Interview de Mémona Hintermann-Afféjee (format PDF - 205

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Interview de Mémona Hintermann-Afféjee (format PDF - 205
Médias-Télévision
Mémona Hintermann­
Haffejee porte haut et fort
le combat pour la diversité.
BAROMÈTRE
Vent de révolte à “Libération”. Réunis en assemblée
jeudi, les salariés du quotidien parisien ont en effet
estimé que Nicolas Demorand ne remplissait pas ses fonc­
tions de directeur de la rédaction, qu’il cumule avec le
poste de président du directoire. Ils ont demandé qu’une
autre personne soit nommée à cette dernière fonction en
signe d’apaisement d’une grogne qui couve depuis deux
ans et son arrivée en provenance d’Europe 1.
REPORTERS/VISUAL
Le 21 juin prochain, comme chaque année, France 2
fêtera dignement la Fête de la musique. Dans une inter­
view à “TV Mag”, Patrick Sébastien affirme que c’est lui
qui a été choisi pour animer cette grande soirée tout en
musique aux côtés d’Aïda Touihri. Le duo succédera à
Nagui, qui avait présenté un “Taratata” spécial en 2011
depuis Carcassonne et en 2010 depuis Bruxelles.
NILS HD/TF1
Samedi soir, Patrick Sébastien et son “Plus grand cabaret
du monde” ont été largement devancés par les deuxiè­
mes “battles” de “The Voice” sur TF1. Le télécrochet
présenté par Nikos Aliagas a en effet à nouveau cartonné,
suivi par 7,5 millions de téléspectateurs (33% de PDM).
Contre 3,5 millions de fidèles à Sébastien sur France 2
(15,6%).
Entretien Caroline Gourdin
Correspondante à Paris
L
Libre parcours
*** EAUX SOMBRES (DARK WATER)
*
Club RTL, 20 h 30.
Arte, 20 h 50. V.O.s-t.
1. Horreur. Comme dans “Ringu”, Nakata
parvient à nous glacer le sang avec des
éléments quotidiens, qui tournent ici
autour du thème de l’eau, sans oublier de
livrer une superbe histoire d’amour entre
une mère et sa fille. Un superbe film, qui
mêle habilement horreur et mélodrame,
terrifiant et bouleversant à la fois.
2. Policier. Le couple Basinger-Baldwin se
ramasse complètement dans ce remake
du film de Sam Peckinpah où Steve McQueen et Ali McGraw avaient une autre
présence. La belle Kim et le bel Alec ont
l’air de Bonnie and Clyde sur papier glacé,
perdus dans une sorte de road-movie qui
vaut juste un tout petit détour.
de Walter Salles (Etats-Unis, 2005). Avec
Jennifer Connelly, John C. Reilly, Tim Roth.
GUET-APENS (THE GETAWAY)
de Roger Donaldson (Etats-Unis, 1994).
Avec Alec Baldwin, Kim Basinger.
PARAMOUNT PICTURES FRANCE
DR
WARNER BROS
**** Obligatoire *** Recommandé ** Conseillé * Facultatif ° Déconseillé
VISUAL PRESS AGENCY
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La représentation
M6 inaugure ce soir son nouveau bulletin météo. Pour
l’occasion, un visage bien connu des téléspectateurs de la
RTBF fera son apparition aux côtés de Laurence Roustan­
djee et Cali Morales, celui de Tatiana Silva. Qui s’en va à
son tour tenter sa chance à Paris, après Julie Taton ou
Sandrine Corman. La Miss Belgique 2005 ne quitte pas
les écrans belges pour autant; elle continuera en effet à
assurer les remplacements pour la météo de la RTBF.
Mais si la chaîne française lui confiait une autre émission, pourrait­elle se
retrouver également sur une des chaînes du groupe RTL, qui diffuse
énormément d’émissions de M6?
STARFACE/REPORTERS
RTBF
GensInfo
e Conseil supérieur de l’audio­
visuel français a rendu publique
la “vague 2012” du baromètre
de la diversité. Le constat est affli­
geant : les catégories socioprofession­
nelles supérieures sont toujours lar­
gement surreprésentées sur les
écrans ou à la radio (75% des indivi­
dus indexés, contre 21 % au sein de la
société française). Même constat
pour les individus perçus comme
“blancs”, passant de 85% en 2011 à
86 % en 2012 (88 %, si on exclut
France O!). Les handicapés, eux, ne
représentent que 0,8% des individus
répertoriés et les femmes, qui feront
l’objet d’une étude à part, occupent à
peine 35% des écrans (contre 51% de
la population réelle).
Le CSA a mis en place, en 2008, un
Observatoire de la diversité dans les
médias audiovisuels et créé, en 2009,
un baromètre de la diversité. Malgré
les engagements pris par les chaînes,
les chiffres sont toujours peu encou­
rageants. Mémona Hintermann­Haf­
fejee, ex­grand reporter au service de
politique internationale de France 3,
membre du CSA depuis jan­
vier 2013, est habitée par ce combat.
“Je suis devenue journaliste pour parler
des petits blancs, qu’on appelle les “yab”
à la Réunion, dont on ne parlait ja­
mais ! J’ai toujours dans mon bureau le
discours de Martin Luther King, ‘J’ai
fait un rêve’. Il y a quelque chose à en­
treprendre !”, clame Mémona Hinter­
mann.
PASSE-PASSE
de Tonie Marshall (France, 2008). Avec
Nathalie Baye, Edouard Baer
La une, 21 h 55.
3. Comédie. Tonie Marshall nous a habitués à mieux. La réalisatrice embarque ici
Nathalie Baye et Edouard Baer dans une
comédie loufoque à la française. Si elle
n’est pas désagréable, elle manque toutefois de surprises et de décalage.
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° L’OEIL DU MAL (EAGLE EYE)
de DJ Caruso (Etats-Unis/Allemagne,
2008). Avec Shia LaBeouf, Michelle Monaghan.
AB3, 20 h 05.
4. Thriller. Jerry est dans l’œil du mal, un
superordinateur auquel il ne peut échapper un instant et qui lui commande des
tas d’actions insensées. Big Brother ?
Non, juste un ressort pour enchaîner deux
heures de cascades, d’explosions, de fusillades, etc.
Le CSA a-t-il un plan d’action ?
Nous allons demander aux chaînes,
pour le 14 juillet, de diffuser un spot
qui reflète la France. Nous allons tra­
vailler sur le champ de la lutte contre
l’homophobie, afin que les nouvelles
lois se traduisent dans l’audiovisuel.
Nous allons étendre le périmètre des
critères examinés dans le baromètre
de la diversité, pour que les gens qui
ne sont pas tout jeunes ou ne répon­
dent pas à des canons de la beauté
classique soient aussi représentés.
Le CSA aimerait convaincre les chaî­
nes qu’il est dans leur intérêt
d’œuvrer en faveur de la diversité. Les
émissions reflétant les richesses de la
France font de l’audience. Les chaînes
pensent peut­être que cela risque de
soulever des problèmes politiques,
que des Français, descendant de ceux
qui ont créé ce pays il y a 200, 300
ans, risquent de se voir minorés. Il ne
s’agit pas de cela. Seulement que cha­
cun ait sa place. Nous n’aspirons qu’à
une chose, dans ma famille où nous
portons tous des prénoms musul­
mans, que les lettres RF, République
française, nous rassemblent, et qu’il
existe un miroir dans lequel nous
puissions nous reconnaître. Quand
j’ai commencé à travailler à la Réu­
nion, il n’y avait que des Blancs,
Ad-diction
La basket attitude de Converse
Annonceur : Converse.
Agence : Anomaly
*
Que vous inspirent ces chiffres ?
Je suis stupéfaite que la représenta­
tion de ceux qui sont perçus comme
non blancs ait baissé de trois points,
alors qu’elle était déjà si peu consé­
quente ! Qu’est­ce qu’on attend pour
que cela change, de nouvelles émeu­
tes en banlieue ? Cette fois, elles ris­
quent d’être beaucoup plus violentes.
Ceux qui ne se retrouvent pas dans le
miroir “télé, radio”, alors, qu’ils tra­
vaillent aussi, réfléchissent, apportent
des choses, se diront qu’ils ne comp­
tent pas. La représentation fait partie
du respect.
Médias : presse, affichage.
Dans son dernier livre, “Ré­inventer
les marques”, l’expert français Jean­
Noël Kapferer explique que les mar­
ques de demain seront des agréga­
teurs de collectivité, des agrégateurs
de promesses, de fantasmes et de
gens. Il évoque ces logiques de mobili­
sation permanente, de commentaires
passionnés et de marketing tribal que
véhiculent les réseaux sociaux et qui
participent désormais à l’authenticité
des marques et à leur construction.
En ce sens, la nouvelle campagne
Converse, intitulée “Shoes are Boring.
Wear Sneakers” (Les chaussures sont
ennuyantes. Adoptez les baskets), est
exemplaire. Il est en effet fort à parier
que ce slogan/signature de Converse
deviendra très vite aussi identifiable
que le “Just do it” de sa maison­mère,
Nike.
Avec cette nouvelle signature, la
marque américaine entend résumer
son ambition : devenir l’étalon, le
standard et l’incarnation de la basket
urbaine. D’autant que sur ce terrain,
Converse se sait la marque la plus
ancienne, la référence absolue : qui
La Libre Belgique - lundi 25 mars 2013
© S.A. IPM 2013. Toute représentation ou reproduction, même partielle, de la présente publication, sous quelque forme que ce soit, est interdite sans autorisation préalable et écrite de l'éditeur ou de ses ayants droit.
fait partie du respect
Copie destinée à [email protected]
Récemment arrivée au CSA, Mémona Hintermann-Haffejee a fait une grande partie de sa
carrière à France 3 en tant que grand reporter.
n’a jamais porté une paire de Con­
verse All Star ?
La nouvelle campagne, toujours signée
par l’agence new­yorkaise Anomaly,
“piédestallise” en quelque sorte cet
objet du quotidien qu’est devenue la
basket. Avec elle, la marque se fait le
porte­parole d’une vision hédoniste de
la vie, de la coolitude. A l’image des
visuels signés “Shoes keep it clean.
Sneakers get dirty” (Les chaussures
restent propres. Les baskets deviennent
sales), diffusés ces jours­ci en abribus
et dans la presse, cette campagne offre
également un spectre d’utilisation et
des déclinaisons très vastes. La philoso­
phie derrière l’opposition chaussures/
baskets est de faire en sorte que les
gens se l’approprient à leur façon et en
donnent leur propre interprétation.
C’est la notion de marketing tribal
dont parle Kapferer. La marque joue
sur l’empathie, la relation très particu­
lière que les gens entretiennent avec
leurs baskets. Elle n’est pas là pour
donner des leçons ou imposer des
grandes idées; elle se limite à dire qu’il
y a deux façons de regarder la vie :
celle du quotidien, la version “shoes”,
et la version “sneakers” qui peut être
plus drôle, plus décalée. Comme on le
dit dans le jargon, cette nouvelle signa­
ture Converse est un vrai boulevard.
P. M.
Faut-il en passer par la discrimination positive comme aux Etats-Unis, en installant
des quotas ?
Les Américains ont dû inventer cela
dans les années 60, parce que le pays
sortait des marches des droits civiques,
et qu’il y avait un apartheid effrayant
en Alabama ou dans le Mississippi,
mais la France doit­elle copier les
autres ? N’a­t­elle pas son propre gé­
nie? Il y a un arsenal pour faire avancer
les choses. Si je vois dans le cockpit
d’un avion un pilote de couleur, je ne
me pose pas la question de savoir pour­
quoi il est là. Je sais qu’il est diplômé,
qu’il a les compétences. C’est la base de
la confiance. Mettre un Noir ici, un
Jaune là­bas, ce n’est pas une politique!
ANOMALY
FRANCE 3
Sur quelles données s’appuyer pour savoir quel miroir fidèle on veut montrer ?
La France a besoin de statistiques sur
les origines, comme en Allemagne.
Dans l’Observatoire remodelé de la di­
versité au CSA, nous avons demandé à
un statisticien de l’Institut national de
la démographie de nous aider. Il a des
chiffres, mais ne peut pas les donner. Il
y a une hypocrisie qui empêche les po­
litiques de cibler leurs actions, alors
que pour lancer un fromage, un pro­
ducteur peut calculer quelle cible il va
atteindre.
Converse a notamment envahi les rues de
New York avec sa campagne très “street”.
© OLIVIER RAFFET
comme ma mère, dans l’audiovisuel.
Aujourd’hui, nous avons le sentiment
qu’on nous écoute parler, qu’on peut
être. Etre !
J’ai passé tellement de temps dans des
pays déchirés par la guerre, où, sou­
vent, les gens ont pris les armes, parce
qu’ils avaient le sentiment de ne pas
être respectés. Les “petits jeunes de
banlieue”, je les vois dans ma salle de
sport, aux caisses des supermarchés,
dans la rue, le métro, c’est tout. Et lors­
qu’on les voit dans le tam­tam, c’est
presque toujours dans des rôles peu
glorieux.
Le zoom du jour
A 52 ans, ancien entrepreneur, Laurent a
décidé de vivre son rêve d’enfant…
** LES HOMMES À MI-CHEMIN
** LES FEMMES À MI-CHEMIN
Documentaire. Arte, 22 h 50.
Avec une programmation spéciale, Arte explore cette semaine la “crise du milieu de
vie”. Lundi, le documentaire de Lucie Caries,
“Les hommes à mi-chemin”, offre une occasion (rare) de voir des hommes se livrer, audelà des clichés, avec pudeur et audace. Des
hommes capables de se remettre en question, de mettre au placard leurs rêves de superhéros pour enfin emprunter une voie en
adéquation avec ce qu’ils sont, profondément.
“Comment concilier sensibilité et masculinité ?
Comment être un homme vulnérable ?”, demande la documentariste qui use d’illustrations très stylisées pour soutenir un commentaire intelligent, une mise en perspective de ces riches témoignages. Devant son
regard de femme, six hommes racontent
comment ils ont réussi à dépasser la crise, ou
ce qu’ils traversent encore. Une remise en
cause douloureuse de leur mode de vie ou de
leur schéma de pensée. Une sorte d’urgence
à révéler ce qui est enfoui depuis trop longtemps. Et une recherche d’harmonie,
d’ouverture ou de douceur.
“Je ne trouvais pas ma place”, explique simplement Rachid, 55 ans, reconverti dans les
massages, adepte du tai chi. Laurent, 54 ans,
s’est réfugié dans l’écriture pour “sortir du
cadre”, tandis que Pascal, 44 ans, s’était enfermé dans l’effort physique à outrance. Sans
forcément prendre le large ou céder aux sirènes du démon de midi, tous ont décidé
d’avancer, d’explorer leurs paradoxes, d’assumer leurs ambivalences, de dépasser leurs
peurs. Ils se sont mis en mouvement, comme
ces femmes dont Stéphan Moskowicz réalise
le portrait dans “Les femmes à mi-chemin”,
diffusé demain à 22 h 20.
Un jour, elles se sont dit : “C’est maintenant
ou jamais.” Mues par une force étonnante, elles ont trouvé l’énergie d’aller vers une autre
destinée. Comme une renaissance. Une reconstruction patiente de soi. Même Christel,
39 ans, en quête du prince charmant, a fini
par prendre conscience de cette chimère
inaccessible. “Il faut d’abord que j’arrive à
être heureuse toute seule, à être en paix avec
moi-même”, dit-elle avec sagesse. Il y a aussi
Paule, en quête d’une nouvelle activité après
avoir rangé sa robe d’avocate, Josette, qui
s’est lancée avec une foi puissante dans une
association d’aide aux familles monoparentales, ou encore Yasmina, qui a peur de suivre un traitement contre le cancer, de peur de
grossir et de faire fuir son compagnon. Les
femmes aussi apparaissent dans leurs contradictions et leurs fragilités touchantes.
Afin d’approfondir la réflexion, les scientifiques passent, mercredi, “La quarantaine au
microscope” (à 22 h 30), et la série allemande “La Semaine de vérité” raconte, tous
les jours de la semaine à 23 h 30, les déboires
de cinq amis en pleine crise de la quarantaine. A suivre également sur lasemainedeverite.fr ou arte.tv, dès 20 h 15. C. G.
lundi 25 mars 2013 - La Libre Belgique
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