MALADIES TROPICALES NÉGLIGÉES DANS LA

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MALADIES TROPICALES NÉGLIGÉES DANS LA
AFRICAN UNION
UNION AFRICAINE
UNIÃO AFRICANA
Addis Ababa, ETHIOPIA P. O. Box 3243 Telephone 115 517 700 Fax 115 517 844
www.africa-union.org
SA9367
SIXIÈME CONFÉRENCE DES MINISTRES
DE LA SANTÉ DE L’UA
ADDIS-ABEBA (ÉTHIOPIE)
22-26 AVRIL 2013
MALADIES TROPICALES NÉGLIGÉES DANS LA RÉGION D’AFRIQUE
CONTEXTE
i
Table des matières
Résumé analytique ................................................................................................................................................... 1
INTRODUCTION ....................................................................................................................................................... 3
Une analyse de la situation des MTN dans la région d’Afrique ......................................................................... 4
Réduire le fardeau des MTN ................................................................................................................................... 7
Défis de la lutte contre les MTN en Afrique......................................................................................................... 10
Occasions données pour la lutte contre et l’élimination des MTN en Afrique ............................................... 11
CONCLUSION ......................................................................................................................................................... 12
Annexe 1 : Les MTN et leur impact sur les Objectifs du Millénaire pour le développement en Afrique .... 14
Annexe 3 : Analyse de la situation spécifique des MTN dans la région d’Afrique ........................................ 19
Annexe 4 :
Cibles régionales de l’OMS pour la lutte contre et l’élimination des MTN d’ici 2020 ............ 21
Annexe 5 : Engagement antérieur pris par le G8 dans le cadre de la lutte contre les maladies
tropicales négligées ................................................................................................................................................ 23
Page 1
Résumé analytique
Bien que le fardeau des maladies infectieuses ait diminué dans le monde, elles
demeurent un obstacle majeur au développement en Afrique. Ces maladies continuent
à perpétuer les inégalités, la mauvaise santé et les résultats du développement sutout
pour les personnes marginalisées, les pauvres des zones rurales et urbaines.
Les maladies tropicales négligées (MTN) comprennent les infections parasitaires
et bactériennes qui se propagent facilement au sein des populations qui souffrent de
pauvreté, d'accès limité à l'eau potable et aux services d’assainissement, ainsi que
d’autres problèmes de santé, et elles tiennent leurs victimes prisonnières dans un cycle
de pauvreté et de maladie. Les MTN les plus fréquentes en Afrique sont le ver de
Guinée, la lèpre, la filariose lymphatique, l’onchocercose et le trachome. Viennent
ensuite l’ulcère de Buruli, la rage, le pian et la leishmaniose. On estime que l’Afrique
supporte plus de la moitié du fardeau mondial des MTN – et que cette proportion va en
croissant.
Les personnes infectées sont incapables d'aller au travail ou à l’école de manière
régulière, et la productivité des travailleurs et la performance scolaire est fortement
entravée en raison d'un handicap, de cécité, d'anémie et de malnutrition causés par ces
maladies. Les MTN imposent un lourd, mais largement évitable fardeau de santé pour
des individus et sur les systèmes de santé dans la région d’Afrique.
Les gouvernements de nombreux pays africains et leurs partenaires ont fait des
progrès significatifs dans le cadre de la lutte contre et l'élimination de certaines
maladies tropicales négligées dans les zones endémiques, notamment le ver de Guinée
et l'onchocercose. Plus récemment, les gouvernements ont commencé à accorder
sérieusement la priorité aux MTN dans les programmes nationaux de santé en
améliorant les programmes existants et en développant des plans nationaux intégrés de
lutte contre et de l’élimination des MTN. Ces plans représentent une approche globale,
durable et intégrée de lutte contre les maladies tropicales négligées qui est non
seulement multisectorielle, mais donne aussi un excellent rendement des capitaux
engagés, s’agissant en particulier de la productivité du personnel et de l'amélioration
des gains éducatifs. Cet élan positif est croissant au niveau international, culminant
avec la Déclaration de Londres signée en janvier 2012 par les dirigeants mondiaux du
domaine de la santé, y compris 13 sociétés pharmaceutiques, la Fondation Bill &
Melinda Gates, l'Organisation mondiale de la Santé, la Banque mondiale, l'Agence
américaine pour le développement international, le Département britannique pour le
développement international et plusieurs ministres de la Santé des pays d'endémie qui
luttent contre les MTN, et se sont tous engagés à soutenir les efforts visant à éliminer
les maladies tropicales négligées en tant que menaces mondiales de santé publique
d’ici 2020.
En fin de compte, le succès de ces efforts dépend d'importants engagements
politiques et des ressources en provenance des pays d'endémie en Afrique. La
Commission de l'Union africaine est idéalement placée pour assurer un leadership aux
États membres, dans leurs efforts pour la lutte contre et l’élimination des maladies
tropicales négligées dans la région d’Afrique d'ici 2020. La recherche de solutions aux
MTN est un problème sous-jacent sur lequel dépendent tous les efforts visant à
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améliorer la santé, l'éducation, le développement et les perspectives de croissance
économique de la région. Le présent document se veut un résumé de la situation des
MTN en Afrique, détaillant l'impact de ces maladies sur la population de la région ainsi
que les défis et les possibilités d’intervention qui existent.
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INTRODUCTION
Les maladies tropicales négligées (MTN) sont un groupe de maladies
infectieuses qui sont endémiques dans un certain nombre de pays en développement,
notamment les pays africains. Les MTN affectent quelque 1,4 milliard de personnes
dans le monde et constituent un fardeau disproportionné pour l’Afrique1. Les MTN les
plus fréquemment trouvées dans la région d’Afrique sont la maladie du ver de Guinée,
la lèpre, la filariose lymphatique, l'onchocercose, la trypanosomiase humaine africaine,
la schistosomiase, la géohelminthiase, l'ulcère de Buruli, le pian et autres
tréponématoses, leishmanioses et trachomes qui sont endémiques.
Les MTN affectent les populations les plus pauvres et les plus marginalisées en
Afrique, les femmes et les enfants étant touchés de manière disproportionnée par ces
maladies dévastatrices. Un chevauchement géographique important des MTN est de
même observé avec le VIH/SIDA, la tuberculose et le paludisme, qui affectent
également les communautés ayant un accès limité aux soins de santé, à l'éducation et
à d'autres ressources. La recherche a révélé que la lutte contre les MTN peut
considérablement améliorer la santé maternelle, réduire la mortalité néonatale,
améliorer la croissance et le développement des enfants, et atténuer les maladies
chroniques, généralement irréversibles aux derniers stades de la vie. Les MTN
entravent, par conséquent, les progrès pour atteindre la plupart des Objectifs du
Millénaire pour le développement (OMD). L’élimination des MTN permettrait aux pays
d’intensifier leurs efforts et de se remettre sur la voie de la réalisation des OMD.
En tant que pays d’endémie, nous sommes à un tournant décisif dans la lutte
contre les maladies tropicales négligées. La communauté internationale est en train de
prendre des mesures importantes pour éliminer ces maladies. De nombreux pays ont
déjà connu un succès dans l'élimination ou la réduction de la prévalence de certaines
maladies tropicales négligées comme le ver de Guinée et l'onchocercose. D'autres
MTN communes sont encore endémiques dans de nombreuses régions, et continuent
de décimer des communautés et de saper la productivité régionale.
Ces défis persistants ont amené plus de 30 pays africains à élaborer des plans
nationaux sur plusieurs années, pour mener une lutte intégrée contre les MTN eu vue
d’accélérer la lutte contre et l'élimination des MTN. L’OMS a lancé en janvier 2012 la
Feuille de route pour l’élimination des MTN d’ici à 2020. Le 30 janvier 2012, les
dirigeants mondiaux de la santé, y compris 13 sociétés pharmaceutiques, la Fondation
Bill & Melinda Gates, l'Organisation mondiale de la santé (OMS), la Banque mondiale,
l'Agence américaine pour le développement international, le Département britannique
pour le développement international et les ministres de la Santé des pays où les MTN
sont endémiques, se sont joints à cette lutte et ont exprimé leur volonté d’endiguer les
MTN d’ici 2020 (voir Annexe 2).
1
Organisation mondiale de la santé (2003). Maladies négligées : Une Analyse des droits de l’homme, OMS,
TDR/SDR/SEB/ST/07.2,2007, Genève ; et Rapport 2003 sur la Santé dans le monde. Shaping the future. Genève :
Organisation mondiale de la santé
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En dépit de cette dynamique récente, des priorités concurrentes en matière de
santé globale demeurent et entravent la lutte effective contre les MTN. Afin d'atteindre
l'ambitieux objectif de 2020, il importe que la communauté internationale et les pays
d'endémie intensifient considérablement leurs efforts et fassent de la lutte contre les
MTN et de leur élimination une priorité.
La Commission de l’Union africaine peut jouer un rôle essentiel pour convaincre
les États membres à prendre les engagements nécessaires afin de réaliser les objectifs
globaux de la lutte contre et de l’élimination des MTN d'ici 2020.
Une analyse de la situation des MTN dans la région d’Afrique
Dix-sept MTN touchent plus d'un milliard de personnes les plus pauvres de la
planète. De manière générale, les MTN sont réparties en deux groupes basés sur les
interventions de lutte nécessaires :

La chimiothérapie préventive des MTN peut être évitée, contrôlée ou
éliminée grâce à un traitement généralisé des populations exposées à ces
maladies. L’administration régulière massive de médicaments peut de
même prévenir l'infection chronique et réduire le risque de transmission au
sein des collectivités en atténuant le pouvoir infectieux de l’ensemble de la
population. Un traitement régulier, par le biais d’une combinaison de
médicaments prouvée, est très rentable, sûr et efficace, et susceptible de
réduire la prévalence et la gravité de la maladie, et interrompre sa
transmission.

La gestion intégrée des maladies porte sur le traitement complet des MTN
qui nécessite une gestion des symptômes à long terme et une
surveillance stricte des maladies en vue d’identifier les cas. L'objectif
principal de la gestion intégrée des maladies est de prévenir les décès et
les maladies graves par le biais d’interventions effectuées à temps et de
l'identification des cas, et réduire également le risque de transmission par
l’offre des soins complets et accessibles.
L'Afrique supporte le plus lourd fardeau des MTN dans le monde. Par exemple,
la quasi-totalité des cas de schistosomiase et d'onchocercose dans le monde est
enregistrée en Afrique. La maladie la plus répandue en Afrique est la filariose
lymphatique, et on estime que 406 millions de personnes sont exposées à cette
maladie, suivie de la géohelminthiase (340 millions de personnes exposées) et du
trachome (232 millions de personnes exposées) (voir Annexe 3)2. L’ensemble de ces
maladies constitue un énorme fardeau pour les communautés en proie à la pauvreté et
à d’autres problèmes de santé.
Bien que la situation épidémiologique et la gravité de l'endémie varient selon les
pays, les transmissions des MTN se produisent dans la plupart des communautés les
plus pauvres et ayant un accès limité à l'éducation, aux soins de santé, aux services
2
Éléments de la Feuille de route pour les maladies tropicales négligées dans la région Afrique de l’OMS. Priorités
pour les Maladies tropicales négligées dans la région Afrique de l’OMS. OMS-AFRO, 2012
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d’assainissement, et à l'eau potable (voir schéma 1). Elles sont persistantes chez les
populations les plus pauvres et les plus difficiles à atteindre et constituent un obstacle
majeur à la santé et au développement.
Schéma 1 : Distribution des MTN en Afrique et dans les pays qui ont
adopté des programmes de lutte intégrée contre les MTN en Afrique
subsaharienne (Fenwick A et al. 2009).
Impact des MTN sur la santé et sur l’économie
Les MTN causent la cécité, la défiguration et l'invalidité, et entraînent un nombre
estimé à 534.000 décès dans le monde chaque année.3 Chez les personnes infectées,
les MTN non traitées peuvent nuire au développement physique et cognitif et résultent
généralement à la discrimination de ceux qui deviennent défigurés ou présentent
d‘autres infirmités.4 On estime que, prises ensemble, les MTN infligent un fardeau de
morbidité comparable à celui du paludisme ou de la tuberculose et sont la quatrième
cause de transmission de morbidité et de mortalité.5
Les meilleures estimations du fardeau des MTN sont exprimées en termes d'années de
vie corrigées du facteur incapacité (AVCI). Les AVCI sont des mesures d'incapacité
liées à la maladie et s'expriment par le nombre d'années perdues pour cause de
maladie, d'invalidité ou de décès précoce. Elles prennent en compte le nombre de
personnes infectées, l'ampleur des symptômes et la durée de la maladie ou de
l’incapacité.6
3
Organisation mondiale de la santé (2003). Maladies négligées : Une Analyse des droits de l’homme, OMS,
TDR/SDR/SEB/ST/07.2,2007, Genève ; et Rapport 2003 sur la Santé dans le monde. Shaping the future. Genève :
Organisation mondiale de la santé
4
Weiss, M. G. (2008). Stigma and the social burden of neglected tropical diseases. (J. Utzinger, Ed.)PLoS neglected
tropical diseases, 2(5), e237. Public Library of Science. doi:10.1371/journal.pntd.0000237
5
Hotez PJ, Molyneux DH, Fenwick A, Ottesen E, Ehrlich Sachs S, et al. (2006) Incorporating a Rapid-Impact
Package for Neglected Tropical Diseases with Programs for HIV/AIDS, Tuberculosis, and Malaria. PLoS Med 3(5) :
e102. Accédé le 25 juin 2012. http://www.plosmedicine.org/article/info:doi/10.1371/journal.pmed.0030102#pmed0030102-b8
6
King CH, Bertino A-M (2008) Asymmetries of Poverty: Why Global Burden of Disease Valuations Under estimate
the Burden of Neglected Tropical Diseases. PLoS Negl Trop Dis 2(3) : e209
Page 6
Par le biais de cette mesure, l’on peut commencer à estimer l'impact de ces
maladies. Par exemple, on estime que la filariose lymphatique peut entraîner la perte de
2,3 millions d’AVCI par an en Afrique.7 La trypanosomiase humaine africaine et
l'onchocercose comptent pour la perte de 1,6 million et de près de 400.000 AVCI,
respectivement, chaque année en Afrique, tandis que la schistosomiase et la
géohelminthiase, qui sont très répandues chez les enfants, coûtent chacune 1,5 million
d’AVCI au continent par an. En général, les MTN comptent pour une perte de 25 pour
cent des AVCI du fardeau mondial des maladies infectieuses et parasitaires8, y compris
la dévastation du SIDA, de la tuberculose et du paludisme.
Par ailleurs, les MTN constituent un obstacle sérieux au développement
économique dans de nombreux pays à faible revenu, ce qui entraîne une perte de
milliards de dollars pour les salaires et la baisse de la productivité9 économique. Pour
mieux comprendre les impacts économiques des MTN, il est important de tenir compte
du faible coût de traitement et des avantages d’un fardeau de morbidité réduit sur les
individus et les communautés qui créent des taux très favorables coûts-avantages pour
le traitement des MTN. À titre d’illustration, près de 600 millions de personnes peuvent
avoir été traitées depuis la création du Programme mondial d'élimination de la filariose
lymphatique, entraînant un taux de rentabilité économique estimé de 20 à 60 dollars
pour chaque dollar dépensé pour le traitement.10 21,8 millions de dollars ont été ainsi
épargnés par la prévention ou le traitement des infections chez les 31,4 millions de
personnes qui ont ou qui sont susceptibles de contracter la filariose lymphatique entre
2000 et 2007, dont plus de 2,3 milliards de dollars découlent des trois millions
d'infections évitées grâce à l’élimination de la filariose lymphatique au niveau local.
De même, le Programme africain de lutte contre l'onchocercose (APOC) a
permis d’éviter 8,9 millions de cas d'onchocercose et d’épargner un million d’AVCI par
an.11 L'APOC a couvert 68,4 millions de personnes en 2009, soit 71 pour cent de la
population totale exposée à cette maladie, et a réalisé 91 pour cent de couverture12
géographique. Le taux de rendement économique estimé pour le traitement de la
communauté par le biais de l’ivermectine depuis plus de 21 ans, y compris les dons de
médicaments et la productivité accrue des travailleurs, a été estimé à 24 pour cent 13 et
le traitement par l'ivermectine est estimé entre 14 et 30 dollars par AVCI évitée, rendant
cette intervention14 très rentable. La viabilité économique de l'ivermectine est presque
7
Organisation mondiale de la santé (2010). Working to overcome the Impact of Neglected Tropical Diseases: The
First WHO Report on Neglected Tropical diseases. Genève : OMS.
http://whqlibdoc.who.int/publications/2010/9789241564090_eng.pdf
8
Engels D & Savioli L (2006) Reconsidering the underestimation of burden caused by neglected tropical diseases.
TRENDS in Parasitology, Vol. 22, No. 8.
9
Conteh, L., Engels, T., & Molyneux, D. H. (2010). Socioeconomic aspects of neglected tropical diseases. Lancet,
375(9710), 239-47. Elsevier Ltd. doi:10.1016/S0140-6736(09)61422-7
10
Chu BK, Hooper PJ, Bradley MH, et al. The economic benefits resulting from the first 8 years of the Global
Programme to Eliminate Lymphatic Filariasis (2000-2007). PLoS Negl Trop Dis. 2010 Jun 1 ;4(6) : e708.
11
Programme africain de lutte contre l’onchocercose. Réalisations de l’APOC – 2010. OMS.
http://www.who.int/apoc/about/en
12
Adjei S et al. (2010). Rapport de l’examen externe à mi-parcours du Programme africain de lutte contre
l’Onchocercose. OMS et APOC.
13
Haddix A (1997). Un réexamen économique du Programme africain de lutte contre l’Onchocercose. Départment de
la Santé Internationale, Rollins School of Public Health of Emory University, Atlanta, as reviewed in Waters et al.,
2004.
14
Waters HR, Rehwinkel JA, and Burnham G. Economic evaluation of Mectizan distribution. Trop Med Int Health.
2004 Apr ; 9(4) : A16-25.
Page 7
entièrement basée sur les dons de médicaments, étant donné que la valeur des dons
de Merck est de loin supérieure aux coûts15 du programme. Les programmes de lutte
contre l'onchocercose, en place depuis les années 1970, ont permis d'améliorer la
santé de la population adulte et de réduire la prévalence de cette maladie dans de
nombreuses régions, entraînant l’augmentation de la productivité agricole et de la maind’œuvre d'une valeur estimée à 3,7 milliards de dollars sur 39 ans.16
Des études menées sur le déparasitage ont révélé un taux de rendement de 30
pour 1 pour chaque dollar dépensé pour le déparasitage,17 et les programmes scolaires
ont enregistré un meilleur taux de fréquentation scolaire ainsi que des facteurs
extérieurs positifs sur le salariat à vie. L'absentéisme scolaire a été réduit de près de 25
pour cent grâce au déparasitage18 annuel, ce qui revient à une année d'école gagnée
pour chaque 4 dollars investi dans des programmes19 de traitement en milieu scolaire.
Les enfants qui n'ont pas été déparasités ont montré une réduction de 40 pour cent des
revenus salariaux des adultes en raison de la baisse de fréquentation scolaire (20 pour
cent sont moins susceptibles d'être scolarisés) et de la perte de productivité à l'âge
adulte pour cause de maladie.20
Réduire le fardeau des MTN
Quatre types d’interventions sont nécessaires pour la lutte contre et l’élimination
des MTN :
1.
15
L’administration de masse dans le cadre de la chimiothérapie
préventive des médicaments à des populations sélectionnées et à des
intervalles21 réguliers. La chimiothérapie préventive est reconnue comme
une stratégie viable et rentable pour la lutte contre et l'élimination des
MTN.22 Elle repose sur l'utilité des agents de santé communautaires ou
des enseignants pour servir en tant que distributeurs communautaires de
médicaments. De la sorte, les traitements peuvent être offerts même aux
communautés rurales les plus reculées. Les coûts demeurent également
bas en raison des dons de médicaments par les laboratoires
pharmaceutiques majeurs, qui se sont engagés à faire don de 14 milliards
de traitements pour les maladies les plus courantes de la chimiothérapie
préventive au cours des dix prochaines années.23 En conséquence, ces
Waters HR, Rehwinkel JA, and Burnham G. Economic evaluation of Mectizan distribution. Trop Med Int Health.
2004 Apr ; 9(4) : A16-25
16
Kim A, Benton B. Cost-Benefit Analysis of the Onchocerciasis Control Program. World Bank Technical Paper #282.
Washington, DC : The World Bank.
17
Michael Kremer, The Wisest Investment We Can Make: Using Schools to Fight Neglected Tropical Disease.
February 2008. http://blogs.cgdev.org/globalhealth/2008/02/the-wisest-investment-we-can-m.php
18
Miguel E, Kremer, M. Worms : Identifying Impacts on Education and Health in the Presence of Treatment
Extranalities. Econometrica, 2004. Jan 72 (1), 159-217.
19
Bitran R, Martorell B, et. al. Controlling and Eliminating Neglected Diseases in Latin America and the Caribbean.
Health Affairs. 2009. 28, no 6:1707-1719.
20
Hoyt Bleakley, Disease and Development: Evidence from Hookworm Eradication in the American South. The
Quarterly Journal of Economics, February 2007.
21
Organisation mondiale de la santé. (2006). Preventive chemotherapy in human helminthiasis (p. 62). Genève :
Organisation mondiale de la santé. Tiré du site http://whqlibdoc.who.int/publications/2006/9241547103_eng.pdf
22
Hotez PJ, Molyneuw DH, Fenwick A, Kumaresan J, Sachs SE, Sachs JD, Savioli L. “Control of Neglected Tropical
Diseases.” New England Journal of Medicine, 2007. 357:1018-27.
23
Research-based pharmaceutical industry annonce une contribution de 14 milliards de dollars US pour le traitement
en vue d’endiguer neuf maladies tropicales négligées. International Federation of Pharmaceutical Manufacturers and
Page 8
sept MTN peuvent être combattues ou éliminées au prix de moins de 0,50
dollar par personne et par an – faisant de l'élimination de ces MTN un
objectif réalisable et en fait une « bonne affaire » dans le domaine de la
santé publique.24
La schistosomiase et la géohelminthiase sont deux des maladies
tropicales négligées les plus courantes, qui affectent des centaines de
millions de personnes dans le monde. La prévalence élevée et le faible
coût des traitements ont fait de la schistosomiase et de la géohelminthiase
des objectifs du modèle de lutte contre les MTN par l'administration
massive de médicaments. Au Cambodge, un programme à long terme
d'administration de médicaments contre la schistosomiase s’est révélé
extrêmement rentable. Le programme a offert un traitement à toute la
population dans deux régions endémiques et réduit la prévalence de 77 %
à 0,5 %.25 À un coût d'environ 1 dollar par bénéficiaire et par an, le
programme a accru la productivité des travailleurs d'un montant estimé à
2,7 millions de dollars, au coût total du programme de 750.000 dollars.26
Les principaux coûts d'administration de masse de médicaments se rapportent à
la formation, à l’éducation sanitaire, à l’approvisionnement et à la distribution de
médicaments, aux campagnes médiatiques, à la supervision et au suivi, ainsi qu’aux
campagnes propres à produire des économies d'échelle suffisantes aux niveaux
national ou régional, et à intégrer des multiples interventions (multiples MTN,
moustiquaires, vitamine A ou vaccinations) susceptibles de réduire davantage 27 les
coûts de lutte contre les MTN. Même en supposant l'absence d'intégration (voir
tableau), la lutte contre les MTN en Afrique peut être considérée comme étant très
rentable.28
Tableau 1. Rentabilité de la lutte contre les maladies tropicales négligées (Conteh et
al., 2010)
Maladie
Intervention
Filariose
lymphatique
Dans les unités (districts) de mise en œuvre où la
prévalence est supérieure à 1 %, l’administration
de masse des médicaments pour le traitement de
toute la population exposée à la maladie, pendant
5-7 ans : l’ivermectine et l’albendazole en Afrique
Coût évité par AVCI (dollars
américains)
Associations. 30 janvier 2012
http://www.ifpma.org/fileadmin/content/News/2012/IFPMA_Ending_neglected_tropical_diseases_January2012.pdf
24
OMS. Accelerating Work to Overcome the Global Impact of Neglected Tropical Diseases: A Roadmap for
Implementation. Geneva: WHO, 2012.
25
Gabrielli AF, Touré S, Sellin B, et al. A combined school- and community-based campaign targeting all school-age
children of Burkina Faso against schistosomiasis and soil-transmitted helminthiasis: performance, financial costs, and
implications of sustainability. Acta Tropica 2006 ; 99(2-3)L 234-42.
26
Croce D, Porazzi E, Foglia E., et al. Cost-effectiveness of a successful schistosomiasis control program in
Cambodia (1995-2006). Acta Tropica 2010 ; 113(3) : 279-84.
27
Conteh, L, T Engels, D Molyneux (2010). Socioeconomic aspects of neglected tropical diseases. The Lancet
375:239-47.
28
Une intervention est rentable lorsqu’elle n’excède par le PIB par habitant. Selon les données les plus récentes de
la Banque mondiale, ce seuil était de 1.424 dollars pour l’Afrique subsaharienne en 2011. “Cost-effectiveness
thresholds” WHO-Commission on Macroeconomics and Health.
http://www.who.int/choice/costs/CER_thresholds/en/index.html
Page 9
Maladie
Intervention
Schistosomiase
Trachome
Onchocercose
Géohelminthiases
Trypanosomiase
humaine africaine
et le diethylcarbamazine et l’albendazole dans les
pays exempts d’onchocercose :
 Pour interrompre la transmission et réaliser
l’élimination de ce problème de santé ;
 Entreprendre la lutte contre la morbidité, la
chirurgie, et la gestion du lymphoedème ;
 Sel fortifié au diethylcarbamazine (Chine) ;
 Lutte antivectorielle.
 Traitement de masse en milieu scolaire au
praziquantel et à l’albendazole à combiner
avec le traitement de la schistosomiase ;
 Traitement de masse en milieu scolaire au
praziquantel seulement.
Chirurgie pour la réparation des paupières, lutte
contre le trachome basée sur la stratégie SAFE :
Chirurgie, traitement aux antibiotiques, lavage du
visage, et contrôle de l’environnement
Programmes de traitement des communautés à
l’ivermectine
Traitement de masse en milieu scolaire à
l’albendazole ou au mebendazole
Identification et traitement des cas :
 au mélarsoprol ;
 à l’eflornithine
Coût évité par AVCI (dollars
américains)
5-10
35
1-4
59-370
10-23
410-844
5-100
9
2-11
<12
<24
2.
La gestion intégrée des maladies est utilisée pour traiter les cas
complexes de la trypanosomiase humaine africaine, de leishmaniose, de
lèpre et d'ulcère de Buruli. La gestion intégrée des maladies met l'accent
sur l'amélioration de l'accès aux soins spécialisés grâce à la surveillance
des maladies et à leur dépistage, et contribue à réduire le fardeau de la
mortalité et de la morbidité lié à ces maladies. Bien que ces maladies ne
puissent être évitées grâce à la chimiothérapie, leur meilleure gestion peut
interrompre leur transmission.
3.
La lutte antivectorielle applique des solutions transversales
intersectorielles pour aider à interrompre la transmission des maladies
tropicales négligées par le biais des vecteurs et des hôtes intermédiaires.
Impliquant généralement les ministères de l'Agriculture, de l'Élevage, de la
Forêt, de l'Eau et de l'Assainissement, la lutte antivectorielle peut
améliorer les interventions basées sur la population dans le cadre de la
lutte contre les MTN. Dans la mesure où ces maladies surviennent chez
les humains et chez les animaux et peuvent persister dans les sols et
l'eau, la coordination avec les autres secteurs s’avère nécessaire pour
réduire les taux d'infection.
4.
Facteurs environnementaux : Les mesures visant à améliorer les
services d'assainissement, la sécurité alimentaire et de l'eau et l'hygiène
personnelle, ont un impact profond sur la lutte contre les maladies
infectieuses, et devraient être intégrées dans les programmes de lutte
contre les MTN afin de limiter l'exposition et minimiser le risque de
transmission de personne à personne.
Page 10
La région d’Afrique a considérablement réduit le fardeau de la maladie de la
poliomyélite et du ver de Guinée et a pratiquement endigué ces deux maladies. Les
campagnes de vaccination et de dépistage de masse ont été vitales pour la lutte contre
et l’élimination de ces maladies transmissibles ; la même infrastructure et la même
volonté politique peuvent être mises à profit pour lutter contre et éliminer les autres
MTN en Afrique. Déjà, l'incidence de la lèpre et de la trypanosomiase humaine africaine
a baissé dans certaines régions et des campagnes intensives de chimiothérapie
préventive ont également permis de réduire la prévalence de la filariose lymphatique. 29
L'élimination est un objectif réalisable, dans la mesure où 28 pays ont signalé leur lutte
contre ou l'élimination d'une ou de plusieurs MTN.30
De nombreux partenaires dans le monde ont pris part à la lutte contre les MTN et
ont été actifs dans la région. En plus des différentes ONG, des groupes religieux et
d’autres acteurs œuvrant à éliminer les MTN, la Banque mondiale soutient depuis
longtemps des programmes visant à éliminer les causes de la pauvreté. La Banque
mondiale finance le Programme africain de lutte contre l'onchocercose, qui a été créé
en 1995 et pris en main la distribution de l'ivermectine existante au niveau régional et le
programme de lutte antivectorielle. Au fil des ans, l'APOC a mené la distribution de plus
de 1,8 milliard de traitements depuis 1997.31 L’APOC a permis d'éviter la perte d'environ
un million d’AVCI, a empêché 800.000 cas de cécité, et réduit la prévalence de
l'onchocercose d’environ 73 pour cent dans les 19 pays dans lesquels il opère.32
Pour élever le niveau des interventions opérationnelles, il est important de
renforcer les programmes nationaux de lutte contre les MTN. La plupart des pays
africains on élaboré des plans pluriannuels (également appelés plan-directeurs pour les
MTN) pour la lutte et l’élimination des MTN ciblées. La majeure partie des priorités
arrêtées dans ces plan-directeurs nationaux pour les MTN, dans le cadre de
l’alignement avec les directives du Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique, sont, entre
autres les suivantes:
a.
b.
c.
d.
Le renforcement du leadership, du plaidoyer, de la coordination et des
partenariats pour la lutte et l’élimination des MTN ;
Le renforcement de la planification pour les résultats, la mobilisation des
ressources et la durabilité financière des programmes nationaux de lutte
contre les MTN ;
L’intensification de l’accès aux interventions, au traitement et au
renforcement des capacités ; et
Le renforcement du suivi et de l’évaluation, de la surveillance et de la
recherche opérationnelle.
Défis de la lutte contre les MTN en Afrique
29
OMS-AFRO (2009). Tackling Neglected Tropical Diseases in the African. Kigali : WHO-AFRO, 2009.
(AFR/RC59/10)
30
Norris J, Adelman C, Spantchak Y, Marano K. Livre blanc: Cost Effectiveness and Impact of Neglected Tropical
Disease Treatment Programs. Washington, DC : The Hudson Institute’s Center for Science in Public Policy, 2012.
31
Réalisations de l’APOC – en décembre 2010. Programme africain pour la lutte contre l’Onchocercose. OMS.
http://www.who.int/apoc/about/en
32
Réalisation du traitement à l’ivermectine administré aux communautés (CDTI). Programme africain pour la lutte
contre l’Onchocercose. OMS. http://www.who.int/apoc/cdti/achievements/en/index.html
Page 11
Si l'enthousiasme mondial suscité pour les MTN a amené un nombre croissant
de partenaires à soutenir les pays africains dans la mise en œuvre des programmes de
lutte contre et d’élimination des MTN, il a également conduit à l’adoption de multiples
mécanismes et des programmes de financement parallèles dans chaque pays.
Toutefois, la coordination entre ces partenaires reste faible, ce qui affecte en particulier
la capacité de suivre la mise en œuvre et les réalisations desdits programmes.
D’autres problèmes et défis majeurs comprennent :

La nécessité de renforcer le plaidoyer et la visibilité des programmes de
MTN aux niveaux régional, national et sous-national ;

La faible appropriation par le gouvernement et les capacités du
programme national. La priorité nécessaire n’est toujours pas accordée
aux programmes relatifs aux MTN dans les allocations des fonds publics ;

La nécessité d'orienter davantage de fonds vers les pays et les villages
sérieusement touchés, qui ne sont pas toujours les priorités des nombreux
partenaires et bailleurs de fonds ;

La nécessité d’améliorer les interventions de manière effective et rapide ;
et

La faiblesse des systèmes gouvernementaux et des capacités 33 de
gestion du programme de lutte contre les MTN.
Occasions données pour la lutte contre et l’élimination des MTN en Afrique
Plus de 30 pays africains ont développé des plans nationaux intégrés, sur
plusieurs années, en vue de lutter contre et d’éliminer les MTN. Ces plans constituent
une approche globale et durable pour faire face aux MTN. À travers la région, des pays
tels que le Kenya, le Burundi, le Nigéria, le Mozambique et beaucoup d'autres sont en
train de lancer ces plans et de commencer à les mettre en œuvre sérieusement.
D'autres pays comme le Ghana ont déjà pris des engagements financiers pour la mise
en œuvre de leur plan.
Au plan international, les MTN ont fait l'objet d'une attention accrue ces dernières
années et ont été reconnus comme un facteur essentiel pour la réalisation des
initiatives mondiales de développement. En 2008, le Groupe des huit (G8) a procédé à
un examen complet de la documentation sur les problèmes rencontrés actuellement
dans la lutte contre les maladies infectieuses et se sont engagés à soutenir la lutte ou
l'élimination des MTN qui constituent un lourd fardeau. Ces engagements ont été
réitérés lors des Sommets de 2009, 2010 et 2011 dans le cadre de la lutte permanente
contre les maladies infectieuses, notamment le VIH/SIDA, le paludisme, la tuberculose
et la poliomyélite. Au cours de l’exercice financier de 2006, l'Agence américaine pour le
développement international (USAID) a lancé son premier programme sur la lutte contre
33
Organisation mondiale de la santé et Réseau mondial pour la lutte contre les maladies tropicales négligées (2010).
Note conceptuelle : Scaling up the Impact of Advocacy, Resource Mobilization & Integrated Preventive
Chemotherapy. Towards Ending the Neglect of Major Tropical Diseases in the African Region.
Page 12
les maladies tropicales négligées. Le Gouvernement américain s'est ensuite engagé à
accorder 350 millions de dollars au titre de l'exercice 2008 sur une durée de cinq ans
pour fournir des traitements intégrés des MTN à 300 millions de personnes dans le
monde.34 Une attention particulière a été accordée aux pays africains, 13 pays 35 ayant
bénéficié de l'aide de l’USAID36.
Les engagements pris lors de la Déclaration de Londres ont totalisé 785 millions
de dollars qui serviront à soutenir les efforts déployés dans le cadre de l'offre de
médicaments, à accélérer la recherche et le développement des nouveaux outils, et à
améliorer les programmes de prestations et de mise en œuvre. À ce jour, les États-Unis
ont alloué 301 millions de dollars pour la lutte contre les MTN par le biais du
Programme de l'USAID pour la lutte contre les MTN, dont 89 millions de dollars pour le
seul exercice financier de 2012. De même, le Département britannique pour le
développement international (DFID) a lancé des programmes de lutte contre les MTN
dans certains pays d'Afrique depuis 2006 et a récemment annoncé qu'il allait accroître
son engagement à 245 millions de livres sterling entre 2011 et 2015. La Banque
mondiale, les organisations philanthropiques, les organisations à but non lucratif,
l’Initiative des Médicaments pour les maladies négligées, et 13 sociétés
pharmaceutiques majeures, ont également accru leur engagement vis-à-vis de
l'élimination des MTN d’ici 2020 et de l’investissement dans la recherche et le
développement en ce qui concerne les MTN37. (Voir Annexe 2).
En dépit de l’élan suscité, il reste nécessaire de s'engager à réaliser des
programmes solides propres à éliminer les MTN dans la région d'ici 2020. Le temps est
venu pour les pays africains d’intégrer les MTN en vue de renforcer la viabilité
financière des principales interventions pour l’élimination des MTN ciblées.
CONCLUSION
Tous les efforts de développement économique et en matière de santé sont
confrontés à la question de durabilité. Pourtant, si les individus, les pays et les
populations jouissaient d’une bonne santé et étaient productifs, ils offriraient l'argument
le plus fort pour la durabilité de la croissance locale. Les MTN constituent une menace
claire pour le développement en Afrique en piégeant les populations les plus
vulnérables dans un cycle de pauvreté et de maladie. Ces facteurs entravent
sérieusement nos efforts pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le
développement en perpétuant la pauvreté et en causant des effets néfastes sur la santé
maternelle et infantile, l'éducation, la nutrition et le développement économique. Des
solutions doivent être trouvées pour assurer un progrès économique durable. Il est
nécessaire de faire preuve de leadership sur cette question en jouant un rôle essentiel
34
L’Initiative sur les maladies tropicales négligées. U.S. Global Health Initiatives.
http://www.ghi.gov/resources/initiatives/index.htm
35
Burkina Faso, Cameroun, République démocratique du Congo, Ghana, Mali, Mozambique, Niger, Senegal, Sierra
Leone, Tanzanie, Togo, Ouganda
36
Pays soutenus par le Programme de l’USAID pour la lutte contre les MTN.
http://www.neglecteddiseases.gov/countries/index.html
37
La Déclaration de Londres. Uniting to Combat NTDs. 2012.
http://unitingtocombatntds.org/downloads/press/ntd_event_london_declaration_on_ntds.pdf
Page 13
pour convaincre les États membres à prendre les engagements nécessaires pour la
lutte contre et l’élimination des MTN dans la région d’Afrique d'ici 2020.
Les États membres devraient être encouragés à s'engager et à fournir des
ressources adéquates pour la mise en œuvre du Programme national intégré de lutte
contre et de l’élimination des MTN.
Les partenaires au développement devraient également être encouragés à
prendre ou à renforcer les engagements vis-à-vis du programme de lutte et
d’élimination des MTN.
Page 14
Annexe 1 : Les MTN et leur impact sur les Objectifs du Millénaire pour le
développement en Afrique
OMD 1 : Éradiquer la faim et la pauvreté extrêmes
Progrès réalisés en Afrique
Impact des MTN
Réduire de moitié la proportion de
Les MTN perpétuent la pauvreté en limitant la
personnes vivant avec moins d'un dollar
capacité des individus à être productifs. Les
par jour. La pauvreté et les maladies
maladies chroniques et les invalidités empêchent
chroniques font partie du même cycle. Bien
les individus de travailler, et empêchent de même
que les économies africaines soient
les enfants d'aller à l'école, ce qui limite leurs
croissantes, la proportion de personnes vivant
perspectives d'avenir. Le traitement d'un seul
avec moins de 1,25 dollar américain par jour
groupe de MTN peut avoir des conséquences
est restée relativement constante, en baissant
profondes sur l'absentéisme scolaire et la durée de
de 56 pour cent en 1990 à 47 pour cent en
la capacité de gagner sa vie. Traditionnellement, les
2008. Même si cet objectif de l'OMD sera
apparitions des MTN en Afrique ont été
atteint à l'échelle mondiale, les taux les plus
extrêmement coûteuses, obligeant des individus à
élevés de pauvreté dans le monde persistent
abandonner leurs maisons et leurs moyens de
en Afrique subsaharienne et contribuent aux
subsistance. La perte de profits et les effets
conditions qui favorisent le développement
persistants des déplacements sur l'économie ont
des MTN.
entraîné des dizaines de millions de pertes par an,
tandis que les cycles de la pauvreté et de la maladie
continuent.
Diminuer de moitié le nombre de
personnes qui souffrent de la faim. La faim
et les MTN vont de pair dans leur rapport avec
la pauvreté. La région d’Afrique a réalisé des
gains mineurs dans la réduction de la
proportion d'enfants de moins de 5 ans ayant
un poids insuffisant. Entre 1990 et 2010, le
pourcentage de ces enfants a baissé de 29 à
22 pour cent. Toutefois, l'Afrique a connu de
graves pénuries alimentaires ces dernières
années, augmentant le nombre de personnes
sous-alimentées.
Plus de 340 millions de personnes en Afrique sont
affectées par des vers intestinaux, dont 283 millions
sont des enfants. Les Infections par des vers
intestinaux peuvent causer ou aggraver la
malnutrition en empêchant le corps d’absorber les
nutriments. Les infections chroniques graves
peuvent provoquer une occlusion intestinale,
l'anémie, un retard de croissance, et compromettre
le développement cognitif. Lorsqu’il y a des
pénuries alimentaires, des infections généralisées
des helminthiases peuvent avoir des effets sur l'aide
alimentaire et sur les suppléments nutritionnels si
les vers intestinaux empêchent le corps d’absorber
les nutriments.
OMD 2 : Réaliser l’éducation primaire universelle
Progrès réalisés en Afrique
Impact des MTN
Faire en sorte que tous les enfants du
Les enfants sont confrontés à un fardeau
monde, filles et garçons, puissent suivre
particulièrement lourd des MTN et les symptômes
l'intégralité du programme de l'école. Le
peuvent les empêcher d’aller à l'école ou de prêter
taux de scolarisation en Afrique subsaharienne
attention ou encore de participer pleinement. Dans
a atteint plus de 75 pour cent, passant de 58
au moins un cas documenté, il été montré que le
pour cent en 1999. Toutefois, la région accuse
déparasitage peut réduire l'absentéisme scolaire
toujours un retard considérable par rapport aux
de 25 pour cent. La prévention de l'infection
autres régions du monde tant en matière de
chronique est également importante pour la
taux
de
scolarisation
que
de
celui
croissance : il a été montré que les effets
d'alphabétisation. Il a été montré que les MTN
secondaires des MTN tels que l'anémie et la
ont un impact important sur la fréquentation
malnutrition peuvent affecter le développement
scolaire.
cognitif des enfants.
OMD 3 : Promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes
Progrès réalisés en Afrique
Impact des MTN
Les disparités entre les sexes en matière de
Les MTN sont particulièrement dévastatrices pour
scolarisation sont liées à la pauvreté et ont des
les femmes et les filles, de sorte qu’elles sont
Page 15
conséquences sur la capacité des femmes à
réaliser leur potentiel économique et à prendre
soin d’elles-mêmes et de leurs familles.
L'Afrique a fait des progrès dans la réalisation
de la parité entre les sexes dans
l'enseignement primaire, mais accuse encore
un retard considérable au niveau de
l'enseignement secondaire et tertiaire. Les
femmes gagnent dans l'emploi en Afrique
subsaharienne en termes de pourcentage de
femmes salariées non agricoles, et la lutte
contre les MTN reste essentielle pour accroître
les possibilités de croissance.
OMD 4 : Réduire la mortalité infantile
Progrès réalisés en Afrique
Réduire des deux tiers le taux de mortalité
des enfants de moins de cinq ans. Les
enfants qui vivent dans les zones rurales et
dans la pauvreté sont beaucoup plus exposés
au décès dans l'enfance et ces conditions qui y
prévalent favorisent les infections à grande
échelle des MTN même si les MTN sont
également enregistrées dans les bidonvilles.
L’Afrique subsaharienne, qui fait face aux taux
de mortalité infantile les plus élevés dans le
monde, n'atteindra pas son objectif de réduire la
mortalité infantile de deux tiers. En 2010, le taux
de mortalité des moins de cinq ans était encore
de 121 pour 1000 naissances vivantes.
Toutefois, le taux de réduction de la mortalité
des enfants de moins de cinq ans a augmenté
en Afrique subsaharienne, ce qui montre qu’il y
a du progrès. La mortalité néonatale a été l'un
des défis les plus difficiles à relever, et le taux
de mortalité néonatale de l'Afrique reste
particulièrement élevé.
OMD 5 : Améliorer la santé maternelle
Progrès réalisés en Afrique
Réduire de trois quarts le taux de mortalité
maternelle. La mortalité maternelle a chuté de
850 à 500 décès pour 100.000 naissances
vivantes entre 1990 et 2010, et bien que des
progrès aient été accélérés au cours des dix
dernières années, l'Afrique subsaharienne reste
confrontée à des défis importants dans la lutte
contre la mortalité maternelle. Les visites
prénatales sont une bonne occasion pour traiter
les MTN chez les femmes enceintes et intégrer
davantage les services de soins de santé. Dans
certains pays d'Afrique, jusqu'à 94 pour cent des
femmes sont suivies au moins une fois par un
personnel de santé qualifié au cours de la
grossesse, même si la majorité des femmes en
Afrique subsaharienne ne reçoivent pas de soins
prénatals à la fréquence recommandée et
confrontées à des obstacles supplémentaires à
l'éducation et à l'emploi. En tant que principales
dispensatrices de soins, les femmes sont
exposées à des risques accrus de contracter
certaines MTN, comme le trachome, qui peut être
transmis par leurs enfants. Quelques MTN
accroissent également les risques de santé
spécifiques aux femmes, tels que les vers
intestinaux, qui augmentent le risque de
complications liées à l'anémie durant la grossesse
et la schistosomiase génitale, accroissant la
susceptibilité à l'infection par le VIH et à d'autres
maladies sexuellement transmissibles (MST),
auxquelles les femmes sont déjà très exposées.
Impact des MTN
Les MTN sont particulièrement invalidantes pour
les enfants, et les effets peuvent commencer
avant même la naissance. Les MTN peuvent
causer l'anémie pendant la grossesse, entraînant
un faible poids de l’enfant à la naissance et un
risque accru de mortalité néonatale et infantile. Il y
a de plus en plus de preuves qui suggèrent que
l'exposition chronique prénatale à certaines MTN
peut affaiblir la réponse immunitaire à la
vaccination standard des enfants, diminuant ainsi
leur efficacité. Cela expose les enfants à des
risques accrus de contracter des maladies
évitables comme la rougeole, la méningite, la
pneumonie et le rotavirus, qui sont les sources
principales de la mortalité infantile en Afrique.
Dans l’enfance, les MTN affaiblissent le système
immunitaire et limitent la croissance, et combiné
aux effets secondaires comme l'anémie, elles
augmentent les risques d'aggraver les conditions
de l'enfant.
Impact des MTN
Les effets des MTN, y compris l'anémie, peuvent
se traduire par une augmentation des taux de
morbidité et de mortalité maternelle. Les MTN
comme l'ankylostomiase sont les principales
causes d'anémie, une affection qui a des
conséquences graves pour les femmes
enceintes et leurs nouveau-nés, même si le
recours à un vermifuge ne présente pas de
danger après le premier trimestre. L'anémie peut
causer un poids insuffisant à la naissance, une
infection, une fausse couche et même le décès
de la mère.
Les
femmes
supportent
un
fardeau
particulièrement lourd des MTN (Voir OMD 3).
Certaines MTN, comme la schistosomiase
génitale féminine (SGF), ont des conséquences
Page 16
peuvent ne pas bénéficier
interventions recommandées.
de
toutes
les
spécifiques pour la santé reproductive des
femmes. Les SGF rendent les femmes plus
vulnérables au VIH et aux autres infections
sexuellement transmissibles.
OMD 6 : Lutte contre le VIH/SIDA, le paludisme et d’autres maladies
Progrès réalisés en Afrique
Impact des MTN
Avoir stoppé la propagation du VIH/SIDA et
Les personnes ayant des MTN ont un risque
commencé à inverser la tendance actuelle.
accru
de
contracter
d'autres
maladies,
L'Afrique fait des progrès sur l'inversion de la
notamment le VIH/SIDA. Les MTN affaiblissent le
propagation du VIH et a également réduit
système immunitaire et empêchent le corps de
l'incidence du paludisme et de la tuberculose
lutter
contre
d'autres
maladies.
La
(TB). Les décès liés à la tuberculose et au VIH
schistosomiase génitale féminine provoque des
sont également en baisse, et la proportion de
lésions et des inflammations génitales qui
personnes séropositives et sous traitement
rendent les femmes infectées plus vulnérables à
antirétroviral est en hausse. Toutes ces trois
l'infection par le VIH. Il existe également des
maladies (VIH, tuberculose et paludisme) se
preuves pour appuyer le traitement de la filariose
chevauchement du point de vue géographique
lymphatique, de la schistosomiase et de
avec les MTN, et des stratégies intégrées
l’ascaridiase pour ralentir la progression des
peuvent produire des avantages sur tous les
maladies chez les personnes déjà infectées par
fronts tout en combinant les ressources.
le VIH.
Les stratégies de lutte antivectorielle sont une
partie importante du progrès continu visant à
assurer, à terme, le succès contre le paludisme
et certaines MTN. Dans certains pays africains,
entre 50 et 75 pour cent de la population de
moins de 5 ans dorment sous des moustiquaires
imprégnées d'insecticide.
Les infrastructures de santé pour le VIH/SIDA, la
tuberculose et le paludisme peuvent également
être solides chez les populations qui seraient
autrement négligées, ce qui en fait est un bon
début pour le traitement des MTN, en particulier
chez les patients dont le système immunitaire est
très affaibli. De plus, la lutte antivectorielle
s’avère importante pour lutter contre de
nombreuses maladies tropicales négligées
transmises par des insectes.
OMD 7 : Garantir un environnement durable (y compris l’accès à l’eau potable et aux services
d’assainissement de base)
Progrès réalisés en Afrique
Impact des MNT
Diminuer de moitié d'ici à 2015 la proportion
L’approvisionnement inadéquat en eau, l’accès
de la population qui n'a pas d'accès durable à
limité aux services sanitaires et le manque de
l'eau potable salubre et à l'assainissement de
services
d’assainissement
favorisent
la
base. En 1990, moins de la moitié de la
propagation des MTN et de beaucoup d'autres
population en Afrique subsaharienne a eu accès
maladies qui sont transmises par l'exposition aux
à une source d'eau améliorée ; cette proportion
excréments (vers intestinaux, trachome) ou par
est passée à 61 pour cent, mais l'Afrique reste en
l’utilisation des sources d'eau contaminées
deçà de ses objectifs pour 2015, et derrière la
(schistosomiase). L'accès à l'eau potable, aux
plupart des autres régions. La majorité des
services sanitaires et d’assainissement s’avère
habitants des zones rurales utilisent des sources
essentiel pour prévenir la propagation des MTN
d'eau non améliorées, en particulier ceux qui
au sein d'une communauté. L’adoption d’une
sont plus pauvres, ce qui les expose à des
approche globale pour les initiatives relatives à
possibilités d'infection par de nombreuses MTN.
l'eau, aux services sanitaires et d’assainissement
30 pour cent seulement de la population avaient
en intégrant le traitement et la prévention des
accès à des services d’assainissement améliorés
MTN permettra l'amélioration continue de la
en 2010, en hausse de seulement 4 pour cent
santé et du développement dans le monde et
depuis 1990. Un quart de la population n'a
contribuera à la réduction du fardeau des
toujours
pas
accès
à
des
services
maladies transmissibles.
d'assainissement.
Page 17
Annexe 2 : Déclaration de Londres sur les maladies tropicales négligées
Signataires : Abbott, Astra Zeneca, Bayer, Becton Dickinson, Bill & Melinda Gates
Foundation, Bristol-Myers Squibb, CIFF, DFID, DNDi, Eisai, Gilead,
GlaxoSmithKline, Johnson & Johnson, Lions Clubs International, Merck KGaA,
MSD, Mundo Sano, Novartis, Pfizer, Sanofi, USAID et la Banque mondiale
Pendant des décennies, les partenaires, y compris les sociétés pharmaceutiques, les
bailleurs de fonds, les pays d'endémie et les organisations non gouvernementales ont
contribué aux connaissances techniques, à l’offre de médicaments, à la recherche, au
financement et à d'autres ressources pour traiter et prévenir les maladies tropicales
négligées (MTN) chez les populations les plus pauvres du monde. Des progrès
considérables ont été réalisés, et nous sommes déterminés à poursuivre ces efforts.
Inspirés par la Feuille de route de 2020 de l'Organisation mondiale de la santé sur les
MTN, nous sommes convaincus qu'une formidable opportunité de lutter contre ou
d'éliminer au moins 10 de ces maladies dévastatrices d’ici la fin de la décennie existe.
Toutefois, aucune entreprise, aucune organisation ou aucun gouvernement ne peut le
faire en solitaire. Grâce à un engagement, une coordination et une collaboration
appropriés, les secteurs public et privé œuvreront de concert pour permettre à plus d’un
milliard de personnes qui souffrent des MTN de mener des vies plus saines et plus
productives – en aidant les plus pauvres du monde à parvenir à une autosuffisance. En
tant que partenaires, et avec nos compétences et contributions variées, nous nous
engageons à faire notre part pour :
o
Maintenir, développer et élargir les programmes qui assurent
l'approvisionnement suffisant en médicaments et pour d'autres
interventions afin d’aider à éradiquer la maladie du ver de Guinée, et à
éliminer la filariose lymphatique, la lèpre, la maladie du sommeil
(trypanosomiase humaine africaine) et le trachome d'ici 2020.
o
Maintenir, développer et étendre les programmes d'accès aux
médicaments pour assurer l'approvisionnement suffisant en médicaments
et pour d'autres interventions afin d’aider dans la lutte contre la
schistosomiase, la géohelminthiase, la maladie de Chagas, la
leishmaniose viscérale et la cécité des rivières (onchocercose) d’ici 2020.
o
Renforcer la recherche et le développement grâce aux partenariats et à la
fourniture de fonds pour trouver des traitements et des interventions pour
les maladies négligées de la prochaine génération.
o
Promouvoir la collaboration et la coordination sur les MTN aux niveaux
national et international par le truchement des organisations multilatérales
publiques et privées, afin d’œuvrer de concert et de manière plus efficace.
o
Mettre des fonds suffisants à disposition pour les pays d'endémie en vue
de leur permettre de mettre en œuvre des programmes de MTN
nécessaires pour la réalisation de ces objectifs, soutenus par des
systèmes de santé solides et engagés au niveau national.
Page 18
o
Fournir un appui technique, des outils et des ressources pour soutenir les
pays d'endémie des MTN en vue d’évaluer et d’assurer le suivi des
programmes de lutte contre les MTN.
o
Donner régulièrement des informations actualisées sur les progrès
enregistrés dans la réalisation des objectifs à l’horizon 2020, et identifier
les lacunes restantes.
Afin de réaliser cette vision ambitieuse de 2020, nous exhortons tous les pays
d'endémie et la communauté internationale à nous joindre dans le cadre des
engagements ci-dessus, et à fournir les ressources nécessaires pour tous les secteurs
de sorte à éliminer les principaux facteurs de risque pour les MTN – pauvreté et
exposition – en assurant l'accès à l'eau potable et aux services d’assainissement de
base, à des conditions de vie améliorée, à la lutte antivectorielle, à l'éducation sanitaire
et aux systèmes de santé solides dans les zones endémiques.
Nous sommes convaincus qu'ensemble, nous pouvons atteindre nos
objectifs d'ici 2020 et tracer une nouvelle voie vers la santé et la durabilité des
communautés les plus pauvres du monde, pour un avenir amélioré et plus sain.
Page 19
Annexe 3 : Analyse de la situation spécifique des MTN dans la région d’Afrique
38

La filariose lymphatique est répandue dans au moins 39 pays membres
de la région d’Afrique de l'OMS et on estime que 406 millions de
personnes sont exposées au risque d'infections, dont la plupart vivent
dans des communautés rurales pauvres. La cartographie des maladies
est toujours en cours d’élaboration dans douze pays. Dix-huit pays
mettent déjà en œuvre la chimiothérapie préventive, pour atteindre
environ 80 millions de personnes d'ici 2010, même si la réalisation des
objectifs de couverture semble encore difficile dans la mesure où les
régions les plus éloignées sont intégrées dans les initiatives
d’amélioration. Par ailleurs, il y a peu de capacités pour gérer les cas
avancés et la morbidité causée par des infections chroniques dans la
plupart des pays.38

Environ 90 pour cent du fardeau de la schistosomiase du monde
(« bilharziose ») est supporté par l’Afrique, la plupart des pays étant des
pays d’endémie de la bilharziose. Dix-huit pays africains ont achevé leur
cartographie et 32 pays ont adopté des programmes nationaux de lutte.
Plus de 27 millions de personnes ont été traitées en 2010, même s’ils ne
représentent que 13 % du nombre de personnes estimées être dans le
besoin.

42 pays africains sont des pays d’endémie de la géohelminthiase, avec
une prévalence supérieure à 50 pour cent dans 20 pays. Dix-neuf pays
ont achevé leur cartographie et bien d'autres ont mis en place des
programmes de déparasitage. Neuf pays ont réalisé une couverture
géographique de 100 % ces dernières années. 283 millions d’enfants
d’âge préscolaire et scolaire ont reçu un traitement en 2010, ceci ne
représentant que 46 % et 26 % respectivement, de la population
nécessitant un traitement.

L'onchocercose (« cécité des rivières ») est endémique dans 19 pays
africains, et on estime que plus de 100 millions de personnes sont
exposées à la maladie et nécessitent une chimiothérapie préventive.
L’APOC couvre actuellement 19 pays et traite plus de 75 millions de
personnes chaque année.39

Le trachome est endémique dans 29 pays africains, et 232 millions de
personnes sont exposées à la maladie. Moins de 40 millions de
personnes ont été traitées en 2009, et des chirurgies sont nécessaires
pour corriger les cas avancés de cécité.
Toutes les données sont tirées des « Priorités pour les maladies tropicales négligées dans la région Afrique de
l’OMS » à moins qu’il ne soit indiqué autrement. OMS-AFRO. Éléments de la Feuille de route pour les maladies
tropicales négligées dans la région Afrique de l’OMS. Priorités pour les Maladies tropicales négligées dans la région
Afrique de l’OMS. OMS-AFRO, 2012.
39
Programme africain de lutte contre l’Onchocercose. http://www.who.int/apoc/about/en/
Page 20
40

Les foyers de trypanosomiase humaine africaine existent dans 36 pays
africains. Les pays touchés ont renforcé de manière drastique les efforts
de surveillance et avec l'amélioration du dépistage et du traitement, le
nombre de nouveaux cas a chuté de façon spectaculaire, de 37.991 cas
en 1998 à 17.696 en 2004 et à 9.878 en 2009. Pour la première fois,
l'incidence de foyers de trypanosomiase humaine africaine a chuté en
dessous de 10.000 en 50 ans. En 2011, 6743 nouveaux cas avaient été
signalés. Les analyses de situation restent encore à achever dans 7 pays.

La lèpre reste un défi dans la région d’Afrique, malgré une baisse de
95 % de prévalence depuis les années 1900. 25.739 nouveaux cas ont
été signalés en 2010 dans 18 pays, dont 66 pour cent étaient des cas
graves. Un million et demi de cas de lèpre ont été traités en Afrique au
cours des 20 dernières années.

On estime que l'ulcère de Buruli affecte 5.000 personnes chaque année
dans 15 pays africains, avec plus de 56, 6 millions de cas signalés depuis
1998. Bien que le traitement aux antibiotiques soit facile à administrer
dans la plupart des cas, le diagnostic reste un défi dans ce domaine.

La Dracunculose (« maladie du ver de Guinée ») devrait être éradiquée
en Afrique d'ici 2015. L’incidence de cette maladie a été réduite de près
de 99 % depuis 1989 concernant 1058 cas seulement confirmés en
2011.40 97 % des cas ont été enregistrés dans le Sud-Soudan en 2011.
Les problèmes majeurs à l'éradication comprennent l'instabilité et les
mouvements de réfugiés, de sorte que des pays sont contaminés de
nouveau.

La Leishmaniose (« kala-azar ») est endémique dans de nombreux pays
africains, et l'Éthiopie seule a établi un programme national de lutte. Très
peu de données sont disponibles sur la prévalence des formes cutanées
et viscérales de la maladie, et 20 pays suspectés d'être endémiques
tandis que des cas ont été confirmés dans 11 pays. Tout comme l'ulcère
de Buruli, de meilleurs diagnostics sont nécessaires ainsi que
l’administration facile par voie orale des traitements aux antibiotiques.
L’infection des personnes déjà atteintes du VIH par la leishmaniose a
conduit à un nombre croissant de cas graves.

Le Pian affecte principalement les enfants vivant dans les régions
tropicales où des services d’assainissement manquent et la pauvreté est
généralisée. Il est confirmé que neuf pays africains sont des pays
d’endémie, avec une situation inconnue dans 37 autres. Seul le Ghana a
un programme national de lutte et a achevé sa cartographie des maladies.
Des antibiotiques par voie orale et de meilleures technologies de
diagnostic sur le terrain sont nécessaires.
OMS (2012). Éradication de la Dracunculose – sommaire de la surveillance mondiale, 2011. Weekly
Epidemiological Record 87(19) : 177-188. http://www.who.int/wer/2012/wer8719.pdf
Page 21
Annexe 4 : Cibles régionales de l’OMS pour la lutte contre et l’élimination des
MTN d’ici 2020
Programme de
la maladie
Filariose
lymphatique
Objectif régional
Objectif et indicateur clé de performance
Élimination de la Atteindre au moins 80 % de la couverture
filariose
thérapeutique des populations exposées
lymphatique
d’ici à la maladie dans tous les pays
2020
 Antigénémie négative chez les enfants
de moins de 3 ans, réalisée dans
toutes les unités d’application
Trachome
Élimination de la Obtention des rapports de zéro cas de
cécité causée par le cécité causée par le trachome
trachome d’ici 2020
 Prévalence de moins de 5 % de cécité
causée par le trachome chez les
enfants de 1-9 ans
Onchocercose
Lutte
contre
et Réaliser au moins 80 % de couverture
élimination
de thérapeutique pour les populations
l’Onchocercose, le exposées à la maladie dans tous les pays
cas échéant, d’ici
 Réduire à zéro le nombre de cas de
2020
cécité due à l’Onchocercose
 Prévalence nodulaire inférieure à
20 %
Schistosomiase Réduction de la
Réaliser au moins 75 % de la couverture
morbidité due à la de chimiothérapie préventive régulière
schistosomiase
à des enfants d’âge scolaire.
un niveau où elle
 Prévalence de moins de 10 % (faible
ne constitue plus un
fardeau des maladies)
problème de santé
 Réduire
le
fardeau
de
la
publique
schistosomiase à des infections de
faible intensité seulement.
 Réduire à zéro le nombre de cas
entrainant une grave morbidité.
Géohelminthiase Réduction de la Réaliser au moins 75 % de la couverture
morbidité de la de chimiothérapie préventive régulière
géohelminthiase à d’enfants d’âge scolaire.
un niveau où elle
 Prévalence inférieure à 20 % (faible
ne constitue plus un
fardeau des maladies)
problème de santé
 – Réduire le fardeau de la
publique
géohelminthiase aux infections de
faibles intensités seulement.
.
Ulcère de Buruli Lutte contre l’ulcère Parvenir à une tendance à la baisse du
de Buruli
nombre annuel de nouveaux cas d’ulcère
de Buruli.
 Nombre annuel de cas d’ulcère de
Buruli
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Dracunculose
Éradication
à
(« Maladie
du l’échelle mondiale
ver de Guinée ») du ver de Guinée
d’ici 2015.
Trypanosomiase
humaine
africaine
(« Maladie
du
sommeil »)
Réduction de la
morbidité et de la
mortalité attribuées
à la maladie du
sommeil.
Leishmaniose
Lutte
contre
leishmaniose
Lèpre
Élimination de la
lèpre en tant que
problème de santé
publique
la
 Pourcentage
de
nouveaux cas
confirmés par un examen de
laboratoire
 Pourcentage
de
nouveaux
cas
présentant des lésions de la catégorie
III
 Pourcentage de cas guéris sans
limitation
de
mouvements
des
articulations ou sans invalidité
Éradiquer la maladie chez les humains à
l’échelle mondiale
 Réduction de l’incidence annuelle
 Pourcentage de cas contenus
 Pourcentage de rapports des villages
d’endémie
 Pourcentage de rumeurs faisant l’objet
d’enquêtes dans les 24 heures
 Nombre
annuel
de
cas
de
trypanosomiase humaine africaine
 Pourcentage de cas confirmés par des
examens de laboratoire.
 Taux de guérisons
 Nombre annuel de décès dus à la
trypanosomiase humaine africaine
Réduire le fardeau de la leishmaniose
grâce aux activités de surveillance et de
lutte
 Nombre annuel de cas de CL et de
leishmaniose viscérale
 Pourcentage de cas confirmés par des
examens de laboratoire
 Nombre annuel de décès dus à la
leishmaniose viscérale
Réduire le taux de prévalence de la lèpre à
moins de 1 cas pour 10,000 personnes au
niveau sanitaire du district
 Taux de prévalence pour 10.000
 Taux de dépistage pour 100.000
 Taux de prévalence ou de dépistage
 Pourcentage de nouveaux cas de
lèpre de la catégorie 2
Page 23
Annexe 5 : Engagement antérieur pris par le G8 dans le cadre de la lutte contre
les maladies tropicales négligées
Déclaration des dirigeants du Sommet de Hokkaido Tokyo, le 8 juillet 2008 :
46.(F) « Pour donner suite aux engagements que nous avons pris à Saint-Pétersbourg
quant aux maladies tropicales négligées, nous soutiendrons le contrôle ou l'élimination
des maladies répertoriées par l'OMS par le truchement de mesures comme la
recherche, le diagnostic, le traitement, la prévention, la sensibilisation et l'amélioration
de l'accès à de l'eau saine et à l'hygiène. En développant le système de santé, en
réduisant la pauvreté et l'exclusion sociale, et en faisant la promotion d'approches
intégrées en matière de santé publique, notamment la distribution massive de
médicaments, nous serons en mesure de soigner au moins 75 % des personnes
atteintes des principales maladies tropicales négligées dans les pays les plus touchés
d'Afrique et d'Amérique latine, conformément au plan de l'OMS. Une action soutenue
pendant 3 à 5 ans permettrait de réduire de façon significative le fardeau actuel en
éliminant certaines de ces maladies. »
Déclaration des dirigeants du G8 au Sommet de L’Aquila, 8 juillet 2009 :
122. « Nous préconisons une approche globale et intégrée pour la réalisation des OMD
liés à la santé, et de maximiser également les synergies entre les initiatives mondiales
de santé et les systèmes de santé. Nous accélérerons les progrès sur la lutte contre la
mortalité infantile, notamment en intensifiant le soutien pour la vaccination et
l’administration de compléments alimentaires, et sur la santé maternelle, notamment
par le biais des soins de santé sexuelle et reproductive et des services de planification
familiale volontaire. Nous soutenons fortement le renforcement d'un consensus mondial
sur la santé maternelle, néonatale et infantile comme un moyen d'accélérer les progrès
vers la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement en matière de
santé maternelle et infantile, par (i) le leadership politique et l'engagement
communautaire et, (ii) un ensemble d’interventions de qualité fondées sur des preuves
grâce à des systèmes de santé efficaces, (iii) à l'élimination des obstacles à l'accès
pour toutes les femmes et tous les enfants, gratuit aux points d'utilisation où les pays
fourniront ces prestations ; (iv) des agents de la santé qualifiés ; (v) l’obligation de
résultat. Nous encourageons les travaux de l'OMS, de la Banque mondiale, de
l'UNICEF et du FNUAP dans le cadre du renouvellement des efforts internationaux en
matière de santé maternelle et infantile. Nous déploierons davantage d’efforts pour
l'accès universel à la prévention, au traitement, aux soins et au soutien dans le cadre du
VIH/SIDA d'ici 2010, en mettant particulièrement l’accent sur la prévention et
l'intégration des services du VIH/tuberculose. Nous combinerons cela avec des actions
pour : lutter contre la tuberculose et le paludisme, faire face à la propagation des
maladies tropicales négligées, œuvrer à l'achèvement de la tâche d'éradication de la
poliomyélite et améliorer la surveillance des maladies infectieuses émergentes. À cet
égard, nous soulignons l'importance de s'attaquer aux inégalités entre les sexes. Nous
saluons le leadership africain dans la lutte contre les problèmes de santé ainsi que le
lancement de l'Alliance des dirigeants africains pour la lutte contre le paludisme, à
l'occasion de la 64e Assemblée générale en septembre 2009."
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Déclaration du G8 à Muskoka – Reprise et renaissance, 25-26 juin 2010
15. « Nous réaffirmons notre volonté de nous approcher le plus près possible de l’accès
universel aux services de prévention, de traitement, de soins et de soutien concernant
le VIH/SIDA. Nous allons soutenir les efforts déployés par chaque pays pour atteindre
cet objectif, en faisant en sorte que soit couronnée de succès la troisième Conférence
de reconstitution volontaire des ressources du Fonds mondial de lutte contre le
SIDA, la tuberculose et le paludisme, qui se tiendra en octobre 2010. Nous
encourageons les autres donateurs nationaux et du secteur privé à contribuer
financièrement au Fonds mondial. Pour notre part, nous entendons promouvoir
l’intégration des services et des droits relatifs au VIH, à la santé sexuelle et à la santé
génésique dans le contexte plus large du renforcement des systèmes de santé. Les
donateurs du G8 demeurent également déterminés à éradiquer la poliomyélite partout
dans le monde. Nous continuons de soutenir le contrôle ou l’élimination des maladies
tropicales négligées (MTN), qui constituent un lourd fardeau. »
Déclaration de Deauville du G8 : Engagement renouvelé pour la liberté et la
démocratie, 26 au 27 mai 2011
57. « Nous demeurons fermement résolus à tenir nos engagements et à surveiller leur
mise en œuvre de manière totalement transparente et cohérente. Nous entérinons le
Rapport de Deauville sur la redevabilité : « Engagements du G8 pour la santé et la
sécurité alimentaire – bilan et résultats », qui dresse le bilan des mesures prises par le
G8 en matière de santé et de sécurité alimentaire… »
Rapport de Deauville sur la redevabilité : Engagements du G8 pour la santé et la
sécurité alimentaire : Bilan et résultats, 26 – 27 mai 2011
« Le G8 a également pris plusieurs engagements pour lutter contre certaines maladies :
les maladies tropicales négligées, le VIH/SIDA, la poliomyélite, la tuberculose, le
paludisme et la rougeole. Les mesures prises collectivement, notamment le soutien
apporté par le G8, ont permis d’obtenir des résultats substantiels. Le G8 veille à ce que
ses actions soient menées dans le respect des principes de l’efficacité de l’aide. »
Rapport du Sommet tenu à Camp David en 2012 sur la Responsabilisation relative
à l'aide du G8, le 19 mai 2012
« Les engagement du G8 dans le domaine de la santé complètent et renforcent les
objectifs internationaux de développement liés à la santé, tels que les Objectifs du
Millénaire pour le développement (OMD) 4, 5 et 6. Les problèmes de santé ont été à
l'ordre du jour de chaque réunion du G8 depuis 1996, et le G-8 continue d’œuvrer à la
réalisation de ses engagements et objectifs de santé et des objectifs majeurs essentiels
liés au VIH/SIDA, paludisme, santé maternelle, néonatale et infantile. Le G-8 s'est
également engagé à lutter contre la propagation d'autres maladies, dont la poliomyélite,
la rougeole, la tuberculose (TB) et les maladies tropicales négligées (MTN) ».
i
Le présent rapport a été rédigé en collaboration avec le Réseau mondial de lutte contre les maladies tropicales
négligées du Sabin Vaccine Institute et publié par l’OMS