Dossier de Français: Le Libertinage

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Dossier de Français: Le Libertinage
BUREL Guillaume
1ièreS1
GARNIER Damien
Dossier de Français:
Le Libertinage
2007/2008
Problématiques:
•
Qu'est -ce que le libertinage ?
•
Comment a-t-il évolué au cours des siècles ?
–
Introduction
–
I – Perspective historique du libertinage
–
–
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–
1) Étymologie du terme
–
2) Origines du terme
–
3) Chronologie (aux XVI, XVII et XVIIIèmes siècles)
II – Définition du libertinage
–
1) Le libertinage d'idées
–
2) Le libertinage de mœurs
–
3) Auteurs célèbres
III – Bibliographie
–
1) XVIème siècle
–
2) XVIIème siècle
–
3) XVIIIème siècle
Conclusion
Introduction:
Le libertinage peut paraître comme un courant philosophique mais également
comme un style de comportement. Ayant pris forme au XVIe siècle, ce mouvement
perdure au cours des siècles dans les différentes sociétés.
Nous cherchons à établir une définition de ce mouvement: qu'est-ce que le libertinage et
comment a-t-il évolué?
Pour répondre à ces questions, nous ferons une approche dite diachronique: pour cela,
nous nous intéresserons à l'histoire du terme, nous tenterons d'en tirer une définition
puis nous étudierons ses différentes évolutions.
I- Perspectives historiques
Le mot « libertin » est emprunté au XVème siècle au latin libertinus, « affranchi,
libéré ». Ce terme, s’appliquant dans la Rome antique aux esclaves libérés de l'autorité
de leur propriétaire, tout juste sortis de leur servitude, possède à l’origine un caractère
péjoratif en français.
Relecture des théories du philosophe grec Épicure, le libertinage est un courant de
pensée né au XVIe siècle, développé en Italie (Cardan, Paracelse, Machiavel) et qui
débouchera au XVIIIe siècle sur la notion de raison critique des philosophes.
Parallèlement apparaît, dans les traductions de la Bible, le mot « libertiniens » (qui
devient « libertins » au XVIème siècle), qui désigne un groupe de juifs affranchis de
l’enseignement de leurs pairs. Au XVIème siècle, le terme s’applique, sous la plume de
Jean Calvin, à des membres de sectes anabaptistes qui se sont affranchis de certaines
traditions religieuses d’un point de vue intellectuel mais aussi moral, en niant la notion
de péché, par exemple. Ces « incrédules » sont alors jugés hérétiques, et le réformateur
Guillaume Farel parle d’une « doctrine pour putains et ruffians ».
Libre penseur, le libertin désigne par glissement de sens, dès le XVIIème siècle, un
épicurien. Par extension, il caractérise au XVIIIème siècle des auteurs et des textes
romanesques français contemporains dont la visée philosophique s’approche de la
pensée libertine. Le terme « libertinage » est avéré dès le début du XVIIème siècle, mais
son acception moderne date de la fin de ce siècle. Le libertinage a alors une forte
connotation morale et désigne tous ceux qui ont des « mœurs légères », qui sont
« débauchés », tandis que le parallélisme entre athéisme et épicurisme tend avec le
temps à s’estomper, notamment grâce à Pierre Bayle. Le verbe « libertiner », c’est-à-dire
« vivre dans le libertinage », est né quant à lui en 1734. Le terme « libertinisme »
s’applique plus précisément aux facettes philosophiques du courant libertin.
Au tout début du XVIIème siècle, avec le règne d’Henri IV et surtout au début du règne
de Louis XIII, le pouvoir des dévots se fait moindre qu’au siècle précédent et la censure
est quasi inexistante. Dans ce contexte, à partir de 1620, de jeunes aristocrates cherchent
à s’affranchir des règles de la société. Provocant, un groupe d’érudits épicuriens appelé
« les messieurs du Marais » dont fait partie Théophile de Viau « s’emport[e] tous les jours
dans des excès qui [vont] jusques au scandale » (Mémoires du cardinal de Retz, posth.
1717), chantant notamment dans les cabarets des chansons blasphématoires et
obscènes. Théophile de Viau est donc l’un de ces premiers esprits que l’on appelle
libertins, tout comme Jacques Vallée des Barreaux et François Maynard , auteur des
Priapées, de chansons à boire, et de poèmes érotiques. Athées, irréligieux et inspirés par
la pensée de l’Italien Giulio Cesare Vanini, ces libertins ont le goût du luxe et de la
débauche et produisent des textes satiriques ou cyniques, le plus souvent publiés de
manière anonyme.
Ces premiers libertins sont la cible de nombreux détracteurs, tels le religieux
François Garasse qui, dans la Doctrine curieuse des beaux esprits de ce temps, ou
prétendus tels , « appelle libertins [les] ivrognets, moucherons de taverne, esprits
insensibles à la piété, qui n’ont autre Dieu que leur ventre... » et attaque plus
particulièrement Théophile de Viau.
Un libertinage savant, aussi nommé libertinisme philosophique, se développe d’abord
entre 1610 et 1660, en réaction contre l’austérité et le pouvoir des religions révélées. À
cette époque, les libertins sont avant tout des philosophes, des scientifiques, des érudits,
des esprits ouverts et curieux, désireux de voir régner une plus grande liberté de pensée,
notamment en matière de religion. Un libertin est alors un bel esprit, indépendant et
libéré des préjugés et des traditions, le plus souvent animé par le scepticisme moderne
initié par Michel Eyquem de Montaigne dans ses Essais et par le rationalisme de René
Descartes. Les libertins, dans leur critique de la religion, croient en une mère Nature et
prônent un savoir fondé sur la raison et l’observation. Les plus importants de ces
penseurs sont le philosophe et savant Pierre Gassendi, le médecin Gabriel Naudé,
l’écrivain François La Mothe Le Vayer et le médecin du roi Guy de la Brosse.
L’un des plus grands libertins savants est Pierre Gassendi, philosophe et mathématicien,
qui réhabilite l’épicurisme et se trouve à l’origine d’un courant de pensée qui porte son
nom, le gassendisme. Ce dernier prône une recherche raisonnée de la vérité, non en
appliquant sur les faits et les choses des principes préétablis, mais en tenant compte de
la réalité dans sa diversité. Comme lui, les libertins érudits se montrent prudents dans
leurs discours et dans leurs attitudes : qu’ils soient épicuriens, rationalistes, déistes,
hostiles au pape, athées ou seulement critiques à l’égard de l’Église catholique, ils
n’exposent pas directement le fond de leur pensée, pour échapper à la censure et à la
répression. Ils usent ainsi dans leurs ouvrages de sous-entendus, d’ironie, de doubles
sens, d’allusions et ont parfois recours à des publications clandestines. La liberté de
pensée revendiquée par les libertins et beaucoup critiquée par leurs adversaires est
sujette à de nombreuses persécutions : censure, emprisonnement, exil, voire exécution
(notamment pour l’ancien moine italien devenu philosophe et mathématicien Giordano
Bruno, auquel on a coupé la langue et qui, condamné par l’Inquisition, a fini sur le
bûcher, tout comme le philosophe César Vanini, condamné et brûlé sur le bûcher en
1619). Le libertinisme, si discret soit-il, est sans doute le plus efficace à ébranler les
habitudes de pensée et les croyances officielles. Guillaume Amfrye est l’un des derniers
libertins savants dont la pensée et les valeurs morales perdurent jusqu’à la génération de
Voltaire, son disciple.
II – Définition du terme
Le libertinage d'idées peut se définir comme le refus de se soumettre à des règles
ou à une régularité au profit d'une certaine légèreté. Dans sa version d'origine, le libertin
est celui qui remet en cause les dogmes établis, c'est un libre penseur dans la mesure où
il est affranchi, en particulier, de la métaphysique et de l'éthique religieuse. Si l'on ne
retient aujourd'hui volontiers que l'aspect sensuel et vaguement immoral du libertinage,
ce rejet d'une morale fondée sur la vertu n'est finalement que la conséquence de leur
philosophie : l'absence de Dieu légitime l'envie de jouir de sa vie terrestre et cette quête,
qui ne se fera néanmoins pas au mépris d'autrui, est le but ultime.
Le sens qui prévaut de nos jours, se réfère au libertinage de mœurs, c'est-à-dire
celui qui s'adonne aux plaisirs charnels avec une liberté qui dépasse les limites de la
morale conventionnelle et de la sensualité bourgeoise normale, mais aussi, avec un
certain raffinement cultivé.
À partir de la Régence qui succède au règne de Louis XIV, le libertinage de mœurs (liberté
d’agir et d’aimer) connaît un essor important. C’est en effet surtout dans les mœurs
amoureuses que le libertinage se développe au XVIIIème siècle, pour devenir un jeu
érotique fondé sur la séduction. La mise en scène de la conquête amoureuse et le rejet de
toute contrainte morale caractérisent en effet les pratiques des libertins de ce siècle. La
littérature porte naturellement la trace de ce fait de société.
Les œuvres dites libertines — essentiellement des romans ou des nouvelles — sont d’une
grande variété : histoires légères et coquines, ou bien pornographiques, tantôt
véhiculent-elles une véritable pensée philosophique, tantôt ne cherchent-elles qu’à
procurer un divertissement licencieux.
Quelques-uns des plus grands auteurs du XVIIIème siècle s’y essayent : on doit à
Voltaire des contes érotiques en vers, et à Denis Diderot des Bijoux indiscrets. Mais l’un
des récits les plus représentatifs de la littérature libertine reste peut-être Point de
lendemain (1777) de Vivant Denon, puisqu’il présente un jeune homme naïf quoique
sensuel aux prises avec une femme plus mûre, qui le séduit mais se joue de lui. Cette
intrigue mettant en présence le libertin avec des êtres plus jeunes et inexpérimentés qu’il
initie à son vice est en effet un des motifs favoris du genre : ce schéma est repris dans les
Liaisons dangereuses, de Choderlos de Laclos, chef-d'œuvre du roman libertin. Dans ces
romans, le libertinage est présenté telle une lutte.
Parmi les auteurs importants du courant libertin figurent également Honoré Gabriel
Riqueti, Comte de Mirabeau, Nicolas Chorier et Restif de la Bretonne. Une autre œuvre
majeure, anonyme, est l’Histoire de Dom Bougre, portier des Chartreux.
III – Bibliographie
Parmi les auteurs libertins du XVIème siècle figurent:
–
Gerolamo Cardano;
Paracelse;
–
Nicolas Machiavel.
–
Parmi les œuvres et auteurs libertin(e)s du XVIIème siècle figurent :
–
Charles Sorel (Histoire comique de Francion, 1623);
–
Théophile de Viau;
–
Cyrano de Bergerac;
–
Pierre Gassendi;
–
Nicolas Vauquelin Des Yveteaux;
–
Charles de Saint-Évremond;
–
Madame Deshoulières;
–
Jean Déhénault;
–
François Payot, sieur de Lignières;
–
l’abbé de Choisy qui, travesti en femme, prend les noms de Madame des Barres ou
de Madame de Sancy;
–
Guillaume Amfrye, hédoniste abbé de Chaulieu.
Parmi les œuvres libertines du XVIIIème siècle figurent :
–
Claude Godard d’Aucour (Thémidor ou Mon histoire et celle de ma maîtresse, 1745);
–
l’abbé Voisenon (le Sultan Misapouf, 1746);
–
Jacques Rochette de La Morlière (Angola, Histoire indienne, 1746);
–
Gimat de Bonneval (la Fanfiche ou les Mémoires de mademoiselle de***, 1748);
–
Jean-Baptiste Boyer d’Argens (probable auteur de Thérèse philosophe ou Mémoires
pour servir à l’histoire du Père Dirrag et de Mademoiselle Éradice, 1748);
–
Louis-Charles Fougeret de Monbron (Margot la Ravaudeuse, 1748-1750);
–
Paul Baret (Mademoiselle Javotte, ouvrage moral écrit par elle même et publié par
une de ses amies, 1758);
–
Charles Pinot Duclos, les Confessions du comte de***, 1741 ; Acajou et Zirphile, 1761;
–
François-Antoine Chevrier (le Colporteur, 1761);
–
Claude-Joseph Dorat (les Malheurs de l’inconstance, 1772);
–
Andréa de Nerciat (Félicia ou Mes fredaines, 1775);
–
Claude Villaret (la Belle Allemande ou les Galanteries de Thérèse ,1776);
–
ainsi que nombreux ouvrages anonymes.
Conclusion:
Au XVIème siècle, le libertinage n'était qu'intellectuel et en rapport avec la religion. Au
XVIIème siècle, cela a évolué vers un libertinage, toujours intellectuel, mais plus tourné
vis-à-vis de la morale plus en général. C'est au cours du XVIIIème siècle que le
libertinage a le plus évolué. En effet, la société est passée d'un libertinage intellectuel a
un libertinage de moeurs. À partir de la Régence qui succède au règne de Louis XIV, le
libertinage de mœurs (liberté d’agir et d’aimer) connaît un essor important, alors que les
Lumières reprennent l’héritage de la libre pensée. C’est surtout dans les mœurs
amoureuses que le libertinage se développe au XVIIIème siècle, pour devenir un jeu
érotique fondé sur la séduction. La mise en scène de la conquête amoureuse,
l’intellectualisation du plaisir et le rejet de toute contrainte morale caractérisent en effet
les pratiques des libertins de ce siècle. La littérature porte naturellement la trace de ce
fait de société.