, Franck Mazière voit l’avenir en cuisine, et cela pour une histoire de passion. Laurent Leriche, dirigeant de Volteram Sur le parc des poids lourds, Laurent Leriche nous montre la plaque Euro 4 d’un camion quasi neuf : « c’est une norme environnementale, un engagement que je prends : cette année, je vise la certification Iso 14001. » Au fil de notre rencontre, nous nous apercevons que ce n’est pas là sa seule ambition. Sur le bureau, à l’entrée, les drapeaux de la Russie et du Kazakhstan attendent d’être dépliés en l’honneur de clients attendus dans la soirée. Oui, Volteram vend beaucoup à l’étranger : la société y réalise les deux tiers de son chiffre d’affaires. Mais revenons un peu en arrière. Fils d’entrepreneurs, Laurent Leriche vit à La Courneuve. Un bac G en poche, il se lance un premier défi : faire du Droit à Paris. Il passe 4 ans à l’université d’Assas puis travaille auprès d’un commissaire priseur. Mais le besoin de partir à la découverte de grands espaces se fait sentir. Sa femme et lui sont sur le point d’emménager au Québec quand ses parents lui proposent d’intégrer leur petite société de négoce : « ils m’ont mis ça dans les pattes, pour que je reste. » Laurent Leriche prend à cœur son nouveau boulot, et bientôt n’a pas le choix que de trouver plus grand pour la société. « Un soir, nous avons sorti la carte de France. En toute logique, les villes industrielles comme Nantes, Rennes ou Le Mans auraient dû s’imposer. Mais notre choix s’est porté sur Tours où j’y avais fait ma première expérience en salle des ventes. La ville nous avait plu. » En 2000 Volteram s’installe près du rond-point de l’avion à Parçay-Meslay. L’entreprise vit bien, mais Laurent Leriche veut davantage. Encore un appel des grands espaces ? « J’ai participé à des missions à l’étranger avec la CCI, Catherine Zuber m’a accompagné en Lettonie. Grâce à elle, je me suis lancé sur les marchés de l’Europe de l’Est. En 2002, je faisais 8% des ventes à l’export, aujourd’hui 73%. » Son équipe est à l’image de l’activité de Volteram : « Barbara et Thierry sont de Montlouis, Olga est russe, Anita polonaise et Nicolaï géorgien. Remarquez : je n’ai attendu aucune consigne pour la parité ! » Une équipe joyeuse, encore fière du beau succès de l’an dernier : la vente à la Jordanie de 50 camions d’un coup. En 2009, Laurent Leriche part à la conquête de l’Arabie Saoudite, des Emirats Arabes, de la Libye, de la Syrie. D’autres cultures, mais il n’est pas inquiet. Cet homme est manifestement fait pour voyager. ASJ 31 Touraine ECO n°258 - mars 2009 Retour sur... Charte de la Diversité Les entreprises tourangelles s’engagent e 11 décembre 2008, à la préfecture d’Indre-et-Loire, les dirigeants de Flunch, Sade, Fidelia, Car wash, Sineo, Societe 7000, Quick, Armaplan, Keolis Fil bleu signaient la Charte de la diversité. Avec cette signature, ils attestent ainsi de leur engagement en faveur de la diversité culturelle, ethnique et sociale au sein de leur entreprise. Ce jourlà, les signataires ont également témoigné, devant les 80 sociétés invitées, de la pertinence de l’adoption de la Char te de la diversité. En effet, favoriser le pluralisme au travers des recrutements s’avère L aussi incontournable que bénéfique. Michelle Guitton, directrice des ressources humaines de la société de restauration collective 7000 présente lors de la signature, nous le confirme : « Nous avions depuis longtemps déjà misé sur la diversité, en raison de notre activité. Nous travaillons sur une soixantaine de sites et engageons plus de 200 personnes. Nos clients ont donc besoin d’équipes soudées et de personnels fiables. Dans la gestion de nos recrutements, il faut faire sauter des barrières et chercher au-delà des critères habituels. Alors oui, peu importe le sexe, l’âge, la couleur de peau, le handicap… les seuls critères sont la fiabilité et la motivation. La diversité est un atout considérable, surtout face à la concurrence. Le recrutement est certes plus long, mais nos efforts sont largement récompensés : nous avons de bonnes équipes, et il règne chez nous un état d’esprit différent, tolérant. » Michelle Guitton reste cependant lucide : « Mais nous devons rester vigilants car les vieux réflexes reviennent vite. La signature est là pour nous rappeler combien nous sommes riches de la diversité. » ASJ Arrêt de travail : un guide précieux Spécialiste de formation, le Docteur François Valette a été médecin de sociétés d’assurances pendant 25 ans et expert près la Cour d’appel d’Orléans. De ses réflexions sur la durée des arrêts de travail faisant suite aux accidents est né un ouvrage qui fait aujourd’hui référence. oici les chiffres : selon les statistiques de l’assurance maladie, 6% des arrêts de travail sont médicalement injustifiés tandis que, pour l’une des plus importantes sociétés de contrôle médical à l’usage des entreprises, ce taux était de 9,27% en province et 7,55% à Paris avec cependant une tendance à la baisse probablement liée à la crise. Il y a de quoi s’interroger sur cette différence d’appréciation. Un dispositif d ’expérimentation est en cours dans 11 dépar tements prévoyant une coopération renforcée entre les médecins contrôleurs privés et ceux de la sécurité sociale qui pourraient entériner l’avis de leurs confrères sans avoir à convoquer systématiquement l’assuré. Sans entrer dans les polémiques et les réticences habituelles des uns et des autres à chaque fois que l’on essaye d’améliorer un système, on V peut se demander si cette coopération qui est souhaitable ne devrait pas bénéficier d’une base de référence commune. Or celle-ci existe sous forme de barème au moins pour les accidents quelque soit leur origine sans qu’il y ait lieu de distinguer les accidents de travail dont on sait par expérience que les arrêts d’activité sont à tort plus prolongés sans autre justification qu’une indemnisation plus favorable. Ce barème original, établi à partir de lésions simples, non compliquées, en l’absence de contraintes professionnelles spécifiques, suit le plan de classement du centre de documentation sur le dommage corporel avec ses numéros de code. L’ouvrage débute par l’étude des lésions générales (brûlures, morsures, contusions, syndrome dépressif...) pour se poursuivre dans un ordre anatomique. Il est d’utilisation 32 Touraine ECO n°258 - mars 2009 simple, accessible à tous, médecins ou non. Les chiffres sont accompagnés de commentaires si nécessaire. Ce guide, destiné à l’origine à aider le praticien à répondre aux interrogations de la victime ou de sa famille, à aider le médecin conseil et l’expert à apprécier les conséquences d’un accident en évaluation prévisionnelle puis indemnitaire, a vu son usage s’étendre aux entreprises, à leurs conseils, aux administrations et dans tout l’espace francophone y compris le Québec. Cette nouvelle édition comporte 17 modifications par rappor t à celle de 1998 et contrairement à cette dernière qui avait été diffusée hors circuit commercial traditionnel est disponible en librairie. ASJ Arrêts de travail en traumatologie. Barème indicatif. 1 vol. 41 p., Le Mans 2008, Geraso éd. Tel : 02 47 54 19 44 http://baremevalette.free.fr Retour sur... Au MEDEF Touraine un Michel peut en cacher un autre… ien connu du monde économique et institutionnel, Michel Lecat, délégué général du Medef Touraine, a souhaité faire valoir ses droits à la retraite après 14 années d’intense activité au sein de ce mouvement d’entrepreneurs ainsi que tout un parcours professionnel dédié au service et à l’écoute des entreprises. Homme de terrain, toujours réactif et fourmillant d’idées, il a participé et contribué à la création de nombreux dispositifs, organismes ou manifestations d’envergure visant à favoriser le développement économique des entreprises ou à faciliter leur quotidien sur le département. Ses compétences reconnues ont même dépassé les limites de l’Indreet-Loire puisqu’il fût également délégué général du Medef Centre. Photo :D.R. B Michel Lecat et Michel Amann Dès le 1 er mars, Michel Amann aura pour challenge de prendre la relève. Agé de 48 ans, cet orléanais a précédemment exercé, 12 ans durant, les fonctions de Secrétaire Général de la Fédération Française du Bâtiment Région Centre et de la Fédération du BTP Loiret après avoir œuvré plus d’une douzaine d’années en entreprise dans le secteur de la métallurgie et dans celui des services. Nous souhaitons au premier Michel une excellente retraite que nous savons d’ores et déjà active et nous disons au second bienvenue en Touraine et bonne chance.
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