AFC TRAITEMENT ENDOSCOPIQUE DU RGO Frank Zerbib
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AFC TRAITEMENT ENDOSCOPIQUE DU RGO Frank Zerbib
TRAITEMENT ENDOSCOPIQUE DU RGO Frank Zerbib Fédération Médico-chirurgicale d'Hépato-gastroentérologie – Hôpital Saint André – Bordeaux Le traitement endoscopique du reflux gastro -oesophagien s'est beaucoup développé ces dernières années. Ce concept thérapeutique doit beaucoup au développement technologique de la chirurgie laparoscopique. Le nombre de méthodes actuellement en évaluation clinique ou au stade expérimental est de l'ordre d'une dizaine. Quelle que soit la technique, le but et les indications sont actuellement les mêmes : Il s'agit de réduire voire d'arrêter la prise d'inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) chez des patients présentant un reflux gastro-oesophagien dépendant des IPP mais sans dyskinésie œsophagienne, sans hernie hiatale et en l'absence de muqueuse de Barrett. Le traitement endoscopique est donc positionné comme une alternative au traitement chirurgical correcteur du reflux, un peu moins efficace mais de réalisation plus simple avec moins d'effets secondaires. Les différentes techniques peuvent être classées en 3 catégories : la suture, l'injection ou l'implantation de matière synthétique, l'hyperthermie. La suture endoscopique est la technique la plus populaire actuellement et sur le papier la plus séduisante. Elle vise à reproduire à minima le traitement chirurgical : il s'agit de créer une valve muqueuse par des points réalisés à partir de la lumière digestive, le tout sous contrôle endoscopique. Parmi les techniques d'injection, le produit Enteryx° est un polymère biocompatible qui se présente sous forme de poudre dissoute dans du diméthyl sulfoxide (DMSO). Après injection, ce DMSO diffuse rapidement dans les tissus et le sang entraînant la précipitation du polymère en une masse molle spongieuse. Du tantale micronisé est ajouté au polymère pour le rendre radio-opaque. Le principe du système Gatekeeper ° est différent de celui du produit Enteryx°. Il ne s'agit pas véritablement d'une injection mais plutôt d'une implantation : le produit se présente sous la forme d'un cylindre de gel capable de s'expandre par hydratation. La technique consiste d'abord à faire une ouverture dans la muqueuse œsophagienne un peu au dessus de la ligne Z. Puis en utilisant un dispositif positionné autour de l'endoscope, le cylindre est introduit dans cette ouverture dans la couche sous -muqueuse de façon longitudinale. Trois à quatre cylindres sont ainsi disposés en parallèle à la hauteur de la ligne Z. Le produit semble agir plutôt par effet d'obstacle au reflux. L'hyperthermie (radiofréquence) est la procédure qui suscite le plus de discussions et d'interrogations. La sonde (Stretta) comporte une extrémité type bougie, un assemblage fait d'un ballon, d'un panier et de 4 électrodes positionnées de façon radiale autour du ballon. Le ballon est placé à 2 cm au dessous de la ligne Z et est gonflé. Les 4 électrodes sont alors déployées dans la couche musculaire de la paroi. Les électrodes sont activées et la température est contrôlée pour atteindre 85°C pendant que la muqueuse est refroidie à 30°C par un circuit d'eau. En tournant et en déplaçant la sonde, 12 à 15 lésions sont créées chez le patient sur une hauteur de 4cm. L'hyperthermie par radiofréquence induit l'apparition d'une fibrose extensive de la paroi, qui réduirait la souplesse du sphincter et pourrait aussi détruire les réseaux nerveuses à l'origine des relaxations transitoires du SIO. L'hyperthermie a l'avantage de sa simplicité mais la fibrose inquiète : ne va -telle pas gêner la chirurgie et ne pourrait-elle pas à long terme générer une pseudoachalasie ? Si la morbidité se révèle négligeable, cette technique a de bonnes chances d'avoir du succès en raison de sa simplicité d'utilisation. De nombreux résultats ont été rapportés chez des patients en situation de reflux chronique « IPP-dépendant », le plus souvent sous forme de résumés, beaucoup plus rarement sous forme d'article originaux. D'une manière générale, ces études montrent que les procédures endoscopiques permettent d'interrompre ou de diminuer de manière significative la prise d'IPP. Toutefois, ces études ont des faiblesses méthodologiques qui en limitent la portée : l'évaluation symptomatique est mal définie, aucune étude n'est contrôlée, le nombre des malades inclus est généralement faible et le suivi évolutif est le plus souvent inférieur à 1 an en dehors de rapports anecdotiques. De plus, les résultats objectifs en termes d'exposition acide sont médiocres et éloignés de ceux obtenus avec le traitement médical par les IPP. On peut d'ailleurs être relativement surpris par la discordance entre le sevrage en IPP rapporté dans ces études et l'exposition acide qui reste pathologique chez la majorité des patients. Enfin, l'existence d'une hernie hiatale de plus de 2 cm est un critère d'exclusion pour la majorité des auteurs. La durée de l'efficacité de ces traitements constitue une autre préoccupation importante, car il est probable qu'avec le temps, on assistera, comme pour la chirurgie anti-reflux, à une dégradation des résultats et à la récidive des symptômes ou des lésions d' œsophagite. Toutefois, du fait de son caractère non invasif, le traitement pourrait être renouvelé, mais il restera alors à démontrer que son efficacité persiste et, dans le cas contraire, qu'il ne complique pas les autres alternatives thérapeutiques, en particulier si un geste chirurgical apparaît alors nécessaire. D'autres paramètres sont à prendre en compte comme le devenir et la tolérance des matériels implantés ou des lésions induites par la radiofréquence. Les complications rapportées sont habituellement rares et facilement contrôlées (quelques perforations traitées le plus souvent médicalement), mais l'incidence des complications risque de s'accroître en même temps que la diffusion de ces techniques. La survenue de ces complications dépend vraisemblablement, comme pour la chirurgie c œlioscopique, d'une courbe d'apprentissage, encore mal maîtrisée, mais qui nécessite sans doute une pratique importante. Au total, les résultats obtenus à ce jour démontrent que l'endoscopie interventionnelle pourrait représenter une autre alternative au traitement médical que la chirurgie c œlioscopique. Il est probable que des progrès technologiques seront réalisés dans les années à venir qui permettront de simplifier les procédures de traitement endoscopique, en particulier pour les sutures. Pour l'instant, ces techniques endoscopiques doivent être mieux évaluées avant leur diffusion, en réalisant ces traitements uniquement chez des malades inclus dans des essais thérapeutiques. Il convient aussi de définir des critères de jugement stricts, à la fois cliniques et physiopathologiques. Finalement, le recul du temps et la comparaison médico-économique avec les autres modalités de prise en charge du RGO à long terme, médicale ou chirurgicale, représenteront les éléments essentiels de choix dans les indications thérapeutiques. Ainsi, la comparaison des résultats de ces techniques interventionnelles doit être faite avec les traitements modernes par les IPP, incluant les nouvelles stratégies très « coût-efficaces » de traitements intermittents, voire de traitements à la demande. AFC Siège social : 122, rue de Rennes 75006 Paris tél : +33 (0) 1 45 44 96 77