Le point hebdomadaire de GSD Gestion 2 décembre 2016 Point sur

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Le point hebdomadaire de GSD Gestion 2 décembre 2016 Point sur
Le point hebdomadaire de GSD Gestion
2 décembre 2016
Point sur l’accord de réduction de la production de l’OPEP
Le ralentissement de la demande de pétrole et l’explosion de la production non conventionnelle (pétrole de schiste) ont
entrainé à partir de la mi-2014 une chute du prix du pétrole, ce dernier passant de 110 dollars à moins de 30 dollars le
baril début 2016.
Malgré l’effondrement des prix, les pays membres de l’OPEP (Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole) avaient,
jusqu’à cette semaine, refusé de diminuer leur production. En menant cette politique de surproduction, ils souhaitaient
affaiblir leurs concurrents américains, qui produisent à des coûts plus élevés et conserver leurs parts de marché.
Cette stratégie s’est soldée par un échec, la production de pétrole aux USA faisant preuve d’une résilience inattendue,
tandis que des difficultés financières frappaient tous les pays exportateurs.
Aux Etats-Unis, le coût d’exploitation du pétrole de schiste a très fortement diminué, grâce à d’importants gains de
productivité et de nouvelles techniques d’extraction.
Après être passée de 5,5 millions de barils par jour en 2011 à 9,6 millions mi-2015, la production totale de pétrole aux USA
n’a que peu diminué à 8,6 millions de barils.
Alors que le coût d’exploitation était aux alentours de 80 dollars par baril extrait en 2013, il s’affiche aujourd’hui entre 25
et 40 dollars dans la majorité des bassins d’extraction.
Les coûts d’exploration et de transport du pétrole étant estimés entre 10 et 20 dollars, de nombreux puits sont rentables
même avec un baril entre 50 et 55 dollars.
Du côté des pays exportateurs, malgré des coûts d’exploitation très faibles (entre 10 et 15 dollars le baril au Koweit, Irak,
Arabie Saoudite, Iran et 20 à 25 dollars pour le Qatar et Oman), la chute du prix du pétrole a fortement dégradé leur
situation financière. Le revenu tiré des exportations de pétrole des membres de l’OPEP est tombé à 400 Mds de dollars en
2015, contre 755 Mds en 2014 et devrait poursuivre sa baisse à 340 Mds cette année. Ainsi, l’Arabie Saoudite affiche un
déficit budgétaire de 100 Mds de dollars (soit 15 % du PIB). La situation est encore pire pour le Koweit ou le Venezuela
(20 % de déficit public). S’entendre sur une baisse de la production, afin de faire remonter les prix du pétrole, était donc
devenu vital pour ces pays.
Le 28 novembre dernier, les membres de l’OPEP se sont donc mis d’accord pour réduire leur production quotidienne de
1,2 million de barils (par rapport au niveau de fin octobre 2016) pendant une période de 6 mois. En abaissant leur
production à 32,5 millions de barils par jour, ces pays espèrent rééquilibrer le marché en réduisant l’excès d’offre et
provoquer une hausse du prix du baril. L’impact sur les cours a été immédiat, ramenant le pétrole sur les niveaux de fin
2015, le WTI gagnant 13 % et le Brent prenant 15 % à 54 dollars.
Cependant, au-delà de ce mouvement, il est peu probable que les cours du pétrole dépassent durablement les 55/60
dollars dans les prochains mois/trimestres.
Par le passé, de nombreux accords semblables n’ont pas été respectés, certains pays souhaitant profiter de la hausse des
cours, sans pour autant réduire leur production. Même si l’accord est appliqué intégralement, la production de l’OPEP
retrouvera son niveau de janvier 2016, proche du plus haut historique.
Rappelons également que l’OPEP représente seulement un tiers de la production mondiale de pétrole. L’évolution future
des prix du pétrole dépendra fortement de la réaction des pays producteur hors-OPEP.
Enfin, il est fortement probable que les producteurs de pétrole de schiste US vont profiter du redressement des cours pour
relancer des puits mis en sommeil. Un retour à la production de mi-2015 aux Etats-Unis annulerait intégralement la
réduction annoncée par les pays de l’OPEP.
Le retour du prix du baril de pétrole aux niveaux connus entre 2010 et 2014 n’est donc pas d’actualité.
Aurélien Blandin
Gérant

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