Sorolla en todos los sentidos - GFEN

Transcription

Sorolla en todos los sentidos - GFEN
http://gfen.langues.free.fr
Sorolla en todos los sentidos1
Muriel Renard et Valérie Péan
A partir de « Turner ou l’art dans tous les sens » (Eddy Sebahi)2
Enseigner une langue est aussi un moyen de permettre l’accès de tous les élèves à une culture
qui ne leur est pas familière. A cet égard, faire construire des savoirs en classe de langue lors
d’un travail sur un peintre pose un certain nombre de questions. Comment ne pas se contenter
d’une approche externe et d’un simple aperçu de l’œuvre d’un artiste ? Quelle situation
d’apprentissage mettre en place pour faire entrer les élèves et même les transporter dans
l’univers d’un artiste sans se limiter à des descriptions de tableaux ? Comment faire observer
les œuvres pour mieux ressentir les émotions suscitées par la peinture ? Comment faire de
l’écriture un moment de partage ?
Dans « Sorolla en todos los sentidos » nous proposons aux élèves de découvrir et travailler ce
peintre valencien du XX° siècle à travers un atelier d’écriture. Entre tradition et avant-garde,
Joaquin Sorolla crée un monde d’une luminosité intense dans lequel les paysages et les scènes
de la vie quotidienne regorgent de couleurs et de sensualité.
Cet atelier permet de travailler l’expression autour des cinq sens (la vue, l’ouïe, l’odorat, le
toucher et le goût). A partir de tableaux de Sorolla, ce dispositif se nourrit d’un travail de
compréhension écrite « partagée » et d’une compréhension orale pour mieux découvrir le
peintre et notamment prendre la pleine mesure de la taille de ses œuvres. En synthèse, une
phase de production orale permet aux élèves de réinvestir ce qu’ils ont appris en devenant de
« véritables » commissaires d’exposition.
Phase 1. Connaître le peintre
15mn
L’enseignant a placé sur plusieurs tables du fond de la classe des reproductions d’œuvres de
Sorolla et des pages de sa biographie3.
Il annonce : Nous allons travailler sur un peintre.
Puis, il écrit sur deux affiches de paper board : 1) Sorolla : sa vie et 2) Sorolla : son œuvre.
Il met à disposition des élèves des feutres.
Consigne : Je viens de disposer sur les tables du fond de la classe des reproductions et des
biographies de Sorolla. Vous allez vous lever pour observer des œuvres et lire des textes pour
mieux connaître ce peintre. Au fur et à mesure de vos découvertes vous allez noter sur les
affiches disposées sur le tableau ce que vous avez observé ou lu (des mots, des expressions
1
Sorolla en todos los sentidos = Sorolla dans tous les sens.
Après avoir vécu l’atelier Turner d’Eddy Sebahi (en anglais sur le site gfen-langues :
http://gfen.langues.free.fr/pratiques/Turner.html) lors d’une Université d’Eté du secteur langues du GFEN, nous
avons eu envie de l’adapter à l’espagnol. Notre choix s’est porté sur le peintre valencien Joaquin Sorolla.
3
Des extraits d’informations sur sa vie et son œuvre sélectionnés sur internet (http://museosorolla.mcu.es,
wikipedia et d’autres sites).
2
1
pour évoquer la vie ou l’œuvre de Sorolla). Chacun doit trouver au moins 3 éléments qu’il
considère représentatifs du travail ou de la vie de Sorolla qu’il notera sur les affiches.
Attention : Contrainte : Lorsque vous notez quelque chose vous devez être attentifs à la
transcription des éléments que vous souhaitez rapporter et vous assurer que ça n’a pas déjà été
noté par quelqu’un d’autre !
L’objectif de cette contrainte, c’est d’obliger chacun à lire ce que les autres ont écrit avant.
Les élèves bougent dans la salle, font des allers-retours entre les tables du fond – où sont
exposées les ressources – et les affiches – où ils vont noter ce qu’ils souhaitent. Ce va-et-vient
nécessite un effort de mémorisation des informations mais aussi des mots pour le dire.
Le fait de se lever, d’aller chercher physiquement l’information oblige l’élève à s’engager
dans l’activité. Cette « mobilité du corps » accompagne une « mobilité de l’esprit » qui est
source de « motivation ».
Mise en commun classe : Lorsque cette étape est terminée, les élèves retournent à leur place.
On regarde alors ce qui a été noté sur les affiches, on renvoie à la classe les questions de
langue (accord, orthographe…), on supprime les doublons éventuels.
Ce moment de relecture en classe est l’occasion de prendre du recul, d’avoir une vision
d’ensemble de ces premières découvertes.
Phase 2. En découvrir davantage
20- 25mn
1ère étape : la compréhension orale (15-20 mn)
Un montage vidéo d’environ 4mn sur Sorolla (œuvre et biographie) à partir de 2 documents :
Vidéo n°1 : http://www.youtube.com/watch?v=pbtrf_RZEFk
Vidéo n°2 : http://www.youtube.com/watch?v=o_1BSnpU-ho
On distribue la fiche de compréhension orale (CO)
La fiche de CO n’est pas une fiche de contrôle mais une fiche ressource supplémentaire, elle
accompagne la vidéo et permet aux apprenants de compléter leurs informations sur Sorolla ;
elle donne aussi un certain nombre de mots ou d’expressions en lien avec l’univers du peintre
qui pourront être utiles pendant l’atelier d’écriture.
Les apprenants commencent par lire la fiche de CO pour pouvoir anticiper la première écoute
– celle-ci n’en sera que plus active – ; la deuxième écoute leur permettra de valider leurs
réponses et de compléter ce qui leur manque.
Il y a ensuite un moment d’échange en groupe.
En classe, il n’y aura pas de correction de l’ensemble, les items où il y a eu accord dans le
groupe sont considérés comme corrects, seuls les doutes seront renvoyés à la classe,
l’enseignant n’intervient qu’en dernier ressort.
En classe, la correction systématique de tout, tout le temps, a deux effets pervers :
- Une attitude passive des élèves qui attendent la réponse juste donnée par l’enseignant
sans faire l’effort de chercher pendant l’activité et sans considérer les idées des pairs
comme valables / intéressantes aussi ;
- Donner un statut disproportionné à la réponse juste (et par conséquent à l’erreur)
alors que la mise en recherche, le questionnement et le débat en groupe sont plus
mobilisateurs et formateurs du point de vue de l’apprentissage.
2
2ème étape : compléter les affiches (5mn)
Maintenant que les élèves en savent plus sur Sorolla, l’enseignant leur demande ce qu’ils
peuvent ajouter aux affiches de départ pour les compléter.
Ils se lèvent tous à nouveau et vont ajouter les éléments, mots ou expressions (entendus dans
les vidéos ou lues sur la fiche de compréhension).
C’est un moment supplémentaire de synthèse qui crée du lien entre les différentes étapes et
permet de donner du sens à leur articulation.
On obtient par exemple : El color blanco / un maestro de la pintura española / naranja / azul
/ los paisajes / Valencia / Museo del Prado / el viento / el taller de un fotógrafo / la vida / la
luz / la vida cotidiana / se casó con Clotilde / Sorolla es un pintor / los recuerdos / escenas de
la vida / 1888 / los padres / la pintura tradicional / pescadores / hizo fotografía / playas /
familias / niños / los desnudos / 3 hijos / vanguardista / su pintura no es abstracta sino
realista / pinta escenas de la vida / sus padres / la naturaleza / cuando era niño sus padres
murieron / una exposición / el público /
Phase 3. Atelier d’écriture
env. 1h30
1ère étape : l’écrit
L’enseignant annonce qu’ils vont maintenant rédiger un texte autour d’une œuvre de Sorolla.
Il demande aux élèves de former des groupes de 4, de se lever pour se mettre d’accord sur le
tableau qu’ils souhaitent travailler (les tableaux restent à disposition sur la table du fond, ils
ne sont pas pris dans les groupes, car plusieurs groupes peuvent vouloir travailler sur le même
tableau).
Là aussi les allers-retours entre la table du groupe et le tableau exposé, obligent à aiguiser le
regard, à faire un effort de mémorisation.
Ensuite, ils vont démarrer l’atelier d’écriture : chaque groupe dispose d’une feuille A4, un
élève fait le secrétaire pendant un moment puis régulièrement l’enseignant proposera de
changer de secrétaire afin de permettre à chacun de prendre part activement et de façons
différentes au travail d’écriture (proposer une idée, vérifier un détail sur le tableau au fond de
la salle, être le secrétaire, être en vigilance sur la qualité de la langue…etc.).
Des dictionnaires sont à disposition au fond de la salle. Ils ne sont pas placés sur les tables des
groupes pour en éviter le recours systématique et permettre par ailleurs la remobilisation de ce
que les élèves savent et la mise en place de stratégies d’expression.
Ces derniers ont aussi la possibilité de se relever (d’envoyer un émissaire) pour aller
voir/observer des détails du tableau resté au fond de la salle.
1ère consigne : aspects visuels (20mn)
L’enseignant distribue la première consigne…
Consigne 1 : Vous allez rédiger un paragraphe dans lequel vous décrirez le tableau en
utilisant seulement des détails visuels. C'est-à-dire, vous allez écrire seulement ce qu'une
personne peut voir en regardant le tableau, de façon à ce qu'un lecteur puisse se représenter
visuellement le tableau à la simple lecture de votre texte.
3
2ème consigne : aspects sonores (10-12mn)
Consigne 2 : Vous allez réécrire ou reprendre votre description en y introduisant des détails
sonores. Un lecteur doit être capable de se représenter les sons évoqués par votre tableau.
3ème consigne : aspects olfactifs (5-7mn)
Consigne 3 : Vous allez réécrire ou reprendre votre description en y introduisant des détails
olfactifs (d'odeur). Imaginez l'odeur que les objets représentés dans le tableau peuvent
dégager. Un lecteur doit être capable de se représenter les odeurs et parfums évoqués.
4ème consigne : aspects gustatifs (5-7mn)
Consigne 4 : Vous allez réécrire ou reprendre votre description en y introduisant des détails
liés au goût. Cela peut être un goût lié simplement à l'air, ou quelque chose de plus complexe.
Un lecteur doit être capable de se représenter les goûts évoqués.
5ème consigne : aspects tactiles (5-7mn)
Consigne 5 : Vous allez réécrire ou reprendre votre description en y introduisant des détails
liés au toucher. Ce que l'on peut ressentir en touchant les objets ou d'autres éléments tels que
la température, la texture, etc. Un lecteur doit être capable de se représenter les détails tactiles
évoqués.
Les élèves doivent normalement intégrer les nouveaux éléments, mais souvent leur réflexe est
de les juxtaposer à la suite.
Il faut donc prévoir un moment de re-travail du texte.
Ils prennent une nouvelle feuille, ils mettent au propre, regroupent les idées, retravaillent la
structure de leur production, l’aspect linguistique c’est-à-dire qu’ils se mettent en vigilance
sur la langue maintenant, ce qui était plus difficile lorsqu’ils étaient dans la phase de travail
sur les idées.
Ils rajoutent des éléments si besoin, suppriment les répétitions, utilisent les pronoms, etc.
L’enseignant circule aussi.
15mn
L’enseignant ramasse les travaux, saisit les textes des groupes en corrigeant les dernières
erreurs des élèves, celles qui sont restées hors de leur portée.
A l’heure suivante, l’enseignant rendra les textes à chaque groupe.
2ème étape : la mise en voix.
Dans les groupes, les élèves vont mettre en voix leur production, pour cela ils se répartissent
les fragments de leur texte, ils s’entrainent à le dire à voix haute, avec l’intonation qui
convient, en faisant en sorte d’être compris par les autres.
15mn
L’enseignant affiche toutes les œuvres de Sorolla (même celles qui n’ont pas été travaillées).
Les élèves se lèvent, se mettent en demi-cercle autour des œuvres exposées au tableau ou sur
un mur de la salle, puis chaque groupe passe à l’oral, dit son texte, les autres doivent retrouver
de quel tableau il s’agit et justifier pourquoi ils pensent que c’est celui-ci. Le groupe
responsable valide ou non.
4
Puis l’enseignant distribue à l’ensemble de la classe le « recueil » de l’ensemble des
productions des groupes, accompagnées des reproductions correspondantes.
Phase 4. Produire oralement
25-30mn
Les œuvres sont toujours exposées sur les murs (ou au tableau) de la salle.
L’enseignant annonce : Le musée du Prado prépare une rétrospective sur Sorolla, les
commissaires responsables de l’exposition vont devoir organiser la répartition des tableaux
dans les différentes salles.
Groupe 1 : Tu es un des commissaires du Musée, tu vas préparer la salle n°1 :
- Tu as vu dans le reportage que les œuvres de Sorolla sont très grandes parfois, donc
tu dois choisir 3 tableaux que tu vas exposer dans la salle n°1.
- Tu devras présenter ton projet à la commission du Musée, justifier oralement tes
choix.
- Il s’agit d’une présentation orale, tu devras t’entrainer car tu n’auras pas de notes
écrites.
Idem, même consigne pour le groupe 2 dans la salle 2, le groupe 3…etc.
Vous avez 10 mn pour choisir 3 tableaux et préparer en groupe votre intervention orale devant
la commission. Vous n’écrivez rien.
Au bout de 10mn, tous se sont entraînés. L’enseignant tire au sort un rapporteur par groupe.
Les 3 autres membres du groupe porteront et montreront à la classe les 3 tableaux choisis.
Passage des groupes. Prévoir environ 15mn pour une classe avec 4 ou 5 groupes.
Les interventions sont assez courtes car ils n’écrivent pas et ils n’ont pas beaucoup de temps
pour préparer. Ici, il s’agit surtout de leur faire remobiliser un certain nombre de points
qu’ils ont découverts dans ce travail sur Sorolla. Cela doit rester un moment dynamique où
l’attention de chacun ne se disperse pas.
Phase 5. Analyse
Individuellement ils remplissent la fiche suivante4 :
Ya sabía que… (Je savais déjà…)
Me he enterado de que… (J’ai appris que…)
Lo que me interesa es (que)… (Ce qui m’intéresse c’est…)
Lo que me sorprende es (que)… (Ce qui me surprend c’est…)
He aprendido diferentes cosas (J’ai appris différentes choses ) :
4
Fiche de synthèse inspirée de celle utilisée par Maria-Alice Médioni dans l’atelier Fresa y Chocolate, p.199, in
L’art et la littérature en classe d’espagnol, Chronique Sociale, Lyon, 2005.
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gracias a (grâce à)
Puis, chacun est invité à donner à voix haute un des éléments de sa synthèse, on fait tourner la
parole dans la classe, chacun intervient sur un aspect.
La première partie de la fiche est davantage centrée sur le peintre et le contenu culturel de
l’atelier. La deuxième l’est davantage sur la langue, les savoirs ou savoir-faire.
Par groupes, puis en classe on amorce une discussion collective
1) Ce qui a favorisé l’entrée dans l’œuvre ;
2) ce qui a gêné l’entrée dans l’œuvre ;
3) Ce qu’on a appris ;
4) Comment.
Remarque : Il est toujours possible, quelques temps après, de revenir sur un atelier et de
demander aux élèves : « Au fait, si on faisait un point sur ce dont vous vous souvenez de cet
atelier sur Sorolla que vous avez vécu il y a quelques semaines. Faites pour vous un bilan de
ce que vous avez gardé en mémoire, ce qui vous reste. »
Ces moments de régulation a posteriori permettent de faire des passerelles, des liens entre les
pratiques et d’ancrer plus en profondeur les connaissances.
Mis en ligne le 19 octobre 2014
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