CHAPITRE 5. LES FORCES ET LE PRINCIPE DES ACTIONS
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CHAPITRE 5. LES FORCES ET LE PRINCIPE DES ACTIONS
CHAPITRE 5. LES FORCES ET LE PRINCIPE DES ACTIONS RECIPROQUES Dans les chapitres précédents nous avons étudié la partie de la mécanique qui avait pour objet la description des mouvements: cette partie s’appelle la cinématique. Elle constitue ce que nous appelons une théorie descriptive du mouvement. Ce chapitre et ceux qui suivent seront consacrés à la description d’une théorie explicative du mouvement. Cela signifie qu’on cherche à rendre compte des mouvements qu’on observe à partir des facteurs qui les influencent. Puisque le facteur auquel on pense en premier lieu correspond aux forces en action, on a donné à cette partie le nom de dynamique, nom dérivé du grec « dunamis » ayant entre autres comme signification capacité, force . Les principes de base de la dynamique ont été découverts par le physicien anglais Isaac Newton. Il les exposait dans les "principia" (publiés en 1687). 1. Les forces 1.1 Définition On définit généralement les forces à partir de leurs effets observables. Un premier effet observable des forces est la déformation des corps: si on exerce une force de pression sur une éponge celle-ci se déforme, si on tire sur les deux extrémités d'un élastique celui-ci s'allonge. Un second effet est la modification d’état de repos ou de mouvement d’un corps. La ballon sur lequel on frappe abandonne son état de repos. L'action de l'air sur la toile ralenti la chute du parachutiste. La balle de tennis modifie sa trajectoire lorsqu'elle rencontre la surface du court. En exerçant une force sur un mobile, on peut soit le mettre en mouvement, soit l’arrêter ou encore changer sa trajectoire. La force est donc toute cause capable de modifier l’état de mouvement ou de repos d’un corps ou de le déformer. 1.2. La force est une grandeur vectorielle Attachons un fil à un bloc de bois et mettons celui-ci en mouvement par une traction exercée sur le fil. Nous appliquons alors une force (transmise par le fil) au point d’attache du fil (point A) sur le bloc. Il apparaît immédiatement que nous pouvons changer l’orientation de cette force, en modifiant la direction du fil, le sens de la force appliquée étant toujours déterminé par le sens de la traction. Nous pouvons aussi modifier la grandeur de la force appliquée: une traction plus vigoureuse étant indiquée par une modification plus rapide de la vitesse de l’objet. On parle de l’intensité de la force pour désigner sa grandeur. Figure 5.1. Vecteur force. La description complète d'une force nécessite donc de fournir les informations suivantes: la direction , le sens, l'intensité et le point d'application. Les forces sont donc représentées par des vecteurs que l’on et que l'on peut désigner par un symbole tel que F représente par une flèche. Le point d'application d'une force se trouvant toujours sur l'objet, l'origine de la flèche débutera en ce point. La ligne ayant la même direction que la force et passant par le point d'application de celle-ci est appelée ligne d'action de la force. 1.2. Mesure de l’intensité des forces Un des instruments permettant de mesurer l'intensité des forces est le dynamomètre. Le dynamomètre utilise la capacité des forces à déformer les corps pour en déterminer l'intensité. Il est gradué en newtons (N), unité internationale de la force. 1.3. Composition des forces Plusieurs forces s'exerçant sur une même objet sont dites concourantes lorsque leurs lignes d'action respectives se coupent en un même point. Si plusieurs forces concourantes s'exercent simultanément sur une même objet, il est possible de remplacer ces différentes forces par une seule appelée résultante. On vérifie expérimentalement que la résultante d'un ensemble de forces concourantes est la somme vectorielle des forces. Illustrons ce fait par un exemple. Considérons un Physique 5e – Chapitre 5 – Page 1/4 ressort dont une des extrémités est fixée à une paroi rigide. Accrochons deux dynamomètres à l'autre extrémité du ressort et exerçons sur chacune une force de traction. Les directions des deux forces sont déterminées par les direction des tiges des dynamomètres, leurs sens sont attractifs et leurs intensités peuvent être mesurées par lecture des dynamomètres. Les lignes d'action des deux forces concourent en un point, le point d'attache des deux dynamomètre. Nous observons alors une déformation du ressort. Ensuite, essayons d'obtenir la même déformation en accrochant un seul dynamomètre au ressort et en tirant sur celui-ci. La direction, le sens et l'intensité de la force peuvent être déterminés de la même manière. A partir des photographies de la figure (5.2) on peut représenter les forces exercées sur le ressort dans les deux situations. On observe alors que la force exercée par l'unique dynamomètre provoquant la même déformation est la somme vectorielle des deux forces exercées par les deux dynamomètres. manière de procéder peut être étendue à un nombre quelconque de forces. Figure 5.3. Somme de vecteurs forces. 1.4. Décomposition d'une force La décomposition d'une force est l'opération inverse de la composition de forces: il s'agit de trouver un système de forces de directions différentes ayant le même effet que la force unique. Considérons une force F et deux directions matérialisées par les droites a et b (figure 5.4) telles que la force F et les droites a et b soient coplanaires. Décomposer la force revient à F b parallèles aux droites a et b telles que F a F b = F . Les forces F a et F b sont appelées composantes parallèles aux droites a et b de la force F . Le point d'application des composantes F a et Fb est le même que celui de la force F . déterminer les forces Fa et Figure 6.2. Résultante de deux forces. Comment réaliser la somme d'un système de forces ? F1 et F2 F 1 F 2 qui peut se La somme de deux vecteurs forces est un vecteur force, noté construire géométriquement de deux manières différentes: soit en construisant le parallélogramme dont deux des cotés sont F 1 et F 2 la diagonale Figure 5.4; Décomposition d'un vecteur force. étant le vecteur somme (fig. 6.3), soit en mettant les vecteurs F 1 et F 2 bout à bout, le vecteur somme débutant au début du premier et se terminant à l’extrémité du second. La seconde Physique 5e – Chapitre 5 – Page 2/4 Souvent les directions selon lesquelles la force F est décomposée sont celles des droites OX et OY du système de référence cartésien. On note alors F x et F y les composantes du vecteur force F = F x ; F y . Le F qui s'écrit simplement théorème de Pythagore permet alors de calculer l'intensité du vecteur force F par la relation 2 2 ∥ F ∥= F x F y . expérience l'égalité des intensités des forces A , B et F B ,A . F L'égalité des intensités des forces d'action et de réaction est également vérifiée pour des étudiants ayant des masses différentes, mais dans ce cas les effets sur les étudiants ne sont pas identiques: le mouvement de recul de l'étudiant le plus léger est plus important que le recul de l'étudiant le plus lourd. Figure 5.5. Décomposition d'un vecteur force. 2. Le principe des actions réciproques 2. 1. Expériences. Considérons la situation suivante. Deux étudiants A et B de masses identiques sont debout sur des planches à roulettes identiques posées sur un sol lisse et horizontal. Les deux étudiants sont au repos et en contact par l'intermédiaire de leurs mains. A l'instant initial l'étudiant A tend les bras exerçant ainsi une force sur l'étudiant B. Dans un premier cas, une cale placée sous la roue de l'étudiant A l'empêche de reculer. On observe alors un mouvement de recul pour l'étudiant B, effet attendu de la force exercée par l'étudiant A sur l'étudiant B appelée action et notée A,B . F Dans un second cas, la cale est placée sous la roue de l'étudiant B et l'empêche de reculer. On observe alors un mouvement de recul pour l'étudiant A. On conclut de cette expérience, l'existence d'une force exercée sur l'étudiant A. Comme hormis le sol, le seul corps en contact avec l'étudiant A est l'étudiant B, cette force est exercée par l'étudiant B. Elle est appelée réaction et est notée . Figure 5.6. Action – réaction. Enoncé du principe des actions réciproques Les expériences décrites précédemment nous suggèrent l'énoncé du principe physique connu sous le nom de principe d'action-réaction. Lorsqu'un corps A exerce une force sur un corps B A , B et appelée action, le corps B exerce F B , A et également une force sur le corps A notée F notée appelée réaction. Ces deux forces ont même direction, même intensités et des sens opposés. Cela s'écrit B , A=− F A,B F B ,A F Dans ces deux cas, les mouvements de recul s'effectuent dans des sens opposés. On conclut que les forces A , B et F B , A ont des sens opposés. F Dans un troisième cas, aucune cale n'est placée sous les roues. Les deux étudiants s'écartent alors l'un de l'autre par un mouvement de recul identique pour chacun d'eux. On déduit de cette dernière figure 5.7. Action – réaction. Physique 5e – Chapitre 5 – Page 3/4 Rappelons qu'une loi physique est appelée principe lorsqu'elle est considérée comme vraie parce que vérifiée par l'expérience sans pour autant être démontrable. Notons que le principe d'action-réaction illustré cidessus dans le cas de forces de contact est également vérifié dans le cas de forces à distance. Comme l'illustre la figure 6.8, deux sphères conductrices identiques, porteuse de charges électrique s d e mê me s igne, se re pous sent mutuellement. L'observation des déviations par rapport à la verticale (mêmes amplitudes) montre l'égalité des intensités des forces d'action et de réaction. On peut donc en conclure la proposition suivante: si un corps reste au repos alors la résultante de toutes les forces exercées sur le corps est nulle. Si un corps soumis à un ensemble de forces { F1, F2, ... , FN } reste au repos alors FR= F1 F 2... FN =0 . Cela implique que le polygone formé en plaçant bout à bout tous les vecteurs forces appliqués à l'objet est fermé (figure 5.10). Figure 5.10. Polygone des forces. figure 5.8. Action – réaction. Cette loi des actions réciproques ou principe d'action -réaction est encore connue sous l'appellation «troisième loi de Newton». Si on décompose ces forces selon les directions d'un système cartésien, cela revient à dire que F 1x F 2x ...F Nx =0 F 1y F 2y ...F Ny =0 3. Condition d'équilibre d'un corps Considérons deux étudiants placés en vis-à-vis poussant chacun de chaque côté d'une table avec une force supposée horizontale (fig. 5.9). Si l'étudiant de gauche pousse plus fort que l'étudiant de droite la table se déplacera vers la droite, si l'étudiant de droite pousse plus fort que l'étudiant de gauche, la table se déplacera vers la gauche. Si la table reste au repos, c'est donc que les intensités des forces exercées par les deux étudiants sur la table ont la même intensité. Ces deux forces sont donc opposées et leur résultante, c.à.d. leur somme, est alors nulle. Figure 5.9. Equilibre des corps. Physique 5e – Chapitre 5 – Page 4/4