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PM7-p30-31.qxd:P&M n°06 17/12/08 10:32 Page 30 NOTATIONS Morningstar lance sa notation qualitative en Europe Disponible aux Etats-Unis depuis plusieurs années, la notation qualitative arrive sur le Vieux Continent. Directeur de l’analyse qualitative, Thomas Lancereau fait le point sur cette notation d’un nouveau genre. Thomas Lancereau Directeur de l’analyse qualitative Morningstar France M Les deux approches sont radicalement différentes. La notation quantitative est essentiellement une notation basée sur les performances du fonds et sa volatilité sur 3 ans et éventuellement 5 et 10 ans. Cette notation à base d’étoile, de 1 à 5 étoiles, donne donc une image des performances passées. D’autre part, il s’agit d’une notation relative : dans chaque catégorie il y a nécessairement des fonds notés 5 étoiles et des fonds notés 1 étoile, ainsi bien sûr que des fonds notés 2, 3 et 4 étoiles. La notation qualitative pour sa part ne s’intéresse pas qu’à la performance du fonds. Bien évidemment, la performance est un paramètre important, mais c’est loin d’être le seul paramètre à être pris en compte. En fait la notation qualitative s’appuie sur 5 piliers, ce qu’en anglais nous appelons les 5 P : Performance, People, Process, Parent, Price. People, ce sont les personnes qui font la gestion, l’équipe qui comprend les gérants mais aussi éventuellement les analystes qui assistent le ou les gérants. A ce niveau nous nous intéressons au trackrecord de l’équipe, à son expertise, les performances qu’elle a pu délivrer par le passé sur le fonds ou d’autres fonds. Nous cherchons aussi à savoir si les gérants sont investis à titre personnel dans le fonds qu’ils gèrent. Cette question surprend parfois certains professionnels en Europe mais aux Etats-Unis les gérants sont habitués à y répondre. Autre aspect qui nous intéresse beaucoup au niveau de l’équipe : comment est-elle payée, en particulier au niveau de son bonus. Est-ce que la rémunération est assise sur l’accroissement de la collecte ou sur la performance du fonds ? 30 Patrimoine et Marchés – décembre 2008 DR orningstar dispose d’une notation quantitative à base d’étoiles, qu’apporte la notation qualitative ? Dans le premier cas, les intérêts du gérant et des investisseurs ne sont pas alignés puisque bien souvent un accroissement excessif des actifs sous gestion nuit au maintien d’un style d’investissement cohérent. Sans parler du temps consacré au marketing. Il est normal et souhaitable qu’un gérant passe du temps à présenter son fonds et à expliquer ses performances. Mais cette tâche ne doit pas se faire au détriment de la gestion elle-même. Dans le second cas, si le calcul du bonus est assis sur les performances du fonds, s’agit-il des performances à 1 an ou à plus long terme ? Le Processus de gestion concerne la façon dont le fonds est géré. Est-ce que le processus est clairement explicité et compréhensible ? Explique-t-il les performances passées ? Permet-il de comprendre la façon dont le fonds réagit selon les différentes phases de marché ? Surtout, ce processus est-il constant dans le temps ? La partie Parent s’intéresse à la société de gestion elle- même : solidité et indépendance financières, historique légal (est-ce que la société de gestion a déjà fait l’objet d’enquête ou a-t-elle déjà connu des situations de conflit d’intérêt ?). Enfin la partie Prix prend en considération le coût de la gestion, qu’il s’agisse des frais de souscription, des frais de gestion ou encore du TER (Total Expense Ratio). Les frais de gestion sont parfois considérés à tort comme indolores : ils sont calculés et prélevés sur chaque valeur liquidative qui de ce fait est nette. Lorsque les marchés sont bien orientés et que le fonds progresse de 12 ou 15% sur une année, on tend à ne pas faire attention au poids des frais. Mais lorsque les marchés progressent faiblement, rappelons que le CAC 40 en 2007 a fait à peine plus de 3%, les frais pèsent plus lourds… Comment se traduit concrètement la notation qualitative ? Dans l’appréciation d’un fonds, nous affectons une note à chacun de ces 5 « piliers ». Puis nous attribuons une note globale sur une échelle qui compte 4 niveaux. S’agit-il d’une notation relative comme la notation quantitative ? Non, pas du tout. Dans une catégorie donnée, il peut arriver qu’aucun fonds n’ait la meilleure notation. La notation qualitative est une appréciation du fonds en absolu, pas relative, par rapport à son environnement. Les notations qualitatives et quantitative peuvent d’ailleurs diverger. Prenez les cas de la catégorie des fonds TMT après l’explosion de la bulle internet : tous les fonds ont vu leur valeur liquidative baisser fortement avec des performances annualisées de -30 à -70%. En dépit de cela, certains fonds étaient notés 5 étoiles car ils avaient offert un « meilleur » couple rendement / risque. 10:32 Nous avons mis sur pied une équipe de 25 analystes en Europe pour démarrer cette recherche qualitative. Ces chiffres sont à comparer à ceux des Etats-Unis où on compte 25 analystes en charge de la notation qualitative, au Canada Morningstar dispose d’une équipe de 7 analystes, même chose en Australie. A cela, il faut ajouter 5 analystes en Asie. Au total ce sont 69 analystes que compte l’équipe de notation qualitative. En ce qui concerne la France, quelle est actuellement votre couverture, comment choisissez-vous les fonds à noter puisqu’il n’est pas possible de noter tous les fonds en même temps ? Le travail de notation qualitative a démarré il y a plus d’un an en Europe, ce qui nous a permis de dévoiler en début de mois une liste d’une cinquantaine de fonds couverts en Europe. En ce qui concerne la France, les investisseurs peuvent d’ores et déjà prendre connaissance de l’analyse qualitative d’une dizaine de fonds enregistrés à la vente en France. Notre objectif est d’atteindre d’ici la fin de l’année 2009 une liste de 250 fonds enregistrés à la vente sur le marché français. La liste des fonds à couvrir est établie collégialement par l’équipe d’analystes européenne. Nous prenons en compte les encours partant du principe que plus un fonds est gros plus il compte d’investisseurs susceptibles d’être intéressés par son évaluation. Au-delà des poids lourds, nous nous intéressons aussi aux fonds qui ont déjà des performances attractives, à ceux qui offrent une gestion intéressantes et aussi aux fonds qui sont mis sur le marché par des gérants ayant un trackrecord éprouvé. Pourquoi avoir attendu jusqu’à présent pour lancer votre notation qualitative en Europe ? Une des raisons majeures est que notre recherche n’est jamais payée par les émetteurs, dans le cas des fonds par les sociétés de gestion. C’est un principe de base La notation, un signal d’achat ? Directeur de la recherche de Morningstar France, Frédéric Lorenzini explique pourquoi on n’achète pas un fonds en se basant sur son nombre d’étoile. Suffit-il d’acheter un fonds bien étoilé pour faire le bon choix ou à l’inverse de vendre un fonds qui perd une ou 2 étoiles? Il semble que la réalité ne soit pas aussi simple que cela. « Les étoiles ne sont pas un signal d’achat ou de vente, prévient Frédéric Lorenzini. Ce n’est pas parce qu’un fonds est doté de 5 étoiles qu’il faut l’acheter les yeux fermés. » Bref la notation quantitatives à base d’étoiles est une mesure de la performance passée, qui tient compte de la volatilité du fonds, le positionne par rapport aux autre fonds de sa catégorie. Mais une note 5 étoiles ne signifie pas que le fonds a enregistré de bonnes performances, ni même des performances positives. Cela signifie juste qu’il a offert une performance pondérée du risque « sur le haut du panier ». 10% 22,5% 35% 22,5% NOTATIONS Quelles sont les ressources de Morningstar en Europe pour assurer cette notation qualitative ? Page 31 10% «La notation quantitative offre une vue synthétique de départ. Mais pour investir en connaissance de cause il faut s’intéresser à la façon dont un fonds se comporte sur les différentes phases de marchés précise Frédéric Lorenzini. Analyser son allocation sectorielle pour identifier d’éventuels biais de la part du gérant, mesurer son degré effectif de diversification… Et surtout avoir bien cerné sa propre aversion au risque !» auquel nous ne dérogeons pas : si nous décidons de couvrir un produit c’est parce que cela nous semble utile pour les investisseurs, pas parce que le promoteur le souhaite. La contre partie de cette position est qu’il faut trouver d’autre part les moyens de rentabiliser cette activité d’analyse qui aux Etats-Unis représente une équipe de 25 analystes. En réalité, la recherche est payée par nos abonnés et ceux qui veulent y avoir accès. Outre- Atlantique nous éditons plusieurs publications papier ainsi qu’un site web avec un accès Premium. Ce site compte près de 180.000 abonnés qui paient un abonnement annuel de 160 dollars. L’autre raison est que nous avons eu de nombreux chantiers à faire avancer en Europe depuis le début de notre développement sur le Vieux Continent au commencement des années 2000. Pour nous, cette notation qualitative vient à point nommé. I Morningstar, bientôt 25 ans Fondée en 1984 à Chicago, la société devrait fêter l’année prochaine ses 25 ans après avoir été introduite en bourse sur le Nasdaq en 2005. S’intéressant d’abord aux mutual funds, Morningstar s’est progressivement ouvert à d’autres supports d’investissement, dont les actions à partir de la fin des années 90. Parallèlement, l’entreprise a engagé une politique de développement à l’international qui l’a conduite à être présente aujourd’hui dans 18 pays à travers les 5 continents. Au total les bases de données de Morningstar comptent environ 290 000 produits financiers dont plus de 21 000 fonds américains et plus de 85 000 fonds hors EtatsUnis, près de 23.000 actions, plus de 8 500 hedge funds, 2 000 ETF, etc. pays, la société compte près de 180 000 abonnés à son site web payant ainsi que quelque 100.000 abonnés à des publications papier. Au niveau mondial, la société compte plus de 6 millions d’abonnés à ses services. Deuxième segment de clientèle : les investisseurs institutionnels. Et enfin les conseillers financiers. Ces données sont exploitées en direction de 3 publics. D’abord les particuliers qui représentent la cible historique de Morningstar aux Etats-Unis. Dans ce Enfin notons qu’au troisième trimestre 2008, la société a enregistré un chiffre d’affaires de 125 millions de dollars, en hausse de 12%. En 2007 Morningstar a réalisé un chiffre d’affaires de 435 millions de dollars (en hausse de 38% par rapport à l’année 2006) qui se répartit de la matière suivante : 97 millions de dollars sur le segment des investisseurs individuels, 115 millions sur le segment des conseilleurs financiers, 230 millions sur le segment des investisseurs institutionnels. Panorama graphique et statistique des marchés financiers et du patrimoine – décembre 2008 31 DR 17/12/08 DR PM7-p30-31.qxd:P&M n°06