Introduction I. Un récit amusant aux allures de conte…

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Introduction I. Un récit amusant aux allures de conte…
Nous vous proposons un plan détaillé que vous pouvez vous exercer à
rédiger en y intégrant des références précises au texte commenté.
Introduction
(Amorce) Hugo, alors âgé de plus de soixante-dix ans, donne un « bon
conseil aux amants ». Malgré son âge, c’est un expert en la matière. En
même temps, c’est un grand-père qui aime bien raconter des histoires…
(Texte) Conseil en forme de fable où la morale encadre le récit fantaisiste
des amours cannibales d’un ogre amoureux d’une fée. Tout cela avec de
l’humour, ce qui aboutit à une parodie amusée.
(Problématique) En quoi ce poème est-il une parodie de fable fantaisiste et
fantastique ?
Annonce du plan :
1. Un récit amusant aux allures de conte.
2. Des allures de fable : la leçon d’un moraliste fantaisiste.
I. Un récit amusant aux allures de conte…
1. Une galerie de portraits pittoresques
Des personnages pittoresques, sortis du monde merveilleux des contes
traditionnels, mais traités sur le mode humoristique.
a. L’ogre au caractère contrasté
– Violence de sa passion (v. 14), ses caractéristiques d’ogre (« peau velue »
et « bouche énorme »), d’une part.
– Son naturel « naïf » qui lui fait reconnaître sans malice son crime, d’autre
part.
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b. L’enfant
– Un enfant naturel (mystère qui l’entoure, v. 20).
– Un portrait schématique, comme un croquis (« bel enfant blond »), mais
désigné familièrement (« mioche », « marmot ») ; fantaisie du détail « nourri
de crème et de brioche ».
– Présenté dans une activité proprement enfantine (v. 22).
c. La fée : variété de ses dénominations
– « dame », fait penser au Moyen Âge.
– « Calypso », personnage mythologique.
– En fait, une femme de peu de vertu (enfant naturel).
– Un personnage au caractère assuré (« cria-t-elle »).
2. Vivacité et drôlerie d’un récit burlesque…
a. La couleur locale fantaisiste
Le contexte russe est posé par :
– le moment : « hiver » ;
– le lieu : « Moscovie » (cf. « Moscovite ») ;
– le nom imaginaire (fantaisiste) à consonance russe « Ogrouski ».
b. Une situation et des péripéties burlesques qui appartiennent
au monde du conte
L’humour dans la façon de raconter en fait une parodie de conte.
– Situation initiale de conte ou de fable : ogre amoureux d’une fée. Cf. La
Fontaine, « Le Lion amoureux » (Fables, IV, 1) d’une jeune fille.
– Préparation du coup de théâtre : la suite du récit est préparée par « un
coup de dent de trop » (v. 10) (création de « suspense »).
– Le coup de théâtre, raconté sur le mode familier : « croquer le marmot »,
« gober ainsi les mioches », des moments dramatiques…
– Le burlesque de la situation finale repose en fait sur le jeu, sur le propre et
le figuré de l’expression « croquer le marmot ».
II. Des allures de fable : la leçon d’un moraliste fantaisiste
Comme dans une fable, le récit est fortement lié à une « leçon », une
morale.
1. Hugo, meneur de jeu : un narrateur très présent et impliqué
a. De nombreuses marques de présence d’un narrateur qui s’implique
par des commentaires, des interventions
Comme La Fontaine, Hugo intervient dans le récit par :
– sa sympathie pour l’ours, à travers des mots mélioratifs comme « brave »,
« bon » ou des expressions affectueuses comme « pauvre cœur » ;
– sa désinvolture de narrateur : l’ogre « gobe » l’enfant comme un œuf, une
bouchée, une friandise ;
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– son indifférence pour le sort de l’enfant (baptisé « mioche », péjoratif) ;
– son ironie sur la légèreté des mœurs de la fée (qui avait cet enfant, « on ne
sait pas de qui »).
b. Un narrateur dont on devine les références littéraires
– « Oyez ceci » : style médiéval, comme dans le Roman de Renart.
– Allusions mythologiques : dénomination grecque du destin « Ananké » ;
comparaison de l’amant occasionnel de la fée et père de l’enfant,
« Ulysse » ; « Calypso », allusion mythologique emphatique et flatteuse pour
une fée anonyme et de petite vertu.
– Allusion à Voltaire (« nain Micromégas ») ou, plus implicite et bizarre, à
Pascal. Cf. « bête […] ange », (v. 4-5) qui rappelle l’expression de Pascal :
« qui veut faire l’ange fait la bête ».
– Ton solennel ou épique et rappel tragique (v. 1).
c. L’implication du lecteur
– « Oyez » (2e personne du pluriel), prise à partie du lecteur : interrogation
des vers 24-25 (est-ce Hugo qui nous parle ou est-ce une réflexion intérieure de l’ogre ?).
– Les deux derniers vers à la 2e personne du pluriel avec un impératif.
2. Une morale fantaisiste
a. Une morale fortement liée au récit qu’elle encadre
– Exprimée à deux reprises : en début (v. 1-12) et fin (v. 35-36) de « fable ».
– Des mots qui, dans le début, annoncent l’histoire : « bête brute », « Un
coup de dent » ; puis à la fin, la rappellent : « Ne mangez pas l’enfant ».
– Passage à la morale (humaine) facilité par la personnification de l’ogre :
« épouser », « salue », « prince », « dire un mot »…
b. Le ton du moraliste
– Ton de la généralisation : « on », présent de vérité générale, expression
« de tout temps »…
– Des termes généralisants : « l’amour », « le naturel ».
c. Une morale par l’exemple et le contre-exemple
Cette morale repose sur deux portraits en opposition :
– l’amant transi, qui se plie au jeu de l’amour, à ses exigences (structure
répétitive, mécanique des phrases, imitation du comportement soumis de
l’amant, avec répétition de « on », v. 1-10) ;
– l’amant maladroit qui n’écoute que son naturel (L’ogre, v. 14-35).
Cette dualité est reprise par le jeu sur le « faites », « ne faites pas… » (cf.
aussi v. 5, 6).
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d. Une morale traitée sur le mode humoristique :
pittoresque et humour
– Jeu sur le propre et le figuré : « croquer le marmot » (qui devient
« manger l’enfant »), « amant transi ».
– L’enfant féerique rebaptisé « mioche » ou « marmot » : aucune pitié,
humour noir.
– Décalage dans le ton : contraste entre solennité tragique du vers 1 et
expression familière qui le suit : « être à la porte flanqué », avec inversion
poétique.
Tout cela en fait une parodie de fable.
3. Petit manuel du parfait amoureux
Ce poème est un petit mode d’emploi pour amoureux qui dénote une
certaine conception de l’amour :
– les contraintes de l’amour : se surveiller et se dominer (« on s’observe »),
combattre son « naturel » (= renoncer un peu à soi-même), se faire discret
(« nain »), être patient (« on attend »), supporter les souffrances, mentir
même un peu… ;
– l’amour est un jeu fragile, d’où la nécessité de la mesure (v. 10).
Conclusion
Texte qui marque une évolution dans la poésie de Hugo : du poète prophète, lyrique ou engagé au poète vieillissant qui prend du recul et s’amuse
en maniant l’humour et la parodie. Il ne se prend pas au sérieux et a cependant gardé son penchant irrépressible pour l’amour…
©HATIER

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