Excision/mutilation génitale féminine
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Excision/mutilation génitale féminine
MUTILATION GÉNITALE FEMININE (MGF) AU NIGER L’engagement politique pour atteindre l’objectif tolérance zéro d’ici 2010 Situation au Niger Pratique traditionnelle remontant à plusieurs années, l’excision ou MGF a été pendant longtemps niée au Niger. Il a fallu qu’une thèse de doctorat d’un étudiant en médecine révèle pour la première fois, en 1986, l’existence de la pratique des MGF au Niger. Sur 540 cas d’excision recensés dans les maternités de référence de Niamey, 388 femmes sont de nationalité nigérienne. Plus tard d’autres enquêtes menées par l’ONG CONIPRAT avec l’appui de l’UNICEF, en 1992, 2000 et 2004 ont permis de cerner l’ampleur du phénomène au Niger et d’identifier les zones et les ethnies concernées. L’Enquête Démographique de Santé du Niger (EDSN) donne, en 1998, un taux de prévalence nationale de 5% chez les femmes âgées de 15 à 49 ans. Les enquêtes régionales réalisées en 1992, 2000 et 2004 donnent des taux de 30 à 80% dans la région de Tillabéry (frontière Burkina et Mali), un taux de 18.9% à 40% pour la région de Diffa (frontière Tchad et Nigéria) Les formes couramment pratiquées au Niger sont : l’excision circulaire du prépuce clitoridien, la clitoridectomie (pratiquées par les exciseuses) l’ablation des membranes hyménales du nouveau-né (dangouria) l’élargissement de l’orifice vaginal chez la jeune fille mariée précocement (pratiquées par les barbiers traditionnels). UNICEF en partenariat Né de la volonté politique du Gouvernement Nigérien, en 1990, en tant que comité Interministériel de Lutte contre les MGF et, par la suite, évolué en ONG, le ‘Comité Nigérien sur les Pratiques Traditionnelles’ ayant effet sur la Santé de la Mère et de l’Enfant – CONIPRAT – est le partenaire principale de l’UNICEF dans les actions de plaidoyer et de mobilisation sociale. L’ONG mène des études, des actions de sensibilisation, de formation, de plaidoyer et de reconversion des exciseuses. Les actions menées par cette ONG sont soutenues par plusieurs Ministères techniques dont celui en charge de la Protection de l’Enfant, de la Justice et de la Santé. Résultats atteints Depuis 1992, l’UNICEF Niger œuvre au côté de tous les acteurs (étatiques et les ONG) impliqués dans la lutte contre les pratiques traditionnelles néfastes à la santé et au bien-être de l’enfant à travers des appuis technique et financier. Intenses actions de plaidoyer et de mobilisation sociale autour de la lutte contre les Mutilations Génitales Féminines au Niger ont conduit à : l’adoption d’une loi interdisant les MGF (2003). La loi a été traduite dans toutes langues locales pour une large diffusion, les magistrats, les agents de force de l’ordre et autres agents communautaires ont été formés ; l’implication des chefs religieux et traditionnels - par leur participation effective aux côtés des techniciens lors des campagnes de sensibilisation, leur participation à des débats radio télévisés pour donner la position de l’islam - des jeunes, des juges et travailleurs sociaux dans les actions de sensibilisation sur les effets néfastes des MGF ; Reconversion de 122 exciseuses dans plus de 40 villages, hameaux et îles dans les régions de Tillabéry, Diffa et la Communauté Urbaine de Niamey ; 275 brigades de vigilance, composées chacune du chef de village, d’un jeune homme et d’une jeune fille ou femme, servent de relais et effectuent le suivi des engagements des exciseuses reconverties ; une baisse sensible du taux de prévalence national qui est passé de 5% en 1998, chez les femmes de 15-49 ans, à 2,2% en 2006 pour la même tranche d’âge. Cette baisse est observée chez les jeunes de la tranche de 15-19 ans, avec 1,9% contre 2,9% chez les 4549 ans 1 . Toutefois, ces taux cachent des disparités tant ethniques que régionales 2 . Perspective Malgré des résultats encourageants, il reste beaucoup à faire pour atteindre l’objectif de tolérance zéro à l’horizon aux MGF d’ici 2010. L’application de la Loi de 2003 doit être assuré et ses limites contournés par la sensibilisation, du moment où la population n’a pas encore le réflexe de la dénonciation. Il a été signalé toutefois par endroit des exciseuses traduites en justice et poursuivies pour les faits. Des séances de sensibilisation au niveau communautaire auront pour objectif l’abandon de la pratique par l’ensemble de la communauté. Depuis 2007, en plus des stratégies axées sur la reconversion des exciseuses, la sensibilisation de proximité et la formation des cadres et autres agents communautaires, a été introduite dans 10 villages à forte prévalence, la stratégie « social positive change » qui consiste, à travers un programme d’éducation à base communautaire, à amener l’ensemble de la communauté à un changement de comportement collectif. Au 31 décembre 2009, ce sont 587 (dont plus de 300 femmes) auditeurs et auditrices qui suivent régulièrement le programme. 1 Enquête EDSN 1998 et EDSN/MICS3 en 2006 Pour référence : 65,9% des femmes sont excisées chez les Gourmantché, 12,8% chez les Peulhs et 3,4% chez les Arabes ; les régions les plus concernées sont celles de Tillabéri, la Communauté urbaine de Niamey et Diffa. 2