Les deux coqs » de Jean de La Fontaine
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Les deux coqs » de Jean de La Fontaine
Proposition Plan détaillé de la lecture analytique de la fable « Les deux coqs » de Jean de La Fontaine Pistes pour l’Introduction e « Les deux coqs », 2 recueil des Fables, Jean de la Fontaine, Classicisime, littérature morale. Extrait du livre VII . Modèle de fable habituel chez La Fontaine puisque donne aux animaux un caractère humain. Originalité du texte se situe dans la parodie du genre épique au service d’une morale. I. Un apologue La Fontaine à donner un sens à sa parodie en insérant non pas simplement une morale finale mais en insérant tout au long du texte une série de remarques comme autant de morales plus ou moins explicites. 1. Les interventions du fabuliste Repérage de l’énonciation v.2 à 4 A la fois récit (passé simple) et discours « tu » v.3 + v.2 « voilà » qui marquent intervention du narrateur derrière lequel se cache LF. De même au v.6 « nos » coqs. Le narrateur s’adresse aux lecteurs. => la division récit / discours n’est pas systématique. Cette fable mélange sans cesse les deux. Récit constamment commenté. Permet une connivence avec lecteur => comprendre l’intention parodique. 2. Un récit au service de la morale : le monde animal représente la société humaine - Présentation de personnages- animaux aux caractères bien apparents champs lexicaux de la vantardise, de la rancœur Structure simple, pas de détails superflus : absence de précision sur le cadre spatial : une basse cour (suggéré par les habitants du lieu). Schéma narratif clairement apparent (situation initiale v. 1, élément perturbateur v.2-3 etc) - Les critiques incluses dans le récit envers les femmes source de bien des querelles v.1-4 envers les amateurs de spectacle de querelle v.7-8 et surtout envers le comportement déplacé du vainqueur et la vantardise : anticipation de la suite du récit : v.18-19 « il n’en eut pas besoin ». Le lecteur est averti, la fin de la fable contient un retournement de situation. Tout en racontant l’auteur commente et aiguille sur le sens à donner au récit : v.23 « tout cet orgueil périt ». 3. Le fonctionnement de la morale finale Formulation d’un enseignement général pour la fable. ère Apparaît v.29-32, avec l’emploi d’un présent proverbial + emploi de l’impératif à la 1 pers. Dénonciation des caprices de la « Fortune » (= hasard) donc mise en garde les lecteurs. v.12 « Pleura sa gloire et ses amours » (pour le coq vaincu) et v.22 « Adieu les amours et la gloire » (pour le coq vainqueur). Cette construction en chiasme marque bien le renversement de situation qui peut intervenir brusquement (v. 19 « il n’en eut pas besoin ») leçon de prudence et d’humilité. > réaffirmée par la morale explicite II. Une parodie du genre épique 1. Une réécriture parodique de l’épopée de la guerre de Troie => réécriture amusante de l’Iliade d’Homère auquel la fable fait plusieurs fois directement référence v.3 « Tu perdis Troie » .v.9 « Plus d’une Hélène au beau plumage » v.6 « longtemps entre nos Coqs le combat se maintint » (la guerre de Troie dura 6 ans avec de nombreux rebondissements) v.5 « On vit le Xanthe teint décalage entre le sujet et les héros de l’Iliade (de grands héros, des dieux, une guerre glorieuse) et le sujet de la fable, une querelle de basse cour au sujet d’une poule. = parodie 2. L’emploi d’un registre épique La référence à l’Iliade ne suffirait pas à faire de cette fable une parodie de récit épique. La Fontaine utilise (et détourne) les procédés d’écriture de l’épopée Emploi d’un discours narratif, nombreuses indications de temps une des caractéristiques du registre épique. - Alternance d’événements au passé simple (v.1-11) et imparfait d’habitude (v.14-18). On note aussi v.6 « longtemps », v.14 « tous les jours ». - des raccourcis qui participent à la parodie épique : v.1-2 « Deux coqs vivaient en paix ; une poule survint / Et voilà la guerre allumée. » C’est la ponctuation qui fait le lien chronologique - champs lexicaux du combat, de la gloire, de la victoire, des sentiments nobles l’amplification Amplification par la construction des vers : rythme des vers avec des enjambements (allongement des phrases, crée ampleur) v.9-10 ; v.11-14 ; v.14-15 ; v.16-18. Constructions qui marquent les oppositions : v.10 « vainqueur / vaincu ». Reprise au v.13 de « ses amours » Amplification par le lexique : v.5 référence au sang des dieux versé + « même ». Emploi d’un registre extrême : v.15 « sa haine et son courage ». Référence aux éléments de la nature v.17 « s’exerçant contre les vents » un style « haut » pour un sujet « bas » (basse-cour) pleine expression de la parodie 3. Recours à un registre soutenu qui parait décalé Le comique vient de l’opposition entre ce niveau de langue et son application à des animaux de basse cour. Lexique appartenant au registre soutenu : v.3 « perdis » causer la perte , v.7 « bruit » rumeur, v.12 « gloire » haute image de soi, splendeur, v.24 « fatal » voulu par le destin. On relève aussi un certain nombre d’expressions qui appartiennent à la langue classique. Au v.9 « Hélène au beau plumage » « la gent qui porte crête » v.8 épithète homérique ; expression « chanter son courage » au v.20. Atmosphère de la basse cour reproduit par les allitérations en [k] imitant le caquètement des volailles mais aussi alternance d’alexandrins (vers noble) et d’octosyllabes (vers simple) Conclusion double parodie : de l’épopée et des hommes véritable apologue : récit simple qui pousse le lecteur à la réflexion sur sa condition d’homme et un enseignement moral (qui « passe » avec plaisir grâce à la parodie) Ouverture > efficacité de la fable conforme à la doctrine classique « plaire et instruire » que l’on retrouve chez La Bruyère et chez Molière qui dénoncent eux aussi les travers des hommes grâce au genre du portrait ou de la comédie.