Résumé de l`Histoire de l`équitation

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Résumé de l`Histoire de l`équitation
Résumé de l’Histoire de l’équitation – J.C.Barrey
La domestication des animaux commence par le chien, environ 6000 ans av.JC., suivie,
vers –3000 ans, du bœuf, du mouton, du porc, et enfin, autour de –4000 ans, du
cheval, au fur et à mesure qu’intervenait dans les espèces considérées, la
transformation génétique néoténique, la persistance de caractères juvéniles.
Les premiers signes d’utilisation du cheval apparaissent au sud du Caucase sous forme
d’attelage de charrues ou de chars à roues pleines, déjà utilisés avec les bœufs, aux
environ de –3500 à Ur puis chez les Sumériens. Les Hittites inventent le char à deux
roues attelé à deux chevaux, et s’en servent pour stopper la pénétration égyptienne en
Asie.
Essentiellement militaire pendant tout le II ème millénaire av.JC.,l’utilisation du char
militaire déclinera lentement pendant l’empire romain, remplacé par la cavalerie
montée, plus rapide et plus maniable.
Dès –2000, les Babyloniens montaient, mais assis sur la croupe, avant que la monte sur
l’avant du dos ne se répande dans les batailles, au début de l’âge du fer, avec les
Hittites. De là, l’équitation diffuse vers l’Afrique avec les Garamantes, et vers l’Asie
avec les Scythes, les Sarmates et le monde Grec, d’où elle reviendra avec le
pastoralisme nomade des steppes.
En Grèce, Xénophon (427-355 av.JC) nous a laissé les deux premiers traités
d’équitation connus : « l’Hipparque » et « De l’équitation », ouvrage d’une modernité
étonnante sur bien des points.
La monte se faisait alors avec un mors et des rênes, mais à cru ou, par la suite, avec un
tapis. La selle avec arçon n’apparaît que vers le 1er sc. Av.JC., en Chine et en Inde, et
les étriers seulement vers le 1er sc. Après JC.
Ces perfectionnement ainsi que la ferrure à clous ne pénètrent en Europe, venant du
moyen-Orient et de la Perse, et véhiculé par les arabes, que vers le début du VIIIème Sc.,
sous Charlemagne.
Le moyen-âge, avec son équitation assez rude doit donner un support solide aux
chevaliers engoncés dans leurs lourdes armures et les chevaux arabes sont marginalisés
au profit d’animaux plus robustes. Seul le COURSIER, destiné aux déplacements rapides
(d’où dérivera plus tard en Angleterre la course sportive, gardait de la légèreté. Le
cheval de parade, le PALEFROI (para-veredus, du celte veredus, cheval) s’est appelé
« palefren » dans le sud de la France, d’où le « palefrenier » qui soignait le palefroi du
chevalier. Le cheval de bataille, le DESTRIER (en dehors de la bataille, tenu de la main
droite (dextera) par un écuyer à pied) est un cheval puissant, capable de voltes rapides,
d’un arrêt brusque ou d’un démarrage soudain. L’obéissance est obtenue par des
moyens assez brutaux : mors à longues branches avec gourmette et éperons agressifs.
Intermédiaire entre le coursier et le destrier, le ROUSSIN ou RONCIN, cheval de chasse
ou de guerre, est de taille encore assez forte. Le COURTEAUD, plus commun, est
capable de porter du poids et de fournir néanmoins une courte charge. Enfin, la
HACQUENEE est un petit cheval originaire de Hackney, en Angleterre, très prisé pour
sa facilité à être mis à l’amble, ce qui en faisait un cheval confortable, de dame ou de
voyage.
Après le désastre d’ Azincourt (1415), le canon sonne le glas de la chevalerie en
armure, et l’équitation « lourde » cède la place à une équitation plus maniable et plus
savante. On retrouve, d’abord en Italie, la mode des écoles d’équitation tel qu’elles
avaient existé à Bizance, et, vers 1600 à Naples, il en sort un écuyer resté célèbre,
Pignatelli, qui forma des disciples en France et en Allemegne. Les premiers Maîtres
français viennent de ce courant : ce sont Salomon de la Broue et Antoine Pluvinel
(1545-1620). Celui-ci fut successivement Premier Ecuyer de Henri III, puis Grand Ecuyer
de Henri IV et sous-gouverneur du Dauphin, le futur Louis XIII, pour lequel il rédigea un
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traité d’équitation : « Instruction du roy dans l’exercice de monter à cheval» (1625). Il
inventa une méthode d’assouplissement autour d’un pilier où le cheval apprenait à
ranger ses hanches et à obéir à la jambe. Puis il utilisa deux piliers pour dresser le
cheval aux airs relevés et aux sauts d’école qui figuraient dans les caroussels. Il fut aussi
le premier a insister sur la notion de mouvement en avant qui deviendrai plus tard
« l’impulsion ». Il fut l’initiateur d’une tradition qui devait se poursuivre jusqu’au XVIIIème
siècle, dans le Manège Royal de Versailles, avec une pléiade d’écuyers de qualité tel
que Du Plessis, de la Vallée et surtout de Vendeuil qui forma un élève considéré
comme le père de l’équitation française : François Robichon de la Guérinière (16871751). Ecuyer royal, il officia jusqu'à la fin de sa vie au Manège Royal des Tuileries. Il fut
le promoteur de l’épaule en dedans dont il dit que c’était « la première et dernière
leçon de toutes celles qu’on peut donner au cheval ». Sa doctrine, rassemblée dans
« L’école de cavalerie » (1735) et « Eléments de cavalerie » (1740), fut la base du travail
du Manège de Versailles et reste encore celle de l’Ecole de Vienne.
Parmi les écuyers sorti du Manège de Versailles, nous noterons particulièrement le
Comte de Lubersac, ancêtre de Renée de Lubersac, la créatrice des thérapies avec le
cheval, Le comte de Lubersac (1713-1765) dressait ses chevaux uniquement au pas
pendant environ deux ans, pourchassant les moindres résistances, et en sortait un
cheval parfaitement dressé à toutes les allures et disponible pour la haute école.
Mais, trop orientée vers l’art équestre pur, cette équitation mal adaptée à l’extérieur
finit par entraîner des déboires militaires. En 1751, Monsieur d’Auvergne, écuyer en
chef de la toute nouvelle Ecole Militaire de Paris, refonda l’équitation militaire Française
en l’allègeant du superflus et en lui redonnant sa mobilité dans des allures naturelles, ce
qui lui redonnera la suprématie pendant toute la période de l’empire. Dès 1764,
Choiseul crée cinq écoles de cavalerie, dont une va occuper le manège des carabiniers
de Saumur, et restera la seule à partir de 1771. Fermée pendant la révolution, elle
reprendra définitivement son activité qu’en 1825, l’histoire de l’équitation Française va
se confondre avec celle de l’école de Saumur.
Des rivalités entre les écuyers issus du Manège de Versailles et ceux venant de l’Ecole
Militaire retardait la constitution d’une doctrine stable. Puis arriva Baucher (17961873), connu pour ses présentations à Paris de ses nouvelles méthodes
d’assouplissement et de soumission du cheval qui furent expérimentées à Saumur à
partir de 1842. Mais, la nomination du Vicomte d’Aure comme écuyer en chef changea
de nouveau l’orientation. D’Aure, cavalier d’extérieur intrépide,ne se souciait pas
d’assouplir son cheval mais le maintenait en avant tout en opposant les épaules aux
hanches. C’est L’Hotte (1825-1904) qui fit la synthèse des deux écoles : il fit pratiquer
autant l’extérieur que le manège, introduisit le trot enlevé dans la cavalerie, redigea le
règlement de cavalerie de 1876, que l’on a pu résumer par le fameux « Calme, en
Avant, Droit », toujours enseigné actuellement.
L’époque s’intéressait à l’équitation et de nombreux écuyers présentaient leurs
chevaux et leurs idées, ce qui donnait lieu souvent à des discussions passionnées.
Citons Steinbrecht (1808-1885), écuyer à Berlin, farouche opposant à Baucher et
défenseur de la tradition de La Guérinière qu’il a magnifiquement codifié dans un livre
célèbre, « Le gymnase du cheval », de Saint-Phalle, écuyer à Saumur, qui mourut après
avoir gané un pari contre James Fillis, écuyer à la cour de Russie, dans lequel il devait
galoper sur trois jambes, galoper en arrière et changer de pied au galop en arrière.
Entre les guerres de 1870 et de 1914, l’équitation se fit plus extérieure avec
l’encouragement des courses, les concours de cheval d’arme, ancêtre de nos concours
complets. Cela n’empêcha pas le Colonel Jousseaume de remporter l’épreuve de
Dressage aux jeux Olympiques de Los Angeles en 1932. Citons encore le Colonel
Danloux, écuyer en chef qui s’attacha à développer une nouvelle tradition de saut
d’obstacle et, dernier d’une longue lignée, le Général de Carpentry dont le livre
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d’équitation Académique constitue toujours la base de l’enseignement dispensé aux
moniteurs et instructeurs.
N’ayant plus d’utilité ni dans l’armée ni dans les activités civiles, étouffée par la guerre
de 1939-45, l’équitation Française perdit sa suprématie au profit de l’Allemagne, de la
Suède, du Danemark,… mais quelque soit le pays concerné, aucun n’a produit de
véritable génial écuyer à l’ancienne, sauf peut-être le Portugais Oliveira. Chaque pays
s’est réfugié dans une équitation folklorisée de ses anciennes pratiques, équitation
militaire pour la France, tauromachie pour l’Espagne, vachers pour les Etats-Unis,
randonnée pour les Islandais, carabiniers pour l’Italie, etc. toutes tendant à se ritualiser
et à se rigidifier faute de but pratique.
L’équitation se cherche et ne s’est pas encore trouvée. Les quelques modes et
emballements qui se manifestent ici et là ne sont que des cul de sac car leurs moteurs
ne sont pas équestres mais économiques.
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