La fabrication d`une meule de charbon de bois texte tiré du travail de

Transcription

La fabrication d`une meule de charbon de bois texte tiré du travail de
La fabrication d'une meule de charbon de bois
texte
tiré
du
travail
de
dipôme
d'Yvan
la Charbonnière du Refuge de Reverolle
Gueissbühler,
charbonnier
engagé
pour
Amener les gens à la forêt et leur parler de la forêt - Rapprocher l'homme de la nature - Contribuer à la
vie sociale, permettre la rencontre : Voilà quelques motivations qui, il y a quelque trois décénies,
marquèrent le retour d'un métier pratiquement disparu est qui était né dès l'aube de l'humanité.
L'homme, ayant maîtrisé le feu, observa très vite les caractéristiques utiles de la carbonisation du bois.
Aujourd'hui, c'est pour mieux savourer sa côtelette, ses papilles lui ayant très vite indiqué qu'il vaut
mieux la rôtir au dessus de la braise que sur des flammes.
Comme pour construire sa maison, pour faire une
meule de charbon, il faudra d'abord choisir le bon
emplacement (accès facile, endroit sans cailloux
protégé des eaux de surface). La place devra être
aplanie et d'une surface suffisante. On choisira aussi un
bois de qualité, du feuillu fendu pas trop gros, pas trop
sec, le plus droit possible et d'un bon pouvoir calorifique
(la qualité du charbon en dépendra) .
On construit d'abord la cheminée au centre de la meule.
On y réservera de jolis quartiers de bois que l'on
empilera en les croisant soigneusement. C'est là que
descendra le bois de nourrissement.
Meule à charbon de bois construite aux
abords du village de Soulce (JU)
Ensuite, à nouveau comme pour son habitat, on aménagera l'étage du bas (premier étage pour une
meule). On y entassera le bois verticalement, bûches légèrement inclinées et le gros bout en bas. Ce qui
donnera à la meule sa forme conique. Ce travail devra être fait minutieusement, afin d'éviter autant que
possible les trous qui, si nécessaire, seront comblés avec des morceaux plus petits. Laisser des trous
auraient pour conséquence d'amener de l'air qui ferait brûler le bois au lieu de le carboniser.
On attaquera le deuxième étage à aménager de manière identique au premier et pour terminer l'arrondi,
on mettra encore des bûches plus courtes pour les combles (troisième étage). Pour la finition extérieure,
on empile enfin une couche de dazon (bois de branches de sapin) tout autour de la meule.
Si pour la maison on fait une couche d'isolation, pour la meule cette dernière est de séparation. Cette
couche de matière végétale, foin ou paille, devra être posée régulièrement sur toute la surface et assez
épaisse pour empêcher le poussier de couler dans le bois. Le poussier est fait de terre végétale que l'on
tamise pour enlever les cailloux et les mottes. Cette couche de 15 cm d'épaisseur et de hauteur
empêchera l'air de rentrer et devra impérativement suivre le tassement de la meule. Tels des
colombages, on posera ensuite sur le poussier une couche de bûches, non pour l'esthétique, mais pour
éviter que les trous de tirage ne se bouchent pendant toute la durée de la carbonisation.
Avant l'allumage, on percera des trous avec une barre à mine. Ils alimenteront la meule en oxygène. Si
la carbonisation est trop rapide, on les bouche, et si elle est trop lente on en perce des supplémentaires.
On percera également des trous d'évacuation de la fumée au deux tiers de la meule. Pour allumer, on
fera un feu à côté pour obtenir des braises que l'on versera dans la cheminée et ajoutera régulièrement
des bûches.
Le temps de carbonisation sera d'environ huit jours pour une meule de 15 à 30 stères. Ce temps sera
consacré à des travaux multiples et délicats : le nourrissage de la meule en remplissant toutes les deux à
trois heures la cheminée de bûches, le réglage de l'apport d'oxygène pour une carbonisation régulière, la
surveillance serrée pour que la meule ne prenne pas feu. Le passage de la fumée d'une couleur blanche à
une couleur bleue marquera la fin de la carbonisation.
La meule sera préparée pour son refroidissement. On la sondera pour s'assurer que le processus est bien
terminé. On nettoyera et tamisera méticuleusement le poussier, afin qu'il devienne étanche pour étouffer
le charbon incandescent. On laissera réfroidir ainsi pendant deux ou trois jours.
C'est là que s'arrête la comparaison avec la demeure, puisque la meule n'est qu'éphémère bâtisse qui
sera ouverte durant la nuit. On enlèvera progressivement et minutieusement le poussier par bande, en
évitant que le feu ne prenne. On prendra le charbon avec une fourche à pommes de terre de manière à
ce qu'on ne récupère que le beau. Il sera déposé en andains autour de la meule et on veillera à contrôler
et éteindre les braises. La mise en sac se fera le jour suivant (environ 100 kg par stère de bois).