La société en réseaux Manuel Castells * L`ère de l`information
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La société en réseaux Manuel Castells * L`ère de l`information
Jean-Eric PELET -> Marie-Hélène POGGI - MSTC2 Espace & Communication – 02.05.2000 La société en réseaux Manuel Castells La société en réseaux * Manuel Castells L’ère de l’information * La société en réseaux Manuel Traduit de l’anglais par Philippe DelamareL’ère de l’information Editions Fayard, 1998 Castells Traduit de l’anglais par Philippe Delamare Editions Fayard, 1998 La société en réseaux * L’ère de l’information Manuel Castells * L’ère de l’information Traduit de l’anglais par Philippe Traduit de l’anglais par Philippe Delamare La sociétéDelamare en réseaux Editions Fayard, 1998 La société en réseaux Manuel Castells La société en réseaux Manuel Castells Editions* Fayard, 1998 * Manuel Castells L’ère de l’information L’ère de l’information Traduit de l’anglais par Philippe Delamare Editions Fayard, 1998 Traduit de l’anglais par Philippe La société en Delamare réseaux * La société en réseaux Manuel Castells Editions L’ère de l’information * Fayard, 1998 Manuel Castells L’ère de l’information de l’anglais par Philippe Traduit de l’anglais parTraduit Philippe Delamare * Editions Fayard, 1998 L’ère de l’information Delamare La société en réseaux Editions Fayard, 1998 Traduit de l’anglais par Manuel Castells * L’ère de l’information Philippe Delamare Editions Fayard, 1998 Traduit de l’anglais par Philippe Delamare Editions Fayard, 1998 1 Jean-Eric PELET -> Marie-Hélène POGGI - MSTC2 Espace & Communication – 02.05.2000 Introduction Dans ce volume, l’auteur traite quatre thèmes principaux : la nouvelle révolution technique, la mondialisation de l’économie, leurs effets conjoints sur les conditions de travail et sur la vie sociale, et enfin les transformations d’une culture dominée par les médias et où sont modifiées profondément nos représentations du temps et de l’espace. La partie abordant la «culture de la virtualité réelle, l’intégration de la communication électronique, la fin du public de masse et l’essor des réseaux interactifs, semble bien rattachée au sujet de mon mémoire, dont l’objet est la publicité sur Internet, et l’avenir de cette dernière dans un futur proche. La mise en parallèle que l’auteur établi dans cette partie, entre les médias traditionnels d’un côté, (radio, télévision, presse etc.), et la manière dont le « public de masse » consomme ces derniers permet d’établir une projection certes imparfaite, de ce qui pourrait arriver avec l’arrivée massive des nouvelles technologies de l’information et de la communication dans notre quotidien. En effet, de par leur contenu très ciblé, « les nouveaux médias mettent en jeu un public segmenté et différencié qui, bien que massif par le nombre, n’est plus un public de masse caractérisé par la simultanéité et l’uniformité du message reçu. » Dans un tel contexte, on ne parle plus de « mass media », puisque la multiplicité des messages et des sources rend le public lui-même plus sélectif. Parce que le public ciblé tend à choisir ses messages, ce qui accroît la segmentation et la relation personnelle entre l’émetteur et le récepteur, la publicité véhiculée sur ces supports se verra elle-aussi très ciblée. Dans quelle mesure peut-on opter pour ce genre de média quand on souhaite vendre un produit à grande échelle ? Y a-t-il une brèche vers laquelle s’orienter quand on est annonceur ? Voici quelques questions auxquelles je pourrais répondre avec plus de précision en m’appuyant sur l’ouvrage de Manuel Castells, « La société en réseaux. » 2 Jean-Eric PELET -> Marie-Hélène POGGI - MSTC2 Espace & Communication – 02.05.2000 Avant même de traiter du sujet : « la publicité en ligne : vers une modélisation ? », peut-être est-il intéressant de replacer l’objectif qu’ont les entreprises à communiquer par le biais de la publicité dans le contexte de vie économique actuel. La publicité permet à une entité, qu’elle soit politique, économique, culturelle ou organisationnelle, de faire connaître son parti, ses idées, son produit, son lieu de rencontre ou toute autre information lui paraissant nécessaire, par le biais d’un média, ou support d’information qui diffuse à plus ou moins grande échelle sur un territoire géographique donné ou vers un public ciblé, cette information. Bien que l’on assiste de plus en plus à une irrationalité croissante de ces pratiques publicitaires avec des messages toujours plus éloignés du quotidien des consommateurs, les entreprises continuent à investir massivement dans ce qu’elles pensent utile à l’amélioration de leur notoriété, de leur image et surtout de leur profit. Dans ce contexte, outre la propension qu’ont certaines sociétés à s’intéresser concrètement aux nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC), la tendance qui consiste à référencer chaque consommateur ou même plus largement chaque citoyen appartenant aux pays dits « riches » se fait de plus en plus grande. La constitution de bases de données permettant d’un simple clic, d’établir la carte d’identité de telle ou telle personne prend de plus en plus d’ampleur dans ce système. Elle permet ainsi d’opérer par exemple un marketing plus ciblé (micro-marketing) où chaque consommateur, parce que l’on connaît ses besoins, peut recevoir une proposition ou une offre (courrier, email, cadeau etc.) correspondant presque exactement si ce n’est exactement, à ses attentes, et que l’entreprise qui en fait la communication, peut lui faire parvenir dans les plus brefs délais… C’est dans son livre intitulé « La société en réseaux » que le sociologue Manuel Castells aborde ce sujet. Selon lui, « les organisations qui réussissent sont celles qui peuvent générer du savoir et traiter l'information; s'adapter à la géométrie variable de l'économie globale; être assez souples pour changer leurs moyens aussi vite que les objectifs évoluent, sous l'impact de rapides transformations culturelles, technologiques et institutionnelles; et innover, l'innovation devenant l'arme clé de la concurrence. En ce sens, 3 Jean-Eric PELET -> Marie-Hélène POGGI - MSTC2 Espace & Communication – 02.05.2000 l’entreprise en réseau matérialise la culture de l'économie informationnelle l globale : par le traitement du savoir, elle transforme des signaux en marchandises. 1 » Effectivement, l’innovation et la course qu’elle entraîne pour qui joue la carte de la productivité devient un atout majeur dans une économie où la durée de vie moyenne des produits décroît sans cesse, et où le consommateur-spectateur n’est presque plus surpris de rien tant cette évolution a lieu rapidement. Un des médias qui a sans doute contribué à cette rapide évolution ressort nécessairement de ce constat : la télévision. Mais, alors que Castells s’intéresse aux raisons pour lesquelles la télévision prédomine à ce point, et que certains tels W.Russell Neuman y voient « la conséquence des instincts primaires d’un public paresseux »2, partant du principe que « les gens suivent la voie de la moindre résistance »3, nous pouvons nous interroger sur les effets qu’une publicité aux concepts si éloignés de la publicité télévisuelle engendrera sur le « retour » que les entreprises, organes politiques ou autres organisations attendent d’elles… Cette publicité dite interactive que l’on rencontre sur Internet, de par sa nature si différente de celle à laquelle nous nous sommes habitués, soit par les interruptions fréquentes qu’elle engendre au travers de programmes télévisés ou radiophoniques soit par le sentiment d’agression qu’elle procure aux passants dans la rue, ou bien encore la gène que les lecteurs de magazines éprouvent, remplira-t-elle le contrat qu’elle se voit assignée qui est de promouvoir, sachant qu’elle nécessite une action de la part du consommateur-internaute ? Manuel Castells, en parlant de « syndrome du moindre effort, lié à la communication télévisuelle, qui pourrait expliquer la rapidité et l’omniprésence de sa domination en tant que média, dès son apparition », nous invite à nous interroger d’une part, sur les conséquences que cette passivité du téléspectateur entraîne sur sa perception des publicités et surtout sur le cheminement qui va de la réception du message publicitaire à l’acte d’achat dans de telles conditions, et d’autre part bien entendu, sur les conséquences, 1 La société en réseaux, Manuel Castells L’ère de l’information, 1998, p.475 Ibid. p.476 3 Ibid. p.476 2 4 Jean-Eric PELET -> Marie-Hélène POGGI - MSTC2 Espace & Communication – 02.05.2000 parallèlement à ce premier constat, qu’une publicité nécessitant une démarche plus volontaire du consommateur (la publicité sur Internet ne se laisse pas uniquement voir, il faut cliquer, lire, entendre, si ce n’est répondre à un formulaire !) entraînera sur les ventes du produit, ou sur tout ce que la publicité aura cherché à vendre. Alors qu’en général, « on allume la télévision puis l’on zappe d’un programme à l’autre», Internet ne se donne pas à consommer de la même manière. Tandis que la télévision ne nécessite qu’une simple pression sur un bouton de télécommande pour les plus chanceux qui souhaite en « consommer », Internet n’apparaîtra sur l’écran de l’ordinateur qu’après une série d’étapes obligatoires. Une fois franchi ce passage, les publicités qui concernent un public bien défini n’apparaissent pas dans la fenêtre du navigateur de manière aussi subreptice qu’elles le font à la télévision, ou même à la radio, bien que celle-ci soit devenue plus présente et plus souple dans la vie quotidienne des gens. Quels sont les moyens mis en place par les annonceurs pour palier à cette faille d’ordre technique et matériel plutôt que de fond, le livre de Castells permet d’envisager des orientations de réponse, en s’interrogeant déjà sur ce qui se passe pour la télévision. C’est peut-être de cette interrogation que peut découler la question soulevée par le concept de « culture de masse ». Quand un même message est diffusé simultanément par quelques émetteurs vers un public de plusieurs millions de récepteurs, le contenu et la forme « visent le plus petit commun dénominateur »4, en utilisant un message on ne peut plus homogène, qui permet de toucher la cible la plus large qui soit. Avec Internet et la possibilité offerte aux annonceurs de pouvoir communiquer par le biais de la publicité entre autre, en direction de personnes définies, ciblées selon les visites qu’elles accordent à des sites eux-aussi identifiés, la donne change et il devient possible d’émettre un message complètement orienté, que seule une catégorie de gens verra, du moins en théorie. 4 Ibid. p.476 5 Jean-Eric PELET -> Marie-Hélène POGGI - MSTC2 Espace & Communication – 02.05.2000 Des études ont aussi révélé que « la consommation de média était cumulative » 5, en ce sens que les « citoyens-consommateurs », majoritairement issus de l’hémisphère nord, passaient un certain temps à regarder la télévision, à lire les journaux, des magazines, à écouter la radio, et cela dans une même journée. Cette consommation de médias n’est pas semblable selon les pays (les Français regardent moins la télévision que les Américains par exemple), mais les messages publicitaires eux, sont là et bien là sur chacun de ces supports pour rappeler à notre citoyen-consommateur qu’il « peut » consommer. Cette réflexion m’amène à m’interroger sur le devenir de cette forme de communication, la publicité, sur un média regroupant ces médias déjà cités, et plus. Est-ce qu’une personne qui veut connaître les informations du jour, en écoutant de la musique et avant de passer une heure trente devant son écran pour la projection du film qu’elle a loué, « subira » la publicité de la même manière qu’en ayant recours aux différents médias ? Et partant de là, comment parvenir à toucher un public qui se serait complètement défait de ces supports, trouvant tout ce dont il a besoin sur un seul appareil : un ordinateur ? Dans un même ordre d’idées, nous pouvons nous interroger sur la manière dont sont généralement « consommés » les médias dits traditionnels (TV, radio, presse etc.). Tandis que ces derniers sont « en quelque sorte inscrits dans le tissu de l’existence des gens », puisque la plupart du temps, il ne s’agit pas d’une consommation exclusive ; il est tout à fait possible de manger, de conduire, ou même de parler en même temps, il n’en est pas de même pour ce qui est d’Internet. Alors qu’il est facile de faire subir une annonce publicitaire à une personne qui fait son repassage, en insérant cette dernière au milieu de son programme favori, il devient beaucoup moins aisé d’imposer à quelqu'un qui consulte un site Internet et qui a restreint l’accès aux publicités à son ordinateur, de faire passer un message, quel qu’il soit… Les termes "société en réseau" utilisés par Castells renvoient à une notion de l'espace caractérisée par une interrelation de différentes composantes de cette société entre elles, à la manière d'Internet. 5 Op-Cit. p.476 6 Jean-Eric PELET -> Marie-Hélène POGGI - MSTC2 Espace & Communication – 02.05.2000 Cette perception qu'ont les gens de leur espace est selon-lui localisée, parce qu'ils vivent en des lieux donnés. Or la possibilité de connaître à distance et finalement en tout point de la Terre, une information relative à tout autre point, offre par nature une perception "délocalisée" ou "localisée à différents endroits" aux gens qui fréquentent ce réseau. De la même manière que Manuel Castells identifie un endroit donné à un lieu, et les habitants de ce lieu à des flux, on pourrait établir que le world wide web 6 est un lieu dans lequel circule des informations. Ces informations prenant la forme de sites, de forums, de boîtes aux lettres électroniques ou de publicités sont alors interprétées comme étant des flux. Ces flux, en interagissant sur les lieux qu'ils fréquentent (les bandeaux publicitaires suivant la technologie qu'ils utilisent et le produit qu'ils mettent en avant, transforment l'apparence d'un site Internet par exemple) font évoluer ces derniers, de telle sorte que certains lieux évoluent davantage en fonction des flux qu'ils supportent plutôt qu'ils n'évoluent pour transformer les flux. "Les relations entre espace des flux et espace des lieux, entre globalisation et localisation simultanées ne sont pas prédéterminées"7. Ainsi, bien que les internautes évoluent encore dans des lieux définis, pour pouvoir consulter Internet, l'information qui s'y trouve et les publicités qui y foisonnent s'organisent dans l'espace des flux, entraînant de fait une modification de l'espace des lieux, que ce soit dans leur sens ou dans leur dynamique. Ce qui amène cette organisation en réseau à se passer d'aspects historiques, de lieux ou de temps, et a fortiori, à créer des lieux dispatchés sans lien logique, sans référence sociale, culturelle, économique ou politique commune. L'auteur parle « d'univers parallèles dont les temps ne pourront se rencontrer, parce qu'ils s'infléchiront différemment dans l'hyperespace social »8. Partant de cette idée, nous pourrions imaginer un réseau Internet constitué de communautés complètement dissociées les unes entre-elles, où il serait possible d'avoir affaire à une catégorie donnée d'informations qui n'auraient pas de liens logiques avec d'une part le média qui supporte cette information : Internet ; ni de liens logiques avec le site qui la supporte. De façon plus 6 façon de naviguer dans Internet en terme de facilité d'usage, de qualité de présentation et de variété de contenu 7 p.477 ibid. 8 p.480 ibid. 7 Jean-Eric PELET -> Marie-Hélène POGGI - MSTC2 Espace & Communication – 02.05.2000 explicite, nous pouvons nous interroger quant à la légitimité de sites aux vocations racistes, injurières, pédophiles et plus simplement destructrices, des "lieux" allant contre cette "vaste demeure où tous vivraient en bonne intelligence9 qu'est Internet. De même nous étonnerions-nous de l'intrusion de bandeaux publicitaires dont la promesse tiendrait par exemple lieu de plaidoyer à la gloire de sites sado-masochistes, au sein de sites au contenu économique par exemple. Ce type d'erreur d'aiguillage existe, mais ne représente pas une norme pour le bonheur de tous ! La notion de gestion des flux des lieux s'impose alors ici et plus particulièrement dans le contexte de mon mémoire dont l'objet, "la publicité", s'apparente de façon croissante, sur un plan économique, à ce que nous connaissons déjà sur tout autre média, avec cette notion de sommes colossales à la clé. Voilà peut-être un des principaux freins à l'éventuel danger que constitue cette mise en parallèle d'univers dont les temps ne pourraient se rencontrer, évoquée par Castells. Des intersections (par opposition à la métaphore sur le parallélisme) s'avèrent en effet plus que souhaitables, pour l'avenir d'un média / Internet, de plus en plus "soutenu" financièrement par les apports publicitaires. 9 Marie Gobin, Lire : comment la technologie modifie l'écriture, avril 2000 8 Jean-Eric PELET -> Marie-Hélène POGGI - MSTC2 Espace & Communication – 02.05.2000 Conclusion Toutes ces questions soulevées par comparaison de médias entre eux, m’amènent à m’interroger sur le devenir de la publicité sur Internet, d’un point de vue de son accès. Les publicités sur les médias traditionnels cités ci-dessus adoptent une stratégie que l’on pourrait qualifier de stratégie « PUSH », c’est à dire qu’elles s’imposent aux consommateurs, tandis que la publicité sur Internet (pouvons-nous la qualifier de publicité interactive, alors que nous venons juste de quitter sa phase de balbutiements) adopterait davantage une stratégie « PULL », dans la mesure où c’est l’internaute-consommateur qui choisira ou ne choisira pas, tout d’abord de voir de la publicité sur son écran (un système technique permet de s’en passer), et ensuite, suivant son action face à la publicité, si oui ou non, de lire, entendre ou regarder davantage d’informations sur le produit, en cliquant sur un bandeau ou tout autre icône, symbole d’un message publicitaire. L’ouvrage de Manuel Castells, « La société en réseaux » m’amène à m’interroger sur un type de pratique publicitaire envisageable, qui permettrait d’éviter tous les obstacles que je viens d’énumérer. 9