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13-Journal-juillet-2015_Mise en page 1 23/06/15 11:45 Page126
Journal
Au-delà de la communauté « sur
scène », on assiste aujourd’hui à la
redistribution des tâches et des fonctions entre les différents intervenants
d’un spectacle. Les œuvres fabriquent des associations, des collectifs,
des relations, des médiations. Elles
placent le public dans une situation
d’expertise nouvelle, temporaire et
éphémère. L’œuvre s’appréhende non
plus seulement comme un lieu de
représentations, mais aussi de
manière pragmatique, comme lieu
du commun, comme dispositif ouvert
aux usages individuels ou collectifs,
comme point de départ d’une interrogation sur le partage des responsabilités entre l’artiste et le public.
Ces expérimentations, si elles
gagnent diverses formes artistiques et
des institutions prestigieuses, n’en
restent pas moins marginales, comme
toutes les utopies. Car le marché de
l’art dans son ensemble est aujourd’hui plus que jamais marqué par
les individus, les créateurs devenant
eux-mêmes des marques, dont la pratique du collectif consiste avant tout
à se faire entrepreneurs d’eux-mêmes
et de leur travail, en recréant des
ateliers dans lesquels, in fine, les
collaborateurs ne sont que des exécutants.
Isabelle Danto
ARNAUD
DESPLECHIN
ET LA TRILOGIE
DÉDALUS
Reprendre un personnage fétiche
est un procédé classique en arts.
D’Alexandre Dumas – Vingt ans
après – à Bret Easton Ellis – Suite(s)
impériale(s) –, de nombreux créateurs l’ont utilisé pour retrouver un
cadre familier, ou porter un regard
neuf sur une période différente. Sorti
le 20 mai 2015 et présenté à la Quinzaine des réalisateurs, Trois souvenirs
de ma jeunesse nous propose des
retrouvailles avec Paul Dédalus,
héros récurrent d’Arnaud Desplechin (qui reconnaît dans un entretien
avec le magazine Trois couleurs avoir
inclus ses propres films dans le corpus de son scénario). Après plusieurs
années passées dans les ex-républiques soviétiques, Dédalus rentre
en France pour travailler au Quai
d’Orsay. Il ne lui reste de son
enfance, objet de la plus courte partie du film, que quelques bribes. Un
jour, une convocation à la DGSE le
force à se rappeler ses années lycée,
ramenant à sa mémoire toute sa liaison avec Esther, l’amour de sa vie.
Le labyrinthe
d’une œuvre
Ce nouveau film doit en réalité
se lire comme la clé de voûte de toute
l’œuvre de Desplechin : il ne peut
se comprendre sans une vision globale de ses fictions, et un spectateur
néophyte échapperait à beaucoup de
détails. La liste des renvois faits par
le cinéaste entre ses différents longs126

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