Dimanche de la Résurrection. L`amour est plus fort que la mort à

Transcription

Dimanche de la Résurrection. L`amour est plus fort que la mort à
Dimanche de la Résurrection.
L’amour est plus fort que la mort
... à condition que
l’amour soit plus fort que notre vie présente faite de chair et de sang.
L’amour plus fort que la mort: c’est la résurrection
L’amour plus fort que notre vie de chair et de sang, notre vie présente:
c’est le don de soi, le « sacrifice » quotidien, la mort à soi-même... les morts partielles de notre vie.
1 - Premier terrible paradoxe : dans le « Je t’aime », il y a un « Tu ne mourras pas » !
L’expérience de l’amour nous persuade qu’il y a une immortalité. S’il faut bien accepter la mort d’un être cher...
au fond la mort est inacceptable.
Dans le « Je t’aime », il y a un « Tu ne mourras pas ! », il y a comme un appel d’infini, comme une espèce d’
« appel d’air » ! L’amour authentique est indestructible.
Cependant, si l’amour exige l’infini, il ne peut pas le donner. L’être aimé verse en nous le goût de
l’immortalité mais il ne peut pas donner cette immortalité, l’éternité: paradoxe terrible ! Paradoxe quand
l’amour dit : « Tu ne mourras pas! » et que l’homme meurt. Paradoxe quand l’amour prétend à l’éternité et
qu’il est enfermé dans la mortalité, dans la destruction biologique.
A ce terrible paradoxe et dans la mesure où nous aimons vraiment, nous pouvons comprendre le mystère de la
résurrection: c’est l’amour plus fort que la mort.
Qu’est ce qui peut me rendre immortel ? Survivre en un autre ? Certainement pas; voyez les couples stériles,
les célibataires,... Je ne peux survivre en un autre que s’il existe un autre qui soit lui-même éternel ...et qui
m’aime assez pour m’accueillir.
Dieu seul qui m’aime, a la puissance de me ressusciter: l’amour est plus fort que la mort... encore faut-il que
l’amour soit plus fort que ma vie présente faite de chair et de sang, ... au point qu’il n’y ait pas de plus grand
amour que de donner le fond de soi-même, de se livrer totalement pour ceux qu’on aime.
2 - Deuxième paradoxe: nous sommes plus attachés que détachés...
En fait
nous demeurons plus ou moins esclave de ce qui doit mourir: notre position dans le monde, ce que nous avons ,
ce que nous représentons...Nous sommes plus attachés que détachés: nous collons à la vie en forme d’esclavage,
nous voulons préserver notre avoir, notre pouvoir, nos privilèges, notre « paraître »,...
Jésus, loin d’être esclave de tout cela - bien qu’ayant vécu ces tentations des privilèges ou du pouvoir du début à
la fin de son ministère public, Jésus est un homme libre, libéré de tout cela: en effet il n’ cessé d’affronter:
A la suite du Christ, vivre Pâques, c’est vivre la Pâque, le « passage », la « sortie » de ces enclaves, de ces
enfermements.
La mort de Jésus est la mort d’un homme libre, détaché de toutes ces tentations, de tous ces enfermements du
pouvoir, de la carrière, de l’avoir et même de la famille ...
En Jésus, l’amour a été plus fort que sa vie de chair et de sang. Il a totalement vécu en un autre, son Père, « avec
lui, par lui et pour lui ». Comment Dieu ne l’accueillerait-il pas ?
Dire que Jésus est ressuscité
c’est dire que pour cet homme Jésus- pleinement homme- en qui l’amour a été plus fort que la vie de chair
et de sang, l’amour est pour toujours plus fort que la mort.
3 - Ainsi l’amour est-il plus fort que la mort à condition que l’amour soit plus fort que la vie faite de chair
et sang.
Pour nous qui sommes pécheurs, qui aimons mal, pour nous qui tenons très fort à la chair et au sang, nous qui
préférons les autres à nous-mêmes que partiellement, il est clair que si nous étions laissés à nous mêmes, nous
ne pourrions pas ressuciter, être ressuscité, c’est à dire en fait que nous ne pourrions par participer à la vie avec
Dieu, nous ne pourrions pas être divinisés: ce à quoi nous sommes tous destinés !
Ainsi donc efforçons-nous d’entendre, dans le recueillement priant, dans le silence créateur du « petit matin de
Pâques » (Jean 20,1), ce qu’ont compris Marie Madeleine dans le jardin de la résurrection (Jean 20,18) , ainsi
que Pierre et Jean arrivé au tombeau vide (Jean 20, 6-8): « Tu ne mourras pas ».
C’est Jésus le Christ qui fonde notre immortalité d’ « être mortel ».
La vie ressuscitée est une vie transformée, transfigurée, une vie dans une continuité : c’est moi dans ma vie de
chair et sang -avec mes frères baptisés - qui suis appelé à voir Dieu dans la gloire parce qu’en Jésus, si l’amour
est plus fort que la mort, c’est parce qu’ il a manifesté que l’amour est plus fort que notre vie de chair et de sang.
Amen
Père Patrick DUBOYS