GÉNÉTIQUE ET RÉGIE D`ÉLEVAGE - Les Éleveurs de porcs du

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GÉNÉTIQUE ET RÉGIE D`ÉLEVAGE - Les Éleveurs de porcs du
GÉNÉTIQUE ET RÉGIE D’ÉLEVAGE
PROJET TERMINÉ 2010
Évaluer différentes stratégies de contrôle de température en engraissement
porcin en vue d’optimiser les performances zootechniques et de réduire la
consommation d’énergie et les émissions gazeuses
CHERCHEUR
Francis Pouliot
Centre de développement du porc du Québec inc. (CDPQ)
CONTEXTE ET OBJECTIFS
Le porc est un animal homéotherme ayant une température corporelle interne de 39°C (Baxter
1984). En étant homéotherme (à sang chaud), les porcs tentent de maintenir leur température
corporelle constante même si les conditions ambiantes varient (DeLadurantaye, 2007). Comme
la température dans l'environnement du porc est généralement plus faible que sa température
corporelle interne, le porc perd de la chaleur vers l’environnement. Cette perte de chaleur
s'effectue de plusieurs manières: perte par convection et par évaporation vers l'air ambiant,
perte par conduction par les planchers et perte par radiation vers les surfaces environnantes.
Par des ajustements physiologiques et comportementaux, le porc modifie sa production de
chaleur pour balancer ses pertes dans l'environnement. Ainsi un mauvais choix de température
ambiante peut entraîner une réduction du gain de poids (GMQ) et une augmentation de la
conversion alimentaire (CA).
Ce projet avait pour objectif de faire le transfert technique d’une stratégie de température
permettant de réduire la consommation d’énergie tout en optimisant les performances
zootechniques. Les objectifs spécifiques de ce projet étaient :
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Évaluer l’impact de trois différentes stratégies de contrôle de la température ambiante sur
les performances zootechniques des porcs en engraissement;
Effectuer et comparer le bilan énergétique entourant le besoin de chauffage durant les
périodes froides pour chacune des stratégies testées;
Évaluer l’impact des stratégies de contrôle de la température ambiante sur les
concentrations et les émissions de gaz;
Évaluer l’impact des stratégies de contrôle sur la qualité de la carcasse;
Calculer les impacts économiques des stratégies de contrôle et indiquer les impacts sur le
coût de production;
Déterminer la stratégie optimale en regard des paramètres étudiés;
Diffuser les résultats auprès des conseillers, intervenants et producteurs.
RÉSULTATS
Les constats suivants peuvent être faits :
1. Les performances animales n’ont pas été statistiquement affectées par les stratégies de
température. Par contre, des écarts ont été obtenus sur des paramètres d’une importance
économique tels que la conversion alimentaire, le classement à l’abattoir et le rendement de
carcasse.
2. L’ammoniac et le méthane sont significativement affectés par la réduction des températures
globales à l’intérieur des bâtiments. Dans le cas de l’ammoniac, la stratégie la plus efficace
était la stratégie intermédiaire (0,17 g/jour-kgporc), ayant réduit les émissions de 24 % par
rapport à la stratégie chaude (0,22 g/jour-kgporc). Dans le cas du méthane, la stratégie froide
s’est avérée la plus efficace, réduisant les émissions de 42 % (0,36 g/jour-kgporc par rapport
0,62 g/jour-kgporc pour la stratégie chaude);
3. Comparativement à la stratégie chaude, ni la stratégie intermédiaire, ni la stratégie froide
n’ont eu d’impact négatif sur le comportement des animaux. En effet, aucune différence
significative n’a pu être observée pour les porcs soumis aux différents traitements;
4. Contrairement à ce qui avait été anticipé, la stratégie la plus froide est celle qui demande le
plus d’énergie totale. En effet, la ventilation demande une part importante de l’énergie
requise. Alors que la stratégie froide réduit de façon importante la consommation
énergétique liée au chauffage, entre 56 et 60 % pour le Québec, cette baisse est atténuée
par une augmentation de l’énergie liée à la ventilation. Ce phénomène de balancier fait en
sorte que la différence entre les traitements est moins marquée. Pour une année complète
au Québec, la stratégie froide (19 MWh) demande plus d’énergie totale que la stratégie
chaude (15 MWh) ou la stratégie intermédiaire (16 MWH);
5. Puisque la ventilation a un impact important dans le bilan énergétique, le choix du débit
minimum devient important;
6. En considérant l’ensemble des facteurs mesurés lors de ce projet (performances
zootechniques, émissions gazeuses et besoins énergétiques), il semble que la stratégie de
température intermédiaire constitue le meilleur compromis entre la chaude et la froide pour
l’ensemble des paramètres évalués;
7. Considérant la nature des essais réalisés durant ce projet (petites chambres avec peu
d’animaux), une validation de cette stratégie intermédiaire dans des élevages commerciaux
serait souhaitable avant de la recommander de façon générale.
À RETENIR
Les performances zootechniques pour la stratégie froide et intermédiaire obtenues dans cette
étude ont été très bonnes et non significativement différentes de celles de la stratégie chaude.
Même s’il n’y a pas eu de différences statistiques entre les traitements, des écarts peuvent être
observés entre les traitements et ceux-ci soulèvent des questionnements sur le plan technique.
Comme les résultats ne permettent pas de conclure si ces observations sont réelles ou
simplement le fruit du hasard, d’autres essais en conditions commerciales devront être faits afin
de s’assurer de la répétition des résultats zootechniques.
À LIRE DANS PORC QUÉBEC
« Est-ce vraiment rentable de diminuer la température ambiante en engraissement? » Porc
Québec, Mars 2011, P.58 à 61
FINANCEMENT ET PARTENAIRES
Ce projet a été réalisé grâce à la participation financière du Centre de développement du porc
du Québec inc., du Ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, de
la Fédération des producteurs de porcs du Québec et du Conseil pour le développement de
l’agriculture du Québec. (REG-63-FR-CO)