Texte de la paracha Ki Tissa en français

Transcription

Texte de la paracha Ki Tissa en français
‫ב"ה‬
Likouteï Si’hot
Perspectives ‘hassidiques sur la Sidra de la Semaine
d’après les causeries du Rabbi de Loubavitch
chabbat parchat
ki tissa
18 Adar I 5776 - 27 février 2016
SEFER chemot
Tissa
L’image du troupeau
(Discours du Rabbi, Likouteï Si’hot, tome 18, page 327)
Les versets Tissa 30, 11-12 disent : «L’Eternel parla à Moché en ces termes : lorsque tu
élèveras(1) la tête des enfants d’Israël, selon leur compte…». Rachi, commentant le verset
16, explique : «L’Injonction de les recenser a été donnée au début des offrandes pour le
Sanctuaire(2), après l’épisode du veau d’or, parce qu’ils avaient été atteints par une épidémie, ainsi qu’il est dit : ‘l’Eternel frappa le peuple’(3). Ceci évoque l’image d’un troupeau,
cher à son propriétaire, qui subit une épidémie. Lorsque celle-ci s’acheva, il dit au berger :
‘Je t’en prie, dénombre mon troupeau et compte ceux qui restent’, afin de faire la preuve
de son amour pour lui(4)».
Le Midrash Tan’houma(5) mentionne également cette image, mais avec quelques modifications : «Ceci évoque l’image d’un roi(6) qui avait un nombreux troupeau. Des loups
vinrent et le décimèrent. Le roi demanda alors au berger : dénombre le troupeau pour
savoir combien de bêtes manquent(7)».
Rachi introduit donc deux modifications, par rapport au Midrash :
A) Le Midrash parle d’un troupeau attaqué par les loups, alors que Rachi évoque un
troupeau victime d’une épidémie.
B) Selon le Midrash, le recensement a pour objet de déterminer : «combien manquent»,
alors que, pour Rachi, on «compte ceux qui restent»(8).
Concrètement, on peut considérer que ces deux modifications dépendent directement
l’une de l’autre :
(1) Ce terme désigne ici le recensement.
(2) Juste avant son édification.
(3) Il fallait donc déterminer le nombre des survivants.
(4) C’est la justification de la fréquence de ces recensements. Rachi souligne ici qu’elle est une manifestation
de l’amour du Saint béni soit-Il pour les enfants d’Israël.
(5) Dans la Parchat Tissa, au chapitre 9. C’est vraisemblablement la référence de ce commentaire de Rachi.
(6) C’est le propriétaire.
(7) Et, ont été mangés par les loups.
(8) On dénombre, dans le premier cas, ceux qui sont partis, dans le second, ceux qui restent.
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Lorsqu’il y a une attaque de loups, le berger(9) en porte, lui aussi, la responsabilité, car
son rôle est également de protéger le troupeau des loups(10). En conséquence, le propriétaire du troupeau(11) lui demande le nombre de bêtes manquantes, afin d’évaluer la gravité du manquement, de la part de ce berger.
Une épidémie, en revanche, n’implique en aucune façon la responsabilité du berger. En
pareil cas, le propriétaire du troupeau ne lui demande pas combien de bêtes manquent.
Bien au contraire, il veut savoir combien il lui en reste. Son seul but est alors d’exprimer
l’amour qu’il porte à son troupeau(12).
C’est pour cette raison que Rachi, dans l’image qu’il mentionne, fait état d’une épidémie(13), de laquelle le berger ne peut pas être tenu responsable. Cette image correspond
plus clairement à ce qui fait l’objet de cette Paracha, l’épidémie qui fit suite à la faute du
veau d’or.
En effet, Moché notre maître, le «berger», n’était pas présent dans le campement,
quand la faute du veau d’or fut commise(14). Il est donc bien clair qu’il ne pouvait pas
empêcher qu’elle se produise(15).
* * *
(9) Qui était, en l’occurrence, Moché, notre maître.
(10) Non uniquement de le faire paître.
(11) En l’occurrence, le Saint béni soit-Il.
(12) C’est-à-dire, dans ce cas, aux bêtes qui ont survécu.
(13) Plutôt que d’une attaque de loups, modifiant ainsi l’image énoncée par le Midrash.
(14) Il se trouvait sur le mont Sinaï.
(15) Selon le même raisonnement, Rachi, commentant le verset Pin’has 26, 1, faisant référence au recensement des enfants d’Israël qui fit suite à la faute de Baal Peor, dit que : «ceci évoque l’image d’un berger dont
le troupeau est attaqué par les loups, faisant plusieurs victimes». En effet, cette faute se déroula en la présence
de Moché et l’on pouvait donc penser qu’il en portait une partie de la responsabilité.
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Une moitié
(Discours du Rabbi, Likouteï Si’hot, tome 3, page 923)
Le verset Tissa 30, 13 dit : «ils(1) donneront ceci… un demi-Shekel». Cette Paracha relate
la faute du veau d’or(2), qui fit trébucher les enfants d’Israël juste après le don de la Torah,
mais elle indique aussi de quelle manière réparer cette faute et en obtenir l’expiation,
grâce à l’Injonction relative au demi-Shekel(3).
On connaît la profonde similitude qui existe entre la faute du veau d’or et celle de l’arbre
de la connaissance du bien et du mal(4). L’une et l’autre eurent un effet négatif semblable.
Lors de la création du monde, la Présence divine se trouvait ici-bas(5). La Lumière de D.ieu
n’était ni cachée, ni dissimulée. Elle éclairait d’une manière évidente, aux yeux de tous(6).
C’est alors que fut commise cette faute de l’arbre de la connaissance du bien et du mal,
qui fit descendre une souillure et en recouvrit le monde matériel, au point d’en chasser la
Présence divine(7). Puis, lors du don de la Torah, cette souillure fut ôtée et, de nouveau, la
Présence divine résida dans le monde(8).
Par la suite, la faute du veau d’or provoqua un retour en arrière, jusqu’à un certain point
et, de nouveau, la même souillure s’empara du monde(9). Cette souillure présentait alors
une gravité particulière, puisqu’elle marqua de son empreinte non seulement le peuple
d’Israël, mais aussi le monde entier(10).
(1) Les enfants d’Israël.
(2) La Parchat Tissa, au chapitre 32.
(3) Selon les versets Tissa 30, 13-16. Par la suite, les Shekalim furent donnés par les enfants d’Israël, chaque
année, pendant le mois d’Adar. Ils servaient, d’une part, à financer les sacrifices publics, à partir du Roch
‘Hodech Nissan et jusqu’à la fin du mois d’Adar suivant, d’autre part, à établir le recensement des enfants
d’Israël, puisqu’il était impossible de les compter directement, afin de ne pas susciter le «mauvais œil».
(4) Nos Sages, dont la mémoire est une bénédiction, expliquent que le monde fut créé dans la pureté. Puis,
lorsque fut commise la faute de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, l’impureté s’abattit sur le monde.
Lors du don de la Torah, l’impureté disparut, puis, quand fut commise la faute du veau d’or, elle fut rétablie.
(5) C’est pour cette raison que le Gan Eden se trouvait dans le monde matériel.
(6) C’est ainsi qu’Adam, le premier homme, fut en mesure de conduire tous les êtres à se prosterner devant
D.ieu, dès leur création.
(7) Le Gan Eden fut alors transféré dans les mondes supérieurs.
(8) Au moins de manière éphémère, pendant tout le temps que dura le don de la Torah.
(9) Comme l’indiquent le traité Chabbat 146a et le Zohar, tome 1, à la page 52b.
(10) Dont toute la matière doit être transformée par l’effort des hommes, afin d’être affinée, élevée et de
retrouver sa place dans le domaine de la sainteté.
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La faute du veau d’or est si grave qu’encore de nos jours, plus de trois millénaires après
qu’elle ait été commise(11), le monde n’est pas totalement purifié de la souillure qu’elle a
apportée. Seule la venue du Machia’h la fera totalement disparaître(12).
Le Saint béni soit-Il indiqua aux enfants d’Israël le moyen de racheter cette faute, le don
du demi-Shekel. Le Midrash raconte(13) que Moché, notre maître, quand il en eut connaissance, exprima sa surprise : comment un homme peut-il racheter son âme(14), surtout au
moyen d’une somme aussi réduite ?
Que fit alors le Saint béni soit-Il ? «Il fit sortir une pièce de feu de dessous Son trône
d’honneur, Il la montra à Moché et Il dit… voici ce qu’ils donneront». En apparence, comment D.ieu répondait-Il, de cette façon, à la surprise de Moché(15) ? Quel était donc le sens
de cette pièce de feu ?
Une autre question est également soulevée par ce qui vient d’être dit : pourquoi s’agitil uniquement d’un demi-Shekel(16) et quelle idée est introduite par cette moitié ? Tout ce
qui est lié à la Torah et au domaine de la sainteté ne doit-Il pas être entier ? Pourquoi, dans
ce domaine, rechercher précisément une moitié ?
La réponse à ces questions est la suivante. Les deux aspects(17) qui viennent d’être soulignés indiquent ce qu’est le contenu profond de cette Mitsva du demi-Shekel. Ils permettent de comprendre le pouvoir particulier de cette moitié de Shekel, permettant de
réparer la faute du veau d’or.
L’idée du demi-Shekel est la suivante. Un Juif, à lui seul, n’est qu’une moitié. La seconde
moitié, qui le complète pour qu’il parvienne à la plénitude, est le Saint béni soit-Il Luimême(18). C’est uniquement en étant attaché à D.ieu qu’un Juif est entier, alors qu’à lui
seul, il n’est qu’une moitié. C’est de cette manière que s’exprime la relation profonde
entre les enfants d’Israël et le Saint béni soit-Il(19).
(11) Malgré les nombreuses Mitsvot accomplies par les Juifs, au fil des générations, qui ont largement contribué à cette transformation de la matière.
(12) C’est à ce propos qu’il est dit : «J’ôterai l’esprit d’impureté de la terre».
(13) Dans le Yerouchalmi, traité Shekalim 6a, chapitre 1, au paragraphe 4 et les Tossafot sur le traité ‘Houlin
42a, au paragraphe : «Voici l’animal».
(14) Après avoir commis une faute aussi grave.
(15) La valeur désuète du demi-Shekel ne semble pas modifiée par cette image.
(16) Plutôt que d’une pièce entière.
(17) La moitié et la pièce de feu.
(18) Dans d’autres textes, il est dit que la seconde moitié est un second Juif. Ces deux interprétations sont
complémentaires.
(19) Une relation de complémentarité tendant vers la plénitude.
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Mais, tout cela n’est pas encore suffisant. Il est nécessaire, en outre, que cette pièce
soit en feu. Un Juif doit révéler la flamme de l’essence de son âme, le feu de l’amour du
Saint béni soit-Il, l’amour qui émane du profond de la personnalité et qui ne disparaît
jamais(20).
Telle est donc la signification profonde de cette Mitsva du demi-Shekel, qui suscite la
prise de conscience qu’un Juif faisant abstraction de D.ieu, dans ses actions quotidiennes,
n’est que la moitié de son existence et la nécessité de mettre en éveil, dans son âme, un
amour éternel envers le Saint béni soit-Il.
C’est précisément de cette façon que l’on peut racheter la faute du veau d’or. Une faute
est, en effet, une situation d’éloignement du Saint béni soit-Il, alors que la Mitsva du
demi-Shekel est la forme la plus profonde de l’unification(21) entre D.ieu et l’homme.
* * *
(20) Comme cela est expliqué à propos du verset : «Tu allumeras un feu perpétuel sur l’autel, tu ne l’éteindras
pas». Cet autel est, en l’occurrence, le cœur de chaque Juif.
(21) Soit l’antithèse de l’éloignement.
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