La rhumatologie d`ici et d`ailleurs
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La rhumatologie d`ici et d`ailleurs
Hiver 2012, Volume 22, Numéro 4 Le Journal de la Société canadienne de rhumatologie Le point sur La rhumatologie d’ici et d’ailleurs Éditorial • Un nom de marque pour l’arthrite au Canada Prix, nominations et accolades • À l’honneur : Dr Marvin Fritzler, Dr John Esdaile et Dr Wojciech P. Olszynski Vœux des Fêtes • Vœux du président de la SCR, Dr Carter Thorne • Vœux du vice-président de la SCR, Dr Cory Baillie Hommage boréal • Mme Janet Yale, présidente et chef de la direction de la Société de l’arthrite • Le moment est venu pour les rhumatologues de dire adieu à la fibromyalgie : Lignes directrices canadiennes 2012 pour la fibromyalgie À la mémoire de... Arthroscope • Dr George Edward Price • Réunion scientifique annuelle de la SCR : un aperçu • Le Réseau canadien de recherche sur les vascularites Articulons nos pensées Impression et Opinion • Recommandations canadiennes pour la PR : applications pratiques • De Varsovie aux Prairies canadiennes • Rhumatologie : Transport en commun extrême • Traiter, prier, aimer : un médecin à la recherche de l’Utopie • Pourquoi j’ai choisi le Canada pour pratiquer la rhumatologie? • L’exercice de la rhumatologie sur trois continents • Règle no 1 • De la Guadeloupe à Calgary Nouvelles régionales • Bienvenue à Winnipeg Dix points essentiels que les rhumatologues devraient connaître à propos… • Des médecins du travail Le JSCR est en ligne! Vous pouvez nous trouver à l’adresse : www.stacommunications.com/craj.html ÉDITORIAL Un nom de marque pour l’arthrite au Canada par Philip A. Baer, M.D.C.M., FRCPC, FACR « Il en va ainsi comme de toutes choses : les noms sont vitaux et importants. » - Algernon H. Blackwood « Qu'y a-t-il dans un nom? Ce que nous appelons rose / Par n'importe quel autre nom sentirait aussi bon. » - William Shakespeare, « Roméo et Juliette » À Nous sommes habiles de nos mains : nous avons un Smith (artisan) qui peut faire une encoche (Dent), fabriquer une clé de voûte (Keystone) ou travailler comme menuisier (Carpenter) ou comme tailleur (Ta[i]ylor). Pour un homme (Man), nous connaissons la loi (Law), le prix (Price) de nos traitements et nous retournons toutes les feuilles (Leaf) à la recherche de chaque coin et recoin (Cranney) pour aider nos patients. Notre capacité de maîtriser les maladies rhumatismales ne se mesure pas uniquement en Watts. Si la PR (polyarthrite rhumatoïde) met le feu aux articulations, nous avons un pompier (Fireman) et une alarme (Bell) ou deux. Dans notre lutte contre la maladie rhumatismale, nous disposons aussi d’un Bombardier et nous volons dans notre propre Lochead-Martin. À part les articulations, nous nous occupons des maladies de plusieurs autres organes, y compris le poumon (Leung) et le cœur (H[e]art). Nous ne faiblirons (Wither) pas. Nous resterons éternellement jeunes (Yeung) et nous valserons (Waltz[ing]) au long des jours. Nous pouvons nous tourner vers l’ancien testament pour de l’inspiration et trouver divers grands prêtres (Aaron, Cohen et Levy) et même une bougie (Nair). Nous connaissons notre valeur (Edworthy, Ellsworth et Ensworth). Plusieurs d’entre nous sont membres de la génération zoomer (Zummer), mais avec un regard perçant de faucon (Hawker) et nous tenons notre rang avec les Jones (tous les trois). Nous continuerons d’explorer de nouvelles villes (Villeneuve) et de gravir d’autres montagnes (Kraags). Nous ne sommes jamais radins (Petty) et sommes reconnus pour être des étoiles (Starr) de notre domaine; nous avons atteint des sommets (Topp). Personne n’oserait être une épine (Thorne) dans notre flanc. En terminant, si vous avez besoin d’un sapin de Noël (Tannenbaum) cette année, nous pouvons aussi vous l’offrir (Offer). Personnellement, je ne prévois pas changer mon nom de famille pour Bear; les gens se trompent si souvent en l’écrivant que je n’ai pas besoin de le faire moi-même. partir du milieu des années 1990 jusqu’au début de l’an 2000, les Comptables généraux autorisés de l’Ontario avaient une campagne publicitaire dont le slogan disait quelque chose du genre « Nous sommes le nom de marque pour les affaires au Canada ». On y voyait des photos et des noms de famille de comptables qui portaient bien leurs noms, Rich, Gold, Silver et autres Money. Un jour de tempête, alors que mes patients avaient de la difficulté à se rendre à mon bureau, je me suis amusé à parcourir sur Internet la liste des membres de la SCR pour voir s’ils portaient bien leurs noms eux aussi d’un point de vue rhumatologique. Premièrement, nous sommes des gagnants : car nous avons un Gagné (et il fait partie du Comité éditorial du Journal de la Société canadienne de rhumatologie [JSCR]). Nous sommes riches aussi : nous n’avons pas seulement un Goldsmith et un Goldstein, nous avons aussi un Silverman, un Rich, une Pe(a)rlin et un Ferrari. Il y avait aussi d’autres noms de voiture : outre Ferrari, nous avons un Ford et un Morris. Nous n’avons plus besoin d’attendre que les sous (Penney) tombent du ciel puisqu’ils sont sur le point d’être abolis. Nous gagnons des prix (Grant[s]) parce que nous ne remplissons pas nos demandes dans la précipitation (Rush) et que personne ne jette rien à la Poubelle. Nous aimons le nautisme : nous avons un bateau (Boate) pourvu d’un foc (Jibb) et d'une irremplaçable quille (Keeling), qui pourrait jeter l’ancre à Digby, Dorval, Hamilton ou Hudson. Nous pouvons patauger (Wade) dans l'eau ou pêcher (Angle) le Pollock. Le Golf n'est pas notre Baillie(wick) [domaine] puisque, triste à dire, mais nous sommes des Duffy(ers) [incapables]. Nous pouvons toutefois compter sur un photographe célèbre (Karsh). Nous aimons manger (Chow) [nourriture] et Boire, y compris la soupe Campbell et toutes sauces faites à partir d'un Roux raffiné, peut-être suivies de trois chopes (Stein[s]) de bière (Bir). Nous pouvons apprécier le dessert fabriqué par notre propre pâtissier (Baker), qui utilisera peut-être une grosse (Gross) d’œufs et un mélange à purée Sheriff. Nous sommes nobles avec notre Baron, notre Pope et autres chefs d'état (Roy, Khan). Nous avons des premiers ministres canadiens (Tupper, M[a]cDonald, Martin et Campbell) et un gouverneur-général (Léger), de même qu’un président (Adams) et un vice-président (Humphrey-Murto) américains. Philip A. Baer, M.D.C.M., FRCPC, FACR Rédacteur en chef, JSCR Scarborough, Ontario JSCR 2012 • Volume 22, Numéro 4 3 PRIX, NOMINATIONS ET ACCOLADES L es Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) et le Journal de l’Association médicale canadienne (JAMC) ont célébré le travail de chercheurs exceptionnels en annonçant les lauréats des Prix IRSC-JAMC 2011 – Grandes réalisations dans la recherche en santé il y a quelques mois. Un comité d’évaluation par les pairs composé d’experts canadiens et internationaux a choisi ces candidats exceptionnels en raison des remarquables retombées de leurs travaux pour les Canadiens et les autres citoyens dans le monde. Le Dr Marvin Fritzler a reçu ce prix prestigieux en reconnaissance de ses longues années de recherche sur des auto-antigènes innovateurs qui faciliteraient le diagnostic et le suivi des maladies autoimmunes. Pratiquement tous les auto-antigènes découverts par le Dr Fritzler ont permis de mettre au point de nouvelles méthodes diagnostiques ou de trouver des biomarqueurs qui sont largement utilisés dans les laboratoires de recherche et de diagnostic cliniques du monde entier. Le Dr Fritzler procède à des épreuves diagnostiques et il collabore fréquemment avec des rhumatologues canadiens et d’autres chercheurs cliniciens par l’intermédiaire de son laboratoire, Mitogen Advanced Diagnostics. Ses résultats de recherche revêtent une grande importance pour le diagnostic précoce et juste des maladies auto-immunes. Le Dr Fritzler est professeur aux départements de médecine, de biochimie et de biologie moléculaire, ainsi que membre du McCaig Institute for Bone and Joint Health à l’Université de Calgary. L e Dr John Esdaile a récemment été honoré par l’American College of Rheumatology (ACR) qui lui a décerné le titre de Master. Il a réagi en ces termes en s’adressant au JSCR : « Si une personne reçoit un tel honneur, c’est qu’elle a eu le bonheur d’être en contact avec des êtres d’exception. J’ai étudié la médecine à cause d’un grand pédiatre, le Dr Jimmy O’Neil. Durant mes études de médecine, un groupe remarquable d’immunologistes cliniciens – les Drs Sam Freedman, Phil Gold, Joe Shuster et David Hawkins – ont suscité mon enthousiasme pour les maladies rhumatismales et la recherche. Le Dr Alvan Feinstein, le grand-père de l’épidémiologie clinique, m’a enseigné comment approfondir des idées cliniques et mener des recherches efficaces sur cette base en vue d’influer favorablement sur la vie des personnes atteintes d’arthrite. Le Dr Feinstein a été mon mentor le plus important. Mais, j’ai appris tout autant de certains stagiaires de recherche brillants qui à leur tour influent sur les perceptions des cliniciens au sujet de l’arthrite : parmi ces femmes et ces hommes, je retiens les noms des Drs Avina, Cibere, Clarke, Fortin, Frankel, Kopec, Lacaille, Peschen, Marra et Sampalis; et je ne dois pas oublier le Dr Matt Liang qui forme à lui seul une catégorie à part. Alors, je vous remercie tous et je remercie les nombreux collègues qui m’ont aidé, stimulé et encouragé à chaque étape. » (Traduction libre) L e Dr Wojciech P. Olszynski est un éminent clinicien, enseignant et chercheur clinicien dans le domaine de l’ostéoporose et des maladies osseuses métaboliques. Après avoir terminé ses études de médecine à Varsovie, en Pologne, il a plus tard poursuivi et terminé sa formation en médecine interne et en rhumatologie à l’Université de la Saskatchewan. Il est professeur clinicien de médecine et il dirige le Saskatoon Osteoporosis and Arthritis Infusion Centre. Cet automne, le Dr Olszynski a reçu le titre de consul honoraire de la République de Pologne à Saskatoon. Prix, nominations et accolades Le Journal de la Société canadienne de rhumatologie tient à souligner les contributions de ses lecteurs dans le domaine médical et dans leurs communautés locales. Pour annoncer des récompenses, distinctions ou nominations dans un prochain numéro, envoyez-nous les noms des récipiendaires, des détails pertinents et un bref compte rendu des honneurs à [email protected]. L’envoi de photos est fortement encouragé. 4 JSCR 2012 • Volume 22, Numéro 4 COMITÉ DE RÉDACTION DU JSCR Mission. La mission du Journal de la SCR est de promouvoir l’échange d’information et d’opinions au sein de la collectivité des rhumatologues du Canada. RÉDACTEUR EN CHEF Philip A. Baer, M.D.C.M., FRCPC, FACR Président, Section de rhumatologie de l’Association médicale ontarienne (AMO) Scarborough, Ontario MEMBRES : Cory Baillie, M.D., FRCPC Vice-président, Association canadienne de rhumatologie Professeur adjoint, Université du Manitoba Rhumatologue, Manitoba Clinic Winnipeg, Manitoba Cheryl Barnabe, M.D., FRCPC, M.Sc. Professeure adjointe, Division de rhumatologie, Département de médecine, Université de Calgary Calgary, Alberta Michel Gagné, M.D., FRCPC Polyclinique St-Eustache St-Eustache, Québec James Henderson, M.D., FRCPC Président sortant, Société canadienne de rhumatologie Chef, Médecine interne, Hôpital Dr. Everett Chalmers Professeur, Université Dalhousie Fredericton, Nouveau-Brunswick Majed M. Khraishi, M.D., FRCPC Directeur médical, Nexus Clinical Research Professeur clinique de rhumatologie, Université Memorial St-John’s, Terre-Neuve Diane Lacaille, M.D., MHSc, FRCPC Scientifique senior, Centre de recherche de l’arthrite du Canada Titulaire de la Chaire de rhumatologie Mary Pack – Société de l’arthrite Professeure agrégée de rhumatologie, Département de rhumatologie, Université de la Colombie-Britannique Vancouver, Colombie-Britannique Janet Markland, M.D., FRCPC Professeure clinique, Unité des maladies rhumatismales, Royal University Hospital Consultante invitée, Saskatoon City Hospital Médecin, Hôpital St. Paul’s Professeure clinique, Université de la Saskatchewan Saskatoon, Saskatchewan Carter Thorne, M.D., FRCPC, FACP Président, Société canadienne de rhumatologie Ancien président, Association ontarienne de rhumatologie Directeur médical, The Arthritis Program Chef du service de rhumatologie, Centre régional de santé Southlake Newmarket, Ontario Sylvie Ouellette, M.D., FRCPC Professeure adjointe, Université Dalhousie Présidente, Association des rhumatologues de l'Atlantique Rhumatologue, L’Hôpital de Moncton Moncton, Nouveau-Brunswick Lori Tucker, M.D. Professeure agrégée de clinique en pédiatrie, Université de la Colombie-Britannique Vancouver, Colombie-Britannique John Thomson, M.D., FRCPC Professeur adjoint, Département de médecine, Division de rhumatologie, Université d’Ottawa Médecin, L’Hôpital d’Ottawa Ottawa, Ontario Michel Zummer, M.D., FRCPC Professeur agrégé, Université de Montréal Chef, Département de rhumatologie, Hôpital Maisonneuve-Rosemont Montréal, Québec Le comité de rédaction jouit d’une complète indépendance concernant l'examen des articles figurant dans cette publication et il est responsable de leur exactitude. Les annonceurs n'ont aucune influence sur la sélection ou le contenu du matériel publié. ÉQUIPE DE RÉDACTION Paul F. Brand Directeur de la publication Katia Ostrowski Rédactrice Donna Graham Coordonnatrice de la production Jennifer Brennan Services administratifs Russell Krackovitch Directeur de la rédaction Division des projets spéciaux Catherine de Grandmont Rédactrice-réviseure (français) Dan Oldfield Directeur – Conception graphique Robert E. Passaretti Éditeur Copyright© 2012 STA HealthCare Communications. Tous droits réservés. Le JOURNAL DE LA SOCIÉTÉ CANADIENNE DE RHUMATOLOGIE est publié par STA HealthCare Communications inc., Pointe-Claire (Québec). Le contenu de cette publication ne peut être reproduit, conservé dans un système informatique ou distribué de quelque façon que ce soit (électronique, mécanique, photocopiée, enregistrée ou autre) sans l’autorisation écrite de l’éditeur. Ce journal est publié tous les trois mois. Poste-publication. Enregistrement n° 40063348. Port payé à Saint-Laurent, Québec. Date de publication : décembre 2012. Les auteurs sont choisis selon l’étendue de leur expertise dans une spécialité donnée. Les articles du JOURNAL DE LA SOCIÉTÉ CANADIENNE DE RHUMATOLOGIE n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement les opinions de la Société canadienne de rhumatologie ou de STA HealthCare Communications inc. Il est recommandé que les médecins évaluent l’état de leurs patients avant de procéder à tout acte médical suggéré par les auteurs ou les membres du comité éditorial. De plus, les médecins devraient consulter les monographies de produit officiellement approuvées avant de prescrire tout médicament mentionné dans un article. Prière d’adresser toute correspondance au JOURNAL DE LA SOCIÉTÉ CANADIENNE DE RHUMATOLOGIE, 6500 Rte Trans-Canadienne, bureau 310, Pointe-Claire (Québec) H9R 0A5 JSCR 2012 • Volume 22, Numéro 4 5 VŒUX DES FÊTES Vœux du président de la SCR par Carter Thorne, M.D., FRCPC, FACP B ienvenue au Journal de la Société canadienne de rhumatologie (JSCR). La SCR représente près de 400 spécialistes de l’arthrite. Le milieu de la rhumatologie au Canada a connu trois époques de développement et de renouveau professionnel. La première époque, soit de 1936 à 1946, a été celle de la fondation de l’Association canadienne des maladies rhumatismales (CRDA pour Canadian Rheumatic Disease Association) animée par un petit groupe sous la direction des Drs J.A. Meakins et Almon Fletcher, entre autres. En 1946 naissait l’Association canadienne du rhumatisme sous la présidence du Dr Wallace Graham; son acronyme CRA (pour Canadian Rheumatism Association) restera celui de la Canadian Rheumatology Association, ou Société canadienne de rhumatologie (SCR) fondée à la troisième époque, dite « moderne ». Sous la direction du Dr Paul Davis, la SCR deviendra un organisme professionnel autonome qui tiendra son assemblée annuelle indépendamment de celle du Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada. Comme le savent la plupart d’entre vous, notre Société a récemment réalisé plusieurs projets, y compris l’acquisition du Journal of Rheumatology (JRheum), la modernisation du site Web de la SCR (www.rheum.ca), l’élaboration des normes d’agrément, l’élaboration de lignes directrices pour la pratique clinique, les plus récentes portant sur la polyarthrite rhumatoïde (PR). Les lignes directrices pour le diagnostic et le traitement du lupus érythémateux disséminé (LED) sont en cours de rédaction. Au mois de mai, le conseil d’administration, les directeurs, les présidents des comités et des invités se sont réunis au centre des congrès Kingbridge, au nord de Toronto, pour la retraite annuelle du Conseil de planification de la SCR. À la lumière de ces travaux, nous avons retenu trois besoins impératifs : 1. Améliorer la pérennité de notre organisme reliée au soutien financier du secteur privé et des relations avec ce secteur. Nous avons donc élaboré un nouveau modèle de financement que nous jugeons plus transparent pour toutes les parties concernées, y compris les organismes de réglementation et l’Agence du revenu du Canada, et qui est conforme aux normes en évolution de l’industrie. 2. Soutenir les exigences désormais plus complexes de notre organisation. Par conséquent, nous améliorerons l’infrastructure de la SCR et nous élaborerons des politiques et des procédures pertinentes aux besoins présents. 3. Élargir le cadre pour l’agrément. Récemment remanié, le Comité de l’éducation dirigé par le Dr Chris Penney (Calgary) préparera un programme solide pour faciliter l’élaboration et la dissémination des pratiques exemplaires, conformément à notre engagement envers le Collège royal. 6 JSCR 2012 • Volume 22, Numéro 4 Ces activités sont axées sur l’interne, mais nous nous préoccupons aussi du volet externe de la SCR. Par exemple, nous travaillons à établir des relations plus officielles avec l’Association médicale canadienne (AMC), le Collège royal, l’Alliance sur les temps d’attente, la Direction des services de santé non assurés (qui gère l’accès aux médicaments pour les patients issus des Premières Nations) et avec Santé Canada (à propos des nouveaux médicaments biologiques ou des bioéquivalents). Le Cadre national de l’Alliance de l’arthrite du Canada (AAC) dévoilé à Calgary en septembre nous aidera à définir nos nouvelles priorités et à réaffirmer les priorités de l’heure importantes pour nos membres. Le milieu de la rhumatologie accueille avec grand plaisir la nouvelle présidente et chef de la direction de la Société de l’arthrite. Certains parmi vous ont peut-être eu l’occasion de rencontrer madame Janet Yale à la Soirée Canada organisée dans le cadre de la conférence de l’American College of Rheumatology (ACR). Ces activités ne peuvent être menées à bien sans l’ajout de ressources humaines et financières; nous vous donnerons de plus amples renseignements à ce sujet dans les mois à venir, y compris lors de l’assemblée annuelle de la SCR qui aura lieu à Ottawa en 2013. Bien entendu, la force de notre organisation repose sur le nombre de ses membres, et nous sommes fiers de compter des représentants de toutes les régions du Canada, incluant des rhumatologues pour adultes et pour enfants, ainsi que des rhumatologues qui exercent en milieu universitaire et dans la collectivité. Nous espérons pouvoir ajouter les membres de l’Association des professionnels paramédicaux sous le parapluie de la SCR. Offrez-vous le plaisir de visiter le site Web de la SCR. Si vous croyez pouvoir contribuer à l’avancement de la SCR, veuillez communiquer avec un membre du comité de direction, du conseil d’administration ou avec le secrétariat. Nous vous attendons à l’assemblée annuelle qui aura lieu à Ottawa en 2013 pour profiter ensemble des réunions scientifiques, des occasions de réseautage et des plaisirs de la capitale. Carter Thorne, M.D., FRCPC, FACP Président, Société canadienne de rhumatologie Ancien président, Association ontarienne de rhumatologie Directeur médical, The Arthritis Program Chef du service de rhumatologie, Centre régional de santé Southlake, Newmarket, Ontario Vœux du vice-président de la SCR par Cory Baillie, M.D., FRCPC L es fêtes de fin d’année sont souvent l’occasion d’une réflexion, et je crois qu’à titre de membre de la SCR et de son conseil d’administration, je suis encouragé lorsque je fais le bilan des progrès et des accomplissements de notre association cette année. Un des changements les plus encourageants a été de constater les nombres croissants de nouveaux rhumatologues et le nombre accru de résidents en médecine qui posent leur candidature pour les postes de résidents en rhumatologie. Il est évident que les efforts du Comité des ressources humaines, notamment des activités comme les programmes de livres à l’intention des étudiants et des résidents en médecine, les bourses d’été en recherche et en clinique et les programmes comme « La joie de la rhumatologie », ont contribué favorablement à ces changements. L’Initiative canadienne pour des résultats en soins rhumatologiques (ICORA), dirigée par le Dr Paul Haraoui, a été accueillie au sein de la SCR comme un de ses comités et elle compte aujourd’hui parmi les principales sources de financement pour les chercheurs dans le domaine de l’arthrite. Auparavant tributaire d’un seul commanditaire, l’ICORA peut désormais compter sur des subventions provenant plusieurs partenaires du secteur privé. Le succès du Journal of Rheumatology (JRheum) ne se dément pas, à la fois sur le plan scientifique pour les rhumatologues dans le monde entier et sur le plan financier pour la SCR. Nous sommes également fiers de la croissance du lectorat du Journal de la Société canadienne de la rhumatologie (JSCR) amorcée sous la direction du Dr Glen Thomson et qui se poursuit sous celle de notre nouveau rédacteur en chef, le Dr Philip Baer. Le Comité des thérapeutiques vient de publier les Lignes directrices de la SCR pour le traitement de la polyarthrite rhumatoïde (PR) qui comprennent des recommandations pour le traitement et les questions d’innocuité. En outre, ce comité a récemment terminé l’examen des problèmes reliés à l’innocuité du méthotrexate administré par voie souscutanée. Nous attendons avec impatience le résumé que ce comité présentera à notre réunion scientifique annuelle à Ottawa. À propos de cette réunion scientifique annuelle de la SCR, soulignons que la Dre Joanne Homik et son Comité scientifique travaillent assidûment pour organiser une autre réunion réussie qui s’avère aussi une excellente occasion de réseautage et de rencontres entre les membres de la SCR et avec les professionnels paramédicaux. Le Cours précongrès des résidents occupe maintenant toute une journée et offre à nos étudiants des cycles supérieurs de nouvelles occasions d’approfondir leurs connaissances. Notre Comité d’éducation se consacre au nouveau rôle de la SCR, soit d’être l’organisme d’agrément des activités de formation médicale continue (FMC). La SCR souhaite entre autres offrir des outils de FMC utiles à ses membres. Nous espérons pouvoir bientôt développer des outils de FMC de concert avec nos partenaires du secteur privé. Le site Web redynamisé de la SCR (www.rheum.ca) continue d’évoluer depuis son lancement il y a un an; le renouvellement de l’adhésion en ligne et l’inscription à la réunion scientifique sont des ajouts particulièrement appréciés de nos membres. Notre Comité d’accès aux soins entame une collaboration avec l’Alliance de l’arthrite du Canada (AAC). L’AAC vient de publier son Cadre national pour améliorer la prévention et le traitement de l’arthrite au Canada (www.arthritisalliance.ca/docs/media/201209171000_ framework_FR_855.pdf). Espérons que ce document aidera à accroître la sensibili-sation à l’arthrite et à ses conséquences et, avec le temps, qu’il convaincra les décideurs d’investir davantage de ressources dans le traitement et la recherche. Cette année, la SCR s’est engagée à jouer un rôle plus actif auprès d’autres associations professionnelles afin d’exercer des pressions et de créer des réseaux pour promouvoir le bien-être de nos patients. Par exemple, nous avons présenté des demandes pressantes à la Direction des soins de santé non assurés pour faciliter l’accès aux médicaments pour les patients issus des Premières Nations. Nous avons également créé des liens avec l’Association médicale canadienne (AMC), la Fédération des sociétés nationales de spécialistes du Canada (FNSSC) et avec l’Alliance sur les temps d’attente pour faire des représentations au nom des patients atteints d’arthrite et des rhumatologues. J’aimerais exprimer mes meilleurs vœux pour la saison des Fêtes à tous nos membres. Que l’année 2013 vous apporte à vous et à vos familles bonheur et santé! J’attends avec plaisir l’occasion de vous rencontrer à Ottawa en février prochain. Cory Baillie, M.D., FRCPC Vice-président, Société canadienne de rhumatologie Professeur adjoint, Université du Manitoba Rhumatologue, Manitoba Clinic Winnipeg, Manitoba JSCR 2012 • Volume 22, Numéro 4 7 HOMMAGE BORÉAL Mme Janet Yale, présidente et chef de la direction de la Société de l’arthrite Au cours de votre carrière, vous avez occupé des postes de direction importants dans des organismes sans but lucratif, dans des organismes publics et des entreprises privées dans divers secteurs d’activités, notamment dans les télécommunications et les arts. Pourquoi avez-vous choisi de défendre la cause de l’arthrite? Mon choix s’explique par deux raisons principales. La première est que le secteur des activités sans but lucratif a été ma première vocation et qu’il reste le plus cher à mon cœur. Après tant d’années consacrées à l’entreprise privée, je ne pouvais tout simplement pas laisser passer cette chance d’occuper un poste de direction dans mon domaine de prédilection. La deuxième raison, primordiale à mes yeux, est que j’allais pouvoir m’investir dans une organisation qui défend une cause en laquelle je crois profondément. À l’instar de nombreux Canadiens, je compte dans ma famille des personnes éprouvées par la douleur chronique. Je connais le lourd fardeau que cette douleur impose aux personnes atteintes et à leurs proches et je sais combien d’énergie il faut pour la combattre. La vision qui inspire la Société de l’arthrite – aider des millions de personnes à bien vivre avec l’arthrite – a touché un point sensible. Cette idée m’enthousiasmait, car je considère que c’est une façon positive d’envisager la maladie. Je suis convaincue que nous saurons faire évoluer radicalement la perception qu’ont la population et les décideurs des problèmes reliés à l’arthrite et, par conséquent, que nous marquerons des progrès extraordinaires pour le bien de tous. Les fondements de notre cause sont solidement établis, un atout remarquable. La Société de l’arthrite n’a pas eu à m’offrir deux fois la chance de militer pour cette cause et de l’aider à atteindre ses objectifs. J’ai sauté sur l’occasion! Vos expériences passées vous ont-elles enseigné une leçon qui vous a préparée spécialement à travailler au sein de la Société de l’arthrite? 8 JSCR 2012 • Volume 22, Numéro 4 Oui, et cette leçon est très simple : tout est une question de leadership. Un grand nombre d’organisations, peu importe qu’elles relèvent du secteur privé ou public ou du tiers secteur, ont défini clairement leur mission. Elles savent qui elles sont et elles connaissent leurs objectifs, mais toutes n’ont pas l’avantage d’avoir une direction exceptionnelle. En observant autrui, j’ai appris que les personnes ayant des qualités de chef hors du commun possèdent deux atouts, soit de la vision et de l’inspiration : elles savent définir une vision et inspirer à leurs collaborateurs le vif désir de la concrétiser. C’est ainsi que les grands dirigeants motivent leurs équipes dans l’établissement et le dépassement des objectifs. Dans ces cas, on constate toujours que les leaders efficaces rassemblent leurs équipes et les amènent à comprendre non seulement ce qu’il faut faire, mais comment il faut le faire. C’est ce que j’espère réussir à faire dans mon travail, c’est-à-dire mobiliser l’équipe composée de nos effectifs et des bénévoles à travers le Canada, les stimuler en établissant avec cette équipe des priorités ambitieuses pour la croissance et la démarche pour atteindre ces objectifs. Je sais que nous pouvons y arriver parce que je l’ai vu faire ailleurs. J’ai même eu la chance de participer à ces succès. Je suis bien déterminée à réussir la même chose à la Société de l’arthrite. Vous êtes avocate. Comment votre formation en droit influet-elle sur votre manière de diriger une organisation et de gérer les problèmes qui surviennent au sein des organismes que vous dirigez? En fait, je suis à la fois avocate et économiste, et mes amis me taquinent en me disant qu’on m’a enseigné à être à la fois agaçante et ennuyeuse! Je crois que ma formation professionnelle m’a appris – dès le début – que la communication est la clé du succès. Presque immédiatement après la fin de mes études, j’ai été plongée dans le domaine des affaires réglementaires et j’ai écouté des avocats débattre de questions techniques très pointues à propos de politiques devant le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC), en utilisant souvent des modèles et des arguments économiques complexes. Qu’ai-je retenu de leurs débats? Que savoir communiquer efficacement est un atout extraordinaire. Rares sont les mauvais communicateurs qui ont obtenu des résultats positifs pour les entreprises où ils ont travaillé. J’ai compris cette leçon dès le début de ma vie professionnelle et j’entends bien l’appliquer à la Société de l’arthrite. Bien expliquer notre mission, convaincre notre personnel et nos bénévoles à travers le pays ainsi que tout le milieu de l’arthrite que nos meilleurs efforts doivent être consacrés à cette mission, obtenir un soutien encore plus grand des parties prenantes et des commanditaires – tous ces objectifs ne sauraient être atteints sans privilégier l’efficacité des communications. C’est donc une stratégie née de mes expériences passées que je veux appliquer à titre de présidente de la Société de l’arthrite. Pourrez-vous compter sur des ressources inexploitées pour accroître l’influence de la Société de l’arthrite? Je ne fais que commencer à découvrir la pleine ampleur des compétences, des connaissances et de l’énergie au sein de notre organisation. Lorsque nous travaillerons en collaboration et en partenariat avec d’autres, je pense que nous aurons accès à d’extraordinaires ressources inexploitées. Je crois, par exemple, que nous faisons un magnifique travail dans tout le Canada en offrant des programmes et des services aux personnes atteintes d’arthrite, mais si nous utilisons ces compétences particulières et si nous les combinons à des stratégies commerciales et grand public – et nous avons accès à ce savoir-faire par l’entremise d’un grand nombre de nos partenaires –, nous découvrirons de nouvelles chances de progresser. Nous pourrions devenir une autorité en apposant notre signature sur des techniques, des outils, des instruments et des services qui facilitent la vie des personnes atteintes d’arthrite. Cette définition prestigieuse de notre marque et cette plus grande visibilité pourraient ouvrir de nouvelles perspectives. Alors, oui, je dirais que nous avons accès à de nombreuses ressources inexploitées ou insuffisamment exploitées. C’est une de mes grandes priorités que de faire découvrir la valeur de ces ressources. Vous espérez aider la Société de l’arthrite à atteindre quels objectifs? Les objectifs et la mission de la Société de l’arthrite sont déjà clairement définis. Notre raison d’être est d’apporter le leadership et le financement nécessaires à la recherche et à la défense des droits, et de trouver des solutions pour améliorer la qualité de vie des Canadiens atteints d’arthrite. La nature de notre mission est donc bien établie. Par conséquent, mes objectifs doivent être axés sur les moyens : comment atteindre nos objectifs, voire les surpasser et faire en sorte que les bienfaits s’étendent à encore plus de gens. Je viens tout juste de prendre mes fonctions, mais j’ai déjà quelques idées. Je suis par ailleurs persuadée que nous pouvons et que nous devons accroître nos activités de financement pour augmenter les ressources que nous consacrons à notre mission. Notre plus grande priorité est de déterminer et de prioriser des projets clés à l’échelle nationale et locale qui sauront intéresser les gens et avoir un impact significatif. En résumé, je me consacrerai à mobiliser l’équipe autour de quelques objectifs bien précis et axés sur les moyens de mieux réaliser notre mission. J’ai pleinement confiance que nous possédons tous les ingrédients du succès. Pouvez-vous nous dire quelques mots à propos de nouveaux projets intéressants en cours ou sur le point de débuter à la Société de l’arthrite? Dans la foulée de son importante stratégie de recherche mise en œuvre l’an dernier, la Société de l’arthrite a récemment procédé à une évaluation approfondie des besoins. Les résultats de cette étude orientent déjà nos programmes et nos services futurs et je compte bien poursuivre sur cette lancée. J’aimerais vous donner un exemple concret : pour mieux venir en aide aux millions de Canadiens atteints d’arthrite, la Société de l’arthrite a récemment inauguré un site Web redynamisé à www.arthrite.ca pour offrir encore plus de ressources. « Nous sommes atteints d’arthrite! L’arthrite n’atteint pas notre courage. » Voilà notre nouvelle devise! Elle vise à accroître la sensibilisation à l’arthrite et à mieux faire connaître la Société de l’arthrite, une de mes grandes priorités. Les entreprises de télécommunications, par exemple TELUS où vous avez déjà travaillé, semblent manifester un intérêt croissant pour le domaine des soins de santé, et en particulier pour les applications électroniques reliées à la santé. Quels seraient les avantages de cet intérêt pour l’ensemble du système de santé au Canada ainsi que pour les consommateurs et les fournisseurs de soins de santé? L’utilisation et l’intégration des nouvelles technologies peuvent avoir d’innombrables avantages. Par exemple, l’accès à des outils diagnostiques plus rapides et plus précis, la transmission plus rapide des résultats des examens de laboratoire, des bases de données plus efficaces et plus faciles à consulter sur les antécédents médicaux et pharmacologiques. Tous ces avantages et d’autres encore auront un retentissement direct sur la qualité de vie des personnes atteintes de maladies chroniques, y compris l’arthrite et la douleur. Je voudrais inclure la Société de l’arthrite dans ce propos. Notre site Web redynamisé s’avère une véritable mine de renseignements et d’explications sur l’arthrite, une source d’information inégalée. En plus de toute l’information que recueille et collige la Société de l’arthrite, le site propose un accès facile à un éventail presque illimité de ressources externes. Ces nouveaux outils de communication expliquent pourquoi nous sommes sur le point de connaître de grands changements. Je ne peux que me sentir privilégiée d’occuper ce poste à ce moment précis dans notre histoire. Janet Yale, présidente et chef de la direction, Société de l’arthrite JSCR 2012 • Volume 22, Numéro 4 9 HOMMAGE BORÉAL Le moment est venu pour les rhumatologues de dire adieu à la fibromyalgie : Lignes directrices canadiennes 2012 pour le diagnostic et la prise en charge du syndrome de fibromyalgie par Mary-Ann Fitzcharles, M.B., Ch.B., et Peter A. Ste-Marie, B.A. Pourquoi avait-on confié la fibromyalgie exclusivement aux rhumatologues? Les professionnels de la santé, les patients et les tiers payeurs se tournent depuis toujours vers les rhumatologues pour le diagnostic et, souvent, pour la prise en charge des patients atteints de fibromyalgie (FM), et ce, pour diverses raisons. Premièrement, il y a très longtemps, on croyait que la FM était causée par une atteinte des tissus mous et qu’elle relevait par conséquent de la compétence des rhumatologues. En effet, dans les ouvrages de cette époque, la FM était classée dans la catégorie des troubles des tissus mous, comme le fait encore aujourd’hui l’American College of Rheumatology (ACR). Cette explication a semblé encore plus plausible après que des études eurent démontré que les patients manifestaient une sensibilité à la palpation durant l’examen de certaines parties du corps appelées « points sensibles », une observation qui renforçait le concept d’une pathologie des tissus mous. Ainsi, depuis vingt ans, les rhumatologues « imposent les mains », ou plutôt les pouces, avec une pression de 4 kg exactement et posent le diagnostic de FM. Deuxièmement, étant donné que la FM est une affection quelque peu nébuleuse sans anomalie qui la caractérise spécifiquement, les patients voulaient être rassurés en faisant confirmer le diagnostic par un « expert ». Maintenant qu’il est établi que la pathogénie de la FM est localisée principalement dans le système nerveux et qu’il existe des preuves d’une régulation anormale des voies de la douleur transmettant les signaux des nerfs périphériques vers la moelle épinière ainsi que dans le cerveau, le moment est peut-être venu pour les rhumatologues de mettre fin à leur responsabilité de diagnostiquer et de traiter ces patients. Troisièmement, on demandait souvent aux rhumatologues d’expliquer la signification d’une faible concentration d’anticorps antinucléaires ou du facteur rhumatoïde chez un patient qui manifeste de vagues symptômes de douleur physique et de 10 JSCR 2012 • Volume 22, Numéro 4 fatigue. Le rhumatologue devait donc affirmer qu’aucune maladie du tissu conjonctif ne couvait chez le patient et que le diagnostic évoquait la FM. Moment propice pour un changement de paradigme? Plusieurs raisons justifient que la communauté médicale et la société acceptent un changement de paradigme en ce qui concerne la fibromyalgie; les préoccupations au sujet du manque d’effectifs en rhumatologie et du grand nombre de patients atteints de maladies rhumatismales viennent au premier rang. Étant donné que les études démographiques indiquent que la FM touche au moins 2 % de la population, une estimation par ailleurs conservatrice, il est inconcevable que tous les patients, ou même seulement une partie d’entre eux, soient examinés par un spécialiste ou par un rhumatologue en particulier. Les rhumatologues sont des spécialistes des soins aux patients atteints d’arthrite inflammatoire et ils devraient pouvoir approfondir ces compétences spécialisées, mais sans négliger pour autant un patient atteint de FM comparativement à un patient atteint d’arthrite inflammatoire. Les personnes atteintes de FM sont bel et bien souffrantes et par conséquent, il importe de trouver pour elles le meilleur contexte pour recevoir des soins de santé. La FM est un syndrome douloureux polysymptomatique et il se manifeste par de la douleur, des troubles de l’humeur et du sommeil, des symptômes qui sont clairement hors du domaine usuel des maladies rhumatismales. Les rhumatologues ne sont pas des spécialistes du diagnostic ou du traitement des nuances des troubles de l’humeur, tout comme ils n’ont pas les connaissances spécialisées pour expliquer les principes de l’hygiène du sommeil ni pour instaurer un traitement par des somnifères. Étant donné que le modèle de soins idéal pour la plupart des patients atteints de FM est fondé sur une approche intégrée supervisée par l’équipe de soins, une consultation individuelle chez un seul rhumatologue est moins utile. La prise en charge de ces patients par une équipe multidisciplinaire regroupant une infirmière et d’autres professionnels de la santé s’est avérée optimale, mais la plupart des patients n’ont pas accès à de tels services. Par conséquent, le rôle du médecin de premier recours dans la prise en charge de la FM apparaît de plus en plus logique et on devrait en faire vigoureusement la promotion. Les nouveaux modèles de soins primaires multidisciplinaires, comme les équipes de santé familiale en Ontario et d’autres modèles semblables adoptés dans d’autres provinces, pourraient répondre aux besoins de soins de santé des patients atteints de FM. Les concepts sociaux de la santé et de la maladie devraient également être soumis à un changement de paradigme, car les patients s’attendent désormais à ce que le diagnostic, et souvent le traitement, soit toujours confié à des spécialistes. Enfin, l’idée selon laquelle les symptômes s’expliquent par une anomalie physique reste profondément ancrée, ce qui a contribué à faire grimper les coûts des soins de santé de ces patients. L’essentiel des lignes directrices En gardant ces concepts à l’esprit, un groupe multidisciplinaire de professionnels de la santé ont préparé des lignes directrices pour la prise en charge rationnelle des patients atteints de FM au Canada, en y intégrant des recommandations pour le diagnostic, le traitement et le cheminement des patients. Ces lignes directrices sont entérinées à la fois par la SCR et par la Société canadienne pour le traitement de la douleur; par conséquent, la communauté médicale devrait, nous l’espérons, aborder avec une plus grande confiance les divers aspects de la FM. Nous décrivons ci-après quelques principes fondamentaux des lignes directrices, mais le document intégral des lignes directrices et des recommandations peut être consulté librement sur le site Web de la SCR (www.rheum.ca/fr/publications/cra_fm_guidelines). La fibromyalgie est une entité clinique dont le diagnostic définitif devrait être établi dans le contexte des soins primaires, sans faire appel à un spécialiste pour confirmer le diagnostic ou s’occuper du suivi, sauf dans de rares cas où l’opinion d’un spécialiste est requise. Le diagnostic est clinique et requiert peu d’examens de laboratoire; il n’est pas nécessaire de procéder à un examen des points sensibles, cette évaluation étant subjective et sans fondement scientifique. Étant donné que le médecin de premier recours est le professionnel tout indiqué pour bien connaître son patient, tant sur le plan sanitaire que sur le plan psychosocial, la prise en charge optimale devrait rester dans le contexte des soins primaires, et il convient d’éviter les demandes excessives de consultations et d’épreuves de laboratoire, ce qui ne fait qu’amplifier l’importance de la maladie. Sur le plan thérapeutique, la prise en charge de chaque patient devrait inclure des interventions non pharmacologiques, avec l’objectif de développer un fort locus interne de contrôle par des stratégies de prise en charge autonome. Il importe de ne pas entretenir la passivité du patient en lui prescrivant seulement des médicaments qui, en général, n’ont qu’un effet modeste et entraînent des effets indésirables qui miment parfois les symptômes de la FM. Bien que leur emploi ne soit pas appuyé par des données probantes dans la littérature, mais qu’elles soient fréquemment utilisées en pratique clinique, les combinaisons médicamenteuses peuvent être prescrites à des doses plus faibles de chaque agent en vue de réduire les effets indésirables. L’idée généralisée que les personnes atteintes de FM sont incapables de travailler est aujourd’hui contestée, et un changement de la mentalité sociale serait souhaitable : l’accent doit être mis sur la motivation des patients et sur la conservation d’un mode de vie normal, tout en reconnaissant que les symptômes sont susceptibles de persister et de fluctuer. Croyez-vous que ce changement de paradigme se fera ou que les patients atteints de FM resteront les Cendrillons de la rhumatologie clinique? Les rhumatologues devront jouer un rôle essentiel dans l’avènement d’un nouveau paradigme de soins; ils devront participer à la formation des médecins de premier recours pour accroître leur confiance dans le diagnostic et la prise en charge de la FM. La FM demeure entourée de nombreux mythes qu’il faudra faire disparaître grâce à la connaissance et à l’empathie. La perception que les patients atteints de FM ont de plus grands besoins que ceux des autres patients ou qu’ils sont plus difficiles à traiter doit être remplacée par une empathie empreinte de fermeté. Ces patients ont certes des besoins connus, mais nous devons induire un changement du paradigme social pour que ces personnes cessent d’être des malades passifs et qu’avec l’assistance requise, elles participent à la société et assument des responsabilités sociales. Le marketing social, qui a probablement contribué à l’impression d’invalidité, devrait maintenant être utilisé pour projeter une perception plus positive de la FM. Mary-Ann Fitzcharles, M.B., Ch.B. Professeure agrégée, division de rhumatologie, Unité de gestion de la douleur Alan Edwards, Centre universitaire de santé McGill Montréal, Québec Peter A. Ste-Marie, B.A. Faculté de droit, Université de Montréal Unité de gestion de la douleur Alan Edwards, Centre universitaire de santé McGill Montréal, Québec C’est avec une grande tristesse que nous partageons la nouvelle du décès du Dr Hugh Smythe, 1927-2012, et du Dr Duncan Gordon, 1930-2012. Un texte afin de leur rendre hommage sera publié dans le numéro du printemps 2013 du JSCR. JSCR 2012 • Volume 22, Numéro 4 11 À LA MÉMOIRE DE... George Edward Price par Kam Shojania, M.D., FRCPC L e Dr George Edward Price est décédé à l’Hôpital général de Vancouver le vendredi 19 octobre 2012. Il est né à Winnipeg et lorsqu’il avait neuf ans, sa famille s’est installée à Victoria. Diplômé du Victoria High School, il a poursuivi ses études au Victoria College, puis à l’Université de Chicago et il a obtenu son doctorat en médecine à l’Université de la Colombie-Britannique (UBC) en 1959. Après avoir terminé ses études supérieures en médecine interne, George a commencé à exercer comme interniste et rhumatologue à Vancouver. Il a été l’un des premiers rhumatologues en Colombie-Britannique, et il a surtout été le premier à traiter des patients atteints de lupus érythémateux disséminé (LED), de vascularite et d’affections rares. Clinicien et enseignant, George éprouvait une grande fierté à l’égard de son travail. Dans les années 1960, la division de la rhumatologie à l’UBC était composée des Drs Harold Robinson et Denys Ford. George a été leur premier boursier de recherche en 1964! Le Dr Robert Offer se rappelle que George faisait preuve d’une grande audace dans les débats scientifiques et, ajoute-t-il, « j’ai beaucoup appris en écoutant George et Denys débattre de questions cliniques, car ni l’un ni l’autre ne craignait d’affirmer ses opinions haut et fort! » George a été chargé de cours à l’UBC de 1965 à 1975, puis professeur agrégé de 1975 à 1989, année où il a été nommé professeur honoraire alors qu’il exerçait au King Fahd National Guard Hospital, à Riyad, en Arabie saoudite. Il a été le premier directeur médical de l’UBC Health Sciences Centre Hospital, poste qu’il a occupé durant 10 ans; il a ensuite été directeur médical du King Fahd Hospital durant trois ans. Pendant son séjour en Arabie saoudite, il a aussi collaboré avec le personnel médical militaire des États-Unis durant l’Opération Tempête du désert. À son retour à Vancouver, George a repris son cabinet médical jusqu’à sa retraite en 2000. George a contribué de manière importante à la vie collective, notamment par son engagement au sein de la Société de l’arthrite, de l’organisme Boys and Girls Clubs de la région de Vancouver et de la B.C. Rehabilitation Foundation. À la fois ami et médecin de nombreux juges et avocats, il était membre actif de la Medical Legal Society. Fervent amateur de plein air, George a connu certains de ses plus beaux moments lors de randonnées pédestres avec John Boone et, plus tard, avec son fils Bryan; il aimait aussi les activités nautiques, la pêche à la mouche avec Ray, le ski et la descente en eau vive sur les rivières nordiques. Médecin militaire au sein de la 19e Escadre de l’Aviation royale canadienne (aux.) durant ses jeunes années, il a apprécié la camaraderie des membres de son escadron pendant plus de 50 ans. 12 JSCR 2012 • Volume 22, Numéro 4 1934 - 2012 George laisse dans le deuil son épouse Dianne, son fils Bryan (Lori), ses petits-fils pleins de vie Colin George et Scott Roderick, ainsi que sa fille Megan. Les proches de George tiennent à remercier le Dr Tom Gibson, ami et médecin de la famille, pour ses soins attentifs et sa compassion, ainsi que le Dr Joseph Connors, à qui George vouait un immense respect pour la sagesse, l’appui et la franchise dont il a fait preuve alors qu’il l’accompagnait dans sa lutte contre la leucémie. La famille souhaite également remercier le Dr Callum Reid (fils du Dr Graham Reid, rhumatologue) pour son dévouement et son appui durant les derniers jours de la vie de George. Merci aussi au personnel de soins infirmiers de l’Hôpital général de Vancouver : personne n’aurait pu recevoir de meilleurs soins. Un merci tout particulier à Helga et Sarah (Community Healthcare Nursing). Vous avez tous allégé son fardeau. Une célébration à la mémoire de George a eu lieu le 2 novembre 2012 au NCSM Discovery, à Stanley Park, Vancouver. Pour ceux qui désirent offrir un don à la mémoire de George, la famille éprouverait une grande reconnaissance si vous faisiez un don à la fiducie familiale (Dr. G.E. Price Family Trust) au bénéfice des Boys and Girls Clubs of South Coast B.C., ou un don à la Société de l’arthrite ou à la B.C. Rehabilitation Foundation. Dr Kam Shojania, au nom de la famille du Dr George E. Price et de la communauté des rhumatologues de la Colombie-Britannique Afin d’en savoir plus sur les contributions du Dr Price au JSCR : http://bit.ly/WbyGtQ ARTHROSCOPE Réunion scientifique annuelle de la SCR : un aperçu par Joanne Homik, M.D., M.Sc., FRCPC N ous sommes satisfaits du travail accompli à ce jour pour la planification de notre réunion scientifique annuelle de 2013 qui aura lieu dans la capitale canadienne, à Ottawa, du 13 au 16 février. Dans la foulée du succès de la réunion tenue à Victoria en 2012, qui avait accueilli 367 participants et présenté 13 conférences et 139 séances d’affiches, nous espérons faire encore mieux à Ottawa! Nous avons des conférenciers d’honneur particulièrement intéressants, entre autres le Dr Joel Kremer, un des nôtres, qui prononcera la conférence Dunlop-Dotteridge. La conférence sur l’état des connaissances sera présentée par le Dr Jan Dutz, qui discutera de cas dermatologiques complexes en rhumatologie. La Mise à jour nationale portera sur les nouvelles lignes directrices pour la pratique clinique pour le diagnostic et le traitement de l’arthrite juvénile idiopathique, de la fibromyalgie et de la polyarthrite rhumatoïde. Nous avons par ailleurs accru le nombre de groupes de travail pour que notre réunion conserve son ambiance conviviale; vous pourrez aussi assister à trois excellents symposiums parrainés par le secteur privé sur diverses questions reliées à l’immunisation, à la rhumatologie gériatrique et à la spondylite. La réunion commencera le mercredi par le Cours précongrès à l’intention des résidents et des étudiants des cycles supérieurs; suivront la soirée d’ouverture de la réunion et l’allocution du récipiendaire, encore inconnu, du Prix du rhumatologue émérite. Nous avons reçu plus de 200 résumés intéressants et les meilleurs feront l’objet d’exposés lors des séances plénières à l’intention des stagiaires et des membres. Les autres résumés choisis seront présentés sous forme d’affiches lors de deux séances subséquentes. Nul doute que ces présentations susciteront de nombreuses interactions entre collègues. Nous avons hâte de vous rencontrer à Ottawa! Joanne Homik, M.D., M.Sc., FRCPC Professeure agrégée de médecine Directrice, Division de rhumatologie, Université de l’Alberta Présidente, Comité scientifique, Société canadienne de rhumatologie Edmonton, Alberta Assemblée générale annuelle La prochaine assemblée générale annuelle de la SCR aura lieu le vendredi 15 février, à 11 h 30, à l’Hôtel Château Laurier. La réunion est ouverte aux membres en règle de la SCR seulement. Veuillez visiter le www.rheum.ca pour plus d’informations concernant l’inscription à cette réunion. JSCR 2012 • Volume 22, Numéro 4 13 ARTHROSCOPE Le Réseau canadien de recherche sur les vascularites par Christian Pagnoux, M.D., M.Sc., MPH L e Réseau canadien de recherche sur les vascularites (CanVasc) est un réseau national de recherche scientifique et clinique. Il a été créé à Toronto en novembre 2010 par les Drs Christian Pagnoux et Simon Carette (Clinique de la vascularite, Département de rhumatologie, Hôpital du Mont Sinaï, Réseau universitaire de santé de Toronto) et le Dr Nader Khalidi (Département de rhumatologie, St. Joseph’s Healthcare, Hamilton), respectivement. Les buts principaux de CanVasc sont d’aider à optimiser la prise en charge de la vascularite et de réaliser des études au Canada sur le sujet ou d’y collaborer pour améliorer les résultats chez les patients. Le Réseau et ses centres La première tâche des fondateurs de CanVasc a été de faire appel aux médecins canadiens qui s’intéressent à la recherche et qui ont une expertise clinique en matière de vascularite pour qu’ils fassent partie de CanVasc. Une liste complète des centres de référence a été dressée (Tableau 1) et on peut y accéder en se rendant sur le site Web de CanVasc, à l’adresse www.canvasc.ca. Initiatives pour la formation et la sensibilisation L’équipe centrale de CanVasc a lancé des programmes de formation et de sensibilisation à l’intention des professionnels de la santé, ce qui inclut des ateliers tenus dans le cadre de congrès (par exemple, à l’occasion des réunions scientifiques annuelles de la Société canadienne de rhumatologie [SCR]), de la documentation (telle que le Programme REVISIT [Recent Evidence in Vasculitis Science and Treatment]) et un site Web mis à jour régulièrement. CanVasc tient également une réunion annuelle durant laquelle on aborde les résultats d’études récentes sur la vascularite et on passe en revue les essais en cours et à venir. La première conférence a eu lieu en juin 2011 à Toronto; la prochaine se tiendra en novembre 2012. Pour des renseignements sur le programme et les inscriptions, consultez l’adresse www.canvasc.ca. 14 JSCR 2012 • Volume 22, Numéro 4 Lancer, réaliser et promouvoir les études sur la vascularite Comme la vascularite est une maladie rare, les études de CanVasc et du VCRC (Vasculitis Clinical Research Consortium) nord-américain doivent être multicentriques et/ou multinationales. Le VCRC n’exploite que deux centres au Canada à l’heure actuelle (Toronto et Hamilton) et ne prévoit pas s’adjoindre d’autres centres canadiens pour l’instant. CanVasc fait la promotion des essais thérapeutiques internationaux et y participe; cela inclut des études sur l’échange plasmatique et la corticothérapie dans le traitement de la vascularite associée aux anticorps antineutrophiles cytoplasmiques (PEXIVAS), dirigées au Canada par le Dr Michael Walsh, un membre associé de l’équipe CanVasc (Département de néphrologie, St. Joseph’s Healthcare, Hamilton, Ontario). Le réseau vise aussi la création d’un registre canadien des cas de vascularite chez l’adulte; les responsables du projet sont les docteurs Lillian Barra, Nataliya Milman, Christian Pagnoux et Marinka Twilt. Ce registre sera relié à un registre de la vascularite chez l’enfant : deux bases de données pédiatriques continues (ARCHiVe) et BRAINWORKS, pour les enfants qui souffrent de vascularite systémique et cérébrale, dirigées par la Dre Susanne Benseler (Hospital for Sick Children, Toronto) et le Dr David Cabral (B.C. Children's Hospital, Vancouver), et InterSPACE, une récente base de données internationale sur la vascularite du système nerveux central, coordonnée par le Dr Sylvain Lanthier (Département de neurologie, CHUM, Montréal). Lignes directrices et consensus nationaux En plus des objectifs précités, CanVasc vise à développer des recommandations consensuelles pour le diagnostic et la prise en charge de la vascularite au Canada, à commencer par les vascularites associées aux anticorps antineutrophiles cytoplasmiques (ANCA). L’étape initiale consistait à faire le relevé des principales questions selon les spécificités canadiennes. Les Drs Leilani Famorca et Marinka Tableau 1 Liste des centres CanVasc et de leurs principaux membres Province Colombie-Britannique Alberta Saskatchewan Manitoba Ontario Québec Terre-Neuve Nouvelle-Écosse Ville Vancouver Edmonton Calgary Saskatoon Winnipeg Toronto Hamilton Ottawa Kingston London Newmarket Sherbrooke Montréal Québec St. John’s Halifax Principaux membres Dr Kam Shojania, Dr David Cabral Dre Elaine Yacyshyn Dre Aurore Fifi-Mah Dre Regina Taylor-Gjevre Dr David Robinson Dr Simon Carette, Dre Susanne Benseler Dr Nader Khalidi Dre Nataliya Milman Dr Tanveer Towheed Dre Lillian Barra Dr Carter Thorne Dr Patrick Liang Dre Michelle Goulet, Dr Christian Pineau Dre Judith Trudeau, Dr Paul Fortin Dr Majed Khraishi Dr Volodko Bakowsky, Dre Christine Dipchand Twilt ont préparé un questionnaire d’évaluation des besoins sous la supervision des Drs Christian Pagnoux et Patrick Liang. Ce questionnaire a été envoyé par courriel en juillet 2012 aux membres des sociétés canadiennes de rhumatologie, de pneumologie et de néphrologie. La vascularite n’est pas plus rare au Canada qu’aux États-Unis ou en Europe. Le Canada compte de nombreux médecins et chercheurs réputés qui travaillent sur la vascularite et qui appartiennent maintenant à CanVasc. À ce titre, le réseau est sans contredit appelé à devenir un joueur clé à long terme dans le domaine de la vascularite et un partenaire de taille du VCRC. Christian Pagnoux, M.D., M.Sc., MPH Fondateur et vice-directeur de CanVasc Professeur agrégé, Division de rhumatologie, Département de médecine, Hôpital du Mont Sinaï Toronto, Ontario Le JSCR...en route! Vous sortez de la ville? Pourquoi ne pas apporter un peu de lecture légère! Envoyez-nous une photo de vous en vacances lisant une copie du JSCR et nous vous présenterons nos clichés favoris dans le prochain numéro. Veuillez envoyer vos photos à [email protected]. Bon voyage! Loin d’Edmonton, le Dr Tony Russell passe un bon moment avec le JSCR sur le canal de Su-Zhong, hors de Shanghai. JSCR 2012 • Volume 22, Numéro 4 15 Félicita t au gag ions nant du que « Articu stionnaire lons no s de ce nu pensées » m éro, Dre Bet h Hazel de Montré al, QC ARTICULONS NOS PENSÉES Recommandations canadiennes pour la PR : applications pratiques par Philip A. Baer, M.D.C.M., FRCPC, FACR L a SCR a récemment émis ses nouvelles recommandations thérapeutiques pour le traitement de la polyarthrite rhumatoïde (PR), disponibles en ligne sur son site Web (www.rheum.ca/fr/publications/cra_ra_guidelines). Dans ce numéro, la rubrique Articulons nos pensées a voulu savoir de quelle façon les membres de la SCR ont accédé à ces lignes directrices et si ces nouvelles recommandations ont influencé leur pratique. Plus de la moitié (56 %) des membres ont répondu qu'ils ont lu les parties I et II des lignes directrices sur le traitement de la PR; quelques membres n'ont lu, à ce jour, que la première partie (16 %), et ce, peut-être en raison des dates de publication espacées des deux articles. Pour les membres qui ne l’ont pas encore fait (28 %), la SCR vous encourage à consulter les lignes directrices lorsque vous en serez capables. Parmi les différents supports disponibles pour accéder aux lignes directrices, près de la moitié des répondants (45 %) ont indiqué avoir lu les recommandations dans une édition imprimée du Journal of Rheumatology (JRheum). L’accès numérique se classe en deuxième position, avec un peu moins du quart des membres (24 %) qui ont lu les recommandations en ligne sur le site du JRheum. Le numéro d'automne du JSCR et l’assemblée générale annuelle de la SCR ont également permis d’accéder à cette information, avec respectivement 29 % et 21 %. Interrogés afin de savoir comment l’introduction des lignes directrices de la SCR pour le traitement de la PR a entraîné des changements dans leur pratique, une majorité notable des membres (65 %) a avoué qu’aucun changement n'a été apporté. Un lecteur a mentionné que même avant la publication de ces lignes directrices, les normes de pratique étaient déjà en place. Tableau 1. Avez-vous lu les nouvelles lignes directrices de la SCR pour le traitement de la polyarthrite rhumatoïde (PR)? J’ai lu la Partie I : Le traitement 16 % J’ai lu la Partie II : L’innocuité 0 % 56 % J’ai lu les Parties I et II Je n’ai pas lu ces lignes directrices 28 % Tableau 2. Où avez-vous pris l’information concernant les lignes directrices de la SCR pour le traitement de la PR? 24 % En ligne, sur le site Web du JRheum 45 % Dans un numéro imprimé du JRheum 29 % Dans le numéro d’automne du JSCR Sur le site Web de la SCR 17 % J’en ai entendu parler à la réunion générale annuelle de la SCR J’en ai entendu parler dans un événement d’EMC parrainé par l’industrie 16 JSCR 2012 • Volume 22, Numéro 4 21 % 13 % Manifestement, ces lignes directrices sont ancrées dans la pratique canadienne de la rhumatologie et elles continueront de soutenir et de guider la pratique de tous les médecins. Une approche axée sur l'atteinte des objectifs du traitement (19 %) et l'utilisation accrue des indices composites d'évaluation d'activité de la maladie (17 %) sont parmi les changements favorables appliqués à la pratique, le tout stimulé par ces lignes directrices. Vos commentaires sur ces recommandations sont grandement appréciés; si vous avez des questions spéci- fiques sur les lignes directrices de la SCR pour le traitement de la PR, celles-ci peuvent être adressées à la SCR et seront répondues dans un prochain numéro. Veuillez transmettre vos questions à l’adresse suivante : [email protected] et nous les ferons parvenir aux experts concernés. Philip A. Baer, M.D.C.M., FRCPC, FACR Rédacteur en chef, JSCR Scarborough, Ontario Tableau 3. Compte tenu de l'introduction des lignes directrices de la SCR pour le traitement de la PR, quels changements avez-vous apportés à votre pratique? Début ou accentuation de l’utilisation des critères composites d’activité de la maladie (par exemple, DAS28, CDAI, SDAI) 17 % Mise en œuvre de l’approche par traitement ciblé (treat-to-target) Modification de l’utilisation des ARMM, des corticoïdes ou des agents biologiques afin de répondre aux directives Modification des pratiques de surveillance des traitements de fond et des agents biologiques afin de répondre aux directives 19 % 10 % 9% Modification de la gestion des ARMM et des agents biologiques dans la période périopératoire en fonction des lignes directrices Je n’ai pas appliqué de changements à ma pratique 11 % 65 % Concours de photos 2013 Avez-vous immortalisé un de vos collègues rhumatologues par une photo prise à l’improviste? Ou un paysage particulièrement pittoresque? N’oubliez surtout pas les piles ou le chargeur de votre appareil photo pour votre séjour à Ottawa, en Ontario, afin de participer au 8e Concours annuel de photos de la SCR . Soumettez vos meilleures photos de paysages ou de moments saisis à l’improviste par voie électronique d’ici le 1er mars 2013 et vous aurez la chance de gagner un sac à dos de la SCR! Veuillez soumettre vos photos à Katia Ostrowski, à l’adresse [email protected]. Les photos gagnantes seront publiées dans le numéro d’été du JSCR. JSCR 2012 • Volume 22, Numéro 4 17 IMPRESSION ET OPINION De Varsovie aux Prairies canadiennes par Wojciech P. Olszynski, M.D., Ph.D., FRCPC, CCD C ’est en 1974 que nos rêves sont devenus réalité. Les étudiants de la promotion de 1974 venaient de terminer leurs études à la faculté de médecine de Varsovie et ils avaient hâte de se mettre au boulot. Après quelques difficultés, j’ai eu la chance d’obtenir un stage, puis un poste d’adjoint, au prestigieux Institut d’hématologie. L’hématologie n’a jamais été ma passion, mais je voulais profiter de l’occasion de travailler dans un établissement de recherche : mes collègues étaient exceptionnels et le professeur avait la réputation d’être très exigeant. Un professeur exigeant peut vous rendre la vie difficile, mais plus tard, cela peut s’avérer providentiel. Personnellement, j’ai subi des pressions pour commencer une spécialité en médecine interne et entre mes deux premiers diplômes de médecine interne, j’ai commencé et achevé des études de doctorat. Notre professeur s’attendait en outre à ce que nous perfectionnions notre anglais, à ce que nous publiions des articles et que nous prononcions des conférences. Tout cela se déroulait alors que ma femme, rencontrée à la faculté de médecine, était aussi très sollicitée par les attentes de son mentor au Département de cardiologie du Centralny Szpital Kolejowy, à Miedzylesie, en Pologne. C’est difficile à imaginer maintenant, mais en quelque sorte, à travers tout ça, nous avons réussi à avoir notre premier enfant, notre merveilleuse petite Magdalena, née en 1976. Ma femme s’est absentée très peu de temps et avec l’aide précieuse de notre famille, Magda a grandi pendant que nous continuions à travailler et à étudier. Ceux qui se rappellent des années 1970 en Pologne savent bien que pour joindre les deux bouts, ma femme et moi devions tous les deux occuper cinq ou six emplois. Mais, quand on est jeune, on arrive même à avoir une vie sociale et à s’amuser de temps à autre. Je ne savais pas quels bouleversements dramatiques nous guettaient. D’abord, en 1980, nos adorables jumeaux, Martin et Paul, sont nés et ma femme a décidé de rester à la maison avec les enfants. J’étais occupé avec mes spécialités et mon diplôme de doctorat et j’attendais la récompense classique : une bourse pour effectuer une année de recherche à Londres, en Angleterre. Or, après que la Welcome Borough Foundation de Londres m'ait accepté et que le Royal Free Hospital m’ait décerné ma bourse de recherche, la Pologne a plongé dans l’enfer de la loi martiale. Ses règles cruelles ont fracassé nos rêves, du moins au début. Puis, je me suis demandé : « Pourquoi ne pas aller en Angleterre? » Nous devions continuer d’étudier, de travailler, de faire de la recherche, malgré les luttes politiques et la loi martiale. Il m’a fallu un mois pour soumettre de nouveau mes documents et à la surprise de tout le monde, j’ai reçu l’autorisation de 18 JSCR 2012 • Volume 22, Numéro 4 partir, mais sans ma femme et mes enfants. Après de longues heures de discussion, nous avons décidé que j’allais quitter d’abord et que nous allions réévaluer nos options au besoin. Les premiers mois ont été très difficiles. La recherche était intéressante et occupait toutes mes journées, mais ma famille me manquait énormément (surtout à Noël, mon premier Noël passé seul, en 1982, loin des miens). Entre temps, ma femme a demandé à plusieurs reprises l’autorisation de me rejoindre. La réponse était toujours la même : « Autorisation refusée ». Puis, quelque chose est arrivé. Quelque chose que je considère encore aujourd'hui comme un miracle. En février 1983, le Pape a insisté pour qu’on suspende la loi martiale en Pologne pendant une semaine. Cette fenêtre de cinq jours a permis à ma femme et à mes enfants d'obtenir l’autorisation de me rendre visite en Angleterre. Je me suis promis que s’ils venaient, nous allions trouver le moyen de vivre une vie de famille « normale » et de poursuivre nos carrières médicales. Nous avons donc pu être de nouveau réunis! J’étais extrêmement heureux, même si simultanément, j'étais très dérouté par une invitation que j'avais reçue pour compléter au Canada le projet de recherche que j'avais amorcé en Angleterre. Nous étions loin d'être prêts à prendre ce genre de décision, même si la proposition était tentante, voire un rêve pour plusieurs. En même temps, une paroisse catholique de Saskatoon célébrait ses 25 ans d’existence et a décidé de commanditer la venue d’une famille polonaise au Canada. Un de mes collègues de l’Institut d’hématologie de Varsovie était déjà au Canada et durant un quart de nuit aux urgences, il a admis un membre de la fabrique de cette paroisse. C'était la première fois, mais ça n'allait sûrement pas être la dernière, que la « filière polonaise » venait en aide à notre famille, et mon collègue lui a mentionné une famille polonaise vivant en Angleterre qui pourrait se montrer intéressée à venir à Saskatoon. Pendant des semaines, lorsque nos enfants dormaient, ma femme et moi sommes restés éveillés à discuter de notre avenir. Laisser tout derrière nous, y compris nos familles, n'allait pas être facile. La communication avec la Pologne était encore très ardue et le refus d’y retourner ferait de nous des parias. Aux aspects pratiques de cette décision se mêlaient les émotions, mais finalement, nous sommes tombés d’accord. À la fin de mes travaux de recherche, j’ai présenté notre plan au chef du Département d’hématologie du Royal Free Hospital. On nous a organisé une chaleureuse fête d’adieux et nous sommes partis vers l’inconnu, avec les bons vœux de tous. Nous avons atterris à Saskatoon en octobre 1983. Un accueil inoubliable a énormément adouci nos premiers jours dans notre nouvelle terre d’adoption. Rapidement, il a de nouveau fallu que je réfléchisse à ma carrière. Ma femme restait à la maison avec nos enfants et je devais étudier pour mon premier examen : l’examen d’évaluation du Conseil médical du Canada (EECMC). La réussite de cet examen permettait aux diplômés étrangers de faire une demande d’internat ou de résidence en médecine. L’examen avait lieu en février 1984, mais les résultats n’étaient disponibles qu’en mai. À ce moment, ma femme et moi avons changé de rôle. Je suis resté à la maison avec nos enfants et ma femme a étudié l’anglais et s’est préparée elle aussi pour l’EECMC. J’étais heureux d’avoir réussi l’examen, mais il n’y avait aucun poste à combler et peu d’espoir jusqu’au semestre suivant; il fallait attendre presque toute une année. Notre patience a toutefois payé puisqu’éventuellement, on m’a offert de commencer un programme de résidence à Regina, quoique pour un poste de six mois seulement. Ayant à la mémoire un proverbe qui dit — « Quand la chance frappe à ta porte, invite-la à dîner », j’ai accepté ce poste immédiatement. J’ai pris la décision un vendredi et le lundi suivant, j’étais assigné au Service de neurologie du Plains Health Centre, à Regina. Les premiers mois n’ont pas été de tout repos pour moi, tant au plan professionnel (les systèmes de santé polonais et canadien sont assez différents), qu'au plan personnel. Encore une fois, je devais laisser ma femme seule avec notre fille de sept ans et nos garçons de trois ans. À nouveau, cependant, nous avons eu la chance qu’une tante vienne de Pologne pour nous aider, alors que j’étais promu au programme de résidence de troisième année à Saskatoon. Un autre point tournant dans ma carrière allait survenir : le chef du Département de rhumatologie de Saskatoon m’a appelé pour parler de mon avenir. Il a consulté mon CV et s’est dit prêt à m’aider à devenir rhumatologue. J’allais travailler avec lui à l’Université de la Saskatchewan. J’allais choisir la rhumatologie comme premier stage. Comme je l’ai mentionné plus haut, l’hématologie n’avait jamais été ma passion et j’étais très attiré par la possibilité de travailler avec un rhumatologue, et particulièrement avec un mentor de cette trempe (le Dr Earle DeCoteau). À partir de là, mon objectif a été de réussir les examens nécessaires, de terminer mon programme de résidence, puis de faire un stage de monitorat clinique en rhumatologie et finalement, de devenir professeur adjoint dans cette spécialité. Tout allait bien, je terminais mon stage en rhumatologie (avec une bourse de la Société de l’arthrite) et ma femme avait réussi les examens nécessaires pour la médecine familiale. Puis, un jour, mon mentor m’a appris que l’Université attendait une année de plus de monitorat avant qu’un poste ne me soit offert. Ce moment a été déterminant dans ma carrière. Même si j’avais exercé dans un milieu universitaire toutes ces années, quelque chose me disait qu’il était peut-être temps que j’explore d’autres horizons. Ce jour-là, je suis entré en contact avec les propriétaires d’un nouvel édifice médical au centre-ville de Saskatoon et j’ai commencé à négocier. Entre temps, mon mentor avait quitté la pratique rhumatologique, mais même si un poste s'ouvrait à moi, j’avais pris ma décision d’exercer en pratique privée. J’ai très tôt réalisé que ce contexte me convenait Unis à travers les générations : La famille élargie Olszynski. bien. Une affiliation avec l’Université me permettait de maintenir certaines tâches professorales et très rapidement, un programme de recherche communautaire a débuté, avec la création du Centre d’ostéoporose de Saskatoon, affilié à ma clinique de rhumatologie générale. Les années qui ont suivi ont été très gratifiantes et très occupées, avec la pratique clinique, les cliniques d’injection dans les hôpitaux, l’enseignement aux étudiants et aux diplômés et les projets de recherche qui très tôt inclurent des essais en rhumatologie. Quand on me demande si j’aime être le patron, ma réponse est toujours la même : « Non, ce n’est pas important pour moi d’être le patron, mais c’est très important de ne pas avoir de patron. » Au cours de la dernière décennie, l’avènement des nouveaux agents biologiques pour le traitement des maladies rhumatismales m’a donné l’occasion d’offrir un service unique en Saskatchewan, un centre de perfusion communautaire pour la rhumatologie (tous les services regroupés en un seul endroit). La pratique, avec tous ces services, est au même endroit depuis 23 ans et, récemment, un nouveau partenaire s’est joint à nos associés en rhumatologie, ce qui me donne l’espoir que nous pourrons continuer de desservir notre population de patients tout en poursuivant des tâches de recherche et d’enseignement. En relisant cette histoire, on aurait tendance à conclure que des incidents sur lesquels on a très peu de contrôle peuvent avoir un impact significatif dans nos vies, à moins que tout cela n'ait été télécommandé de quelque part. Wojciech P. Olszynski, M.D., Ph.D., FRCPC, CCD Professeur de médecine clinique Directeur, Saskatoon Osteoporosis and Arthritis Infusion Centre Consul honoraire de la République de Pologne à Saskatoon Saskatoon, Saskatchewan JSCR 2012 • Volume 22, Numéro 4 19 IMPRESSION ET OPINION Rhumatologie : Transport en commun extrême par Avril Fitzgerald, M.D., FRCPC C ’est un jour de juin nuageux et venteux à Powell River, sur la Sunshine Coast, dans le Nord de la Colombie-Britannique et je monte à bord d’un Beech 1900 avec 10 autres passagers pour une envolée de 20 minutes qui nous amène à l’aéroport de Vancouver Sud. Le vol suivant me déposera chez moi, à Sidney, près de l’aéroport de Victoria. Je viens de terminer trois jours de clinique ambulante de rhumatologie organisée par le Programme d’arthrite Mary-Pack de Vancouver, un service que j’offre à Powell River, trois fois l'an. Le mois prochain, je m'envolerai pour Cranbrook, en Colombie-Britannique, dans les montagnes East Kootenay, où j’offre le même genre de clinique quatre fois l’an, avec l’aide d’une équipe de physiothérapeutes. La rhumatologue de l’endroit, la Dre Karen Pont, qui offre des soins en rhumatologie et médecine interne à Cranbrook depuis plusieurs années, fait le triage en vue de cette clinique. J’ai commencé ces cliniques ambulantes durant l’été de 2010, à l’invitation de la Dre Alice Klinkhoff, directrice (De gauche à droite) : Dre Avril Fitzgerald, Kim Mayer (secrétaire médicale), Cathy Brandt (ergothérapeute) et Shannon Ryley (physiothérapeute). 20 JSCR 2012 • Volume 22, Numéro 4 médicale du Programme d’arthrite Mary-Pack à Vancouver. Cet organisme m’a fait vivre tout plein d'expériences; il m'a permis de découvrir des régions reculées de la Colombie-Britannique en plus de me donner l’occasion de rencontrer des professionnels de la santé dévoués et des patients arthritiques merveilleux que j'ai la chance de soigner. Quand ces petits coucous volent en pleine tempête venue de la mer, par contre, je suis moins enthousiaste. En 2010, après avoir été directrice du programme de rhumatologie de l'Université de Calgary pendant 9 ans et malgré les importantes gratifications associées à ce poste, j’avais d’autres aspirations. Mon mari et moi souhaitions passer plus de temps à notre résidence au bord de la mer, à Sidney, en Colombie-Britannique. Mon mari a pris un congé sabbatique de six mois et nous avions alors tous les jours rendez-vous sur notre plage avec des hérons, des loutres de mer, des phoques, des aigles et des balbuzards. La constante profusion de fleurs de notre jardin et l’intense végétation verdoyante à longueur d’année m'ont remplie de paix. Sans compter que j’ai pu m’adonner à des cours de gymnastique tous les jours à une heure qui me convenait. Quelle belle vie! Mais en décembre 2010, comme mon mari s’apprêtait à reprendre le travail à Calgary, mes collègues de l’Université de Calgary m’ont encouragée à m’y rendre une semaine par mois pour travailler. Des cliniques ont été créées pour les listes d’attente en rhumatologie, en supposant que mes patients n’auraient pas besoin de mon suivi. Je vois en consultation les patients du Sud de l’Alberta que le centre de triage classe parmi les problèmes musculosquelettiques chroniques de « basse priorité » puisqu’ils attendent déjà depuis des mois. À l’occasion, si leur état requiert des soins rhumatologiques continus, je les adresse à un de mes collègues. Cet arrangement fait bien mon affaire de semi-retraitée à « Sidney-les-bains »; il fait aussi l'affaire de mes patients et... de WestJet. Avril Fitzgerald, M.D., FRCPC, Université de Calgary, Calgary, Alberta Traiter, prier, aimer : un médecin à la recherche de l’Utopie par Vinod Chandran, MBBS, M.D., D.M. A u XIXe siècle, de grands penseurs comme Neumann et Virchow ont affirmé que la médecine est dans sa nature intrinsèque et dans son essence une science sociale (« medicine is a social science in its very bone and marrow1 »). Cette vision de la médecine sur laquelle on n’insistait pas dans mes cours de médecine s’est toutefois imposée à mon esprit au fil des expériences que j’ai vécues en exerçant la médecine dans des pays qui étaient aux antipodes, au propre comme au figuré. Je n’avais que 17 ans, âge où l’on est très impressionnable, lors de mon premier contact avec la médecine; j’étais étudiant en médecine dans un grand hôpital public en Inde et je voulais faire disparaître les inégalités et les injustices dans le monde. Ma formation et ma vie professionnelle en Inde m’ont amené à travailler dans plusieurs hôpitaux financés par l’État – d’immenses établissements qui accueillaient des milliers de patients chaque jour (parfois, à moi seul, j’en recevais au moins 100!). Dans les cliniques externes, souvent, les médecins s’occupaient de deux ou trois patients en même temps, n’ayant pas le luxe de se préoccuper de questions de confidentialité ou de rendez-vous; tout fonctionnait selon le principe du « premier arrivé, premier servi ». Bien que le médecin fût salarié et par conséquent que ses soins fussent « gratuits », le patient devait payer tout le reste, y compris les examens et les médicaments. Notre devise était « d’offrir la meilleure médecine à bas prix ». Puisque le « payeur » se tenait devant moi en m’implorant du regard (il ne se cachait pas dans les chiffres d’un budget), chaque consultation imposait une analyse économique – le coût de l’examen de laboratoire ou du médicament requis valait-il le bienfait prévu? – sans données concrètes pour appuyer ma décision. En moins de cinq minutes, le médecin devait tout savoir au sujet de son patient : il devait connaître non seulement sa maladie, mais aussi son contexte socio-économique et savoir s’il avait l’argent pour défrayer le prochain examen ou le prochain traitement. Je ne prescrivais pas de médicaments biologiques – je me demandais principalement si le patient aurait les moyens de payer 200 $ pour le médicament dont il avait besoin, et non s’il pouvait s’offrir un traitement à 20 000 $. Je passais de longues journées et de longues nuits à l’hôpital six jours et demi par semaine pour soigner les malades, tandis que mes amis, mes proches et mes domestiques s’occupaient de tout le reste : l’épicerie, les enfants et les tâches ménagères. Je poursuivais mes recherches lorsque j’arrivais à trouver un moment de quiétude entre le sommeil et le chaos. Je me suis ensuite installé au Canada pour poursuivre de « vraies » recherches ainsi que pour mieux comprendre la réalité de l’Occident. Ici, j’ai cru découvrir l’Utopie de Thomas More, « un royaume où la faim n’existe pas, où les gens vivent dans des maisons vastes et bien aérées, où le gouvernement inspecte les aliments et fournit de l’eau potable salubre, et où il existe un système de sécurité sociale pour empêcher les personnes malades de sombrer dans la pauvreté et les pauvres de devenir malades. Tous ceux qui sont frappés par la maladie ont le droit d’être traités dans des hôpitaux publics conformément aux meilleures normes professionnelles2 » (trad. libre). Un monde aussi merveilleux qu’irréel! Aujourd’hui, je travaille cinq jours (en fait, quatre jours et demi) par semaine et je consacre 75 % de mon temps à des activités de recherche, et je ne m’inquiète pas de la manière dont je vais traiter mes patients, mais de questions qui me concernent directement : « Recevrai-je ma prochaine subvention de recherche? Pourrai-je garder mon personnel de recherche indéfiniment? Arriverai-je à temps pour le sketch de mon enfant à l’école? » Bien sûr, je me fais du souci pour mon nouveau pays qui de l’île d’Utopie est en train de devenir le pays de Cocagne, une terre d’abondance où coulent le lait et le miel. Au pays de Cocagne, la nourriture est abondante et, par conséquent, les troubles de santés liés à l’obésité sont beaucoup plus nombreux que ceux attribuables à la rareté alimentaire3. Sur le plan social, l’obésité se caractérise de la même manière que la faim dans l’Europe du XIXe siècle et dans l’Inde du XXe siècle – elle sévit davantage dans les classes sociales défavorisées que dans les classes plus aisées. Je me demande toutefois si j’éprouve le même sentiment de solidarité avec les personnes obèses qu’avec celles qui souffrent de la faim. Je ne comprends pas comment le vieillissement est devenu un fardeau pour notre société. Comment se fait-il que d’une part la société a besoin d’un plus grand nombre de jeunes et que, d’autre part, les habitants de ce pays sont si réticents face aux milliers de jeunes immigrants qui arrivent ici chaque année? Force est de constater que tout est en évolution : ma vie, ma famille, notre société, notre monde. Les prochaines décennies s’annoncent stimulantes et imprévisibles. Références 1) Rather LJ. Rudolph Virchow and scientific medicine. AMA Arch Intern Med 1957; 100(6):1007-14. 2) Mackenbach J. Kos, Dresden, Utopia... A journey through idealism past and present in public health. Eur J Epidemiol 2005; 20(10):817-26. 3) Pleij H. Dreaming of Cockaigne: Medieval Fantasies of the Perfect Life. Columbia University Press. New York, New York. 2001. Vinod Chandran, MBBS, M.D., D.M. Professeur adjoint, Université de Toronto, Département de médecine, Division de rhumatologie Centre d'études pronostiques sur les maladies rhumatismales, Toronto Western Hospital Toronto, Ontario JSCR 2012 • Volume 22, Numéro 4 21 IMPRESSION ET OPINION Pourquoi j’ai choisi le Canada pour pratiquer la rhumatologie? par Ariel Massetto, M.D. D iplômé au Brésil, j’ai profité d’une expérience de travail de cinq ans dans ce même pays, et je vis depuis maintenant cinq ans au Québec. Depuis mon arrivée à Sherbrooke en 2006, une question m’est souvent posée : quelles sont les différences de la pratique de la rhumatologie entre ces deux parties du monde? Ma réponse débute toujours de la même façon : le contenu est similaire, tandis que la forme est très différente. Je m’explique : par contenu, je parle des maladies et de leur incidence, de l’investigation diagnostique et du traitement médicamenteux; par la forme, c’est plutôt la façon de pratiquer, l’environnement de travail et le système de rémunération. Commençons par le contenu. Malgré les différences géographiques, l’incidence des maladies rhumatologiques au Brésil et au Québec est équivalente : la plupart des patients qui ont consulté ou qui sont suivis souffrent de maladies inflammatoires, notamment d’arthrite rhumatoïde. Les maladies dégénératives, comme l’arthrose et l’ostéoporose, sont plus fréquentes au Québec, fruit du vieillissement de la population inhérente au développement économique. En revanche, le Brésil, un pays où la population de race noire et métisse est significative, les consultations et suivis concernant le lupus érythémateux disséminé sont plus fréquents (et aussi, souvent plus exigeants!). À propos du traitement médicamenteux, le Brésil a fait beaucoup d’avancées dernièrement. L’accès aux traitements plus dispendieux, comme les agents biologiques, est actuellement offert par le gouvernement et les assurances privées, à condition de remplir des critères similaires à ceux des provinces canadiennes. En ce qui a trait à la forme, il faut d’abord comprendre la structure administrative du système de santé brésilien. Il s’agit d’une approche mixte, soit un système de santé 22 JSCR 2012 • Volume 22, Numéro 4 public et un secteur privé. Immédiatement, une deuxième question se pose : est-ce un système réussi? Malheureusement, non. L’accès aux soins de santé publics est limité et inefficace, laissant place au secteur privé supposément complémentaire au système public, exploité par des groupes d’assurance privée. Pas plus de 20 % de la population est en mesure de payer entre 100 $ et 1 500 $ mensuellement (selon l’âge de l’assuré et la catégorie de l’assurance) afin d’avoir accès à un répertoire de médecins, à des examens paracliniques et aux hôpitaux de qualité. À l’élite économique sont réservées des consultations privées avec des spécialistes renommés, payés à l’acte, coûtant jusqu’à 500 $. Concernant la rémunération, des différences notables s’observent : au Brésil, contrairement au Québec, l’offre de rhumatologues sur le marché du travail est plus grande que la demande. Les honoraires médicaux reflètent donc cette réalité : le salaire initial d’un rhumatologue du système de santé public à temps plein est d’environ 2 500 $, alors que les assurances privées payent en moyenne 20 $ pour une consultation. Résultat : des professionnels surchargés, mécontents et mal payés. Je suis heureux de conclure que, avérant mes attentes lorsque j’ai décidé de vivre au Québec, ici nous sommes fortunés d’avoir l’opportunité d’offrir des services équitables à toute la population, indépendamment de la classe socioéconomique, de pratiquer une rhumatologie de pointe, en plus d’être payés adéquatement pour cela! Ariel Masetto, M.D. Professeur adjoint, Département de rhumatologie, Faculté de médecine et des sciences de la santé Université de Sherbrooke IMPRESSION ET OPINION L’exercice de la rhumatologie sur trois continents par Ramin Yazdani, M.D., MRCP(U.K.) A près avoir obtenu mon diplôme de sciences médicales à l’Université de Téhéran à la fin de 1993, j’ai décidé, à l’instar de nombreux amis, d’aller outremer pour poursuivre mes études de spécialisation. Cette décision a entraîné son lot de difficultés et allongé la durée de mes études, mais au final, elle a été une grande source de gratification et de satisfaction. J’ai dû d’abord accomplir mon service militaire et remplir mes engagements envers le ministère de la Santé pour obtenir l’autorisation d’émigrer, ce qui a exigé quatre années. Durant cette période, je ne pouvais pas travailler à temps plein, car je devais consacrer suffisamment de temps à la préparation de mes divers examens d’anglais et de médecine. Bien que le cursus et les livres de cours fussent américains, il nous était impossible pour des raisons évidentes d’obtenir un quelconque visa pour entrer aux États-Unis à cette époque. Par conséquent, j’ai déposé une demande pour passer les examens du Professional and Linguistic Assessments Board (PLAB) au Royaume-Uni en 1998 et j’ai pu entreprendre mes études de spécialisation à titre de médecin d’établissement (House Officer) en 1999. J’ai obtenu le poste de médecin principal (Senior House Officer of Medicine) en 2000 et j’ai enfin terminé ma formation en rhumatologie et en médecine interne générale en 2009 au Nottingham Deanery. Dès septembre 2009, j’ai exercé à titre de rhumatologue consultant au Royaume-Uni jusqu’à mon départ pour St. John’s, T.-N.-L., au mois d’août 2011 pour occuper les postes de rhumatologue consultant auprès de Eastern Health et de professeur adjoint de clinique à la Memorial University. Depuis que je suis rhumatologue consultant, je travaille également comme rhumatologue bénévole en Iran. Un des avantages d’exercer dans différents systèmes de soins de santé est de pouvoir reconnaître facilement les aspects des soins qui doivent être améliorés, tout en comparant les différentes méthodes de traitement. D’une part, vous apportez vos expériences antérieures et, d’autre part, vous apprenez de nouvelles façons de faire. Royaume-Uni (R.-U.) Je vous parlerai d’abord du National Health Service (NHS) du R.-U., la troisième plus grande organisation dans le monde, après 24 JSCR 2012 • Volume 22, Numéro 4 l’armée chinoise et les chemins de fer indiens. En 2011, le budget annuel du NHS atteignait 120 milliards de livres sterling (₤). Selon les directives du Royal College, il faudrait un rhumatologue par 80 000 habitants, et cet objectif est atteint dans de nombreuses collectivités. Presque tous les rhumatologues employés par le NHS travaillent 40 heures par semaine, ce qui correspond à cinq ou six séances cliniques. Les rhumatologues peuvent abandonner une ou plusieurs de leurs cliniques pour accepter d’autres responsabilités, par exemple comme gestionnaires, avec l’accord de leurs directeurs. Les temps d’attente des nouveaux patients constituent un critère très important pour évaluer la performance des hôpitaux; par conséquent, les gestionnaires veillent rigoureusement à ce que le délai fixé ne soit pas dépassé. En général, le délai d’attente pour une consultation en rhumatologie est de quelques semaines seulement. Si le patient est en mesure de se déplacer un peu plus loin et qu’il accepte de le faire, il pourra voir un rhumatologue plus rapidement. Les temps d’attente dans les cabinets privés sont beaucoup plus courts, et le patient peut en général consulter un rhumatologue en moins de quelques jours. Environ 25 % des patients sont protégés par un régime privé d’assurance, surtout dans les grandes villes plus affluentes. Un grand nombre de rhumatologues consacrent quelques heures par semaine à recevoir des patients à leurs cabinets privés. Depuis quelque temps, le gouvernement conservateur incite la population à recourir au secteur privé comme solution de rechange au NHS dans le but de réduire les coûts, de stimuler l’amélioration de la qualité des soins au sein du NHS et d’élargir l’éventail des offres de soins pour les patients. Les patients n’ont rien à payer lorsqu’ils consultent les rhumatologues employés par le NHS et ils doivent débourser la somme symbolique de l0 ₤ pour leurs médicaments, y compris les antirhumatismaux modificateurs de la maladie (ARMM) et les médicaments biologiques. La plupart des examens ordonnés par les rhumatologues sont habituellement effectués en moins de quelques semaines, sans frais. Les patients peuvent aussi choisir de recourir au secteur privé s’ils sont plus pressés. Les honoraires d’une consultation auprès d’un rhumatologue en cabinet privé sont d’environ 150 ₤, et ils sont payés par le patient ou par son régime privé d’assurance. Les coûts défrayés par le NHS sont couverts par les primes versées par les contribuables au régime public d’assurance maladie; la contribution maximale est de 14 % du revenu d’une personne. Ces contributions sont distinctes de l’impôt sur le revenu, qui peut parfois dépasser 35 % du salaire. Iran En Iran, le système de soins de santé relève du gouvernement, mais il existe aussi un système privé en plein essor. La plus grande partie de la population est protégée par le régime public, et un grand nombre d’Iraniens déboursent des primes additionnelles pour une meilleure protection en matière de santé. Les patients peuvent réclamer à leurs compagnies d’assurance le remboursement des frais additionnels pour des examens diagnostiques réalisés dans le secteur privé, ce qui leur permet de récupérer la plus grande part de ces dépenses additionnelles. En général, toutefois, pour les patients protégés seulement par le régime public, il est très coûteux de se faire soigner dans des hôpitaux privés. En ce moment, le gouvernement iranien et les compagnies d’assurance examinent la question de la couverture des coûts des médicaments biologiques. Pour l’heure, les patients doivent défrayer 10 % à 30 % du coût de ces médicaments, et beaucoup jugent que ces médicaments sont trop onéreux compte tenu de leurs revenus. Il est rare, voire impossible, de réussir à obtenir ces médicaments pour des motifs humanitaires ou par la participation à une étude clinique. Malgré la relative pénurie de rhumatologues dans les grandes villes, on peut obtenir rapidement une consultation chez un rhumatologue. Les honoraires de consultation d’un spécialiste sont d’environ 25 $ US, mais les interventions, chirurgicales ou autres, sont assez coûteuses. Par exemple, il faudra débourser de 50 à 100 $ US pour l’injection intra-articulaire d’un corticostéroïde. En revanche, les examens comme l’imagerie par résonance magnétique (IRM), la scintigraphie osseuse et d'autres examens radiologiques peuvent être effectués très rapidement et à frais relativement peu élevés. En général, je reçois les résultats d’une IRM, d’une angiographie par résonance magnétique (ARM) ou d’une scintigraphie osseuse en moins de deux ou trois jours. Une ARM coûte de 60 $ US à 90 $ US. En Iran, je n’ai malheureusement pas réussi à trouver de radiologue qui s’intéresse à l’échographie musculosquelettique ni de thérapeutes portant un intérêt particulier aux troubles de l’appareil locomoteur. Cela étant dit, je n’ai jamais eu de difficulté à emprunter l’appareil d’échographie musculosquelettique du service de radiologie pour réaliser les injections dans la hanche et pour évaluer quelques cas d’arthrite au stade précoce. Canada L’exercice de la rhumatologie à TerreNeuve ne diffère pas vraiment de celui au Royaume-Uni, à l’exception des temps d’attente qui sont ici effroyables. L’éloignement géographique entraîne de réelles difficultés; un grand nombre de mes patients ne peuvent effectuer les longs déplacements requis pour rencontrer leurs médecins aussi souvent qu’ils le voudraient faute de moyens financiers ou à cause des conditions météorologiques. Au Canada, les rhumatologues emploient souvent des médicaments biologiques que je n’ai jamais utilisés au R.-U., par exemple l’abatacept pour le traitement de lA polyarthrite rhumatoïde (PR). Par contre, j’ai une vaste expérience de plusieurs autres médicaments qui sont rarement prescrits ici. Par exemple, j’ai obtenu des résultats favorables avec le rituximab dans le traitement de la PR et de la vasculite associée aux anticorps dirigés contre le cytoplasme des polynucléaires neutrophiles (ANCA) chez mes patients britanniques, et pourtant ces agents sont rarement employés à TerreNeuve. Fait à souligner, lorsque je compare le prix des médicaments, y compris ceux des médicaments biologiques, je constate que les prix sont moins élevés au R.-U. Je soupçonne que l’industrie pharmaceutique britannique investit moins dans la promotion auprès des médecins : nous devons en effet nous conformer aux lignes directrices du National Institute for Health and Clinical Excellence (NICE) et aux lignes directrices locales en cette matière. À la question « Dans quel pays souhaiterais-je vivre si j’étais atteint de PR? », je répondrais en général « Au Royaume-Uni. ». En effet, il n’y a pas de système complexe et déroutant de sociétés d’assurance privées. Il n’existe pas non plus d’honoraires additionnels pour l’exécution des ordonnances, et même si de nombreux médecins ne sont pas d’accord avec toutes les décisions du NICE, je crois que cet organisme met tout en œuvre pour que tous les Britanniques reçoivent des soins homogènes. Au R.-U., je n’ai jamais entendu aucun patient dire qu’il n’avait pas les moyens de payer ses médicaments. Même si j’étais au chômage, mes soins de santé seraient défrayés par le NHS...à condition bien entendu que l’économie britannique ne continue pas à se détériorer. Ramin Yazdani, M.D., MRCP(U.K.) Rhumatologue consultant, Eastern Health Clinical Professeur adjoint de clinique, Memorial University St. John's, Terre-Neuve JSCR 2012 • Volume 22, Numéro 4 25 IMPRESSION ET OPINION Règle no 1 par Laurence A. Rubin, M.D., FRCPC Chennai, état du Tamil Nadu, Inde Février 2008 « La première page du Hindu (édition du Tamil Nadu) signalait des troubles inhabituels à la gare d’autobus principale T-Nagar samedi soir dernier. Un touriste de race blanche, apparemment très perturbé, courait en tous sens sur la plateforme en criant “Kati, Kati!” ». Selon un témoin oculaire, il a quitté en montant dans l’autobus numéro 599… » C hennai (autrefois Madras) est l’une des quatre mégapoles de l’Inde, les autres étant Mumbai, Delhi et Calcutta. Contrairement au brouillard du décalage horaire dans lequel nous étions en descendant à Mumbai, nous arrivions à Chennai après quatre semaines en Inde et quelques connaissances des lieux. Notre liste de priorités incluait quelques arrêts essentiels : soie (Chennai est l’endroit où magasiner en Inde), livres et cappuccino. Une voiture privée était à notre disposition le premier jour, compliment du gérant de l’agence de voyage. Même si la circulation est chaotique dans cette ville de dix millions d’habitants, les rues arboraient des travées. À bien y regarder, toutefois, on voyait qu’il y avait au moins deux voitures, un camion et une motocyclette par travée. Heureusement, il n’y avait pas de vaches. La visite a été un grand succès : une pile de nouveaux livres à la librairie Landmark, des cadeaux, et un excellent café à l’Amethyst, une oasis de paix dans le quartier Gopalapuram. Finalement, nous avons visité Nalli, le fameux palais de la soie à Panagal Park. Une fois l’étoffe achetée, on nous avait dit que des tailleurs pouvaient fabriquer un vêtement en 24 heures, mais lorsque je me suis informé auprès de notre vendeuse, elle a d’abord été évasive, prétendant n’avoir jamais rien entendu de tel. J’étais déçu, mais alors comme c’est souvent le cas en Inde, elle m’a demandé quelle était ma profession. J’ai répondu « médecin », puis étonnamment, elle m’a demandé « De quel type? », j’ai répondu « spécialiste de l’arthrite ». Elle a ouvert grand les yeux puis elle s’est mise à me raconter ses problèmes de genoux avant de brandir un papier couvert d’ordonnances. Elle m’a demandé mon opinion. J’ai hésité, puis j’ai entrepris de lui répondre, tout en lui rappelant que nous cherchions un tailleur. La solution à son problème et au nôtre est alors miraculeusement apparue, tout comme le tailleur, puisque sa mémoire lui était revenue. Très satisfaite de ma sincérité et de mes réponses détaillées, elle m’a demandé de consulter un collègue plus jeune. « Peutêtre un nouveau syndrome », ai-je murmuré, « le syndrome de 26 JSCR 2012 • Volume 22, Numéro 4 Nalli ». Gardant à l’esprit mon statut officieux dans cette juridiction, je lui ai montré quelques exercices simples et je lui ai donné le meilleur des conseils, celui de perdre du poids! Notre vendeuse, alors très reconnaissante, nous a aidés à franchir toutes les étapes jusqu’au résultat final de ce processus d’achat complexe, en disant à tous ses acolytes que le « docteur » allait revenir et qu’ils devaient attendre leur tour pour recevoir des conseils. L’après-midi suivant, après avoir visité le Temple du Rivage à Mahabalipuram, notre guide nous a ramenés en ville, à 50 km de là. Les vêtements allaient être prêts pour 18 heures, donc, après un goûter à l’Amethyst, nous avons demandé au personnel du restaurant comment nous rendre à pied. Ils ont grimacé. Les touristes ne marchent pas et apparemment, les Indiens non plus. Prenez un tuk-tuk (cyclo-pousse). Seulement 30 roupies (environ 0,50 ¢ canadiens). Nous avons insisté. Et ils ont fini par nous indiquer le chemin. Mon fils aîné, qui avait déjà voyagé en Inde, nous avait donné quelques conseils précieux avant notre départ. Règle no 1 : ne jamais conduire le soir. Il ne nous avait toutefois rien dit pour ce qui est de marcher le soir. Les voitures avancent lentement et le personnel nous a confirmé que nous ne risquions pas d’être harcelés. Les trottoirs de Chennai servent de prolongement aux boutiques des rez-de-chaussée et à de multiples autres commerces et installations : étals de fortune ployant sous les aliments, nombreux petits ateliers, boutiques de fleurs et chiens endormis. Les vaches sont repoussées vers la banlieue. Comme les trottoirs sont généralement réservés à ces activités, pour marcher, il reste la rue. Notre dilemme : conduire le soir? Non. Marcher le soir? Ça nous semblait assez sécuritaire. Il suffisait d’ignorer la circulation et de faire confiance à l’adresse des automobilistes. Après avoir négocié le viaduc et la rue Alan Salai, nous avons vu apparaître les lumières de Panagal Park sur fond de soleil couchant. Après 30 minutes, nous avons atteint le Palais de la soie de Nalli. Comme promis, la boutiquière nous a accompagnés jusqu’au minuscule petit deux-pièces du troisième étage, tout près. Plusieurs tailleurs apportaient les dernières touches aux nouvelles robes de mon épouse, copies exactes du modèle qu’elle leur avait fourni, jusqu’au défaut d’emplacement du bouton de manchette! Nous nous sommes excusés d’avoir négligé de corriger l’original et le tout a rapidement été réparé. Nous avions déjà décidé d’utiliser le transport en commun pour retourner à Mahabalipuram, après nous être laissés dire qu’il s’agissait d’un autobus Volvo, moderne, climatisé, qui passait toutes les heures. Notre guide nous a assurés qu’il s’agissait d’une excellente option tout à fait sécuritaire et plus conforme aux paramètres généraux des règles à respecter le soir. Par hasard, un autre client se dirigeait vers la gare d’autobus principale de T-Nagar et nous a offert de nous accompagner. La marche jusqu’au terminus a été lente, freinée par de multiples obstacles et un chaos généralisé. Les rues étaient remplies de badauds et d’acheteurs. Une bataille a éclaté à une intersection. Une motocyclette a écrasé le pied de quelqu’un. Nous sommes arrivés et je me suis approché du comptoir officiel le plus proche. « Pardon monsieur. À quelle heure est l’autobus climatisé pour Mahabalipuram et combien coûte le billet? » ai-je demandé, en espérant que nous n’aurions pas trop longtemps à attendre. « L’autobus climatisé pour Mahabalipuram, c’est terminé pour ce soir. Le prochain est demain matin », m’a répondu l’homme derrière le comptoir, de l’air de quelqu’un qui aime bien annoncer les mauvaises nouvelles aux touristes. Il se demandait aussi probablement ce que nous faisions au terminus, même si, à mon avis, il n’était pas au courant de la Règle no 1. « Mais », a-t-il ajouté avant que je puisse poser une autre question, « il y a l’autobus 599 Deluxe à 20 h 30. » J’ai informé mon épouse qu’il n’y avait pas d’autobus climatisé, mais un autobus « deluxe », tout de même. Je me suis retourné pour demander où se trouvait l’arrêt de l’autobus Deluxe 599. L’homme a vaguement pointé du doigt vers un amas confus du côté droit. « Combien? », ai-je demandé. « 23 roupies par personne », a-t-il répondu. Avant de se rendre à l’autobus, il restait un problème; dans ma hâte habituelle, je n’avais pas clarifié mes plans avec mon épouse. Or, arrivé au bout de sa course, l'autobus Deluxe 599 se rangeait en pétaradant. Je suis retourné en courant jusqu’au guichet, mais oh, horreur, ma femme n’était plus là. Pris de panique, je me suis mis à courir en criant son nom dans la pénombre du grand terminus. Pas de chance. Éperdu, je craignais le pire, et je criais toujours. Puis, sortant de la foule, un homme m’a tapoté l’épaule et, à ma grande surprise, il a pointé du doigt l’endroit exact où se tenait ma femme. Je l’ai remercié. Je me suis approché et après les explications de circonstances, nous nous sommes dirigés vers l’autobus et avons trouvé des sièges. L’heure de départ prévue, 20 h 30, semblait aléatoire. Je me suis informé auprès d’un autre passager qui m’a confirmé que c’était bien le bon bus. À 20 h 50 HAI (heure aléatoire de l’Inde), le véhicule s'est mis en marche et s'est faufilé sur la chaussée transformée en champ de bataille nocturne par la densité de la circulation à Chennai. Quelques minutes plus tard, le contrôleur s’est approché de nous pour demander nos billets en s’informant de notre destination. « Mahabalipuram. Deux billets, s’il vous plaît. » Il a poinçonné sa machine et une facture de 50 roupies en est sortie. Pourquoi l’écart avec le prix au terminus? Frais de service... Nous sommes arrivés à Mahabalipuram une heure et demie plus tard, aucun cyclo-pousse en vue. Je ne m’imaginais pas marcher encore 5 km dans la pénombre le long de l’autoroute. Plusieurs passagers, conscients de notre difficulté, se sont adressés au contrôleur de l’autobus et une solution est apparue : le bus allait nous laisser à notre destination sur son trajet de retour vers la ville. Seuls dans l’autobus, nous avons attendu. Finalement, le contrôleur, un homme pompeux, à la propreté douteuse, s’est penché et nous a demandé l’heure. Étrange qu’il ait été le seul à ne pas avoir de montre, mais inutile de compliquer les choses davantage en posant des questions, je lui ai dit qu’il était presque 23 heures. Il a alors ajouté : « 10 roupies chacun ». J’ai payé et il est retourné vers l’avant de l’autobus. Le chauffeur, fatigué après une longue journée de travail et probablement mieux rémunéré, lui a donné congé. L’air de la nuit était frais et l’autobus vide roulait rapidement sur l’autoroute qui longeait la plage. Peu après, l’enseigne lumineuse de l’hôtel est apparue et comme promis, on nous y a laissés. Il restait un problème. Nous devions traverser l’autoroute. La nuit. La bonne nouvelle? Nous ne conduisions pas. Laurence A. Rubin, M.D., FRCPC Professeur de médecine, Université de Toronto Rhumatologue, St. Michael's Hospital Toronto, Ontario JSCR 2012 • Volume 22, Numéro 4 27 IMPRESSION ET OPINION De la Guadeloupe à Calgary par Aurore Fifi-Mah, M.D., FRCPC J e suis née en Guadeloupe, une île des Petites Antilles françaises; à 17 ans, j’ai quitté mon île pour aller étudier la médecine en France avec l’intention de revenir exercer dans ma ville. Je n’aurais jamais imaginé vivre à Calgary ni y travailler à titre de rhumatologue agréée au Canada. J’ai reçu ma formation en France et j’y ai exercé la médecine, ainsi qu’en Martinique, en Guadeloupe et, finalement, à Calgary. Tout au long de ce parcours, j’ai été exposée à différentes cultures et à divers systèmes de soins de santé; j’ai rencontré mon mari canadien durant mes études à Paris. C’est ainsi que j’en suis venue à choisir le Canada pour y fonder une famille et poursuivre ma vie professionnelle. Il importe d’abord de comprendre le statut des Antilles françaises par rapport à la France. Les Dre Fifi-Mah et sa famille. îles sœurs de la Guadeloupe et de la Martinique sont des départements français d’outre-mer et si on simplifie beaucoup, leur statut ressemble un peu à amenée à traiter des patients atteints de pathologies comcelui des provinces canadiennes. Toutefois, le gouverne- plexes, et je me suis intéressée tout naturellement à la ment régional est en grande partie tributaire de la gouver- rhumatologie. En France, les internistes se spécialisent nance et des transferts de fonds du gouvernement dans des maladies complexes dans divers domaines, y français, centralisé à Paris. Chaque étudiant français a compris dans les maladies auto-immunes; une telle pradroit à l’éducation supérieure « gratuite », c’est-à-dire que tique ressemble beaucoup à l’exercice de la rhumatologie les frais de scolarité à l’université sont très bas, y compris au Canada. Je souhaitais cependant exercer en cabinet et pour les études de médecine. il me semblait que dans mon cas, la rhumatologie serait le Bien qu’il y ait une université à la Guadeloupe, la faculté meilleur choix. Contrairement à ce qui se fait au Canada, de médecine a été créée seulement en 1998. Par con- toutefois, la spécialisation en médecine interne n’est pas séquent, les étudiants de 12e année qui envisageaient une un préalable pour entreprendre une formation surspéciacarrière en médecine devaient poser leur candidature lisée. Les connaissances générales sont acquises durant dans les universités en France. J’ai choisi d’étudier à Paris les trois années de stage hospitalier, y compris des stages et j’ai été acceptée dans une des facultés de médecine les de trois mois dans les spécialités obligatoires en médecine plus récentes, soit Paris XII. Les étudiants suivent une et en chirurgie. Mes quatre années de formation spéciaannée de cours scientifiques de base, puis après des exa- lisée comprenaient des stages de six mois dans des unités mens de sélection, environ 20 % d’entre eux peuvent de soins en rhumatologie dans différents hôpitaux de entreprendre leur formation médicale; ils voient leurs pre- Paris. À titre de médecin résidente, j’étais responsable miers patients cliniques durant la troisième année d’un maximum de 16 patients par jour. Après 10 années de d’étude. formation, j’ai décidé de poursuivre deux années addiLe programme de résidence commençait après la tionnelles comme chef de clinique, c’est-à-dire de diriger sixième année et il fallait réussir l’examen de sélection l’unité de soins de rhumatologie et de médecine interne pour entreprendre une formation spécialisée; l’étudiant sous la supervision des chefs respectifs de ces deux pouvait aussi devenir omnipraticien par défaut (échec à départements. l’examen de sélection) ou par choix (ne pas passer cet exaSuite à la page 39. men). Mes trois mois de stage en médecine interne m’ont 28 JSCR 2012 • Volume 22, Numéro 4 NOUVELLES RÉGIONALES Bienvenue à Winnipeg par David B. Robinson, M.D., FRCPC A u moment où vous lirez ces lignes, l’hiver sera arrivé dans la plupart des régions du Canada. Toutefois, alors que je rédige ce texte, le Manitoba émerge d’une tempête de neige hâtive – au début d’octobre – qui a laissé plusieurs de nos régions sans électricité durant plusieurs jours. Heureusement, beaucoup d’entre nous étaient bien à l’abri à l’hôtel historique Fort Garry pour assister à un symposium international sur la prévention de la PR dans les populations des Premières Nations (Rheumatoid Arthritis in First Nations : Defining the Road to Disease Prevention). Les participants étaient venus de partout au Canada et aux États-Unis pour assister à ce symposium de deux jours parrainé par les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) afin d’examiner le phénotype singulier de la PR dans les Premières Nations, d’explorer des méthodes pour faire participer ces collectivités à la recherche, pour discuter des progrès réalisés pour mieux prévoir le début de la PR chez les sujets à risque élevé et pour élaborer des stratégies de prévention pour ces patients. Depuis environ 12 ans, nous, rhumatologues, avons insisté uniquement sur l’importance du traitement énergique précoce de la PR et pour cette raison, nous sommes particulièrement ravis d’envisager de pouvoir un jour prévenir cette maladie dévastatrice. Sachez par ailleurs que les nouvelles du Manitoba ne portent pas seulement sur les tempêtes de neige et les symposiums! Lors d’une conférence de presse organisée par la Société de l’arthrite (SA), nos plus récentes diplômées et toutes nouvelles rhumatologues, les Dres Amanda Patenaude et Daniela Stroescu, ont été présentées par le ministre de la Santé du Manitoba qui les a félicitées par une chaleureuse accolade. (Avez-vous donné l’accolade à votre ministre de la Santé dernièrement?) Ces nouvelles collègues portent à 15 le nombre de rhumatologues au Manitoba, une très nette amélioration comparativement à la situation antérieure, mais un nombre encore très insuffisant. En plus de l’arrivée de nouveaux médecins enthousiastes, voici d’autres nouvelles intéressantes : le Dr Tim McCarthy a décidé de prendre la course à pied au sérieux et il a participé à plusieurs marathons cette année, il s’est même qualifié pour le marathon de Boston. Bravo Tim! À l’université, la Dre Navjot Dhindsa s’est laissé convaincre d’accepter le poste de Directrice du programme et elle travaille déjà avec enthousiasme à la mise à jour du programme de formation; elle souhaite plus particulièrement rendre la rhumatologie attrayante aux yeux des résidents C’est bien connu, les rhumatologues manitobains ont l’esprit grégaire. Alors, attendez-vous à voir leurs noms dans les différents projets nationaux : Canadian Early Arthritis Cohort (CATCH), le Groupe de recherche canadien sur la sclérodermie (CSRG), le Réseau canadien pour l’amélioration du pronostic du LED (CANIOS), le Groupe de recherche canadien sur les vascularites (CanVasc), la Société canadienne pour l’ultrasonographie en rhumatologie au Canada (SCUR/CRUS) et, bien entendu, la SCR (veuillez me pardonner si j’ai oublié un acronyme!). En terminant, je rappelle que nous cherchons sans cesse à accroître le nombre de rhumatologues au Manitoba, en particulier en milieu universitaire et en pédiatrie. Si vous souhaitez vous joindre à un groupe qui privilégie la collégialité et si vous désirez travailler dans une région qui, vu le réchauffement global, bénéficiera bientôt du climat le plus doux au Canada, écrivez-moi à [email protected]. David B. Robinson, M.D., FRCPC Professeur agrégé de médecine Chef, section de rhumatologie Directeur, Centre de l'arthrite Université du Manitoba, Winnipeg, Manitoba JSCR 2012 • Volume 22, Numéro 4 29 IMPRESSION ET OPINION Suite de la page 28. J’avais visité Montréal en 1989 et, en compagnie de mon futur mari, la ville de Calgary en 1995. J’ai su dès lors que j’aimais ce pays, la gentillesse de ses habitants, l’immensité des paysages et j’étais enthousiasmée par l'idée découvrir un « Nouveau Monde ». Il m’a semblé que ce serait le meilleur endroit pour élever une famille : un pays bilingue où nos enfants pourraient parler français, où le prix des propriétés est abordable et où nous pourrions avoir une maison près de notre lieu de travail sans avoir à perdre une heure à l’aller et au retour (eh oui, cette réalité existe même dans les îles!); en outre, nous pourrions compter sur le soutien de la famille de mon mari à Calgary. Malheureusement, j’avais sous-estimé les embûches à vaincre pour avoir le droit d’exercer la médecine au Canada. Ce parcours a été ardu : après une année à travailler comme adjointe au médecin en médecine interne, trois années de résidence en médecine interne et deux années comme boursière de recherche en rhumatologie et de nombreux examens, j’ai enfin été autorisée à exercer la médecine au Canada. J’exerce maintenant comme rhumatologue en milieu hospitalier à Calgary et mon travail me passionne; je m’intéresse particulièrement à la vascularite et au lupus. Nous avons cinq enfants qui ont la chance de fréquenter une école française, située à distance de marche de la maison. C’est un rêve devenu réalité, mais comme c’est souvent le cas, il a fallu de nombreux sacrifices. Mon seul regret est d’avoir été obligée de refaire toutes mes années de résidence même si j’étais convaincue d’avoir reçu une excellente formation en France, d’avoir soigné des maladies rares que j’ai rarement observées durant ma formation au Canada. Malheureusement, cette formation en France n’a pas été appréciée à sa juste valeur par le Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada. Aurore Fifi-Mah, M.D., FRCPC Université de Calgary Calgary, Alberta JSCR 2012 • Volume 22, Numéro 4 39 DIX POINTS À RETENIR Dix points essentiels que les rhumatologues devraient connaître (mais ne connaissent peut-être pas) à propos des médecins du travail par Maureen Cividino, M.D., CCFP, FCFP, DOHS, CCBOM, CIC L a médecine du travail et de l’environnement (MTE) est une pratique médicale en milieu de travail axée sur la prévention et le traitement des blessures, des maladies et de l’invalidité reliées au travail et à l’environnement, ainsi que sur la promotion de la santé et de la productivité des travailleurs, de leurs familles et des collectivités. Les médecins du travail et de l’environnement possèdent des compétences particulières pour s’occuper du bien-être physique, social et mental du travailleur dans son milieu de travail. Ces médecins fournissent aux entreprises des conseils médicaux spécialisés pour les aider à optimiser la performance du capital humain et à améliorer la productivité dans les milieux de travail. 1) Ce que nous faisons Examens médicaux préalables à l’embauche et périodiques (p. ex., pour le personnel d’aviation, les pompiers, les routiers); surveillance médicale (p. ex., exposition à l’amiante, à la silice, à la tuberculose); monitorage biologique (p. ex., concentrations du plomb, du mercure, du cadmium); prise en charge avant et après l’exposition à des substances (p. ex., immunisation, pathogènes à diffusion hématogène, cyanure); élaboration de programmes et de politiques (préservation de l’ouïe, abus de drogues et d’alcool); analyses des exigences d’un emploi; audits; gestion de l’invalidité; examens médicaux indépendants (EMI). 2) Les milieux où nous exerçons Dans les entreprises, les hôpitaux, les ministères (Santé, Environnement, Travail, Forces armées); dans le milieu des assurances (Commission d’indemnisation des accidents du travail et Commission de sécurité professionnelle et de l’assurance contre les accidents du travail); Régime de pensions du Canada (RPC); régimes privés d’assurance invalidité; en cabinet privé. 3) Doubles responsabilités Nous portons deux chapeaux – notre première responsabilité est de faire tout ce que nous pouvons pour aider votre patient et les nôtres dans leur milieu de travail, et notre seconde est de veiller à ce que le travail soit accompli de manière sécuritaire pour toutes les personnes concernées. 40 JSCR 2012 • Volume 22, Numéro 4 4) Philosophie de travail Les signes objectifs de la maladie et de l’invalidité ne sont pas tant reliés à la présence au travail et à la capacité de travailler qu’au désir de travailler. La capacité de continuer à travailler avec succès est déterminée par l’interaction complexe de facteurs physiques, biologiques, sociaux et psychologiques. Fait à souligner, les patients atteints d’arthrite inflammatoire (AI) sont souvent très motivés au travail et ils s’acquittent très efficacement de leurs tâches, alors que d’autres patients ayant des signes physiques et biologiques objectifs moins évidents d’une maladie éprouvent parfois de grandes difficultés à accomplir leur travail. De nombreux patients atteints d’une AI grave réussissent à aller travailler chaque jour. Malheureusement, le corollaire est également vrai. 5) Fibromyalgie Selon les lignes directrices 2012 pour le diagnostic et la prise en charge du syndrome de fibromyalgie élaborées par la Société canadienne de rhumatologie (SCR), la responsabilité du diagnostic et de la prise en charge de la fibromyalgie devrait être confiée d’abord aux médecins de premier recours. Étant donné que les critères à l’appui de ce diagnostic sont entièrement subjectifs, la prise en charge de la fibromyalgie sera encore plus difficile dans le milieu de travail. Toujours selon ces lignes directrices, les médecins doivent encourager les patients à continuer de travailler; en cas de long congé de maladie, les médecins doivent inciter les patients à participer à un programme de réadaptation pertinent, axé sur l’amélioration de la capacité fonctionnelle, y compris sur le retour au travail si possible. Ce diagnostic suscite de graves difficultés pour nous, car il signifie en général un pronostic d’invalidité totale ou des demandes de modifications des tâches qu’il est presque toujours impossible de satisfaire (p. ex., travail de jour seulement, aucun travail durant les fins de semaine, aucun quart de 12 heures, ne jamais soulever plus de 5 kg, mesures de réduction du stress). Dans presque tous les cas, d’autres facteurs jouent également un rôle, par exemple les problèmes familiaux, les relations interpersonnelles au travail, les troubles psychologiques traités de manière insatisfaisante. 6) Connaissance du milieu de travail Les médecins de l’environnement connaissent très bien le milieu de travail du patient et ils sont en mesure de donner de l’information objective précise à propos des exigences d’un emploi. Nous vous demandons donc de décrire les aptitudes et les limites de votre patient et nous pourrons les apparier avec un emploi donné. Au moment de rédiger vos recommandations pour le travail de votre patient, soyez réaliste et demeurez le plus objectif possible. Par exemple, il ne suffit pas de déclarer que votre patient n’est pas apte à travailler à l’unité de soins X ou d’occuper le poste Y ou de travailler avec monsieur Z. 7) Nous voulons discuter avec vous Des voies de communication efficaces jouent un rôle de premier plan dans l’obtention de résultats favorables. Vous pouvez communiquer avec nous par téléphone ou par courriel, et nous serons heureux de discuter de votre patient avec vous; si vous exercez en Ontario, un code d’honoraires a même été créé pour ces interventions. Pour de plus amples renseignements, vous pouvez m’écrire à [email protected] et à [email protected]. 8) Évaluations des risques pour vos patients Nous pouvons examiner de concert avec vous les risques physiques, chimiques et de maladies transmissibles ainsi que les risques d’exposition pour vos patients; nous pouvons également vous aider dans la revue des immunisations pertinentes pour votre patient et des possibilités de placement au travail. 9) Médecine du travail et de l’environnement (MTE) Le « E » dans l’acronyme MTE revêt une importance croissante maintenant que les questions environnementales retiennent de Dre Maureen Cividino et Dr Alfred Cividino : un match parfait! plus en plus l’attention (craintes au sujet des radiofréquences, pollutions, éoliennes, présence de substances chimiques dans l’eau ou les aliments). 10) Des partenariats efficaces Nous sommes tout simplement faits les uns pour les autres! Maureen Cividino, M.D., CCFP, FCFP, DOHS, CCBOM, CIC Présidente, Association canadienne de la médecine du travail et de l’environment (ACMTE) Ancienne présidente, Association médicale de l’Ontario (AMO), section sur la médecine du travail et de l'environnement Médecin, Prévention et contrôle des infection, Santé publique de l’Ontario Médecine du travail, St. Joseph's Healthcare Hamilton, Ontario Réservez ces dates La 12e assemblée générale et scientifique annuelle de l’Association ontarienne de rhumatologie (AOR) se tiendra du 24 au 26 mai 2013 au JW Marriott Conference Centre, à Muskoka, en Ontario. Cette réunion offre un excellent programme académique, des informations pratiques de gestion de bureau et une excellente occasion de réseauter avec vos collègues dans un environnement champêtre! Les possibilités d’apprentissage englobent : des mises à jour d’experts sur les nouvelles sciences et des points pratiques liés à la prise en charge de certaines maladies rhumatismales, ainsi que des ateliers pour améliorer l’efficacité de la pratique et des soins aux patients, avec la possibilité d’obtenir toutes les réponses à vos questions. Pour plus de renseignements, contactez [email protected]. JSCR 2012 • Volume 22, Numéro 4 41