Beacopp versus ABVD dans le lymphome de Hodgkin de stade
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Beacopp versus ABVD dans le lymphome de Hodgkin de stade
doi: 10.1684/hma.2016.1158 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 07/02/2017. A ctualites dites initiatrices [2] ; l’impact des profils mutationnels sur le pronostic des patients et la pratique clinique reste a preciser. L’equipe germano-autrichienne men ee par Papaemmanuil et Campbell a etudi e r etrospectivement [3] les anomalies genetiques presentes chez 1 540 patients ( etude cytogenetique et s equençage de 111 g enes) atteints de LAM traites par chimioth erapie intensive dans le cadre de trois essais prospectifs multicentriques du German-Austrian AML Study Group (AAML-HD98A, AML-HD98B et AMLSG-07-04). Au total, 5 234 mutations initiatrices concernant soixante-seize g enes ou r egions g enomiques ont ete identifiees avec au moins deux mutations pr esentes chez 86 % des patients. Notons que 48 % des patients ne peuvent ^etre class es dans un groupe pronostique selon les criteres de l’Organisation mondiale de la sant e (OMS) 2008, alors que 96 % d’entre eux sont porteurs d’une anomalie moleculaire initiatrice. En integrant les anomalies mutuellement exclusives dans leur modele statistique, les auteurs ont pu etablir une classification moleculaire des LAM permettant de classer 80 % des patients : classement dans deux sous-groupes possibles pour 4 %, pas de mutation initiatrice retrouv ee pour 4 % et 11 % porteurs d’une mutation initiatrice mais non suffisantes pour d efinir un sous-groupe. Leur classification comprend onze sous-groupes distincts dont les trois entites les plus importantes sont : – 27 % porteurs d’une mutation de NPM1, – 18 % porteurs d’une mutation de g enes impliqu es dans la regulation de la transcription via des m ecanismes Beacopp versus ABVD dans le lymphome de Hodgkin de stade avancé : une étude de phase III de l’EORTC Niels Moya Emilie Cayssials Xavier Leleu phanie Guidez Ste omycine, vinblase traitement par doxorubicine, ble tine, et dacarbazine (ABVD) a longtemps fait reference pour le lymphome de Hodgkin (LH) de stade avance [1]. Plus r ecemment, l’apparition de sch emas therapeutiques plus soutenus en dose/intensit e (baseline, escalade, etc.), group es sous l’acronyme Beacopp (bleomycine, etoposide, doxorubicine, cyclophosphamide, vincristine, procarbazine et prednisone), a permis L 246 epig en etiques (ASXL1, MLL, SRSF2, DNMT3A, TET2, FLT3ITD. . .), – 13 % porteurs d’une mutation de TP53 et/ou caryotype complexe. L’appartenance aux deux derniers sous-groupes est corr el ee a un pronostic plus p ejoratif. Un nombre elev e de mutations initiatrices d etect ees impacte n egativement la survie globale des patients, ind ependamment de leur ^ age ou de la leucocytose. Parmi les patients porteurs d’une mutation de NPM1, des et e fr equemment mutations de DNMT3A et de FLT3ITD ont observ ees en association, le pronostic le plus d efavorable concerne les patients triplement mut es. L’approfondissement des connaissances concernant les mutations initiatrices des LAM et leur impact sur le pronostic, seules ou en association, aboutira probablement a l’int egration de nouvelles donn ees mol eculaires a la classification actuelle. Il est n ecessaire de valider dans le cadre d’ etudes prospectives les profils mutationnels & relevant d’un int er^ et clinique particulier. Références 1. Vardiman JW, Thiele J, Arber DA, et al. The 2008 revision of the World Health Organization (WHO) classification of myeloid neoplasms and acute leukemia: rationale and important changes. Blood 2009 ; 114 : 937-51. 2. The Cancer Genome Atlas Research Network. Genomic and epigenomic landscapes of adult de novo acute myeloid leukemia. N Engl J Med 2013 ; 368 : 2059-74. 3. Papaemmanuil E, Gerstung M, Bullinger L, et al. Genomic Classification and Prognosis in Acute Myeloid Leukemia. N Engl J Med 2016 ; 374 : 2209-21. d’am eliorer la survie sans progression (PFS, pour progression free survival) des patients, gr^ ace, notamment, a un ^le initial de la maladie [2]. Le choix entre ces meilleur contro deux r egimes de traitement est toujours controvers e, en particulier en raison d’une toxicit e imm ediate et diff er ee potentiellement major ee apr es sch ema de type Beacopp. Cependant, les patients avec une maladie initiale s ev ere ^le qu’offrent ces pourraient b en eficier du meilleur contro sch emas th erapeutiques plus intenses. L’intergroupe europ een EORTC (European Organisation for Research and Treatment of Cancer), men e par Garde, a conduit un essai th erapeutique [3] de phase III, prospectif, multicentrique, comparant un traitement standard par huit a un traitement cycles d’ABVD (ABVD8) de vingt-huit jours exp erimental (Beacopp4+4) comportant quatre cycles de Beacoppescalated (avec G-CSF en prophylaxie) puis quatre es tous les vingt et un jours cycles de Beacoppbaseline administr chez des patients jeunes ( 60 ans) en premi ere ligne th erapeutique pour un LH classique (confirm e histologiquement), de stade III, avec des valeurs de l’international prognostic score (IPS) 3 et du score de l’Organisation matologie He vol. 22 n8 4, juillet-ao^ ut 2016 mondiale de la sant e (OMS) 2, sans comorbidit es s ev eres. La randomisation entre les deux bras etait stratifi ee par centre et sur l’IPS (3 versus 4). Une evaluation locale clinique et scanographique selon les crit eres Recist pour le LH avait lieu apres les cycles 4, 6 et 8 avec une relecture centralisee en aveugle. D’octobre 2002 a janvier 2010, et avec une mediane de suivi de 3,6 ans, 275 patients ont et e inclus dans le bras ABVD8 et 274 dans le bras Beacopp4+4, dont 75 % d’hommes, 74 % de patients avec un stade IV, 82 % avec un score OMS 1, 59 % avec un IPS 4, 81 % ^mes « B » et un ^ presentant des sympto age m edian de 35 ans. Dans le groupe ABVD8, 229 (84 %) patients ont reçu l’integralite du traitement contre 218 (81 %) pour le groupe eponse compl ete etait identique Beacopp4+4. Le taux de r quatre ans, dans les deux bras : 83 % (IC95% [78-87 %]). A aucune difference significative n’a et e mise en evidence concernant la survie sans ev enement (EFS, pour event free progression ; critere de jugement principal) : 63,7 % pour le bras ABVD8 et 69,3 % pour le bras Beacopp4+4 (HR = 0,86, IC95% [0,64-1,15], p = 0,313), ni pour la survie globale : 86,7 % dans le groupe ABVD8 et 90,3 % pour le groupe a Beacopp4+4 (HR = 0,71, IC95% [0,42-1,21], p = 0,208), l’inverse de la PFS, pour laquelle un ecart significatif a et e constate en faveur du bras Beacopp4+4 : 83,4 versus 72,8 % dans le bras ABVD8 (HR = 0,58, IC95% [0,39-0,85], p = 0,005). Par ailleurs, trente-trois (12 %) patients sont d ecedes dans le groupe ABVD8, dont six pour une cause de nature toxique contre vingt-trois (8,4 %), dont cinq par toxicite, dans le bras Beacopp4+4. Enfin, l’incidence des cancers secondaires a quatre ans etait semblable dans les Place de l’allogreffe de cellules souches hématopoı̈étiques dans le lymphome de Hodgkin : résultats d’une méta-analyse cile Gruchet Ce Emilie Cayssials Xavier Leleu phanie Guidez Ste n depit de la grande chimiosensibilit e du lymphome hodgkinien, la prise en charge des rechutes est un enjeu majeur qui n’est que partiellement r esolu par l’autogreffe de cellules souches h ematopoı̈ etiques (CSH) [1]. En particulier, la prise en charge des rechutes postautogreffe est un challenge. L’allogreffe de CSH permet le E deux groupes avec 3,4 % dans le bras ABVD8 et 4,7 % pour le bras Beacopp4+4. Il n’y a donc pas de diff erence en termes d’EFS entre les deux groupes, avec, a la lecture des courbes, plus d’ ev enements pr ecoces dans le groupe Beacopp, tandis que les courbes se croisent et s’inversent peu avant un an de suivi, sugg erant une augmentation des ev enements tardifs dans le bras ABVD. Il est int eressant de noter l’am elioration de la PFS dans esentant une le groupe Beacopp4+4 chez des patients pr maladie agressive. Cependant, l’impact de la toxicit e a plus long terme avec le risque d’ emergence de cancer secondaire reste a evaluer. Il conviendrait donc de distinguer les patients a plus haut risque pour lesquels le Beacopp pourrait ^ etre utilis e en premi ere intention. L’avenir de ces regimes intensifs passera egalement par les sch emas de d esescalade en fonction de la r eponse au TEP et/ou dans l’incorporation de nouveaux agents th erapeutiques prometteurs, tel que le & brentuximab. Références 1. Canellos GP, Anderson JR, Propert KJ, et al. Chemotherapy of advanced Hodgkin’s disease with MOPP, ABVD, or MOPP alternating with ABVD. N Engl J Med 1992 ; 327 : 1478-84. 2. Diehl V, Franklin J, Pfreundschuh M, et al. Standard and increased-dose Beacopp chemo-therapy compared with COPP-ABVD for advanced Hodgkin’s disease. N Engl J Med 2003 ; 348 : 2386-95. 3. Carde P, Karrasch M, Fortpied C, et al. Eight Cycles of ABVD Versus Four Cycles of Beacoppescalated Plus Four Cycles of Beacoppbaseline in Stage III to IV, International Prognostic Score 3, High-Risk Hodgkin Lymphoma: First Results of the Phase III EORTC 20012 Intergroup Trial. JCO 2016;2028-36. doi: 10.1684/hma.2016.1159 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 07/02/2017. A ctualites meilleur taux de r emission durable mais pr esente des r esultats variables et surtout une mortalit e importante li ee aux complications infectieuses et a la r eaction du greffon ^te (GvH). Ces complications ont longtemps contre l’ho et e un frein a l’allogreffe de CSH mais sont d esormais mieux ^ l contro ees par le d eveloppement de conditionnement d’intensit e r eduite. De ce fait, l’allogreffe de CSH a r ecemment et e recommand ee par l’American Society for Blood and Marrow Transplantation [2] et l’European Society for Blood and Marrow Transplantation [3] dans la prise en charge des rechutes post-autogreffe. Une m eta-analyse sur les r esultats de l’allogreffe de CSH dans la maladie de Hodgkin en rechute a et e r ealis ee sur trente-huit etudes, regroupant un total de 1 850 patients, et compos ees de vingt-huit etudes r etrospectives, quatorze etudes prospectives, vingt et une etudes monocentriques et vingt et une etudes multicentriques. Les etudes etaient h et erog enes en termes de conditionnement et de source de CSH [4]. La m eta-analyse retrouve des taux de survie sans rechute (RFS, pour relapse free survival) de 50 % (42-57 %) a un an matologie He vol. 22 n8 4, juillet-ao^ ut 2016 247