Castells La révolution des technologies de l`information Par Thomas

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Castells La révolution des technologies de l`information Par Thomas
Castells
La révolution des technologies de l’information
Par Thomas
Etienne
Plan
1. Objectif, hypothèse et définitions
2. Les leçons des révolutions industrielles
3. La révolution des technologies de l’information
4. Historique et acteurs de la révolution informationnelle
5. Le paradigme de la technologie de l’information
6. Le déterminisme technologique chez Castells
Selon Castells, l’histoire de la vie est une série d’états stables, ponctués à de rares intervalles par des
événements majeurs qui se produisent très rapidement et concourent à établir l’ère de stabilité suivante.
1. Objectif, hypothèse et définitions
Son hypothèse
En cette fin de XX ème siècle : Nous vivons l’un des rares intervalles de l’histoire. Un intervalle que
caractérise la transformation de notre culture matérielle par la mise en œuvre d’un nouveau paradigme
technologique organisé autour des technologies de l’information.
Définitions
Pour Castells, technologie veut dire : l’utilisation de connaissances scientifiques pour déterminer les
façons de faire les choses de manière reproductible.
Les technologies de l’information sont pour lui : l’ensemble convergent des technologies de la micro
électronique, de l’informatique (machines et logiciels), des télécommunications/diffusion et de
l’optoélectronique (la technologie du laser : Branche associant l'électronique et l'optique, en particulier
dans l'étude et la mise en œuvre des interactions entre la lumière et les électrons) et également
l’ingénierie génétique (se fonde sur le décodage, la manipulation, la reprogrammation de codes
d’information = même approche conceptuelle selon lui ).
Autour de ce noyau de technologies de l’information est apparu depuis 20 ans tout une constellation de
percées technologiques :
•
Les matériaux avancés
•
Les sources d’énergie
•
Les applications médicales
•
Les techniques de fabrication
•
Les transports
Castells parle d’hyperbole prophétique, de manipulation idéologique mais également de l’importance
fondamentale de la révolution de la technologie de l’information, aussi capital que la révolution
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industrielle du XVIII ème siècle puisqu’elle entraîne une série de ruptures dans les fondements matériels
de l’économie, de la société et de la culture.
2. Les leçons des révolutions industrielles
Deux révolutions industrielles
La première fin XVIII ème : machine à vapeur, le remplacement d’outils par des machines.
La deuxième moitié du XIX éme : l’électricité, le moteur à explosion, la chimie scientifique, le début
des technologies de communication (le télégraphe, le téléphone).
Castells souligne la grande différence entre ces deux révolutions industrielle qui est la part décisive de la
connaissance scientifique
Il analyse également et surtout les grands points communs qui forment pour lui la base de toute
révolution industrielle.
Dans les deux cas, il s’agit d’une période de changement technologique accéléré sans précédent. Une
série de macro invention a préparé une floraison de micro inventions dans les domaines de l’agriculture,
de l’industrie et des communications.
Ce sont des révolutions dans le sens qu’un surgissement soudain, inattendu, d’applications
technologiques a transformé les processus de production et de distribution, créé une multitude de
produits nouveaux et modifiés de manière décisive la répartition géographique de la richesse et du
pouvoir, sur une planète qui est passée soudain sous l’emprise des pays et des élites capables de
maîtriser le nouveau système technologique.
A chaque fois, à leur origine une innovation fondamentale dans la production et la distribution de
l’énergie : La machine à vapeur pour la première révolution industrielle et l’électricité pour la seconde.
En agissant sur le processus au cœur de tous les processus (cad l’énergie nécessaire pour produire,
distribuer, communiquer), les deux révolutions industrielles se sont diffusées dans le système
économique tout entier et ont imprégné tout le tissu social. Des sources d’énergie bon marché,
accessible, mobiles, ont prolongé et augmenté la force du corps humain, créant les fondements matériels
de la poursuite de l’expansion de l’esprit humain.
Se référant à Kranzberg et Pursell, il souligne que toutes les révolutions techniques se caractérisent par
une omniprésence. Elles pénètrent tous les domaines de l’activité humaine, pour en former le tissu
même. Elles agissent sur les processus mêmes, ne se contentant pas de susciter de nouveaux produits.
Aujourd’hui, les pays développés bénéficient encore de cette supériorité technique acquise lors des deux
révolutions industrielles.
Il explique que les connaissances scientifiques nécessaires à la première révolution industrielle étaient
disponibles cent ans auparavant. L’innovation technologique n’est donc jamais un phénomène isolé. Elle
exprime à la fois un état des connaissances, un environnement institutionnel et industriel particulier, les
compétences requises pour définir et résoudre un problème technique, la mentalité économique
nécessaire pour rendre ces applications rentables et un réseau de producteurs et d’utilisateurs
susceptibles de communiquer leurs expériences de manière cumulative, en apprenant par l’utilisation et
par l’action : Les élites apprennent en agissant, modifiant ainsi les applications de la technologie, tandis
que la plupart des gens apprennent à l’usage, maintenus de la sorte hors du cœur de la technologie.
De la même façon, la société industrielle, en instruisant les citoyens et en organisant progressivement
l’économie autour du savoir et de l’information, a préparé le terrain à l’empire de l’esprit humain
lorsque les nouvelles technologies de l’information sont devenues disponibles
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L’interactivité des systèmes d’innovation technologique et la nécessité dans laquelle ils se trouvent de se
ménager des « milieux » où échanger idées, problèmes et solutions sont des caractéristiques essentielles
des révolutions passées comme celle que nous vivons.
Mais le temps de réaction pour en sentir les effets dans une société dépend largement des conditions
propres à chaque société.
Plus les sites d’innovation, de production, de production et d’utilisation des nouvelles technologiques
entretiennent des relations étroites et plus la société se transforme rapidement et plus les conditions
sociales rétroagissent positivement sur les conditions générales d’une poursuite de l’innovation.
3. La révolution des technologies de l’information
Si la révolution des technologies de l’information partage avec ces précédentes ces points communs, elle
s’en distingue également.
La première différence avec les autres révolutions réside dans le fait que le cœur de la transformation
que nous vivons concerne les technologies du traitement et de la communication de l’information. La
technologie de l’information est à cette révolution ce que les nouvelles sources d’énergie ont été aux
révolutions industrielles successives.
C’est une distinction importante. La technologie de l’information repose bien et avant tout sur des
connaissances et des informations nouvelles.
On assiste pour la première fois à l’application du savoir et de l’information aux procédés de création
des connaissances et de traitement/diffusion de l’information en une boucle de rétroaction cumulative
entre l’innovation et ses utilisations pratiques.
Pour l’expliquer, Castells revient sur le développement de l’utilisation des nouvelles technologies de
l’information. Elle a connu trois stades distincts au cours des deux dernières décennies :
•
L’automatisation des tâches
•
La projection des applications
•
La réorganisation des applications
Pour les deux premiers stades, l’innovation a progressée par l’utilisation.
Lors de la troisième étape, les utilisateurs ont appris la technologie par l’action jusqu’à restructurer les
réseaux et découvrir de nouvelles technologies.
Cette boucle de rétroaction s’accélère considérablement dans le nouveau paradigme technologique.
La diffusion de la technologie amplifie sans cesse le pouvoir de la technologie, à mesure que les usagers
se l’approprient et la redéfinissent.
Les technologies ne sont pas simplement des outils à utiliser, mais des procédés à développer.
Utilisateurs et acteurs peuvent se confondre.
Et pour la première fois dans l’histoire, l’esprit humain est une force de production directe, et pas
simplement un élément décisif du système de production.
Ordinateurs, systèmes de communication, décodage et programmation génétiques sont donc tous des
amplificateurs et des extensions de l’esprit humain.
Ce que nous pensons et comment nous pensons s’exprime en marchandises, services, production
matérielle et intellectuelle - aliments, bâtiments, systèmes de transport et de communication,
ordinateurs, fusées, santé, éducation ou images.
Il va jusqu’à affirmer que tout est transformé, la manière dont nous naissons, vivons, apprenons,
travaillons, produisons, consommons, rêvons, luttons ou mourons.
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Ce système technologique possède sa propre logique interne, que caractérise la capacité de traduire
toutes les données en un système commun d’information et de traiter celle-ci à une vitesse toujours plus
grande avec une puissance croissante, à un coût en constante diminution, dans un réseau potentiellement
omniprésent de saisie et de redistribution.
La seconde différence de cette révolution de la technologie de l’information, c’est qu’elle s’est
répandue dans le monde entier à la vitesse de l’éclaire en moins de vingt ans, entre le milieu des années
70 et le milieu des années 30.
Avec pour spécificité, l’application immédiate à son propre développement des technologies qu’elle
génère, reliant ainsi le monde par la technologie.
Pourtant, il y’a de grandes disparités et des vitesses de diffusion différentes qui sont sources d’inégalité.
Cependant, les fonctions, les groupes sociaux et les territoires dominants du monde entier sont
aujourd’hui reliés au sein d’un nouveau système technologique qui en tant que tel, n’a commencé à
prendre forme que pendant les années 70.
4. Historique et acteurs de la révolution informationnelle
Il s’agit d’une présentation des données technologiques, leurs interactions avec l’économie, la culture et
la société.
Les innovations ont porté sur l’informatique avec l’invention de nouveaux composants, mais également
sur les télécommunications et la transmission de données.
Castells par de la seconde guerre mondiale qui à accéléré les percées technologiques majeures dans
l’électronique.
Le premier ordinateur programmable voit le jour en 1946.
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En 1947, c’est l’invention du transistor par Bardeen, Brattain et Shockley.
Source de la micro-électronique, noyau de la révolution de la technologie de l’information
au XX éme.
Il permet le traitement rapide d’impulsions électriques selon un mode binaire
d’interruptions et d’amplification permettant de coder la logique et la communication avec
et entre machines.Ce sont les semi-conducteurs et les puces.
En 1957, C’est l’invention du circuit intégré par Jack Kilby et Bob Noyce.
Développement et baisse des coûts très rapide.
Le prix moyen d’un circuit intégré est passé de 50 dollars en 1960 à 1 dollar en 1971.
En 1971, c’est l’invention du microprocesseur par Ted Hoff qui a permis d’intégrer la
micro-électronique à toutes les machines. Il se diffuse rapidement dans les années 70.
C’est la micro-électronique et cette capacité d’installer un ordinateur sur une puce qui va tout changer.
1975, le premier petit ordinateur construit avec cette technologie voit le jour.
En 1984, le Macintosh d’Apple inaugure l’ère de l’ordinateur convivial en introduisant l’interface
d’utilisation, fondée sur l’icône, mise au point à Palo Alto par le centre de recherche Xeros. Ensuite, les
logiciels adaptés se sont diffusés.
Depuis les années 80, les ordinateurs fonctionnent en réseaux avec une mobilité croissante vers un
partage interactif.
Non seulement tout le système technologique a changé mais aussi ces interactions sociales et
organisationnelles. Ainsi le coût moyen du traitement de l’information est passé de 75 dollars par
million d’opérations en 1960 à moins d’un centième de cent en 1990.
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Parallèlement au développement du matériel informatique, les télécommunications ont été
révolutionnées par la combinaison des technologies des « nodes » (commutateurs et routeurs
électroniques) et des nouvelles liaisons (technologies des transmissions.
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1969 : le premier commutateur électronique, puis rapidement commutateurs numériques
plus rapides, puissant, économique.
1969 c’est aussi l’année où l’ARPA met en place un réseau de communication électronique
révolutionnaire qui est devenu l’actuel Internet.
Au cours de ces années, des progrès en électronique optique et dans la technologie de la transmission en
paquets numériques accroissant la capacité des lignes de transmission ont également été réalisés.
Cette capacité de transmission électronique électronico-optique, couplés aux architectures de
communication et de distribution avancée, comme le contrôle de la transmission/ protocole
d’interconnexion (TCP/IP), forme le soubassement des autoroutes de l’information des années 90.
A cela s’ajoute, les utilisations du spectre radio : diffusion traditionnelle, diffusion directe par satellite,
micro-ondes, téléphonie cellulaire numérique.
Castells explique la croissance exponentielle de l’actuel processus de transformation technologique par
sa capacité à créer une interface entre les champs technologiques grâce au langage numérique commun
dans lequel l’information est créée, stockée, extraite, traitée et transmise.
Toute cette série d’innovation ont vu le jour dans des endroits géographiques très circonscrits sur le
modèle des milieux d’innovations.
Cette révolution est américaine, californienne même si des scientifiques d’autres pays ont pu jouer un
rôle important.
L’industrie tout entière a évolués vers l’interpénétration, les alliances stratégiques et la mise en réseaux
de firmes de différents pays. La différenciation par pays d’origine a ainsi perdu de son sens malgré le
rôle toujours prépondérant des USA.
Castells l’explique par le fait que le développement de la révolution des technologies de l’information a
contribué à la formation de milieux d’innovations où découvertes et applications peuvent interagir dans
un processus récurent d’apprentissage par tâtonnements.
Avec la Silicon Valley, il y’a eu une concentration géographique de centres de recherches, d’institutions
universitaires et d’entreprises de technologie avancée, un réseau de fournisseurs de biens et de services
annexes, ainsi que des réseaux financiers apportant les capitaux nécessaires au lancement des entreprises
innovatrices.
Une fois la Silicon Valley constituée, elle a généré sa propre dynamique et a attiré savoirs,
investissements et talents du monde entier.
Dans le monde, d’autres pôles scientifico-technologique au Japon, en Angleterre, à Paris sud, à Taiwan,
Munich, Séoul.
La plupart du temps, ces concentrations géographiques étaient dans les grandes métropoles comme si
leur développement n’était pas la nouveauté de leur cadre institutionnel et culturel, mais leur capacité à
générer une synergie de savoir et de l’information directement en prise sur la production industrielle et
les applications commerciales.
Ce n’est qu’ensuite, lorsqu’elle s’est formée en système, sur la base de conglomération que son
développement et ses applications, et finalement son contenu, ont été modelés de façon décisive par le
contexte historique dans lequel elle s’est épanouie.
Dans les années 80, la restructuration du capitalisme a fait jouer un rôle fondamental à la nouvelle
technologie de l’information, rôle qui l’a façonnée elle-même de manière déterminante.
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Le capitalisme connaît une restructuration totale, caractérisée par : une gestion plus souple ; la
décentralisation et la mise en réseau d’entreprises, tant en leur sein propre que dans leurs relations avec
d’autres firmes : intervention de l’Etat pour déréguler sélectivement les marchés et démanteler l’état
providence, l’accélération de la concurrence économique mondiale, l’intégration planétaire des marchés
financiers.
La présence de nouvelles technologies constituées en système dans les années 70 a servi de base au
processus de restructuration socio-économique pendant les années 80.
Castells souligne deux tendances en présence :
Le développement de nouvelles technologies de l’information
L’effort de la société pour se réorganiser en mettant le pouvoir de la technologie au service de la
technologie du pouvoir.
Donc pour lui, la révolution technologique est née et se diffuse durant une période de restructuration
économique globale du capitalisme, à laquelle elle contribue de façon essentielle.
La nouvelle société qui émerge de ce changement est à la fois capitaliste et informationnelle.
Dans son analyse de cette révolution des technologies, Castells insiste également sur le rôle important de
l’état.
Au Japon et en Europe notamment. L’union européenne a engagé ainsi une série de programmes
technologiques pour faire face à la concurrence internationale.
Aux USA, le ministère de la Défense a joué un rôle décisif au stade initial de la révolution des
technologies de l’information entre 1940 et 1960. De la même façon, les recherches d’ATT ont
longtemps été financées par l’état.
Aux Etats-Unis comme dans le reste du monde, c’est donc l’état, et non le créateur oeuvrant dans son
garage, qui a amorcé la révolution de l’information.
Pourtant, sans les pionniers qui furent à l’origine de la Silicon Valley ou des micro-ordinateurs clones de
Taiwan, cette révolution aurait été différente, sûrement avec des procédés plus centralisés et moins
souples.
C’est l’interface entre les programmes de macro recherche et les grands marchés développés par l’état
d’une part, et l’innovation décentralisée stimulée par une culture de créativité technologique et les
exemples de réussites personnelles fulgurantes qui a fait fleurir les nouvelles technologies de
l’information.
Ce faisant elles se sont agglomérées autour des réseaux d’entreprises, d’organisations et d’institutions
pour constituer un nouveau paradigme sociotechnique.
5. Le paradigme de la technologie de l’information
Pour définir un paradigme techno-économique, Castells se réfère à Perez et Freeman. C’est un ensemble
corrélé d’innovations techniques, organisationnelles et gestionnaires, qui n’offre pas seulement une
nouvelle gamme de produits et de systèmes, mais surtout une dynamique de la structure relative des
coûts de tous les intrants concourant à la production.
Dans chaque nouveau paradigme nouveau, un intrant ou un groupe d’intrants particuliers est le « facteur
clé » qui permet la baisse des coûts relatifs et la disponibilité universelle.
Le changement actuel de paradigme peut être considéré comme le passage d’une technologie fondée
principalement sur des intrants d’énergie bon marché à une autre, essentiellement fondé sur des intrants
peu coûteux d’information, grâce aux progrès de la micro-électronique et la technologie des
communications.
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Pour comprendre la l’essence de la transformation technologique en cours dans son interaction avec
l’économie et la société, Castells définie les éléments qui constituent le cœur de ce paradigme.
L’information forme sa matière première.
Il s’agit de technologies qui agissent sur l’information, pas simplement d’information agissant sur
la technologie, comme lors des précédentes révolutions techniques.
L’omniprésence des effets des nouvelles technologies.
L’information faisant partie intégrante de toute activité humaine, tous les processus de notre
existence individuelle et collective sont directement modelés (mais non pas déterminés) par le
nouveau médium technologique.
La logique en réseau.
La morphologie du réseau semble adaptée à la complexité croissante de l’interaction et aux modes
imprévisibles de développement que fera naître le pouvoir créatif de cette interaction.
Sans les technologies, la logique en réseau est trop lourde à réaliser. Le réseau structure le non
structuré tout en conservant la souplesse.
La souplesse
Les processus sont réversibles mais organisation et institutions peuvent être modifiées, et même
fondamentalement transformées, en réaménageant leurs éléments. Réorganisation dans un contexte
de changements constants grâce à une fluidité organisationnelle.
La convergence croissante de technologies particulières au sein d’un système hautement
intégré.
La micro-électronique, les télécommunications, l’électronique optique et les ordinateurs sont
aujourd’hui tous intégrés dans des systèmes d’information. Un élément ne peut être conçu sans
l’autre.
Le paradigme de la technologie de l’information n’évolue pas vers la fermeture en système mais vers
l’ouverture en réseau à entrées multiples.
La globalité, la complexité et la mise en réseau sont ses qualités majeures.
La dimension sociale de la révolution des technologies de l’information semble donc appelé à se
conformer à la loi sur la relation entre la technologie et la société selon Kranzberg : La technologie n’est
ni bonne, ni mauvaise, pas plus qu’elle n’est neutre.
Il s’agit d’une force puissante qui pénètre jusqu’au cœur de la vie et de l’esprit.
Mais son déploiement dans le domaine de l’action sociale consciente, ainsi que la matrice complexe
d’interaction entre les forces technologiques déchaînées par l’humanité et l’humanité même, relèvent
selon Castells de l’analyse plutôt que du destin.
6. Le déterminisme technologique chez Castells
Castells aborde la question de façon directe.
S’il prend la technologie comme le point de départ de sa recherche. Il veut également situer ce processus
de mutation technique révolutionnaire dans le contexte social où il se déroule et qui le modèle.
Pour lui, la révolution des technologies de l’information n’implique aucunement que des formes et des
processus sociaux nouveaux naissent de la mutation technologique. Il est évident selon lui que la
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technique ne détermine pas la société mais pas plus que la société ne définit le cours du changement
technique. Et donc, le dilemme du déterminisme technique est pour lui un faux problème puisque
la technique est la société et ne peut être comprise ou représentée sans ses outils techniques.
La technologie ne détermine pas la société mais s’y intègre. Pas plus que la société ne détermine les
innovations technologiques, elle les utilise.
Le nouveau médium technologique ne détermine pas, il modèle tous les processus de notre existence
individuelle et collective.
Si Castells souligne l’influence de divers facteurs institutionnels, économiques et culturels.
Il insiste sur le fait que cette technologie n’est pas née d’une quelconque nécessité préétablie : il s’agit
d’un produit plus technologique que social.
Touraine parlant du livre de Castells ne dit pas autre chose : la société de l’information est la première
où la technologie n’est plus étroitement associée à des valeurs culturelles et à des conceptions
idéologiques du pouvoir et de la société. Cela veut dire qu’en elle triomphe la raison instrumentale, mais
aussi que ses effets sociaux et culturels dépendent moins d’elle-même que de ses formes sociales
d’utilisation. Conclusion qui conjure tout déterminisme technologique, tout en assignant un rôle
autonome et moteur à la révolution technologique dans la transformation de l’économie et de la société.
Si elle ne détermine pas en soi l’évolution historique et le changement social, la technique (ou son
absence ) traduit juste la capacité des sociétés à se transformer, ainsi que les usages auxquels celles-ci,
engagées dans des relations conflictuelles, décident de consacrer leur potentiel technique. Et si la société
ne détermine pas les innovations technologiques, elle peut les empêcher par l’intermédiaire de l’état.
Pour comprendre la relation entre technique et société, il faut retenir que l’état joue un rôle décisif dans
le mécanisme général, en ce qu’il exprime et organise les forces sociales et culturelles qui prévalent à un
moment et en un lieu donné. La technique révèle en grande partie la capacité d’une société à se lancer
dans la maîtrise technologique au travers des institutions sociales, y compris l’état.
En fait Castells semble plutôt avoir un point de vue instrumentaliste des technologies produisant un
développement autonome qui peut être utilisé et appuyé ou pas. Comme il le dit : La technologie n’est ni
bonne, ni mauvaise, pas plus qu’elle n’est neutre en tout cas ce n’est jamais une construction sociale.
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