Améliorer le système d`immigration du Canada : procédures de visa
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Améliorer le système d`immigration du Canada : procédures de visa
Améliorer le système d’immigration du Canada : procédures de visa et reconnaissance des titres de compétences étrangers La pénurie de travailleurs prévue reste une source majeure de préoccupation pour les entreprises canadiennes. Étant donné le vieillissement de la population et la croissance démographique stagnante, elle nécessitera plusieurs solutions coordonnées. Or, l’immigration peut jouer un rôle central dans la satisfaction des besoins à court et à long terme du marché du travail. Cependant, l’efficacité limitée du processus d’immigration actuel et les enjeux de l’emploi à temps plein des immigrants continuent d’exister. Des politiques innovantes s’imposent pour attirer les gens du monde entier possédant les compétences et les talents voulus pour appuyer la croissance économique. Pour redynamiser le processus d’immigration actuel, l’amélioration des procédures de visa pour différentes catégories d’immigrants et la reconnaissance des titres de compétences étrangers sont d’importants points de départ. Recherche économique RBC indique qu’une pénurie globale de travailleurs surviendra tandis que le nombre de travailleurs recherchés dépassera celui des travailleurs disponibles d’ici les 20 prochaines années1. La pénurie affectera un éventail d’industries dans diverses régions du pays. Un rapport parlementaire de 2012 a révélé que 34,4 % des entreprises du secteur de la biotechnologie font face à des pénuries de compétences2. Le secteur minier estime que, d’ici à 2021, il devra embaucher 3 990 professionnels qualifiés3. Le secteur de l’électricité estime qu’il devra recruter plus de 45 000 nouveaux employés entre 2011 et 20164. L’Association canadienne des producteurs pétroliers (ACPP) estime pour sa part qu’elle aura besoin de 9 500 nouveaux employés d’ici à 2015 et de 50 000 à 130 000 employés d’ici à 20205. Programme des travailleurs étrangers temporaires En attendant les changements au traitement des résidents permanents au titre du système Entrée express qui entreront en vigueur en 2015, de nombreux employeurs compteront sur le Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET) pour obtenir des travailleurs. Le PTET comportait deux processus : premièrement l’obtention d’un avis relatif au marché du travail (AMT) de Service Canada et deuxièmement l’obtention d’un visa ou d’un permis de travail de CIC. L’AMT confirmait qu’aucun Canadien ne pouvait assumer le poste, mais elle exigeait une période de quatre à six semaines plus le délai requis pour l’annonce et le recrutement. Le processus accéléré (AMT électronique) pour certaines occupations a été discontinué. En 2013, des changements au PTET ont été mis en œuvre, limitant l’accès et augmentant le fardeau réglementaire pour les utilisateurs. À l’heure actuelle, le PTET continue de subir des changements majeurs menant à la restructuration complète du programme. Puisque le gouvernement fédéral entend remanier le PTET, il faudrait analyser et traiter plusieurs préoccupations concernant l’ancien système en plus d’apporter des changements. Premièrement, l’ancien processus d’AMT était inaccessible, lent et insensible aux conditions actuelles du marché du travail en ce qui a trait aux salaires, aux pénuries de travailleurs et aux procédures de recrutement. Les données utilisées pour l’AMT ne tenaient pas compte des besoins locaux, régionaux ou spécialisés. Bon nombre d’exigences relatives aux annonces de recrutement étaient en décalage avec la façon dont les entreprises recrutent les gens de talent. L’étude d’impact sur le marché du travail (EIMT) ne devrait pas comporter les mêmes désavantages. Cependant, étant donné que les niveaux de salaires remplacent la Classification nationale des professions (CNP) comme fondement de l’administration du programme, il importe que les données sur les niveaux de salaires soient le plus exactes possible. Deuxièmement, en dépit de sa capacité à venir en aide aux employeurs confrontés à des pénuries de travailleurs immédiates, le PTET était non seulement lent et inefficace, mais sujet à des abus de la part de certains employeurs. 1 La Chambre de commerce du Canada (2012), « Crise des compétences au Canada : ce que nous avons entendu. Rapport de la Chambre de commerce du Canada sur les consultations pancanadiennes menées en 2012 ». 2 Rapport du Comité permanent des ressources humaines, du développement des compétences, du développement social et de la condition des personnes handicapées (2012), « Pénurie de main-d’œuvre et de compétences au Canada : solutions aux défis actuels et futurs ». 3 Idem. 4 Idem. 5 Idem. Des démarches s’imposent pour accélérer les procédures du programme, tout en limitant les possibilités d’abus. Une liste rigoureuse d’employeurs approuvés élargirait la latitude et accélérera le traitement des travailleurs étrangers temporaires pour les employeurs ayant démontré qu’ils utilisent le programme correctement. Elle libérerait également Service Canada et lui permettrait d’examiner plus de dossiers et de consacrer plus de temps à la poursuite des employeurs et dossiers qui ne respectent pas l’objet des règlements. Reconnaissance des titres de compétences étrangers (RTCE) De nombreuses professions sont aux prises avec des obstacles inutiles à la reconnaissance des titres de compétences étrangers (RTCE). En 2007, environ 37 % des particuliers nés à l’étranger âgés de 25 à 54 ans possédaient un diplôme universitaire, comparativement à 22 % pour leurs homologues nés au Canada. Pourtant, le taux de chômage chez les immigrants est deux fois plus élevé que celui des personnes nées au Canada6. On doit offrir aux nouveaux Canadiens un processus bref et pratique pour l’obtention des titres de compétences canadiens dans leurs professions, sans toutefois sacrifier les normes. L’objectif ultime est de donner aux nouveaux immigrants les outils dont ils ont besoin pour devenir autosuffisants et tirer pleinement parti des possibilités au Canada. La non-reconnaissance des titres de compétences et de l’expérience acquise à l’étranger fait des immigrants des chômeurs qui sous-contribuent à l’économie canadienne, ont un revenu inférieur, payent moins d’impôts et n’ont pas les moyens d’acheter les biens et services nécessaires. Il importe que les gouvernements, les entreprises et les organismes qui octroient les titres de compétences améliorent leur temps de traitement et leurs politiques de reconnaissance des titres de compétences des professionnels formés à l’étranger, afin de diminuer les pénuries de travailleurs et de permettre à tous les membres de la société de participer au marché du travail. Les 13 territoires canadiens comptent près de 400 organismes de réglementation professionnelle, de nombreux organismes d’évaluation/d’accréditation des titres de compétences et des centaines d’établissements professionnels participant à l’évaluation des titres de compétences étrangers. Les provinces sont responsables de l’octroi de permis et d’agrément pour 55 professions réglementées (15 % du marché du travail au Canada). Dans le reste du marché (85 % du marché du travail), les qualifications sont évaluées par les employeurs chargés des professions non réglementées)7. Il s’ensuit un contexte réglementaire complexe et difficile à comprendre pour les immigrants et les employeurs. Il est difficile d’obtenir des renseignements transparents, précis et systématiques à propos des exigences réglementaires. En outre, les évaluations sont devenues plus complexes depuis que l’éventail des pays d’où proviennent les immigrants s’est élargi. Le Plan d’action économique de 2009 a octroyé 50 millions de dollars à l’élaboration d’un cadre visant à accélérer la RTCE et l’évaluation. De plus, le Cadre pancanadien d’évaluation et de reconnaissance des qualifications professionnelles acquises à l’étranger est en place et relève du Forum des ministres du marché du travail. Cependant, étant donné la nature complexe du cadre de la RTCE, le gouvernement fédéral devrait s’inspirer des modèles réussis en place dans d’autres pays. Ainsi, les gouvernements de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande ont centralisé l’évaluation des titres de compétences en établissant des organismes indépendants. Le National Office of Overseas Skill Recognitions (NOOSR) de l’Australie fournit des renseignements et des conseils officiels sur la comparabilité des titres de compétences étrangers et des titres de compétences australiens, utilisant comme repère l’Australian Qualifications Framework. Il fournit également des profils de l’éducation des pays, outils de reconnaissance en ligne utilisés pour évaluer les qualifications éducatives étrangères utilisées par les établissements postsecondaires, les organismes professionnels, les employeurs, les organismes internationaux et les gouvernements. Les évaluations du NOOSR sont des guides du niveau de scolarité d’une qualification étrangère selon une qualification de l’Australian Qualifications Framework. Pareillement, la New Zealand Qualifications Authority a établi le National Education Information Center (NEIC) pour fournir des renseignements et des conseils au système d’éducation de la Nouvelle-Zélande, les qualifications secondaires et tertiaires et la reconnaissance des titres de compétences étrangers. Le rôle du NEIC consiste à fournir des renseignements et des conseils sur la 6 La Chambre de commerce du Canada (2010). La crise démographique au Canada : est-ce que les travailleurs sous-représentés peuvent nous sauver? 7 Becklumb, P., Elgersma, S. (2008). Reconnaissance des titres de compétences étrangers des immigrants. Publications de recherche de la bibliothèque du Parlement. reconnaissance des diplômes étrangers, des grades et autres titres de compétences universitaires ou professionnels, ainsi que sur les systèmes d’éducation de la Nouvelle-Zélande et des autres pays. Recommandations Que le gouvernement fédéral : 1. Pour l’administration du nouveau PTET et durant le processus d’EIMT, envisage un éventail plus vaste de sources de renseignements sur les données salariales pour déterminer le niveau approprié de salaires ou de traitements, assurant que le système et le processus sont plus adaptés et sensibles aux conditions actuelles du marché du travail. 2. Rétablisse une version du processus d’AMT électronique et rationalise le processus d’EIMT pour tout travailleur dans une profession figurant sur la liste des professions en pénurie de main-d’œuvre en envisageant le marché du travail plus vaste pour cette profession au lieu de traiter uniquement les demandes reçues et d’interviewer chaque employeur individuel. 3. Demande au ministère de l’Emploi et dévelopmment social Canada de créer et d’aministréer une liste d’employeurs approuvés ayant démontré qu’ils respectent la lettre et l’esprit des règlements relatifs au PTET. L’admissibilité à cette liste doit reposer sur des exigences suffisamment rigoureuses pour prévenir les abus, mais ne doit pas imposer un fardeau indu aux petites entreprises qui souhaitent utiliser le PTET. 4. Diminue la complexité des évaluations des titres de compétences étrangers en ordonnant au Programme de reconnaissance des titres étrangers de fournir une orientation politique, en plus d’un soutien financier stratégique, aux gouvernements et organismes provinciaux et territoriaux participant au processus d’évaluation des titres de compétence, utilisant comme référence pertinente les modèles d’évaluation des titres étrangers de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande. 5. Élabore un profil de l’éducation des principaux pays d’où proviennent les immigrants afin de pouvoir mettre une description transparente et complète de leurs systèmes d’éducation à la disposition des employeurs et autres organismes d’embauche, comme c’est le cas en Australie et en Nouvelle-Zélande.