Collyres et autres topiques antibiotiques dans les infections
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Collyres et autres topiques antibiotiques dans les infections
Médecine & enfance Collyres et autres topiques antibiotiques dans les infections oculaires superficielles « Collyres et autres topiques antibiotiques dans les infections oculaires superficielles », AFSSAPS, 2004 http://agmed.sante.gouv.fr/pdf/5/rbp/ophtreco.pdf 1. Des antibiotiques locaux prescrits inutilement exercent une pression de sélection superflue. Ils ne doivent donc être l’objet d’une prescription médicale que dans des situations où ils ont démontré leur efficacité. 2. Les traitements topiques ophtalmologiques comprennent des collyres, des pommades et des gels. Ces deux dernières formes sont reconnues pour leur rémanence. 3. Les concentrations obtenues in situ par une antibiothérapie locale sont généralement très élevées et s’avèrent actives sur des germes modérément sensibles, voire parfois résistants. Dans les infections oculaires superficielles, l’antibiothérapie topique offre une biodisponibilité égale ou supérieure à celle de l’antibiothérapie générale et permet de traiter la plupart des infections graves de la surface oculaire. Les dacryocystites et les endophtalmies bactériennes ne relèvent pas d’un traitement par collyre. 4. La conjonctivite est une inflammation de la conjonctive sans atteinte cornéenne. Sa présentation la plus fréquente est un œil rouge, larmoyant. Les étiologies les plus fréquentes sont virales, allergiques ou liées à un syndrome sec. Le diagnostic de conjonctivite bactérienne est porté sur la présence de sécrétions purulentes. Le trai- tement des conjonctivites bactériennes doit comprendre avant tout un lavage oculaire au sérum physiologique associé à un antiseptique, le traitement antibiotique étant réservé aux formes graves. Les critères de gravité d’une conjonctivite bactérienne sont des sécrétions purulentes importantes, un chémosis (œdème de la conjonctive) ou un œdème palpébral, un larmoiement important, une photophobie, une baisse de l’acuité visuelle, même modérée. Les bactéries impliquées sont essentiellement des bactéries de la flore rhinopharyngée : H. influenzae, pneumocoque, M. catarrhalis… La rifamycine est active sur l’ensemble de ces bactéries. En cas de conjonctivite réci- divante, il faut rechercher une imperforation des voies lacrymales et demander un avis ophtalmologique. 5. La kératite bactérienne est une infection cornéenne diffuse ou localisée. Elle doit être immédiatement traitée car elle met directement en jeu le pronostic visuel, surtout si elle est située dans l’axe optique. Tout patient photophobe dont l’œil est rouge, douloureux, larmoyant et la vision abaissée doit bénéficier d’un examen ophtalmologique en urgence et d’un traitement antibiotique local. En présence de critères de gravité ou en cas d’échec après vingt-quatre heures de traitement, un prélèvement pour analyse microbiologique doit être effectué. Il convient de suivre attentivement et, si besoin, d’hospitaliser le patient pour un traitement à janvier 2008 page 17 Médecine & enfance fortes doses sous surveillance. Il faut adapter le traitement aux germes présumés. Le traitement peut comporter une double antibiothérapie, associant par exemple fluoroquinolone et aminoside. Les tétracyclines, la rifamycine, la polymyxine B ou la bacitracine peuvent également être utilisées. 6. L’orgelet est une infection d’une glande sébacée, le plus souvent par des staphylocoques. Dans les formes récidivantes ou chez des sujets à risque, il peut être envisagé d’appliquer un antibiotique antistaphylococcique local, comme l’acide fucidique, les tétracyclines, les aminosides ou la rifamycine sous forme de gel ou pommade pendant huit jours. 7. La blépharite est une inflammation chronique liée à un dysfonctionnement du meibum et peut être traitée par des soins de paupières sans antibiotique. L’antibiothérapie locale (gel ou pommade) permet de réduire la flore bactérienne, mais son efficacité à huit jours n’est pas supérieure à celle des anti-inflammatoires locaux ou des soins de paupières. Elle est utile en cas de surinfection associée. Dans ce cas, l’acide fucidique, les tétracyclines, les aminosides et la rifamycine sont recommandés. 8. Le chalazion est une inflammation secondaire à l’occlusion d’une glande de Meibomius. Il se traite d’abord par des soins de paupières (expliqués aux patients par le praticien) et dans les cas graves, par pommade corticoïde. L’intérêt d’une antibiothérapie n’est pas démontré. janvier 2008 page 18