Cinéma La Nouvelle Vague Introduction Le terme de

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Cinéma La Nouvelle Vague Introduction Le terme de
Nadine Murgida
Groupe: 308
Collège Calvin
OC Arts Visuels – Cinéma
La Nouvelle Vague
Introduction
Le terme de ''Nouvelle Vague'' apparait pour la première fois en 1958 dans un article paru
dans une revue dédiée au cinéma. Cette expression, caractérisant un mouvement du
cinéma français à la fin des années 1950, est surtout attribuée au films de 1959 présentés
au festival de Cannes. Parmi les cinéastes ayant marqué cette période significative du
cinéma on retrouve par exemple François Truffaut, Jean-Luc Godard, Christophe Honoré
ou encore Claude Chabrol.
La Nouvelle Vague introduit un aspect tout à fait différent que l'on avait jusqu'alors au sujet
du cinéma: elle est le fruit de la rencontre de plusieurs jeunes cinéastes cherchant à
''personnaliser'' leurs films, c'est-à-dire donner une touche personnelle à leurs oeuvres.
Grâce à ces rencontres, des liens sont créés, on s'inspire l'un de l'autre, on s'intéresse de
plus près au travail et au techniques des autres. Ainsi, on souhaite développer sa propre
imagination, et montrer ''autre chose''. Par exemple, François Truffaut écrivait à des
milliers de cinéastes dont Alfred Hitchcock, notamment, souhaitant comprendre comment
introduire plus d'émotions par le visuel et non par le sonore. Il s'inspirait en ''aimant'' le
travail des autres.
Cette époque de la Nouvelle Vague a été fortement marquée par des mouvements de la
société, comme la libéralisation de la femme, ou encore la période des Trente Glorieuses.
C'est ainsi qu'elle s'est développée: On introduit ces contextes historiques dans les
scénarios, on expose l'évolution de la société, on critique les transformations du modèle
familial (notamment dans la trilogie de François Truffaut à travers le personnage d'Antoine
Doinel).
Grâce à de nouvelles techniques, on a les moyens de tourner plus économiquement, ce
qui facilite le tournage. Le tout est alors plus rapide, le matériel est plus léger, le tournage
dans la rue devient plus accessible,etc. En quelques mots, la notion de liberté, que ce soit
au niveau du tournage ou dans la manière de penser du cinéaste, est le facteur premier
de cette Nouvelle Vague.
Nous verrons par la suite quels changements ce mouvement a apporté au cinéma
classique, et pourquoi ces règles académiques sont basculées lors de ce mouvement
révolutionnaire de la Nouvelle Vague. Nous illustrerons le tout par des exemples de
transgression dans certaines scènes typiques de ce mouvement.
Les règles académiques bousculées: Pourquoi et comment?
Le cinéma français classique est, jusqu'aux années 1950, considéré comme étant
dépourvu de créativité et d'originalité: on conçoit les films de manière linéaire, on
n'introduit aucune improvisation ni changement lorsque le scénario est établi. C'est un
simple support au roman ne laissant aucune place à des changements soudains de
scripte ou de décors, par exemple. Lorsque la Nouvelle Vague fait son entrée de jeu, les
règles académiques du cinéma classiques sont remises en question: on revoit tous les
fondements. Nous allons présenter quelques changements fondamentaux établis pendant
cette époque.
Premièrement, on introduit des montages visibles en utilisant les regards caméras voulus.
Jusqu'alors, le cinéma interdisait catégoriquement que les acteurs effectuent des regards
dirigés directement dans la caméra, car ceci confirmerait la présence d'une caméra et
nous donnerait l'impression que tout ce qui est filmé est ''faux''. En effet, les réalisateurs
ne cherchent plus à tromper le spectateurs, mais au contraire montrer le ''vrai''. Par ces
regards caméras, il interpelle directement le spectateur, lui laissant une place dans le film.
En tant que spectateur, on se sent impliqué dans l'histoire du film, comme si on se trouvait
face à face avec l'acteur.
Ce regard caméra est utilisé pour la première fois dans le film ''Monica'' de Ingmar
Bergman, paru en 1953. Par la suite, François Truffaut et Jean-Luc Godard décident
également d'instaurer cette nouveauté dans leurs oeuvres. Par exemple, on le retrouve
dans ''Pierrot Le Fou'' de Godard, avec le personnage d'Anna Karina qui, au milieu d'une
conversation, se tourne vers nous et nous interpelle par son regard.
Encore plus explicite est le regard caméra dans ''Dans Paris'' de Christophe Honoré: cette
fois, le personnage est encore plus omniscient car il s'adresse à nous en nous parlant.
Son but étant de nous situer dans l'histoire et de nous expliquer le contexte, il mentionne
ouvertement qu'il s'agit d'une ''apostrophe'', c'est-à-dire, une parenthèse dans le film.
Ainsi, la notion d'autobiographie est instaurée. On la retrouve également dans le film de
Woody Allen, lorsqu'il nous prend ''à part'' et nous informe de la situation. Godard en
revanche, n'utilise pas le regard caméra dans un but autobiographique: il préfère se limiter
à des regards ''parlants'' pour nous spectateurs.
Anna Karina dans ''Pierrot Le Fou'' (Jean-Luc Godard)
Une autre notion fait son apparition durant cette période consacrée à ce mouvement
révolutionnaire: le mélange des genres grâce à la mise en abîme. En effet, cette
nouveauté consiste à faire référence à d'autres oeuvres dans le film même, c'est-à-dire
rappeler certaines scènes ou passages provenant d'ailleurs dans l'histoire. Ceci a pour but
d'ouvrir un temps de réflexion plus étendu pour nous spectateurs. On arrive à mieux
s'identifier aux personnages, car on a l'impression qu'ils sont comme nous, c'est-à-dire
qu'ils regardent les mêmes films, lisent les mêmes livres,etc.
Un exemple se manifeste dans le film de François Truffaut, ''Baisers Volés'': on y voit deux
personnages déguisés en Laurel et Hardy, deux figures cultes des années précédant la
Nouvelle Vague. Ainsi, on fait référence à un autre genre de cinéma, le genre Burlesque.
Dans ''Pierrot Le Fou'', on a une autre forme de mise en abîme: Raymond Devos,
comédien connaissant un succès fou durant les années 50, apparait en compagnie de
Jean Paul Belmondo. Godard fait alors en sorte que le dialogue entre ces deux
personnages se transforme en sketch, rappelant les One Man Shows habituels de Devos.
Belmondo devient alors le ''spectateur'' de Devos, tout comme nous.
Une dernière forme de mise en abîme est celle d'évoquer le titre d'un certain livre ou film,
que ce soit durant une conversation entre deux personnages, ou par les objets et le
décors apparaissant dans le film. On retrouve des exemples dans ''À Bout De Souffle'' ou
encore dans ''Pierrot Le Fou'', avec des personnages se rendant au cinéma pour voir des
films existant dans la réalité. Dans la première partie de la trilogie réalisée par Francois
Truffaut, ''Les 400 coups'', on aperçoit le personnage d'Antoine Doinel s'intéressant
particulièrement à une oeuvre de Balzac. De nouveau, on introduit de différents genres
dans un film n'ayant aucun rapport avec celui-ci.
Les deux enfants déguisés en Laurel et Hardy dans ''Baisers Volés'' (François Truffaut)
Un point que nous pouvons relever concernant ce basculement des règles
cinématographiques classiques est celui de la continuité. En effet, les films de la Nouvelle
Vague peuvent faire apparaitre des coupures dans l'histoire, c'est-à-dire qu'on passe d'un
certain moment ou période à une autre, sans que celles-ci soient reliées au niveau
chronologique. On va éviter de montrer les scènes moins importantes, on passer
directement à la scène voulue. La chronologie peut donc être interrompue: on se permet
de revenir dans le passé, ou encore sauter quelques jours n'ayant pas d'importance pour
le fil de l'histoire. En tant que spectateur, on parvient tout de même à comprendre ce qu'il
se passe, notamment grâce à la bande son qui, malgré de telles coupures, essayent de
nous assurer que l'histoire est bien en continuation. Jusqu'alors, la continuité d'un film était
établie de manière stricte. Avec la Nouvelle Vague, cette règle de la continuité n'est plus
autant respectée.
Par exemple, on retrouve ces ''coupures'' dans ''Baisers Volés'' de François Truffaut,
lorsqu'Antoine Doinel tend à souvent refermer les portes, nous cachant donc une partie de
la scène. Le film continue tout de même, malgré le fait qu'on ne voit pas les actions du
personnage dans leurs intégralités. Un autre exemple dans ''Baisers Volés'', quand la
réconciliation entre Antoine et Christine se manifeste: Les plans se suivent de manière
rapide, laissant apparaitre des ''trous''. Ainsi, on passe directement à l'essentiel sans se
soucier des moments inutiles de la scène. C'est ce qu'on appelle des ellipses dans le
temps, visant à bousculer la continuité de l'histoire. Nous retrouvons ce phénomène
d'ellipse dans ''L'Amour En Fuite'' (de François Truffaut), cette fois utilisé lors de la rupture
définitive d'Antoine et de Christine.
Ce qui est remarquable dans certains scénarios de la Nouvelle Vague, et qui vaut la peine
d'être relevé, est ce fait qu'il n'est pas toujours établi comme on avait l'habitude de le faire
dans le cinéma classique. Effectivement, dans certains films réalisés par ces grands
cinéastes tels Godard par exemple, on laisse place à l'improvisation, permettant l'acteur
de changer ses répliques et de lui laisser la liberté de formuler ses phrases comme il le
souhaite. Comme dit auparavant, la Nouvelle Vague cherche à montrer au spectateur que
les acteurs sont des personnes comme les autres, qu'il n'y a pas de ''jeu'', mais au
contraire, que les scènes sont comme tirées de la vraie vie de l'acteur. N'ayant donc
aucun scripte à suivre, l'acteur se sentira obligé de vivre comme il le fait normalement, à
l'exception du fait que des caméras le suivent. Aujourd'hui, on pourrait presque relier ce
phénomène à la notion de télé-réalité. Ceci dit, les acteurs doivent tout de même respecter
un minimum de consignes données par le cinéaste, afin que l'histoire se poursuive quand
même comme prévu. Même si certaines choses sont écrites, tout peut changer en temps
réel. On pourrait définir cette spontanéité comme une ''improvisation limitée''.
Jacques Rivette est un bon exemple de cinéaste ayant adopté cette méthode de travail:
pour lui, aucun scénario, seulement quelques pages de synopsis que l'on faisait parvenir à
l'acteur la veille ou le jour-même du tournage.
Conclusion
Nous avons pu voir dans notre développement, que beaucoup d'aspects caractérisant le
monde cinématographique ont été modifiés lors de cette période révolutionnaire de la
Nouvelle Vague. Des changements au niveau du tournage, mais également des manières
de penser ainsi que des points de vues innovateurs ont permit au cinéma de se
développer et donc de gagner en importance dans la mentalité des gens.
Nous pouvons donc nous demander, à terme de notre analyse sur les différents
basculements des règles académiques si appréciées jusqu'alors, pourquoi ces cinéastes
révolutionnaires ont décidé de procéder ainsi lors de leurs tournages. Pourquoi
ressentaient-ils le besoin de changer le cinéma, en étant conscient que cela pouvait
choquer le spectateur, et donc en étant prêt à prendre le risque de réaliser un ''flop''
cinématographique? Effectivement, on n'a jamais essayé de remplacer tout ce qui avait
été réalisé pendant les années précédant la Nouvelle Vague – Il fallait juste qu'un air plus
jeune et innovateur s'impose afin de donner un nouveau côté au 7ème art, par le moyen
de cinéastes plus modernes et prêts à changer le monde du cinéma. Peut-être que le fait
d'avoir du nouveau matériel plus léger et plus performant, permettant un tournage rapide
et efficace n'est pas une notion à négliger. Comme relevé auparavant, la liberté de
tournage est le fondement de la Nouvelle Vague: il n'y a donc aucun doute que la
possession d'un tel équipement, certes plus économique, joue un rôle fondamental.
François Truffaut avec une caméra plus légère, et donc plus transportable
Au final, on se rend compte que cette Nouvelle Vague a à jamais changé le domaine du
7ème art, entrainant des modifications plus ou moins positives au niveau de la manière de
réaliser des films, mais surtout, au niveau du point de vue du spectateur sur le cinéma. Le
temps a en effet donné un regard différent du spectateur sur les films que l'on apprécie
toujours aujourd'hui, que ce soit des classiques des années 20, des films modernes des
années 60, ou les nouveaux films du 21ème siècle.