Fusion Sprint-Nextel : mise en perspective
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Fusion Sprint-Nextel : mise en perspective
IDATE NEWS 340 21 décembre 2004 Fusion Sprint-Nextel : mise en perspective Sprint répond à la fusion de Cingular et d’AT&T Wireless et compte désormais sur les mobiles pour assurer son développement. La fusion de Sprint et de Nextel intervient quelques semaines après le feu vert des autorités nordaméricaines données à SBC et BellSouth pour la fusion de Cingular et d’AT&T Wireless. Cette dernière, en constituant devant Verizon Wireless un deuxième opérateur de plus de 40 millions d’abonnés, mettait dans une situation délicate Sprint, qui dépasse à peine avec ses affiliés 23 millions d’abonnés. Or Sprint, longtemps considéré d’abord comme un opérateur filaire longue distance et local, retire désormais plus de la moitié de ses revenus de ses investissements dans les mobiles, et surtout ne peut compter que sur ce segment pour conserver de la croissance : le longue distance apparaît en tant que tel comme un marché définitivement sinistré, tandis que son activité d’opérateur local subit douloureusement l’effritement de son parc téléphonique et la chute des recettes téléphoniques. Les mobiles sont donc vitaux pour Sprint. • Nextel, success story un peu inattendue, a suivi un chemin original en reconvertissant avec l’aide de Motorola des licences de radiotéléphonie privée d’entreprise en réseau mobile national. Il en a hérité une clientèle fidèle et lucrative, une image d’innovateur avec sa fonction talkie-walkie (reprise maintenant par tous les opérateurs offrant du push to talk), mais aussi une norme propriétaire iDEN qui pourrait devenir un handicap à terme face aux évolutions des autres opérateurs qui ont retenu soit les normes CDMA (Verizon Wirelss et Sprint) intégrant les évolutions haut débit EV-DO, soit la filière de normes GSM/EDGE et UMTS (Cingular et T-Mobile). • Historiquement très balkanisé par l’attribution de licences locales, le marché américain des mobiles va donc être organisé autour de 4 acteurs : Cingular, Verizon Wireless, Sprint/Nextel et T-Mobile. Au premier abord, cela représente un taux de concentration important, comparable à ce que l’on observe sur la plupart des marchés européens, sauf que la taille du marché nord-américain (plus de 100 milliards USD pour plus de 170 millions d’abonnés) dépasse de très loin le marché allemand, premier marché européen. D’autant que le taux de croissance aux Etats-Unis devrait rester plus important dans les années à venir, compte tenu d’un taux de pénétration encore relativement modeste : 60% à la fin de l’année (et que l’ARPU nord-américain, plus élevé que l’ARPU européen, inclut plus de 500 minutes téléphoniques –plus du double de ce que l’on observe en Europe– et une part data de l’ordre de 4%, versus 16% en Europe). A ces 4 acteurs s’ajoutent les partenaires qui revendent des abonnements, à l’instar de Qwest qui a abandonné il y a quelques mois son propre réseau pour proposer à ses abonnés les services du réseau de Sprint. Il n’en demeure pas moins que c’est l’Europe aujourd’hui qui, avec ses dizaines d’opérateurs nationaux, paraît caractérisée par la balkanisation dans les mobiles. Les économies d’échelle, que mettent en avant les acteurs des fusions aux Etats-Unis, sont probablement moins évidentes de ce côté de l’Atlantique, même si Vodafone représente une réussite incontestable dans la constitution d’un acteur pan-européen. Or, en Europe comme aux Etats-Unis, le potentiel de croissance à court terme dans le secteur des télécommunications réside d’abord dans les mobiles. Sans leurs participations dans les mobiles, les revenus de Verizon et BellSouth sont en baisse depuis plusieurs trimestres, et SBC arrive tout juste à afficher une très modeste croissance depuis deux trimestres grâce à des résultats remarquables en matière de haut débit et de services longue distance. • La fusion de Sprint et Nextel pourrait théoriquement être contestée par Verizon Wireless, qui avait fait connaître son intérêt pour prendre le contrôle de Sprint. Ses chances paraissent cependant faibles. La fusion de Verizon Wireless, le plus dynamique des grands opérateurs mobiles, avec Sprint, l’autre grand réseau CDMA, dégagerait un niveau élevé de synergie mais se verrait sans doute contrainte par des obligations de cessions de fréquences et d’abonnés beaucoup plus importantes que celles qui ont finalement été imposées à Cingular. Reste la situation de Vodafone, qui dispose de 45% de Verizon Wireless mais aurait bien aimé contrôler son activité aux Etats-Unis et disposer d’un réseau GSM/UMTS à l’instar de ses autres actifs © IDATE 1 IDATE NEWS 340 17 décembre 2004 dans le monde. La cible idéale, et qui lui a échappé, était AT&T Wireless. Il lui est difficile aujoud’hui de troquer sa place financièrement confortable dans Verizon Wireless contre T-Mobile, qui connaît un réel dynamisme mais apparaît loin derrière en nombre d’abonnés et en rentabilité, dans l’hypothèse où Deutsche Telekom vendrait. Mais d’autres acteurs pourraient intervenir, en particulier les grands câblo-opérateurs à commencer par Comcast. Le câble aux Etats-Unis n’a rien à voir avec ce qu’on en connaît en Europe. Il couvre 90% de la population. 65 milliards USD y ont été investis ces 5 dernières années pour moderniser les réseaux. La croissance annuelle des revenus y est de 10%. Le câble domine très largement le marché du haut débit, malgré les efforts remarquables de RBOC pour accélérer leurs parcs DSL. Et il se prépare à généraliser d’ici la fin 2005 l’offre de téléphonie sur IP. Dans ce contexte, la seule chose qui lui manque face à Verizon et SBC/BellSouth, ce sont les mobiles. Time Warner a déjà fait part de son projet d’offrir un service mobile à ses abonnés. On voit mal le leader du secteur, Comcast, rester durablement à côté de ce marché. Yves GASSOT Directeur général, IDATE Les principaux acteurs des mobiles avant au 30 septembre 2004 Verizon Wireless Subscribers* ARPU $ Churn (%) Cingular AT&T W. Sprint T-Mobile Nextel 47 25.7 21.9 23.2 16.3 15.3 51.58 49.7 57.4 62 55 69 1.5 2.8 3.7 2.3 2.8 1.5 (*) en million, en intégrant les affiliés et revendeurs Source : IDATE / Company data Croissance des abonnés mobiles par grand réseau au cours des derniers trimestres Net additions Suscribers(x1000) 1 800 1 600 1 400 1 200 1 000 800 600 400 200 0 3Q03 2Q04 3Q04 Verizon Cingular Wir. AT&T Wir. Sprint PCS T-Mobile Nextel Source : IDATE/ Company data Revenus des 4 RBOCs – 3Q04 – Wireline/Wireless $ billion Verizon* Tot. Revenues Wireline Wirless 18.247 9.6 7.3 12.8 10.3 2.5 BellSouth 6.7 4.5 1.7 Qwest 3.4 3.3 0.132 SBC Source : company data/IDATE © IDATE 2