L`album photo des Fran“ais

Transcription

L`album photo des Fran“ais
L’album photo des Français
De 1914 à nos jours - Petites histoires de la Grande Histoire
Préface : Christian Caujolle - Editions du Chêne
Documents rassemblés par Martine Ravache pour l’Agence VU
avec le soutien de Brigitte Leblanc pour les Éditions du Chêne
Format : 230 x 285 mm - 192 pages - 160 photos - 39,90 €
De 1914 à 2002, presque année par année, des photos et des témoignages sur les événements et les
grands bouleversements sociologiques qui ont fait l’histoire de la France.
Dans toutes les familles françaises, quelqu’un s’est retrouvé pris dans le tourbillon de l’histoire, témoin ou
acteur impuissant d’événements ou d’époques marquantes : les guerres, le front populaire, les trente
glorieuses, la décolonisation, les années contestataires, l’arrivée de la gauche au pouvoir, le tournant du
troisième millénaire, etc.
Cet album d’images, construit grâce à un vaste appel à témoin relayé par plusieurs magazines et quotidiens, se compose de photos d’amateurs auxquelles sont liés des témoignages personnels, qui dessinent
les contours d’une vision proprement intime de la “grande” histoire. Écoutons ces voix qui nous parlent du
passé et font œuvre de mémoire : “J’étais le bébé dans les bras du soldat américain, ce matin d’août 1944”,
“Mon père s’évada 7 fois de camps de travail allemands”, “Juillet 1936, les premières vacances de la vie de
mes parents”, “1974 : Gardarem lou Larzac ”…
Personnelles, émouvantes, parfois dures, ou drôles, révélatrices d’une époque ou de bouleversements, ces
photos dessinent un album de souvenirs que nous pouvons tous nous approprier et partager.
Préface par Christian Caujolle, directeur artistique de l’Agence et de la Galerie VU (extraits)
“Depuis que la photographie existe, depuis qu’elle s’est donné pour but de documenter le réel et d’en conserver la mémoire, depuis qu’elle a décidé
qu’elle pouvait participer de l’Histoire avec une majuscule, elle a, étrangement, confié à des professionnels la mission d’inscrire dans les sels
d’argent le souvenir des évènements. Elle est, d’une certaine manière, amnésique de sa propre histoire qui se développa, aux origines, sur la base
de passions de bourgeois, amateurs au sens étymologique du terme, de cette nouvelle technique, capable “de façon fidèle” de “reproduire” le réel
de façon immédiate.(...) En rassemblant les images d’amateurs ayant fixé des moments essentiels de notre mémoire, nous avons juste voulu rendre
hommage à tous ceux qui se sont pris de passion pour le médium le plus moderne et le plus étrange du XXème siècle. A ceux qui ont su pactiser avec
le hasard et avoir la chance d’obtenir des résultats étonnants sans aucune autre nécessité que leur envie de faire des images. (...)
Il y a dans cet album de famille de Français auscultant leur temps et en rendant compte, une manière d’affirmer justement l’évidence documentaire de la photographie, dont elle ne saurait, presque deux siècles après son invention, se débarrasser. (...)
Il n’est pas certain que toutes les images de ce livre soient “meilleures” (mais que signifie ce mode de jugement ?) que celles que nous connaissons
et qui ont été produites par des professionnels. Il n’en reste pas moins que bien d’entre elles sont étonnantes, qu’elles participent d’une approche
directe et enthousiaste du monde, qu’elles ne se préoccupent pas de variations stylistiques et se confrontent brutalement, naïvement souvent, aux
faits. (...)
J’aimerais que ces instantanés qui étaient réservés à la sphère intime, alors qu’ils accèdent au domaine public, puissent provoquer à la fois de
l’émotion et de la réflexion. (...)
Pour ma part, j’ai simplement eu du plaisir à des étonnements que nous avons eu envie de vous faire partager et qui disent que la photographie est
bien plus complexe que ce qu’en disent les livres d’histoire. S’il fallait une conclusion, ce serait simplement de rappeler qu’amateur vient d’aimer et
qu’il n’y a rien de plus essentiel que l’amour. des autres, de l’unique, de son temps, des images, de l’histoire.
Christian Caujolle, directeur artistique de l’Agence et de la Galerie VU (extrait de la préface)
Relations presse et photos libres de droits
> Editions du Chêne : Hélène Maurice : 01 43 92 33 87 - [email protected]
> Agence VU : Bernadette Sabathier : 01 53 01 05 05 - 06 18 92 92 78 - [email protected]
“Journal d’une recherche” par Martine Ravache
“Nous sommes tous des photographes amateurs. Reconstituer près d’un siècle d’histoire en France, à travers les témoignages et les photographies
d’amateurs, était au départ un pari hasardeux, un long et patient travail d’investigation en perspective. Les premières “trouvailles” furent suffisamment prometteuses pour que se dessine la certitude de pouvoir mener le projet à terme.
Mais, qu’est-ce qu’un photographe amateur ?
(...) De 1902 à 1963, Jacques Henri Lartigue a photographié les événements de sa vie quotidienne, attendant soixante ans avant d’exposer ses
premières images. Son statut d’amateur autoproclamé lui donna l’occasion d’enregistrer, suivant ses mots, “tout et n’importe quoi” et d’inventer
une œuvre pionnière, célébrant plaisirs, sensations, émotions et intimité. Dans ce cas-là, l’amateurisme est un luxe qui fait rêver, un idéal qui résiste
au savoir-faire et au cynisme du métier. C’est ainsi que André Kertesz - professionnel par obligation - l’entendait : “Je suis (…) un amateur et
j’entends rester un amateur toute ma vie… La photo tire sa beauté de la vérité même dont elle est empreinte. C’est pourquoi je me défends de toute
espèce de trucage ou de virtuosité professionnels…”. (“l’Intransigeant” 1er avril 1930. Cité dans “André Kertesz”. Pierre Borhan. Le Seuil. 2000). (...)
L’amateur doit toujours être là par hasard ou presque. (...) . Il s’immisce dans l’histoire collective par effraction.
Comment trouver les photographies d’amateurs ?
Des petites annonces, sous forme d’appels aux amateurs, sont publiées dans la presse locale et nationale. Des photos, plus nombreuses que nous
ne l’imaginions, nous arrivent. La règle est énoncée. La saisie d’un instant historique ne suffit pas, il faut que vienne l’étayer une histoire vibrante,
personnelle pour composer un authentique recueil de témoignages. Les images semblent tomber du ciel. En désordre, au hasard. Mais le hasard
existe-t-il ? A les voir s’accumuler sur certains sujets plutôt que sur d’autres, le volume devient signifiant et ce travail de collecte sauvage finit par
ressembler à une enquête. Qu’ont-ils photographié les amateurs ? Et qu’ont-ils retenu, les Français, de leur Histoire de France ?
Le registre des amateurs
Si le fait divers, l’accident, la catastrophe sont les registres évidents de la photographie d’amateurs, l’album de famille représente l’autre veine
de son inspiration. L’intimité en est son véritable fil créatif. L’esthétique est parfois bâclée mais l’émotion affleure, toujours présente. (...) Les
photographes occasionnels chargent leurs images d’une valeur symbolique, se souviennent encore du déclic, du moment où le vent de l’Histoire
collective les a frôlés et touchés. D’autres, au contraire, avec des photographies, toutes simples, sans anecdote ni événement, à la seule lumière des
commentaires qui les accompagnent, suscitent une émotion et colorent l’Histoire de manière inattendue. Tel ce premier bébé dans les bras d’un
tirailleur Sénégalais au moment de la débâcle en 1940 : “C’est moi” (...) D’autres “bébés” de la deuxième guerre mondiale arriveront et l’histoire
se répète. “C’est moi !” nous écrit-on toujours. C’est à partir de cette période (1939-1945) que parviennent les témoignages directs sur les événements. (...) Des figures sortes de l’anonymat et de l’ombre, tels ces appelés qui photographient “leur” guerre (...). Souvent, un commentaire précise
qu’il s’agit du dernier portrait avant que la mort ne fauche le lendemain ou quelques jours plus tard. (...) En dehors de l’événement (la mort,
le danger, le drame), l’intérêt de la photographie amateur relève d’un simple effet “Proustien” (...) : la démocratisation des vacances familiales,
le succès foudroyant de la Costa Brava, les débuts de la mode dans la rue, l’actualité heureuse des classes moyennes. (...) Peu de grandes figures
historiques. Pourtant, la première photo qui nous parvient est un portrait d’Eisenhower, pris à la sauvette, rue de Rivoli, le jour de la Libération
de Paris. (...) D’autres suivront, De Gaulle, Mitterrand… toujours debout à l’arrière de leur “monture” et saluant la foule, avec majesté. Dans cette
galerie de portraits, Pompidou, au cpmmande de son bateau, est une exception mais, là, c’est une photo prise par son garde du corps. La voiture
est l’attribut préféré des Français pour prendre la pose. Une histoire d’amour qui commence dans les années trente ; on s’invite à ses côtés pour
planter le décor de la vie quotidienne. Traction, 4 CV, Dauphine…
Un tableau de famille
(...) La chronologie de “leur” Histoire présente de drôles de trous et bosses. Alors que la guerre 14-18 dispose d’un très grand nombre d’images (souvenirs des tranchées pour tuer l’angoisse de l’attente), la deuxième guerre mondiale n’offre quasiment aucun cliché de combattants mais accumule
ceux de la Libération, de ces jours de liesse collective, sans doute, unique dans le siècle. Les années cinquante vont à la rencontre de la France profonde. Elles respirent le grand air et une ambiance bon enfant auxquels l’objectif de Robert Doisneau ne fut apparemment pas le seul à être sensible. La guerre d’Algérie fut officiellement une “guerre sans image” (en dehors des archives militaires). Appelés et Civils avaient laissé dormir, au
fond de leurs tiroirs, des documents qui resurgissent avec la violence du refoulement : scènes attendues de chambrées mais surtout portraits des
déchirures, pris à la sauvette par des médecins ou des instituteurs, étouffés par une neutralité obligatoire. La destruction des Halles a inspiré les
badauds Parisiens, sans doute émus (scandalisés ?) par ce brutal changement de paysage : La photographie suit alors une pente naturelle, celle
de la nostalgie et du cliché avant disparition. (...) Certains amateurs croisent la grande histoire, par hasard. D’autres la guettent. Celui-ci aurait pu
devenir “photographe” mais, un jour, range définitivement son appareil au fond du placard. Celui-là craint les indiscrétions des archives familiales…
Beaucoup sous-estiment la valeur historique de leurs images. Il m’a fallu convaincre. Les rencontres furent nombreuses, belles. Il y eut du bonheur
à redécouvrir ensemble les papiers jaunis et oubliés. Je pense à ce vieux monsieur si malicieux qui m’avoua, au dernier moment, qu’il espérait encore être en vie à la sortie du livre pour toucher du doigt, un demi-siècle après les avoir faites, ses photographies “imprimées”. Tous sont contents de
cette initiative - montrer leurs images - qui leur permet de satisfaire la curiosité des autres et de se pencher, avec un intérêt renouvelé, sur le miroir
de leur passé. Qu’ils soient tous chaleureusement remerciés d’avoir collaboré à ce projet”.