Sport de riches pour certains, simple loisir pour d`autres, l`équitation

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Journal de Morges
Vendredi 2 mai 2014
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Par Floriane Galaud
ENQUÊTE 1LE SUCCES DE L'ÉQUITATION
Sport de riches
pour certains,
simple loisir pour
d'autres,
l'équitation
connaît un succès
grandissant.
Enquête au cœur
des paddocks
pour comprendre
les raisons d'une
telle ferveur.
.ans le paysage mor-
gien) on ne compte
plus
les
structures
équestres qui ont
fleuri ces dix dernières années. A
Apples, Christophe Barbeau est un
témoin privilégié de ces mutations)
lui qui a ouvert son centre équestre
il y a six ans. «Autrefois, l'équitation
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pouvait
etre
perçue comme W1
sport de snobs dans le sens où seule
une certaine élite montait à cheval,
explique le cavalier. Aujourd'hui,
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Eleveur et marchand de chevaux à Monnaz, Pascal Rochat observe une démocratisation de l'équitation qui s'explique notamment par l'achat de chevaux à l'étranger. Galaud
les systèmes d'abonnements et des
tarifs abordables rendent cette activité accessible à de nombreuses familles. D'ailleurs, on voit arriver un
grand nombre d'enfants, notamment des jeunes filles, qui s'initient
à la pratique via le poney club sans
E
de loisir coûte entre 8000 et
15 000 francs, son prix ne dépasse
pas les 9000 francs de l'autre côté de
la frontière. Une différence de coût
non négligeable et une floraison de
petites écuries qui dérangent le professionnel. «N'importe qui demain
peut acheter des chevaux, donner
des leçons et ouvrir un poney club,
sans être véritablement contraint de
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avoir la charge du cheval.»
1Vraie concurrence
Pour Pascal Rochat, marchand et
éleveur passionné à Monn~ ce
phénomène de démocratisation est
également dû à llaccessibilité à des
chevaux bon marché via l'étranger.
«On ressent énonnément la
concurrence européenne. Les aclleteurs sont tentés d'acquérir un
équidé via internet car les offres y
sont souvent plus alléchantes. Ce
faisant, ils s'adressent de moins en
moins à des marchands agréés, au
bénéfice d'une patente cantonale,
comme c'était le cas à l'époque.»
Ainsi, les prix en Suisse différèrent de ceux de ses proches voisins:
alors que dans la région un cheval
.
Christophe Barbeau regrette la multiplication de boxes bon
marchés sur les exploitations agricoles. Galaud
E
suivre une formation officielle et
obligatoire.))
1De l'étable à l'écurie
Ainsi, en quelques années, l'aménagement de b?xes s'est multiplié notamment dans les exploitations
agricoles. «Beaucoup d'écuries se
sont développées dans les campagnes et proposent des prix attractifs.
Alors que le prix de pension pour
Wl cheval est compris entre 850 et
1200 francs dans un manège professionnel, il est de 450 à 700 francs
chez un agriculteur)}, relève Pascal
Rochat. Pour Christophe Barbeau,
il est clair que les difficultés économiques rencontrées par les exploitants agricoles jouent un rôle. «On
leur demande de se diversifier et ils
transforment leurs étables en écuries. Cela permet aux gens d'avoir
un cheval et de ne pas payer trop
cher pour son entretien. Par contre,
au niveau pratique) il n'y a pas
d'infrastructures et des terrains ap-
Evolution du nombre
d'équidés dans le canton
1993:
2003:
2013:
Evolution du nombre de
détenteurs d'équidés dans
le canton
1993:
2003:
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de 1 SOO
2013:
propriés comme dans un manège.»
La location de boxes à bas prix
dans les zones agricoles, une
concurrence déloyale? «Oui, tranche Christophe Barbeau, car ils obtiennent des prêts avantageux et des
subsides pour produire leur foin et
leurs grains que nous n'avons pas.
En même temps, nous n'offrons
pas les mêmes services. Les gens qui
mettent les chevaux dans une fenne
n'ont peut-être pas les moyens de
les placer dans un manège. Mais
tant qu'ils ne font que de la pension
et ne construisent pas des infrastructures équestres ... »
1Le cheval avant tout
Concurrence ou pas, pour Pascal
Rochat, l'essentiel est ailleurs: «fi est
primordial de respecter une certaine éthique car le cheval ne doit
pas devenir l'otage des ambitions
des pratiquants au détriment de la
qualité de vie de l'animal. Je trouve
d'ailleurs qu'avant de monter à cheval, les enfants devraient apprendre
à les connaître.»
Et l'éleveur de conclure: «Même
si l'équitation est devenue au fil des
années une activité accessible pour
les familles, il ne faut pas oublier
que c'est avant tout un business.
D'ailleurs, si j'avais voulu faire de
l'argent. j'aurais diversifié mes activités», conclut-il. Comme ouvrir un
manège, par exemple? 1