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356 A – 1956
CLASSIC
Un bijou nommé
Désir
Elle s’est échappée par une nuit sans lune,
Place Vendôme, de la vitrine d’un grand
joaillier parisien. Joyau de la collection, son
discret Gris Graphite facilite son escapade
nocturne. Une virée en 356 dans un Paris
désert est un moment privilégié. Enivré par le
son feutré du flat 4 qui résonne sur les façades
centenaires, fasciné par le reflet de son profil
racé dans les vitrines, je suis sur un tapis
volant au pays des mille et une nuits.
Texte Hilaire Photos Frank Camuzat
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356 A – 1956
CLASSIC
L
a légende est en route. Avec la
356 A, on est définitivement passé
de la production artisanale à la
petite série. Grâce à Max Hoffman,
l’Amérique est conquise et l’Europe
commence doucement à oublier
les années de guerre et les rancunes, surtout dans les milieux sportifs…
En 1956, la 356 A est tout simplement la
meilleure voiture de sport de sa catégorie.
Polyvalente, elle vous emmènera avec
le même brio à l’Opéra, en week-end
à Deauville, ou sur l’anneau de Montlhéry.
Déjà elle a brillé sur les dangereuses routes
de la Carrera Panamericana, déjà les stars
de Hollywood ont gravé son nom sur le
“Walk of Fame” et, en Europe, elle a inscrit
dans le marbre toute une série de records,
dont des victoires de classe aux 24 Heures
du Mans. Entre 1954 et 1956, ce sont plus
de quatre cents victoires enregistrées partout dans le monde. Quelle autre voiture
peut se targuer d’un tel palmarès ?
La A représente la 356 parfaite : beaucoup plus
aboutie techniquement qu’une pré- A, mais des
lignes harmonieuses, pas encore altérées par
les contraintes d’homologation américaines.
Une ligne, un moteur
1
1 L’intérieur est lumineux.
Gros plan sur le
magnifique volant en
bakélite.
2 L’intérieur est typé GT,
toutes les poignées en
métal chromé semblent
ciselées.
3 Très peu de 356 ont été
livrées avec un toit
ouvrant. Très appréciée,
cette option est gage de
plus-value importante
pour celles qui en sont
équipées.
4 Le dossier de la
banquette arrière pouvait
se rabattre, dégageant un
espace suffisant pour les
sacs de voyage.
5 C’est beau une ville
la nuit ! Un décor idéal
pour une 356 A dont
la couleur Gris Graphite
sublime la ligne. En 1956,
les sorties d’échappement
ne sont pas encore
intégrées dans les butoirs
de pare-chocs.
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La 356 de notre reportage est une A T1 de
1956 mue par le flat 4 de 1 600 cm3 et équipée d’un rare toit ouvrant. Elle a été livrée
en Suisse par Amag, importateur Porsche
depuis 1951. Un seul et unique propriétaire
jusqu’à ce que Serge Heitz ne l’achète pour
la faire entièrement restaurer. Depuis, elle
a déjà rejoint le garage de son nouveau propriétaire, un collectionneur allemand, qui
ne possède pas moins de 50 Porsche
“Classics”.
Cette 356 est équipée d’options d’usine
extrêmement rares, comme les phares
longue-portée ou le déflecteur rajouté sur
les vitres avant. Sans parler du toit ouvrant,
déjà cité, qui permettait à ses occupants de
profiter en toute quiétude de l’air vivifiant
des Alpes suisses. Son petit moteur
1 600 cm3 délivrant tout de même 60 vrais
chevaux suffisait amplement, vu le poids
réduit de l’engin culminant à 900 kg, à lui
offrir une vivacité surprenante, bien
secondé par une boîte de vitesses à quatre
rapports, maintenant synchronisés. Seuls
430 coupés équipés du moteur 1 600 sortiront des chaînes de production en 1956,
ce qui en fait une voiture extrêmement rare
57 ans plus tard. Ce vaillant petit moteur,
d’une grande fiabilité, n’aimait tout de
même pas trop les longs trajets “full speed”
sur les nouvelles autoroutes allemandes et
il était recommandé de lever le pied de
temps en temps afin de laisser remonter
l’huile vers les soupapes et améliorer ainsi
sa lubrification. Sa robe Gris Graphite en
rajoute côté séduction, et l’intérieur tendu
de cuir beige, aux larges sièges confortables mais sans grand maintien, invite au
voyage. Une véritable GT… Mais c’est surtout sa ligne aérodynamique tout à fait
innovante avec ses ailes enveloppantes qui
la démarquait réellement de ses concurrentes, au milieu des autres petites voitures
de sport d’après-guerre.
Quelle carrière ! Depuis les premiers plans
(référence 356.00.105) de la Porsche n° 1 qui
prit forme sur la planche à dessin le 17 juillet 1947 et la toute dernière 356 produite en
1965 (un cabriolet C blanc), dix-sept années
se sont passées. Dix-sept années d’évolu-
Merci à Serge Heitz pour avoir
mis à notre disposition cette 356
une peu spéciale !
Heitz Automobile Consulting.
0810 356 911
www.sergeheitz-consulting.com
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Polyvalente, la 356 vous
emmènera avec le même
brio à l’Opéra, en week-end
à Deauville, ou sur
l’anneau de Montlhéry.
tion constante qui ne l’ont pas pour autant
éloignée du concept originel. Et aujourd’hui,
lorsque je regarde une 356 de trois-quarts
arrière, j’ai l’étrange sentiment de reconnaître le vieux Professeur avec sa stature particulière, légèrement voûté, le regard perdu
dans ses pensées.
Un peu d’histoire
En 1956, lorsque naît à Stuttgart notre
356, l’usine fête le 25e anniversaire de la
Dr Ing.h.c.f. Porsche GmbH, fondée le
16 mars 1931. Tout le personnel est invité et
célèbre par la même occasion la sortie de la
10 000e Porsche produite. C’est aussi l’année
où la décision de séquestre qui frappait
jusque-là l’usine n° 1 est enfin levée, et on
y installe immédiatement les services financiers, le bureau de construction et le département des essais et des réparations.
L’avenir s’annonce radieux. La 356 A subit
quelques améliorations par rapport aux
modèles précédents, les caractéristiques de
la suspension ont été modifiées, ainsi que
le réglage des amortisseurs. Les barres de
torsion sont maintenant réglables et les
leviers porteurs latéraux ne reposent plus
sur des coussinets, mais sur des roulements
à aiguilles. Cinq types de moteurs sont au
programme : le 1 300 de 44 ch, sa déclinaison “S” de 60 ch, un 1 600 qui propose aussi
60 ch, mais un couple bien supérieur
(110 Nm contre 88), un 1 600 S de 75 ch, et
le très exclusif moteur de course, le 1 500 GS
Carrera de 100 ch. Tous ces moteurs sont
en alliage léger. Le pare-brise est maintenant galbé. Le nouveau tableau de bord
à trois compteurs est surmonté par un rembourrage en simili cuir. Le sigle Porsche est
inscrit en lettres dorées à l’avant et à l’arrière. Les nouvelles roues sont des 4,5x15”
et non plus 16”, avec quatre freins hydrauliques de 280 mm de diamètre fournis par
la maison Teves.
2
1 L’avant typique des
3
séries A. Les pare-chocs
sont collés à la
carrosserie.
2 Le petit 1 600 cm3 en
alliage léger développait
60 ch. Une merveille
technologique.
3 Le réservoir et la roue
de secours remplissent
complètement le coffre
avant.
4 Les phares longueportée intégrés dans la
carrosserie sont une
option extrêmement rare.
Ils nécessitaient une
découpe du tablier avant.
5 Les déflecteurs
optionnels n’étaient
vraiment pas courants.
Les 356 livrées en Suisse
par Amag étaient
particulièrement bien
équipées.
6-7 La trousse à outils
d’origine contenait
4 bougies et des durits.
C’est à ce genre de
détails, frisant la
perfection, que l’on voit la
qualité de la rénovation.
Une passion contagieuse
Aujourd’hui, les Porsche 356 sont de plus
en plus recherchées, les plus désirables
sont bien sûr les Carrera ou les Speedster.
Mais parmi les coupés, si l’on fait exception
des mythiques pré-A plus rudimentaires et
moins performantes, la 356 A reste l’un des
modèles les plus appréciés, avec ses parechocs collés à la carrosserie et les ailes
avant plus arrondies, lui donnant vraiment
un air de batracien. Celle-ci en est le parfait
exemple. L’engouement n’est donc pas
près de se ralentir et le dernier meeting
européen qui s’est tenu récemment
à Strasbourg, avec un record de participation, en a, s’il en était besoin, donné la
confirmation.
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