Les maux d`amour, une force créatrice, Julie O

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Les maux d`amour, une force créatrice, Julie O
Les maux d'amour : une force créatrice
Les maux d'amour
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Julie Olmos
Préface de l'anthologie :
La poésie permet de me plonger dans l'univers d'un poète, de me laisser
porter par les images qu'il évoque et par la musicalité des sons qu'il crée. Pour
apprécier un poème, je dois accepter de m'y perdre, de ne pas saisir le sens
d'emblée et d'admettre son mystère.
Dans cette anthologie, chers lecteurs, vous allez entrer dans un univers à
la fois traditionnel et complexe. Traditionnel, car le thème de l'amour est
universel, mais aussi complexe car le sentiment amoureux suscite toutes sortes
de souffrances. Les poèmes sélectionnés dans ce recueil vous feront ressentir la
profondeur du désarroi face à l'amour de nos poètes.
La problématique qui sous-tend cette anthologie est : dans quelle mesure
la douleur en amour est-elle une force créatrice ? Et nous tenterons d’analyser
comment les poètes réussissent à toucher le lecteur bien qu’ils expriment des
sentiments profondément intimes liés au désespoir.
Chaque poète que vous allez rencontrer dans cette anthologie exprime ses
maux d'amour à travers le filtre de sa personnalité et de son vécu. Ainsi l'amour
peut être associé à différents maux : la jalousie, le sentiment de l'impuissance ou
d'insécurité, la nostalgie de l'être aimé, la folie ... Chaque poème que nous avons
sélectionné, est le reflet des peines d'âme de leur auteur. C’est d’ailleurs de cette
façon qu’est classée l’anthologie.
En effet, sous la plume des poètes que vous découvrirez ou redécouvrirez,
le thème de l'amour est couplé avec l'idée de souffrance.
Avec ‘’Le pont Mirabeau’’, Apollinaire narre une rupture amoureuse, celle
de Guillaume Apollinaire et Marie Laurencin. Apollinaire nous dit que si
l'amour semble éternel, il finit pourtant par passer, comme emporté par le cours
de la Seine : "l'amour s'en va comme cette eau courante" (v13). Cette situation
(de fuite de l'amour) le fait souffrir dans la mesure où il lutte pour que son
amour persiste. Mais il constate finalement son impuissance face au temps dans
les vers 20 et 21 "Ni temps passé / Ni les amours reviennent". Le thème des
maux de l'amour s'exprime à travers la plainte. Le registre élégiaque traduit cette
souffrance née du regret. La plainte se perçoit dans les sonorités et le rythme
monotones. Le refrain, formé de phrases courtes donne à ce poème une
impression de monotonie, d'une complainte de l'amoureux désespéré qui se
résigne à accepter la triste réalité.
Le poème de Louis Aragon, « Les mains d’Elsa », que j’ai sélectionné
pour ce recueil s’inscrit bien dans la thématique des maux d’amour car il aborde
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l’imperfection du sentiment amoureux. En effet sa douleur nait de la
compréhension qu’il ne pourra jamais atteindre une communion parfaite entre
les amants. Les mains d’Elsa symbolisent l’amour auquel le poète s’accroche
mais celles-ci ne parviennent jamais à calmer ses angoisses. C’est pourquoi il
tente de s’en délivrer par ce poème qui a les caractéristiques d’une prière. Voyez
l’emploi insistant des impératifs « Donne-moi » (répété cinq fois) et des formes
interrogatives « Sauras-tu jamais » (exprimé à quatre reprises). La douleur
amoureuse est donc une source d’inspiration pour Aragon qui la cultive à travers
l’art du langage qui prend ici la forme d’une prière, d’une supplication.
« Et la mer et l’amour » de Pierre de Marbeuf est un sonnet baroque dont le
thème est la souffrance due à la passion amoureuse. Il propose une comparaison
recherchée entre la mer et l’amour et ces deux thèmes sont entrelacés tout au
long du poème. Le poète nous expose une vision d’une mer tourmentée et celleci devient la métaphore filée de l’amour et de ses tourments. L’attrait de ce
poème réside dans ses sonorités travaillées avec les nombreuses allitérations
comme dans « Et la mer est amère, et l’amour est amer ». Le rythme binaire
procède aussi à cette musicalité. Le lecteur est sensibilisé à la détresse
amoureuse du poète à travers les sons évocateurs mis en avant tout au long du
moment. Il est invité à lire à haute voix le poème pour en saisir le jeu des
sonorités.
Le sonnet 58 de Shakespeare montre l'ambigüité des sentiments de
l'amoureux transi qui hésite entre l'accusation et l'excuse. Il semble accuser son
bien-aimé de le délaisser et même de le tromper, mais au même instant il lui
trouve des excuses. Voyez comment aux vers 3 et 4, le poète ou narrateur du
poème exprime sa contrariété d'avoir à attendre que son bien-aimé décide de
revenir vers lui « ne suis-je pas votre vassal, tenu d’attendre votre loisir ? »,
« Oh ! puissé-je, soumis à un signe de vous, supporter la prison d’absence que
me fait votre liberté ! » mais en même temps il semble résigné « je suis fait pour
attendre » et totalement compréhensif « et je ne blâme pas votre plaisir,
innocent ou coupable ». Le poète joue sur les mots, associe les contraires
« serf »/« vassal », « innocent »/« coupable », « prison »/« liberté » et les
procédés stylistiques comme les interjections « Oh! puissé-je », « Ô let me
suffer » qui font écho à l'emportement du poète, ainsi qu'à la confusion qui
règne dans son esprit.
La chanson de Jacques Brel, « Ne me quitte pas », raconte une rupture
amoureuse. Il s’agit d’une prière, d’une injonction adressée à la femme aimée. Il
est écrit en pentasyllabe, ce qui nous donne l’impression d’un rythme saccadé et
bref. C’est comme si le narrateur avait le souffle coupé et cherchait ses mots.
Les phrases sont d’ailleurs incomplètes, elliptiques et les pauses fréquentes
soulignent une hésitation. Le refrain composé exclusivement de la phrase « Ne
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me quitte pas », martelé vingt-trois fois, donne un rythme lent, presque
obsessionnel à l’expression de la souffrance du narrateur. Même si les images
sont belles poétiquement, l’auditeur ne peut que s’interroger sur la sincérité des
sentiments tellement cette prière est irréaliste. Finalement cette chanson si
connue n’est-elle pas un magnifique exercice de rhétorique avec en toile de fond
la puissance de la passion amoureuse ? A vous de juger !
Paul Eluard, membre du mouvement surréaliste, focalise son attention sur
l’inconscient, les rêves et les rencontres dues au hasard. « La dame de carreau »
est extrait du recueil Donner à voir publié en 1939. Ce poème autobiographique
en prose évoque le rêve d’une femme qui est entremêlé au mythe d’Orphée. Le
mélange de mythologie et de références qui semblent réelles nous plonge dans
un monde irrationnel sans chronologie logique. Mais cette image de la jeune
fille évoquée dans le texte est fragile, incertaine « J’ai bien cru, cette nuit-là, que
je la ramènerais au jour », ce qui implique l’échec du poète pour la ramener à la
vie. L’expression finale « Aimant l’amour » fait écho à cet échec car le poète se
résout à aimer un concept, une idée plutôt qu’une femme réelle qui reste
inaccessible. Il est condamné à la solitude et à la souffrance.
La gravure de Picasso symbolise la mort d’Orphée, attaqué par les
Ménade. Les formes géométriques m’interpellent car tous les personnages se
retrouvent divisés et réduits en ces formes géométriques. Les corps représentés
sont difformes, disloqués, amputés, ce qui me fait penser au mouvement
surréaliste et me semble illustrer l’univers onirique créé dans le poème «La
Dame de carreau» de Paul Eluard.
La sculpture de Camille Claudel représente un couple en train de danser
la valse. La position des deux amants évoque l’instabilité et leur vulnérabilité.
Ce couple est sur le point de perdre l’équilibre tout comme les couples
rencontrés dans les poèmes. Une certaine souffrance à venir émane de ces corps
en train de basculer.
La représentation de la citation de Jean Cocteau montre avec humour
l’ambigüité du sentiment amoureux.
Plongez-vous dans ces écrits riches, ces formes poétiques variées qui
aiguiseront vos sens et émotions par la richesse des sons, rythmes et images.
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Recueil de poèmes :
Fuite de l’amour
« Le pont Mirabeau », extrait d’Alcools paru en 1913 de Guillaume Apollinaire.
Ce poème est une complainte sur l’amour disparu. Il m’a marquée grâce
à son refrain qui crée une sorte de rythme, évoquant une chanson. Laissez-vous
aller au grès des sonorités de ce poème musical.
Le pont Mirabeau
Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu'il m'en souvienne
La joie venait toujours après la peine
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
Les mains dans les mains restons face à face
Tandis que sous
Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l'onde si lasse
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
L'amour s'en va comme cette eau courante
L'amour s'en va
Comme la vie est lente
Et comme l'Espérance est violente
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
Passent les jours et passent les semaines
Ni temps passé Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
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Amour et illusion
« Les Mains d'Elsa », extrait du Fou d'Elsa de 1963 de Louis Aragon.
Ce poème me touche car nous sentons bien que le poète est bouleversé
par son histoire d'amour avec Elsa Triolet. Découvrez le champ lexical de
l'inquiétude qui traverse le poème et qui nous fait comprendre que l'amour est
source de souffrance et d'inquiétude. La comparaison entre les mains de sa
bien-aimée et l'eau de neige montre à quel point l'amour est fragile, éphémère.
Au fil du poème, le poète semble se retrouver de plus en plus prisonnier de son
amour c’est la raison pour laquelle il la supplie de lui offrir ses mains censées
le soulager. Celles-ci vont au contraire se révéler être un apaisement illusoire.
Laissez-vous emporter par cette prière poétique d’Aragon.
Les Mains d'Elsa
Donne-moi tes mains pour l'inquiétude
Donne-moi tes mains dont j'ai tant rêvé
Dont j'ai tant rêvé dans ma solitude
Donne-moi te mains que je sois sauvé
Lorsque je les prends à mon pauvre piège
De paume et de peur de hâte et d'émoi
Lorsque je les prends comme une eau de neige
Qui fond de partout dans mes main à moi
Sauras-tu jamais ce qui me traverse
Ce qui me bouleverse et qui m'envahit
Sauras-tu jamais ce qui me transperce
Ce que j'ai trahi quand j'ai tresailli
Ce que dit ainsi le profond langage
Ce parler muet de sens animaux
Sans bouche et sans yeux miroir sans image
Ce frémir d'aimer qui n'a pas de mots
Sauras-tu jamais ce que les doigts pensent
D'une proie entre eux un instant tenue
Sauras-tu jamais ce que leur silence
Un éclair aura connu d'inconnu
Donne-moi tes mains que mon coeur s'y forme
S'y taise le monde au moins un moment
Donne-moi tes mains que mon âme y dorme
Que mon âme y dorme éternellement.
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Camille Claudel, "La Valse", sculpture (Bronze), 1905, Musée Rodin, Paris.
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L’amour tourmenté
Le poème de Pierre de Marbeuf intitulé « Et la mer et l’amour » de Recueil des
vers paru en 1928.
Ce poème me plait même si toute l’attention du poète est concentrée sur
la forme et le style recherchés plus que sur l’expression des sentiments. Par ce
travail stylistique, le poète réussit à évoquer un univers profond reflétant son
état d’esprit.
Et la mer et l'amour
Et la mer et l'amour ont l'amer pour partage,
Et la mer est amère, et l'amour est amer,
L'on s'abîme en l'amour aussi bien qu'en la mer,
Car la mer et l'amour ne sont point sans orage.
Celui qui craint les eaux, qu'il demeure au rivage,
Celui qui craint les maux qu'on souffre pour aimer,
Qu'il ne se laisse pas à l'amour enflammer,
Et tous deux ils seront sans hasard de naufrage.
La mère de l'amour eut la mer pour berceau,
Le feu sort de l'amour, sa mère sort de l'eau
Mais l'eau contre ce feu ne peut fournir des armes.
Si l'eau pouvait éteindre un brasier amoureux,
Ton amour qui me brûle est si fort douloureux,
Que j'eusse éteint son feu de la mer de mes larmes.
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La mort d’Orphée de Pablo Picasso, 1930, Gravure sur cuivre, musée Picasso à
Paris
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Ambigüité des sentiments amoureux
Sonnet 58 de William Shakespeare, 1595
L'intérêt de ce poème vient pour moi de la capacité de Shakespeare à mêler
simultanément dans le même vers des sentiments contradictoires: la patience et
l'impatience, l'attachement et l'indifférence, l'accusation et le pardon. Ceci crée
une sorte de tension entre les mots du texte, montrant à quel point l'amour est à
la fois plaisir et souffrance.
Sonnet 58
That god forbid, that made me first your slave,
I should in thought control your times of pleasure,
Or at your hand th' account of hours to crave,
Being your vassal bound to stay your leisure.
O let me suffer, being at your beck,
Th' imprisoned absence of your liberty;
And patience tame to sufferance bide each check,
Without accusing you of injury.
Be where you list, your charter is so strong
That you yourself may privilege your time
To what you will; to you it doth belong
Yourself to pardon of self-doing crime.
I am to wait, though waiting so be hell,
Not blame your pleasure, be it ill or well.
Traduction :
Que Dieu, qui tout d’abord me fit votre serf, me garde de contrôler même
par la pensée vos heures de plaisir, ou d’implorer de vous le compte de
vos moments ! ne suis-je pas votre vassal, tenu d’attendre votre loisir ?
Oh ! puissé-je, soumis à un signe de vous, supporter la prison d’absence
que me fait votre liberté ! Puisse ma patience, apprivoisée à la souffrance,
subir chaque contretemps sans vous accuser d’un tort !
Allez où il vous plaira : votre charte est si large que vous avez à vous
le privilège de votre temps. Faites ce que vous voudrez ; c’est à vous de
vous pardonner à vous-même le crime d’égoïsme.
Moi, je suis fait pour attendre, bien que l’attente soit un enfer, et je ne
blâme pas votre plaisir, innocent ou coupable.
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Utopie de l’amour
Ne me quitte pas de Jacques Brel, 1972
Cette chanson est captivante par la progression qu’elle offre. Les images sont de plus
en plus recherchées, poétiques et démesurées. Le narrateur rêve d’un idéal inaccessible mis
en avant par l’emploi du futur. Leur amour retrouvé apparait ainsi utopique.
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas Je t'inventerai Des mots insensés Que tu comprendras Je te parlerai De ces amants-là Qui ont vu deux fois Leurs cœurs s'embraser Je te raconterai L'histoire de ce roi Mort de n'avoir pas Pu te rencontrer Ne me quitte pas Ne me quitte pas Ne me quitte pas Ne me quitte pas Ne me quitte pas Il faut oublier Tout peut s'oublier Qui s'enfuit déjà Oublier le temps Des malentendus Et le temps perdu A savoir comment Oublier ces heures Qui tuaient parfois A coups de pourquoi Le cœur du bonheur Ne me quitte pas Ne me quitte pas Ne me quitte pas Ne me quitte pas Moi je t'offrirai Des perles de pluie Venues de pays Où il ne pleut pas Je creuserai la terre Jusqu'après ma mort Pour couvrir ton corps D'or et de lumière Je ferai un domaine Où l'amour sera roi Où l'amour sera loi Où tu seras reine Ne me quitte pas Ne me quitte pas Ne me quitte pas Ne me quitte pas
On a vu souvent Rejaillir le feu De l'ancien volcan Qu'on croyait trop vieux Il est paraît-il Des terres brûlées Donnant plus de blé Qu'un meilleur avril Et quand vient le soir Pour qu'un ciel flamboie Le rouge et le noir Ne s'épousent-ils pas Ne me quitte pas Ne me quitte pas Ne me quitte pas Ne me quitte pas Ne me quitte pas Je n'vais plus pleurer Je n'vais plus parler Je me cacherai là A te regarder Danser et sourire Et à t'écouter Chanter et puis rire Laisse-moi devenir L'ombre de ton ombre L'ombre de ta main L'ombre de ton chien Mais Ne me quitte pas Ne me quitte pas Ne me quitte pas Ne me quitte pas
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Amour et Rêve
Paul Eluard : «La Dame de carreau», Les Dessous d'une vie, 1926.
«La Dame de carreau» s’inscrit dans la thématique des maux d’amour
car le poète se réfugie dans le monde onirique pour mettre en scène un amour
idéal. La fin du poème nous offre une musicalité douce qui évoque l’amour
grâce aux nombreuses allitérations en « m » avec « même », « m’aime »,
« femme » ou « jamais ». Mais cet amour reste tragique comme le mythe
d’Orphée.
La Dame de carreau
Tout jeune, j'ai ouvert mes bras à la pureté. Ce ne fut qu'un battement d'ailes au
ciel de mon éternité, qu'un battement de cœur amoureux qui bat dans les
poitrines conquises. Je ne pouvais plus tomber.
Aimant l'amour. En vérité, la lumière m'éblouit.
J'en garde assez en moi pour regarder la nuit, toute la nuit, toutes les nuits.
Toutes les vierges sont différentes. Je rêve toujours d'une vierge.
A l'école, elle est au banc devant moi, en tablier noir. Quand elle se retourne
pour me demander la solution d'un problème, l'innocence de ses yeux me
confond à un tel point que, prenant mon trouble en pitié, elle passe ses bras
autour de mon cou.
Ailleurs, elle me quitte. Elle monte sur un bateau. Nous sommes presque
étrangers l'un à l'autre, mais sa jeunesse est si grande que son baiser ne me
surprend point.
Ou bien, quand elle est malade, c'est sa main que je garde dans les miennes,
jusqu'à en mourir, jusqu'à m'éveiller.
Je cours d'autant plus vite à ses rendez-vous que j'ai peur de n'avoir pas le temps
d'arriver avant que d'autres pensées me dérobent à moi-même.
Une fois, le monde allait finir et nous ignorions tout de notre amour. Elle a
cherché mes lèvres avec des mouvements de tête lents et caressants. J'ai bien
cru, cette nuit-là, que je la ramènerais au jour.
Et c'est toujours le même aveu, la même jeunesse, les mêmes yeux purs, le
même geste ingénu de ses bras autour de mon cou, la même caresse, la même
révélation.
Mais ce n'est jamais la même femme.
Les cartes ont dit que je la rencontrerai dans la vie, mais sans la reconnaître.
Aimant l'amour.
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