El tres de mayo texte

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El tres de mayo texte
Cordage
86 rue Georges Cuvier
76 400 Fécamp
Tél : 06 22 39 04 28
Mail : [email protected]
El tres de mayo
1814
Goya 1746-1828
Huile sur toile 345 x 266 cm
Musée du Prado Madrid
Les 2 et 3 mai, à Madrid, a lieu une révolte visant à empêcher le départ pour la France de l'Infant
Francisco de Paula, dernier membre de la famille royale encore à Madrid. En effet, le roi Ferdinand
VII et son père se trouvaient déjà à Bayonne, prisonniers de l'empereur Napoléon; Ferdinand VII fut
finalement obligé d'abdiquer en faveur du frère de Napoléon, Joseph Bonaparte, et interné au
château de Valençay. Suite à un premier affrontement entre les passants et les soldats français, une
foule en colère s'assemble et se fait menaçante. Le maréchal Joachim Murat ordonne alors
l'intervention des Mamelouks qui répriment dans le sang l'insurrection.
La scène décrite dans Tres de Mayo se tient dans les premières heures du matin qui suit le
soulèvement et est centrée sur deux masses d'hommes : un groupe désorganisé de captifs tenus
pratiquement à bout portant par les fusils d'un peloton d'exécution posant de façon rigide.
Bourreaux et victimes se font face et, selon Kenneth Clark, "dans un éclair de génie [Goya] a fait se
contraster l'attitude féroce des soldats et les lignes d'acier de leurs fusils avec la masse s'écroulant de
leurs cibles". Une lanterne carrée située entre les deux groupes projette une lumière dramatique sur
la scène. La zone la mieux éclairée est celle des victimes sur la gauche. Immédiatement à la droite
de ce groupe et au centre de la toile se trouve les figures d'autres condamnés se tenant en ligne dans
l'attente d'une exécution future. La figure centrale de la toile est l'homme à genoux entre les corps
de ceux déjà exécutés, les bras ouverts est brillamment éclairé. Ses habits jaunes et blancs répètent
les couleurs de la lanterne. Sur la droite se tient le peloton d'exécution, pris dans les ombres et
dépeint comme une unique unité monolithique. Pratiquement vus de dos leurs visages ne peuvent
être vus, leurs baïonnettes et leurs shakos (les couvre-chefs militaires qu'ils portent) forment une
colonne implacable et immuable. Sans que cela ne distraie de l'intensité de la scène au premier plan,
l'on peut apercevoir dans l'obscurité, à l'arrière plan, un village et un clocher qui se découpent au
loin.
Dos de Mayo et Tres de Mayo faisaient probablement partie à l'origine d'une série plus longue . Des
traces écrites et différentes preuves indirectes suggèrent que Goya a peint quatre grands tableaux
commémorant la rébellion de mai 1808 dont deux seulement nous sont parvenus. En 1867, dans ses
mémoires de l'Académie Royale, José Caveda parle de 4 toiles de Goya sur le thème ; Cristóbal
Ferriz un artiste et un collectionneur de toiles de Goya mentionne également deux toiles
additionnelles et précise qu'il s'agirait d'une révolte au Palais Royal et de la défense de
baraquements d'artillerie. La disparition de ces deux toiles pourrait indiquer un mécontentement
officiel concernant la manière dont avait été dépeinte l'insurrection populaire.
"Des hommes et des femmes qui souffrent d’hypertension artérielle, de constipation et d’ulcères à l’estomac. Des hommes et des femmes torturés par
des névroses et qui deviennent leur propre ennemi. (…) Et vous savez pourquoi ? A cause du fait qu’ils consacrent trop peu de temps à des questions
d’ordre culturel."
Pascal Dessaint (Mourir n’est pas la pire des choses)
Cordage
86 rue Georges Cuvier
76 400 Fécamp
Tél : 06 22 39 04 28
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Pour faire passer son message, l'œuvre de Goya sublime la figure des révoltés. Au centre du tableau,
on peut lire la terreur sur le visage de l'homme en blanc. Ses yeux ne quittent pas les fusils des
soldats, tueurs anonymes dont on ne distingue pas le visage. Il a les bras ouverts, comme un
crucifié, un martyr.
Pour accentuer la position christique de l'homme, Goya a placé sur sa main droite un stigmate,
signe chrétien de la crucifixion.
Au premier plan, un homme à terre baignant dans son sang rappelle le prix payé par le peuple de
Madrid.
Dans son tableau, Goya n'oublie pas de faire figurer l'église. Au premier rang des victimes,
agenouillé, ou en train de prier Dieu, se trouve un prêtre tonsuré et en robe de bure. L'Église dans le
conflit a joué un rôle prépondérant, appelant à la résistance et fournissant des prêtres prêts à prendre
les armes. En Andalousie, un franciscain prétend avoir "étripé de ses propres mains 600 Français" .
À Murcie, "un prêtre fait incendier les villages qui ne suivent pas son appel à la guerre sainte" .
L'église est farouchement opposée à l'empereur, qui a fait fermer les deux tiers des couvents
espagnols et supprimer l'Inquisition. Elle est par ailleurs historiquement très liée à la monarchie,
menacée par Napoléon. La terreur dans leurs visages est stupéfiante. Il faut aussi noter combien le
ciel est noir.
"Des hommes et des femmes qui souffrent d’hypertension artérielle, de constipation et d’ulcères à l’estomac. Des hommes et des femmes torturés par
des névroses et qui deviennent leur propre ennemi. (…) Et vous savez pourquoi ? A cause du fait qu’ils consacrent trop peu de temps à des questions
d’ordre culturel."
Pascal Dessaint (Mourir n’est pas la pire des choses)

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