recrutement un marché dynamique, en mutation
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recrutement un marché dynamique, en mutation
Métiers RECRUTEMENT UN MARCHÉ DYNAMIQUE, EN MUTATION Contrairement à ce qui est annoncé depuis près de dix ans, l’emploi ne connaît pas de déclin dans l’industrie pharmaceutique, mais plutôt une mutation. De nouveaux métiers apparaissent, et de nouveaux défis sont à relever. —————— industrie du médicament a enregistré, entre 1992 et 2002, une augmentation de 20 % de son effectif employé en France. Le secteur de la R&D a doublé ses effectifs, et la production a progressé de 17 %. Les créations d’emploi ont concerné toutes les activités des entreprises. Certes, des sites ont été fermés, mais ceux qui subsistent sont de plus en plus gros. Certains emploient près de 2 000 personnes. En revanche, la commercialisation n’a, elle, augmenté ses effectifs que de 4 %, ce qui est souvent masqué par un taux de rotation important. Les emplois sont qualifiés et très variés : on recense 150 métiers spécifiques et une centaine d’emplois transverses (informatique, finances, administration, ressources humaines). Les niveaux de qualification augmentent de façon régulière. A coté des 100 000 emplois directs, le secteur génère 250 000 emplois induits : les emplois du « cœur de métier » externalisés (les façonniers emploient 5 000 salariés, les prestataires en R&D (CRO, développement galénique, enregistrement, pharmacovigilance) emploient également 5 000 personnes, et les prestataires en visite médicale 4 500) ; les emplois « four- L’ PHARMACEUTIQUES _ SEPTEMBRE 2005 nisseurs » (la fabrication du principe actif occupe 12 500 personnes, les conditionnements et les emballages emploient 10 000 salariés) ; les emplois de la distribution du médicament (grossistes, dépositaires, importateurs, officines), représentent la plus grande part de ces emplois induits. Comparée à l’automobile et ses 300 000 salariés, l’industrie du médicament est un employeur de taille moyenne, mais de qualité. Si elle emploie 10 fois moins de personnes que l’Éducation nationale, la compétence de ses collaborateurs est tout aussi stratégique pour la santé de nos concitoyens que celle des enseignants pour l’éducation de nos enfants. Conséquences du papy-boom. Les chiffres 2003 seront présentés par le Leem en octobre prochain. Mais on sait que cette année-là, si les créations nettes d’emploi sont plus modestes qu’au cours des cinq années précédentes (0,8 %), le bilan reste néanmoins tout à fait positif avec 800 emplois nouveaux auxquels il faut rajouter près de 1200 recrutements liés à la mobilité et aux départs en retraite. Depuis 10 ans, l’Observatoire des métiers, de l’emploi et de la for- © BSIP 44 mation du Leem enregistre et exploite les données disponibles afin d’élaborer une vision prospective sur l’emploi et les compétences nécessaires aux besoins des entreprises et de l’innovation. Cet observatoire vient de publier une étude prospective sur les métiers et l’emploi, face aux profondes mutations du secteur. Étude qui a fait l’objet d’un rapport, dont la diffusion est facilitée par la rédaction d’une synthèse disponible auprès du Leem1. Comme tous les secteurs d’activité, bien que dans une moindre mesure, l’industrie du médicament sera confrontée aux problèmes démographiques et aux conséquences du papy-boom. D’après l’Observatoire des métiers, 40 000 départs naturels sont attendus entre 2002 et 2012, dont 15 000 départs en retraite. D’après les prévisions, ces départs augmentent régulièrement jusqu’en 2008, puis marquent un palier au niveau le plus haut (2000 départs par an) avant de commencer à décroître 45 mation rendue obligatoire par le Code de la santé. Mais grâce à la validation des acquis de l’expérience, et les possibilités offertes par le nouveau dispositif de formation professionnelle, cet effort de formation devrait être facilité, à condition qu’il s’inscrive dans une politique d’anticipation. Dans le secteur de la production, le secteur du conditionnement va également connaître d’importants départs en retraite. Mais ce sont les emplois les moins qualifiés qui sont les plus concernés. Dans les années 80, des formations qualifiantes ont permis de sauver l’emploi de près de 2000 conditionneuses qui ont pu devenir opératrices de production. La situation est différente aujourd’hui. Les départs liés à l’âge facilitent l’intégration de personnes de qualification de plus en plus élevée. Seule difficulté, mettre en adéquation ces départs échelonnés dans le temps avec les besoins à court terme et trouver les compétences sur le marché de l’emploi. Là aussi, l’anticipation conditionne l’avenir. Les départs liés à l’âge facilitent l’intégration de personnes de qualification de plus en plus élevée. en 2011. L’importance de ce phénomène varie selon les secteurs d’activité et les métiers. On sait que la visite médicale a le taux de rotation le plus élevé. Mais des changements à plus court terme peuvent modifier les prévisions à 10 ans. D’ici à 2012, un tiers des chercheurs partiront en retraite. Le secteur de la production sera également fortement touché. Par contre, dans certains métiers, structurellement plus jeunes (marketing, affaires réglementaires, informatique), la situation est inversée. Certaines professions redoutent une forte pénurie de compétences, liée aux départs en retraite et à une faible démographie des jeunes. C’est notamment le cas du secteur des assurances. Selon Emmanuelle Garassino, responsable de l’Observatoire des métiers du Leem, la pharmacie ne s’attend pas à une situation globalement critique. Le problème devrait être circonscrit à certains métiers. Cela nécessitera une recherche de nouveaux profils et parfois représen- De nouveaux métiers. Les départs massifs de chercheurs ne sont pas le seul facteur de risque. C’est l’avenir de la recherche en France qui est en question, étroitement liée aux stratétera une opportunité de gestion des gies d’investissement des grands ressources humaines. groupes et à l’environnement éconoDans le secteur de la visite médimique et réglementaire que les poucale, les directeurs régionaux sont voirs publics voudront bien réserver particulièrement concernés par la au médicament. L’externalisation n’a vague de départs en retraite. Il suffit pas entraîné de diminution massive de considérer leur âge moyen : 43 ans des effectifs. De plus elle s’est faite en contre 39 ans pour l’ensemble des saFrance, le plus souvent. Elle concerne lariés. Jusqu’à aujourd’hui, c’était le façonnage, la galénique, les essais majoritairement un métier de secliniques, le data management, les conde partie de carbio-statistiques et dans rière, après une expéune moindre mesure la Certaines rience plus ou moins pharmacovigilance. Les professions longue sur le terrain. délocalisations ont eu redoutent une Les entreprises vont beaucoup moins d’effet forte pénurie de sur l’emploi que prévu. devoir rechercher de nouveaux profils, ce Certes des redistribucompétences qui à terme va favoriser tions ont eu lieu, des une forte évolution du métier. Sans productions ont été transférées dans renoncer à la promotion des perd’autres pays européens, mais cela sonnes du terrain, elles envisagent s’est accompagné d’une spécialisad’intégrer trois nouveaux profils : des tion des unités de production, avec managers des ventes d’autres secaugmentation des activités des sites teurs, des jeunes diplômés des écoles maintenus sur le territoire national, de gestion et de commerce, des chefs augmentation des effectifs et une éléde produits en mobilité interne. Bien vation des qualifications qui va enentendu, il faudra passer par la forcore s’accentuer. En R&D, l’exemple SEPTEMBRE 2005 _ PHARMACEUTIQUES 46 m é t i e r s RECRUTEMENT DR L’INTERNATIONAL, BÊTE NOIRE DES CADRES FRANÇAIS Cédric Garcia, directeur du pôle santé France chez Axcess. « Pour réussir, être brillant, il faut bouger, aller à l’international. A mon sens, c’est ce qui manque encore aux dirigeants français ». Cédric Garcia, directeur du pôle santé France et international et président de la filiale USA du groupe Axcess, est un professionnel en recrutement pour l’industrie pharmaceutique. Des dirigeants français qui réussissent à l’étranger, il en connaît, mais pas suffisamment. « Je crois que c’est culturel. Les Français se sentent tellement bien dans leur pays qu’ils ne se dirigent pas naturellement vers l’international. Ceux qui veulent partir veulent aussi revenir. Si on compare aux Hollandais qui n’ont jamais hésité à partir – sans penser à revenir – nous sommes assez casaniers. Mais aujourd’hui, il faut se forcer, être capable de franchir le pas car la compétition est devenue internationale. On ne peut plus réussir en restant franco-français », remarquet-il. Les qualités françaises sont pourtant très appréciées à l’étranger, notamment la créativité, l’esprit critique, la capacité à (se) remettre en question, à ne rien prendre pour argent comptant. « Nous avons de très bonnes formations et cela se sait. De plus, les Français sont lucides mais leur vision peut être limitée par un manque d’ouverture à l’international ». Leurs compétences généralistes de gestion d’entreprise, leur expertise scientifique, leur savoir-faire commercial, leur capacité à interagir dans des organisations complexes, à conduire le changement, à fédérer et motiver leurs équipes, leur charisme… sont très recherchés. Le manque d’ouverture à l’international est un bémol à tous les avantages que peuvent offrir les dirigeants français. On demande aujourd’hui une vision internationale du métier et de son environnement politique, une expérience internationale sur plusieurs marchés, de préférence acquise dans un contexte d’expatriation, la pratique de plusieurs langues étrangères et impérativement l’anglais. « Combien sont véritablement à l’aise en anglais ? Il faut que les dirigeants français parlent plusieurs langues comme nos concurrents européens, disons au moins trois. La multiculturalité est recherchée aujourd’hui, il faut s’y mettre ! » le plus caractéristique est celui des chercheurs. En plus de la complexité scientifique croissante, tous doivent aujourd’hui affronter des volumes d’information de plus en plus importants, les gérer, les analyser et les interpréter. Pour cela, ils doivent assimiler les sciences de l’ingénieur (bio-informatique, robotique, électronique). Toujours dans le domaine scientifique, le métier de galéniste est en pleine mutation et tend à se différencier en deux emplois. L’un en amont, par intégration de l’innovation galénique au début du processus de recherche. L’autre au niveau du développement, plus tourné vers l’industrialisation et la production. PHARMACEUTIQUES _ SEPTEMBRE 2005 M.M. Les techniciens de production sont, eux, de plus en plus centrés sur le pilotage des équipements et les techniciens de maintenance doivent assurer la fiabilité des équipements. Pour le marketing, l’évolution d’un marketing « produit » vers un marketing « patient » s’accélère et s’accompagne d’un renforcement de la gestion des bases de données. Ces facteurs influencent également les ventes. Mais c’est surtout l’impact des mesures liées à la réforme de la Sécurité sociale et des pratiques médicales qui va entraîner de profonds changements dans ces métiers. Charte de la visite médicale oblige, DR et DM vont participer au renfor- cement de la qualité de l’information, développer leurs aptitudes relationnelles et renforcer leurs connaissances de base en épidémiologie, médico-économie, réglementation et politique de santé. Plusieurs profils commencent à émerger, selon qu’il s’agisse de médicaments innovants ou de génériques. Mais c’est dans les fonctions supports que de nouveaux métiers apparaissent. Liés au développement de la sous-traitance dans les activités « cœur de métier » et à la nécessité de conserver la maîtrise d’œuvre, apparaissent des métiers de coordinateur de projet R&D, de gestionnaires de CRO et de chargés d’affaires en maintenance industrielle. Dans les activités d’analyse, optimisation et contrôle d’activité, on recherche des contrôleurs de gestion industriels, des « supply chain » managers, des analystes, ou des chargés d’études ventes, des responsables de la relation clients (CRM), des chargés d’affaires réglementaires industrielles. Les métiers de gestionnaires de bases de données se répandent dans tous les secteurs de l’entreprise. C’est dans tous les domaines qu’il faut aujourd’hui assurer le recueil et l’exploitation des données et en contrôler la qualité. Différents scénarii. L’étude du Leem prévoit plusieurs scénarii, selon que la France met le cap sur l’innovation ou qu’elle renonce à sa place dans la compétition mondiale. Si elle perd son attractivité pour la recherche et la production de médicaments, il faut redouter la perte de 25 000 emplois d’ici à 2012, ce qui représente 25 % de l’effectif actuel. Compte tenu des départs naturels attendus, l’embauche sera, au plus, de 20 000 emplois sur 10 ans pour maintenir un effectif d’environ 75 000 emplois. Cette situation s’accompagnera d’une faible mobilité et d’un vieillissement peu propices à affronter les évolutions scientifiques et technologiques. C’est la spirale du déclin. Dans un scénario plus optimiste, auquel la profession veut croire, on prévoit une embauche de 50 à 60 000 personnes sur 10 ans. Il passe par une politique attractive des pouvoirs publics en matière de santé, favorisant l’investissement et l’activité « médicament » en France, notamment en R&D, mais également par un fort développement des bio- 47 technologies. Or dans ce domaine, tences. Des pénuries ciblées appala France accuse un certain retard et raissent déjà, compte tenu de la dispose de peu de sites de bioproducconcurrence avec d’autres secteurs et tion, comparée à l’Allemagne, la Suisse d’une « évaporation des compéou les USA. Outre un effort important tences » vers d’autres pays. Il d’innovation et d’investisconvient donc de présements en « Biotechs », L’externalisation parer les compétences la réussite de cette vision n’a pas entraîné de demain et d’attirer optimiste passe par la réles jeunes (qui se font de diminution sorption des sureffectifs de rares) vers ces métiers, massive des certains métiers, le renoumais aussi de gérer les effectifs vellement des profils et compétences comme une gestion rigoureuse des un bien précieux, les âges dès maintenant. adapter et les faire évoluer. Le proSi globalement les entreprises blème n’est pas seulement du côté trouvent sur le marché les compédes jeunes diplômés ou de la chasse tences de base (pharmaciens, méaux compétences externes. Une telle decins, biologistes, biochimistes, inpolitique laisserait trop au hasard et génieurs), elles ont besoin de profils provoquerait une surenchère salariale de plus en plus pointus, sur un marnon maîtrisable. L’exemple des pharché de l’emploi sans frontières. maciens est significatif. L’officine, en Même pour des diplômés à Bac + 2, il situation de pénurie, a fait de gros effaut orienter les formations 5 ans à forts sur les salaires de ses pharmal’avance vers les nouvelles compéciens assistants, ce qui accentue les difficultés de recrutement dans le secteur de la production pharmaceutique. Il s’agit donc de mettre en place une vraie gestion prospective des ressources humaines de l’entreprise. Et ce n’est pas parce que tout va trop vite qu’il ne faut pas anticiper dans ce domaine comme on le fait dans la recherche de molécules. Perspectives. Il faut également favoriser la création de nouveaux cursus de formation, plus adaptés. Par exemple, diplôme d’ingénieur (ou 4 années de pharmacie) et mastère en production pharmaceutique. Investir dans l’emploi des seniors, pour peu que les pouvoirs publics retirent les freins existants, identifier les postes correspondant plutôt à une seconde partie de carrière, comme par exemple le « business developpment ». Proposer encore plus de formations. Aujourd’hui, les dé- GSK EVREUX, UNE PLACE IMPORTANTE POUR LES JEUNES DIPLÔMÉS DR Responsable mobilité et emplois chez GSK Evreux, Francine Langlois recherche chez tout candidat la motivation, l’envie de faire. « Nous ne voulons pas de profils standardisés mais un croisement d’expérience et de savoir-faire ». La particularité du site, excepté sa spécialisation dans les formes inhalées, est de regrouper un vaste éventail des familles de l’industrie pharmaceutique : développement, production, logistique industrielle, validation… d’où des profils de formation tout aussi larges. Les jeunes diplômés occupent une place importante. « 100 à 150 stagiaires sont accueillis chaque année. C’est le rôle d’une entreprise citoyenne de participer à la formation et nous anticipons notre recherche de compétences. Ce sont les premières personnes que nous sollicitons lors d’un recrutement, parfois dès la fin de leur stage », indique Francine Langlois. Une politique en place depuis longtemps puisque le site a accueilli, il y a moins de dix ans, deux jeunes de la première promotion d’ingénieurs d’Evreux. L’un d’eux fait aujourd’hui partie du comité de direction. « C’est révélateur. Notre taux de « turn over » est faible grâce à une fidélisation comprenant protection sociale, Laure Fossey, responsable communication et Francine Langlois, responsable mobilité et emplois. rémunérations attractives, bons niveaux de participation et d’intéressement. Nous suivons nos collaborateurs individuellement, ce qui permet de faire évoluer les compétences. Enfin, les plans de formation concernent 9,5 % de la masse salariale ». Seule ombre au tableau, les pharmaciens sont peu attirés par l’industrie pharmaceutique. « Quand ils choisissent cette filière, ils évitent les sites de production. Or les parcours peuvent être passionnants, il faut le faire savoir. C’est pourquoi nous menons des actions de partenariat avec des écoles, nous sommes présents au forum de l’industrie pharmaceutique chaque année, nous participons à des simulations d’entretien, etc. Nous communiquons de plus en plus sur ce qu’on fait sur le site ; et participons par exemple à la Fête de la science ». Faire partie d’un grand groupe international ayant sept autres sites de production est un autre atout pour les salariés. Outre les échanges courants d’un pays à l’autre sur les méthodes de travail et les projets, des missions à court ou moyen terme à l’étranger permettent de faire évoluer les compétences et mettre à profit la multiculturalité. « Pour les profils cadres, nous demandons un anglais courant et une capacité à travailler dans un environnement international ». En croissance exponentielle depuis sa création en 1968, le site d’Evreux veut stabiliser ses effectifs, déjà à 2000 personnes. « C’est logique car l’activité se stabilise mais cela n’entame pas notre dynamisme. D’ailleurs, des lancements de produits sont prévus d’ici à 2010 », précise Laure Fossey, responsable communication du site. M.M. SEPTEMBRE 2005 _ PHARMACEUTIQUES 50 m é t i e r s RECRUTEMENT « L’INDUSTRIE PHARMACEUTIQUE OFFRE DE BELLES OPPORTUNITÉS » DR VÉRONIQUE MOUGIN Manager du département industrie pharmaceutique de la société 3 S Santé. QUELLES SONT LES QUALITÉS PREMIÈRES QUE VOUS RECHERCHEZ CHEZ UN CANDIDAT ? aussi du monde dans des domaines spécialisés comme l’oncologie, l’infectiologie, la thérapie génique… QUELS SONT LES BESOINS RÉCURRENTS, ET VOS DIFFICULTÉS EN L’excellence, le respect, l’autonomie, l’homogénéité dans MATIÈRE DE RECRUTEMENT ? le parcours, l’ouverture à l’international et la multiculturalité, ainsi que la curiosité, le sens des relations humaines, la capacité à travailler en équipe, le sens de l’engagement, en un mot le dynamisme. Nous recherchons des compétences techniques très importantes et des compétences individuelles qui correspondent à la culture d’entreprise. Enfin, nous cherchons absolument une double spécialisation. Les candidats l’ont compris et beaucoup ont un double cursus : marketing santé, santé assurance qualité (AQ)/contrôle qualité (CQ). QUELS CONSEILS DONNERIEZ-VOUS À UN JEUNE QUI CHERCHE LA BONNE ORIENTATION ? Aujourd’hui, je conseillerais plutôt la médecine, parce que toutes les facettes de l’industrie lui sont offertes. Les métiers qui touchent à la qualité, les ingénieurs spécialistes dans la validation des procédés, les Bac +4 chimie avec une spécialisation… seront toujours très recherchés. Je lui conseillerais d’essayer de travailler à l’étranger, pour acquérir cette multiculturalité qu’on recherche beaucoup en France mais que l’on trouve peu. CELA FAIT PLUS DE DIX ANS QU’EST ANNONCÉE UNE STAGNATION DE L’EMPLOI DANS L’INDUSTRIE PHARMACEUTIQUE. POURTANT CELUI-CI N’A EU DE CESSE D’AUGMENTER DE 1 À 2 % PAR AN. QU’EN EST-IL AUJOURD’HUI ? Les conditions sont moins favorables à la France, mais malgré les fusions récentes et la complexité des nouvelles disciplines, les demandes augmentent. Cette année, nous assistons même à des créations d’emplois. On demande nombre de médecins produits et de médecins régionaux pour constituer de nouvelles équipes. On recherche Les familles les plus porteuses pour les médecins et les pharmaciens sont la R&D et la production. Il existe aussi une demande importante de médecins produits qui se situent entre la R&D et le marketing. Nos besoins récurrents concernent des ARCs pour la recherche clinique, des pharmaciens pour les affaires réglementaires et des spécialistes en qualité et en production. Il y a une forte augmentation des demandes pour les responsables de pharmacovigilance. En production, on cherche des responsables AQ et CQ, des responsables de validation de procédures et d’équipement, des responsables de fabrication. On trouve toujours le candidat recherché mais il nous faut parfois jusqu’à six mois. QUELS SONT LES MÉTIERS QUI APPARAISSENT ? CEUX QUI DISPARAISSENT ? Nos candidats cibles sont les bacs +5, c’est pourquoi on ne recrute pas de visiteurs médicaux, excepté pour les « call center ». Les métiers de l’information et de la communication vers le grand public sont en pleine explosion. On recherche aussi des responsables en affaires réglementaires internationales mais ce n’est pas un nouveau métier en soi. On note moins de demandes en pharmacologie et en galénistes. Il est vrai aussi qu’à terme, il y aura une transformation des directeurs régionaux puisqu’on leur demande désormais un bon niveau scientifique et pas seulement marketing, c’est pourquoi ce sont les médecins régionaux qui deviennent les grands patrons de visite médicale. PROPOS RECUEILLIS PAR MÉLANIE MAZIÈRE Retrouvez chaque jour sur notre site www.pharmaceutiques.com rubrique Emploi&Carrières, les offres (des laboratoires et des prestataires) et demandes d’emplois dans le secteur pharmaceutique. Renseignements et tarifs : 01 44 05 83 37 ou [email protected] PHARMACEUTIQUES _ SEPTEMBRE 2005 51 penses de formation continue repré- sentent 4 % de la masse salariale. Dans la compétition mondiale, la place de la France reste bonne, mais a fortement reculé. L’étude de Rexservices2 d’avril 2004 souligne que la France a, en effet, perdu 1,7 point de part de marché mondial au cours des quinze dernières années, alors que l’Irlande et la Suisse gagnaient chacune l’équivalent. Les coûts et la qualité de la main d’œuvre de la Hongrie ou de la République tchèque rendent ces pays attractifs pour la production. En France, le taux d’imposition est supérieur à la moyenne européenne de près de 5 points. La Grande-Bretagne et l’Irlande sont de redoutables concurrents pour la fabrication des principes actifs. Et en matière de recherche, le budget des États-Unis a doublé en 5 ans. Pour la France, qui exporte aujourd’hui la moitié de sa production, la question de la compétitivité est donc cruciale. L’étude rappelle quelques vérités fortes : le médicament mérite d’être considéré comme un facteur de progrès au bé- néfice de la santé publique. Le mainsements financiers mais aussi investien d’une industrie du médicament tissements dans les ressources husur son propre territoire est primormaines (qui n’ont jamais aussi bien dial pour la santé de la porté leur nom). Les population. Une indoivent se Sans attractivité, entreprises dustrie du médicamobiliser dans une reil faut redouter ment forte constitue lation suivie avec les la perte de un atout pour la croismilieux éducatifs, parsance et pour l’emploi. ticiper à la profession25 000 emplois L’existence de centres nalisation des enseid’ici à 2012 de recherche favorise gnements, organiser le haut niveau de forl’accueil systématique mation des praticiens et facilite de stagiaires et utiliser les dispositifs l’éducation des patients. de formation en alternance. Enfin, La confrontation de différents obelles doivent proposer des perspecjectifs difficiles à concilier - haut nitives de formation continue et d’évoveau de soins et d’innovation, dévelution professionnelle à des collaboloppement de l’emploi d’un côté, rateurs possédant des compétences équilibre de comptes sociaux et limirecherchées sur un marché de plus tation des prélèvements collectifs de en plus ouvert. ■ FRANÇOISE JUBIN l’autre - c’est d’abord l’affaire du pouvoir politique, qui doit créer et pérenniser les conditions d’attractivité de la France. Ainsi, les conditions (1) Étude prospective sur les métiers et l’emploi dans seront remplies pour que les entreles entreprises du médicament dans 5 à 10 ans – synthèse 2005 disponible sur simple demande à prises maintiennent et développent [email protected] leurs investissements en France, en (2) « Les enjeux de l’industrie du médicament pour recherche et en production. Investisl’économie française ». EGON ZEHNDER INTERNATIONAL : LA DIFFÉRENCE SE FAIT SUR LA RENCONTRE DE DEUX MOTIVATIONS Xavier Leroy, chef du département santé d’Egon Zehnder. La mission principale de Xavier Leroy est la recherche de cadres dirigeants pour le compte de clients qui peuvent être des groupes pharmaceutiques, de diagnostics, de matériel médical, de vaccins, mais aussi des « biotech ». Expert en « search », il est ce que l’on appelle communément un « chasseur de têtes ». « Les problématiques humaines des organisations (recrutement, réorganisation, remplacement) trouvent souvent une solution externe. Notre rôle est d’optimiser les ressources managériales de nos clients et de contribuer à une adéquation durable entre des besoins : ceux de nos clients et ceux des candidats, ces derniers pouvant un jour devenir des clients. Notre approche est celle de consultants : nous apportons une valeur ajoutée à nos clients, en allant au-delà de l’approche transactionnelle ». Quel que soit le poste à pourvoir, les qualités recherchées sont une compétence technique des domaines ou des marchés, une expérience démontrée et vérifiable pour un poste donné, une approche orientée vers les résultats, une disposition de meneur d’hommes et une bonne dose de bon sens. « Nous ne recrutons que des personnes à partir de compétencesclefs, ayant fait leurs preuves, donc des seniors. Nous recherchons peu pour des postes de directeurs régionaux car notre cible concerne des cadres de direction générale. Les DR nous intéressent pour d’autres postes, parfois dans des "biotechs". Je crois à leur valeur dans l’industrie pharmaceutique, ils sont d’excellents intermédiaires », remarque Xavier Leroy. Les fusions et autres concentrations génèrent de l’activité pour Egon Zehnder International, qui met en place des audits de direction générale. Les fusions conduisent aussi inévitablement à des départs, ce qui par ricochet conduit à de nouvelles missions de recherche ; enfin les plus seniors bénéficient de mesures d’âge, d’où parfois des postes à pourvoir. « Les groupes nous demandent par exemple de leur trouver un directeur général d’une filiale étrangère en France ou d’une filiale française à l’étranger, des responsables de site industriel, des directeurs d’affaires réglementaires, de marketing en oncologie ou en diabète, des responsables qualité… Nous avons des cadres d’un excellent niveau en France, des personnes brillantissimes. Nous les considérons pour nombre de grands groupes pharmaceutiques en Europe et aux États-Unis. Nous allons chercher parfois des candidats français aux États-Unis. Enfin, au-delà de l’expérience et des compétences adéquates, nous recherchons des personnalités en harmonie avec un groupe, une culture d’entreprise, un style de management. En fait, audelà des compétences, la différence in fine se fait sur la rencontre de deux motivations, employeur et candidat ». M. M. SEPTEMBRE 2005 _ PHARMACEUTIQUES RECRUTEMENT m é t i e r s 53 PFIZER PGM AMBOISE VERS UNE STABILISATION DES EFFECTIFS Responsable du recrutement chez Pfizer PGM Amboise, Isabelle Chéné annonce une stabilisation dans les recrutements. Une situation amboisienne qui n’aurait pas de lien direct avec les restructurations et fermetures de sites (Val-de-Reuil et Angers) annoncées. Isabelle Chéné, responsable du recrutement chez Pfizer PGM Amboise. —————— Quels sont vos besoins, vos difficultés de recrutement ? > Nos besoins récurrents concernent des postes d’opérateurs en conditionnement, en fabrication, des techniciens de maintenance et de laboratoire. L’une des difficultés rencontrée est liée à la pénurie de pharmaciens, difficulté renforcée lorsque nous recherchons une expérience particulière, par exemple en affaires réglementaires. Dans le recrutement, le comportement de la personne, son adéquation aux valeurs de l’entreprise, son intégrité et sa capacité à travailler en équipe sont essentiels. Nos besoins sont moins forts car nous entrons dans une période de stabilisation. Nos effectifs ont progressé ces cinq dernières années, créant jusqu’à 30 nouveaux postes en CDI par an (le site compte plus de 700 collaborateurs), notre recours à l’intérim variant en parallèle de 40 à 90 équivalents temps plein pour faire face à des surcroîts d’activités. Nous essayons d’avoir un équilibre des tranches d’âge. Nous avons ainsi favorisé le recrutement de quadragénaires car ils manquaient dans notre pyramide des âges. Seniors et juniors se côtoient sur notre site. Quels sont les moyens mis en œuvre pour (re)fidéliser vos collaborateurs ? > Le fait que Pfizer soit le numéro un mondial fidélise naturellement et draine beaucoup de candidats. Tout nouvel embauché bénéficie d’une semaine d’intégration : visite du site, formation aux outils informatiques, présentation du fonctionnement de l’entreprise, etc. Nous appliquons la convention collective et des statuts collectifs favorables à nos collaborateurs. Étant une entreprise internationale, nous proposons des détachements temporaires, permettant de bouger sans trop de risques, d’apprendre d’autres choses dans un autre contexte, mais toujours avec les valeurs de Pfizer. Nous avons peu de « turn over » et nous n’avons pas à refidéliser nos collaborateurs. Dans un tel cas, nous effectuons des bilans de compétences et de motivation afin de savoir sur quel axe aider la personne démotivée. Nous favorisons aussi la formation interne. En 2004, nous avons enregistré 26 000 heures de formation. Enfin, nos collaborateurs bénéficient d’une participation et d’un intéressement aux résultats, d’entretiens individuels annuels, etc. M. M. CL-INNOVATION LES PROFILS RECHERCHÉS SONT DE PLUS EN PLUS PRÉCIS Claude Louis, directeur du service recrutement (SELITIS) de CL-Innovation, parmi les leaders de la prestation de services à l’industrie pharmaceutique, a le sentiment que cette dernière garde globalement une forte dynamique, « néanmoins différente d’un secteur à l’autre. On constate une forte poussée dans des domaines tels que les “biotech”, les domaines de spécialités et bien sûr les génériques, quand des secteurs plus classiques comme la médecine générale voient leur croissance ralentir. Mais ce ralentissement ne signifie pas nécessairement un recul. Certaines branches d’activités arrivent aujourd’hui à maturité. L’industrie est plus adulte, s’est professionnalisée et son paysage s’est modifié. Les exigences sont plus importantes de la part de nos partenaires et également de nos candidats ». Les mesures récemment prises par le CNPVM et le Leem et la cotation des écoles amènent sur le marché de la visite médicale des candidats mieux formés, plus vite opérationnels. Les profils recherchés sont de plus en plus précis. Si globalement le recrutement en médecine générale tend à être moins important, les demandes de délégués spécialistes, de cadres marketing, ventes ou me- dico-marketing sont en forte progression. « Notre performance 2005 sera supérieure à celle de 2004 avec une distribution différente. Notre activité touche aujourd’hui tous les postes, de la visite médicale à la direction générale, ventes, marketing et médical. Ainsi, nous recrutons moins de VM mais compensons avec les réseaux spécialisés hospitaliers et les cadres. Nous avons ainsi créé plusieurs réseaux complets de spécialistes hospitaliers, en cardiologie, oncologie, cancérologie... Notre challenge actuel : continuer à suivre les profils à fort potentiel d’évolution et détecter le plus tôt possible les talents de demain ». Seul souci : les médecins se dirigeant vers l’industrie restent une denrée rare. « Un travail en amont auprès des facultés me semble nécessaire. Nous rencontrons parfois des profils qui ne sont pas exactement ce que l’on recherche. Cependant, l’augmentation constante des qualifications requises et des exigences de tout notre secteur industriel sont un formidable accélérateur qui nous amène, non seulement à nous ouvrir sur d’autres modes de fonctionnement que ceux de l’industrie pharmaceutique, mais également à regarder ce qui se passe au-delà de nos frontières ». SEPTEMBRE 2005 _ PHARMACEUTIQUES RECRUTEMENT m é t i e r s 55 QUEL RÔLE POUR LE LEEM ? e Leem donne l’impulsion. Cinq grands thèmes correspondant aux défis identifiés donnent lieu à des actions spécifiques. Une convention de coopération signée entre le ministère de l’Éducation nationale et le Leem accompagne et garantit les actions engagées sur ces thèmes : adapter l’offre de formation initiale aux besoins des entreprises et professionnaliser les cursus de formation ; attirer les jeunes mais aussi des compétences d’autres secteurs vers l’industrie du médicament ; favoriser la mobilité et le développement professionnels ; répondre aux problématiques Un mastère locales en dévelopspécialisé en pant des partenariats dans les régions maproduction pharmaceutique jeures d’implantation des entreprises du médicament ; favoriser l’attractivité des emplois en France (conditions d’emploi, relations de travail, protection sociale et retraites, formation professionnelle). Attirer les jeunes talents. Nécessité d’anticipation, prévision des besoins à moyen terme et professionnalisation des enseignements sont les conditions nécessaires au développement des entreprises du médicament en France. Le Leem a déjà à son actif des réalisations qui illustrent ces cinq pistes d’action. Pour attirer des jeunes talents vers l’industrie, palier la méconnaissance du secteur par le grand public et faire connaître ses métiers, le Leem a © BSIP L effectivement réalisé avec l’Onisep une brochure intitulée « Zoom sur les métiers du médicament », diffusée dans les 12 000 collèges et lycées de France. Par ailleurs, un groupe de travail Université/Industrie avec les doyens des facultés de pharmacie se préoccupe du numerus clausus qui devrait tenir compte des besoins de l’industrie, et de la valorisation des métiers de la production. Une action similaire est menée en direction des facultés de médecine, pour que le nombre d’étudiants soit augmenté et les enseignements sur le médicament renforcés. Les ingénieurs n’ayant pas l’approche pharmacie, de nouveaux cursus sont à l’étude, proposant un mastère spécialisé en production pharmaceutique. Sur le site www.le-medicament.com, un espace métiers figure en bonne place. Et un kit pédagogique est réalisé pour les professeurs des classes de 3ème dans le cadre d’une option sur la découverte des métiers. Enfin, en 2005, la profession a été présente sur les salons Métiers de Bordeaux et de Lyon. ■ F. J. CHIFFRES CLÉS • 100 000 personnes travaillaient pour l’industrie pharmaceutique en 2003, 81 200 en 1992 : plus de 20 % de progression par an. • Une population très féminisée : 57 % en 2002 ; jeune (39 ans d’age moyen en 2002 – 40 % de moins de 35 ans). • 20 % des effectifs employés en R&D. • Près de 15 000 personnes recrutées chaque année, parmi lesquelles 2 000 correspondent à de nouveaux emplois. • 7 bassins représentent 80 % des emplois (Ile-de-France, Rhône-Alpes, Centre, Normandie, Sud-Ouest, Paca, Alsace). • 45 % des salariés ont un diplôme égal ou supérieur à Bac + 2, contre 18 % dans l’ensemble de l’industrie. Plus de 20 % ont une formation à Bac + 4 et au-delà. Les niveaux inférieurs au Bac sont en diminution constante. SEPTEMBRE 2005 _ PHARMACEUTIQUES