Le DMÉ, un outil pour se relier aux patients dans la pratique clinique

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Le DMÉ, un outil pour se relier aux patients dans la pratique clinique
IMPRESSION ET OPINION
Le DMÉ, un outil pour se relier aux
patients dans la pratique clinique
quotidienne en rhumatologie
par Vandana Ahluwalia, M.D., FRCPC
L
es documents étaient signés et la question du financement avait été réglée; c’est en décembre 2011 que tout
s’est joué, plus question de revenir en arrière! Le système de dossiers médicaux électroniques (DMÉ) avait été
installé sur les « Mac » de toutes nos salles d’examen et nous
étions prêts à démarrer. La tâche suivante consistait à planifier la répartition des tâches. Dans la mesure où nous savions
tous ce que chacun pouvait faire, le processus allait bien se
dérouler. Pendant les six mois suivants, il y a eu passablement
de tiraillements, mais nous avons fini par comprendre nos
potentiels respectifs et engager un dialogue mutuellement
respectueux.
Grâce au travail effectué par l’Association ontarienne de
rhumatologie (AOR) auprès des fournisseurs de systèmes de
DMÉ, je dispose désormais d’outils pour créer des dossiers
patients spécifiques à la rhumatologie, avec de petits bonshommes cliquables, un calcul automatique des scores d’activité de la maladie et la capacité de dégager des tendances
pour pouvoir cibler les traitements. De plus, les données
enregistrées s’extraient d’emblée de mes dossiers pour préremplir partiellement des formulaires de rapports de cas
électroniques (FRCe), qui à leur tour sont versés dans les
registres auxquels mes patients ont accepté de participer. Ce
qui demande le plus de temps, par contre, c’est la standardisation de l’entrée des données dans le DMÉ. Je me suis rendu
compte de l’énorme potentiel des renseignements que les
patients peuvent fournir directement (de la source). J’ai donc
commencé à réfléchir à toutes sortes de façons de leur permettre d’entrer directement des données dans leur dossier;
cette entrée de données est suivie d’une confirmation lors de
la visite médicale. Les patients peuvent aller en ligne avant de
se présenter à leur rendez-vous; ils peuvent entrer leurs données dans la salle d’attente en utilisant les postes, tablettes ou
iPad placés à leur intention; ou ils peuvent entrer leurs données dans le terminal de la salle d’examen.
Les patients peuvent répondre à l’avance à bon nombre des
questions posées de routine lors d’une consultation, libérant
de ce fait plus de temps pour une meilleure communication
médecin-patient. Certaines de ces questions sont celles des
questionnaires HAQ (Health Assessment Questionnaire) et PRO
(patient-reported outcomes) requis pour calculer différents
indices d’activité de la maladie, tels que les scores DAS28
(Disease Activity Score-28), CDAI (Clinical Disease Activity
Index), score SDAI (Simplified Disease Activity Index), PAS
(Patient Activity Score) et RAPID3 (Routine Assessment of Patient
Index Data 3). Les patients peuvent aussi noter les changements à leur état de santé, incluant les hospitalisations ou
chirurgies récentes, les diagnostics médicaux non rhumatologiques, les changements de médicaments, les infections
intercurrentes et effets secondaires du traitement antirhumatismal.
Pour de nombreuses raisons, désormais, dans ma pratique,
les patients prennent rendez-vous par courriel. Ils reçoivent
une lettre de confirmation qui spécifie l’heure, la date et le
lieu de la consultation. Le courriel inclut aussi un questionnaire médical auquel le patient répond à l’avance dans le
confort de son foyer, avec les ressources dont il dispose, y
compris ses flacons de comprimés et ses proches pour
obtenir les renseignements voulus. Selon mon expérience, les
patients peuvent documenter avec exactitude les renseignements médicaux les concernant. À l’ère du DMÉ toutefois, ce
document est une feuille que l’on numérise et non un profil
modifiable, ce vers quoi il devrait tendre.
Qu’il s’agisse de compléter un profil clinique cumulatif du
patient (PCP) ou un autorapport requis en vue d’une visite
médicale, nous devons commencer à encourager les patients
à utiliser les technologies susceptibles d’améliorer le traitement de leur maladie chronique et leur état de santé globale.
Dans un avenir rapproché, nous pourrons communiquer avec
nos patients dans des environnements virtuels, leur envoyer
de la documentation, des rappels de médicaments, de rendezvous et d’analyses sanguines et leur permettre d’accéder à
leurs dossiers médicaux de manière conviviale. Les possibilités sont infinies et ne dépendent que de notre volonté
d’impliquer ceux-là même qui peuvent nous aider en ce sens.
Vandana Ahluwalia, M.D., FRCPC
Chef de rhumatologie, William Osler Health System
Présidente sortante, Association ontarienne de rhumatologie
Présidente, comité de modèle de soins et comité dossiers
médicaux électroniques (DMÉ) de l’AOR
Brampton, Ontario
JSCR 2013 • volume 23, numéro 3
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