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N°263 - juin 2010 LE MAGAZINE DE LA CCI TOURAINE www.touraine-eco.fr p.22 Dossier Tourisme : les atouts de la Touraine p.12 Economie : ces leviers qui redonnent du souffle aux entreprises Touraine ECO n° 263 Sommaire Retrouvez votre magazine Touraine Eco le Mag sur internet : www.touraine-eco.fr Réagissez aux articles de notre numéro ou postez vos avis ou commentaires sur le Blog de la CCI de Touraine : www.touraine-eco.fr/leblog Edito ................................................................................................ page 5 La parole à Entreprises citées (Pages) : Mécachrome (12) – Caisse des Dépôts (13) – Outiror (14) – Sisi (14) Direct Delat (14) – Oyé Oyé (14) - Motorola (16) – Ibwave (16) Renault (16) – Heliocar (16) – Apple France (18) – Airbus (18) SNCF (18) – Dassault Systèmes (18) – Rhône-Poulenc (18) – Rhodia (18) RCM Consulting (18) – CBE (18) – Charles Jourdan (18) – France Télécom (19) – Caisse d’Epargne (19) – Citya (19) – Le Thélème (19) l’Escadrille (19) – Le Fuxia (19) – Touraine Compo (19) – Munch & Polge (20) – Deceunink (20) – Charles Barrier (22) – Le CasseCailloux (22) – Le Bout du Monde (22) – Les Linottes Gourmandes (22) – Le Barju (22) – Le Bon Laboureur (24) – Altémétal (28) Faiveley Transport (28) Fenwick-Linde (28) – Getinge-la-Calhene (28) Goyer (28) Annonceurs (Pages) : Renault (2) • La Centrale Immobilière (2) • Novasun (4) • GCI (4) • Le Thélème (4) • Planet'Office (4) • La Poste (7) • IEL (7) • AJ Copieurs (8) • Millet (8) • Arpec Touraine (8) • Pierre & Terre (10) • Brosset Immobilier (10) • Sarl Lejeau Motoculture (10) • Armony’s (17) • EDF Enteprises (17) • MJ 80 (17) • Domaine de Beauvois (17) • CIC (21) • Quatro Développement (21) • La Poste (29) • Lejeau Vert Loisirs (31) • Crédit Agricole Touraine Poitou (31) • Automobiles Chassay (32) Magazine édité par la CCI Touraine BP 41028 – 37010 TOURS CEDEX 1 Tél. : 02 47 47 20 00 - Fax : 02 47 47 20 64 N°ISSN : 16379837 • 4 numéros par an – Ce numéro a été tiré à 19 000 exemplaires • Président du comité de rédaction : Bernard Estivin • Directeur de la publication : Pascal Rivet • Directeur de la r é d a c tion : Isabelle Decour t • Contact : 02 47 47 20 15 [email protected] • Rédaction : Agence Kogito • Conseillers techniques : Philippe Carlier, Frédéric Bris, Bénédicte Gozillon, Ségolène Couprie, Alain Griffon, Michel Chambert, Michel Weiss. Eric Jaillais : Prix bas, la FFB tire la sonnette d’alarme ........ page 6 Tout savoir sur la réforme de la taxe professsionelle.............. page 9 Joël Fily, Préfet d’Indre-et-Loire.......................................................... page 11 Dossier Economie : Ces leviers qui redonnent du souffle aux entreprises .......... page 12 Dossier d’opinion Tourisme : Les atouts de la Touraine .......................................................... page 22 Portraits A l’affiche ce mois-ci : Magnitude International.............................................................. page 16 Ital Auto 37 .................................................................................... page 16 Articque .......................................................................................... page 18 Belloe ............................................................................................ page 18 IDEO Design Global .................................................................... page 19 Isabelle Chéruel .......................................................................... page 19 Jean-Marc Coudignac ................................................................ page 20 Munch&Foucher .......................................................................... page 20 CETIL ............................................................................................ page 28 David Tréfous................................................................................ page 28 Retour sur La pesée économique 2010 .......................................................... page 30 Rédaction : Agence Kogito : 02 47 68 94 98 Régie Publicitaire : Sogepress : 02 47 20 40 00 E-mail : [email protected] Maquette : Micro5 : 01 56 26 55 35 Impression : Vincent Imprimeries : 02 47 39 39 52 3 Touraine ECO n°263 - juin 2010 Photo : T.GERMAIN Edito L’Indre-et-Loire dans les perspectives économiques 2010 Roger Mahoudeau, Président de la CCI de Touraine Si l’année 2009 s’est mieux terminée qu’elle n’avait commencé, la reprise économique est encore timide. Les chiffres sont là pour l’illustrer. La Touraine n’a pas échappé à la crise amorcée en 2008. Tous les secteurs ont été touchés, et le marché de l’emploi s’est également dégradé, même si l’Indre-et-Loire a subi une perte d’emplois salariés moins forte que dans le reste de la région. Selon l’Urssaf, 4600 emplois ont été détruits entre septembre 2008 et septembre 2009 dans le département, soit une baisse de 2,2%. Un taux moins élevé que le niveau national qui se situe à -2,8%. Il faut également souligner que, malgré les difficultés rencontrées par les entreprises, le tissu industriel tourangeau n’a pas souffert de grandes fermetures ni de délocalisations. C’est pourquoi nous pouvons nous féliciter d’une reprise des marchés qui s’est fait sentir sans délais. Interrogés fin décembre 2009, les industriels tourangeaux prévoient d’ailleurs une légère hausse de la production. Dans notre département, la reprise des exportations s’est amorcée au troisième trimestre. Au niveau national, l’augmentation s’est élevée à 4,1%. Un chiffre encourageant que nous partageons aussi en Indre-et-Loire. Face à la crise, certains secteurs ont bien résisté, à l’image de l’industrie pharmaceutique et des services. Dans la construction, si les prévisions nationales indiquent la poursuite de la baisse de l’activité dans le bâtiment au 1 er semestre 2010, l’Indreet-Loire se démarque en affichant un bel espoir de reprise en 2010. Face à ces chiffres, il y a tout lieu de se montrer optimistes car la Touraine se porte beaucoup mieux que d’autres. C’est pourquoi chacun doit poursuivre ses efforts, quel que soit son secteur d’activité. Croire en l’avenir et retrousser encore et toujours nos manches, telle est la recette gagnante pour 2010. 5 Touraine ECO n°263 - juin 2010 La parole à Prix bas la FFB tire la sonnette d’alarme Economie Le 8 avril, la Fédération Française du Bâtiment et son président Eric Jaillais étaient reçus en Préfecture d’Indre-et-Loire pour évoquer les prix à la baisse dans le secteur de la construction. n 2009, le volume du marché de la construction s’est rétracté de 7,5%. Il est temps de réagir » alerte Eric Jaillais, président de la Fédération Française 37 du Bâtiment. Face à la crise et aux tensions du marché, le syndicat professionnel a adressé une lettre au Préfet d’Indre-et-Loire afin de lui faire part de son inquiétude. « Notre souci actuellement, ce sont les appels d’offres publics. Beaucoup de décideurs font le choix de conclure des marchés avec des entreprises qui cassent les prix. Ce procédé est très risqué et va à l’encontre du code des marchés publics. » Un code qui prévoit notamment que les maîtres d’ouvrages détectent les offres très basses ou, à l’inverse, beaucoup trop élevées. Cette profession a pour obligation de demander des compléments d’information en cas de prix apparemment anormaux. « Le problème, c’est que tout le monde ne joue pas le jeu. En travaillant avec une entreprise défaillante, nous courons le risque de nous retrouver avec des chantiers stoppés net en cours de construction, des entreprises qui ne sont pas payées, des délais non respectés. Tout cela est très mauvais pour le maintien du tissu économique, d’autant que certaines entreprises baissent aujourd’hui les prix de 30 à 40%. » Sensible au courrier du Président de la Fédération, le Préfet Joël Fily a donc reçu le 8 avril dernier en préfecture la FFB 37, la CCI de Touraine, la CAPEB, “E l’Urssaf, la Banque de France, la Direction Départementale du Travail, de l’Emploi et de la Formation Professionnelle (DDTEFP) et le Trésorier Général Payeur. Suite à cette réunion, le Préfet d’Indreet-Loire a pris une circulaire demandant à tous les maîtres d’ouvrages publics de détecter les offres trop basses et d’attribuer les marchés à celles proposant Eric Jaillais, Président de la FFB 37 des tarifs corrects. Selon En 2009, les délais de paiement des Gérard Bouyer, Vice-Président de la CCI entreprises vers les fournisseurs ont été de Touraine en charge de l’Industrie, réduits, selon la loi de modernisation «il faut aider les petites communes à de l’économie (LME) votée le 4 août mieux analyser les offres qu’on leur fait 2008. « Par voie de conséquence, les entrepour qu’elles puissent opérer le bon prises du bâtiment ont eu à financer 8 choix, sans forcément aller au moins jours de trésorerie supplémentaire, ce cher. » En termes d’outils, ces dernières qui est énorme pour elles » explique Eric peuvent faire appel à l’Association des Jaillais. « Tout cela fragilise encore un Maires de France qui dispose d’un secteur qui l’était déjà » ajoute Gérard service juridique compétent sur ces Bouyer. « La crise de 2008 n’a pas eu de questions. « Le Préfet a été très attentif répercussions immédiates sur les entreà notre action. Il va maintenant falloir prises. Les chantiers se sont poursuivis que cette circulaire soit suivie d’effets. l’année suivante. Maintenant, ils s’achèDans ce but, nous allons mener une vent et pour 2011, les commandes sont campagne auprès de nos contacts et de au plus bas. Cet effet de vague, cumulé chaque maître d’ouvrage. Nous envisaaux réponses anormalement basses geons de travailler à la rédaction d’une faites aux appels d’offres, va profondéconvention de bonnes pratiques, au sein ment modifier le paysage industriel si du Club Qualité Construction. » on ne fait rien » prévient le ViceOutre la question des appels d’offres, Président de la CCI en charge de plusieurs facteurs viennent encore l’Industrie. aggraver la situation du bâtiment. 6 Touraine ECO n°263 - juin 2010 Photo : D.R. Propos recueillis par Caroline Bénard Billet d’humeur Tout savoir sur la réforme de la taxe professionnelle Fiscalité Depuis le 1er janvier 2010, la taxe professionnelle (TP) n’est plus. Elle est remplacée par la contribution économique territoriale (CET). Explications. Anne-Sophie Jacques article 2 de la loi de finances de 2010 met fin – enfin, diront certains – à la taxe professionnelle. Les entreprises y étaient soumises depuis sa création, en 1975. Elle fut souvent dénoncée comme étant une lourde charge pour les entreprises car elle taxait l’investissement des sociétés et les salaires versés… en somme, c’était une taxe sur le développement des entreprises. Même François Mitterrand, en son temps, avait qualifié l’impôt d’imbécile. En 35 ans, elle connût pourtant 53 réformes. L’une d’elle, en 2000, supprimait la part assise sur les salaires. Mais la TP n’en demeurait pas moins un poids pour les sociétés, et notamment celles qui embauchaient beaucoup de main d’œuvre. En début d’année, la taxe a été supprimée. Lui succède aujourd’hui la contribution économique territoriale, la CET. La contribution économique territoriale est composée de deux par ties : d’une par t, la cotisation foncière des entreprises (CFE), qui correspond à la par t foncière de l’ancienne taxe professionnelle. Elle se calcule sur la valeur locative des biens soumis à la taxe foncière. Ainsi, les investissements (équipements, biens mobiliers) ne sont plus imposés. Son taux est déterminé par les communes ou les EPCI. L’ Les entreprises implantées dans une zone de recherche et de développement (pôles de compétitivité) ou les sociétés qui se situent sur une zone aménagée ou encore qui disposent d’éoliennes terrestres, d’installations photovoltaïques ou hydrauliques de 100 kW minimum de puissance installée peuvent demander à être exonérées. Seconde partie de la CET : la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE). Toute entreprise réalisant un chiffre d’affaires de plus de 152 000 euros doit faire une déclaration mais seules celles qui réalisent plus de 500 000 euros de chiffres d’affaires en sont redevables. Précision : la CET est plafonnée à 3 % de la valeur ajoutée. Avec cette nouvelle contribution donc, les charges fiscales des entreprises vont être réduites de 12,3 milliards d’euros cette année et de 6,3 milliards d’euros l’an prochain. Tous les secteurs d’activités sont gagnants, que ce soient l’industrie, les transports, les services, le BTP ou le commerce, lequel voit ses charges fiscales diminuer de 22%. Les activités financières et l’énergie sont les seuls secteurs moins concernés par cette réduction de charges, sachant qu’ils étaient jusqu’à présent très peu taxés. Enfin, la suppression de la TP est surtout favorable pour les TPE et PME. Restent les collectivités territoriales qui se sont inquiétées de la disparition de la TP : cette dernière représentait en effet la moitié de leurs recettes fiscales. Pour l’année 2010, afin de ne pas mettre en difficulté leur budget, la perte de la TP sera compensée à l’euro près par la CFE et la CVAE auxquelles l’Etat ajoutera des transferts d’impôt et des dotations. A terme, les taxes pèseront sur les ménages et les entreprises (taxe d’habitation, taxe foncière sur le bâti, sur le non bâti, etc.) et seront affectées différement entre les collectivités. De même, l’Etat leur reversera 100% de la CVAE dont 26,5% aux Communes et EPCI, 48,5% au Département et le reste, 25%, aux Régions. Retrouvez la video à ce sujet de Serge Babary, 1er Vice Président Délégué de la CCIT sur notre site www.touraine-eco.fr 9 Touraine ECO n°263 - juin 2010 Billet d’humeur Interview : Joël Fily Depuis le 1er janvier 2010, l'administration territoriale de l'Etat a mis en œuvre des politiques publiques confiées aux préfets de départements et leur pilotage attribué aux préfets de région. Pouvez vous nous expliquer les avantages de cette nouvelle organisation pour notre territoire ? Depuis le 1er janvier, les services de l'Etat dans le département et la région se sont recentrés autour de quelques directions pour un meilleur service au public (3 dans le département, 8 au niveau régional). Dans le département, ces directions interministérielles forment un Etat major auprès du préfet, chargé de la mise en œuvre des politiques publiques et des missions régaliennes, tout comme le CAR (Comité d'administration régionale) réunit préfets et directeurs régionaux autour du préfet de région. Ainsi, le préfet de département, avec son état major, met en œuvre des politiques publiques de manière transversale, globale et au-delà des tuyaux d'orgue ministériels. C'est autour du préfet que le plan de relance a pu être mis en œuvre et qu'un suivi régulier des entreprises et de leurs financements est assuré. De même c'est autour du préfet qu'un plan global de croissance verte peut être aujourd'hui défini, en s'appuyant sur les diverses compétences des services de l'Etat et des acteurs économiques du département. Qu'en est-il du rôle des Sous-Préfectures ? Les Sous-Préfectures sont confortées dans leur mission de conseil et de développement local, avec des sous- préfets au plus près des élus et des forces vives pour apporter conseil juridique, mais surtout conseil et appui dans le développement économique et l'appui aux projets de territoire. Les missions traditionnelles d'accueil du public et de service au public (renseignements, CNI, passeports, cartes grises) sont ou vont être progressivement recentrées en Préfecture, modernisées, automatisées et mieux sécurisées, tout en étant largement confiées aux services de proximité que constituent les mairies (passeports, bientôt les CNI) ou les professionnels (cartes grises) mais aussi les chambres consulaires. Trois directions interministérielles ont été créées, quelles sont-elles ? Quelles sont leurs missions ? La Direction départementale des territoires succède à la DDE et à la DDAF pour mettre en œuvre les politiques d'aménagement, de l'agriculture et de développement durable et poursuivre sa mission d'instruction des actes d'urbanisme. La Direction départementale de la protection de la population succède à la DDSV et à la DDCCRF pour mettre en œuvre les politiques de protection de la population, de la prévention et de la gestion des risques dans les domaines économiques, alimentaires, sanitaires et environnementaux. La Direction départementale de la cohésion sociale succède à la DDASS (pour sa partie sociale) et à la DDJS pour mettre en œuvre les politiques sociales et celles en faveur de la jeunesse et des sports, de la vie associative, de l'éducation populaire, de la politique de la ville et du droit des femmes. Photo : D.R. Préfet d’Indre-et-Loire Joël Fily, Préfet d’Indre-et-Loire Les missions sanitaires et de santé publique sont exercées par l'Agence régionale de la santé, au travers de sa Délégation territoriale. D'autres regroupements des services de l'Etat intéressent les entreprises : la direction départementale des finances publiques issue de la trésorerie générale et de la direction des services fiscaux ou l'unité territoriale DIRECCTE issue de la direction du travail et de la DRIRE. Les économies engendrées sont significatives. Pouvez-vous nous les décrire ? C'est d'abord une économie de temps pour les usagers ou partenaires de l'administration. C'est la fin des chevauchements et des doublons au sein des services de l'Etat, mais aussi un regroupement des agents sur des sites immobiliers rénovés et mis aux normes du Grenelle de l'environnement. La logique essentielle de cette réforme est la performance sur le long terme et la lisibilité. 11 Touraine ECO n°263 - juin 2010 Dossier Economie Ces leviers qui redonnent du souffle aux entreprises Rédaction par Anne-Sophie Jacques 2010, l’année des fonds propres Besoin d’argent frais ou de renforcer les structures financières ? Et si les entreprises augmentaient leurs fonds propres en ouvrant leur capital ? L’initiative est peu usitée en raison de freins psychologiques encore tangibles. Les choses risquent de changer avec le succès du Fonds Stratégique d’Investissement qui lève le voile sur cette solution pleine de bon sens. Le FSI : une réponse aux besoins en fonds propres « Les entreprises françaises ont besoin d’investisseurs stables, (…) elles ont besoin d’investisseurs intéressés à ce que l’entreprise vaudra dans cinq ans ou dans dix ans et pas simplement dans deux mois. » Lors de son discours prononcé à Montrichard fin 2008, Nicolas Sarkozy apportait une réponse concrète aux besoins en fonds propres des entreprises en annonçant la création du Fonds Stratégique d’Investissement (FSI). Le FSI s’adresse aux entreprises porteuses de croissance et de compétitivité pour l’économie française. Il entre en minoritaire dans le capital des entreprises, les accompagne dans le moyen-long terme et prépare la Plus d’infos sur www.fonds-fsi.fr future composition de l’actionnariat pour préparer sa sortie. Le FSI est doté d’une enveloppe de 20 milliards d’euros en fonds propres, dont 14 sous forme de participations et 6 en numéraire. Enfin, le FSI est une filiale de la Caisse des dépôts, structure qui devient tête de guichet du dispositif : elle en détient 51%, le reste revenant à l’Etat. En 18 mois, le FSI a déjà débloqué plus de 1,5 milliards d’euros et a investi dans des entreprises aussi bien industrielles que de services. Une nouvelle entreprise est financée chaque jour ouvrable. Durant ces 18 mois, la crise est venue fragiliser le tissu économique. Pour répondre plus précisément à cette conjoncture, le FSI a créé le programme FSI-PME en octobre 2009. Avec 1 milliard d’euros de capitaux disponibles, les fonds permettent de renforcer les structures financières d’entreprises en difficultés. Ces investissements se font en direct ou bien en partenariat avec des investisseurs privés. Les outils déjà en place ont été renforcés et une plateforme d’orientation régionale permet de traiter les demandes de renforcement de fonds propres émanant de PME 12 Touraine ECO n°263 - juin 2010 viables et porteuses de croissance. A ce jour, la moitié des dossiers provient de l’initiative des entreprises. Le FSI étudie les dossiers dans l’ensemble des secteurs d’activité. Le FSI et Mécachrome Le 17 décembre dernier est un jour à marquer d’une pierre blanche pour Mécachrome, société franco-canadienne dont le siège est installé à Tours et qui fabrique des composants destinés aux industries de l’aéronautique et de l’automobile. Après un an de réorganisation et de restructuration financière, ce jour-là, Mécachrome annonce être sortie de la protection de la loi de sauvegarde en France et de son équivalent au Canada. Parmi les leviers utilisés, le FSI. D’un montant de 15 millions d’euros, le Fonds a été l’un des outils qui a permis à l’entreprise d’assainir sa situation financière. Mécachrome peut aujourd’hui redémarrer l’aventure industrielle sur la base d’un bilan solide et d’une structure de coût allégée. Et, comme le souligne Gilles Michel, Directeur Général du FSI, « la société pourra compter sur le soutien actif de ses actionnaires qui ont une vision commune de long terme.» Dossier Dossier Ouvrir son capital, c’est s’enrichir L’outil OSEO capital PME Vous cherchez à ouvrir votre capital ou vous voulez trouver des capitaux pour la création de votre entreprise ? OSEO vient de mettre en ligne un site de mise en relation avec des investisseurs, particuliers ou professionnels. Cet outil complète une large panoplie visant à inciter l’apport en fonds propres dans les entreprises, et notamment de la part de celles redevables de l’ISF. Comme le souligne François Drouin, PDG d’OSEO, « renforcer les fonds propres des entreprises, c’est leur donner les moyens d’investir, d’innover, d’aller à l’international. » Grâce à ce site, 20 millions d’euros ont déjà été levés. www.capitalpme.oseo.fr 3 questions à Yves Aguiton, Directeur Régional Centre de la Caisse des dépôts et délégué régional du FSI Photo : D.R. Aujourd’hui, les entreprises ont besoin d’argent frais. Les années 2008 et 2009 ont laissé des trésoreries exsangues, et en 2010 cette situation risque de ne pas s’arranger. Le besoin en fonds de roulement est vital et il ne peut être financé par emprunt. Par ailleurs, le manque de fonds propres est la deuxième cause de fermeture d’une société, juste après les impayés. L’ouverture de son capital est une réponse idoine. Tout d’abord, le Conseil d’Administration des entreprises est bien souvent sclérosé : faire intervenir une personne extérieure permet de s’enrichir de son savoir et de ses compétences. Ensuite, plus le niveau en fonds propres est élevé, plus l’entreprise va accroître sa capacité d’endettement. Elle pourra plus facilement solliciter les banques et mêmes les aides publiques. Enfin, n’oublions pas que c’est un mariage : l’investisseur est là pour soutenir l’entreprise, ne serait-ce que dans le but de sauver sa mise. Il fera tout pour diminuer ainsi la vulnérabilité de l’entreprise. “Avec le FSI, nous sommes aussi au service de l’intérêt général” Après 18 mois d’existence, quel bilan faites-vous du FSI ? Je me rends compte que c’est un outil formidable au service des PME. Le besoin de fonds propres est une problématique fondamentale à laquelle le FSI répond. J’ajouterai que face à la crise que nous vivons, le FSI est devenu une réponse des plus pertinentes. La plupart des coups de téléphone que je reçois actuellement sont en lien avec le Fonds. C’est donc un nouveau rôle pour vous en tant que Directeur Régional Centre de la Caisse des dépôts (CDC) ? Oui, et c’est en toute logique. La CDC avait défini quatre priorités : l’Université, le développement durable, le logement et les PME. Etant donnée la conjoncture, nous déployons toutes nos forces pour les PME, via notamment le programme FSI-PME. La Caisse des dépôts est de fait devenue la tête de guichet de ce programme. Vous animez une plateforme régionale d’orientation. Qu’est-ce que c’est ? Comme toutes les directions régionales de la Caisse des Dépôts, celle du Centre mobilise les partenaires locaux et professionnels du financement des entreprises autour du FSI. Cette mobilisation a pris la forme d’une plateforme régionale d’orientation. Elle réunit, une fois toutes les six semaines, la Caisse des dépôts, OSEO qui est également une de nos filiales, la Banque de France, le Conseil régional du Centre, Centre Capital Développement. Nous avons trois objectifs : détecter et orienter, informer et enfin mettre en relation. Nous étudions notamment tous les dossiers d’entreprises qui ont essuyé un refus à une demande « renforcement de fonds propres » et nous essayons de trouver des solutions. Nous orientons. A chaque réunion, nous traitons entre dix et quinze dossiers. Ce n’est pas rien. 13 Touraine ECO n°263 - juin 2010 Dossier La seconde vie d’Outiror nstallé dans le parc d’activité Equatop de Saint-Cyr, le siège social aux allures de cathédrale témoigne de l’époque faste d’Outiror. Fondée en 1965 par André Roor, la société familiale ne se présente plus aux tourangeaux. Nous avons tous feuilleté les catalogues de ce spécialiste de la vente d’outils qui conduit ses boutiques – de gros camions jaunes – sur la place des villages. Mais la prospérité a laissé place à la déroute menant la société devant le tribunal de commerce en 2007. Cette annéelà, Sisu, un fonds d’investissement anglo-saxon, reprend Outiror et rachète également Direct Delta, un concurrent installé à Caen. Les 138 salariés restants se retrouvent dans un bâtiment devenu trop grand et attendent l’arrivée d’un dirigeant capable de redresser la barre. Avec Thierry Fournier, ils ont trouvé leur homme. Diplômé de Sup de Co Nice après un DEA à l’école de commerce de Lyon, Thierry Fournier entre chez Georgia Pacific, leader de la production et de la commercialisation de produits à base de ouate de cellulose, du coton démaquillant au papier absorbant. « J’y suis resté 22 ans, j’ai connu 5 rachats et 6 actionnaires différents. » Il prend rapidement la direction générale de l’export puis de Demak'Up pendant 4 ans et enfin, à Rouen, d’une usine de production de papier toilette pour la grande distribution. « L’usine perdait de l’argent, et quand je suis arrivé, les salariés pensaient que je venais la fermer, alors que mon but était de la redresser. D’ailleurs, je n’ai jamais eu à faire, de toute ma carrière, un seul plan social. » Thierry Fournier commence par I comprendre la logique de ses concurrents, réduit les coûts intelligemment puis repense de fond en comble ses produits. Après cinq ans passés entre Rouen et Paris, le challenge est relevé, et à l’issue de ce retournement Thierry Fournier décide de partir et de mettre à profit ses compétences et son expérience pour reprendre en main une entreprise en difficulté. Il contacte alors de nombreux capital-risqueurs et fait la bonne rencontre avec Sisu, actionnaire d’Outiror, de Direct Delta et de Oyé Oyé, la petite sœur des DOM-TOM. Les trois sociétés fusionnent en janvier 2010 et prennent 76% des parts du marché en France. A l’occasion la holding Trucks and Stores ( T&S) est créée, et Thierry Fournier en prend la présidence. Les enseignes gardent leur catalogue et leur propre identité. T&S compte 350 salariés et chacune des équipes de Saint-Cyr-sur-Loire et de Caen compte une cinquantaine d’animateurs de vente, à la fois conducteurs de camions et vendeurs des produits. Ce chiffre progresse cette année. En effet, le groupe se redéploie sur tous les fronts : les camions Outiror couvrent 37 secteurs aujourd’hui contre 29 hier, le coût des catalogues a été considérablement réduit et l’offre de produits est plus large et mieux ciblée. De même, la vente sur Internet croît plus vite que prévu et se découvre très rentable : “ Photo : D.R. Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir, et l’adage vaut aussi pour l’entreprise. Dans le cas de T&S et de sa reprise d’Outiror, l’intervention d’un capital-risque et la motivation de son dirigeant Thierry Fournier placent l’avenir de l’entreprise sous de meilleurs auspices. Thierry Fournier, directeur de T&S « c’est une vente additionnelle, qui ne vient pas grignoter nos parts de marché. Notre business modèle est simple : nous touchons un public rural, avec une offre de produits sympas et pas chers. Nous sommes présents dans plus de 5 000 villes en France, nous comptons 2 millions de clients chaque année. Nous avons un potentiel de développement considérable. L’actionnaire y croit, j’y crois aussi. » Dernière bonne idée de ce dirigeant motivé : une offre de téléphonie mobile. Thierry Fournier s’est rapproché d’un opérateur qui s’occupe de tout et s’appuie sur la force de vente de T&S. L’offre est séduisante : le vendeur au couleur d’Outiror propose gratuitement au client un téléphone au choix (dont un adapté aux personnes âgées), un bon d’achat de 40 euros au camionmagasin et l’abonnement le moins cher du marché à 15 euros pour 1 heure. Qui dit mieux ? Nous sommes présents dans plus de 5 000 villes en France, nous comptons 2 millions de clients chaque année. Nous avons un potentiel de développement considérable. L’actionnaire y croit, j’y crois aussi. 14 Touraine ECO n°263 - juin 2010 ” Dossier Marchés publics : des affaires à faire Les collectivités locales, quelle que soit leur taille, sont consommatrices de travaux et de services et passent continuellement des commandes qui sont autant de marchés à décrocher. Mais bien souvent les entreprises rechignent à se positionner et ce pour de mauvaises raisons. La preuve avec cet article qui met à mal les idées reçues sur les marchés publics. Les appels d’offres en cours sont difficiles à identifier Faux. Il suffit d’aller à la source, sur le site du Journal officiel. L’accès au BOAMP (Bulletin officiel des annonces des marchés publics) est gratuit. Vous pouvez sélectionner les appels d’offres par secteur d'activité, par mot clé et par secteur géographique. Mieux : vous pouvez vous abonner en ligne au service d'alerte des marchés publics. Ainsi, vous recevez les annonces susceptibles de vous intéresser directement dans votre boîte mail. Il existe une multitude de sites qui proposent également ce service, souvent gratuitement. De même, chaque collectivité dispose de sa plateforme pour les marchés qu’elle passe. Le + de la CCI Touraine La CCI vous aide à faire les démarches d’obtention du certificat, vous le remet et vous forme à son utilisation pratique Attention : ce certificat est indispensable pour répondre en ligne mais vous pouvez toujours répondre par courrier, excepté pour les marchés informatiques de plus de 90 000 euros. En revanche, d’ici quelques années, toutes les réponses seront dématérialisées. Alors prenez de l’avance ! Les délais de paiement des collectivités sont longs Là encore, oui et non. Les collectivités ont fait d’énormes efforts pour réduire leurs délais. Légalement il est Le + de la CCI Touraine Sur www.touraine-eco.fr vous trouverez des outils pour vous aider à constituer vos réponses en ligne (comment générer des documents pdf, comment les assembler…), ainsi qu’une liste de sites utilisés aujourd’hui de 40 jours maximum et, cet été, il devrait être ramené à 30 jours. Ceci dit, il arrive que les paiements se fassent attendre. Pour faire face, OSEO a créé Avance + afin de financer votre compte client. Si vous êtes titulaires de marchés ou de commandes auprès de grands donneurs d’ordre publics (et même privés), vous pouvez céder vos créances et OSEO vous en assure l'avance. Un appel d’offres c’est beaucoup de papiers et de formulaires compliqués Oui et non. Oui car il faut connaître le langage des marchés publics, savoir ce qu’est un DC4, DC5, etc. Mais ce n’est pas sorcier. D’autant qu’avec la dématérialisation, les réponses vont s’en trouver simplifiées. Vous pourrez en effet déposer vos dossiers directement en ligne, sur la plateforme de la collectivité. La seule chose demandée, outre votre réponse, est un certificat de signature électronique. Tout comme le sceau au dos des courriers, il vous permet d’être identifié et reconnu quand vous vous connectez. Plus d’informations : www.oseo.fr 15 Touraine ECO n°263 - juin 2010 Portraits Titre Titre les Titre pays Titre “Dans du Golfe, Titre Titre Titre Titre Titre Titre les affaires reposent sur le relationnel” T Sorti de l’Ecole Centrale d’Electronique, parisien du XVe arrondissement, Yvan Guyot entame sa carrière dans le domaine des radiocommunications. En 1986, il entre chez Motorola en tant qu’ingénieur commercial en charge de la commercialisation de systèmes de radiocommunication. En 1998 il est recruté dans une entreprise tourangelle et s’installe près de Chanceaux-sur-Choisille. Responsable commercial export, il gère les clients dans le monde anglophone. « Très vite, j’ai vu qu’il y avait un gros potentiel à Dubaï, aux Emirats arabes, au Qatar… en plein boom économique, ces pays ont beaucoup investi dans l’immobilier et dans les infrastructures hôtelières. » Yvan Guyot saisit l’opportunité et s’immerge complètement : « Faire des affaires dans le Golfe c’est 30% de produit mais 70% de relationnel et surtout de la patience. Il y a encore 50 ans, ces pays étaient ceux des bédouins qui s’échangeaient le lait de chamelle contre des sacs de sel. Aujourd’hui, grâce aux ressources du pétrole, les arabes de cette région sont devenus très riches. » Afin de faciliter sa relation avec ses clients, Yvan Guyot suit des cours d’arabe pendant un an, se rend régulièrement dans le Golfe et développe la clientèle de l’entreprise. Yvan Guyot, En 2005, hasard des rencontres, il dîne dirigeant de Magnitude International avec Jean-Paul Hevin, le célèbre maître chocolatier parisien. Ce dernier possède déjà des boutiques de luxe au Japon et veut continuer son développement dans les pays du Golfe : « Il m’avait proposé de travailler pour lui mais à l’époque j’étais lié à mon entreprise, j’avais donc dû décliner son offre faute de disponibilité. Cependant l’idée a germé, je me suis rendu compte que mon fonds de commerce, c’était moi. J’ai donc décidé de créer mon entreprise. » Grâce à ses relations avec de grandes familles arabes influentes, Yvan Guyot a permis la mise en place des relations commerciales entre la maison Hevin et des investisseurs au Qatar. L’ouverture d’une boutique de chocolats haut de gamme est prévue fin 2010. Aujourd’hui, Yvan Guyot est sous contrat avec Jean-Paul Hevin mais également avec une grosse société de télécommunication canadienne, IBwave, qui lui prend 90% de son temps. Il commercialise leurs logiciels dédiés à effectuer des calculs de propagations d’ondes radio pour la téléphonie mobile, un marché très important. L’entrepreneur rejoint son pied-à-terre à Dubaï toutes les 6 semaines et y demeure quinze jours pour le business. Et le reste du temps, il travaille chez lui. ASJ Photo : D.R. ravailler seul chez soi ? Quand beaucoup n’osent franchir le pas, Yvan Guyot déclare adorer ça. Avec un ordinateur et une connexion Internet, ce commercial en télécommunication mène ses affaires sur son terrain de prédilection : les pays du Golfe. Le pas, il l’a franchi depuis un an et, de son propre aveu, il n’a jamais été aussi heureux. flâner entre les voitures exposées dans l’immense bâtisse d’ITAL AUTO sur l’Avenue du Grand Sud à Chambray, on en viendrait presque à casser notre tirelire. Ce paradis de l’automobile est sorti de terre en 2009 sous l’impulsion de son patron, Christophe Rouyer. Ici, il est le concessionnaire des marques Fiat, Lancia, Alfa Romeo et Fiat professionnel. ITAL fait partie du groupe familial Jean Rouyer, père de Christophe, groupe qui compte 42 concessions pour 15 marques différentes et qui couvre l’Ouest de la France sur 13 départements. Le Groupe de distribution automobile multimarques a été créé en 1982. A l’époque, Christophe Rouyer fait son Tour de France. Il exerce en effet le métier de pâtissier chez les Compagnons. Un jour, tandis qu’il achève un séjour de deux ans en Angleterre « pour apprendre la langue tout en travaillant », son père lui propose de vendre des voitures d’occasion en Pologne pendant deux mois. « J’avais décroché un poste de chef pâtissier aux Bermudes et en attendant de conclure les formalités, j’ai accepté de partir. Nous ne sommes pas du genre à ne rien faire dans la famille. » L’expérience le séduit, il apprécie surtout le business et le contact avec les gens. « A mon retour, mon père m’a dit : tu ne vas pas faire des choux et des éclairs toute ta vie. Il m’a alors proposé de me former à l’école de vente Renault et m’a laissé quelques heures pour réfléchir. J’ai tout de suite accepté. » A Christophe Rouyer a alors 25 ans. Son frère Lionel suit à peu près le même parcours : chef cuisinier pour des maisons de renom, de retour de la Martinique il accepte de prendre une place dans le développement du groupe. Lionel devient dirigeant de la concession Volkswagen-Audi Christophe Rouyer, dirigeant d’ITAL AUTO 37 à Cholet. C’est à Cholet également que le siège du groupe est installé, ainsi qu’Heliocar, un espace de 9000 m² pour vendre la voiture autrement. Ce concept global regroupe une dizaine de marques différentes, un espace enfants pour choisir sa voiture tranquillement et même un restaurant. Vendre autrement : c’est la clé du succès du groupe. Christophe Rouyer connait tous les rouages de la vente. Il se déplace chez les concessionnaires et forme les nouveaux dirigeants. Le talent du bon vendeur ? « Il faut connaître parfaitement nos véhicules et saisir les goûts et les besoins des clients. » L’entreprise familiale s’attaque d’ailleurs à une toute nouvelle clientèle : les Vietnamiens. En effet, le groupe sera bientôt importateur exclusif de Renault au Vietnam. Gageons que le savoir-faire de la famille Rouyer saura séduire tout autant le pays du Soleil Levant. ASJ 16 Touraine ECO n°263 - juin 2010 Photo : D.R. “Nous serons bientôt importateur exclusif de Renault au Vietnam” Portraits nstallé dans un vieux moulin de Fondettes, le bureau de GeorgesAntoine Strauch est inondé de lumière. L’ambiance est chaleureuse, à l’image du dirigeant qui conjugue sympathie et volubilité déroutante. « Oui, je sais, ce que je dis est un faisceau d’incohérences, sourit le PDG. Mais c’est une question de philosophie. Toute idée est bonne à dire tant qu’elle est fondée sur des observations réelles. » Un faisceau d’incohérence, vraiment ? Georges-Antoine Strauch est breton, fils d’épicier installé à Lannion. Pour lui, sa vie professionnelle prend racine en 1965 quand, à 8 ans, il voit arriver le premier supermarché. « C’était le pot de terre contre le pot de fer. » La famille lutte et résiste, son enfance en est marquée. « Petit, j’étais teigneux. On voulait me faire porter des lunettes, je n’ai jamais voulu. Je suis devenu cancre tout en lisant l’ensemble du fonds de la bibliothèque municipale. » Un prof de français va le réconcilier avec l’école et, en 86, il passera sa thèse en économie après avoir suivi un DESS en informatique. C’est pourtant deux ans plus tôt, le 7 juin 84 exactement, que sa carrière prend un tournant : ce jour-la, Georges-Antoine découvre sur un salon à Rennes le macintosh d’Apple. « Il m’en fallait un ! Mais son prix, 24 000 francs (environ 3660 euros), était dix fois le montant de ma bourse. J’ai décidé d’appeler Jean-Louis Gassée, futur dirigeant d’Apple France. Il m’en a proposé 3 à moitié prix. » Georges-Antoine accepte, devient développeur puis vend des Macintosh à tout va, I notamment aux métiers des arts graphiques. Avec l’aide de Jérôme Barthélémy, il développe un outil de Georges-Antoine Strauch, cartographie qui aboutira à la création PDG du Groupe Articque de Cartes & Données et de son organigramme, concept clé. En 1995, patatras : la société est victime de deux escrocs et dépose le bilan. « Nous avons dit pouce à nos créanciers et tout doucement, nous avons remonté la pente. » L’arrivée de l’ingénieur Riccardo Cohen facilite la reprise. En 1999, Georges-Antoine pousse un coup de colère suite au naufrage de l’Erika et du souillage des côtes bretonnes. Avec Riccardo, ils mettent en ligne sur Internet les vigies du littoral. C’est le début du web, et pour Articque, du succès. La société remporte à l’occasion le premier prix des ElecTrophées. Aujourd’hui Articque est en pleine forme. 46 salariés vivent une aventure à la fois solidaire et lucrative, sous la houlette de la directrice générale Hélène Junin. Le Groupe accélère les prises de participation et les rachats d’entreprises. Côté clients, Airbus, SNCF, Dassault Systèmes sont parmi les 5 000 références de la société, souvent récompensée. Dernière distinction en date : OSEO Excellence 2010. Le trophée est accroché au mur du bureau lumineux, mais nous aurions pu aussi évoquer le sabre et le bâton d’Aïkido, le service à thé, les trois écrans d’ordinateur... un ensemble hétéroclite, mais pas incohérent. RD “Je trouvais dommage de voir disparaitre le savoir-faire de la chaussure” mmanuelle Le Borgne ne va pas par quatre chemins : lorsqu’elle constate que le savoir-faire de la chaussure est moribond, elle décide de créer une entreprise pour remettre sur le marché des souliers made in France. Mieux : elle invente la chaussure personnalisée et sur-mesure. A croire que cette jeune entrepreneuse est chaussée de bottes de sept lieues… Tourangelle, Emmanuelle commence ses études de Droit à Tours puis entre à l’ESSEC en Mastère à Paris. Elle choisit l’apprentissage pour son Mastère et porte son dévolu sur les fusions & acquisitions. A l’issue d’une formation chez Rhône-Poulenc, le Groupe Rhodia, filiale de Rhône-Poulenc, lui propose un poste à la direction de l’audit interne. Avec 700 filiales réparties dans le monde, Emmanuelle voit du pays : « Pendant trois ans, j’ai passé 80% de mon temps à l’étranger. » En 2000, soutenue par son entreprise dans le cadre d’un essaimage, Emmanuelle crée son activité, RCM Consulting (Risques, Coaching et Médiation). Quand son mari part en Afrique, elle l’accompagne et s’occupe durant deux ans de la trésorerie du golf de Djibouti. En 2005, de retour en Touraine, elle est responsable Emmanuelle Le Borgne, administrative et financière du Présidente de Belloe E groupe CBE, industrie qui fabrique des moules pour voussoirs pour les tunnels. « Un jour, alors que ma sœur surfait sur Internet, elle désespérait de trouver des chaussures à son goût. Elle a eu l’idée de la personnalisation. De mon côté je trouvais dommage de voir disparaitre le savoir-faire de la chaussure. » Emmanuelle Le Borgne fait donc une étude de marché et trouve rapidement les deux personnes clés : Jean-Louis Cotte, qui a passé 40 ans chez Charles Jourdan à Romans et Florence Baudry, styliste. Emmanuelle propose à Jean-Louis la direction de production, à Florence de dessiner les modèles. « Dès leur première rencontre, début juin 2009, ils ont accroché. » L’objectif était de débuter l’activité en décembre. Au-delà, Jean-Louis ne pouvait poursuivre sans être rémunéré. Un temps très court mis à profit pour rencontrer les banques et surtout Oséo « sans qui rien n’aurait été possible. » Belloe - beau en italien - est né dans les délais et compte 11 salariés. Le lancement officiel a eu lieu en décembre au George V à Paris. Le 23 janvier l’entreprise a ouvert au public les portes de son atelier installé dans la zone Le Papillon à Parçay-Meslay. Les visiteurs ont été emballés par les chaussures entièrement fabriquées sur place et composées selon ses goûts. « Nous sommes également une manne pour les podologues car nous fabriquons des chaussures sur-mesure. » A l’aide d’un appareil qui modélise le pied en 3D, Belloe propose une paire adaptée et surtout élégante. La marque réussit à réconcilier joliesse et confort tout en sauvant un savoir-faire et en créant CB de l’emploi. 18 Touraine ECO n°263 - juin 2010 Photo : D.R. “Je ne suis complet qu’avec un Macintosh et mon équipe autour de moi” Portraits e retour d’un chantier sur Amboise, Dominique Cauet nous reçoit en centre-ville de Tours dans les bureaux d’IDEO Design Global. Le maître d’œuvre et architecte d’intérieur évoque son parcours et celui de l’agence, symbole de sa recherche d’équilibre. Originaire de la région, Dominique Cauet obtient son diplôme en arts appliqués à l’école Boulle de Paris. En 1987, il crée son entreprise, MCH Sélections, une société d’aménagement et d’équipement à Saint-Cyr-sur-Loire : « A l’époque, les gens ne savaient pas ce qu’était l’architecture d’intérieur. J’ai visé le marché des entreprises et des collectivités dans l’espoir d’établir des relations durables. » Opération réussie. France Télécom, la Caisse d’Epargne, la CPAM… L’architecte trouve sa clientèle. Il installe ensuite sa société au cœur de Tours et renforce l’activité de son bureau d’études. En 2007, MCH Sélections fusionne avec un cabinet d’architectes : « Je souhaitais étoffer l’entreprise mais l’expérience n’a pas été concluante. J’ai donc redémarré seul avec 3 salariés, fin 2009, en proposant une maîtrise d’œuvre globale. » De là est né IDEO Design Global. Dominique Cauet profite de ce nouveau départ pour élargir son offre de prestations avec le « home design » : la rénovation et la construction de propriétés haut de gamme. Parmi les dossiers classés dans les tiroirs de l’agence, D on trouve des collectivités comme Tour(s)plus, le Conseil général d’Indre-et-Loire ou la Mairie de Joué-lès-Tours. Mais pas seulement. L’éventail est large : on trouve également des agences immobilières CityA, des hôtels 4 étoiles à Bourges et au quartier des 2 Lions, une école internationale à Rochecorbon et de nombreux restaurants tourangeaux comme le Thélème, l’Escadrille ou le Fuxia… Dominique Cauet, Quand Dominique Cauet n’est directeur de l’agence pas sur un chantier, il dessine sur IDEO Design Global calques dans son bureau ou pratique le taï-chi-chuan. Selon les besoins, il collabore avec des acousticiens, des peintres et des sculpteurs : « Chacun apporte sa pierre à l’édifice. Pour ma part je prends du plaisir à aller à l’encontre des effets de mode. Une de mes devises : travailler sérieusement sans se prendre au sérieux... » A way of life. RD “J’ai toujours le réflexe d’ouvrir un livre pour en respirer l’encre !” ment supplantés par l’ère du numérique. ans l’appartement d’Isabelle Chéruel, Au bout de 14 ans, Isabelle décide de changer les tiroirs regorgent de livres et de de vie, du moins de devenir patron. manuels scolaires. « J’ai participé à leur fabriEn 2005, elle créé son entreprise en nom cation, je les connais par cœur. Une fois imprimés, je les ai gardés ». Ces petits trésors propre. Aujourd’hui, la chef d’entreprise assure le suivi de fabrication. « Quand un client illustrent la vie et le parcours d’Isabelle. « Mon a besoin de réaliser un de ses projets, je père dirigeait une imprimerie, c’était mon démarche les imprimeurs et fais établir des terrain de jeu quand j’étais enfant. Je jouais devis. Je suis le relais entre l’éditeur et l’impriavec les tampons encreurs, j’aimais l’odeur des meur, je prends en charge le projet de A à Z. » lieux. » Alors, quand Isabelle décroche son Si beaucoup de clients font confiance à bac et s’inscrit à l’école d’arts graphiques au Isabelle Chéruel, à son expérience et à son lycée Bayet de Tours, cela ne surprend Isabelle Chéruel, responsable de suivi carnet d’adresses très étoffé, la crise personne. « Ce milieu était le mien depuis de fabrication dans l’imprimerie n’épargne pas son secteur d’activité. « Cette toujours, pour moi c’était une évidence. » A 20 ans, BEP et CAP en poche, Isabelle Chéruel est embauchée année, les commandes sont un peu moins nombreuses. Il faut que j’envisage les choses autrement, que je me déplace davantage, que dans l’entreprise tourangelle Touraine Compo. Elle y effectue je mise encore plus sur le relationnel. » l’ensemble des opérations nécessaires à la reproduction et à la mise en forme de photos et de dessins sur un support La passion d’Isabelle pour ce métier est intacte. On se demande alors si elle est encore capable d’avoir un livre en mains sans technique, le tout étant destiné à être imprimé. Ce métier de l’inspecter sous toutes ses coutures. « Impossible d’y résister, photograveur, Isabelle l’a eu tout de suite dans la peau : « On j’ai toujours le réflexe d’ouvrir un livre pour en respirer l’encre. Je faisait tout à la main, c’était passionnant. Je choisissais le mode peux deviner comment tel ou tel ouvrage a été fabriqué, je suis de reproduction des documents originaux, je procédais aux réglages incollable ! » Une déformation professionnelle totalement de lumière, de contraste, de trame, je travaillais dans des pièces assumée et qui fait sourire l’intéressée. noires. » Une minutie et des outils un peu archaïques rapideCB Photo : D.R. D 19 Touraine ECO n°263 - juin 2010 Photo : D.R. “Répondre aux attentes de mes clients et décloisonner les espaces de vie sont mes bases de travail” Portraits “J'ai eu envie de faire partager ce que je vois” imanche 4 juillet, à Château-Renault, 80 portraits en noir et blanc de commerçants seront exposés dans le parc du château. A l’origine de cette exposition intitulée Derrière nos vitrines, il y a : Jean-Marc Coudignac, photographe qui a eu envie de rencontrer les commerçants de sa ville et de nous les présenter. Et derrière sa vitrine à lui, qui y a-t-il ? Un autodidacte aussi allègre que passionné. Jean-Marc Coudignac passe une enfance paisible dans les DeuxSèvres. Son père est un géo-trouve-tout, il démonte et remonte tout ce qui lui passe entre les mains. Une manie génétique : JeanMarc en héritera. A l’âge de 4 ans, il se souvient du labo photo paternel construit avec une carcasse en bois et des sacs de ciment. Un souvenir qui se révélera prégnant : à 18 ans, Jean-Marc Coudignac répond à une petite annonce. « Une association cherchait un photographe pour travailler avec des handicapés mentaux, racontet-il. J’ai appris par moi même, j’ai lu des tas de livres sur la question, j’ai acheté un vieux Reflex, je me suis présenté et ils m’ont retenu.» Un travail aux petits oignons qui lui convient parfaitement. Après trois ans d’expérience, il part « à la Capitale » et suit une formation d’assistant réalisateur. Il reste 7 ans à Paris et ses divers contrats lui ouvrent le statut d’artiste. En 91, il s’installe avec son épouse à Château-Renault et réalise notamment des photos de plateau pour l’APCVL, aujourd’hui Centre Images (l’agence régionale du cinéma). Jean-Marc Coudignac, photographe à Château-Renault Photo : D.R. D Dix ans plus tard, il devient salarié d’Hervé Boulanger, le photographe installé sur la place Jean-Jaurès avec sa femme Marie. Prises de vue, tirages, maintenance des machines, Jean-Marc connaît bien, il découvre en plus le métier de commerçant. Le 1er octobre 2006, JeanMarc Coudignac reprend l’affaire et devient artisan-commerçant. Cette découverte du commerce, Jean-Marc souhaitait la faire partager. « Le photographe est un voyeur, il voit ce que l’on ne voit pas forcément à l’œil nu. » Il aménage alors son studio avec des éclairages tungstène crémer pour créer une ambiance théâtralisée. De janvier à mars 2010, les dimanches et lundis, les commerçants volontaires viennent se faire tirer le portrait, un objet de leur métier à la main : le boucher et son couteau, la fleuriste et son bouquet, le boulanger et son pain… Les portraits sont tirés sur papier Fine Art Bergger, et le résultat est saisissant. Jean-Marc nous invite à contempler les visages souriants de ses 80 portraits de commerçants le 4 juillet prochain autour d’un pique-nique citoyen dans le parc du château. Pour voir ce que Derrière nos vitrines, il y a. ASJ lexandre Foucher est un jeune dirigeant. A 29 ans, il dirige depuis déjà cinq ans une entreprise qui progresse de 30% par an. Une très vieille entreprise qui plus est, puisqu’elle fut créée par un maréchal-ferrant à Tours, dans la Tranchée, en... 1848. Curieux de percer à jour l’histoire, nous sommes tout ouïs. Au début du 20 e siècle, la famille Munch reprend l’affaire du maréchal-ferrant et continue le travail du métal et de la serrurerie. Quand se développe l’électricité, la société s’étoffe de cette nouvelle activité. Fin du siècle, elle porte l’enseigne Munch sarl. Bernard Munch dirige la partie électricité, et son beau-frère, André Rimbaud, la partie métallerie. Les deux hommes, arrivant à la retraite, transmettent chacun leur activité. Toujours à la Tranchée vous trouverez Munch&Polge, et, depuis 2005, au 35 de la rue de la Ménardière à Saint-Cyr, Munch&Foucher. Pourquoi André Rimbaud propose l’entreprise à Alexandre Foucher ? Parce que ce fut l’un de ses meilleurs apprentis. Très tôt Alexandre se choisit pour métier la serrurerie : à 16 ans, lors de portes ouvertes des Compagnons du devoir, l’atelier de la forge le séduit : « j’ai aimé l’odeur, la chaleur, la lumière. J’ai signé un essai de trois jours, et j’y suis resté. » Il entre alors comme apprenti chez Munch, et sur ses cinq ans de formation il y passe quatre années. L’entreprise dépanne, rénove et réalise des portails, des fenêtres, des portes, des vérandas. Le brevet professionnel en poche, Alexandre A décide de passer à la vente et rejoint une entreprise de vente de fenêtres aux particuliers pour un an. Il travaille ensuite comme agent commercial pour 11 fournisseurs dans 8 départements : c’est dire s’il connaît bien les produits de la fermeture, entenAlexandre Foucher, dons tout ce qui condamne un dirigeant de Munch&Foucher endroit privé, qu’ils soient en bois, en métal ou en PVC. Alexandre cumule alors les compétences de vendeur et de gestionnaire. Aussi, quand son ancien patron lui propose de reprendre l’entreprise, il accepte à une condition : développer l’activité avec de nouvelles matières. « Pour moi il était crucial de proposer des matériaux offrant de nouvelles performances techniques, qu’elles soient thermiques, sécuritaires ou esthétiques. Pour le PVC par exemple, nous travaillons exclusivement avec Deceuninck, le seul à disposer de 40 coloris avec garantie décennale. » Sa condition fut respectée, et les résultats de la société lui donnent aujourd’hui raison. Avec 10 salariés et 30% de développement par an, c’est beaucoup, et Alexandre Foucher sait que ce peut être foudroyant. Il s’accroche alors aux raisons de son succès : des clients satisfaits du travail bien fait. « Le bouche à oreille a toujours fonctionné pour nous » : voilà pourquoi nous étions tout ouïs. ASJ 20 Touraine ECO n°263 - juin 2010 Photo : D.R. “Nous avons su développer la clientèle existante” Tourisme Dossier d’opinion Gastronomie la cuisine tourangelle à l’honneur Des siècles après que les rois de France aient choisi la Touraine pour villégiature, le “jardin de la France” jouit toujours d’une réputation gastronomique sans faille. Petit tour d’horizon des bonnes tables qui font vivre la région. Propos recueillis par Caroline Bénard epuis plusieurs années, de nombreux chefs se sont installés à Tours et dans ses environs. « L’offre est très importante, il y a beaucoup de choses différentes proposées par des jeunes plein de talent. Ça me renvoie 15 ans en arrière, le jour où j’ai posé mes valises à Tours » se souvient Hervé Lussault, chef du restaurant Charles Barrier, une étoile au Guide Michelin. Ces nouveaux chefs, souvent à peine trentenaires, ont acquis leur savoir-faire dans de grandes maisons. Pour beaucoup, la Touraine est leur premier port d’attache en tant que propriétaires. D Amateurs de bonne chère Les jeunes chefs ont un point commun : l’envie de travailler des produits du terroir sans que leurs plats ne soient rattrapés par une quelconque tradition culinaire. « L’avantage de la cuisine tourangelle, c’est qu’elle n’est pas enfermée dans des recettes très identifiées. Il y a ici une diversité formidable de produits, j’y prends ce qui m’intéresse, et au gré des saisons je propose une terrine de campagne, un pied de cochon, des asperges blanches » explique Hervé Chardonneau, chef du restaurant le Casse-Cailloux à Tours, récemment récompensé d’un Bib Gourmand. Un point de vue que partage Christophe Roublin, chef du restaurant Le Bout du Monde à Berthenay, deux Toques au Gault et Millau : « Les produits du terroir tourangeau ont leur existence propre, pas besoin de les enfermer dans des carnets de recettes. » Pour ces deux trentenaires, la région vit aussi grâce aux bonnes tables. « Les Tourangeaux sortent beaucoup, bien plus que je ne l’imaginais en ouvrant mon premier restaurant Les Linottes Gourmandes en 2003. Auparavant, j’avais travaillé à Nantes et je sens une nette différence en termes de fréquentation » explique le patron du CasseCailloux. “Je voulais ouvrir un restaurant de poissons” Chez Jean Bardet où il fait ses premières armes, Hervé Chardonneau rencontre Julien Perrodin qui depuis a également fait le choix d’ouvrir un restaurant à Tours. Ce chef de 32 ans au CV bien garni reprend un établissement de la rue du Change et y crée le Barju, il y a un an. Chez Julien Perrodin et son épouse Barbara, point de cuisine régionale traditionnelle. « Après plus de quatre ans passés 22 Touraine ECO n°263 - juin 2010 chez Olivier Roellinger à Cancale, j’avais envie d’ouvrir un restaurant de poissons. C’était un vrai pari pour une première installation en Touraine, parce que ce n’est pas vraiment une spécialité du coin. » Un pari réussi, à en croire le carnet de réservations du Barju. Là où le client est roi La réussite de ces jeunes établissements prouve qu’une carte peu marquée par la tradition régionale est tout à fait capable de séduire. « Pour autant, il ne faut pas oublier que c’est le client qui décide dans ce métier. A mes débuts, j’ai conservé quelques plats de Charles Barrier. Seulement après, j’ai véritablement ajouté mes propres créations, il ne fallait pas brusquer la clientèle » se souvient Hervé Lussault. En maintenant sur sa carte les rillettes et le sandre au beurre blanc chers au grand Charles, le chef s’est peu à peu imposé, notamment grâce à des recettes épurées. Sans oublier quelques fondamentaux : « Parmi tous les plats qui figurent sur notre carte, il y a des incontournables, locaux ou pas. Depuis mes débuts, je propose un onglet de bœuf et un moelleux au chocolat. La carte évolue, mais ça, ça reste parce qu’on nous le demandera toujours ! » Dossier d’opinion Dossier Les Chemins Saint Martin ou le tourisme durable et citoyen Pour célébrer l’héritage de saint Martin, le Centre Culturel Européen Saint Martin de Tours a ouvert ses portes en 2005. Soutenu au niveau local par la Ville de Tours, le Conseil général, la CCI de Touraine, il gère aujourd’hui les Chemins Saint Martin en Europe et ouvre chaque année de nouvelles portions de randon- nées. Quatre chemins sont concernés : le chemin de Szombathely (qui passe en Hongrie, Slovénie, Italie et en France), celui de Saragosse (Espagne et France), de Trèves (Allemagne, Luxembourg et France) et le chemin d’Utrecht (Pays-Bas, Belgique et France). Accessibles à tous, ces chemins permettent d’accueillir une clientèle différente : « Nous assistons à une évolution des mentalités, les gens n’ont pas forcément tous envie de passer leurs vacances au bout du monde. Beaucoup cherchent autre chose. » En novembre 2008, le Centre Culturel Européen Saint Martin de Tours signait une convention avec la Direction du Tourisme dans le but de faire émerger en France un tourisme durable et responsable, axé sur la mise en valeur du patrimoine matériel et immatériel de Saint Martin. Chaque année, 4,5 millions de personnes arrivent à Saint Jacques de Compostelle. 80% d’entre eux pratiquent ces chemins pour des raisons qui ne sont pas spirituelles. Un phénomène qu’explique aisément Antoine Selosse : « Chacun peut décider pour des raisons personnelles d’emprunter des chemins faisant partie des Itinéraires Culturels Européens, comme ceux de Saint Martin. Ce tourisme n’est pas forcément cultuel. » Car les axes de réflexion qui gravitent autour de ces chemins sont multiples : culture, découverte du patrimoine, rencontre, échange, hospitalité, développement durable, agriculture biologique. Des itinéraires dont l’accès et la découverte sont largement facilités par les nouveaux moyens de communication. « La géolocalisation va supplanter le guide papier, je ne m’attendais pas à ce que cela aille si vite, mais ce sont des outils formidables pour nous. Avec des étudiants de l’Université de Bologne, nous allons prochainement poursuivre le tracé du chemin de Szombathely grâce à ce procédé de géolocalisation. » Autre projet porté par le Centre Culturel Européen Saint Martin : la mise en place d’un fonds de dotation. « Par ce biais, nous souhaitons notamment réhabiliter la Tour Charlemagne située en plein cœur de Tours, avec le soutien de la Ville, afin de la rendre accessible au public. » 23 Touraine ECO n°263 - juin 2010 Photo : D.R. n France, 3 700 monuments sont dédiés à Saint Martin, 350 en Hongrie, 8000 en Italie, 500 en Espagne, 220 villes et communes françaises portent son nom et il existe 14 cathédrales Saint Martin en Europe» détaille Antoine Selosse, directeur du Centre Culturel Européen Saint Martin de Tours. Des chiffres qui illustrent l’importance de ce personnage né en 316 en Pannonie, l’actuelle Hongrie, décédé à CandesSaint-Martin et inhumé à Tours le 11 novembre 397. Un homme au destin incroyable qui se convertit au christianisme et devient évêque de Tours en 371. Saint Martin crée le premier monastère occidental à Ligugé, près de Poitiers. « L’image la plus connue de saint Martin est celle où il partage son manteau pour en offrir la moitié à un mendiant qui mourait de froid » ajoute Antoine Selosse. « Aujourd’hui la mondialisation nous amène à prendre conscience que nous sommes tous interdépendants, et qu’il existe une urgence à apprendre à partager l’eau, l’air, les ressources, les cultures, les savoirs, l’accès à la santé, à l’éducation… C’est le Partage citoyen, valeur qui anime le Centre ». “E Photo : D.R. Depuis cinq ans, le Centre Culturel Européen Saint Martin de Tours crée des chemins de randonnée sur les pas de Saint Martin, labellisés par le Conseil de l’Europe. 4500 km de chemins européens pédestres et cyclistes permettront de découvrir le patrimoine de ce personnage historique et faire du tourisme autrement. Tourisme Dossier d’opinion Le Cher pourrait être un formidable outil de développement économique En 2005, la concession de la gestion du Cher aux départements d’Indre-et-Loire et du Loir-et-Cher s’est achevée. L’Etat, propriétaire de la rivière, peine depuis à trouver un repreneur. Le Cher jouit pourtant d’un potentiel économique très important, n’attendant plus que d’être exploité. Photo : Jean-François Souchard / Canoë Company économique et touristique extraordinaire avec une marge de progression évidente » explique Pierre Lestoquoy. Le long des 300 kilomètres de la rivière, des dizaines d’activités touristiques fonctionnent déjà : des hôtelsrestaurants à l’image du Bon Laboureur de Chenonceau, des balades sur le Cher avec Canoë Company ou à vélo avec Détours de Loire, des visites de châteaux, dont le fameux Château de Chenonceau édifié sur le Cher. « Il faut faire davantage encore et proposer plus d’activités, tout le monde est d’accord sur ce sujet. Le potentiel du Cher est au moins sinon plus important que celui de la Loire » ajoute Roger Mahoudeau. Pour être en conformité avec les normes de navigation et de respect de l’environnement, le Syndicat du Cher canalisé prévoit qu’il faudrait investir 11 millions d’euros sur 7 ans, dont 3 millions sont déjà apportés par l’Etat. « Ce n’est pas grand-chose si l’on compare avec les 82 millions dévolus à la Vallée du Lot et où les acteurs locaux ont fait des choses formidables » estime le Président de la CCI de Touraine. Car le plus dur a déjà été fait en son temps. Sur 15 ans, de 1836 à 1841, le Cher a été canalisé sur 62 kilomètres et équipé de barrages à aiguilles et d’écluses, de Saint Aignan (41) à Tours. « Tirer profit du Cher ne coûterait presque rien en termes d’investissements, au contraire cela serait très rapidement * les résultats sont actuellement à l’étude. les développements qui en découleront feront l’objet d’une actualité sur notre site www.touraine-eco.fr 24 Touraine ECO n°263 - juin 2010 rentable » ajoute Roger Mahoudeau. Dans ce dossier, la CCI de Touraine est prête à s’investir. « Nous avons lancé l’idée de créer un port fluvial et de mettre en place de petites péniches pour les touristes. Pour cela, nous pourrions travailler avec le pôle de compétitivité S2E2 et imaginer des bateaux économes en énergie, pourquoi pas équipés de piles à combustibles ? » De son côté, le Syndicat du Cher Canalisé aimerait développer des gîtes fluviaux : « Le premier site pourrait se trouver au niveau de l’écluse de La Croix-Bléré. En 2011, 31 lits seront prêts à accueillir les touristes. » Des idées, le Syndicat du Cher canalisé n’en manque pas : « Nous aimerions créer un sentier d’interprétation à Nitray. Il permettrait de découvrir l’histoire des lieux, la faune et la flore. Un autre projet nous tient à cœur, celui d’une liaison cyclable entre Tours et Chenonceau le long du Cher, qui pourrait s’appeler Cher à Vélo » détaille Pierre Lestoquoy. Une dimension où le développement est aussi économique que durable. « Nous devons absolument le remettre en route, car le Cher est un héritage ! » conclut le Président de la CCI de Touraine. Photo : Jean-François Souchard / Canoë Company l y a 7 ans, une loi prévoyant le transfert de propriété des cours d’eau non utilisés pour la navigation commerciale aux collectivités locales était promulguée. Pourtant depuis, c’est le statu quo. « Il est étonnant de voir qu’il y a un consensus de tous les acteurs autour du Cher et de son potentiel et que pour autant la situation ne se débloque pas » constate Roger Mahoudeau, président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Touraine. Ce cours d’eau, il le connait très bien. « J’ai grandi à Larçay, la rivière y était très présente. Je me souviens d’une guinguette à SaintAvertin, et des nombreux bateaux qui naviguaient. Plus rien de tout ça n’existe aujourd’hui. » « Tant que la question du transfert de domanialité ne sera pas réglée, rien ne pourra réellement voir le jour » prévient Pierre Lestoquoy, président du Syndicat du Cher canalisé. Une étude* portant sur le potentiel du Cher a été récemment lancée par l’Etablissement Public Loire, dont certains espèrent qu’il pourrait incarner ce repreneur tant espéré. « Nous attendons d’avoir accès aux conclusions de l’EPL, même si nous savons déjà que le Cher a un potentiel I Dossier d’opinion Destination Anjou est une démarche de qualité qui peut se décliner à la Touraine Destination Anjou, lancée par la CCI du Maine-et-Loire, pourrait voir le jour en Touraine. De quoi s’agit-il ? Cela pourrait s’appeler Destination Anjou-Touraine, pour signifier le fait que nous marchons main dans la main avec la CCI du Maine-et-Loire. Destination Anjou est une charte qualité qui fédère déjà 90 professionnels du tourisme depuis sa création en 1997. Le principe consiste à faire travailler en réseau des hôtels, des restaurants et des sites touristiques. Il s’agit d’une démarche collective et volontaire à statut associatif impulsée par la CCI du Maine-et-Loire. Destination Anjou structure l’offre touristique et s’inscrit dans une démarche qualité. Nous sommes très intéressés par cette charte, parce que nous croyons aux vertus de la mise en réseau. La communauté Ecobiz témoigne de cette volonté de la CCI de Touraine et nous pensons pouvoir aller encore plus loin en reprenant le principe de Destination Anjou. Qu’est-ce qu’une déclinaison de Destination Anjou apportera à la Touraine et à ses professionnels ? Aujourd’hui, il est difficile, voire impossible pour le client d’avoir une offre globale sur une destination touristique qui doit s’affranchir des limites administratives pour répondre à la demande du marché. Les clients ont besoin de repères et d’accompagnement. Grâce à Destination Anjou, la CCI du Maine-et-Loire fédère de nombreux acteurs touristiques autour de ce projet, tels que Angers Loire Aéroport, Montgolfières d’Anjou ou encore Angers Expo Congrès. Avec cette démarche, nous disposerons d’un Photo : D.R. Eric Pasquier, Vice-président de la CCI de Touraine en charge du tourisme. Eric Pasquier, Vice-président de la CCI de Touraine en charge du tourisme. référentiel précis de l’offre touristique du secteur concerné. En rejoignant la CCI du Maine-et-Loire, nous faisons d’une pierre deux coups : nous clarifions notre offre et nous profitons du recul de nos voisins angevins sur cette opération qui fonctionne très bien. C’est une chance pour nous de pouvoir travailler ensemble, parce qu’à deux nous serons évidemment plus forts. Zoom sur la communauté Ecobiz Tourisme Cette communauté regroupe plus de 50 entreprises du secteur du tourisme en Touraine et travaille sur des thèmes tels que la mutualisation des moyens. « On peut par exemple imaginer que trois ou quatre établissements touristiques se «partagent» un commercial. Cela coûterait moins cher aux entreprises et favoriserait un maillage entre elles » explique Eric Pasquier. Autre point important pour cette communauté : reconquérir le tourisme d’affaires, qui représente à lui seul 50% des nuitées à Tours. L’objectif est de mobiliser les professionnels autour de ce sujet pour faire en sorte qu’une personne en déplacement d’affaire dans la région ait le réflexe d’y revenir pour passer quelques jours de vacances. La communauté Ecobiz Tourisme travaille également beaucoup autour de l’oenotourisme. Régulièrement, elle organise des groupes de travail sur le label Vignobles et Découvertes destiné à valoriser les producteurs qui font découvrir l’œnologie aux consommateurs. 25 Touraine ECO n°263 - juin 2010 Dossier d’opinion Cadre bâti l’accessibilité des handicapés se concrétise La loi du 11 février 2005 pour l’égalité des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées a instauré l’obligation de l’accessibilité de tous les bâtiments, pour tous. Cette loi impose qu’au plus tard au 1er janvier 2015, les établissements recevant du public existants (ERP*) répondent aux exigences de l’accessibilité. epuis le 1 er juillet 2007, tous les permis de construire doivent respecter les règles d’accessibilité. Repérage, atteinte et usage sont les triptyques de la nouvelle loi. En clair, la réglementation n’est pas organisée autour des besoins de tel ou tel handicap mais s’oriente vers une vision plus large de l’usage, du confort et de la qualité destinée à tous. Aujourd’hui, une partie des professionnels se mobilisent autour de ce sujet. A Tours, l’hôtel Ronsard a conçu une chambre accessible aux personnes atteintes de handicap moteur. « Quand nous avons acheté l’établissement en 2008, il y avait de gros travaux à réaliser. Nous avons contacté un architecte pour faire établir un permis de construire et lancer le projet de cette chambre » explique JeanNoël Savary, propriétaire de l’hôtel. Une chambre équipée de portes plus larges, avec de grands dégagements de part et d’autre du lit. C’est dans la salle de bains que les aménagements sont les plus nombreux : douche à l’italienne, siège et barres de maintien intégrés, cuvette de WC adaptée. Cette chambre, qui permet d’accueillir deux personnes, a déjà été occupée à plusieurs occasions. La mise en conformité risque cependant de poser problèmes pour certains lieux publics. Pour des raisons techniques, de conservation du patrimoine ou à cause d’un coût excessif des travaux par rapport à l’activité, tous les travaux ne seront pas réalisa- D bles. Au Château d’Amboise, on étudie la question depuis trois ans. « La première étape a consisté à faciliter le franchissement des marches du château et à créer des rampes d’accès pour les handicapés moteurs. Leur accès au rezde-chaussée et au 1er étage est donc possible » explique Marc Métay, Directeur-Adjoint du site. « Nous ne pourrons pas tout faire : certains endroits ne pourront pas être aménagés. Nous devons respecter le bâtiment classé monument historique. » Afin de rendre le site le plus accessible possible au plus grand nombre, le château a également développé le principe de visites guidées à destination des personnes malentendantes et malvoyantes. Plusieurs structures et associations spécialisées sur la question de l’accessibilité peuvent venir en aide aux professionnels. La DDT* a par exemple un rôle de conseil en amont de tous projets, elle instruit également les projets faisant l’objet d’une déclaration administrative : permis de construire, 26 Touraine ECO n°263 - juin 2010 permis d’aménager, déclaration préalable comportant un dossier spécial accessibilité… Elle assure de même la vérification des travaux réalisés et leur conformité au projet. Le Conseil général, via son Service Tourisme, peut également répondre aux questions liées à l’accessibilité. Il gère le label Tourisme et Handicap, créé en 2001 par le Ministère du Tourisme. « Il s’agit d’une démarche volontaire de la part des professionnels. Ceux qui nous contactent pour l’obtention du label ont souvent déjà entrepris des travaux. Le label permet dans certains cas de bénéficier de subventions, afin d’améliorer encore les choses » explique Hélène Pagnard, chargée de développement touristique au Conseil général d’Indre-et-Loire. Enfin, le conseil est également l’une des missions des architectes, et particulièrement dans ce domaine : l’Ordre des Architectes organise régulièrement des réunions d’information au sujet de l’accessibilité. * Les ERP représentent tous les bâtiments recevant du public assis, debout, et classifiés en fonction du nombre de personnes. Ainsi, les établissements ayant la plus petite capacité sont classés en 5e catégorie, les plus grands en 1ère. * Direction Départementale des Territoires (ex DDE : Direction Départementale des Equipements) www.architectes.org 3 questions à Olivier Blanc, président des Logis de Touraine et propriétaire de l’hôtel-restaurant Le Puits Doré à Richelieu. Photo : D.R. Dossier d’opinion Olivier Blanc, Président des Logis de Touraine Qu’est-ce que Les Logis de Touraine ? Logis de Touraine est une émanation départementale de la Fédération Internationale des Logis (ancienn e m e n t Logis de France depuis l’intégration d’hôtels situés au Luxembourg, en Belgique, Allemagne, Italie et bientôt au Pays-Bas et en Espagne). Il s’agit d’une charte volontaire à statut associatif. En Indre-et-Loire, 38 établissements d’hôtellerie-restauration sont référencés sous cette marque en 2010. La Fédération Internationale des Logis regroupe plus de 3 0 0 0 établissements. Site internet : touraine.logishotels.com Vous venez de prendre la présidence des Logis de Touraine pour trois ans. Quelles sont les missions de ce poste ? En tant que président des Logis de Touraine, je suis le relais entre la Fédération Internationale et tous les établissements faisant partie de l’association départementale. J’ai pour mission de leur donner toutes les informations pratiques, notamment l’évolution des cotisations, et de les informer sur tous les projets que la Fédération souhaite mettre en place. Mon rôle consiste également à dynamiser l’image de la marque des Logis. C’est également la mission des adhérents : valoriser ce label, à travers leur savoir-faire. La CCi Touraine nous accompagne dans l’animation du groupement. Quels sont vos projets au cours de ce mandat ? J’aimerais que lorsqu’on parle d’hébergement en Touraine, on pense immédiatement aux Logis, que cela devienne une évidence. L a d i ve r s i t é d e n o t r e o f f r e e s t t r è s grande, nous proposons de nombreuses catégories pour tous. De plus, nous envisageons de remettre en place le concours des apprentis, laissé de côté depuis quelques années. Il s’agit d’une opération entre le Centre de Formation des Apprentis (CFA) de la Ville de Tours et les Logis de Touraine pour promouvoir le travail de ces jeunes et susciter chez eux l’envie de nous rejoindre, une fois devenus professionnels. 27 Touraine ECO n°263 - juin 2010 Portraits “Je n’aurais sans doute rien entrepris sans l’impulsion des ouvriers” ans les ateliers, les lasers découpent des composants de portes pour le métro de Londres. Tandis que les machines continuent leur chorégraphie, nous rejoignons Frédéric Le Bret dans son bureau. A 53 ans, le Président de CETIL revient sur son parcours, 30 ans après avoir relancé l’activité de cette entreprise de tôlerie et de chaudronnerie implantée à Montbazon. Après un baccalauréat de technicien en mécanique obtenu à Tours en 1976, Frédéric Le Bret part suivre une formation à l’Ecole d’enseignement technique Michelin de Clermont-Ferrand. De retour au pays, le jeune diplômé entre ensuite chez Atémétal, sur l’un des ateliers de métallurgie situé à St-Pierre-des-Corps. Il se spécialise dans la tôlerie et la chaudronnerie mais un an après son arrivée l’entreprise est mise en liquidation judiciaire. Face à la situation, armé de la « fougue de ses 23 ans » et associé à deux collègues, Frédéric Le Bret décide de prendre les choses en main : « Nous sommes allés à la rencontre des entreprises régionales de la métallurgie pour présenter notre savoir-faire et trouver un repreneur ». En vain. Un mois plus tard, les ouvriers émettent une suggestion qui va changer la donne : pourquoi ne pas reprendre l’entreprise ? « Un projet exaltant qui semblait viable. Associés aux salariés, nous avons monté une Société Coopérative Ouvrière de Production. Les primes de licenciements y sont passées et l’activité a redémarré avec 19 personnes sur le site de Chambray. Nous n’aurions sans doute rien entrepris sans l’impulsion des ouvriers, reconnaît Frédéric Le Bret. Le « métallo » est grogneur mais il défend sa boîte avec courage. » Frédéric Le Bret, président de CETIL Photo : D.R. D Devenue CETIL en 1980, l’entreprise prend un nouvel élan en s’appuyant sur ses clients historiques comme Faiveley Transport, Fenwick-Linde et Getinge-La Calhene. Elle développe son offre de sous-traitance, investit dans des machines de haute précision et met en place une démarche d'Assurance Qualité. Après avoir occupé différents postes, Frédéric Le Bret en est le président depuis plus de dix ans. Installée à Montbazon depuis 2002, CETIL compte aujourd’hui 42 salariés et dispose de 4000 m² d’ateliers. Ferroviaire, aéronautique, manutention, médical et pharmaceutique… L’entreprise est présente dans de nombreux secteurs et entend par ailleurs étendre la commercialisation d’une station de potabilisation. Présentée comme simple, robuste et fiable, celle-ci est destinée aux chantiers de construction isolés, à l’hydraulique villageoise ou aux ONG pour des missions sanitaires : « Cette diversification vient de notre premier métier de chaudronnier et il est vraiment proche des préoccupations actuelles » se réjouit le Président. RD l paraît que les cordonniers sont les plus mal chaussés. En arrivant devant les bureaux de David Tréfous, on s’aperçoit que le proverbe ne tient pas pour le façadier : la devanture est très réussie. Installée depuis octobre 2009 dans la zone de La Bouchardière à Monts, l’entreprise a quitté les locaux d’Azay-le-Rideau pour 1000 m² d’atelier et de bureaux. Et comme on n’est jamais mieux servi que par soi-même, David et son équipe ont réalisé une grande partie du bâtiment. I C’est évident, David Tréfous a le virus du self made man dans le sang : « J’ai grandi avec un père gérant d’entreprise, dans une autre activité que la mienne. Il était investi à 100%. » Après l’obtention d’un BTS enveloppe du bâtiment, David est embauché au sein du groupe Goyer, une grosse entreprise de fenêtres et façades en aluminium et PVC. « J’y apprend beaucoup en exerçant toutes les étapes du métier. » Même si David Tréfous se plaît chez Goyer, il se pose tout de même la question : pourquoi ne pas faire soi-même ? Il se jette alors à l’eau. En 2006, il rachète une petite entreprise artisanale à Azay-le-Rideau : le dirigeant partait à la retraite et l’entreprise possédait le matériel nécessaire pour commencer. David prospecte et commence ses premières affaires avec le cabinet ABM, « des architectes qui m’ont bien aidé à démarrer. » Ensuite, les chantiers s’enchaîDavid Tréfous, gérant de SARL Tréfous nent. David Tréfous confie se donner beaucoup et avoir à ses côtés une bonne équipe. L’entreprise compte 17 personnes, dont deux apprentis. Récemment, l’épouse de David a rejoint l’entreprise pour s’occuper de la comptabilité et de la partie sociale de la société : « elle aussi s’investit pleinement. » Et quand on lui demande de nous citer des chantiers dont il est fier, il répond : « chaque chantier est unique, on se donne de la même façon. » Aujourd’hui, même s’il a du travail, David Tréfous dit se battre encore plus pour décrocher des contrats. Il répond à des marchés publics et privés et continue de croire à la qualité et au sérieux des ouvrages réalisés. Sur l’avenir, il reste cependant prudent et s’inquiète de la baisse des prix dans le bâtiment. ASJ 28 Touraine ECO n°263 - juin 2010 Photo : D.R. “J’ai une bonne équipe et on se donne à fond” Retour sur... La pesée économique 2010 Dans la perspective des prochaines élections consulaires, l’Observatoire Economique de Touraine a réalisé une étude sur le poids des différentes catégories d’entreprises en Indre et Loire. Propos recueillis par Caroline Bénard chaque pesée, les secteurs de l’industrie, du commerce et des services sont passés à la loupe, par sous-catégories. En comparant les chiffres récemment obtenus par l’Observatoire économique de Touraine à ceux de la dernière pesée réalisée en 2004, la tendance économique sur la répartition des entreprises tourangelles apparaît très nettement. Ainsi, sur une période de 6 ans, l’industrie (dont la construction) gagne 1 180 salariés dans la catégorie des entreprises de moins de 10 salariés. Néanmoins, pour les structures de 10 à 49 salariés et de 50 salariés et plus, la tendance est à la baisse : la première catégorie a perdu 542 salariés, la seconde 3 171. Des chiffres à modérer car une perte de la masse salariale n’est pas obligatoirement synonyme de fermeture d’entreprises, comme en témoignent ces données : en 2004, l’Indre-et-Loire recensait 601 structures de 10 à 49 salariés ; en 2010, la pesée économique a permis d’en dénombrer 625, soit 24 nouvelles entreprises créées. Le secteur de l’industrie, toutes catégories confondues, a ainsi vu 691 entreprises se lancer pendant la période 2004-2010. A « Cette pesée traduit un renforcement des places d’Orléans et de Tours qui représentent 52% de l’économie de la région. De bons chiffres qu’il faut toutefois nuancer, car la crise frappe durement le secteur industriel. Avec cette onde de choc subie par l’industrie et la véritable montée en puissance des services, le paysage économique est en train de profondément changer. Cela peut être dangereux » souligne Gérard Bouyer, Vice-Président de la CCI de Touraine en charge de l’Industrie. Dans la lignée des chiffres nationaux, le département d’Indre-et-Loire poursuit sa désindustrialisation, et ce malgré plusieurs créations d’entreprises depuis six ans : « Il faudrait une véritable politique de renforcement, de protection et d’encouragement des PME industrielles françaises » estime le Vice-Président Bouyer. Un secteur cependant tire son épingle du jeu, celui des services. Le nombre de salariés y est éloquent : depuis 2004, 12 981 emplois ont été créés. 2 135 structures ont vu le jour en Indre-etLoire en six ans. En 2006, 46% des entreprises créées l’étaient dans le 30 Touraine ECO n°263 - juin 2010 secteur des services, contre 50% en 2007 et 54% en 2008. En 2009, sous l’effet du statut d’auto-entrepreneur, ce chiffre est redescendu à 49%. Le commerce est quant à lui en bonne progression dans le département : cette année, le nombre d’établissements de ce secteur s’élève à 6 877 contre 6 644 en 2004, soit 233 nouveaux commerces. En termes de salariés, le domaine du commerce emploie 3 002 personnes supplémentaires. Dans cette hausse du nombre de structures et d’effectifs, ce sont les entreprises de moins de 10 salariés qui illustrent le mieux la situation : en 2010, elles sont 152 de plus qu’en 2004. Deux points majeurs se dégagent ainsi de cette pesée économique 2010 : le renforcement du poids des petites unités en nombre, ainsi que la place de plus en plus importante occupée par les services.