par euro soit franchi pour agir, ce sera trop tard»

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par euro soit franchi pour agir, ce sera trop tard»
Datum: 11.08.2012
Le Temps
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'interview de la semaine Paraît chaque samedi
Daniel King, directeur de l'Osec, l'Office suisse d'expansion commerciale
((Si les entreprises attendent que le seuil de 1,20 franc
par euro soit franchi pour agir, ce sera trop tard»
_,
Daniel Küng:
«Les sociétés
doivent
se profiler
davantage
dans des pays
liés à d'autres
monnaies
que l'euro.»
3 MARS 23,0
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Sur la base des pronostics établis
par différents instituts ou de ceux
Directeur de l'Office suisse d'expan- du FMI, je suis quelque peu pessimiste quant à l'évolution de la
sion commerciale (Osec) depuis
conjoncture mondiale. Car, si en
2004, Daniel Küng répète inlassaplus de la force du franc les entrepriblement son credo: les entreprises
suisses doivent constamment explo- ses suisses sont confrontées à un
recul de la demande, les difficultés
rer de nouveaux marchés pour
seront d'autant plus grandes pour
exporter leurs produits. Et, face à
l'appréciation du franc par rapport à celles-ci. En effet, une baisse de la
la monnaie commune, elles doivent demande a toujours un impact
beaucoup plus important pour
aussi chercher des débouchés en
l'industrie d'exportation que des
dehors de la zone euro. De retour
d'un voyage en Chine, il plaide pour variations de change défavorables.
la conclusion de nouveaux accords Si le franc s'apprécie de 10% par
rapport à un panier de monnaies,
de libre-échange, avec l'Empire du
c'est moins grave que si l'on assiste à
Milieu ou d'autres pays.
une baisse de 10% de la demande
Le Temps: Il y a un an, le franc a
dans un pays donné. Mais, si ces
frôlé la parité avec la monnaie
commune, avant que la BNS ne fixe deux éléments se combinent, alors
un taux plancher de 1,20 franc par la situation deviendra beaucoup
plus difficile pour l'industrie d'exeurojusqu'ici, l'appréciation du
franc a surtout pesé sur les marges portation. Il faut se préparer à un tel
scénario.
des entreprises helvétiques. En
Les entreprises suisses peuvent-elles
revanche, celles-ci ont continué de
compenser
le désavantage de la force
profiter d'une demande élevée. Que
faut-il attendre pour ces prochains du franc par une meilleure capacité
d'innovation?
mois?
Lorsque le franc s'est apprécié de
Daniel Küng: En ce qui concerne la
20%
en deux ans, les entreprises
situation en Europe, je ne crois pas
suisses
n'ont pas pu vendre leurs
qu'elle va s'améliorer durant les six à
produits
20% plus cher. Elles ont
douze prochains mois. Il faut dès
dû
accorder
des rabais de l'ordre de
lors que les entreprises suisses, dont
les marges ont déjà souffert de cette 10% à leurs clients étrangers. Cela a
Propos recueillis par
Yves Hulmann ZURICH
situation sur les marchés des changes, parviennent à conquérir de
nouveaux marchés qui, eux, ne
dépendent pas de la monnaie commune. C'est pourquoi il est également important de parvenir à
conclure un accord de libre-échange
avec la Chine. Outre ce pays, des
négociations sont aussi en cours
réduit leurs marges fortement,
diminuant ainsi les montants
pouvant être consacrés à la recherche et au développement. C'est à ce
niveau-là que se situe le problème
le plus important pour les entreprises. Si la Suisse a autant de
succès, c'est grâce au fait que ses
entreprises ont pu investir dans
avec l'Inde, l'Indonésie, la Russie. Ces l'innovation.
quatre pays représentent, à eux
seuls, à peu près la moitié de la
population mondiale. Selon l'expérience faite avec d'autres pays, nous
savons que la conclusion d'accords
de libre-échange a ensuite entraîné
une forte hausse des volumes exportés par la Suisse.
- Côté demande, le ralentissement de
l'économie mondiale menace-t-il les
sociétés exportatrices helvétiques?
La Suisse doit-elle consacrer moins
de moyens à défendre sa monnaie et
soutenir plus la capacité d'innovation des entreprises?
Les deux aspects sont nécessaires.
D'un côté, il faut que la BNS continue
de soutenir le cours de 1,20 franc, un
niveau qui me paraît raisonnable et
qui peut être défendu. De l'autre, il
est nécessaire de consacrer plus de
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moyens au soutien de la recherche
et de l'innovation. Mais la Confédération investit par exemple déjà des
sommes importantes dans des
institutions comme la Commission
pour la technologie et l'innovation
(CH), qui soutient les entreprises en
matière de recherche et d'innovation.
Que peut faire la Confédération
dans ce domaine?
Elle peut favoriser l'innovation de
différentes manières, par exemple
via des exonérations d'impôts
ciblées, etc. En revanche, ce n'est pas
à l'Etat de décider si telle ou telle
innovation doit être encouragée ou
non. Il doit plutôt assurer des conditions pour que tous les secteurs
soient incités à innover.
Certains secteurs souffrent plus de
la force du franc que d'autres. Faudrait-il soutenir de manière plus
ciblée certains secteurs que d'autres
pour cette raison?
La réponse à cette question dé-
pend beaucoup de la philosophie et
de la conception de PEtat que l'on a.
La France, par exemple, mise sur une
politique industrielle qui consiste à
soutenir activement certains secteurs ou certaines technologies
plutôt que d'autres. C'est le cas aussi
de l'Allemagne. La Suisse, elle, ne
pratique pas de politique industrielle. Chaque branche doit s'en
sortir par elle-même et, si un secteur
n'y parvient pas, alors un ajustement structurel se produit. Il faut
maintenir cette approche. Je ne crois
pas qu'en raison de la force du franc,
par exemple, PEtat devrait choisir
d'aider un secteur plutôt qu'un
autre. Il suffit de voir les difficultés à
prendre une décision dans le domaine du tourisme.
Au vu de l'évolution de la situation
en Europe, l'Osec a-t-il préparé un
scénario d'urgence si le seuil de 1,20
franc par euro devait être à nouveau
franchi?
Nous nous préparons continuelle-
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ment à un tel scénario. S'il devait se
réaliser, nous pouvons aider les
entreprises à réduire leur dépendance aux marchés de la zone euro
pour se profiler davantage dans
d'autres pays liés à d'autres monnaies. Par exemple en leur permet-
tant d'augmenter leur présence
dans la zone du dollar américain,
canadien ou australien, celle du
yuan et du yen ou d'aller vers des
atout intérêt à être présent sur ces
marchés, car la production industrielle y croît rapidement. C'est
pourquoi, oui, après les pays du
BRIC, il existe déjà une prochaine
génération de pays qui se profile.
Certains ont déjà élaboré toutes
sortes de nouveaux acronymes
pour les présenter, qu'il s'agisse des
«Next 11», des CIVETS (Chili, Indonésie, Vietnam, Egypte, Turquie,
Corée du Sud), des «Next Frontier»
qui incluent des pays plus risqués
comme la Birmanie, le Pakistan, ou
d'autres groupes de pays.
Ce qui soulève aussi la question
des risques. La Suisse doit-elle
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Pour les pays plus développés
comme l'Amérique du Nord ou
certaines nations d'Asie comme
Singapour, est-il vraiment nécessaire pour les entreprises suisses de
pouvoir compter sur une structure
comme l'Osec? Ne faudrait-il pas
mieux déléguer cette tâche à des
sociétés de conseil privées et affecter ces ressources aux seuls marchés les plus difficiles?
pays comme la Turquie ou la NorNous déléguons de toute manière
vège. Pour pouvoir se positionner
déjà près de 70% de nos mandats à
sur un nouveau marché, il faut au
des sociétés externes. C'est aussi le
minimum six mois à un an. C'est
cas pour des nations comme la
pourquoi nous encourageons les
Chine ou l'Inde, même si cette
entreprises à diversifier leurs marchés d'exportation à différentes
supporter les risques encourus par proportion est peut-être inférieure
dans ces pays. Souvent, les «hubs» de
zones monétaires dès maintenant. des entreprises qui souhaitent
POsec à l'étranger servent avant tout
Si des entreprises attendent que la s'implanter sur ces marchés?
de relais pour la mise en contact
monnaie helvétique repasse auIl faut rappeler que la Suisse a
avec d'autres sociétés partenaires sur
dessous du seuil de 1,20 franc par
conclu des accords de protection
place. Par exemple, si une société
euro pour agir, ce sera trop tard
juridique avec près de 80 pays à
pour elles.
travers le monde. S'y ajoutent 26 ac- exporte déjà dans un pays d'Asie et
cords de libre-échange avec 35 pays souhaite s'implanter dans un marché voisin, nous mettons à disposiCes dernières années, beaucoup
qui apportent aussi une certaine
d'entreprises exportatrices avaient
sécurité aux entreprises sur le plan tion les contacts que nous avons
assez à faire avec les pays du BRIC. La juridique. En plus de ces accords de dans ce pays pour être sûrs que la
firme puisse bénéficier d'une bonne
croissance de ces pays a ralenti
libre-échange, la Suisse a de nomqualité de conseil. Mais nous ne
récemment. Les sociétés doivent-elles breux accords de protection des
cherchons pas à tout faire nous-mês'orienter vers d'autres marchés, et
investissements (120), complétés
mes. Globalement, nous réduisons
lesquels?
par des conventions de double
On ne peut pas recommander de imposition (80). Il y a plus de sécu- nos activités sur les marchés établis,
pour affecter plus de moyens aux
manière générale à toutes les entre- rité qu'on ne l'imagine dans de
pays plus difficiles. Dans tous les
prises d'aller vers de nouveaux
nombreux pays, même lorsqu'ils
pays, nous extemalisons le plus
marchés émergents. Une entreprise paraissent parfois exotiques. En
axée sur les produits haut de
revanche, le risque entrepreneurial d'activités possible car, sinon, nous
gamme, par exemple, n'a que peu
reste toujours supporté par l'entre- n'aurions jamais assez de moyens
pour couvrir les quelque 20 pays et
de chances de réussir au Vietnam
priseil y a trente ans, j'ai mis sur
régions où nous avons des représenou en Indonésie, car le pouvoir
pied une entreprise au Brésil, et la
tations.
situation
y
était
alors
tout
aussi
d'achat n'y est pas encore assez
difficile que c'est le cas actuellement
élevé pour des produits de luxe. A
l'inverse, un fabricant de machines pour l'Indonésie.
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«La
Chine
atterrit
en
douceur»
> La Suisse aurait un net
avantage sur ses voisins
si elle concluait un accord
avec l'Empire du Milieu
Le Temps: La Suisse négocie un
accord de libre-échange avec la
Vous avez pris part en juillet à la
délégation économique suisse en
Chine avec le conseiller fédéral
Johann Schneider-Ammann. La
situation du pays a-t-elle changé
depuis votre précédente visite?
La Chine est chaque fois diffé-
Chine. Que cela changerait-il pour rente lorsque l'on s'y rend d'une
année à l'autre. Le plus grand
les entreprises exportatrices
helvétiques, nombre d'entre elles changement que j'ai pu observer
étant déjà bien implantées sur ce ne concerne pas l'apparence
extérieure du pays mais se situe
marché même sans accord?
au niveau de la philosophie. La
Daniel Küng: La concurrence sur
les marchés d'exportations mon- Chine se trouve aujourd'hui au
début d'une phase de consolidadiaux est très forte. Si la Suisse
tion. La priorité n'est plus de
conclut un accord de libres'agrandir à tout prix mais plutôt
échange avec la Chine avant que
d'optimiser la qualité et de croîPUE n'y parvienne, cela crée une
«fenêtre d'opportunité» extrême- tre d'une façon soutenable. La
ment intéressante pour les entre- Chine évolue d'un site de production et d'exportation vers un
prises suisses. Durant cette pédébouché pour la consommariode, nos sociétés peuvent se
tion. Chaque année, entre 20 et
positionner de manière avanta30 millions de personnes sortent
geuse en Chine et exploiter cet
atout sur le long terme. Ce sera un de la pauvreté pour rejoindre la
classe moyenne, ce qui renforce
important avantage comparatif
par rapport aux sociétés concur- la demande, aussi pour des prorentes allemandes, françaises ou duits étrangers.
italiennes.
Le ralentissement de la crois-
sance en Chine préoccupe-t-il les
entreprises que vous contactez?
D'après les échos que nous recevons des entreprises suisses, ce
n'est pas le cas. Bien sûr, un taux
de croissance de 8% - le niveau
jugé nécessaire pour absorber la
masse des personnes qui arrivent
sur le marché du travail en Chine
serait préférable à 7%. Mais cela
indique aussi qu'après la phase de
croissance des dernières années,
également due à des programmes
de relance massifs, le pays réussit
un atterrissage en douceur.
Les économistes en doutent
généralement.
Je crois que la Chine peut y
parvenir. Le pays a un avantage
important, celui que son économie est dirigée de manière centralisée. Il est plus facile de réussir un
atterrissage en douceur dans ce
cadre que si l'on doit coordonner
l'action de milliers d'acteurs sans
pouvoir imposer quoi que ce soit.
A cet égard, le centralisme présente des avantages.
Propos recueillis par Y. H.
Du Brésil à l'Osec
Agé de 60 ans, Daniel Küng,
directeur de l'Osec depuis
2004, a passé une large partie
de sa carrière en Amérique
latine. Après avoir obtenu une
licence en sciences économiques à l'Université de SaintGall en 1979, différentes étapes le mènent de Berne à
Zurich, puis à Quito, Caracas
et New York. De 1982 à 1987, il
travaille pour Mercedes-Benz
do Brasil à Sào Paulo. Il fonde la
même année la société Agrosuisse dans cette ville, où il
restera jusqu'en 2004. L'Osec
conseille les PME suisses et
liechtensteinoises dans leurs
activités à l'international.
L'organisation emploie plus de
100 collaborateurs à Zurich,
Lausanne et Lugano. A l'étranger, elle a près de 20 relais, ou
«Swiss business hubs». Y. H.
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