Antibiothérapie pulmonaire chez le veau
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Antibiothérapie pulmonaire chez le veau
Antibiothérapie chez le veau Aude FERRAN Antibiothérapie chez le veau • Infections pulmonaires • Infections du tube digestif • Autres infections : omphalite, septicémie, arthrite Pathologies infectieuses chez le veau: prévalences • • • • • Diarrhées Respiratoires Omphalites Arthrites Septicémie +++ ++ ++ + I. Antibiothérapie des maladies respiratoires des bovins Les maladies respiratoires des bovins • Importance – 75-80% des maladies à l’engraissement – 20 % des bovins à l’engrais reçoivent un traitement curatif pour BPI – Séquelles irréversibles en terme de croissance Plan • Maladies respiratoires chez les bovins – Agents étiologiques – Syndrome inflammatoire et conséquences en termes de traitement • Antibiothérapie – – – – Accès à la biophase Durée : courte ou longue? Voies d’administration Modalités de traitements • Métaphylaxie vs curatif • Traitements adjuvants Plan • Maladies respiratoires chez les bovins – Agents étiologiques – Syndrome inflammatoire et conséquences en termes de traitement • Antibiothérapie – – – – Accès à la biophase Durée : courte ou longue? Voies d’administration Modalités de traitements • Métaphylaxie vs curatif • Traitements adjuvants Agents étiologiques des Broncho-pneumonies • Mycoplasmes • Mannheimia haemolytica • Pasteurella multocida Pasteurellaceae • Histophilus somni • Arcanobacterium pyogenes (Trueperella) Commensales Agents étiologiques des Broncho-pneumonies • Les bovins sains sont porteurs de Pasteurellaceae ce qui interdit une prophylaxie sanitaire. • La pathologie se déclenche souvent dans des conditions favorisant l’expansion de la flore résidente (infection secondaire à des viroses, mycoplasmes, stress, etc.) Agents étiologiques des Broncho-pneumonies • Infections virales, stress et/ou environnement non optimal = ELEMENT DECLENCHEUR • Prolifération des bactéries dans le nasopharynx • Passage aux poumons • Adherence, colonisation et replication dans le poumon • • Pleuro/broncho-pneumonie Physiopathologie Pasteurellaceae LPS Macrophages et neutrophiles TNFα, IL1, leucotriènes,.... inflammation obstruction bronchoalvéolaire lésions pulmonaires hyperthermie, anorexie, apathie Physiopathologie M. haemolytica - le lipopolysaccharide (LPS) et – la leucotoxine (LktA) induisent le recrutement, l’activation et la nécrose des polynucléaires neutrophiles fortement impliqués dans la pathogénie des broncho-pneumonies bovines à Mannheimia. Physiopathologie • Particularités anatomiques des BV – faible surface d'échange gazeux par rapport aux besoins en O2 – faible nombre de capillaires par unité de surface alvéolaire – très forte compartimentalisation du poumon Infection libération de leucotriènes bronchoconstriction dyspnée Eviter de manipuler des animaux à BPI Physiopathologie Lobule débit sanguin normal Hypoxie (pas de ventilation collatérale) vasoconstriction hypoxique (débit sanguin réduit dans la zone hypoventilée) zones correctement oxygénées zone obstruée débit sanguin normal Difficulté ou impossibilité d'accès aux zones infectées Physiopathologie • Nécessité d’une intervention précoce: Métaphylaxie recommandée pour éviter les zones d’atélectasie, d’anoxie, de dépôt fibrineux, … (= tous les facteurs s’opposant à la diffusion des antibiotiques à leur biophase) Nécessité de l’antibiothérapie pour les pathologies infectieuses pulmonaires •Situation différente de l’humaine •Incontournable chez les bovins •Risques d’infections délocalisées (ex : arthrite) Plan • Maladies respiratoires chez les bovins – Agents étiologiques – Syndrome inflammatoire et conséquences en termes de traitement • Antibiothérapie – – – – Accès à la biophase Durée : courte ou longue? Voies d’administration Modalités de traitements • Métaphylaxie vs curatif • Traitements adjuvants Localisation des germes et biophases Les Pasteurellaceae sont des germes extracellulaires – Mucus bronchique – Alvéoles pulmonaires – Épithélium pulmonaire – Phagocytose dans macrophages/neutrophiles germe Polynucléaire neutrophile Mucus bronchique Lésion pulmonaire Milieu interstitiel Bactériémie possible Localisations ectopiques (ex.: articulations) Antibiotique et biophase Gamithromycine: PK Exemple Oniris 2013-22 Antibiotique et biophase • Intérêt des concentrations pulmonaires totales en antibiotiques ? (= dosage de l’ATB dans du broyat de poumons) • Les pathogènes pulmonaires des bovins sont tous extracellulaires et les concentrations totale pulmonaires n’ont pas de signification thérapeutique car elles reflètent une accumulation de l’antibiotique dans les organelles intracellulaires (notamment le phagolysosome) Antibiotique et biophase – Ne s’intéresser qu’aux concentrations plasmatiques (ou concentrations extracellulaires obtenues par microdialyse ou Epithelial Lining Fluid) remarque Utilisation des concentrations pulmonaires dans des publicités (et même articles dans des revues scientifiques) pour expliquer l’efficacité des antibiotiques malgré de faibles concentrations plasmatiques (notamment des macrolides) Les macrolides ont probablement un effet bénéfique autre que l’activité antibactérienne sur les infections pulmonaires Anti-inflammatoire? Immunomodulateur ? Plan • Maladies respiratoires chez les bovins – Agents étiologiques – Syndrome inflammatoire et conséquences en termes de traitement • Antibiothérapie – – – – Accès à la biophase Durée : courte ou longue? Voies d’administration Modalités de traitements • Métaphylaxie vs curatif • Traitements adjuvants Les antibiotiques utilisés en pathologie respiratoire • Ceftiofur (Excenel®, Pfizer) • Cefquinome (Cobactan®, MSD) • Danofloxacine (Advocine®, A180® Pfizer) • Enrofloxacine (Baytril®; Bayer ) • Marbofloxacine (Marbocyl®, Forcyl® Vétoquinol) • Florfenicol (Nuflor ®; MSD) • Tilmicosine (Micotil®, Elanco) • Tildipirosine (Zuprevo® MSD) • Gamithromycine (Zactran ®, Merial) • Tulathromycine (Draxxin® , Pfizer) • Oxytétracycline (Terramycine LA®, Pfizer) Les antibiotiques utilisés en pathologie respiratoire • Rapport Anses Résapath : Nov 2014 – P. multocida: plus de 80 % (90% -95 %) de souches sensibles quelque soit l’ATB sauf streptomycine – M. heamolytica : plus de 80 % (90%) de souches sensibles quelque soit l’ATB sauf tétracycline, doxycycline et streptomycine Antibiothérapies courte ou longue? • Antibiothérapie courte proposée pour les ATB concentration-dépendants (ex:fluoroquinolones) • Antibiothérapie longue proposée pour les ATB temps-dépendants (ex: macrolides) Antibiothérapies courte ou longue? • Antibiothérapie courte («One shot») – Injection unique d’une forte dose d'un antibiotique type quinolone (marbofloxacine) éliminé assez rapidement Objectif : Minimiser les risques de développement de résistances notamment sur les flores digestives Antibiothérapies courte ou longue? • Antibiothérapie longue (ex :macrolides) •Formes L.A. ou substances à longue demi-vie • Tulathromycine • Gamithromycine • Tildipirosine Objectif : obtenir un effet préventif (couverture) allant au-delà de l’effet curatif Antibiothérapies courte ou longue? FQ Une injection unique concentrations = courte action pour FQ = longue action pour macrolides !!! macrolides Temps Plan • Maladies respiratoires chez les bovins – Agents étiologiques – Syndrome inflammatoire et conséquences en termes de traitement • Antibiothérapie – – – – Accès à la biophase Durée : courte ou longue? Voies d’administration Modalités de traitements • Métaphylaxie vs curatif • Traitements adjuvants Voies d’administration • Voie intraveineuse • Biodisponibilité = 100% – Avantages • Pour les antibiotiques concentration-dépendants – pic de concentration plasmatique élevé • Effet de premier passage pulmonaire (équivalent à une administration locale si IV dans la jugulaire) Voies d’administration • Voie intraveineuse (suite) – Inconvénients : • Technique • Pour les antibiotiques temps-dépendant (non maintien des concentrations plasmatiques) si élimination rapide du PA Voies d’administration • Voie intramusculaire – Biodisponibilité: • Influence de la formulation galénique – absorption rapide ou – absorption prolongée (formulation dite à longue action (LA)) • Influence du site d'administration – encolure et épaules > masse glutéale et cuisse Biodisponibilité: influence de la formulation exemple µg / ml 10 amoxicilline sodique (7 mg / kg) 8 amoxicilline suspension aqueuse (14 mg / kg) 6 4 amoxicilline suspension aqueuse (7 mg / kg) 2 0.5 3 6 Temps (h) 12 Biodisponibilité: influence de la formulation exemple Cinétique de l'oxytetracycline (20 mg/kg) formulation Oxytetracycline (µg / ml) 6 standard ( ) vs LA ( ) 4 2 0 0 24 72 48 Temps (heures) 96 120 Voies d’administration • Voie intramusculaire (suite) – Inconvénients : tolérance locale • Pertes économiques importantes – Fonction de l'antibiotique » bien toléré : pénicilline » mal tolérés : macrolides, tétracyclines, TMP-sulfa – Fonction de la formulation » problèmes des formulations à longue action – Fonction du site d'administration Voies d’administration • Voie sous-cutanée Sites d'administration Creux de l'épaule Intercostal Fanon Voies d’administration • Voie sous-cutanée (suite) – Mécanisme d'absorption • voie sanguine • voie lymphatique (pour les substances à PM > 10 000) – Biodisponibilité • généralement un peu plus faible que par voie IM • absorption plus lente que par la voie IM Voies d’administration • Voie sous-cutanée (suite) – Avantages • bien adaptée aux antibiotiques temps-dépendants • moins de lésions musculaires (même si variable) • possibilité d'injecter de plus grands volumes – Inconvénients • mal adaptée aux antibiotiques concentration-dépendants Biodisponibilité de l’oxytetracycline : IM vs SC exemple 10 Concentration (µg / ml) SC encolure IM encolure IM épaule IM croupe 1 0.1 0 24 48 72 96 Time (hours) Voies d’administration • Voie orale Traitement collectif facile chez le pré-ruminant Veaux ruminants – Destruction par la flore ruminale – Délai d’absorption Plan • Maladies respiratoires chez les bovins – Agents étiologiques – Syndrome inflammatoire et conséquences en termes de traitement • Antibiothérapie – – – – Accès à la biophase Durée : courte ou longue? Voies d’administration Modalités de traitements • Métaphylaxie vs curatif • Traitements adjuvants Modalités d’usage des antibiotiques chez le veau • Additifs (promoteurs de croissance ) : interdits dans l’UE • Prophylaxie: traitement d’animaux lorsqu’un facteur de risque est présent Non recommandée • Métaphylaxie: traitement d’animaux lorsqu’un certain pourcentage des animaux présentent des signes d’infections Option à considérer • Curatif Métaphylaxie Critères de déclenchement: •% critique d’animaux atteints (ex: 10% sur 48-72 h) –température rectale (39.5-40°C) –baisse de l’appétit (dysorexie, anorexie) Métaphylaxie Avantages – Meilleure efficacité • Diminue la durée des traitements • Diminue la quantité d’antibiotique à l’échelon individuel – Rentable (protection du poumon) – Moins de risque d’antibiorésistance ? • Durée de traitement courte • Meilleure efficacité des traitements donc moins de 2ème intention • Meilleure observance si voie orale Métaphylaxie Inconvénients Peut conduire à l’augmentation de l’usage des antibiotiques ? (éviter les C3G/C4G) Traitements curatifs • Première intention – Antibiothérapie empirique (probabiliste) – Pas de règle validée quant au choix de la substance d’antibiotique – Doit être la plus précoce possible • Seconde intention – Échecs fréquents Essais cliniques et BPI • Très nombreux essais • Souvent mal conduits • Publications dans des congrès • Toujours positifs • Difficile de montrer la supériorité des nouveaux antibiotique sur de simples critères cliniques Plan • Maladies respiratoires chez les bovins – Agents étiologiques – Syndrome inflammatoire et conséquences en termes de traitement • Antibiothérapie – – – – Accès à la biophase Durée : courte ou longue? Voies d’administration Modalités de traitements • Métaphylaxie vs curatif • Traitements adjuvants Thérapeutiques adjuvantes • Anti-inflammatoires – Objectif : • Éviter la formation de zones d'hypoxie, de fibrose, etc. – Essais cliniques: • Dexaméthasone (risques de rechutes) • AINS (amélioration si traitement précoce) Rem: certains macrolides sont anti-inflammatoires Action d’un AINS sur le poumons de bovins soumis à une infection expérimentale l’injection de carprofène (1,4 mg/kg IV) immédiatement après l’apparition des premiers signes cliniques de BPM permet d’améliorer l’état clinique des veaux et de réduire l’étendue des lésions pulmonaires. Wallmacq et al Rev med vet 2007 8-9 pp 418-424 Possibilités de prévention… Densité animale et prévalence des maladies respiratoires selon le nombre de veaux par case Surface par veaux (m2) 3.0 2.5 2.1 Volume par veaux (m3) 7.0 5.8 5.0 Vaccination