Une «zarzuela» retrouvée: Le Barón, de Moratín

Transcription

Une «zarzuela» retrouvée: Le Barón, de Moratín
René Andioc
Une «zarzuela» retrouvée: Le Barón, de
Moratín
2003 - Reservados todos los derechos
Permitido el uso sin fines comerciales
René Andioc
Une «zarzuela» retrouvée: Le Barón, de
Moratín
On sait que la comédie Le Barón, dont la première eut lieu le 28 janvier 1803 au théâtre de
la Cruz, était fille d'une «zarzuela» de 1787 destinée à une représentation «casera» chez la
comtesse douairière de Benavente, Dª Faustina. Cette dernière possédait, comme sa fille la
célèbre «condesa-duquesa», un théâtre particulier pour lequel Ramón de la Cruz, très lié à
cette famille, avait notamment composé Le día de campo; à Dª María Josefa, Tomás de
Iriarte avait offert pour sa part une autre «zarzuela», Los baños de Sacedón.
La pièce primitive, que nous avons retrouvée, fut commandée à Leandro Fernández de
Moratín par Cabarrús, que, grâce à Jovellanos, notre auteur accompagnait en qualité de
secrétaire au cours de son voyage en France. D'après une lettre adressée à Jovino le 9 avril
1787, il semble que le jeune dramaturge se soit mis à l'oeuvre peu après son arrivée à Paris:
«En fin -écrit-il-libre ya de este grave asunto (la rédaction définitive de son journal de
voyage), voy a... disputar la corona melodramática al Poeta quadrillero: dura y repugnante
ocupación en la qual me metió le mayor amigo de V. S.»; le genre n'était évidemment pas
fait pour le séduire; nous aurons l'occasion de revenir sur ce point. Quoi qu'il en soit, à
peine plus de deux mois lui suffirent pour mener à bien sa tâche: le 18 juin, il écrit à son
correspondant et ami qu'il a enfin terminé la «zarzuelilla en dos actos intitulada Le Barón»,
ce qui, compte tenu des nombreuses sollicitations de la vie parisienne, témoigne d'une
incontestable facilité. Cependant, les craintes qu'il manifestait déjà dans cette dernière lettre
se réalisèrent: la pièce ne fut pas jouée chez les Benavente; quant au texte lui-même, on
peut très vraisemblablement -290- supposer que Moratín, fidèle à ses principes, avait
bien pris soin de le faire disparaître après avoir achevé la rédaction de sa comédie, elle
aussi en deux actes. Pour ce faire, nous savions seulement, d'après l'Advertencia à cette
comédie, que l'auteur avait supprimé, outre «lo añadido por mano ajena», tous les passages
chantés (l'organiste José Lidón en avait écrit la musique); il avait également donné «a la
fábula mayor verosimilitud e interés, a los caracteres más energía, y alterando le primer
acto y haciendo de nuevo le segundo, de una zarzuela defectuosa compuso una comedia
regular».
Il pouvait donc être intéressant de retrouver le texte primitif, non seulement pour mieux
connaître la genèse de la pièce, mais aussi et surtout pour pouvoir comparer deux
développements différents d'un même thème, deux manières de traiter un même sujet
suivant qu'il devait se plier aux lois de la «zarzuela» ou à celles de la comédie néoclassique.
Nous ne disposions jusqu'à ce jour que du fameux plagiat d'Andrés de Mendoza, La
lugareña orgullosa, jouée au théâtre de Los Caños del Peral le 8 janvier 1803, soit vingt
jours à peine avant la première d'Le Barón (c'était là -nous aurons prochainement l'occasion
d'apporter quelques précisions sur cette curieuse affaire- une revanche du comité de
patronage du dit théâtre, dont l'autonomie avait été remise en cause par la Junte de Réforme
à laquelle avait appartenu Moratín). Mais Mendoza ne s'était pas contenté de copier à la
lettre le texte de la «zarzuela»; il avait également rajouté de nombreux passages de son cru
de manière à rédiger une comédie en trois actes, et de ce fait, avait supprimé à son tour «lo
cantable»; le dénouement, différent de celui que Moratín donne à sa pièce en 1803, nous
paraissait simplement s'apparenter à celui de Los Menestrales descontentos, de Trigueros,
en ce sens que le délinquant, appelé ici Luquillo et travesti en marquis, était publiquement
démasqué. On ne pouvait donc se faire une idée exacte de l'original ainsi pillé et déformé.
Nous avions renoncé à en retrouver le texte, quand un heureux concours de circonstances
nous permit cette découverte: nous souvenant que Moratín évoque, dans l'Advertencia à sa
comédie une représentation de la «zarzuela» à Cadix, et que d'autre part La Mojigata fut
également jouée en province bien avant que son auteur ne songeât a la confier aux
comédiens de Madrid, nous rappelâmes au bon souvenir d'un de nos amis en instance de
départ pour Séville -celui-là même à qui nous dédions cet article avec la plus vive
gratitude- le nom de notre dramaturge; sans grande conviction, il faut le dire. Une copie de
ces deux pièces, à l'exclusion de toute autre, était conservée à la «Residencia de los PP. de
la Compañía de Jesús» de cette ville (Fondo Saavedra, leg. 39): -291- l'hypothèse
devenait présomption; un voyage à Séville en fit une certitude. Qui plus est, il y a tout lieu
de croire que la copie de notre «zarzuela» est plus fidèle à l'original que ne le laisseraient
supposer les affirmations de l'auteur: celui-ci reproche en effet à ses admirateurs d'en avoir
altéré progressivement le texte durant son absence, de 1792 à 1797; mais celle dont nous
disposons appartient à la collection constituée par Arias de Saavedra, grand ami -et,
pendant une courte période, de 1797 à 1798 collègue- de Jovellanos (la liasse porte la
mention: «Del tiempo del Ministerio y otras materias»); les confidences de Moratín à
Jovino au sujet de sa pièce en 1787, leurs relations ultérieures, enfin l'amitié des deux
hommes d'état, tout donne à penser que Saavedra n'avait pas en sa possession la première
copie venue.
L'écriture est en effet très soignée, le format est celui d'un petit cahier de 220 x 160 mm.,
sans pagination, mais chacun des deux actes occupe très exactement 38 pages. Titre: Le
Varón/Zarzuela en dos actos.
L'acte I n'offre pas avec celui de la comédie des différences telles que sa transcription
intégrale nous ait paru nécessaire; on remarque en tout premier lieu -et l'on peut en dire
autant de ses autres pièces- que Moratín possède une grande facilité; en homme rompu aux
exercices poétiques de toute sorte (rappelons-nous ses talents de «repentista», son habileté à
renouer une intrigue quand l'un des amis du petit cénacle d'Estala avait intentionnellement
«tué» tous les personnages d'une tragédie à la fin du premier acte, etc.), il donne
l'impression d'écrire «a vuela pluma», sans que le rythme octosyllabique -le plus conforme
au génie de la langue parlée- paraisse constituer le moindre obstacle à cette «afluencia»: un
enjambement, et la phrase repart de plus belle. Inévitablement, la tenue du style s'en
ressent; et ceci explique les innombrables suppressions ou corrections que subit
successivement le texte de n'importe laquelle de ses pièces avant de devenir -tout
relativement- définitif. C'est aussi pourquoi l'image souvent étriquée que l'on donne de cet
écrivain relève soit de la malveillance -le XVIIIe siècle fait encore trembler quelques
nostalgiques du quichottisme et de l'empire sur lequel... etc.- soit plus simplement de
l'ignorance. Mais la «difícil facilidad» chère à Moratín est tout le contraire de
l'impuissance.
Le texte de la première édition de la comédie n'étant pas facilement accessible, nous
utiliserons ici celui de la B.A.E. (correspondant à l'édition de 1825), à quelques détails près
identique, comme point de référence et nous bornerons à reproduire les variantes
importantes ou les passages dont la suppression ultérieure, en 1803, n'a pas obéi à un
simple souci de concision.
Le générique de la «zarzuela» comporte deux personnages supplémentaires, -292- Antón,
oficial de Sastre, et un Alcalde indispensable pour l'arrestation du faux baron au
dénouement.
Acte I, scène 1: A la fin de cette scène, après le dernier vers de sa tirade, Leonardo récitait ou plutôt chantait, comme le laisse supposer le changement de rythme et de style:
Dila que amando muero
a su desdén rendido,
que de su lavio espero
alivio a mi dolor;
Que un pecho fementido
que olvida quando quiere
nunca lograr espere
las dichas del amor.
Le bref monologue de Fermina («¡Pobrecillo! Mucho temo...») constituait à lui seul,
comme dans l'édit. de 1803, la scène 2; légère variante du dernier vers («... Esto es/una
continuada guerra»), mais en outre, douze pentasyllabes chantés:
Ciego Cupido,
Dios inhumano,
fiero tirano,
ya he conocido
tu crüeldad.
En vez de gusto,
dolor y susto
das solamente:
tu llama ardiente
devora impía
a quien se fía
de tu deidad.
Scène 3 («B.A.E.», 2: «Fermina.-...¡Señora! / ¿Pues a qué santo es la fiesta?»):
¡Señora!
¡ay, ay! ¡qué guapas! ¡Que piedras
Repara en las Arracadas que tiene puestas Mónª.
tan relucientes! ¡Caramba!
quiero verlas., quiero verlas:
a ver una.
-293Les interruptions réciproques de Fermina et la tía Mónica sont plus nombreuses; la
première insiste davantage sur les défauts de sa maîtresse:
(«Y os llamaba majadera»)
porcallona y...
Mónica Calla.
Fermina ... y bruto
(scène 5; «B. A. E.», 4)
La tía Mónica demande à son frère deux mille réaux et ce dernier affirme en avoir reçu
quatre mille (respectivement cent doublons et douze mille réaux dans la comédie; Moratín a
donc dans cette dernière tenu compte de l'augmentation du coût de la vie).
(«D. Pedro.- ... a una viuda / Tan verde y tan peritiesa / Con paletina y brial.»)
... a una viuda,
y a una viuda petimetra
que tiene arracadas guapas.
(au début du XIXe siècle, la «petimetría» avait fait peu à peu place à d'autres modes; le
«currutaco» était le nouvel élégant à la derniére; c'est sans doute pourquoi Moratín a
préféré «peritiesa»).
La fin de la scène 5 était bien plus longue, et Mónica chantait en dernier lieu les
décasyllabes suivants:
Obstinado mi hermano en su tema,
se consume, se irrita, se quema
si las cosas no van a su modo;
por que en todo ha de ser le mandón.
¿Y qué importa que grite, que clame,
y loquilla y tronera me llame,
o enfadado se vaia o me riña,
si a la niña la quiere le Varón.
Scène 6 («B.A.E.», 5): Mónica demande une seule fois an baron dans quelle rue se trouve
le «caserón» qu'il veut transformer en... château en Espagne. Dans la comédie, au contraire,
la réitération de cette question et les dérobades successives de l'aigrefin constituent un
nouvel élément comique.
La seconde moitié de la scène était nettement différente dans la «zarzuela»: après que le
baron ait offert son palais chimérique à la naïve Mónica, cette dernière est victime d'un
quiproquo et semble croire que la «baronne» ne sera pas sa fille, mais elle-même; en
premier lieu, ceci est en contradiction avec la fin de la scène précédente; en outre, le
procédé consistant à affirmer l'enviable supériorité d'un conjoint d'âge mûr -294(Moratín se souvient sans doute de L'Avare) est déjà utilisé, avec beaucoup de bonheur,
dans Le Sí de las Niñas que l'auteur avait terminée en 1801; c'est sans doute pour toutes ces
raisons que Moratín a remplacé le passage par un dialogue entre les mêmes personnages au
sujet de Leonardo, le rival heureux du baron. Cela permet également à l'auteur d'allécher au
second acte la veuve Dª Mónica par la perspective d'un second mariage avec un grand, et de
faire rire à ses dépens. Voici le texte primitif:
(«... todo es para vos.
Mónica Señor»,)
de vuestra benignidad
no lo dudo; pero es fuerza
conocer que ya pasó
mi tiempo; y por más que quiera,
los años...
Varón Los años, ¡ah!
¡qué talento! ¡qué modestia!
¡qué virtud! Cada vez más
me edifica, me embelesa
este modo de pensar.
¡Los años! ¿qué más dijera
una muger fatigada
de vivir? esa prudencia,
es verdad, muy pocas vezes
en la jubentud se encuentra,
pero produce portentos
también la naturaleza...
Y bien, decid, ¿quántos años
podréis tener? Serán treinta
lo más, lo más, ¿eh?
Mónica Lo más.
Varón Y al cabo, ¿qué edad es ésa?
La mejor, la más feliz
de la vida, quando muertas
las locuras jubeniles,
y las pasiones turbulentas
triunfa la razón, y unidas
las gracias y la belleza
al talento y la virtud
con irresistible fuerza,
al corazón más revelde
a su dominio sugetan.
-295Mónica Mil gracias, Señor Varón.
Varón ¡Estas son mugeres, éstas...!
ya se ve, yo no me admiro:
educada en tal escuela,
¿qué milagro que la hija
un vivo retrato sea
de su Madre? ¡ah! quiera le cielo
apiadado de mis penas
que esta unión apetecida
efecto dichoso tenga.
Si mi ventura
cumplirse veo,
y le himeneo
una hermosura
me da querida
que agradecida
premie mi fe,
toda mi pena
daré al olvido,
y envanecido
de mi cadena
seré constante,
feliz amante
me llamaré.
Il faut supposer que la mise en scène prévoyait un mouvement de surprise de Mónica
apprenant que l'élue du baron était sa fille, mais, comme nous l'avons dit, le quiproquo
n'était pas vraisemblable.
Scène 7 «B.A.E.», 6): Comme bien d'autres scènes, celle-ci est plus longue que son
homologue de la comédie. Cependant -et pour cause- Moratín n'a pas prévu le monologue
qu'il fait réciter à Mónica dans l'édition de 1803: la scène commence par l'appel
«¡Fermina!».
Scène 10 («B.A.E.», 9): Assez différente de celle de la comédie, surtout après la lecture de
la deuxième fausse lettre, dont les noms propres sont tout aussi fantaisistes, peut-être même
trop, ce qui expliquerait que Moratín les ait allégés par la suite (Sant Angelo au lieu de
Siete Torres, Claramunt Pérez de Quiñones au lieu de Quincozes, Adolfo Remestein
Bramburg au lieu de Wolfango de Remestein).
Scène 11: Elle est constituée par un long monologue du baron, -296- considérablement
réduit dans l'édition de 1803, et rattaché à la scène 9 dans celle de 1825:
Pues si le tal viejo se empeña
en que no ha de dar la dote,
todo mi proyecto vuela,
¿y entonces? salto de mata;
a bien que poco se arriesga;
¡cáspita! yo no crehí
que le tal hombre nos saliera
con esta majadería;
pero a bien que aunque se pierda
todo, yo no pierdo nada;
esto solo me consuela.
Pues, Señor Varón, venzamos
la dificultad que resta:
a sitiar al viejo, a darle
asalto y batirle en brecha;
si se resiste, esta noche
me ceno mis cinco leguas;
a bien que hai luna, y si cede...
si cede... lo mismo queda
que hacer... en viendo el dinero
en mi mano, a Dios Illescas,
mañana dispongo el hato,
y sin que nadie lo sepa
(por no darle pesadumbre
con mi apresurada ausencia)
me marcho de aquí, y entonces
yo seré Señor de veras.
Por más que resista
haré que desista
y el dote me cuente;
llegaré obediente
llamándole tío,
y al cabo confío
que le embromaré.
Con este dinero
seré caballero,
seré venerado,
será celebrado
mi genio bendito;
amable, bonito,
discreto seré.
-297Scène 13 («B.A.E.», 11):
Fermina y después Pasqual
Fermina ¡Buena va la danza, buena!
Esto es hecho; si Leonardo
algún arbitrio no encuentra,
todo se pierde, y mi Ama,
tan grande y tan reverenda,
sin conocer las resultas
del disparate que intenta.
¡Valgame Dios! Los que dicen
que los años dan prudencia.
Viejecitos
viejecitos,
cascaditos,
curtiditos
curtiditos,
con arrugas
y verrugas,
yo os confieso
la verdad:
que no es todo seso
lo que es gravedad.
(«Pasqual.- ¿Me llamabas?», etc.).
Dans la comédie, le passage est supprimé, et remplacé par un court dialogue entre le baron
et Pascual qui arrive pour répondre à l'appel de Fermina.
Scène 15 («B.A.E.», 13): Commence par une longue tirade de Leonardo; suit la réponse
d'Isabel: «Leonardo, no es ocasión...» Le dialogue est en général plus déclamatoire que
celui de la comédie; dans cette dernière Moratín a rajouté les vers de Leonardo: «¿Qué la
diré?... /... De su enemigo perezca». La scène s'achève sur ce passage «cantable» du jeune
prétendant;
Si llevo en le pecho
tu imagen querida,
sabré con mi vida
la tuia librar.
Verás quán en vano
vencer ha crehido
quien no ha merecido
tu afecto ganar.
-298Enfin, l'acte I de la «zarzuela» comporte une seizième et dernière scène qui réunit Fermina,
Isabel et Leonardo et commence par quelques vers rattachés dans la comédie à la
précédente, sur laquelle s'achève l'acte:
(«Fermina. Siempre fue de los osados / ... Siempre la ha tenido adversa».)
Amor da valentía
al pecho más cobarde;
por él en iras arde
le que temió algún día,
al peligro le guía,
victorias mil le da.
Isabel De amor lloro la pena
que turbó mi sosiego;
ni dócil a mi ruego
de timidez me llena,
ni el corazón serena
que vacilando está.
Fermina Si viene mi Señora
y os halla de ese modo,
por enmendarlo todo
todo se perderá.
Todos La suerte que hasta ahora
causó disgusto tanto
quizá de nuestro llanto
se compadecerá.
Au total, seize scènes, contre quinze dans la comédie en 1803, et treize dans l'édition de
1825.
Acte II, scène 1: Scène un peu plus longue que dans la comédie: elle s'achève par un
passage chanté:
Fortunilla
taimadilla,
caprichosa,
poderosa,
si tu rueda
nunca queda
puede estar,
si la vuelves
si resuelves
humillarme
y olvidarme,
ya del todo
dame modo
de escapar.
A partir de là, l'étude comparative n'est plus possible; Moratín nous en avait prévenus dans
son prologue: ainsi, la deuxième scène de la «zarzuela» -299- deviendra la quatrième de
la comédie, l'auteur ayant estimé nécessaire de confronter Leonardo et le baron pour
préparer la fuite de ce dernier, ce qui l'amène à rédiger une nouvelle scène 2 et une
troisième entièrement constituée par les méditations salutaires de l'aigrefin.
Il ne reste donc plus qu'à transcrire le texte de l'acte: le début de la scène 2 («B.A.E.», 4)
s'éloigne de plus en plus de celui de l'édition de 1803, au point que les vers de D. Pedro
(«...Nada en sustancia /... Por su madre lo que gana / Por sí») nous paraissent constituer la
limite au delà de laquelle on ne peut plus parler d'analogie.
D. Pedro ... lo que gana
por sí... ¡qué cabeza tiene
esta muger! ¡qué atronada
y qué loca!...
(Hace que se va y el Varón le detiene.)
V. quisiera
hablaros en confianza
sobre un asunto.
D. P. Decid.
V. No sé si hallaré palabras
para disculpar un yerro
que la inadvertencia causa
de Doña Mónica; yo
he ofrecido disculparla
con vos...
D. P. Muy bien, y ¿es el caso?
V. Es el caso que, prendada
de algún mérito que juzga
hallar en mí, de la hidalga
sangre que corre en mis venas,
de lo antiguo de mi casa,
en fin, habiendo crehido
que en mí calidad no falta
para merecer su agrado,
después de algunas semanas
de meditación, resuelve
coronar mis esperanzas
con la mano de Isabel,
vuestra sobrina.
D. P. ¡Ah; esto no es chanza
Señor Varón!
V. No por cierto;
ni era justo os engañara
con una cosa que...
D. P. Vamos,
Señor Varoncito, vaya
vaya, que para juguete
me parece que ya basta.
V. ¿Juguete llamáis?
D. P. No hablemos
de eso; vamos, que me cansa
ciertamente, y aunque tengo
el genio alegre, me agrada
mucho la formalidad.
(Con mucha gravd.)
V. Don Pedro, ninguno gasta
más formalidad que yo.
(Imitº el tono del Varón)
D. P. Don Varón, no importa nada
el gesto y la gravedad,
que a serio nadie me gana,
y seriamente os repito
que no gusto de esas chanzas,
¿estamos?... por eso mismo
vengo a reñir a mi hermana;
yo no sé quién a extendido
por el lugar que se casa
Isabelita con vos,
y cierto que si juzgara
ser vos quien lo ha divulgado,
yo os supiera dar las gracias.
-300V. He perdido (aparte). ¿Y no sabremos
a qué viene tan estraña
aversión...?
D. P. A que el decoro
de una muger honrada
es cosa mui respetable,
y si alguno le profana
con un embuste, y el vulgo
da crédito a sus palabras
pierde su opinión, la qual
una vez amancillada
en el concepto común,
tarde o nunca se restaura.
Isabel no necesita
para ser afortunada
viznietos de Emperadores.
No es Princesa ni aun hidalga,
pero es mui honesta, tiene
mucha virtud, muchas gracias
y no mui poca hermosura,
con las quales circunstancias
hai muchos en el lugar,
muchos, muchos que juzgaran
ser felizes con su mano;
pero si corre la fama
de que, olvidando quién es,
estubo ya perdigada
para Varonesa, entonces
¿quién la mirará a la cara?
Cásese la Señorita,
dirán, con un Par de Francia,
o escoja el que más le guste
de los Príncipes de Italia,
que bajar desde un Varón
de tan ilustre prosapia,
tan noble, tan sumamente
noble, y de prendas tan altas,
a ser esposa de un pobre
labrador, fuera afrentarla.
Y dirán bien...
V. No dirán
bien, no Señor, si se casa
conmigo, no dirán bien.
Si faltara a mi palabra
o desmintiendo el amor
que me fuerza a idolatrarla
fuera yo capaz de ser
tan vil que la despreciara,
entonces dijeran bien;
pero si la unión sagrada
del matrimonio la hiciese
mi muger, y...
D. P. ¡Pataratas...!
Pero decidme: ¿juzgáis
que tengo tan rematada
la cabeza, que tan necio
soi, que me han dado estas canas
tan corto conocimiento
que al instante me persuada
a tal disparate? ¿a mí
venirme con eso? Vaya,
Señor Varón, que me hacéis
muy poco favor.
V. Extraña
tenacidad es la vuestra,
y cierto ignoro la causa
que podéis tener; yo pienso
que el amor todo lo iguala,
y las prendas que decís
de vuestra sobrina bastan
a darla maior fortuna
de la que conmigo alcanza;
por mi parte... yo no sé...
quizá la pasión me engaña...
pero no sé en qué he podido
desmerecer; si pensara
que otro más digno podía
gozar ventura tan alta,
era capaz de cederle
el triunfo, por que lograra
Isabel mejor destino:
tan generosa es mi llama
que por hacerle feliz
supiera dejar de amarla.
Pero ciertamente ignoro
qué defecto os desagrada
en mí, si mi nacimiento,
mi fortuna, o...
D. P. Nada, nada...
(Con ironía.)
Señor Varón, yo no pongo
-301en vuestros méritos tacha,
eso no, fuera faltar
a la justicia; las claras
prendas del Sor. Varón
merecen mil alavanzas.
(A parte.)
V. Ya he ganado.
D. P. Yo no puedo
dignamente celebrarla
sino con la admiración
y el respeto, y si pensaran
todos los demás así
no se oyeran mil infamias
por el pueblo que vulneran
vuestra opinión o la manchan.
V. ¿Cómo así? pues...
D. P. Son hablillas
de la gente.
V. Mi venganza...
D. P. ¿Qué venganzas? No señor.
V. ¿Por qué no? si así me agravian
yo haré...
D. P. Si son unos necios.
V. No importa.
D. P. Lenguas bellacas
que no pueden ofender
lo limpio de vuestra fama.
V. Bien decís; como Isabel
premiar quiera mi constancia
y el dulce nombre de tío...
D. P. ¡Oh! señor Varón, mil gracias,
mil gracias; pero hasta ahora
aún no está determinada
cosa ninguna.
V. ¿Qué escucho?
D. P. No Señor.
V. Pero ¿qué falta?
D. P. Falta persuadirme a mí,
y es cosa bien arriesgada
el intentarlo.
V. ¿Por qué?
D. P. Porque... si os digo la causa
os dará enfado.
V. Decidla.
Ya he perdido.
(Aparte.)
D. P. En dos palabras
la diré: nadie en el pueblo
os conoce; si no falla
lo que habéis dicho de vos,
mui pocos hai en España
que os igualen; sois en suma
un Gran Señor. Si son falsas
las noticias que tenemos,
sois un bribón, un canalla.
Siendo un Señor, otras bodas
merecéis, la suerte os llama
por otra parte, dejad
a Isabel, Señor, dejadla,
que aun quando fuese verdad
esa pasión extremada
que la mostráis, y a tal punto
una locura os arrastra,
nosotros no estamos locos.
Si sois -y muchos abrazan
esta opinión- un tunante
que ha venido a sonsacarla
por chiste y fingir con todos
grandezas desmesuradas
a ver si puede quitarnos
con astucias y patrañas
el dinero y el honor,
será burla mui pesada;
pero yo estoi mui de aviso:
cuidado con lo que trama
el Señor Varón, cuidado,
no se exponga, que le aguarda
un mal rato, y esos chistes
en Ceuta y Orán se pagan.
Escena 3ª
D. Pedro e Isabel
D. P. No le ha gustado el sermón;
fuese sin hablar palabra.
¡Qué bueno fuera, qué bueno!
Enfín, puesto que mi hermana
ha perdido la chabeta,
no contemos para nada
con ella, pero estas dudas
es menester aclararlas.
¿Isabel?
I. Señor, si puede
moveros mi suerte infausta,
-302si valen algo con vos
estas lágrimas amargas,
procurad desvanecer
el riesgo que me amenaza,
mi Madre por un capricho
tiene mi boda tratada
con el Varón; vos podéis
tan sólo desengañarla;
en vos hai autoridad
que en todos nosotros falta;
si me abandonáis, si llega
a efecto, mi vida acaba,
que a un precepto tan cruel
ninguna prudencia basta.
Vos la sabréis reducir,
y habiendo salido vana
toda nuestra diligencia,
en vos tengo mi esperanza;
en vano quiere Leonardo
persuadirla, que obstinada
en su parecer, ninguna
reflexión con ella alcanza.
Yo muero en tanto, y...
D. P. ¡Morir!
¡Morir por eso, muchacha!
Tú tienes un corazón
más chico que una avellana.
Sabes que te quiero tanto
que siempre he sido en tu casa
tu protector y tu amparo,
que no hai cosa por extraña
que fuere que me detenga
cuando de tu bien se trata.
¿Te acuerdas que quando eras
chiquitita me llamabas
«el otro Papá»? ¿que has sido
alivio de mis desgracias?
¿y te me quieres morir?
¡morir! y ¿qué me quedaba
para consuelo después,
si mi Isabel me faltara?
No Señor; yo necesito
que vivas, y afortunada,
y mui contenta; ¡eh! dejemos
esas locuras, que nada
se consigue con llorar.
I. ¡Ay, Señor!
D. P. Pobre muchacha;
vamos, vamos serenando
esa aflicción, que me enfada
ciertamente verte así;
ten segura confianza,
que por más que lo procure
tu Madre, verá burlada
su pretensión; voy allá,
y verás qué función anda
con ella; dame un abrazo
(La abraza.)
y a Dios.
Escena 4ª
Isabel sola
Confusa, agitada,
llena de temor estoi.
Todo el cielo me amenaza,
y ni puedo resistir
mis penas y remediarlas.
Oprimida de mi suerte,
nada aguardo, nada intento,
ni aminora mi tormento
la esperanza del favor.
El descanso de la muerte
sólo busco y sólo pido,
que en mi pecho llevo unido
de las furias el horror.
Escena 5ª
Isabel y Fermina
F. ¡Ay, señora, qué bohína
anda allá dentro en la sala
entre la Madre y el tío!
Las puertas están cerradas
pero tales voces dan,
singularmente mi Ama,
que las vecinas se asoman
por troneras y ventanas,
escuchando el alvoroto,
y como ignoran la causa,
-303juzgan que los dos hermanos
se repelan y se arañan.
¿Leonardo? Pero aquí viene.
Escena 6ª
Isabel, Fermina y Leonardo
I. En fin, ha salido vana
tu esperanza, ya lo ves.
L. No lo he visto, mucho falta
que hacer... ¡quando yo te animo,
Isabel, así desmayas!
¡Válgame Dios! ¿no ha de haber
en ti valor y constancia?
Tu tío está de tu parte,
dice que al salir me aguarda
aquí mismo, que esta noche
han de quedar aclaradas
las mentiras del Varón;
que busque al punto me encarga
a la justicia: con ella
hemos de venir a casa;
subiremos a su quarto,
y si luego no declara
quién es y no justifica
lo que ha dicho veces tantas,
por impostor sufrirá
el castigo que le aguarda.
No me detengas; a Dios.
I. ¡Oh, quánto recela el alma!
L. ¡Oh, quánto valor infunde
el cariño de una Dama!
I.
Ciegos errores,
falaz deseo,
eternas creo
mis penas ya.
L.
No más temores,
que a mi deseo,
amor, te veo
benigno ya.
Escena 7ª
Fermina y Pasqual
P. Pues, Señor, ya fui allá
y dije que le esperaban
al instante, que viniese
corriendo, porque importaba
muchísimo que viniese
corriendo, porque mi Ama
le necesitaba y porque...
enfín, porque le aguardaban
y era menester que a toda
prisa y sin pararse en barras
viniese a todo correr.
F. ¡Qué bellísima retayla
de sandeces! ¿y qué dijo?
P. Dijo... si él no ha dicho nada.
F. Pues, ¿no le has visto?
P. Yo, no.
F. No le has visto; ¿qué no estaba?
P. Sí estaba.
F. Y ¿qué? ¿no le dieron
el recado?
P. La Colasa
se le dio.
F. Y bien, ¿quándo viene?
P. Si no viene.
F. Pues di, acaba,
¿por qué no quiere venir?
P. El bien quiere, pero falta
que pueda.
F. ¿Por qué?
P. Porque
parece que esta mañana
el pobre sastre... no, ayer...
yo no sé... no, ayer estaba
en las Eras... hoi ha sido;
subió a poner unas tablas
al Palomar, y una red
para tapar la ventana,
y estando allí se le fue
la cabeza porque andaba
clavando clavos y el pelo
se le enredó en una escarpia,
y desde allí se cayó
sobre el palo donde enganchan
la garrucha quando quieren
subir los sacos de paja,
y desde allí se cayó
al texado de su hermana,
y desde allí cayó al suelo,
y desde allí por la trampa
-304de la cueba se cayó
a la cueba porque estaba
sin cerrar y desde allí
se cayó en una tinaja
de aguardiente, y de allí
le llevaron a la cama;
y mientras esté acostado
no quiere salir de casa;
con que no puede venir.
F. ¡Para dar una embajada
eres singular!
P. Yo sí,
eso ya lo ha dicho el Ama.
F. Pero, ¿por qué no ha embiado
al oficial que tomara
la medida?
P. Ya vendrá.
F. ¿Quándo?
P. Esta noche sin falta.
Ya viene... sí,... ya está aquí:
mira si yo te engañaba.
Escena 8ª
Fermina, Pasqual, y Antón mui pensatibo
A. (A parte.)
Él es sin duda.
P. ¿Me voy?
F. Vete y no vuelvas.
(Vase Pasqual.)
A. (A parte.)
Jurara
que es él. ¡Fermina!
F. Oh, Señor
Antón, con que ¿esa desgracia
le ha sucedido a tu Amo?
A. Tiene el pobre magulladas
las costillas bravamente,
la cabeza entrapajada,
y entablilladas las piernas;
se escurrió, bajó en volandas,
cayó en duro, no avisó
antes que se desplomara,
y esto fue todo su mal.
Y bien, ¿a qué es la llamada?
F. Tienes que tomar medidas
de vestidos a mis Amas.
A. ¡Ah, sí! ya caigo, ¿y no hai
también para ti una gala?
F. No por cierto.
A. Pues es mucho
que el novio no te regale
un buen vestido.
F. ¿Qué Novio?
A. Ese señor que se casa
con la señorita: dicen
que es una boda mui guapa;
ya se ve, si es un Marqués,
¡qué buena vida te aguarda!
¡qué vestidos te pondrás
de tafetán! y ¡qué gasas
por la cabeza! ¡qué cintas!
¡qué plumas! y ¡qué peinada
de Peluquero! y el novio,
¿es algún viejo fantasma?
F. No, por cierto, que es buen mozo.
A. ¡Oiga! mucho me alegrara
de verle; ¡qué fortunón
habéis logrado, bellacas!
¡qué fortunón! pobrecillo
de mí, como yo encontrara
alguna moza de sión
ricota, que me sacara
de estas agujas malditas,
al instante me casaba,
y entonces tiraba al pozo
dedal, tixeras o plancha.
Ah, toma, no se me olvide,
has de enseñar a tus amas
esa sortija que ayer,
sabiendo que se casaba
la Señorita, me han dado
por si quisiera comprarla.
Mira qué guapilla que es,
cómo reluce, y barata;
aquí viene en el papel
el precio.
(La da un papel.)
F. ¡Ay, ésta es hurtada!
A. ¿Hurtada?
F. Sí; la conozco
mucho mucho, si es de casa
esta sortija.
-305A. ¿Qué dices,
muger? mira que te engañas;
si no puede ser.
F. ¿No puede
ser? sobre que es de mi Ama.
A. ¿De Doña Mónica?
F. Sí;
no hay duda, es suia.
A. ¡Caramba!
¿Suia? pues bien, lo habrá
dado a vender: estas alhajas
corren de una mano en otra.
F. ¡Sí, vender! ¡pues la estimaba
poco! no puede ser eso...
Vamos, alguna de tantas
de estas venerables tías
se la ha llevado enredada
entre los dedos, no hai duda.
Mi señora está ocupada
allá dentro; esperarás
un rato, y así que salga
se la enseñaremos.
A. Bien;
a mí no me importa nada.
F. ¿Tienes prisa?
A. No por cierto.
F. Pues espera.
A. No te vayas
(Hace qe se va y la deje Antón)
Fermina, dame un poquillo
de conversación; aguarda,
escucha, dime: estas piezas
de arriba, ¿están ocupadas?
F. Si es el quarto del Varón.
A. ¿Qué Varón?
F. El que se casa
con la Señorita.
A. Pero
¿quién vive con él?
F. La Gata
negra, que se sube arriba
y de noche le acompaña;
nadie más.
A. ¿Y su criado?
F. ¿El criado? no los gasta.
A. Pues ¿cómo?
F. La varonía
está mui deteriorada.
A. Es que yo he visto una cosa
y quisiera averiguarla.
F. ¿Qué cosa?
A. Quando venía,
en una de las ventanas
de arriba vi un personage...
puede ser que la distancia
me engañase, pero ¿qué?
¿qué engañar? aquella cara
la conozco, no hai remedio.
Como la luna le daba
de frente, yo me paré,
a la sombra de esa tapia,
le miré, le remiré...
yo no sé, pero jurara
que le conozco.
F. Pues nadie
puede ser el que allí estaba
sino el Varón.
A. Adelante;
será aprehensión.
F. Pero acaba
de decirme qué creyas
que fuese.
A. Es cosa mui larga
de contar.
F. No importa, dila.
A. Pues va de cuento: yo estaba
en Segovia con un cura
extremeño que le llaman
Dn Juan de Pedro Chinchilla
Este me llevó a su casa,
me puso a oficio, y en fin
me mantubo con extraña
caridad, hasta que supe
hacer chalecos, casacas,
chupas, botines, calzones
y juboncillos y sayas.
Entretanto, aparecióse
cierto sobrino del Ama,
estudiante vivaracho
y enredador, que tiraba
por clérigo; supo hacer
-306el bribón tales gatadas
que mi buen cura le dio
hospedage; le pagaba
los estudios, le vestía
con decencia, le engordaba,
y en suma el pobre Señor,
sin recelarse de nada,
se persuadió que sería
Luquillas, mi Camarada,
andando el tiempo, el honor
de la Iglesia Segoviana.
Yo, viéndome ya mocito,
sin Padre, Madre ni hermana,
con tal qual habilidad,
quise ver qué tal andaba
en Madrid de sastrería,
y al fin resolví la marcha.
Llegué a la Corte, encontré
la facultad despreciada,
miserable, hice mil cuentas,
y hallé que multiplicaban
los sastres de tal manera
que no son más dilatadas
las familias de Langosta
en los campos de la Mancha.
Vine a Illescas, y ya vi
la cosa más moderada;
respiré, me acomodé
con el pobre Juan de Mata,
el que cayó a la cueba,
y como en estas jornadas
andube tan agitado,
no tube buenas ni malas
noticias de mi país;
habrá dos o tres semanas
que escribí al cura, y ayer,
amiga, tengo una carta
en que me dice que el tal
Luquillas, sin decir nada
a nadie, tomó soleta,
que se ha llevado en las garras
una caja, una cadena
y unos pendientes del Ama,
que rompió una papelera
en que mi cura guardaba
el dinero, y se llevó
para gastos de posada
unos mil y tantos reales,
que no saben dónde para,
et cétera; esto es en suma
lo que escriben, y me falta
añadir que, sino tengo
en los ojos telarañas,
el suso dicho Luquillas
en propia persona estaba
en las ventanas de arriba
cogiendo el fresco; jurara
que es Luquillas y no otro,
pero tú estás empeñada
en que ha de ser el Varón;
siendo así, no hablo palabra.
F. Mira Antón, quizá ninguno
de nosotros dos se engaña.
A. ¿Ninguno? no puede ser.
F. Tú no sabes lo que pasa,
no lo sabes; pero dime:
aquella cadena hurtada
¿la conocerás?
A. Y mucho;
y conozco una medalla
de Santa Elena que tiene
colgando.
F. ¡Fuera chulada
que yo la tubiera!
A. ¿Tú?
F. Yo, sí señor, ¿qué te espanta?
A. Pues, ¿por dónde la has podido
adquirir?
F. Estas alhajas
corren de una mano en otra.
¿Es ella?
(Saca una cadena y se la enseña a Antón)
A. Pintiparada,
la misma..., a ver... sí, la misma,
no hai duda; pero muchacha,
¿por dónde...?
F. Antón, no es ya tiempo
de detenernos en nada;
¿tienes la carta del Cura?
A. Aquí no; la tengo en casa.
-307F. Pues al instante, al instante
por Dios te ruego que vayas
por ella; no sabes tú
lo que importa que la traigas;
corre, que luego sabrás...
A. Pero, ¿a qué viene...?
F. Despacha,
ve por ella.
A. Pero ¿estás
loca?
F. Por Dios, ve a buscarla
y vuelve volando.
(Empujándole acia la puerta.)
A. Pero...
F. Hombre, ¿qué pero? si tardas
en ir por ella nos pierdes.
A. Pero...
F. Corre.
A. Si yo...
F. Marcha.
Escena 9ª
Fermina sola
F. Yo estoi loca, yo estoi loca;
¿qué es esto que por mí pasa?
¡Señor, haber descubierto
sin querer tales infamias!
Apenas llego a creher
fortuna tan no esperada.
¡Qué dicha, qué gozo!
De puro alvorozo
estoi agitada,
dudosa, turbada
y fuera de mí.
Ya el cielo piadoso
alivio, reposo
nos da favorable.
¡Varón miserable,
ay triste de ti!
Escena 10ª
Fermina e Isabel
F. ¿Y qué tenemos de nuevo,
Señora?
I. Que mi desgracia
no tiene remedio, no;
ya está visto, nada alcanza
a persuadirla; en el mundo
no hai muger más desdichada
que yo; ¡separarme así
de quien fino me idolatra!
¡romper los nudos de amor
con indiferencia tanta!
nudos que solamente la muerte
debe romper; ¡inhumana
ambición, que así nos ciegas
y a delitos nos arrastras
y a la injusticia! ¿qué importan
las riquezas a quien ama?
donde hai verdadero amor
las demás pasiones faltan.
¿Qué me sirve la fortuna
si así de mi bien me aparta?
ni es fortuna la que turba
la tranquilidad del alma.
Un amante que adora constante
¿no procura más alta ventura
si cupido a su ruego vencido
la victoria que espera le da?
No hai tesoro que temple su lloro
si carece del bien que merece,
ni el despecho que abriga en el pecho
extinguir la fortuna sabrá.
Escena 11ª
Dª Mónica, D. Pedro y los dichos
M. Siempre en consulta los dos;
¿qué negocios de importancia
tendrán que tratar? ¿No he dicho
Fermina, que me deshagas
la bata azul al instante?
que es menester ensancharla,
de talle; ¿por qué no vas?
ya sabes que no me agrada
tanto palique.
(Vase Fermina)
D. P. Pues hija,
no hemos conseguido nada
con tu Madre, ni es posible
-308reducirla: está empeñada
en que has de ser Varonesa.
M. Como yo mando en mi casa,
como soi su Madre, como
debe estar subordinada
a lo que disponga yo,
no es la pretensión extraña,
Señor hermano, y lo mismo
fuera que me predicaran
quantos hai en el Lugar.
Se casará.
D. P. ¿Sí?
M. Sin falta.
D. P. Bien está; ya lo veremos.
Pero mira que te engañas:
la chica no ha de casarse
con el Varón.
M. No me hagas
desesperar otra vez;
¿a qué has venido? ¿a inquietarla?
¿a llenarla de ilusiones
la cabeza y que no haga
cosa que la mande yo?
I. No Señora, no es fundada
esa sospecha; yo he sido,
yo la que ha dado la causa;
que mal puedo tolerar
el disgusto que me mata,
mal puedo contradecir
a lo que padece el alma.
Yo no sé, querida Madre,
en qué os ofendí, en qué falta
la triste Isabel, que así
con tanto rigor se le trata.
Si fue delito el amar
a un hombre que destinabais
para mi esposo, la culpa
es vuestra, en vos castigadla,
que en mí, señora, no fue
inclinación declarada;
obediencia fue; mi Padre,
mi Padre no repugnaba
estos enlaces; Leonardo
era sólo el que juzgaba
digno de mí; ¡quántas veces
me dijo sus alavanzas!
quántas me dijo: querida
Isabel, tengo tratada
tu boda, serás feliz
si con Leonardo te casas.
Sus prendas, su edad, su genio,
me dan justas esperanzas
que esta elección ha de ser
la fortuna de mi casa;
no es rico, pero su hacienda
para sostenernos basta
sin empeño ni estrechez;
no es rico, pero casada
con un hombre virtuoso,
de una conducta embidiada
en el pueblo, tú serás
dichosa... ¡ay, desventurada
Isabel! ¿quién te diría
que este golpe te esperaba?
Padre de mi corazón,
¿cómo así desamparada
me dejaste? Si él viviera,
si él viviera, ¡ah! no llorara
yo la violencia que lloro,
no me viera abandonada
y oprimida. Padre mío
¿cómo tarda, cómo tarda
la muerte? ¿cómo no rompe
estos lazos que me apartan
de vos? que los infelizes
en el sepulcro descansan.
M.
Hola, ¿qué es esto,
atrevidilla?
¡qué habladorcilla
conmigo estás!
Quítate presto
de mi presencia,
que la paciencia
ya se me apura,
y la blandura
sirve de poco.
¡Lindo descoco
tiene la niña!
Ni paz ni riña
-309con ella basta;
¡qué humillos gasta
la picaruela!
Tal es la escuela
que tú le das.
(Vase Isabel.)
D. P. Yo no le di tal escuela,
pero tú quieres casarla
contra su gusto, y no es mucho
que se aflixa.
M. Si mirara
la tonta lo que la importa
esta boda, no pensara
de ese modo.
D. P. Desatino.
M. ¿Desatino? ¿y a qué llamas
desatino? ¿por ventura
te parece cosa mala
aspirar a más, querer
mejorar en quanto alcanza
nuestro ingenio la fortuna
en sus caprichos tan varia?
quando hallamos favorable
la ocasión, ¿aprovecharla
es malo, Señor hermano?
D. P. No es malo, Señora hermana,
si todos esos proyectos
los dirige y acompaña
la prudencia; cada qual
en la clase en que se halla
debe procurar ser más;
pero con desatinadas
ilusiones olvidarse
de quién es, y en la esperanza
de lograr maiores dichas
que jamás ha de gozarlas
abandonarse a la suerte
y juzgar que le prepara
el cielo en otra carrera
lo que en la suia no alcanza
mui poca prudencia arguïe,
y si para mejorarla
espera de los acasos
dichas mal imaginadas
qué, si no son imposibles
están sólo reservadas
a una alma grande que sabe
merecerlas y buscarlas,
es locura el pretenderlo;
quando los auxilios faltan,
quando la distancia es tal...
M. Y ¿quál es esa distancia?
¿será la primera vez
que un hombre ilustre se casa
con una muger humilde?
¿quién ignora lo que arrastra
una pasión?
D. P. Las pasiones
de nuestros tiempos, hermana,
son en todo diferentes
de aquéllas tan celebradas
de nuestros Abuelos. Sí,
los años hacen mudanzas
en las costumbres; por eso
aquellos prodigios faltan
de iniquidad y virtud,
que en esta edad ilustrada
(si así se puede decir)
son más pequeñas las almas,
y no hai héroes ni malvados
por que no hai exceso en nada.
No es ya el amor un afecto
violento que nos inflama
es una galantería
o un deleite, y en las varias
combinaciones que admite,
y según las circunstancias
que ocurren, o es un comercio,
que a la fortuna nos llama
o es una razón de estado.
Pero tú no miras nada;
te imaginas que el Varón
está que se despedaza
por la muchacha; el Varón
es un tunante que aguarda
una ocasión oportuna
para dejarte burlada;
los que nacieron ilustres
y poderosos no gastan
ese género de amores;
con sus iguales se casan;
los pícaros que no tienen
-310que perder andan a caza
de viudas tontas, se hacen
caballeros, fingen cartas,
verbigracia, como esa
que me has enseñado, engañan,
pillan, y se van.
Escena 12ª
Fermina y dichos
F. Señora.
M. ¿Qué quieres? ¿ya estás cansada
de coser?
F. Quiero enseñaros
una sortija mui guapa
por si la queréis comprar.
(Enseñándola la sortija que la dio Antón)
M. A verla; pº muchacha,
¿no es ésta...?
F. La vuestra.
M. Sí.
F. No hai duda, no hai que mirarla:
es ella misma.
D. P. En efecto,
es ella; pero la hermana
del señor Varón escribe
con fecha de ayer que para
en su poder; yo no sé
estas cuentas ajustarlas;
aunque si, bien puede ser.
M. ¿Cómo ha de ser?
D. P. Siendo falsa
la tal carta, siendo falso
que hai tal muger en España,
hermana del tal Varón;
siendo falso que tu alhaja
haia salido de Illescas;
siendo cierto que empeñada
o vendida, de una mano
en otra corrió borrasca
y ha venido a tu poder;
mira la historia bien clara,
posible y fácil.
M. ¿Ya vuelves
al darme cordel? Mal haia
tu pico. Sin duda ha sido
que alguno de sus criados
se ha descuidado con ella
y después...
D. P. Sí; pero falta
saber cómo desde ayer
que estaba en Madrid, se escapa
la sortija y vuelve acá
con presteza tan extraña
que es menester que viniese
por el aire,
F. Yo apostara
que el Varón...
M. ¿No callarás?
F. Yo, Señora, bien callara,
pero... ¿es el Varón?
D. P. Él mismo.
F. ¡Qué puntualidad que gasta
a las horas de refresco!
Pero esta noche no hai nada.
Escena 13ª
Varón y dichas
D. P. Señor Varón, a buen tiempo
venís.
F. Como si os llamaran
con campanilla.
D. P. Una duda
se ha suscitado mui rara
entre nosotros.
F. Y sólo
sois vos quien puede aclararla.
D. P. ¿Conocéis esta sortija?
V. Es mui bonita, me agrada
mucho, cierto; sino fuera
tan pequeña, la compraba
para hacer algún regalo.
D. P. Pero...
V. Está bien trabajada,
ciertamente; así a este estilo
tengo en Madrid mis alhajas
-311hechas con todo primor;
las hice venir de Francia
y...
D. P. Buen pensamiento, pero
lo que aquí se deseaba
saber de vos era sólo
si por dicha os acordabais
de haberla visto otra vez.
V. No por cierto; he visto tantas
que...
D. P. Sí; pero pocos días
ha que os regaló mi hermana...
V. Ah, sí, ya caigo; en efecto
tiene mucha semejanza
con ésta, mucha; las piedras
de aquélla son más opacas
y el anillo es más estrecho.
D. P. ¡Haya diantre! pues jurara
que...
V. Sí Señor, se parecen,
y es fácil equivocarlas.
M. ¡Qué! tampoco: si en la mía
las piedras no son tan claras
como en ésta, y la lavor
es mui diferente; vaya,
no hai que hacer...
F. Pero Señora...
M. ¡Quieres callar!
V. No, dejadla;
por vuestra parte supongo
que estáis bien asegurada
de que...
M. ¡Toma si lo estoi!
por eso mismo me enfada
que esta bachillera...
Escena 14ª
Leonardo y dichos
L. El sastre
está ahí fuera y aguarda
licencia de entrar.
M. Fermina,
trahe los vestidos que estaban
sobre las sillas; escucha,
y aquella guarnición blanca
de mi brial, corre; y tú
(Vase Fermina)
Leonardo, mientras en casa
haia criados, no vengas
por Dios a suplir sus faltas,
que aunque lo estimo, no quiero
que te molestes en nada.
L. Yo no he venido por vos,
y sino sabéis la causa
de mi venida, Dn Pedro
me dijo que me esperaba;
por eso vengo.
M. Mi hermano
el Señor Dn Pedro manda
en su casa, no en la mía.
D. P. Y haré lo que me dé la gana
en una y otra.
M. Pero...
D. P. Pero sí, Señora, en ambas
haré lo que quiera, y tú
no hagas caso.
(A Leonardo)
V. ¿Quién extraña
que venga? Señora, al pobre
hartas penas le acompañan;
dejadle, no le casquéis,
pobrecillo. Ve burladas
sus esperanzas, se ve
despreciado de su Dama,
afligido, miserable,
celoso, y después de tantas
lacerias ¿le regañáis
así? Pues no le faltaba
al infeliz otra cosa
para morirse de rabia.
Escena 15ª
Antón y dichos
A. Señoras, dos horas ha
que estoi haciendo antesala...
¡Luquillas! ¡hombre! ¡Luquillas!
¿tú aquí, vestido de gala,
hecho un petimetre? ¿en dónde
dejaste las hopalandas?
-312V. ¡Caiga el cielo sobre mí!
A. ¿Ni aun me miras a la cara
siquiera?
V. ¡Que este maldito
estaba aquí!
A. ¿No me hablas
hombre? ¡un abrazo, un abrazo!
¿Sabes que he tenido carta
y me escriben que te fuiste?
V. Si este loco no se aparta
le mato.
A. Matarme, ¿cómo?
¿matar a tu camarada,
Luquillas?
V. Yo no entiendo,
dejadme.
A. ¡Hai cosa más rara!
¿no me entiendes? pues escucha
lo que me han escrito...
V. Calla
hombre, o diablo, no me apures
la paciencia.
A. Que se escapa,
(El Varón quiere irse y Antón le va deteniendo hta el fin de la escena.)
Señores.
V. Quita...
A. Que importa
mucho que no se nos vaya.
V. Quita.
A. Que ha robado al Cura.
M. ¿Qué es esto, Antón? ¿en mi casa
tal exceso?
A. Que se va...
Sí Señor, y quitó al Ama
unos pendientes... Luquillas...
que se escurre, y una caja
y una cadena y...
D. P. Leonardo,
detenle.
M. ¿Qué bufonada
es ésta? ¡qué atrevimiento!
V. ¿De esta manera se trata
a un hombre de honor?
A. Señores,
que se me escurre, que se marcha,
ya se fue, ¡válgame Dios!
ya se fue.
Escena 16ª
Los dichos, menos el Varón
M. ¡Que tal infamia
haia de sufrir!
A. Señora,
si yo...
M. ¿De este modo tratas
a un caballero, a un Varón?
A. Que me guinden en la plaza,
que me tuesten, que me guisen
con manteca y alcaparras
si es Varón; ¿qué ha de ser
Varón? pues sólo faltaba
que me lo dijera a mí;
un picarón que se escapa
de Segovia, que se lleva
en las uñas enredadas...
(Saca una carta y se la da a D. Pedro que lee mientras dicen estos versos.)
pero aquí está; ved si tengo
razón, ésas son sus gracias.
M. Todo es mentira, mentira
y calumnias inventadas
contra ese pobre Señor;
pero teme mi venganza,
bribón, si no te vas luego.
D. P. No tan luego, que hace falta,
Señora hermana; las cosas
que dice están confirmadas
en esta carta.
A. Fermina
tiene una cadena hurtada
que él ha dado, y ésas son,
ésas son las Arracadas
(Reparando en los pendtes de Dª Mónica)
de la Señora Lucía,
ellas son, y sino basta
lo que digo...
-313D. P. Basta y sobra.
L. Y una sortija que anda
por aquí, ¿quién te la dio?
A. Esta la dejó empeñada
en la Botica, y quería
por qualquier dinero darla:
ahora mismo me ha contado
el caso mui a la larga
el Boticario.
Escena 17ª
Pasqual y dichos.
P. Señora.
M. ¿Qué quieres tú?
P. Si os enfada
que venga...
M. ¿qué quieres?
P. Yo,
como siempre me regañan
quando vengo, sentiría...
D. P. Di lo que quieres, acaba.
P. ¿Lo digo?
M. Dilo; ¿qué esperas?
P. ¿Yo esperar? no esperó nada,
que sólo vengo a avisar...
M. ¿qué?
P. Que por esta ventana
de arriba, no la grandota
donde están las alcarrazas,
sino la de más allá...
M. Y bien ¿qué?
P. Se descolgaba
el Varón poquito a poco.
M. ¿Qué dices?
P. Eh, ya se enfada.
L. ¿De veras?
P. No, que son flores.
D. P. Pues, al punto...
M. Nada, nada,
no hai que asustarse; pondría
qualquier cosa; ¿a que es falsa
la noticia y que...?
Vozes dentro ¡Ladrones,
(Vanse Leonardo, Antón y Pasqual)
ladrones!
D. P. ¿Lo ves, hermana?
Corred.
Escena 18ª
Fermina, Isabel, D. Pedro y Dª Mónica
F. ¡Señora, Señora!
Vozes dentro ¡Ladrones!
F. ¡Ay, qué desgracia¡
Vozes dentro ¡Ladrones!
M. Pero, ¿qué es esto?
D. P. ¿Aún no estás desengañada
de lo que es?
I. Que la justicia
se nos ha metido en casa
con un hombre que parece
que salió desde las tapias
de nuestro corral.
Vozes dentro ¡Ladrones!
D. P. Esta es la postrer hazaña
del Varón.
M. Aunque lo viera
por mis ojos lo dudara.
D. P. Pues ya lo ves: ahí está.
Escena 19ª
Los de la escena anterior, Leonardo, Antón y un Alcalde; los Alguaciles trahen al Varón
atado, en chupa y con una capa vieja; Antón con una maleta que deja en el suelo.
A. No hai que dudar, se escapaba
Luquillas; esta maleta
y este trage lo declaran.
-314Alcalde Ha sido casualidad
pillarle, porque llevaba
tal portante que juzgamos
nuestra diligencia vana;
pero al saltar un arroyo
dio tan fuerte costalada
que no pudo levantarse;
le cogimos, y en volandas
le trahemos a que diga
si gusta quál es la causa
de fuga tan repentina.
D. P. Señor Alcalde, mil gracias;
la causa no la ignoramos,
ya os informaré mañana
de todo; llevadle ahora
a la cárcel, que es alhaja
mui preciosa el tal Luquillas
e importa mucho guardarla.
V. ¿A la cárcel?
D. P. Pues, ¿en dónde
pensaste dormir, canalla?
A la cárcel, y de allí
a Galeras; ¿qué esperabas?
¿no te lo dije? Llevadle.
V. Advertid...
D. P. No advierto nada.
V. Confieso el delito,
merezco grillete,
azotes y brete,
que he sido maldito;
pero ya contrito
pido compasión.
L. ¡Picarón!
D. P. ¡Picarón!
V. Señora viudita,
mi suegra futura,
si tanta ventura
el cielo me quita
lugar al perdón.
M. ¡Picarón!
F. ¡Picarón!
V. Ya veis malograda
mi fuga indiscreta,
tomad la maleta,
yo no quiero nada,
y quede anulada
cadena y prisión.
Todos ¡Picarón! ¡Picarón!
V. Dulce dueño mío.
(A Isabel)
I. Me ruegas en vano.
V. Venerable tío. (A D. Pedro)
D. P. Echadle la mano.
V. Señor Escribano,
Ferminilla, Antón.
Todos ¡Picarón! ¡Picarón!
Escena 20ª
D. Pedro, Dª Mónica, Isabel, Leonardo y Fermina
D. P. Y bien, ¿qué tal? ya lo has visto.
M. Ya lo he visto; avergonzada
y confusa reconozco
mi ceguedad; ¡cómo engañan
las apariencias! Leonardo,
hoi te cumplo la palabra
que te di: tuia es mi hija.
L. Yo, Señora, lo aceptara,
pero...
M. ¿Qué dudas?
L. No es mucho
que dude, quando burladas
mis esperanzas he visto
la ingratitud más villana
que me llena de dolor
y despecho al acordarla.
Yo fui digno de Isabel
mientras faltó en esta casa
un competidor, y apenas
en ella disteis entrada
a ese impostor quando vi
la fortuna declarada
contra mí; ni tantos años
de amor, ni vuestra palabra,
-315ni la pública opinión,
nada fue bastante, nada,
a reduciros, y ahora,
quando por inesperadas
casualidades, el cielo
una verdad nos declara
tan funesta para vos,
juzgáis que a templarme basta
una dicha que el acaso,
no vuestra elección, me guarda.
¿Qué? ¿tan poco mereció
una pasión confirmada
por los años? ¿tan común
fue mi amor, que así lo agravian?
I. ¡Ay, Leonardo!
L. Mi querida
Isabel, mi idolatrada
Isabel, di si no es cierto
lo que dige, si no es causa
bastante para un despecho
la ceguedad obstinada
de tu Madre... ¡ah, sino fuera
tan verdadera, tan rara
esta pasión! Si tú fueras
menos bella o más ingrata,
supiera con más desvío
dar a mi dolor venganza.
Pero tú, digna mil vezes
de mi amor y mi constancia,
tú me rindes, y esos ojos
todo mi furor desarman.
Tuio soi; otros pudieran
darte fortuna más alta,
bien la mereces, y sólo
esto me divide el alma;
pero un corazón amante
por ningún precio se paga.
Si nos queremos los dos,
Isabel, esto nos basta.
I. Sí, Leonardo, la fortuna
o favorable o contraria
nada importa; la virtud
maiores dichas prepara...
también hai felicidad
donde las riquezas faltan.
D. P. Vaya muchachos, callad,
callad, que ya se me saltan
las lágrimas sin querer.
Yo soi un pobre Juan Lanas,
que no puedo ver a nadie
llorar sin que me dé gana
de llorar a mí también...
Si os queréis de veras, nada
os aflixa: aquí estoi yo.
Mañana mismo, mañana
os casaréis; ¡eh! ¿qué tal,
Isabelita? ¿te agrada?
El dote está prevenido:
mi hacienda es vuestra, y mi casa;
tomadlo todo, y queredme
mucho, mucho, y Dios os haga
mui venturosos.
M. ¡Hermano!
(Echándose a sus pies.)
L. e I. ¡Señor!
D. P. ¡Oh! son excusadas
ceremonias. Abrazadme
muchachos, que ya acabadas
vuestras penas, sólo es tiempo
de dar al cielo mil gracias,
y olvidemos para siempre
nuestras disputas, hermana.
L. e I. No turbe la dicha presente
el antiguo temor y la pena,
que ya el cielo sus iras serena,
y promete la felicidad.
M. y F. Grato amor os dé ventura
en unión honesta y pura
que no alteren ni moderen
ni los celos ni la edad.
I. Ni de amor a la antorcha luciente
los ardores apague Himeneo.
L. Logren ambos el digno trofeo,
siempre unidos en dulce amistad.
M. y F. Grato amor os dé ventura
en unión honesta y pura.
Todos Que no alteren ni moderen
ni los celos ni la edad.
Fin
-316Nous ne pouvons nous permettre, dans le cadre de cet article, une étude détaillée des
différences que présente ce second acte avec son homologue de la comédie. Laissons ce
soin au lecteur minutieux et tenons-nous en, si l'on veut bien, à celles qui nous ont paru
fondamentales.
L'intrigue repose ici avant tout sur la coïncidence, la péripétie, le coup de théâtre: l'élément
déterminant en est Antón, personnage étranger au drame familial, dont l'arrivée déclenche
un processus irréversible menant au dénouement; c'est d'abord (sc. 8) la découverte fortuite
de la bague et de la chaîne dérobées qui fait soupçonner le faux baron -et permet de placer
Mónica-, puis l'imposteur, dans une situation plaisamment embarrassante (sc. 12 et 13);
c'est ensuite l'identification -une variété d'«agnición» ou d'«anagnórisis», en somme- du
baron, alias Luquillas (sc. 15); c'est elle qui oblige ce dernier à prendre la fuite.
En 1803, Antón a disparu: Moratín a renoncé à cette intrigue. Pourquoi cela? A ce qu'il
semble, pour deux raisons, étroitement liées l'une à l'autre.
La «zarzuela» est avant tout un divertissement; et dans ce cas particulier, on l'a vu, un
divertissement destiné à une famille de la haute aristocratie. Obligé de tenir compte des lois
de ce genre hybride, à la fois dramatique et lyrique, notre auteur a subordonné le
«provecho» au «deleite», la leçon à l'agrément du spectacle; d'autre part, désireux de plaire
et de s'imposer -il vient à peine d'être soustrait à la vie monotone de l'atelier, on ne connaît
de lui que quelques poèmes- il sait que les Benavente n'ont que faire d'un enseignement qui
ne concerne pas leur classe et que dispensera bien plus abondamment la future comédie.
C'est pourquoi les caractères, de l'aveu même de Moratín, sont quelque peu négligés au
profit de la mise en scène et du spectacle proprement dit: passages chantés, revirements
soudains, accentuation de certaines attitudes (Isabel ne songe qu'à mourir, elle essaie
d'émouvoir en évoquant son père défunt, etc.), comique de situations; l'arrivée spectaculaire
de l'aigrefin flanqué de l'alcalde et des alguazils (sc. 19) est prétexte à un regroupement de
tous les personnages qui vont répondre en choeur aux modulations du repentant Luquillas.
En un mot, du mouvement et de la variété; le respect d'une morale assez simplette: le
méchant est puni, la mère coupable s'humilie, le galant trop longtemps éconduit lui
reproche âprement sa sottise.
De toute évidence, le genre déplaît à Moratín qui, après avoir achevé Le Viejo y la Niña,
n'a consenti à commettre une «zarzuela» que pour -317- être agréable à ses protecteurs:
«Es género que no me gusta -écrit-il à Jovellanos -y no sé quién será le valiente que podrá
excusar la inverisimilitud continua que trahe consigo. Si le he de decir a Vmd. con
franqueza lo que siento,... mi opinión es que le arte de añadir por medio de la música
energía y belleza a la declamación sin perjuicio de la verisimilitud todavía no se ha
descubierto». Voilà le grand mot lâché: la vraisemblance, règle d'or des néoclassiques; pour
prendre un cas extrême, il lui paraît en effet absurde qu'un ténor d'opéra blessé à mort
pousse le dernier soupir sous forme de contre-ut. C'est que la transposition musicale des
passions constitue en quelque sorte un obstacle à l'illusion de la réalité qu'un bon dialogue
peut et même doit, selon Moratín, entretenir, de manière à ce que la fiction détermine chez
le spectateur des impressions de même nature que celles qu'il peut éprouver dans la vie
courante. En d'autres termes, la leçon qui se dégage scène après scène et s'insinue dans
l'esprit du public -car c'est bien de cela qu'il s'agit- tend à s'estomper dans la mesure où, à
intervalles réguliers, les personnages redevenus acteurs dénoncent par leur chant le
caractère fictif de la situation et en déplacent le centre d'intérêt; cette alternance contribue à
affaiblir la relation immédiate qui se fait entre le comportement des protagonistes et les
critères habituels de jugement: il est évident par exemple que si Luquillas avait, comme on
dit, un bel organe, l'impression défavorable causée par son imposture, devait être largement
compensée par le plaisir d'entendre ses vocalises. Cet élément de diversion, nous le
retrouvons sous une autre forme dans le duo «galán»-«gracioso» de la «comedia» du siècle
d'or, ou bien encore dans la représentation du «sainete» par les acteurs de la pièce
principale au cours d'une même séance, deux habitudes contre lesquelles s'élèvent
également les réformateurs du théâtre.
Pour toutes ces raisons, Moratín ne pouvait être satisfait de son premier essai lyrique;
l'initiative ne venait d'ailleurs pas de lui, le genre ne l'attirait aucunement. Le texte de sa
«zarzuela» était encore moins fait pour être soumis à l'appréciation du grand public, ce
«pueblo» que les «ilustrados» s'efforcent précisément d'éduquer, entendons: d'endoctriner,
pour le plus grand profit des classes dirigeantes (n'en déplaise à la «philanthropie»
contemporaine qui croit dur comme fer à celle du XVIIIe siècle).
Pour devenir «comedia regular», la pièce primitive devait donc subir d'importantes
modifications; simple conséquence d'un changement d'optique: le deuxième acte de la
comédie va maintenant s'organiser davantage -318- autour d'une idée directrice, d'une
thèse que tous les éléments doivent concourir à illustrer, et que la «zarzuela» ne faisait
qu'ébaucher.
Les passages chantés sont évidemment supprimés. Mais dès le début de l'acte, une nouvelle
scène 2 va opposer le baron et Leonardo; cette confrontation, dans laquelle se précisent
justement certains traits de caractère des deux personnages, prépare plus logiquement que
les révélations inattendues de l'«oficial de sastre» le dénouement; Leonardo apparaît ici
comme un jeune homme fougueux, volontaire, et fermement décidé à défendre lui-même
son bonheur menacé: seul un duel pourra mettre fin à la rivalité des deux hommes. Au
cours d'un dialogue qui n'est pas sans faire songer à une parodie de l'entrevue de Rodrigue
et Don Gormaz, le baron, dissimulant alors sa peur, essaie de dissuader son rival sous
prétexte de générosité. Et cette lâcheté, qui dénonce plus nettement, sous ses airs de
grandeur, la personnalité méprisable de l'imposteur, lui dictera, dès cet instant, sa conduite
à venir; d'où la nécessité d'une troisième scène au cours de laquelle il réfléchit et se décide à
fuir. En d'autres termes, la marche de l'intrigue est à présent plus étroitement liée au jeu de
caractères mieux définis; point n'est besoin d'un Antón pour dénouer le drame. Enfin, les
explications données à Mónica par le baron désireux de justifier sa prudente retraite
permettent à l'auteur de faire miroiter aux yeux de la villageoise prétentieuse la possibilité
de secondes noces avec un grand-moutardier imaginaire; ainsi, un surcroît de ridicule
s'attache au personnage de Mónica dont la pièce dénonce la mentalité néfaste, mais en outre
la leçon sera d'autant mieux perçue que la principale responsable de ce drame familial
recevra dès lors un châtiment proportionné à sa faute: l'écroulement de ses propres rêve -et
non plus seulement de ceux qu'elle nourrissait pour sa fille- va donner par contraste tout son
relief au bonheur des victimes de son ambition; la «justice» du dénouement est en quelque
sorte plus évidente, et c'est pourquoi Moratín n'a plus besoin des récriminations finales de
Leonardo à l'adresse de sa future belle-mère.
Cette attitude assez cavalière du jeune homme était d'autre part assez peu conforme à la
morale familiale prônée par les réformateurs, tant sur la scène que dans les milieux
gouvernementaux. Qu'une mère du peuple fût humiliée devant ses enfants, peu importait
sans doute à un Benavente; mais on ne pouvait offrir ce spectacle au grand public alors
même qu'on s'efforçait par ailleurs de restaurer l'autorité des parents à l'image de l'autorité
monarchique, et que l'Immaculée Conception -c'est à dire la Vierge-Mère exempte de toute
tache originelle- prêtait son concours à cette offensive idéologique. Aussi ne verrons-nous
pas non plus dans la comédie la tía Mónica se jeter aux pieds de D. Pedro, réplique
masculine, en quelque sorte, de Madame Jourdain: tout au -319- contraire, après que ce
dernier ait tiré la morale de l'histoire, les enfants s'agenouillent devant la mère coupable, on
s'embrasse avec effusion, et D. Pedro, s'il sermonne néanmoins sa soeur, le fait avec
tendresse. Certes, Mónica a été ridicule, elle a fait rire à ses dépens, mais cette scène finale,
dans laquelle la famille perturbée est enfin redevenue une famille exemplaire, redonne à la
mère la respectabilité qui lui est due. Il est à peine nécessaire d'ajouter que dans cette pièce,
les accusations sont presque exclusivement formulées par D. Pedro, et non plus par
Leonardo, ou même Isabel, comme c'était le cas dans la «zarzuela».
Quant au baron, la suppression des passages chantés rend inutile son arrestation; d'autre
part, un châtiment banal n'avait plus sa place dans une comédie qui vise avant tout à
stigmatiser non pas l'attitude de l'imposteur, mais bien celle de la villageoise orgueilleuse:
la réapparition et le repentir du baron pouvaient constituer une diversion susceptible
d'atténuer la véritable portée du dénouement. Moratín laisse donc fuir notre homme; mais
c'est en cela même que se manifeste son habileté: se faisant l'interprète de la pensée de
maints réformateurs, il prête à D. Pedro ces propos:
«Que se vaya
Enhorabuena... ¿Quién sabe?
Tal vez le susto que acaba
De llevar será su enmienda.
Así le infeliz se salva
De un presidio, en donde lejos
De reprimirse las malas
Inclinaciones, se aumentan,
Donde los delitos hallan
Castigo, no corrección».
Enfin -et c'est la différence fondamentale entre les deux pièces- il suffit d'examiner les
modifications apportées à certaines scènes de la «zarzuela» au cours de la rédaction de la
comédie pour comprendre que la nouvelle destination de cette oeuvre entraînait
nécessairement, sinon un changement radical d'optique, du moins un développement fort
significatif de certains éléments simplement ébauchés -et pour cause- dans la pièce
primitive; autrement dit, cette comparaison donne à Le Barón son véritable sens, sur lequel
on a pu se méprendre.
Dans la scène 2 de l'acte II de la «zarzuela» (dialogue D. Pedro-baron) D. Pedro s'inquiète
surtout du «decoro» de sa nièce; la nouvelle de son éventuel mariage avec un grand sera
sanctionnée par le mépris de ses -320- concitoyens: après cela, nul ne voudra plus d'elle
comme épouse au village. Dans la comédie, par contre «B.A.E.», sc. 4), le même
personnage oppose au «casamiento desigual» le bonheur simple des époux de même
condition: le meilleur mari pour Isabel, ce n'est pas l'élégant corrompu de la ville, mais
l'honnête jeune homme de son propre milieu campagnard; cette variation sur le thème de
l'«alabanza de aldea» n'est pas gratuite, on s'en doute. Sa portée se précise dans la scène 6
qui est une refonte des scènes 5 et 11 de la «zarzuela»; dans cette dernière, D. Pedro
critique la soif de promotion sociale de Mónica en termes assez généraux; dans la comédie,
il en va tout autrement, et les tirades de D. Pedro, homme de bon sens -c'est-à-dire, comme
nous allons voir, porte-parole de l'idéologie officielle- constituent la clé de toute la pièce;
en premier lieu, les causes de l'ambition de la tía Mónica sont parfaitement dévoilées: rien
d'autre qu'un sentiment d'infériorité sociale vis-à-vis de la classe privilégiée, celle de
l'«aristocratie» villageoise; elle envie son aisance matérielle, le titre de «doña» que l'on
donne aux «hidalgas», la place de choix qui leur est réservée à l'église; la lutte des classes
est donc à l'origine de ce besoin de promotion. A ce mal, il n'y a qu'un remède: démontrer
que les privilégiés auxquels on aspire à s'assimiler ne méritent pas un tel honneur: et ce que
D. Pedro ne pouvait dire qu'en des termes généraux et voilés dans une pièce destinée aux
Benavente, il le fait ici sans retenue: les nobles se marient non par amour, mais par intérêt,
que l'épousée soit bossue, camarde ou borgne, le fiancé manchot, vieux ou affligé de
goutte; en outre, leur «grandeur» dissimule mal une dépravation inqualifiable: la vie
citadine constitue la somme de tous les vices. Certes, les témoignages du temps
authentifient pour une bonne part ce tableau peu engageant, mais il va sans dire que l'auteur
flatte démagogiquement l'esprit antinobiliaire des roturiers qui envient et critiquent à la fois
-les deux attitudes sont complémentaires- les privilégiés. Et c'est précisément par l'amour
que nos villageois sont supérieurs à ces derniers: c'est une inclination naturelle et non pas le
fruit d'un calcul; ainsi la grave faute de Mónica est-elle de contrarier le choix des deux
jeunes gens; mais on voit bien qu'il n'y a là rien de «révolutionnaire»: la liberté (?) de choix
n'est reconnue que dans la seule mesure où elle fait obstacle à un projet de «casamiento
desigual», où elle constitue un argument opposable a une tentative d'alliance entre deux
classes différentes; la meilleure preuve en est le ridicule qui sanctionne la décision prise par
Mónica de se remarier: son choix -tout est là- s'est porté sur un individu appartenant, lui, à
une classe supérieure.
Comment ne pas reconnaître l'écho d'une propagande qui emplit tout le siècle? Face à un
besoin de mieux-être, à un souci de dignité qui animent d'une manière de plus en plus
inquiétante les couches laborieuses et se -321- traduisent notamment par la désertion des
campagnes et l'abandon de nombreux métiers manuels au profit d'activités non productives
mais plus rémunératrices ou plus «honorables», les gouvernements successifs s'efforcent
d'enrayer un processus grandement préjudiciable à l'économie dont l'intensification repose
essentiellement sur l'accroissement de l'armée du travail et sa surexploitation. De la
«honra» des métiers à la critique d'une certaine noblesse héréditaire, tout concourt à
convaincre le peuple qu'il n'est de dignité, sinon de bonheur, que dans sa propre condition;
cette «conformidad» qu'on ne cesse de lui prêcher d'une manière ou d'une autre, D. Pedro
l'appelle «moderación», et l'élève -pouvait-il en être autrement?- au rang de vertu. Mais
nous aurons l'occasion de revenir sur ce problème fondamental pour la compréhension de
l'idéologie «éclairée» dans un prochain travail, un peu plus étoffé que le présent article dont
le but n'était que de présenter un texte inédit.
Acte II, scène 17.
______________________________________
Facilitado por la Biblioteca Virtual Miguel de Cervantes
Súmese como voluntario o donante , para promover el crecimiento y la difusión de la
Biblioteca Virtual Universal.
Si se advierte algún tipo de error, o desea realizar alguna sugerencia le solicitamos visite el
siguiente enlace.