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N°263 - juin 2010
LE MAGAZINE DE LA CCI TOURAINE
www.touraine-eco.fr
p.22
Dossier
Tourisme :
les atouts de la Touraine
p.12 Economie : ces leviers qui redonnent du souffle aux entreprises
Touraine ECO n° 263
Sommaire
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Edito ................................................................................................ page 5
La parole à
Entreprises citées (Pages) :
Mécachrome (12) – Caisse des Dépôts (13) – Outiror (14) – Sisi (14)
Direct Delat (14) – Oyé Oyé (14) - Motorola (16) – Ibwave (16)
Renault (16) – Heliocar (16) – Apple France (18) – Airbus (18)
SNCF (18) – Dassault Systèmes (18) – Rhône-Poulenc (18) – Rhodia (18)
RCM Consulting (18) – CBE (18) – Charles Jourdan (18) – France
Télécom (19) – Caisse d’Epargne (19) – Citya (19) – Le Thélème (19)
l’Escadrille (19) – Le Fuxia (19) – Touraine Compo (19) – Munch &
Polge (20) – Deceunink (20) – Charles Barrier (22) – Le CasseCailloux (22) – Le Bout du Monde (22) – Les Linottes Gourmandes
(22) – Le Barju (22) – Le Bon Laboureur (24) – Altémétal (28)
Faiveley Transport (28) Fenwick-Linde (28) – Getinge-la-Calhene (28)
Goyer (28)
Annonceurs (Pages) :
Renault (2) • La Centrale Immobilière (2) • Novasun (4) • GCI (4)
• Le Thélème (4) • Planet'Office (4) • La Poste (7) • IEL (7) • AJ Copieurs
(8) • Millet (8) • Arpec Touraine (8) • Pierre & Terre (10) • Brosset
Immobilier (10) • Sarl Lejeau Motoculture (10) • Armony’s (17) •
EDF Enteprises (17) • MJ 80 (17) • Domaine de Beauvois (17) •
CIC (21) • Quatro Développement (21) • La Poste (29) • Lejeau
Vert Loisirs (31) • Crédit Agricole Touraine Poitou (31) •
Automobiles Chassay (32)
Magazine édité par la CCI Touraine
BP 41028 – 37010 TOURS CEDEX 1
Tél. : 02 47 47 20 00 - Fax : 02 47 47 20 64
N°ISSN : 16379837 • 4 numéros par
an – Ce numéro a été tiré à 19 000
exemplaires • Président du comité
de rédaction : Bernard Estivin •
Directeur de la publication :
Pascal Rivet • Directeur de la
r é d a c tion : Isabelle Decour t • Contact : 02 47 47 20 15 [email protected] • Rédaction : Agence Kogito •
Conseillers techniques : Philippe Carlier, Frédéric Bris,
Bénédicte Gozillon, Ségolène Couprie, Alain Griffon, Michel
Chambert, Michel Weiss.
Eric Jaillais : Prix bas, la FFB tire la sonnette d’alarme ........ page 6
Tout savoir sur la réforme de la taxe professsionelle.............. page 9
Joël Fily, Préfet d’Indre-et-Loire.......................................................... page 11
Dossier
Economie :
Ces leviers qui redonnent du souffle aux entreprises .......... page 12
Dossier d’opinion
Tourisme :
Les atouts de la Touraine .......................................................... page 22
Portraits
A l’affiche ce mois-ci :
Magnitude International.............................................................. page 16
Ital Auto 37 .................................................................................... page 16
Articque .......................................................................................... page 18
Belloe ............................................................................................ page 18
IDEO Design Global .................................................................... page 19
Isabelle Chéruel .......................................................................... page 19
Jean-Marc Coudignac ................................................................ page 20
Munch&Foucher .......................................................................... page 20
CETIL ............................................................................................ page 28
David Tréfous................................................................................ page 28
Retour sur
La pesée économique 2010 .......................................................... page 30
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3 Touraine ECO n°263 - juin 2010
Photo : T.GERMAIN
Edito
L’Indre-et-Loire
dans les perspectives
économiques 2010
Roger Mahoudeau,
Président de la CCI de Touraine
Si l’année 2009 s’est mieux terminée qu’elle n’avait
commencé, la reprise économique est encore
timide. Les chiffres sont là pour l’illustrer.
La Touraine n’a pas échappé à la crise
amorcée en 2008. Tous les secteurs ont été
touchés, et le marché de l’emploi s’est également dégradé, même si l’Indre-et-Loire a subi
une perte d’emplois salariés moins forte que
dans le reste de la région. Selon l’Urssaf, 4600
emplois ont été détruits entre septembre 2008
et septembre 2009 dans le département, soit
une baisse de 2,2%. Un taux moins élevé que
le niveau national qui se situe à -2,8%.
Il faut également souligner que, malgré les
difficultés rencontrées par les entreprises, le
tissu industriel tourangeau n’a pas souffert de
grandes fermetures ni de délocalisations. C’est
pourquoi nous pouvons nous féliciter d’une
reprise des marchés qui s’est fait sentir sans
délais. Interrogés fin décembre 2009, les industriels tourangeaux prévoient d’ailleurs une
légère hausse de la production.
Dans notre département, la reprise des exportations s’est amorcée au troisième trimestre. Au
niveau national, l’augmentation s’est élevée à
4,1%. Un chiffre encourageant que nous partageons aussi en Indre-et-Loire. Face à la crise,
certains secteurs ont bien résisté, à l’image de
l’industrie pharmaceutique et des services. Dans
la construction, si les prévisions nationales
indiquent la poursuite de la baisse de l’activité
dans le bâtiment au 1 er semestre 2010, l’Indreet-Loire se démarque en affichant un bel espoir
de reprise en 2010.
Face à ces chiffres, il y a tout lieu de se
montrer optimistes car la Touraine se porte
beaucoup mieux que d’autres. C’est pourquoi
chacun doit poursuivre ses efforts, quel que
soit son secteur d’activité.
Croire en l’avenir et retrousser encore et
toujours nos manches, telle est la recette
gagnante pour 2010.
5 Touraine ECO n°263 - juin 2010
La parole à
Prix bas
la FFB
tire la sonnette d’alarme
Economie
Le 8 avril, la Fédération Française du Bâtiment et son président
Eric Jaillais étaient reçus en Préfecture d’Indre-et-Loire pour évoquer les
prix à la baisse dans le secteur de la construction.
n 2009, le volume du marché de
la construction s’est rétracté de 7,5%. Il est temps de réagir » alerte Eric
Jaillais, président de la Fédération
Française 37 du Bâtiment. Face à la crise
et aux tensions du marché, le syndicat
professionnel a adressé une lettre au
Préfet d’Indre-et-Loire afin de lui faire
part de son inquiétude. « Notre souci
actuellement, ce sont les appels d’offres
publics. Beaucoup de décideurs font le
choix de conclure des marchés avec des
entreprises qui cassent les prix. Ce
procédé est très risqué et va à l’encontre
du code des marchés publics. » Un code
qui prévoit notamment que les maîtres
d’ouvrages détectent les offres très
basses ou, à l’inverse, beaucoup trop
élevées. Cette profession a pour obligation de demander des compléments
d’information en cas de prix apparemment anormaux. « Le problème, c’est que
tout le monde ne joue pas le jeu. En
travaillant avec une entreprise défaillante,
nous courons le risque de nous retrouver
avec des chantiers stoppés net en cours
de construction, des entreprises qui ne sont
pas payées, des délais non respectés. Tout
cela est très mauvais pour le maintien du
tissu économique, d’autant que certaines
entreprises baissent aujourd’hui les prix
de 30 à 40%. »
Sensible au courrier du Président de
la Fédération, le Préfet Joël Fily a donc
reçu le 8 avril dernier en préfecture la
FFB 37, la CCI de Touraine, la CAPEB,
“E
l’Urssaf, la Banque de France,
la Direction Départementale
du Travail, de l’Emploi et de
la Formation Professionnelle
(DDTEFP) et le Trésorier
Général Payeur. Suite à cette
réunion, le Préfet d’Indreet-Loire a pris une circulaire
demandant à tous les
maîtres d’ouvrages publics
de détecter les offres trop
basses et d’attribuer les
marchés à celles proposant Eric Jaillais, Président de la FFB 37
des tarifs corrects. Selon
En 2009, les délais de paiement des
Gérard Bouyer, Vice-Président de la CCI
entreprises vers les fournisseurs ont été
de Touraine en charge de l’Industrie,
réduits, selon la loi de modernisation
«il faut aider les petites communes à
de l’économie (LME) votée le 4 août
mieux analyser les offres qu’on leur fait
2008. « Par voie de conséquence, les entrepour qu’elles puissent opérer le bon
prises du bâtiment ont eu à financer 8
choix, sans forcément aller au moins
jours de trésorerie supplémentaire, ce
cher. » En termes d’outils, ces dernières
qui est énorme pour elles » explique Eric
peuvent faire appel à l’Association des
Jaillais. « Tout cela fragilise encore un
Maires de France qui dispose d’un
secteur qui l’était déjà » ajoute Gérard
service juridique compétent sur ces
Bouyer. « La crise de 2008 n’a pas eu de
questions. « Le Préfet a été très attentif
répercussions immédiates sur les entreà notre action. Il va maintenant falloir
prises. Les chantiers se sont poursuivis
que cette circulaire soit suivie d’effets.
l’année suivante. Maintenant, ils s’achèDans ce but, nous allons mener une
vent et pour 2011, les commandes sont
campagne auprès de nos contacts et de
au plus bas. Cet effet de vague, cumulé
chaque maître d’ouvrage. Nous envisaaux réponses anormalement basses
geons de travailler à la rédaction d’une
faites aux appels d’offres, va profondéconvention de bonnes pratiques, au sein
ment modifier le paysage industriel si
du Club Qualité Construction. »
on ne fait rien » prévient le ViceOutre la question des appels d’offres,
Président de la CCI en charge de
plusieurs facteurs viennent encore
l’Industrie.
aggraver la situation du bâtiment.
6 Touraine ECO n°263 - juin 2010
Photo : D.R.
Propos recueillis par Caroline Bénard
Billet d’humeur
Tout savoir
sur la réforme
de la taxe professionnelle
Fiscalité
Depuis le 1er janvier 2010, la taxe professionnelle (TP) n’est plus. Elle est
remplacée par la contribution économique territoriale (CET). Explications.
Anne-Sophie Jacques
article 2 de la loi de finances de
2010 met fin – enfin, diront
certains – à la taxe professionnelle.
Les entreprises y étaient soumises
depuis sa création, en 1975. Elle fut
souvent dénoncée comme étant
une lourde charge pour les entreprises car elle taxait l’investissement des sociétés et les salaires
versés… en somme, c’était une taxe
sur le développement des entreprises. Même François Mitterrand,
en son temps, avait qualifié l’impôt
d’imbécile. En 35 ans, elle connût
pourtant 53 réformes. L’une d’elle,
en 2000, supprimait la part assise
sur les salaires. Mais la TP n’en
demeurait pas moins un poids pour
les sociétés, et notamment celles
qui embauchaient beaucoup de
main d’œuvre. En début d’année, la
taxe a été supprimée. Lui succède
aujourd’hui la contribution économique territoriale, la CET.
La contribution économique territoriale est composée de deux
par ties : d’une par t, la cotisation
foncière des entreprises (CFE), qui
correspond à la par t foncière de
l’ancienne taxe professionnelle. Elle
se calcule sur la valeur locative des
biens soumis à la taxe foncière.
Ainsi, les investissements (équipements, biens mobiliers) ne sont plus
imposés. Son taux est déterminé
par les communes ou les EPCI.
L’
Les entreprises implantées dans
une zone de recherche et de
développement (pôles de compétitivité) ou les sociétés qui se situent
sur une zone aménagée ou encore
qui disposent d’éoliennes terrestres,
d’installations photovoltaïques ou
hydrauliques de 100 kW minimum
de puissance installée peuvent
demander à être exonérées. Seconde
partie de la CET : la cotisation sur la
valeur ajoutée des entreprises (CVAE).
Toute entreprise réalisant un chiffre
d’affaires de plus de 152 000 euros
doit faire une déclaration mais
seules celles qui réalisent plus de
500 000 euros de chiffres d’affaires
en sont redevables. Précision : la CET
est plafonnée à 3 % de la valeur
ajoutée.
Avec cette nouvelle contribution donc,
les charges fiscales des entreprises
vont être réduites de 12,3 milliards
d’euros cette année et de 6,3 milliards
d’euros l’an prochain. Tous les secteurs
d’activités sont gagnants, que ce
soient l’industrie, les transports, les
services, le BTP ou le commerce, lequel
voit ses charges fiscales diminuer de
22%. Les activités financières et
l’énergie sont les seuls secteurs moins
concernés par cette réduction de
charges, sachant qu’ils étaient jusqu’à
présent très peu taxés. Enfin, la
suppression de la TP est surtout
favorable pour les TPE et PME.
Restent les collectivités territoriales
qui se sont inquiétées de la disparition de la TP : cette dernière représentait en effet la moitié de leurs
recettes fiscales. Pour l’année 2010,
afin de ne pas mettre en difficulté
leur budget, la perte de la TP sera
compensée à l’euro près par la CFE
et la CVAE auxquelles l’Etat ajoutera
des transferts d’impôt et des
dotations. A terme, les taxes pèseront
sur les ménages et les entreprises
(taxe d’habitation, taxe foncière sur
le bâti, sur le non bâti, etc.) et seront
affectées différement entre les
collectivités. De même, l’Etat leur
reversera 100% de la CVAE dont
26,5% aux Communes et EPCI,
48,5% au Département et le reste,
25%, aux Régions.
Retrouvez la video à ce sujet de
Serge Babary, 1er Vice Président
Délégué de la CCIT sur notre site
www.touraine-eco.fr
9 Touraine ECO n°263 - juin 2010
Billet d’humeur
Interview :
Joël Fily
Depuis le 1er janvier 2010, l'administration territoriale de l'Etat a mis en
œuvre des politiques publiques
confiées aux préfets de départements
et leur pilotage attribué aux préfets
de région. Pouvez vous nous expliquer les avantages de cette nouvelle
organisation pour notre territoire ?
Depuis le 1er janvier, les services de l'Etat
dans le département et la région se sont
recentrés autour de quelques directions
pour un meilleur service au public (3 dans
le département, 8 au niveau régional).
Dans le département, ces directions
interministérielles forment un Etat major
auprès du préfet, chargé de la mise en
œuvre des politiques publiques et des
missions régaliennes, tout comme le CAR
(Comité d'administration régionale)
réunit préfets et directeurs régionaux
autour du préfet de région.
Ainsi, le préfet de département, avec son
état major, met en œuvre des politiques
publiques de manière transversale,
globale et au-delà des tuyaux d'orgue
ministériels. C'est autour du préfet que
le plan de relance a pu être mis en œuvre
et qu'un suivi régulier des entreprises et
de leurs financements est assuré. De
même c'est autour du préfet qu'un plan
global de croissance verte peut être
aujourd'hui défini, en s'appuyant sur les
diverses compétences des services de
l'Etat et des acteurs économiques du
département.
Qu'en est-il du rôle
des Sous-Préfectures ?
Les Sous-Préfectures sont confortées
dans leur mission de conseil et de
développement local, avec des sous-
préfets au plus près des élus et des forces
vives pour apporter conseil juridique,
mais surtout conseil et appui dans le
développement économique et l'appui
aux projets de territoire.
Les missions traditionnelles d'accueil du
public et de service au public (renseignements, CNI, passeports, cartes grises) sont
ou vont être progressivement recentrées
en Préfecture, modernisées, automatisées et mieux sécurisées, tout en étant
largement confiées aux services de
proximité que constituent les mairies
(passeports, bientôt les CNI) ou les
professionnels (cartes grises) mais aussi
les chambres consulaires.
Trois directions interministérielles
ont été créées, quelles sont-elles ?
Quelles sont leurs missions ?
La Direction départementale des territoires succède à la DDE et à la DDAF pour
mettre en œuvre les politiques d'aménagement, de l'agriculture et de développement durable et poursuivre sa mission
d'instruction des actes d'urbanisme.
La Direction départementale de la
protection de la population succède à
la DDSV et à la DDCCRF pour mettre en
œuvre les politiques de protection de la
population, de la prévention et de la
gestion des risques dans les domaines
économiques, alimentaires, sanitaires
et environnementaux.
La Direction départementale de la
cohésion sociale succède à la DDASS
(pour sa partie sociale) et à la DDJS pour
mettre en œuvre les politiques sociales
et celles en faveur de la jeunesse et des
sports, de la vie associative, de l'éducation populaire, de la politique de la ville
et du droit des femmes.
Photo : D.R.
Préfet d’Indre-et-Loire
Joël Fily, Préfet d’Indre-et-Loire
Les missions sanitaires et de santé
publique sont exercées par l'Agence
régionale de la santé, au travers de sa
Délégation territoriale.
D'autres regroupements des services de
l'Etat intéressent les entreprises : la
direction départementale des finances
publiques issue de la trésorerie générale
et de la direction des services fiscaux ou
l'unité territoriale DIRECCTE issue de la
direction du travail et de la DRIRE.
Les économies engendrées
sont significatives. Pouvez-vous
nous les décrire ?
C'est d'abord une économie de temps
pour les usagers ou partenaires de
l'administration. C'est la fin des chevauchements et des doublons au sein des
services de l'Etat, mais aussi un regroupement des agents sur des sites immobiliers rénovés et mis aux normes du
Grenelle de l'environnement. La logique
essentielle de cette réforme est la performance sur le long terme et la lisibilité.
11 Touraine ECO n°263 - juin 2010
Dossier
Economie
Ces leviers qui redonnent
du souffle aux entreprises
Rédaction par Anne-Sophie Jacques
2010, l’année des fonds propres
Besoin d’argent frais ou de renforcer les structures financières ? Et si les entreprises
augmentaient leurs fonds propres en ouvrant leur capital ? L’initiative est peu usitée
en raison de freins psychologiques encore tangibles. Les choses risquent de changer
avec le succès du Fonds Stratégique d’Investissement qui lève le voile sur cette solution
pleine de bon sens.
Le FSI : une réponse aux
besoins en fonds propres
« Les entreprises françaises ont besoin
d’investisseurs stables, (…) elles ont
besoin d’investisseurs intéressés à ce que
l’entreprise vaudra dans cinq ans ou
dans dix ans et pas simplement dans
deux mois. » Lors de son discours
prononcé à Montrichard fin 2008,
Nicolas Sarkozy apportait une
réponse concrète aux besoins en
fonds propres des entreprises en
annonçant la création du Fonds
Stratégique d’Investissement (FSI).
Le FSI s’adresse aux entreprises
porteuses de croissance et de compétitivité pour l’économie française. Il
entre en minoritaire dans le capital
des entreprises, les accompagne dans
le moyen-long terme et prépare la
Plus d’infos sur www.fonds-fsi.fr
future composition de l’actionnariat
pour préparer sa sortie. Le FSI est doté
d’une enveloppe de 20 milliards
d’euros en fonds propres, dont 14
sous forme de participations et 6 en
numéraire. Enfin, le FSI est une filiale
de la Caisse des dépôts, structure qui
devient tête de guichet du dispositif :
elle en détient 51%, le reste revenant
à l’Etat.
En 18 mois, le FSI a déjà débloqué plus
de 1,5 milliards d’euros et a investi
dans des entreprises aussi bien industrielles que de services. Une nouvelle
entreprise est financée chaque jour
ouvrable. Durant ces 18 mois, la crise
est venue fragiliser le tissu économique. Pour répondre plus précisément à cette conjoncture, le FSI a créé
le programme FSI-PME en octobre
2009. Avec 1 milliard d’euros de
capitaux disponibles, les fonds
permettent de renforcer les structures
financières d’entreprises en difficultés.
Ces investissements se font en direct
ou bien en partenariat avec des investisseurs privés. Les outils déjà en place
ont été renforcés et une plateforme
d’orientation régionale permet de
traiter les demandes de renforcement
de fonds propres émanant de PME
12 Touraine ECO n°263 - juin 2010
viables et porteuses de croissance.
A ce jour, la moitié des dossiers
provient de l’initiative des entreprises.
Le FSI étudie les dossiers dans
l’ensemble des secteurs d’activité.
Le FSI et Mécachrome
Le 17 décembre dernier est un jour à
marquer d’une pierre blanche pour
Mécachrome, société franco-canadienne
dont le siège est installé à Tours et qui
fabrique des composants destinés aux
industries de l’aéronautique et de
l’automobile. Après un an de réorganisation et de restructuration financière, ce jour-là, Mécachrome annonce
être sortie de la protection de la loi
de sauvegarde en France et de son
équivalent au Canada. Parmi les
leviers utilisés, le FSI. D’un montant
de 15 millions d’euros, le Fonds a été
l’un des outils qui a permis à l’entreprise d’assainir sa situation financière. Mécachrome peut aujourd’hui
redémarrer l’aventure industrielle sur
la base d’un bilan solide et d’une
structure de coût allégée. Et, comme
le souligne Gilles Michel, Directeur
Général du FSI, « la société pourra
compter sur le soutien actif de ses
actionnaires qui ont une vision
commune de long terme.»
Dossier
Dossier
Ouvrir son capital,
c’est s’enrichir
L’outil OSEO capital PME
Vous cherchez à ouvrir votre capital
ou vous voulez trouver des capitaux
pour la création de votre entreprise ?
OSEO vient de mettre en ligne un site
de mise en relation avec des investisseurs, particuliers ou professionnels. Cet outil complète une large
panoplie visant à inciter l’apport en
fonds propres dans les entreprises,
et notamment de la part de celles
redevables de l’ISF. Comme le souligne
François Drouin, PDG d’OSEO, « renforcer
les fonds propres des entreprises, c’est
leur donner les moyens d’investir,
d’innover, d’aller à l’international. »
Grâce à ce site, 20 millions d’euros ont
déjà été levés.
www.capitalpme.oseo.fr
3 questions
à Yves Aguiton,
Directeur Régional Centre de la Caisse
des dépôts et délégué régional du FSI
Photo : D.R.
Aujourd’hui, les entreprises ont besoin
d’argent frais. Les années 2008 et 2009
ont laissé des trésoreries exsangues,
et en 2010 cette situation risque de ne
pas s’arranger. Le besoin en fonds de
roulement est vital et il ne peut être
financé par emprunt. Par ailleurs, le
manque de fonds propres est la
deuxième cause de fermeture d’une
société, juste après les impayés.
L’ouverture de son capital est une
réponse idoine. Tout d’abord, le
Conseil d’Administration des entreprises est bien souvent sclérosé : faire
intervenir une personne extérieure
permet de s’enrichir de son savoir et
de ses compétences. Ensuite, plus le
niveau en fonds propres est élevé, plus
l’entreprise va accroître sa capacité
d’endettement. Elle pourra plus facilement solliciter les banques et mêmes
les aides publiques. Enfin, n’oublions
pas que c’est un mariage : l’investisseur est là pour soutenir l’entreprise,
ne serait-ce que dans le but de sauver
sa mise. Il fera tout pour diminuer ainsi
la vulnérabilité de l’entreprise.
“Avec le FSI, nous sommes aussi
au service de l’intérêt général”
Après 18 mois d’existence,
quel bilan faites-vous du FSI ?
Je me rends compte que c’est un outil
formidable au service des PME. Le besoin
de fonds propres est une problématique
fondamentale à laquelle le FSI répond.
J’ajouterai que face à la crise que nous
vivons, le FSI est devenu une réponse des
plus pertinentes. La plupart des coups
de téléphone que je reçois actuellement
sont en lien avec le Fonds.
C’est donc un nouveau rôle pour vous
en tant que Directeur Régional Centre
de la Caisse des dépôts (CDC) ?
Oui, et c’est en toute logique. La
CDC avait défini quatre priorités :
l’Université, le développement durable,
le logement et les PME. Etant donnée
la conjoncture, nous déployons toutes
nos forces pour les PME, via notamment le programme FSI-PME. La Caisse
des dépôts est de fait devenue la tête
de guichet de ce programme.
Vous animez une plateforme
régionale d’orientation.
Qu’est-ce que c’est ?
Comme toutes les directions régionales
de la Caisse des Dépôts, celle du Centre
mobilise les partenaires locaux et professionnels du financement des entreprises
autour du FSI. Cette mobilisation a pris
la forme d’une plateforme régionale
d’orientation. Elle réunit, une fois toutes
les six semaines, la Caisse des dépôts,
OSEO qui est également une de nos
filiales, la Banque de France, le Conseil
régional du Centre, Centre Capital
Développement. Nous avons trois
objectifs : détecter et orienter, informer
et enfin mettre en relation. Nous
étudions notamment tous les dossiers
d’entreprises qui ont essuyé un refus
à une demande « renforcement de
fonds propres » et nous essayons de
trouver des solutions. Nous orientons.
A chaque réunion, nous traitons entre
dix et quinze dossiers. Ce n’est pas rien.
13 Touraine ECO n°263 - juin 2010
Dossier
La seconde vie d’Outiror
nstallé dans le parc d’activité
Equatop de Saint-Cyr, le siège social
aux allures de cathédrale témoigne
de l’époque faste d’Outiror. Fondée
en 1965 par André Roor, la société
familiale ne se présente plus aux
tourangeaux. Nous avons tous feuilleté les catalogues de ce spécialiste
de la vente d’outils qui conduit ses
boutiques – de gros camions jaunes –
sur la place des villages. Mais la
prospérité a laissé place à la déroute
menant la société devant le tribunal
de commerce en 2007. Cette annéelà, Sisu, un fonds d’investissement
anglo-saxon, reprend Outiror et
rachète également Direct Delta, un
concurrent installé à Caen. Les 138
salariés restants se retrouvent dans
un bâtiment devenu trop grand et
attendent l’arrivée d’un dirigeant
capable de redresser la barre. Avec
Thierry Fournier, ils ont trouvé leur
homme.
Diplômé de Sup de Co Nice après un
DEA à l’école de commerce de Lyon,
Thierry Fournier entre chez Georgia
Pacific, leader de la production et de
la commercialisation de produits à
base de ouate de cellulose, du coton
démaquillant au papier absorbant.
« J’y suis resté 22 ans, j’ai connu 5
rachats et 6 actionnaires différents. »
Il prend rapidement la direction
générale de l’export puis de
Demak'Up pendant 4 ans et enfin, à
Rouen, d’une usine de production de
papier toilette pour la grande distribution. « L’usine perdait de l’argent,
et quand je suis arrivé, les salariés
pensaient que je venais la fermer, alors
que mon but était de la redresser.
D’ailleurs, je n’ai jamais eu à faire, de
toute ma carrière, un seul plan social. »
Thierry Fournier commence par
I
comprendre la logique de ses concurrents, réduit les coûts intelligemment
puis repense de fond en comble ses
produits. Après cinq ans passés entre
Rouen et Paris, le challenge est relevé,
et à l’issue de ce retournement Thierry
Fournier décide de partir et de mettre
à profit ses compétences et son
expérience pour reprendre en main
une entreprise en difficulté. Il contacte
alors de nombreux capital-risqueurs
et fait la bonne rencontre avec Sisu,
actionnaire d’Outiror, de Direct Delta
et de Oyé Oyé, la petite sœur des
DOM-TOM.
Les trois sociétés fusionnent en janvier
2010 et prennent 76% des parts du
marché en France. A l’occasion la
holding Trucks and Stores ( T&S) est
créée, et Thierry Fournier en prend la
présidence. Les enseignes gardent
leur catalogue et leur propre identité.
T&S compte 350 salariés et chacune
des équipes de Saint-Cyr-sur-Loire
et de Caen compte une cinquantaine d’animateurs de vente, à la fois
conducteurs de camions et vendeurs
des produits. Ce chiffre progresse
cette année. En effet, le groupe se
redéploie sur tous les fronts : les
camions Outiror couvrent 37 secteurs
aujourd’hui contre 29 hier, le coût des
catalogues a été considérablement
réduit et l’offre de produits est plus
large et mieux ciblée. De même, la
vente sur Internet croît plus vite que
prévu et se découvre très rentable :
“
Photo : D.R.
Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir, et l’adage vaut aussi pour l’entreprise.
Dans le cas de T&S et de sa reprise d’Outiror, l’intervention d’un capital-risque
et la motivation de son dirigeant Thierry Fournier placent l’avenir de l’entreprise
sous de meilleurs auspices.
Thierry Fournier, directeur de T&S
« c’est une vente additionnelle, qui ne
vient pas grignoter nos parts de marché.
Notre business modèle est simple : nous
touchons un public rural, avec une offre
de produits sympas et pas chers. Nous
sommes présents dans plus de 5 000
villes en France, nous comptons 2
millions de clients chaque année. Nous
avons un potentiel de développement
considérable. L’actionnaire y croit, j’y
crois aussi. » Dernière bonne idée de
ce dirigeant motivé : une offre de
téléphonie mobile. Thierry Fournier
s’est rapproché d’un opérateur qui
s’occupe de tout et s’appuie sur la
force de vente de T&S. L’offre est
séduisante : le vendeur au couleur
d’Outiror propose gratuitement au
client un téléphone au choix (dont un
adapté aux personnes âgées), un
bon d’achat de 40 euros au camionmagasin et l’abonnement le moins cher
du marché à 15 euros pour 1 heure.
Qui dit mieux ?
Nous sommes présents dans plus de 5 000 villes en
France, nous comptons 2 millions de clients chaque
année. Nous avons un potentiel de développement
considérable. L’actionnaire y croit, j’y crois aussi.
14 Touraine ECO n°263 - juin 2010
”
Dossier
Marchés publics :
des affaires à faire
Les collectivités locales, quelle que soit leur taille, sont consommatrices de
travaux et de services et passent continuellement des commandes qui sont
autant de marchés à décrocher. Mais bien souvent les entreprises rechignent
à se positionner et ce pour de mauvaises raisons. La preuve avec cet article
qui met à mal les idées reçues sur les marchés publics.
Les appels d’offres
en cours sont difficiles
à identifier
Faux. Il suffit d’aller à la source, sur
le site du Journal officiel. L’accès au
BOAMP (Bulletin officiel des annonces
des marchés publics) est gratuit.
Vous pouvez sélectionner les appels
d’offres par secteur d'activité, par mot
clé et par secteur géographique.
Mieux : vous pouvez vous abonner
en ligne au service d'alerte des
marchés publics. Ainsi, vous recevez
les annonces susceptibles de vous
intéresser directement dans votre
boîte mail. Il existe une multitude de
sites qui proposent également ce
service, souvent gratuitement. De
même, chaque collectivité dispose de
sa plateforme pour les marchés qu’elle
passe.
Le + de la CCI Touraine
La CCI vous aide à faire les
démarches d’obtention du
certificat, vous le remet et vous
forme à son utilisation pratique
Attention : ce certificat est indispensable pour répondre en ligne mais
vous pouvez toujours répondre par
courrier, excepté pour les marchés
informatiques de plus de 90 000 euros.
En revanche, d’ici quelques années,
toutes les réponses seront dématérialisées. Alors prenez de l’avance !
Les délais de paiement des
collectivités sont longs
Là encore, oui et non. Les collectivités ont fait d’énormes efforts pour
réduire leurs délais. Légalement il est
Le + de la CCI Touraine
Sur www.touraine-eco.fr
vous trouverez des outils pour
vous aider à constituer vos
réponses en ligne (comment
générer des documents pdf,
comment les assembler…),
ainsi qu’une liste de sites utilisés
aujourd’hui de 40 jours maximum et,
cet été, il devrait être ramené à 30
jours. Ceci dit, il arrive que les
paiements se fassent attendre. Pour
faire face, OSEO a créé Avance + afin
de financer votre compte client. Si
vous êtes titulaires de marchés ou
de commandes auprès de grands
donneurs d’ordre publics (et même
privés), vous pouvez céder vos
créances et OSEO vous en assure
l'avance.
Un appel d’offres c’est
beaucoup de papiers et de
formulaires compliqués
Oui et non. Oui car il faut connaître
le langage des marchés publics, savoir
ce qu’est un DC4, DC5, etc. Mais ce
n’est pas sorcier. D’autant qu’avec la
dématérialisation, les réponses vont
s’en trouver simplifiées. Vous pourrez
en effet déposer vos dossiers directement en ligne, sur la plateforme
de la collectivité. La seule chose
demandée, outre votre réponse, est
un certificat de signature électronique.
Tout comme le sceau au dos des
courriers, il vous permet d’être
identifié et reconnu quand vous vous
connectez.
Plus d’informations : www.oseo.fr
15 Touraine ECO n°263 - juin 2010
Portraits
Titre
Titre les
Titre pays
Titre
“Dans
du Golfe,
Titre Titre Titre Titre Titre Titre
les affaires reposent sur le relationnel”
T
Sorti de l’Ecole Centrale d’Electronique, parisien du XVe arrondissement, Yvan Guyot entame sa carrière dans le domaine des radiocommunications. En 1986, il entre chez Motorola en tant qu’ingénieur
commercial en charge de la commercialisation de systèmes de radiocommunication. En 1998 il est recruté dans une entreprise tourangelle et s’installe près de Chanceaux-sur-Choisille. Responsable
commercial export, il gère les clients dans le monde anglophone.
« Très vite, j’ai vu qu’il y avait un gros potentiel à Dubaï, aux Emirats arabes,
au Qatar… en plein boom économique, ces pays ont beaucoup investi
dans l’immobilier et dans les infrastructures hôtelières. » Yvan Guyot
saisit l’opportunité et s’immerge complètement : « Faire des affaires
dans le Golfe c’est 30% de produit mais 70% de relationnel et surtout
de la patience. Il y a encore 50 ans, ces pays étaient ceux des bédouins
qui s’échangeaient le lait de chamelle contre des sacs de sel. Aujourd’hui,
grâce aux ressources du pétrole, les arabes de cette région sont devenus
très riches. » Afin de faciliter sa relation avec ses clients, Yvan Guyot
suit des cours d’arabe pendant un an,
se rend régulièrement dans le Golfe et
développe la clientèle de l’entreprise.
Yvan Guyot,
En 2005, hasard des rencontres, il dîne
dirigeant de Magnitude International
avec Jean-Paul Hevin, le célèbre maître
chocolatier parisien. Ce dernier possède déjà des boutiques de luxe
au Japon et veut continuer son développement dans les pays du Golfe :
« Il m’avait proposé de travailler pour lui mais à l’époque j’étais lié à
mon entreprise, j’avais donc dû décliner son offre faute de disponibilité.
Cependant l’idée a germé, je me suis rendu compte que mon fonds de
commerce, c’était moi. J’ai donc décidé de créer mon entreprise. » Grâce
à ses relations avec de grandes familles arabes influentes, Yvan
Guyot a permis la mise en place des relations commerciales entre
la maison Hevin et des investisseurs au Qatar. L’ouverture d’une
boutique de chocolats haut de gamme est prévue fin 2010.
Aujourd’hui, Yvan Guyot est sous contrat avec Jean-Paul Hevin mais
également avec une grosse société de télécommunication canadienne,
IBwave, qui lui prend 90% de son temps. Il commercialise leurs logiciels
dédiés à effectuer des calculs de propagations d’ondes radio pour
la téléphonie mobile, un marché très important. L’entrepreneur rejoint
son pied-à-terre à Dubaï toutes les 6 semaines et y demeure quinze
jours pour le business. Et le reste du temps, il travaille chez lui.
ASJ
Photo : D.R.
ravailler seul chez soi ? Quand beaucoup n’osent franchir le pas,
Yvan Guyot déclare adorer ça. Avec un ordinateur et une connexion
Internet, ce commercial en télécommunication mène ses affaires
sur son terrain de prédilection : les pays du Golfe. Le pas, il l’a franchi
depuis un an et, de son propre aveu, il n’a jamais été aussi heureux.
flâner entre les voitures exposées dans l’immense bâtisse d’ITAL
AUTO sur l’Avenue du Grand Sud à Chambray, on en viendrait
presque à casser notre tirelire. Ce paradis de l’automobile est sorti
de terre en 2009 sous l’impulsion de son patron, Christophe Rouyer.
Ici, il est le concessionnaire des marques Fiat, Lancia, Alfa Romeo
et Fiat professionnel. ITAL fait partie du groupe familial Jean
Rouyer, père de Christophe, groupe qui compte 42 concessions
pour 15 marques différentes et qui couvre l’Ouest de la France
sur 13 départements.
Le Groupe de distribution automobile multimarques a été créé en
1982. A l’époque, Christophe Rouyer fait son Tour de France. Il exerce
en effet le métier de pâtissier chez les Compagnons. Un jour, tandis
qu’il achève un séjour de deux ans en Angleterre « pour apprendre
la langue tout en travaillant », son père lui propose de vendre des
voitures d’occasion en Pologne pendant deux mois. « J’avais
décroché un poste de chef pâtissier aux Bermudes et en attendant
de conclure les formalités, j’ai accepté de partir. Nous ne sommes pas
du genre à ne rien faire dans la famille. » L’expérience le séduit, il
apprécie surtout le business et le contact avec les gens. « A mon
retour, mon père m’a dit : tu ne vas pas faire des choux et des éclairs
toute ta vie. Il m’a alors proposé de me former à l’école de vente Renault
et m’a laissé quelques heures pour réfléchir. J’ai tout de suite accepté. »
A
Christophe Rouyer a alors 25 ans.
Son frère Lionel suit à peu près le
même parcours : chef cuisinier pour
des maisons de renom, de retour de
la Martinique il accepte de prendre
une place dans le développement
du groupe. Lionel devient dirigeant
de la concession Volkswagen-Audi Christophe Rouyer,
dirigeant d’ITAL AUTO 37
à Cholet. C’est à Cholet également
que le siège du groupe est installé, ainsi qu’Heliocar, un espace
de 9000 m² pour vendre la voiture autrement. Ce concept global
regroupe une dizaine de marques différentes, un espace enfants
pour choisir sa voiture tranquillement et même un restaurant.
Vendre autrement : c’est la clé du succès du groupe. Christophe
Rouyer connait tous les rouages de la vente. Il se déplace chez les
concessionnaires et forme les nouveaux dirigeants. Le talent du
bon vendeur ? « Il faut connaître parfaitement nos véhicules et saisir
les goûts et les besoins des clients. » L’entreprise familiale s’attaque
d’ailleurs à une toute nouvelle clientèle : les Vietnamiens. En effet,
le groupe sera bientôt importateur exclusif de Renault au Vietnam.
Gageons que le savoir-faire de la famille Rouyer saura séduire tout
autant le pays du Soleil Levant.
ASJ
16 Touraine ECO n°263 - juin 2010
Photo : D.R.
“Nous serons bientôt importateur exclusif
de Renault au Vietnam”
Portraits
nstallé dans un vieux moulin de Fondettes, le bureau de GeorgesAntoine Strauch est inondé de lumière. L’ambiance est chaleureuse,
à l’image du dirigeant qui conjugue sympathie et volubilité déroutante. « Oui, je sais, ce que je dis est un faisceau d’incohérences, sourit le
PDG. Mais c’est une question de philosophie. Toute idée est bonne à dire
tant qu’elle est fondée sur des observations réelles. » Un faisceau d’incohérence, vraiment ?
Georges-Antoine Strauch est breton, fils d’épicier installé à Lannion.
Pour lui, sa vie professionnelle prend racine en 1965 quand, à 8 ans, il
voit arriver le premier supermarché. « C’était le pot de terre contre le
pot de fer. » La famille lutte et résiste, son enfance en est marquée. « Petit,
j’étais teigneux. On voulait me faire porter des lunettes, je n’ai jamais voulu.
Je suis devenu cancre tout en lisant l’ensemble du fonds de la bibliothèque
municipale. » Un prof de français va le réconcilier avec l’école et, en
86, il passera sa thèse en économie après avoir suivi un DESS en informatique. C’est pourtant deux ans plus tôt, le 7 juin 84 exactement,
que sa carrière prend un tournant : ce jour-la, Georges-Antoine découvre
sur un salon à Rennes le macintosh d’Apple. « Il m’en fallait un ! Mais
son prix, 24 000 francs (environ 3660 euros), était dix fois le montant
de ma bourse. J’ai décidé d’appeler Jean-Louis Gassée, futur dirigeant
d’Apple France. Il m’en a proposé 3 à moitié prix. » Georges-Antoine
accepte, devient développeur puis vend des Macintosh à tout va,
I
notamment aux métiers des arts
graphiques. Avec l’aide de Jérôme
Barthélémy, il développe un outil de
Georges-Antoine Strauch,
cartographie qui aboutira à la création
PDG du Groupe Articque
de Cartes & Données et de son organigramme, concept clé. En 1995, patatras : la société est victime de deux
escrocs et dépose le bilan. « Nous avons dit pouce à nos créanciers et
tout doucement, nous avons remonté la pente. » L’arrivée de l’ingénieur
Riccardo Cohen facilite la reprise. En 1999, Georges-Antoine pousse
un coup de colère suite au naufrage de l’Erika et du souillage des côtes
bretonnes. Avec Riccardo, ils mettent en ligne sur Internet les vigies
du littoral. C’est le début du web, et pour Articque, du succès. La société
remporte à l’occasion le premier prix des ElecTrophées.
Aujourd’hui Articque est en pleine forme. 46 salariés vivent une aventure
à la fois solidaire et lucrative, sous la houlette de la directrice générale
Hélène Junin. Le Groupe accélère les prises de participation et les
rachats d’entreprises. Côté clients, Airbus, SNCF, Dassault Systèmes
sont parmi les 5 000 références de la société, souvent récompensée.
Dernière distinction en date : OSEO Excellence 2010. Le trophée est
accroché au mur du bureau lumineux, mais nous aurions pu aussi
évoquer le sabre et le bâton d’Aïkido, le service à thé, les trois écrans
d’ordinateur... un ensemble hétéroclite, mais pas incohérent.
RD
“Je trouvais dommage de voir disparaitre
le savoir-faire de la chaussure”
mmanuelle Le Borgne ne va pas par quatre chemins : lorsqu’elle
constate que le savoir-faire de la chaussure est moribond, elle
décide de créer une entreprise pour remettre sur le marché des
souliers made in France. Mieux : elle invente la chaussure personnalisée et sur-mesure. A croire que cette jeune entrepreneuse est
chaussée de bottes de sept lieues…
Tourangelle, Emmanuelle commence ses études de Droit à Tours
puis entre à l’ESSEC en Mastère à Paris. Elle choisit l’apprentissage pour son Mastère et porte son dévolu sur les fusions & acquisitions. A l’issue d’une formation chez Rhône-Poulenc, le Groupe
Rhodia, filiale de Rhône-Poulenc, lui propose un poste à la direction de l’audit interne. Avec 700 filiales réparties dans le monde,
Emmanuelle voit du pays : « Pendant trois ans, j’ai passé 80%
de mon temps à l’étranger. » En
2000, soutenue par son entreprise dans le cadre d’un essaimage, Emmanuelle crée son
activité, RCM Consulting (Risques,
Coaching et Médiation). Quand
son mari part en Afrique, elle
l’accompagne et s’occupe durant
deux ans de la trésorerie du golf
de Djibouti. En 2005, de retour en
Touraine, elle est responsable
Emmanuelle Le Borgne,
administrative et financière du
Présidente de Belloe
E
groupe CBE, industrie qui fabrique des moules pour voussoirs
pour les tunnels. « Un jour, alors que ma sœur surfait sur Internet,
elle désespérait de trouver des chaussures à son goût. Elle a eu l’idée
de la personnalisation. De mon côté je trouvais dommage de voir
disparaitre le savoir-faire de la chaussure. » Emmanuelle Le Borgne
fait donc une étude de marché et trouve rapidement les deux
personnes clés : Jean-Louis Cotte, qui a passé 40 ans chez Charles
Jourdan à Romans et Florence Baudry, styliste. Emmanuelle propose
à Jean-Louis la direction de production, à Florence de dessiner
les modèles. « Dès leur première rencontre, début juin 2009, ils ont
accroché. » L’objectif était de débuter l’activité en décembre.
Au-delà, Jean-Louis ne pouvait poursuivre sans être rémunéré.
Un temps très court mis à profit pour rencontrer les banques et
surtout Oséo « sans qui rien n’aurait été possible. »
Belloe - beau en italien - est né dans les délais et compte 11 salariés.
Le lancement officiel a eu lieu en décembre au George V à Paris.
Le 23 janvier l’entreprise a ouvert au public les portes de son atelier
installé dans la zone Le Papillon à Parçay-Meslay. Les visiteurs ont
été emballés par les chaussures entièrement fabriquées sur place
et composées selon ses goûts. « Nous sommes également une manne
pour les podologues car nous fabriquons des chaussures sur-mesure. »
A l’aide d’un appareil qui modélise le pied en 3D, Belloe propose
une paire adaptée et surtout élégante. La marque réussit à réconcilier joliesse et confort tout en sauvant un savoir-faire et en créant
CB
de l’emploi.
18 Touraine ECO n°263 - juin 2010
Photo : D.R.
“Je ne suis complet qu’avec un Macintosh
et mon équipe autour de moi”
Portraits
e retour d’un chantier sur Amboise, Dominique Cauet nous
reçoit en centre-ville de Tours dans les bureaux d’IDEO Design
Global. Le maître d’œuvre et architecte d’intérieur évoque son
parcours et celui de l’agence, symbole de sa recherche d’équilibre.
Originaire de la région, Dominique Cauet obtient son diplôme en
arts appliqués à l’école Boulle de Paris. En 1987, il crée son entreprise, MCH Sélections, une société d’aménagement et d’équipement à Saint-Cyr-sur-Loire : « A l’époque, les gens ne savaient pas
ce qu’était l’architecture d’intérieur. J’ai visé le marché des entreprises et des collectivités dans l’espoir d’établir des relations
durables. » Opération réussie. France Télécom, la Caisse d’Epargne,
la CPAM… L’architecte trouve sa clientèle. Il installe ensuite sa
société au cœur de Tours et renforce l’activité de son bureau
d’études. En 2007, MCH Sélections fusionne avec un cabinet
d’architectes : « Je souhaitais étoffer l’entreprise mais l’expérience n’a pas été concluante. J’ai donc redémarré seul avec 3
salariés, fin 2009, en proposant une maîtrise d’œuvre globale. » De
là est né IDEO Design Global. Dominique Cauet profite de ce
nouveau départ pour élargir son offre de prestations avec le « home
design » : la rénovation et la construction de propriétés haut de
gamme. Parmi les dossiers classés dans les tiroirs de l’agence,
D
on trouve des collectivités
comme Tour(s)plus, le Conseil
général d’Indre-et-Loire ou la
Mairie de Joué-lès-Tours. Mais
pas seulement. L’éventail est
large : on trouve également des
agences immobilières CityA, des
hôtels 4 étoiles à Bourges et au
quartier des 2 Lions, une école
internationale à Rochecorbon
et de nombreux restaurants
tourangeaux comme le Thélème,
l’Escadrille ou le Fuxia…
Dominique Cauet,
Quand Dominique Cauet n’est
directeur de l’agence
pas sur un chantier, il dessine sur
IDEO Design Global
calques dans son bureau ou
pratique le taï-chi-chuan. Selon les besoins, il collabore avec des
acousticiens, des peintres et des sculpteurs : « Chacun apporte sa
pierre à l’édifice. Pour ma part je prends du plaisir à aller à l’encontre
des effets de mode. Une de mes devises : travailler sérieusement sans
se prendre au sérieux... » A way of life.
RD
“J’ai toujours le réflexe d’ouvrir un livre
pour en respirer l’encre !”
ment supplantés par l’ère du numérique.
ans l’appartement d’Isabelle Chéruel,
Au bout de 14 ans, Isabelle décide de changer
les tiroirs regorgent de livres et de
de vie, du moins de devenir patron.
manuels scolaires. « J’ai participé à leur fabriEn 2005, elle créé son entreprise en nom
cation, je les connais par cœur. Une fois
imprimés, je les ai gardés ». Ces petits trésors
propre. Aujourd’hui, la chef d’entreprise
assure le suivi de fabrication. « Quand un client
illustrent la vie et le parcours d’Isabelle. « Mon
a besoin de réaliser un de ses projets, je
père dirigeait une imprimerie, c’était mon
démarche les imprimeurs et fais établir des
terrain de jeu quand j’étais enfant. Je jouais
devis. Je suis le relais entre l’éditeur et l’impriavec les tampons encreurs, j’aimais l’odeur des
meur, je prends en charge le projet de A à Z. »
lieux. » Alors, quand Isabelle décroche son
Si beaucoup de clients font confiance à
bac et s’inscrit à l’école d’arts graphiques au
Isabelle Chéruel, à son expérience et à son
lycée Bayet de Tours, cela ne surprend
Isabelle Chéruel, responsable de suivi
carnet d’adresses très étoffé, la crise
personne. « Ce milieu était le mien depuis
de fabrication dans l’imprimerie
n’épargne pas son secteur d’activité. « Cette
toujours, pour moi c’était une évidence. »
A 20 ans, BEP et CAP en poche, Isabelle Chéruel est embauchée
année, les commandes sont un peu moins nombreuses. Il faut que
j’envisage les choses autrement, que je me déplace davantage, que
dans l’entreprise tourangelle Touraine Compo. Elle y effectue
je mise encore plus sur le relationnel. »
l’ensemble des opérations nécessaires à la reproduction et à
la mise en forme de photos et de dessins sur un support
La passion d’Isabelle pour ce métier est intacte. On se demande
alors si elle est encore capable d’avoir un livre en mains sans
technique, le tout étant destiné à être imprimé. Ce métier de
l’inspecter sous toutes ses coutures. « Impossible d’y résister,
photograveur, Isabelle l’a eu tout de suite dans la peau : « On
j’ai toujours le réflexe d’ouvrir un livre pour en respirer l’encre. Je
faisait tout à la main, c’était passionnant. Je choisissais le mode
peux deviner comment tel ou tel ouvrage a été fabriqué, je suis
de reproduction des documents originaux, je procédais aux réglages
incollable ! » Une déformation professionnelle totalement
de lumière, de contraste, de trame, je travaillais dans des pièces
assumée et qui fait sourire l’intéressée.
noires. » Une minutie et des outils un peu archaïques rapideCB
Photo : D.R.
D
19 Touraine ECO n°263 - juin 2010
Photo : D.R.
“Répondre aux attentes de mes clients
et décloisonner les espaces de vie
sont mes bases de travail”
Portraits
“J'ai eu envie de faire partager
ce que je vois”
imanche 4 juillet, à Château-Renault, 80 portraits en noir et
blanc de commerçants seront exposés dans le parc du château.
A l’origine de cette exposition intitulée Derrière nos vitrines, il y a :
Jean-Marc Coudignac, photographe qui a eu envie de rencontrer
les commerçants de sa ville et de nous les présenter. Et derrière
sa vitrine à lui, qui y a-t-il ? Un autodidacte aussi allègre que
passionné.
Jean-Marc Coudignac passe une enfance paisible dans les DeuxSèvres. Son père est un géo-trouve-tout, il démonte et remonte
tout ce qui lui passe entre les mains. Une manie génétique : JeanMarc en héritera. A l’âge de 4 ans, il se souvient du labo photo
paternel construit avec une carcasse en bois et des sacs de ciment.
Un souvenir qui se révélera prégnant : à 18 ans, Jean-Marc
Coudignac répond à une petite annonce. « Une association cherchait
un photographe pour travailler avec des handicapés mentaux, racontet-il. J’ai appris par moi même, j’ai lu des tas de livres sur la question,
j’ai acheté un vieux Reflex, je me suis présenté et ils m’ont retenu.»
Un travail aux petits oignons qui lui convient parfaitement. Après
trois ans d’expérience, il part « à la Capitale » et suit une formation d’assistant réalisateur. Il reste 7 ans à Paris et ses divers contrats
lui ouvrent le statut d’artiste. En 91, il s’installe avec son épouse à
Château-Renault et réalise notamment des photos de plateau pour
l’APCVL, aujourd’hui Centre Images (l’agence régionale du cinéma).
Jean-Marc Coudignac,
photographe à Château-Renault
Photo : D.R.
D
Dix ans plus tard, il devient salarié d’Hervé Boulanger, le photographe
installé sur la place Jean-Jaurès avec sa femme Marie. Prises de vue,
tirages, maintenance des machines, Jean-Marc connaît bien, il
découvre en plus le métier de commerçant. Le 1er octobre 2006, JeanMarc Coudignac reprend l’affaire et devient artisan-commerçant.
Cette découverte du commerce, Jean-Marc souhaitait la faire partager.
« Le photographe est un voyeur, il voit ce que l’on ne voit pas forcément
à l’œil nu. » Il aménage alors son studio avec des éclairages tungstène crémer pour créer une ambiance théâtralisée. De janvier à mars
2010, les dimanches et lundis, les commerçants volontaires viennent
se faire tirer le portrait, un objet de leur métier à la main : le boucher
et son couteau, la fleuriste et son bouquet, le boulanger et son pain…
Les portraits sont tirés sur papier Fine Art Bergger, et le résultat est
saisissant. Jean-Marc nous invite à contempler les visages souriants
de ses 80 portraits de commerçants le 4 juillet prochain autour
d’un pique-nique citoyen dans le parc du château. Pour voir ce
que Derrière nos vitrines, il y a.
ASJ
lexandre Foucher est un jeune dirigeant. A 29 ans, il dirige depuis
déjà cinq ans une entreprise qui progresse de 30% par an.
Une très vieille entreprise qui plus est, puisqu’elle fut créée par un
maréchal-ferrant à Tours, dans la Tranchée, en... 1848. Curieux de
percer à jour l’histoire, nous sommes tout ouïs.
Au début du 20 e siècle, la famille Munch reprend l’affaire du
maréchal-ferrant et continue le travail du métal et de la serrurerie. Quand se développe l’électricité, la société s’étoffe de cette
nouvelle activité. Fin du siècle, elle porte l’enseigne Munch sarl.
Bernard Munch dirige la partie électricité, et son beau-frère, André
Rimbaud, la partie métallerie. Les deux hommes, arrivant à la retraite,
transmettent chacun leur activité. Toujours à la Tranchée vous
trouverez Munch&Polge, et, depuis 2005, au 35 de la rue de la
Ménardière à Saint-Cyr, Munch&Foucher. Pourquoi André Rimbaud
propose l’entreprise à Alexandre Foucher ? Parce que ce fut l’un
de ses meilleurs apprentis.
Très tôt Alexandre se choisit pour métier la serrurerie : à 16 ans, lors
de portes ouvertes des Compagnons du devoir, l’atelier de la forge
le séduit : « j’ai aimé l’odeur, la chaleur, la lumière. J’ai signé un essai
de trois jours, et j’y suis resté. » Il entre alors comme apprenti chez
Munch, et sur ses cinq ans de formation il y passe quatre années.
L’entreprise dépanne, rénove et réalise des portails, des fenêtres,
des portes, des vérandas. Le brevet professionnel en poche, Alexandre
A
décide de passer à la vente et rejoint
une entreprise de vente de fenêtres
aux particuliers pour un an. Il travaille
ensuite comme agent commercial
pour 11 fournisseurs dans 8 départements : c’est dire s’il connaît bien
les produits de la fermeture, entenAlexandre Foucher,
dons tout ce qui condamne un
dirigeant de Munch&Foucher
endroit privé, qu’ils soient en bois, en
métal ou en PVC. Alexandre cumule alors les compétences de vendeur
et de gestionnaire. Aussi, quand son ancien patron lui propose de
reprendre l’entreprise, il accepte à une condition : développer l’activité avec de nouvelles matières. « Pour moi il était crucial de proposer
des matériaux offrant de nouvelles performances techniques, qu’elles
soient thermiques, sécuritaires ou esthétiques. Pour le PVC par exemple,
nous travaillons exclusivement avec Deceuninck, le seul à disposer de
40 coloris avec garantie décennale. » Sa condition fut respectée, et
les résultats de la société lui donnent aujourd’hui raison.
Avec 10 salariés et 30% de développement par an, c’est beaucoup,
et Alexandre Foucher sait que ce peut être foudroyant. Il s’accroche
alors aux raisons de son succès : des clients satisfaits du travail bien
fait. « Le bouche à oreille a toujours fonctionné pour nous » : voilà
pourquoi nous étions tout ouïs.
ASJ
20 Touraine ECO n°263 - juin 2010
Photo : D.R.
“Nous avons su développer
la clientèle existante”
Tourisme
Dossier d’opinion
Gastronomie
la cuisine tourangelle
à l’honneur
Des siècles après que les rois de France aient
choisi la Touraine pour villégiature, le “jardin
de la France” jouit toujours d’une réputation
gastronomique sans faille. Petit tour d’horizon
des bonnes tables qui font vivre la région.
Propos recueillis par Caroline Bénard
epuis plusieurs années, de
nombreux chefs se sont installés
à Tours et dans ses environs. « L’offre
est très importante, il y a beaucoup de
choses différentes proposées par des
jeunes plein de talent. Ça me renvoie
15 ans en arrière, le jour où j’ai posé
mes valises à Tours » se souvient
Hervé Lussault, chef du restaurant
Charles Barrier, une étoile au Guide
Michelin. Ces nouveaux chefs,
souvent à peine trentenaires, ont
acquis leur savoir-faire dans de
grandes maisons. Pour beaucoup, la
Touraine est leur premier port
d’attache en tant que propriétaires.
D
Amateurs
de bonne chère
Les jeunes chefs ont un point
commun : l’envie de travailler des
produits du terroir sans que leurs
plats ne soient rattrapés par une
quelconque tradition culinaire.
« L’avantage de la cuisine tourangelle,
c’est qu’elle n’est pas enfermée dans
des recettes très identifiées. Il y a ici une
diversité formidable de produits, j’y
prends ce qui m’intéresse, et au gré des
saisons je propose une terrine de
campagne, un pied de cochon, des
asperges blanches » explique Hervé
Chardonneau, chef du restaurant le
Casse-Cailloux à Tours, récemment
récompensé d’un Bib Gourmand. Un
point de vue que partage Christophe
Roublin, chef du restaurant Le Bout
du Monde à Berthenay, deux Toques
au Gault et Millau : « Les produits du
terroir tourangeau ont leur existence
propre, pas besoin de les enfermer
dans des carnets de recettes. » Pour ces
deux trentenaires, la région vit aussi
grâce aux bonnes tables. « Les
Tourangeaux sortent beaucoup, bien
plus que je ne l’imaginais en ouvrant
mon premier restaurant Les Linottes
Gourmandes en 2003. Auparavant,
j’avais travaillé à Nantes et je sens une
nette différence en termes de fréquentation » explique le patron du CasseCailloux.
“Je voulais ouvrir un
restaurant de poissons”
Chez Jean Bardet où il fait ses
premières armes, Hervé Chardonneau
rencontre Julien Perrodin qui depuis
a également fait le choix d’ouvrir un
restaurant à Tours. Ce chef de 32 ans
au CV bien garni reprend un établissement de la rue du Change et y crée
le Barju, il y a un an. Chez Julien
Perrodin et son épouse Barbara,
point de cuisine régionale traditionnelle. « Après plus de quatre ans passés
22 Touraine ECO n°263 - juin 2010
chez Olivier Roellinger à Cancale,
j’avais envie d’ouvrir un restaurant de
poissons. C’était un vrai pari pour une
première installation en Touraine, parce
que ce n’est pas vraiment une spécialité du coin. » Un pari réussi, à en croire
le carnet de réservations du Barju.
Là où le client est roi
La réussite de ces jeunes établissements prouve qu’une carte peu
marquée par la tradition régionale
est tout à fait capable de séduire.
« Pour autant, il ne faut pas oublier
que c’est le client qui décide dans ce
métier. A mes débuts, j’ai conservé
quelques plats de Charles Barrier.
Seulement après, j’ai véritablement
ajouté mes propres créations, il ne fallait
pas brusquer la clientèle » se souvient
Hervé Lussault. En maintenant sur sa
carte les rillettes et le sandre au beurre
blanc chers au grand Charles, le chef
s’est peu à peu imposé, notamment
grâce à des recettes épurées. Sans
oublier quelques fondamentaux :
« Parmi tous les plats qui figurent sur
notre carte, il y a des incontournables,
locaux ou pas. Depuis mes débuts, je
propose un onglet de bœuf et un
moelleux au chocolat. La carte évolue,
mais ça, ça reste parce qu’on nous le
demandera toujours ! »
Dossier d’opinion
Dossier
Les Chemins Saint Martin
ou le tourisme durable
et citoyen
Pour célébrer l’héritage de saint Martin,
le Centre Culturel Européen Saint
Martin de Tours a ouvert ses portes en
2005. Soutenu au niveau local par la Ville
de Tours, le Conseil général, la CCI de
Touraine, il gère aujourd’hui les Chemins
Saint Martin en Europe et ouvre chaque
année de nouvelles portions de randon-
nées. Quatre chemins sont
concernés : le chemin de
Szombathely (qui passe en
Hongrie, Slovénie, Italie et en
France), celui de Saragosse
(Espagne et France), de Trèves
(Allemagne, Luxembourg et
France) et le chemin d’Utrecht
(Pays-Bas, Belgique et France).
Accessibles à tous, ces chemins
permettent d’accueillir une
clientèle différente : « Nous
assistons à une évolution des
mentalités, les gens n’ont pas
forcément tous envie de passer
leurs vacances au bout du
monde. Beaucoup cherchent autre chose. »
En novembre 2008, le Centre Culturel
Européen Saint Martin de Tours signait
une convention avec la Direction du
Tourisme dans le but de faire émerger
en France un tourisme durable et responsable, axé sur la mise en valeur du patrimoine matériel et immatériel de Saint
Martin.
Chaque année, 4,5 millions de personnes
arrivent à Saint Jacques de Compostelle.
80% d’entre eux pratiquent ces chemins
pour des raisons qui ne sont pas spirituelles. Un phénomène qu’explique
aisément Antoine Selosse : « Chacun peut
décider pour des raisons personnelles
d’emprunter des chemins faisant partie
des Itinéraires Culturels Européens, comme
ceux de Saint Martin. Ce tourisme n’est
pas forcément cultuel. » Car les axes de
réflexion qui gravitent autour de ces
chemins sont multiples : culture, découverte du patrimoine, rencontre, échange,
hospitalité, développement durable,
agriculture biologique. Des itinéraires
dont l’accès et la découverte sont largement facilités par les nouveaux moyens
de communication. « La géolocalisation
va supplanter le guide papier, je ne m’attendais pas à ce que cela aille si vite, mais ce
sont des outils formidables pour nous. Avec
des étudiants de l’Université de Bologne,
nous allons prochainement poursuivre le
tracé du chemin de Szombathely grâce à
ce procédé de géolocalisation. » Autre
projet porté par le Centre Culturel
Européen Saint Martin : la mise en
place d’un fonds de dotation. « Par
ce biais, nous souhaitons notamment réhabiliter la Tour Charlemagne
située en plein cœur de Tours, avec
le soutien de la Ville, afin de la rendre
accessible au public. »
23 Touraine ECO n°263 - juin 2010
Photo : D.R.
n France, 3 700 monuments sont
dédiés à Saint Martin, 350 en
Hongrie, 8000 en Italie, 500 en Espagne,
220 villes et communes françaises portent
son nom et il existe 14 cathédrales Saint
Martin en Europe» détaille Antoine
Selosse, directeur du Centre Culturel
Européen Saint Martin de Tours. Des
chiffres qui illustrent l’importance de
ce personnage né en 316 en Pannonie,
l’actuelle Hongrie, décédé à CandesSaint-Martin et inhumé à Tours le 11
novembre 397. Un homme au destin
incroyable qui se convertit au christianisme et devient évêque de Tours en
371. Saint Martin crée le premier monastère occidental à Ligugé, près de Poitiers.
« L’image la plus connue de saint Martin
est celle où il partage son manteau pour
en offrir la moitié à un mendiant qui
mourait de froid » ajoute Antoine Selosse.
« Aujourd’hui la mondialisation nous
amène à prendre conscience que nous
sommes tous interdépendants, et qu’il
existe une urgence à apprendre à partager
l’eau, l’air, les ressources, les cultures, les
savoirs, l’accès à la santé, à l’éducation…
C’est le Partage citoyen, valeur qui anime
le Centre ».
“E
Photo : D.R.
Depuis cinq ans, le Centre Culturel Européen Saint Martin de Tours crée des
chemins de randonnée sur les pas de Saint Martin, labellisés par le Conseil de
l’Europe. 4500 km de chemins européens pédestres et cyclistes permettront de
découvrir le patrimoine de ce personnage historique et faire du tourisme autrement.
Tourisme
Dossier d’opinion
Le Cher pourrait être
un formidable outil de
développement économique
En 2005, la concession de la gestion du Cher aux départements
d’Indre-et-Loire et du Loir-et-Cher s’est achevée. L’Etat, propriétaire
de la rivière, peine depuis à trouver un repreneur. Le Cher jouit
pourtant d’un potentiel économique très important, n’attendant
plus que d’être exploité.
Photo : Jean-François Souchard / Canoë Company
économique et touristique extraordinaire avec une marge de progression
évidente » explique Pierre Lestoquoy.
Le long des 300 kilomètres de la
rivière, des dizaines d’activités touristiques fonctionnent déjà : des hôtelsrestaurants à l’image du Bon Laboureur
de Chenonceau, des balades sur le
Cher avec Canoë Company ou à vélo
avec Détours de Loire, des visites de
châteaux, dont le fameux Château de
Chenonceau édifié sur le Cher. « Il faut
faire davantage encore et proposer plus
d’activités, tout le monde est d’accord
sur ce sujet. Le potentiel du Cher est au
moins sinon plus important que celui
de la Loire » ajoute Roger Mahoudeau.
Pour être en conformité avec les
normes de navigation et de respect
de l’environnement, le Syndicat du
Cher canalisé prévoit qu’il faudrait
investir 11 millions d’euros sur 7 ans,
dont 3 millions sont déjà apportés par
l’Etat. « Ce n’est pas grand-chose si l’on
compare avec les 82 millions dévolus à
la Vallée du Lot et où les acteurs locaux
ont fait des choses formidables » estime
le Président de la CCI de Touraine. Car
le plus dur a déjà été fait en son temps.
Sur 15 ans, de 1836 à 1841, le Cher a
été canalisé sur 62 kilomètres et
équipé de barrages à aiguilles et
d’écluses, de Saint Aignan (41) à Tours.
« Tirer profit du Cher ne coûterait
presque rien en termes d’investissements,
au contraire cela serait très rapidement
* les résultats sont actuellement à l’étude. les développements qui en découleront
feront l’objet d’une actualité sur notre site www.touraine-eco.fr
24 Touraine ECO n°263 - juin 2010
rentable » ajoute Roger Mahoudeau.
Dans ce dossier, la CCI de Touraine
est prête à s’investir. « Nous avons
lancé l’idée de créer un port fluvial et
de mettre en place de petites péniches
pour les touristes. Pour cela, nous
pourrions travailler avec le pôle de
compétitivité S2E2 et imaginer des
bateaux économes en énergie, pourquoi
pas équipés de piles à combustibles ? »
De son côté, le Syndicat du Cher
Canalisé aimerait développer des
gîtes fluviaux : « Le premier site pourrait
se trouver au niveau de l’écluse de La
Croix-Bléré. En 2011, 31 lits seront prêts
à accueillir les touristes. » Des idées, le
Syndicat du Cher canalisé n’en manque
pas : « Nous aimerions créer un sentier
d’interprétation à Nitray. Il permettrait
de découvrir l’histoire des lieux, la faune
et la flore. Un autre projet nous tient à
cœur, celui d’une liaison cyclable entre
Tours et Chenonceau le long du Cher,
qui pourrait s’appeler Cher à Vélo »
détaille Pierre Lestoquoy. Une dimension où le développement est aussi
économique que durable. « Nous
devons absolument le remettre en route,
car le Cher est un héritage ! » conclut le
Président de la CCI de Touraine.
Photo : Jean-François Souchard / Canoë Company
l y a 7 ans, une
loi prévoyant
le transfert de
propriété des
cours d’eau non
utilisés pour la
navigation commerciale aux collectivités
locales était promulguée.
Pourtant depuis, c’est le statu
quo. « Il est étonnant de voir qu’il y a un
consensus de tous les acteurs autour du
Cher et de son potentiel et que pour
autant la situation ne se débloque pas »
constate Roger Mahoudeau, président
de la Chambre de Commerce et
d’Industrie de Touraine. Ce cours d’eau,
il le connait très bien. « J’ai grandi à
Larçay, la rivière y était très présente. Je
me souviens d’une guinguette à SaintAvertin, et des nombreux bateaux qui
naviguaient. Plus rien de tout ça n’existe
aujourd’hui. »
« Tant que la question du transfert de
domanialité ne sera pas réglée, rien
ne pourra réellement voir le jour »
prévient Pierre Lestoquoy, président
du Syndicat du Cher canalisé. Une
étude* portant sur le potentiel du
Cher a été récemment lancée par
l’Etablissement Public Loire, dont
certains espèrent qu’il pourrait
incarner ce repreneur tant espéré.
« Nous attendons d’avoir accès aux
conclusions de l’EPL, même si nous
savons déjà que le Cher a un potentiel
I
Dossier d’opinion
Destination Anjou
est une démarche de qualité
qui peut se décliner à la Touraine
Destination Anjou, lancée par la
CCI du Maine-et-Loire, pourrait
voir le jour en Touraine. De quoi
s’agit-il ?
Cela pourrait s’appeler Destination
Anjou-Touraine, pour signifier le fait
que nous marchons main dans la main
avec la CCI du Maine-et-Loire.
Destination Anjou est une charte
qualité qui fédère déjà 90 professionnels du tourisme depuis sa création en
1997. Le principe consiste à faire
travailler en réseau des hôtels, des
restaurants et des sites touristiques.
Il s’agit d’une démarche collective et
volontaire à statut associatif impulsée
par la CCI du Maine-et-Loire. Destination
Anjou structure l’offre touristique et
s’inscrit dans une démarche qualité.
Nous sommes très intéressés par cette
charte, parce que nous croyons aux
vertus de la mise en réseau. La communauté Ecobiz témoigne de cette volonté
de la CCI de Touraine et nous pensons
pouvoir aller encore plus loin en reprenant le principe de Destination Anjou.
Qu’est-ce qu’une déclinaison de
Destination Anjou apportera à la
Touraine et à ses professionnels ?
Aujourd’hui, il est difficile, voire
impossible pour le client d’avoir une
offre globale sur une destination
touristique qui doit s’affranchir des
limites administratives pour répondre
à la demande du marché. Les clients
ont besoin de repères et d’accompagnement. Grâce à Destination Anjou,
la CCI du Maine-et-Loire fédère de
nombreux acteurs touristiques autour
de ce projet, tels que Angers Loire
Aéroport, Montgolfières d’Anjou ou
encore Angers Expo Congrès. Avec
cette démarche, nous disposerons d’un
Photo : D.R.
Eric Pasquier, Vice-président de la CCI de Touraine en charge du tourisme.
Eric Pasquier,
Vice-président de la CCI de Touraine
en charge du tourisme.
référentiel précis de l’offre touristique
du secteur concerné. En rejoignant la
CCI du Maine-et-Loire, nous faisons
d’une pierre deux coups : nous clarifions notre offre et nous profitons du
recul de nos voisins angevins sur cette
opération qui fonctionne très bien.
C’est une chance pour nous de pouvoir
travailler ensemble, parce qu’à deux
nous serons évidemment plus forts.
Zoom sur
la communauté Ecobiz Tourisme
Cette communauté regroupe plus de
50 entreprises du secteur du tourisme
en Touraine et travaille sur des thèmes
tels que la mutualisation des moyens.
« On peut par exemple imaginer que trois
ou quatre établissements touristiques se
«partagent» un commercial. Cela coûterait moins cher aux entreprises et favoriserait un maillage entre elles » explique
Eric Pasquier. Autre point important
pour cette communauté : reconquérir
le tourisme d’affaires, qui représente
à lui seul 50% des nuitées à Tours.
L’objectif est de mobiliser les professionnels autour de ce sujet pour faire
en sorte qu’une personne en déplacement d’affaire dans la région ait le
réflexe d’y revenir pour passer quelques
jours de vacances. La communauté
Ecobiz Tourisme travaille également
beaucoup autour de l’oenotourisme.
Régulièrement, elle organise des
groupes de travail sur le label Vignobles
et Découvertes destiné à valoriser les
producteurs qui font découvrir l’œnologie aux consommateurs.
25 Touraine ECO n°263 - juin 2010
Dossier d’opinion
Cadre bâti
l’accessibilité des handicapés
se concrétise
La loi du 11 février 2005 pour l’égalité des chances, la participation et
la citoyenneté des personnes handicapées a instauré l’obligation de
l’accessibilité de tous les bâtiments, pour tous. Cette loi impose qu’au plus
tard au 1er janvier 2015, les établissements recevant du public existants (ERP*)
répondent aux exigences de l’accessibilité.
epuis le 1 er juillet 2007, tous les
permis de construire doivent
respecter les règles d’accessibilité.
Repérage, atteinte et usage sont les
triptyques de la nouvelle loi. En clair,
la réglementation n’est pas organisée
autour des besoins de tel ou tel
handicap mais s’oriente vers une vision
plus large de l’usage, du confort et de
la qualité destinée à tous. Aujourd’hui,
une partie des professionnels se
mobilisent autour de ce sujet. A Tours,
l’hôtel Ronsard a conçu une chambre
accessible aux personnes atteintes de
handicap moteur. « Quand nous avons
acheté l’établissement en 2008, il y avait
de gros travaux à réaliser. Nous avons
contacté un architecte pour faire établir
un permis de construire et lancer le
projet de cette chambre » explique JeanNoël Savary, propriétaire de l’hôtel. Une
chambre équipée de portes plus
larges, avec de grands dégagements
de part et d’autre du lit. C’est dans la
salle de bains que les aménagements
sont les plus nombreux : douche à l’italienne, siège et barres de maintien
intégrés, cuvette de WC adaptée.
Cette chambre, qui permet d’accueillir
deux personnes, a déjà été occupée
à plusieurs occasions.
La mise en conformité risque cependant de poser problèmes pour certains
lieux publics. Pour des raisons
techniques, de conservation du patrimoine ou à cause d’un coût excessif
des travaux par rapport à l’activité,
tous les travaux ne seront pas réalisa-
D
bles. Au Château d’Amboise, on étudie
la question depuis trois ans. « La
première étape a consisté à faciliter le
franchissement des marches du château
et à créer des rampes d’accès pour les
handicapés moteurs. Leur accès au rezde-chaussée et au 1er étage est donc
possible » explique Marc Métay,
Directeur-Adjoint du site. « Nous ne
pourrons pas tout faire : certains endroits
ne pourront pas être aménagés. Nous
devons respecter le bâtiment classé
monument historique. » Afin de rendre
le site le plus accessible possible au
plus grand nombre, le château a également développé le principe de visites
guidées à destination des personnes
malentendantes et malvoyantes.
Plusieurs structures et associations
spécialisées sur la question de l’accessibilité peuvent venir en aide aux
professionnels. La DDT* a par exemple
un rôle de conseil en amont de tous
projets, elle instruit également les
projets faisant l’objet d’une déclaration
administrative : permis de construire,
26 Touraine ECO n°263 - juin 2010
permis d’aménager, déclaration préalable comportant un dossier spécial
accessibilité… Elle assure de même
la vérification des travaux réalisés et
leur conformité au projet. Le Conseil
général, via son Service Tourisme, peut
également répondre aux questions
liées à l’accessibilité. Il gère le label
Tourisme et Handicap, créé en 2001
par le Ministère du Tourisme. « Il s’agit
d’une démarche volontaire de la part
des professionnels. Ceux qui nous
contactent pour l’obtention du label ont
souvent déjà entrepris des travaux. Le
label permet dans certains cas de
bénéficier de subventions, afin d’améliorer encore les choses » explique
Hélène Pagnard, chargée de développement touristique au Conseil général
d’Indre-et-Loire. Enfin, le conseil est
également l’une des missions des architectes, et particulièrement dans ce
domaine : l’Ordre des Architectes organise
régulièrement des réunions d’information au sujet de l’accessibilité.
* Les ERP représentent tous les
bâtiments recevant du public assis,
debout, et classifiés en fonction du
nombre de personnes. Ainsi, les
établissements ayant la plus petite
capacité sont classés en 5e catégorie,
les plus grands en 1ère.
* Direction Départementale des
Territoires (ex DDE : Direction
Départementale des Equipements)
www.architectes.org
3 questions à Olivier Blanc,
président des Logis de Touraine
et propriétaire de l’hôtel-restaurant
Le Puits Doré à Richelieu.
Photo : D.R.
Dossier d’opinion
Olivier Blanc,
Président des Logis de Touraine
Qu’est-ce que
Les Logis de Touraine ?
Logis de Touraine est une émanation
départementale de la Fédération
Internationale des Logis (ancienn e m e n t Logis de France depuis
l’intégration d’hôtels situés au
Luxembourg, en Belgique, Allemagne,
Italie et bientôt au Pays-Bas et en
Espagne). Il s’agit d’une charte
volontaire à statut associatif. En
Indre-et-Loire, 38 établissements
d’hôtellerie-restauration sont
référencés sous cette marque en 2010.
La Fédération Internationale des
Logis regroupe plus de 3 0 0 0
établissements.
Site internet :
touraine.logishotels.com
Vous venez de prendre la présidence des Logis de Touraine pour
trois ans. Quelles sont les missions
de ce poste ?
En tant que président des Logis de
Touraine, je suis le relais entre la
Fédération Internationale et tous les
établissements faisant partie de
l’association départementale. J’ai
pour mission de leur donner toutes
les informations pratiques, notamment l’évolution des cotisations, et
de les informer sur tous les projets
que la Fédération souhaite mettre
en place. Mon rôle consiste également à dynamiser l’image de la
marque des Logis. C’est également
la mission des adhérents : valoriser
ce label, à travers leur savoir-faire.
La CCi Touraine nous accompagne
dans l’animation du groupement.
Quels sont vos projets
au cours de ce mandat ?
J’aimerais que lorsqu’on parle
d’hébergement en Touraine, on
pense immédiatement aux Logis,
que cela devienne une évidence.
L a d i ve r s i t é d e n o t r e o f f r e e s t
t r è s grande, nous proposons de
nombreuses catégories pour tous.
De plus, nous envisageons de
remettre en place le concours des
apprentis, laissé de côté depuis
quelques années. Il s’agit d’une
opération entre le Centre de
Formation des Apprentis (CFA) de la
Ville de Tours et les Logis de Touraine
pour promouvoir le travail de ces
jeunes et susciter chez eux l’envie de
nous rejoindre, une fois devenus
professionnels.
27 Touraine ECO n°263 - juin 2010
Portraits
“Je n’aurais sans doute
rien entrepris sans l’impulsion
des ouvriers”
ans les ateliers, les lasers découpent des composants de portes
pour le métro de Londres. Tandis que les machines continuent
leur chorégraphie, nous rejoignons Frédéric Le Bret dans son bureau.
A 53 ans, le Président de CETIL revient sur son parcours, 30 ans après
avoir relancé l’activité de cette entreprise de tôlerie et de chaudronnerie implantée à Montbazon.
Après un baccalauréat de technicien en mécanique obtenu à Tours en
1976, Frédéric Le Bret part suivre une formation à l’Ecole d’enseignement technique Michelin de Clermont-Ferrand. De retour au pays, le
jeune diplômé entre ensuite chez Atémétal, sur l’un des ateliers de
métallurgie situé à St-Pierre-des-Corps. Il se spécialise dans la tôlerie
et la chaudronnerie mais un an après son arrivée l’entreprise est mise
en liquidation judiciaire. Face à la situation, armé de la « fougue de
ses 23 ans » et associé à deux collègues, Frédéric Le Bret décide de
prendre les choses en main : « Nous sommes allés à la rencontre des
entreprises régionales de la métallurgie pour présenter notre savoir-faire
et trouver un repreneur ». En vain. Un mois plus tard, les ouvriers émettent
une suggestion qui va changer la donne : pourquoi ne pas reprendre
l’entreprise ? « Un projet exaltant qui semblait viable. Associés aux salariés,
nous avons monté une Société Coopérative Ouvrière de Production.
Les primes de licenciements y sont passées et l’activité a redémarré
avec 19 personnes sur le site de Chambray. Nous n’aurions sans doute
rien entrepris sans l’impulsion des ouvriers, reconnaît Frédéric Le Bret.
Le « métallo » est grogneur mais il défend sa boîte avec courage. »
Frédéric Le Bret, président de CETIL
Photo : D.R.
D
Devenue CETIL en 1980, l’entreprise prend un nouvel élan en s’appuyant
sur ses clients historiques comme Faiveley Transport, Fenwick-Linde
et Getinge-La Calhene. Elle développe son offre de sous-traitance,
investit dans des machines de haute précision et met en place une
démarche d'Assurance Qualité. Après avoir occupé différents postes,
Frédéric Le Bret en est le président depuis plus de dix ans. Installée
à Montbazon depuis 2002, CETIL compte aujourd’hui 42 salariés et
dispose de 4000 m² d’ateliers. Ferroviaire, aéronautique, manutention, médical et pharmaceutique… L’entreprise est présente dans
de nombreux secteurs et entend par ailleurs étendre la commercialisation d’une station de potabilisation. Présentée comme simple,
robuste et fiable, celle-ci est destinée aux chantiers de construction isolés, à l’hydraulique villageoise ou aux ONG pour des missions
sanitaires : « Cette diversification vient de notre premier métier de
chaudronnier et il est vraiment proche des préoccupations actuelles »
se réjouit le Président.
RD
l paraît que les cordonniers sont les plus mal chaussés. En arrivant
devant les bureaux de David Tréfous, on s’aperçoit que le proverbe
ne tient pas pour le façadier : la devanture est très réussie. Installée
depuis octobre 2009 dans la zone de La Bouchardière à Monts, l’entreprise a quitté les locaux d’Azay-le-Rideau pour 1000 m² d’atelier et
de bureaux. Et comme on n’est jamais mieux servi que par soi-même,
David et son équipe ont réalisé une grande partie du bâtiment.
I
C’est évident, David Tréfous a le virus du self made man dans le sang :
« J’ai grandi avec un père gérant d’entreprise, dans une autre activité
que la mienne. Il était investi à 100%. » Après l’obtention d’un BTS
enveloppe du bâtiment, David est embauché au sein du groupe Goyer,
une grosse entreprise de fenêtres et façades en aluminium et PVC.
« J’y apprend beaucoup en exerçant toutes les étapes du métier. » Même
si David Tréfous se plaît chez Goyer, il se pose tout de même la
question : pourquoi ne pas faire soi-même ? Il se jette alors à l’eau.
En 2006, il rachète une petite entreprise artisanale à Azay-le-Rideau :
le dirigeant partait à la retraite et l’entreprise possédait le matériel
nécessaire pour commencer.
David prospecte et commence
ses premières affaires avec le
cabinet ABM, « des architectes
qui m’ont bien aidé à démarrer. »
Ensuite, les chantiers s’enchaîDavid Tréfous, gérant de SARL Tréfous
nent. David Tréfous confie se
donner beaucoup et avoir à ses côtés une bonne équipe. L’entreprise
compte 17 personnes, dont deux apprentis. Récemment, l’épouse
de David a rejoint l’entreprise pour s’occuper de la comptabilité et
de la partie sociale de la société : « elle aussi s’investit pleinement. »
Et quand on lui demande de nous citer des chantiers dont il est fier,
il répond : « chaque chantier est unique, on se donne de la même façon. »
Aujourd’hui, même s’il a du travail, David Tréfous dit se battre encore
plus pour décrocher des contrats. Il répond à des marchés publics
et privés et continue de croire à la qualité et au sérieux des ouvrages
réalisés. Sur l’avenir, il reste cependant prudent et s’inquiète de la
baisse des prix dans le bâtiment.
ASJ
28 Touraine ECO n°263 - juin 2010
Photo : D.R.
“J’ai une bonne équipe
et on se donne à fond”
Retour sur...
La pesée économique 2010
Dans la perspective des prochaines élections consulaires, l’Observatoire
Economique de Touraine a réalisé une étude sur le poids des différentes
catégories d’entreprises en Indre et Loire.
Propos recueillis par Caroline Bénard
chaque pesée, les secteurs de
l’industrie, du commerce et des
services sont passés à la loupe, par
sous-catégories. En comparant les
chiffres récemment obtenus par
l’Observatoire économique de Touraine
à ceux de la dernière pesée réalisée en
2004, la tendance économique sur la
répartition des entreprises tourangelles
apparaît très nettement. Ainsi, sur une
période de 6 ans, l’industrie (dont la
construction) gagne 1 180 salariés dans
la catégorie des entreprises de moins
de 10 salariés. Néanmoins, pour les
structures de 10 à 49 salariés et de 50
salariés et plus, la tendance est à la
baisse : la première catégorie a perdu
542 salariés, la seconde 3 171. Des
chiffres à modérer car une perte de
la masse salariale n’est pas obligatoirement synonyme de fermeture
d’entreprises, comme en témoignent
ces données : en 2004, l’Indre-et-Loire
recensait 601 structures de 10 à 49
salariés ; en 2010, la pesée économique a permis d’en dénombrer 625,
soit 24 nouvelles entreprises créées.
Le secteur de l’industrie, toutes
catégories confondues, a ainsi vu 691
entreprises se lancer pendant la
période 2004-2010.
A
« Cette pesée traduit un renforcement
des places d’Orléans et de Tours qui représentent 52% de l’économie de la région.
De bons chiffres qu’il faut toutefois
nuancer, car la crise frappe durement le
secteur industriel. Avec cette onde de
choc subie par l’industrie et la véritable
montée en puissance des services, le
paysage économique est en train de
profondément changer. Cela peut être
dangereux » souligne Gérard Bouyer,
Vice-Président de la CCI de Touraine
en charge de l’Industrie. Dans la lignée
des chiffres nationaux, le département
d’Indre-et-Loire poursuit sa désindustrialisation, et ce malgré plusieurs
créations d’entreprises depuis six ans :
« Il faudrait une véritable politique de
renforcement, de protection et d’encouragement des PME industrielles
françaises » estime le Vice-Président
Bouyer.
Un secteur cependant tire son épingle
du jeu, celui des services. Le nombre
de salariés y est éloquent : depuis 2004,
12 981 emplois ont été créés. 2 135
structures ont vu le jour en Indre-etLoire en six ans. En 2006, 46% des
entreprises créées l’étaient dans le
30 Touraine ECO n°263 - juin 2010
secteur des services, contre 50% en
2007 et 54% en 2008. En 2009, sous
l’effet du statut d’auto-entrepreneur,
ce chiffre est redescendu à 49%. Le
commerce est quant à lui en bonne
progression dans le département :
cette année, le nombre d’établissements de ce secteur s’élève à 6 877
contre 6 644 en 2004, soit 233
nouveaux commerces. En termes de
salariés, le domaine du commerce
emploie 3 002 personnes supplémentaires. Dans cette hausse du nombre
de structures et d’effectifs, ce sont les
entreprises de moins de 10 salariés
qui illustrent le mieux la situation :
en 2010, elles sont 152 de plus qu’en
2004.
Deux points majeurs se dégagent ainsi
de cette pesée économique 2010 : le
renforcement du poids des petites
unités en nombre, ainsi que la place de
plus en plus importante occupée par
les services.