Beacopp versus ABVD dans le lymphome de Hodgkin de stade

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Beacopp versus ABVD dans le lymphome de Hodgkin de stade
doi: 10.1684/hma.2016.1158
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A ctualites
dites initiatrices [2] ; l’impact des profils mutationnels
sur le pronostic des patients et la pratique clinique reste
a preciser.
L’equipe germano-autrichienne men
ee par Papaemmanuil
et Campbell a etudi
e r
etrospectivement [3] les anomalies
genetiques presentes chez 1 540 patients (
etude
cytogenetique et s
equençage de 111 g
enes) atteints de
LAM traites par chimioth
erapie intensive dans le cadre de
trois essais prospectifs multicentriques du German-Austrian AML Study Group (AAML-HD98A, AML-HD98B et
AMLSG-07-04). Au total, 5 234 mutations initiatrices
concernant soixante-seize g
enes ou r
egions g
enomiques
ont ete identifiees avec au moins deux mutations pr
esentes
chez 86 % des patients. Notons que 48 % des patients ne
peuvent ^etre class
es dans un groupe pronostique selon les
criteres de l’Organisation mondiale de la sant
e (OMS)
2008, alors que 96 % d’entre eux sont porteurs d’une
anomalie moleculaire initiatrice.
En integrant les anomalies mutuellement exclusives dans
leur modele statistique, les auteurs ont pu etablir une
classification moleculaire des LAM permettant de classer
80 % des patients : classement dans deux sous-groupes
possibles pour 4 %, pas de mutation initiatrice retrouv
ee
pour 4 % et 11 % porteurs d’une mutation initiatrice mais
non suffisantes pour d
efinir un sous-groupe. Leur
classification comprend onze sous-groupes distincts dont
les trois entites les plus importantes sont :
– 27 % porteurs d’une mutation de NPM1,
– 18 % porteurs d’une mutation de g
enes impliqu
es dans
la regulation de la transcription via des m
ecanismes
Beacopp versus ABVD dans
le lymphome de Hodgkin
de stade avancé : une étude
de phase III de l’EORTC
Niels Moya
Emilie
Cayssials
Xavier Leleu
phanie Guidez
Ste
omycine, vinblase traitement par doxorubicine, ble
tine, et dacarbazine (ABVD) a longtemps fait
reference pour le lymphome de Hodgkin (LH) de stade
avance [1]. Plus r
ecemment, l’apparition de sch
emas
therapeutiques plus soutenus en dose/intensit
e (baseline,
escalade, etc.), group
es sous l’acronyme Beacopp
(bleomycine, etoposide, doxorubicine, cyclophosphamide,
vincristine, procarbazine et prednisone), a permis
L
246
epig
en
etiques (ASXL1, MLL, SRSF2, DNMT3A, TET2,
FLT3ITD. . .),
– 13 % porteurs d’une mutation de TP53 et/ou caryotype
complexe.
L’appartenance aux deux derniers sous-groupes est
corr
el
ee a un pronostic plus p
ejoratif.
Un nombre elev
e de mutations initiatrices d
etect
ees
impacte n
egativement la survie globale des patients,
ind
ependamment de leur ^
age ou de la leucocytose. Parmi
les patients porteurs d’une mutation de NPM1, des
et
e fr
equemment
mutations de DNMT3A et de FLT3ITD ont observ
ees en association, le pronostic le plus d
efavorable
concerne les patients triplement mut
es.
L’approfondissement des connaissances concernant les
mutations initiatrices des LAM et leur impact sur le
pronostic, seules ou en association, aboutira probablement
a l’int
egration de nouvelles donn
ees mol
eculaires a la
classification actuelle. Il est n
ecessaire de valider dans le
cadre d’
etudes prospectives les profils mutationnels
&
relevant d’un int
er^
et clinique particulier.
Références
1. Vardiman JW, Thiele J, Arber DA, et al. The 2008 revision of the World Health
Organization (WHO) classification of myeloid neoplasms and acute leukemia:
rationale and important changes. Blood 2009 ; 114 : 937-51.
2. The Cancer Genome Atlas Research Network. Genomic and epigenomic
landscapes of adult de novo acute myeloid leukemia. N Engl J Med 2013 ; 368 :
2059-74.
3. Papaemmanuil E, Gerstung M, Bullinger L, et al. Genomic Classification and
Prognosis in Acute Myeloid Leukemia. N Engl J Med 2016 ; 374 : 2209-21.
d’am
eliorer la survie sans progression (PFS, pour progression free survival) des patients, gr^
ace, notamment, a un
^le initial de la maladie [2]. Le choix entre ces
meilleur contro
deux r
egimes de traitement est toujours controvers
e, en
particulier en raison d’une toxicit
e imm
ediate et diff
er
ee
potentiellement major
ee apr
es sch
ema de type Beacopp.
Cependant, les patients avec une maladie initiale s
ev
ere
^le qu’offrent ces
pourraient b
en
eficier du meilleur contro
sch
emas th
erapeutiques plus intenses.
L’intergroupe europ
een EORTC (European Organisation for
Research and Treatment of Cancer), men
e par Garde, a
conduit un essai th
erapeutique [3] de phase III, prospectif,
multicentrique, comparant un traitement standard par huit
a un traitement
cycles d’ABVD (ABVD8) de vingt-huit jours exp
erimental (Beacopp4+4) comportant quatre cycles de
Beacoppescalated (avec G-CSF en prophylaxie) puis quatre
es tous les vingt et un jours
cycles de Beacoppbaseline administr
chez des patients jeunes ( 60 ans) en premi
ere ligne
th
erapeutique pour un LH classique (confirm
e histologiquement), de stade III, avec des valeurs de l’international
prognostic score (IPS) 3 et du score de l’Organisation
matologie
He
vol. 22 n8 4, juillet-ao^
ut 2016
mondiale de la sant
e (OMS) 2, sans comorbidit
es s
ev
eres.
La randomisation entre les deux bras etait stratifi
ee par
centre et sur l’IPS (3 versus 4). Une evaluation locale
clinique et scanographique selon les crit
eres Recist pour le LH
avait lieu apres les cycles 4, 6 et 8 avec une relecture
centralisee en aveugle. D’octobre 2002 a janvier 2010, et
avec une mediane de suivi de 3,6 ans, 275 patients ont et
e
inclus dans le bras ABVD8 et 274 dans le bras Beacopp4+4,
dont 75 % d’hommes, 74 % de patients avec un stade IV,
82 % avec un score OMS 1, 59 % avec un IPS 4, 81 %
^mes « B » et un ^
presentant des sympto
age m
edian de 35
ans. Dans le groupe ABVD8, 229 (84 %) patients ont reçu
l’integralite du traitement contre 218 (81 %) pour le groupe
eponse compl
ete etait identique
Beacopp4+4. Le taux de r
quatre ans,
dans les deux bras : 83 % (IC95% [78-87 %]). A
aucune difference significative n’a et
e mise en evidence
concernant la survie sans ev
enement (EFS, pour event free
progression ; critere de jugement principal) : 63,7 % pour le
bras ABVD8 et 69,3 % pour le bras Beacopp4+4 (HR = 0,86,
IC95% [0,64-1,15], p = 0,313), ni pour la survie globale :
86,7 % dans le groupe ABVD8 et 90,3 % pour le groupe
a
Beacopp4+4 (HR = 0,71, IC95% [0,42-1,21], p = 0,208), l’inverse de la PFS, pour laquelle un ecart significatif a et
e
constate en faveur du bras Beacopp4+4 : 83,4 versus 72,8 %
dans le bras ABVD8 (HR = 0,58, IC95% [0,39-0,85],
p = 0,005). Par ailleurs, trente-trois (12 %) patients sont
d
ecedes dans le groupe ABVD8, dont six pour une cause de
nature toxique contre vingt-trois (8,4 %), dont cinq par
toxicite, dans le bras Beacopp4+4. Enfin, l’incidence des
cancers secondaires a quatre ans etait semblable dans les
Place de l’allogreffe
de cellules souches
hématopoı̈étiques dans le
lymphome de Hodgkin :
résultats d’une méta-analyse
cile Gruchet
Ce
Emilie
Cayssials
Xavier Leleu
phanie Guidez
Ste
n depit de la grande chimiosensibilit
e du lymphome
hodgkinien, la prise en charge des rechutes est un
enjeu majeur qui n’est que partiellement r
esolu par
l’autogreffe de cellules souches h
ematopoı̈
etiques (CSH)
[1]. En particulier, la prise en charge des rechutes postautogreffe est un challenge. L’allogreffe de CSH permet le
E
deux groupes avec 3,4 % dans le bras ABVD8 et 4,7 % pour
le bras Beacopp4+4.
Il n’y a donc pas de diff
erence en termes d’EFS entre les deux
groupes, avec, a la lecture des courbes, plus d’
ev
enements
pr
ecoces dans le groupe Beacopp, tandis que les courbes se
croisent et s’inversent peu avant un an de suivi, sugg
erant
une augmentation des ev
enements tardifs dans le bras
ABVD. Il est int
eressant de noter l’am
elioration de la PFS dans
esentant une
le groupe Beacopp4+4 chez des patients pr
maladie agressive. Cependant, l’impact de la toxicit
e
a plus
long terme avec le risque d’
emergence de cancer secondaire
reste a
evaluer. Il conviendrait donc de distinguer les patients
a plus haut risque pour lesquels le Beacopp pourrait ^
etre
utilis
e en premi
ere intention. L’avenir de ces regimes
intensifs passera egalement par les sch
emas de d
esescalade
en fonction de la r
eponse au TEP et/ou dans l’incorporation
de nouveaux agents th
erapeutiques prometteurs, tel que le
&
brentuximab.
Références
1. Canellos GP, Anderson JR, Propert KJ, et al. Chemotherapy of advanced
Hodgkin’s disease with MOPP, ABVD, or MOPP alternating with ABVD. N Engl J
Med 1992 ; 327 : 1478-84.
2. Diehl V, Franklin J, Pfreundschuh M, et al. Standard and increased-dose
Beacopp chemo-therapy compared with COPP-ABVD for advanced Hodgkin’s
disease. N Engl J Med 2003 ; 348 : 2386-95.
3. Carde P, Karrasch M, Fortpied C, et al. Eight Cycles of ABVD Versus
Four Cycles of Beacoppescalated Plus Four Cycles of Beacoppbaseline in
Stage III to IV, International Prognostic Score 3, High-Risk Hodgkin
Lymphoma: First Results of the Phase III EORTC 20012 Intergroup Trial. JCO
2016;2028-36.
doi: 10.1684/hma.2016.1159
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 07/02/2017.
A ctualites
meilleur taux de r
emission durable mais pr
esente des
r
esultats variables et surtout une mortalit
e importante li
ee
aux complications infectieuses et a la r
eaction du greffon
^te (GvH). Ces complications ont longtemps contre l’ho
et
e
un frein a l’allogreffe de CSH mais sont d
esormais mieux
^ l
contro
ees par le d
eveloppement de conditionnement
d’intensit
e r
eduite. De ce fait, l’allogreffe de CSH a
r
ecemment et
e recommand
ee par l’American Society for
Blood and Marrow Transplantation [2] et l’European
Society for Blood and Marrow Transplantation [3] dans
la prise en charge des rechutes post-autogreffe.
Une m
eta-analyse sur les r
esultats de l’allogreffe de CSH
dans la maladie de Hodgkin en rechute a et
e r
ealis
ee sur
trente-huit etudes, regroupant un total de 1 850 patients,
et compos
ees de vingt-huit etudes r
etrospectives, quatorze
etudes prospectives, vingt et une etudes monocentriques
et vingt et une etudes multicentriques. Les etudes etaient
h
et
erog
enes en termes de conditionnement et de source
de CSH [4].
La m
eta-analyse retrouve des taux de survie sans rechute
(RFS, pour relapse free survival) de 50 % (42-57 %) a un an
matologie
He
vol. 22 n8 4, juillet-ao^
ut 2016
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