Traumatismes des doigts longs
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Traumatismes des doigts longs
Conférence d’Enseignement : Traumatismes des doigts longs en pratique sportive Didier FONTES (Paris), Bruno LUSSIEZ (Nice) Préambule n Reste-t-il des problèmes dans le diagnostic et le traitement des lésions digitales en pratique sportive en 2006 ? OUI Exemple : Brett Backwell (Glenelg club de football australien) ayant préféré une amputation de son 4ème doigt à une arthrodèse (séquelle de fracture phalangienne) Épidémiologie : sports de compétition Centre de préparation olympique de Colorado Spring 8311 traumatismes sur 35 sports Doigts = 8,77% Boxe 31,3% Hand Ball 18,2% Volley 11,2% Luttes 11,2% Fractures Hand 15% Boxe 14% Hockey 13% Luxations Volley 27% Hand 19% Basket 18% Entorses Judo 18% Luttes 15% Volley 14% Épidémiologie : sports de loisir n n n n n En France 382 000 accidents par an sont liés au sport Membre supérieur = atteint dans > 40% des accidents du sport 25% des traumatismes de la main surviennent lors des loisirs Le sport représente 15% des traumatismes de la main Judo : 10% des traumatismes concernent les doigts Rugby : localisation lésionnelle 60% 52% 50% Lower limb Head Upper limb Neck Trunk Back 40% 30% 20% 10% 0% 22% 15% 6% 5% 3% Traumatismes du Membre supérieur au Rugby 60% 54% 50% 40% 30% 20% 18% 15% 7% 6% 10% ng er s d H an t W ris w bo El Fi Sh ou ld er 0% Lésions selon leur gravité n Lésions mineures : n n n n Lésions de gravité moyenne : n n n n n n Fractures diaphysaires des phalanges Entorses IPP Mallet fingers Boutonnières post-traumatiques Entorses et Luxations MP Luxations IPP Rupture des poulies ou dossière Jersey fingers Lésions majeures : n n Luxations-fractures IPP Ring fingers Fractures diaphysaires des phalanges n n Non déplacées : immobilisation en position intrinsèque plus pendant 3 semaines puis par syndactylie 3 semaines supplémentaires Déplacées : n Réduction + ostéosynthèse (plaque latérale vissée: meilleure rigidité en flexion et torsion) n n Immobilisation complémentaire 3 semaines, rééducation Problèmes séquellaires : n n Anomalies rotationnelles Enraidissement Entorses des articulations IPP n n Fréquentes dans les sports de contact ou de ballon ( judo, volley, rugby, basket, hand ball, lutte…) Attention : toujours rechercher une instabilité latérale ou palmaire (anesthésie locale si besoin) Entorses des articulations IPP n Traitement orthopédique : n n n n PP isolée = attelle « IPP stop » PP + ligt collatéral = attelle IPP en extension quelques jours puis syndactylie (du côté du LC atteint) / 3 semaines Si instabilité majeure ou incarcération: réparation chirurgicale Prophylaxie : syndactylie dans les sports de contact Doigts en maillet n n n Mécanisme = hyper-extension contrariée sur IPD en flexion ou impaction axiale Diagnostic clinique Radiographie systématique : n n Arrachement osseux Subluxation palmaire Épidémiologie du mallet finger n n n n 2 Hommes / 1 Femme Main dominante (50-60%) Fractures chez le jeune (moyenne 23 ans) Ruptures tendineuses majoritaires au delà de 40 ans Majeur: 33,4% Index: 8,3% Annulaire: 27,5% Pouce: 1,8% Auriculaire: 28,8% Revue biblio C. Dumontier Mallet-finger : lésions osseuses n n Avulsion phalangienne ostéo-tendineuse (6-30%) Fracture articulaire emportant l’insertion tendineuse (30-40%) Evolution naturelle du mallet finger n n n Gêne esthétique et fonctionnelle (prise du ballon, doigt qui accroche) Enraidissement de l’IPD Déformation du doigt en col de cygne => Nécessité d’un traitement adapté Quel traitement ? Lésions tendineuses pures vues avant 2 mois : => Attelle en extension conservée jour et nuit 6 semaines puis la nuit 1 mois supplémentaire n Quel traitement en cas de fracture ? n n n Le même le plus souvent induisant un remodelé osseux surprenant Éviter l’hyper-extension source de subluxation antérieure et de souffrance cutanée (Rx contrôle dans attelle) Brochages si subluxation, écart > 2 mm ou fragment > 1/3 de la surface articulaire Quels résultats ? n 50 à 80 % de bons résultats seulement n n n Par manque de compliance des patients Abandon précoce des orthèses (macération) Extension complète : chez seulement 40-70% des patients (pas de rééducation) n Gain de 10-15° d’extension entre le 4ème et le 6ème mois Boutonnière post-traumatique n n n n n Désinsertion du tendon médian sur P2 Extension IPP contrariée Luxation palmaire IPP Diagnostic clinique Rx systématique Insertion de la bandelette médiane de l’ECD sur P2 bandelettes Union latérales ECD => insertion distale ECD sur P3 cf. Netter Boutonnière post-traumatique : traitement n n Orthèse d’extension IPP (IPD libre) 6 semaine + 2 semaines la nuit Traitement chirurgical en cas d’incarcération ou si lésions associées (luxation) + orthèse 6 semaines Entorses MP doigts longs n Atteinte de l’index et auriculaire (équitation, escrime, haltérophilie …) Traitement aigu = immobilisation 21 j puis strapping 21 j ou réinsertion en cas d’incarcération n Instabilité chronique = ligamentoplastie n Luxations MP doigts longs n n n Mécanisme = hyper-extension forcée (rugby, gymnastique, lutte) Type = luxation dorsale +/latérale Réduction difficile (risque d’interpositions) => Ne pas tirer mais repousser la base de P1 Echec : réduction chirurgicale Luxations IPP des doigts longs n Diagnostic clinique sur le terrain : n Doigt déformé au niveau de l’IPP n Rechercher une plaie associée (luxation exposée) n Analyser la déformation avant toute manipulation n Troubles vasculaires Attitude pratique sur le terrain n n n n n « Photographier » la déformation initiale Réduire la Luxation à chaud (pousser / base) Si difficilement réductible => structure spécialisée si possible ou réduction sous AL Vérifier la stabilité Radio systématique Diagnostic lésionnel n n Anatomie IPP : n Plaque palmaire n Ligaments collatéraux n Extenseur médian Position de P2 // P1 n En AR = luxation dorsale n En AV = luxation palmaire n Latéralement = luxation irrégulière latérale Luxations dorsales n n n n Les plus fréquentes et les plus bénignes Mécanisme d’hyperextension + contrainte axiale +/rotationnelle Rupture distale de la plaque palmaire +/- fracture de la base de P2 Lésions collatérales fréquemment associées Luxations dorsales n n n Réduction par pression sur la base de P2 + traction axiale Tester la stabilité réductionnelle Vérifier l’absence d’interposition justifiant une intervention chirurgicale Bilan radiographique systématique Luxations dorsales n n n n n Immobilisation de courte durée n En extension de l’IPP n Relayée par une syndactylisation Reprise précoce selon stabilité et douleur Rééducation Grosse IPP résiduelle Rare instabilité chronique Luxations palmaires n 3 types de Luxation : n n n n Palmaire pure Palmo-latérale Rotationnelle Mécanisme : n n Varus ou valgus Poussée palmaire Luxations palmaires n Anatomie lésionnelle n n n n Ligament collatéral Tendon extenseur médian Prolongement lésionnel à la plaque palmaire Fréquentes incarcérations Luxations palmaires n n n n Tentative de réduction fermée immédiate Testing de la stabilité post-réductionnelle Résistance à l’extension active IPP (boutonnière) Incarcérations fréquentes Luxations palmaires n Traitement chirurgical : Systématique en cas d’incarcération n Préféré chez le sportif de Haut Niveau Modalités : n Suture LC et bandelette médiane n Immobilisation stricte en extension 3 semaines puis relais + 3 sem Rééducation, orthèses Reprise différée du sport n n n n Ruptures des poulies digitales n n n Sports de grimpe Poulie atteinte = A2 Répétition de gestes identiques (Pathologie micro-traumatique et de surcharge) n n Niveau de plus en plus élevé (9+) Prises spécifiques Tendu Crochet Arqué Position arquée P 2 F. MOUTET A4 A2 P 1 M F ! Diagnostic clinique et radiographique n n n n Douleur palmaire au niveau de P1 (70% des cas) +/- irradiations latérales Claquement (75% des cas) souvent audible à plusieurs mètres ! Palpation d’une « corde d’arc » en position arquée Bilan paraclinique : n Echographie n IRM n Scanner dynamique La choix thérapeutique F. Moutet (Grenoble) Corde d ’arc ? Oui Doute Non Scanner-IRM (échographie) Oui Chirurgie Non Orthèse Le traitement conservateur n n Repos complet 45 jours ! Avec bague rigide de protection Le traitement chirurgical n n n n n n n Reconnaissance de la lésion et de son étendue (A2 +/- A3) Excision de la zone cicatricielle Reconstruction (avec le LADC) Protection (45 jours) Rééducation (45 jours) Bague de protection Reprise (progressive) Total = 3 mois !!! Rupture des dossières n n n n Appareil de stabilisation de l’appareil extenseur au dos de la MP Dossière externe de l’index et du médius, interne de l’annulaire et de l’auriculaire Luxation tendineuse Traitement chirurgical Jersey - Finger n n n n Rugby, judo, voile …(3ème, 4éme doigts) = arrachement FCP sur P3 Clinique évocatrice, Rx, IRM 3 types : n n n n n Type 1 rétraction FCP sur FCS rétraction FCP à la paume avec fragment osseux P3 Traitement = Chirurgie Pronostic fonction du délai de prise en charge et de la rétraction Type 2 Type 3 Luxations / fractures de l’IPP n n n Comminution fracturaire Luxation souvent associée Lourdes séquelles : Instabilité, désaxations n Raideur n n 2 impératifs : Chirurgie n Rééducation n Traitement chirurgical en Urgence n Fixation externe dynamique en distraction n Principe du ligamentotaxis (3 broches, 2 élastiques) Dissection minime n Stabilisation efficace n Mobilisation précoce n => Remodelage articulaire Traitement chirurgical secondaire n Problème des reconstructions articulaires : Ostéotomies n Volar plate arthroplasty n Plasties ostéochondrales n Prothèses n Ring fingers n n n Chaque jour la France compte un doigt de moins en raison d’une bague coincée IVème doigt pouce Les replantations sont efficaces dans 1 cas sur 2 => Interdire le port de bague en pratique sportive Conclusion n n n n Anatomie complexe de la Main Intervient dans symbolique et de nombreux gestes sportifs Nécessité d’une connaissance pathologique précise Prise en charge spécialisée