Les pratiques amateurs en France en 2003 : Des différences

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Les pratiques amateurs en France en 2003 : Des différences
Les pratiques amateurs en France en 2003
Des différences sensibles selon les caractéristiques
sociodémographiques
Damien Le Mancq, étudiant à l’Institut de Démographie de l’Université Paris 1
L’enquête de l’Institut National de la Statistique
et des Etudes Economiques, réalisée en mai
2003 et portant sur la participation culturelle
et sportive des Français, a dévoilé les habitudes
culturelles des Français âgés de 15 ans et plus,
et notamment leurs préférences en matière de
pratiques amateurs. Ainsi, près de 14,6 millions
d’entre eux ont pratiqué une activité en tant
qu’amateur au cours des douze derniers mois.
Mais l’enquête montre également que les types
d’activités choisies diffèrent selon le sexe, l’âge
ou encore la catégorie socioprofessionnelle des
individus.
Rassemblées en huit groupes distincts, les
pratiques amateurs (définitions) participent au
renforcement des liens sociaux et à l’exercice
d’une citoyenneté active.
Ainsi, près de 14,6 millions de Français ont
pratiqué une activité en amateur durant l’année
écoulée, soit 30,5% de la population qui
s’adonnerait plus ou moins régulièrement à un
exercice en tant qu’amateur. Ces activités,
rassemblées en huit groupes, sont plébiscitées de
manière diverse par les Français (document 1).
Ainsi, alors que certaines de ces activités
possèdent une belle cote auprès des habitants de
l’hexagone, d’autres, en revanche, sont moins
pratiquées. Les activités artistiques (peinture,
sculpture…) ou encore la photographie sont ainsi
exercées par une plus grande proportion de
Français que la pratique de théâtre en amateur ou
la vidéo.
Des activités surtout pratiquées par les
classes d’âge les plus jeunes
Seulement, ces activités amateurs ne sont très
souvent effectuées que par certaines catégories
de la population, et ce avec une intensité très
inégale.
Tout d’abord, notons que les proportions de
femmes et d’hommes pratiquant au minimum une
activité sont similaires et se situent autour de
30%. Cependant, celles-ci diffèrent selon les
classes d’âge étudiées (document 2). En effet, la
pratique d’une activité amateur devient d’autant
plus faible que la population vieillit. Ainsi, alors
que près d’un jeune de moins de 20 ans sur deux
déclare s’adonner à une activité amateur, les
personnes de 60 ans et plus sont moins de 20% à
reconnaître exercer de telles activités. On peut
ainsi être amené à se demander pourquoi les 60
ans et plus, retraités pour la majorité d’entre eux,
et donc disposant de plus de temps libre, sont les
plus inactifs en terme de pratique d’activité.
peuvent rendre l’accès à certains types de
pratiques plus difficile. Ceci peut également être
du à une différence de culture, dû au milieu social
dans lequel ils vivent. Par ailleurs, nous avons
observé précédemment que la pratique d’activités
amateurs diminuait avec l’âge, ce qui explique la
faible proportion de retraités s’adonnant à ces
activités.
L’importance de la catégorie
socioprofessionnelle
Si on s’intéresse désormais à la pratique d’au
moins une activité selon la catégorie
socioprofessionnelle des individus, on remarque
une nouvelle fois qu’il existe des différences
significatives entre chaque groupe (document 3).
Trois catégories se détachent des autres, avec des
proportions de pratiquants amateurs supérieures
à 40%. Il s’agit des cadres et professions
intellectuelles supérieurs, suivis des inactifs (hors
retraités) et des professions intermédiaires. Pour
les premiers, cela peut s’expliquer, comme
l’attestent les chiffres de l’Insee mis à jour chaque
année, par des ressources plus importantes dues à
leur profession, entrainant moins de contraintes
financières, et permettant ainsi l’accès à de
nombreuses activités. Le fort taux de personnes
pratiquant une activité amateur ou plus chez les
inactifs (près de 45%, soit un point de moins que
chez les cadres), peut être attribué à leur plus
grande disponibilité. Ne travaillant pas et n’étant
pas forcément âgés, ils comblent sans doute leur
temps libre par ces pratiques amateurs. Ces
personnes sont notamment friandes d’activités
telles que la peinture, la sculpture… Peut-être
s’agit-il de personnes vivant de leur passion ?
Quand aux ouvriers et aux retraités, ils sont ceux
qui paraissent le moins se délecter de pratiques
amateurs, à peine 20% d’entre eux déclarant avoir
pratiqué de telles activités au cours des douze
derniers mois. La faiblesse des revenus perçus par
les ouvriers par rapport aux autres catégories
Des situations différentes selon les
régions françaises
Les régions françaises connaissent des situations
très diverses en terme de proportions de
personnes effectuant une activité en tant
qu’amateur (document 4). Sur le territoire
national, cette proportion peut varier du simple
au double. Ainsi, certaines régions se démarquent
par l’importance de la pratique d’activités chez les
individus, telles que la Haute-Normandie, l’Ile-deFrance ou encore la Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Les deux premières citées
possèdent une
structure de la population (définitions) similaire, à
savoir des taux de cadres et de professions
intermédiaires plus élevés que la moyenne, et un
nombre d’ouvriers et de retraités plus faible. Ainsi,
au vu des caractéristiques précédemment établies
pour chaque catégorie socioprofessionnelle, ces
régions possèdent une population plus disposée à
effectuer une activité. A l’inverse, seulement 16%
de la population du Limousin et 19% de la
population de Picardie exercent une pratique en
tant qu’amateur. Là aussi, ces deux régions
possèdent une structure de la population assez
spécifique, le Limousin possédant le plus faible
taux de cadres et la plus forte proportion de
retraités, de même que la Picardie qui concentre
un grand nombre d’ouvriers et de retraités,
catégories pratiquant moins d’activités amateurs.
Des pratiques variant selon les
caractéristiques individuelles
Nous avons vu que les différentes activités
recensées possédaient plus ou moins d’adeptes.
Aussi, elles sont pratiquées par des populations
diverses (document 5). Ainsi, les hommes
apprécient beaucoup plus que les femmes des
activités telles que la photographie ou la pratique
d’un instrument de musique, alors que l’écriture
de romans ou de poèmes, ainsi que le chant,
attirent une population plus féminine. De même,
les hommes sont 2,5 fois plus nombreux à
pratiquer la vidéo que les femmes. Inversement
pour la réalisation de poteries et autres
céramiques, activité plébiscitée deux fois plus par
les femmes que par la gent masculine. Par ailleurs,
certaines activités se distinguent par l’intérêt qui
leur est porté par les plus âgés. Ainsi, comme nous
avons pu le constater précédemment, les moins
de 20 ans sont plus nombreux à pratiquer une
activité amateur que leurs ainés. Et bien que cette
donnée se vérifie par la pratique plus importante
d’activités tel que le dessin, la peinture, l’écriture
et le théâtre par les plus jeunes, on observe
toutefois que certaines pratiques (le chant,
l’artisanat d’art ou encore la photographie)
attirent presque autant les jeunes que les moins
jeunes (les 60 ans et plus). Malgré tout, il est
intéressant de regarder quels sont les trois
domaines d’activité les plus pratiqués par les
moins de 20 ans et les plus de 60 ans. Et ceux-ci
sont presque les mêmes pour les deux classes
d’âge. La pratique de la peinture (dessin,
sculpture…) est ainsi la plus répandue chez les plus
jeunes (26,1% d’adeptes), suivie de la pratique
d’un instrument de musique et l’écriture (de
romans, de poèmes…), alors que la photographie
domine chez les plus de 60 ans (7% d’adeptes),
suivie de la pratique de peinture ou d’un
instrument de musique, qui sont également les
deux activités les plus répandues au sein de
l’ensemble de la population française.
Enfin, notons que lorsqu’elles sont pratiquées,
certaines activités sont régulièrement exécutées
(la pratique d’un instrument de musique et
l’écriture on été réalisées en moyenne
respectivement 124 et 101 fois au cours des
douze derniers mois par ceux qui les pratiquaient)
alors que d’autres le sont moins fréquemment
(comme celle de la vidéo ou encore de la
photographie, pratiquées à hauteur de 23 et 34
fois au cours de l’année).
BILAN
On estime que près de 30,5% des Français ont pratiqué aux cours des douze dernier mois une activité
en tant qu’amateur. Mais les situations varient selon les différentes caractéristiques des individus tel
que l’âge, le sexe ou encore la situation socioprofessionnelle. Ainsi, les plus jeunes sont les plus férus
de ces différentes pratiques, à l’inverse des personnes plus âgées, moins favorables à ce type
d’activités. On s’aperçoit ainsi que la pratique d’une activité devient d’autant plus faible que la
population vieillit. De même, certaines catégories socioprofessionnelles semblent plus disposées à
réaliser une activité que d’autres. C’est ainsi que les cadres et autres professions intellectuelles
supérieures, profitant de contraintes budgétaires moins importantes, sont nombreux à pratiquer une
activité, de même que les inactifs, qui possèdent quant à eux une plus grande disponibilité dans leur
emploi du temps. A l’inverse, certaines catégories socioprofessionnelles (ouvriers, retraités…) sont
moins friandes de pratiques amateurs.
Définitions
Les pratiques amateurs désignent toutes les
activités artistiques et culturelles exercées en
dehors de toute contrainte scolaire ou
professionnelle et relevant de l’initiative privée.
La structure de la population est la façon dont est
composé l’ensemble d’une population, selon des
modalités bien précises (sexe, âge…). La
connaissance de la structure d’une population
permet notamment d’expliquer certaines données
ou évolutions de la population.
Méthodologie
L’enquête sur la « Participation culturelle et
sportive » des Français âgés de 15 ans et plus a
été réalisée par l’Institut National de la Statistique
et des Etudes Economiques en 2003, dans le cadre
de l’enquête permanente sur les conditions de vie
des ménages français. Le champ de l’enquête
s’étend à l’ensemble de la France métropolitaine,
et porte sur un échantillon de la population
composé de 5 626 individus. Par ailleurs, notons
que la région de la Corse n’est pas représentée sur
le document « 4 – Part de la population réalisant
au moins une pratique amateur selon la région de
résidence en 2003 », le nombre trop faible
d’individus originaires de Corse ne permettant pas
d’étendre nos résultats à l’ensemble de la
population de cette région.
Bibliographie
_ De Lajarte I., 1991, « Les peintres amateurs,
étude sociologique », 201 pages
_Donnat O., 2009, « Les pratiques culturelles des
Français à l’ère numérique », 272 pages
_ Dossier du Ministère de la Culture et de la
Communication, 2000, « La pratique musicale
amateur », n°65, 4 pages
_ Publication de l’INJEP, 2004, « L’enjeu des
pratiques culturelles et artistiques en amateur »,
Courants d’art, n°71, 91 pages
_ RIPON R., 1995, « Le poids économique des
activités artistiques en amateur », 134 pages

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