Le suicide du salarié EDF était bien dû au travail

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Le suicide du salarié EDF était bien dû au travail
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15 avril 2009
Le suicide du salarié EDF était bien dû au
travail
La dépression ayant conduit Dominique Peutevynck, un salarié de la centrale de Chinon, à se suicider
vient d’être reconnue comme maladie professionnelle.
C’est un jugement de plus de vingt pages, longuement motivé, que vient de rendre le tribunal des
affaires de Sécurité sociale (Tass) de Tours. Une décision très attendue par la famille de Dominique
Peutevynck, le salarié de la centrale nucléaire de Chinon (Indre-et-Loire) qui avait mis fin à ses jours
au mois d’août 2004. Pour la première fois, la justice a tranché dans cette affaire, en estimant que «
la dépression dont souffrait avant son décès Dominique Peutevynck était essentiellement causée par
son travail habituel ».
Une bataille juridique sans concession est engagée depuis plus de deux ans autour du suicide de ce
salarié de la centrale nucléaire. EDF conteste en effet la décision de la Caisse primaire d’assurancemaladie de reconnaître comme maladie professionnelle la dépression ayant mené Dominique
Peutevynck au suicide. Il est vrai que cette reconnaissance permettrait à la famille Peutevynck de
faire condamner EDF en invoquant « la faute inexcusable de l’employeur ».
Dans son jugement, le Tass de Tours se fonde essentiellement sur l’avis de deux comités régionaux
de reconnaissance des maladies professionnelles, celui du Centre et celui des Pays de Loire, qui ont
été amenés à examiner le cas de ce suicide. L’un comme l’autre avait conclu que les causes du
suicide de Dominique Peutevynck se trouvaient bien dans le travail. Dans le dossier, l’avis du médecin
du travail de la centrale, le docteur Huez, pèse également très lourd. Le praticien avait en effet tiré la
sonnette d’alarme en attirant l’attention de la direction sur les problèmes croissants rencontrés dans
le service de M. Peutevynck.
De nombreux éléments permettent en tout cas de démontrer que Dominique Peutevynck avait
exprimé de plus en plus sa souffrance au travail. Le Tass note que le salarié s’était plaint « d’une
grosse charge de travail », qu’il avait fait part d’un sentiment « de lassitude, un désir de partir ». Le
comité de reconnaissance des maladies professionnelle a souligné « la personnalité scrupuleuse de
l’intéressé, génératrice d’anxiété avec un très grand investissement professionnel ».
“ Un très grand investissement professionnel ”. De son côté, depuis le début de la procédure, EDF
met en avant le caractère multifactoriel du suicide de son salarié. Des problèmes familiaux et de
santé ont notamment été soulevés par l’avocat d’EDF. Mais le tribunal a considéré que ces éléments
n’empêchaient pas le travail d’être la cause essentielle des difficultés du salarié. La direction de la
centrale de Chinon a indiqué, hier, que la décision de faire appel ou non de ce jugement n’était pas
encore prise.