Motifs limitant l`action des États dans le développement des
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Motifs limitant l`action des États dans le développement des
THEME I : MOTIFS LIMITANT L’ACTION DES ETATS DANS LE DEVELOPPEMENT DES POLITIQUES ET PROGRAMMES CULTURELS D’après la Conférence Mondiale sur les politiques culturelles, réunie à Mexico par l’UNESCO en 1982, la culture peut être considérée aujourd’hui comme « l’ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs qui caractérisent une société ou un groupe social. Elle englobe les arts et les lettres, les modes de vie, les droits fondamentaux de l’être humain, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances ». Elle se caractérise par ses dimensions économiques et sociales, esthétiques et fonctionnelles, symboliques et réalistes. Outre sa fonction sociale, la culture constitue une source de revenu inestimable pour les économies nationales. Etat des lieux au Tchad La culture a été considérée de tout temps comme un simple loisir ou un pur divertissement. Une vision réductrice qui a fait que ce secteur est jusque là complètement ignoré. La valorisation des ressources culturelles évoquée dans tous les discours, n’a jamais bénéficié des moyens conséquents pour son développement. Le nomadisme du département de la culture entre certains ministères (communication, éducation nationale, tourisme, jeunesse et sport) explique le peu d’intérêt accordé à ce domaine. Sur le plan des ressources humaines, à l’exception de quelques cadres techniques de conception de la culture (13 cadres sur 74 en juin 2007), le département fonctionne avec un personnel d’emprunt, sans formation professionnelle dans le domaine de la culture. Ce qui pose un problème de conception, de réalisation et de suivi-évaluation de développement de politique et des programmes culturels. Sur le plan des infrastructures et des équipements, rien n’existe. Les structures existantes datent des indépendances et ne sont plus en adéquation avec l’ère du temps, compte tenu de l’accroissement démographique de la population. Les chantiers en cours, qui se construisent au pas de course, à l’exemple du siège du ballet national, de l’orchestre national et du théâtre national,(d’un montant de 750 millions FCFA) sur le site de l’ancien garage administratif de l’Unicef, confié à un entrepreneur local sans un plan architectural, dénote d’un manque de sérieux à l’endroit de la culture. Il est à noter toutefois l’inauguration des édifices abritant le musée et la bibliothèque de dimension nationale. Le domaine du patrimoine (matériel et immatériel), est complètement ignoré et méconnu par beaucoup de cadre du département. Il y a une insuffisance criarde du personnel qualifié. Conséquence : il n’y a pas à ce jour un travail de collecte, d’inventaire, de répertoire et de préservation dans le domaine du patrimoine qui a été fait et rendu public. Au titre des conventions, le Tchad est membre de l’UNESCO depuis décembre 1960. A ce titre, il est parti prenante de tous les textes normatifs adoptés par l’organisation. Entre septembre 1998 et mai 2008, l’Etat tchadien a ratifié un certain nombre de convention parmi lesquels : - la convention concernant la protection du patrimoine mondial culturel et naturel adoptée à paris en 1972. Loi n°018/PR/98, portant ratification du 16 septembre 1998 - la convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles, adoptée à paris en octobre 2005. Loi n°003/PR/2007, portant ratification du 07 mars 2007 - la convention pour la protection des biens culturels en cas de conflit armé (convention de la Haye), avec règlement d’exécution ainsi que protocole à la convention et résolutions de la conférence adoptée à la Haye en mai 1954. Loi n°024/PR/2007, portant ratification du 07 décembre 2007 - la convention sur la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel d‘octobre 2003. Loi n°008/PR/2007, portant ratification du 20 mai 2008 - la convention concernant les mesures à prendre pour interdire et empêcher l’importation, l’exportation et le transfert de propriété illicite des biens culturels adoptée à Paris en novembre 1970. Loi n°007/PR/2007, portant ratification du 20 mai 2008 La méconnaissance des textes relatifs aux conventions par certains responsables du département en charge de la culture, fait qu’il n’y a aucune action de visibilité autour de ces conventions, dont le Tchad paye pourtant des contributions dues aux fonds du patrimoine mondial de l’UNESCO, mais les retombées pour le Tchad sont à peine perceptibles et/ou n’existent pas. Au titre des droits d’auteur, des droits voisins et des expressions du folklore, la loi 005/PR/2003 qui est la base des législations en matière des droits d’auteur, et également le décret 625//PR/PM/MDCA/2007 portant rectificatif du décret 313/PR/2005,portant organisation et fonctionnement du Bureau Tchadien des Droits d’auteur(BUTDRA), sont autant d’arsenal juridique qui devraient permettre au BUTDRA d’être à l’avant-garde du développement culturel. Mais la méconnaissance de la notion des droits d’auteur par les responsables en charge de la mise en œuvre de la gestion collective, fait que cette filière a du plomb dans l’aile pour décoller. L’émergence des acteurs culturels non étatiques, dominé largement par l’informel, est considérée non pas comme une complémentarité, mais est perçu comme une concurrence par le département. Conséquence : il y a une absence totale de collaboration et de concertation, un manque de reconnaissance, l’absence de statut officiel, faiblesse des organisations et syndicats professionnels de la culture, un manque de régulation du secteur, un manque d’information, des difficultés de circulation des personnes et des œuvres Au titre des voyages officiels, il est de notoriété que les agents du département se substituent aux artistes le plus souvent pour voyager. Lorsque ce n’est pas le cas, ils utilisent divers subterfuges, pour rendre difficile ou impossible les voyages : rétention des invitations ou des informations y afférentes, difficultés d’obtention des documents administratifs, la non facilitation d’accès aux visas, le non payement des frais relatifs aux voyages, etc. Au titre des activités et/ou manifestations locales, le département n’a jamais financé les activités à caractère privé. Si une assistance financière provient d’une autre source officielle, ce dernier s’il ne réussit pas à s’opposer, fait en sorte de jouer à l’interface et le montant allouer n’arrive jamais totalement à destination. L’organisation officielle des activités et/ou des manifestations est toujours caractérisée par une impréparation, et les préparatifs se passent toujours dans une opacité totale.