Naissance, enfance et adolescence au Maghreb

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Naissance, enfance et adolescence au Maghreb
Naissance, enfance et adolescence au Maghreb
1
Gymnase Auguste Piccard
TRAVAIL DE MATURITE 2001
Naissance, enfance et
adolescence au Maghreb
Maître responsable
présenté par
Mme Sylvie Blondel
Hélène Porchet
Lausanne, septembre 2001
Naissance, enfance et adolescence au Maghreb
2
REMERCIEMENTS
Je tiens, par ces quelques lignes, à remercier toutes les personnes sans lesquelles
ce travail n’aurait pas vu le jour, à savoir :
-
Mesdames Charlotte Gardiol, Hedia Renggli et Zeineb, pour la pertinence de
leurs propos lors de nos entretiens
-
Madame Sylvie Blondel, pour sa confiance et ses conseils avisés
-
Les jeunes internautes du Maghreb, de même que les jeunes Suisses, dont
les réponses à mon questionnaire m’ont été fort précieuses pour la rédaction
du chapitre consacré à l’adolescence
-
Les bibliothécaires de la Bibliothèque Cantonale Universitaire de Lausanne,
qui ont répondu à mes demandes de documentation de manière adéquate et
avec professionnalisme.
Naissance, enfance et adolescence au Maghreb
3
« JUGER, C’EST DE TOUTE FAÇON NE PAS COMPRENDRE,
PUISQUE SI L’ON COMPRENAIT, ON NE POURRAIT PLUS JUGER.
»
ANDRE MALRAUX
Naissance, enfance et adolescence au Maghreb
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TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION
p.5
CHAPITRE 1
Naissance au Maghreb
1.1
Rites et coutumes autour de la naissance au Maghreb
p.7
1.2
Accoucher d’une fille ou d’un garçon : déception ou
p.9
honneur ?
1.3
L’accouchement de femmes maghrébines en Suisse
p.12
CHAPITRE 2
Enfance au Maghreb
2.1
Etre une petite fille au Maghreb, les étapes importantes
p.15
2.2
Etre un petit garçon au Maghreb, les étapes importantes
p.16
CHAPITRE 3
Adolescence au Maghreb
3.1
Entre joies et contraintes
p.18
3.2
Quelques éléments d’étude comparative entre des
p.20
adolescents maghrébins et des adolescents suisses
CONCLUSION
p.25
BIBLIOGRAPHIE
p.27
ANNEXES
I
Interview de Hedia Renggli
II
Interview de Zeineb
III
Interview de Charlotte Gardiol
IV
Questionnaire destiné aux jeunes Maghrébins
V
Questionnaire destiné aux jeunes Suisses
Naissance, enfance et adolescence au Maghreb
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INTRODUCTION
Mon étude porte sur les thèmes de la naissance, de l’enfance et de l’adolescence au
Maghreb. Ceci tant d’un point de vue pratique, à titre informatif, à savoir comment se
passent ces trois périodes de la vie, que d’un point de vue moral, qui donne matière
à réflexion, à savoir comment sont vécues et perçues ces trois périodes de la vie, làbas.
Ce sujet est vaste, aussi bien par la diversité des pays que comporte le Maghreb que
par l’idée elle-même. C’est pourquoi j’ai préféré traiter du Maghreb de manière
générale, sans me restreindre à un pays délimité, mes recherches pouvant ainsi être
plus abondantes.
J’ai choisi de traiter de ces trois périodes de la vie car elles sont pour moi toutes plus
importantes les unes que les autres, belles, magiques. Si j’ai donné particulièrement
d’importance au chapitre sur la naissance, c’est que la naissance est à la base de
tout ce processus qui tend à placer le garçon sur un gigantesque piédestal, alors que
la fille attire beaucoup moins les regards.
Jusqu’à présent, j’ai eu la chance de pouvoir beaucoup voyager, découvrir d’autres
cultures, d’autres façons de penser, d’autres manières de vivre. A travers cette
étude, c’est la culture islamique que
j’ai tenté de mieux connaître, de mieux
comprendre. Une culture qui m’était auparavant, je l’avoue, totalement inconnue.
Bien sûr, il y a ce que tout un chacun peut lire dans les journaux, les conflits
politiques ; on parle d’islamistes intégristes,
de femmes voilées. On croit ces
dernières soumises, on a pitié, on ne comprend pas. De par ce travail, j’avais envie
de dépasser ces préjugés qui, à mon goût, émergent toujours trop vite.
J’ai toujours été sensible aux inégalités sociales entre les différents pays. Souvent, je
me surprends à penser: « J’aurais pu naître là-bas … » C’est ainsi que je me suis
posé la question : « Et si j’étais née au Maghreb ? » Question à laquelle il est certes
bien difficile de répondre car nous ne sommes jamais tout à fait neutres, notre vécu
personnel, notre éducation nous collant à la peau. Néanmoins, je trouve que cette
interrogation nous permet de sortir de notre coquille, de porter notre regard au-delà
de notre miroir… C’est une façon de s’intéresser à l’Autre, de lui porter de l’intérêt,
d’apprendre et par là même de s’enrichir.
Naissance, enfance et adolescence au Maghreb
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Pour étayer mon étude, j’ai lu passablement de livres dans lesquels j’ai pris
connaissance de nombreux témoignages. J’ai également procédé à des interviews
qui m’ont beaucoup plu et j’ai ensuite élaboré un questionnaire destiné à de jeunes
Maghrébins, recensés à l’aide d’internet. Cette démarche m’a certes demandé un
investissement conséquent, il n’en reste pas moins qu’elle en fut passionnante. En
effet, si j’aime lire, j’aime encore mieux découvrir de mes propres yeux, et ouïr de
mes propres oreilles…
Mon étude a donc de suite pris la tournure d’une recherche plus socioculturelle que
littéraire. Ce travail s’inscrirait de ce fait mieux dans un cours de sociologie plutôt que
dans un cours de français. Mais, pour justifier ma démarche, il faut prendre en
considération que la littérature, au Maghreb notamment, est l’expression de la
culture, de l’organisation sociale traditionnelle confrontée aux bouleversements qui
frappent le monde contemporain.
Au cours de ce travail, je me suis imposé certains critères, qui correspondent aux
exigences suivantes:
•
Etre crédible : c’est la raison pour laquelle je précise qu’il est judicieux de
relativiser l’interprétation de certaines informations apportées tout au long de
ce travail.
•
Ne pas juger les autres : j’ai essayé de demeurer le plus neutre possible,
d’avoir un esprit critique, mais non pas arrêté ; de découvrir cette culture
islamique avec un œil nouveau, sans juger et condamner d’autres façons de
penser.
•
Etre impartiale : il est si facile de tourner des propos à son avantage,
d’interpréter de manière erronée ce qu’on entend, ce qu’on lit … Par
conséquent, j’ai tenté de transcrire le plus fidèlement possible ce que j’ai lu,
entendu et observé.
En résumé, mon envie d’apprendre était non seulement d’assouvir ma curiosité, mais
encore de trouver du plaisir à la découverte. C’était m’approcher d’une culture
différente de la mienne, de les comparer, d’en saisir les points de convergence et de
divergence. C’était mieux comprendre ma propre culture à travers la culture de
l’Autre. Au centre de ma problématique demeurait toujours la question de la femme :
Pourquoi cette soumission à l’homme ? D’où venait-elle ?
Naissance, enfance et adolescence au Maghreb
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CHAPITRE 1 : Naissance au Maghreb
1.1. Rites et coutumes
« … Et si elles sont enceintes, pourvoyez à leurs besoin jusqu’à ce qu’elles aient
accouché… »1
Lorsqu’elle est enceinte, la femme maghrébine est considérée comme une reine.
C’est le moment où jamais pour elle de manifester ses caprices, ses envies. Pour les
Musulmans, mettre au monde un enfant signifie élargir la communauté des croyants.
C’est pour cela que dès les premiers signes de grossesse, tous les regards se
tournent vers la future mère ; on est aux petits soins, on évite qu’elle fasse trop
d’efforts, on la décharge de ses tâches quotidiennes. Ce sont surtout les autres
femmes de la maisonnée qui allègent ses tâches, à commencer par sa belle-mère,
consciente de l’importance de son état de future maman. « Si la future mère n’a pas
été contentée, l’enfant à naître portera sur sa peau des taches colorées.»2 La
croyance populaire, - avant tout au Maroc -, insiste sur le rôle bénéfique des
relations sexuelles fréquentes pendant la grossesse, censées dilater le col de l’utérus
et faciliter l’accouchement. Mais certains préfèrent s’abstenir de peur de déranger le
développement de l’enfant. Durant les mois de grossesse, le futur père redouble
d’attention pour sa femme, lui offre des cadeaux, l’aide pour l’entretien de la maison.
« Mon père cuisine très rarement, mais il cuisine lorsque ma mère accouche »,
répond Nabil Choubane, un jeune algérien, à l’une des questions de mon
questionnaire3. Il est ainsi surprenant de constater l’attention soudaine qu’on porte à
la future mère, tant au sein de la famille que dans la société. Elle qui si souvent se
trouve au second plan, à l’ombre de son mari… C’est comme si la grossesse lui
permettait de prendre sa revanche sur les contraintes subies au quotidien.
Vient ensuite le moment de l’accouchement. Environ 85% des femmes maghrébines
préfèrent accoucher à la maison avec la « qabla » qui est une sage-femme
traditionnelle, souvent une amie de la famille. En effet, très peu d’entre elles désirent
se rendre à l’hôpital, car les moyens techniques n’y sont pas aussi développés que
chez nous et elles préfèrent accoucher dans l’intimité de leur maison. « Le rôle que
joue la qabla est d’un grand intérêt psycho-affectif pour la femme enceinte et le
1
Le Coran (6 ; 65)
PERNET V. (1991) : Traditions, Travail infirmier post-diplôme, Lausanne, p. 46.
3
Voir questionnaire annexé.
2
Naissance, enfance et adolescence au Maghreb
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nouveau-né. Mais lorsque de sérieux problèmes obstétricaux et néonataux se
posent, son action est inutile, voire néfaste. Elle n’examine pas le placenta, ni
n’évalue le volume de la déperdition sanguine et ne regarde pas non plus le périnée
car, selon elle, cela représente un acte indécent. Elle ne peut donc pas agir lors d’un
déchirement du périnée. « Nous n’avons pas à traiter une déchirure du périnée,
l’ange qui a déchiré la femme fera les sutures , nous a dit une qabla. »1. Il existe bon
nombre de rites pratiqués lors de la naissance, présents dans le but de chasser le
mauvais œil, les mauvais esprits, qui demeurent une crainte pour les Maghrébins.
Ainsi, on brûle de l’encens ou d’autres artifices pour conjurer ce mauvais œil.
Souvent, on trouve aussi des grigris sous forme de petites poupées ou de nœuds,
placés dans le berceau, ou même directement accrochés au bébé. « Je me
souviens, une fois j’avais été marquée parce qu’il y avait un couteau sous le
berceau », s’exprime Charlotte Gardiol, sage-femme, lors de notre entretien au
Centre Hospitalier Universitaire Vaudois2 3.
Au moment de l’accouchement, la future maman se voit très entourée, bercée dans
une ambiance chaleureuse où toutes les femmes la soutiennent et l’accompagnent.
« Dans la chambre de la patiente, c’est une véritable smala lors de l’accouchement !
Il y a une solidarité féminine remarquable, un compagnonnage, un apprentissage par
quelqu’un qui a déjà vécu l’accouchement . » Souvent, on garde l’eau du premier
bain qui est une eau bénite avec laquelle il est bon d’arroser les fleurs. La jeune
mère va devoir manger des aliments énergétiques pour qu’elle produise du bon lait
et puis elle va sentir le besoin de mettre des habits neufs à son bébé. L’enfant est
emmailloté de façon à ce qu’il sente tous ses membres contre lui, comme une petite
momie, car il risquerait de faire des mouvements brusques et de sursauter, puisqu’il
n’a pas encore une coordination contrôlée. Jusqu’à ce que la femme ait son retour
de couches, le mari n’a pas le droit de la toucher ni de cohabiter dans le lit. Les
mères dorment avec leur bébé. « Ce que j’aime bien chez elles, c’est qu’elles ont le
respect de la quarantaine. Pendant ces quarante jours, la femme ne doit pas prier, ni
faire le ramadan, ni toucher le Coran. Jusqu’au quarantième jour après la naissance,
1
SIJELMASSI Mohammed, BOUTALEB Youssef, HILMI Latifa (1952): Positions d’accouchement, rites, mythes
et symboles autour de la naissance dans le Maghreb, tiré de l’ouvrage de MATTHIEU J. et MANEVILLE R. Les
Accoucheuses musulmanes traditionnelles de Casablanca, Publications de l’Institut des Hautes Etudes
marocaines.
2
Désormais mentionné CHUV dans la suite de mon texte.
3
Par souci d’honnêteté vis-à-vis des personnes qui m’ont accordé un entretien, leurs paroles seront retranscrites
telles quelles dans la suite de mon travail.
Naissance, enfance et adolescence au Maghreb
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elles ne reprennent pas toutes leurs activités comme la plupart des femmes
occidentales qui font comme si de rien n’était. (…) Je trouve que c’est un très grand
respect de la femme . Les mamans ont souvent une attitude de tigresse, de
protectrice envers leur bébé.» Ainsi, la naissance tient une place très importante
dans la société maghrébine. Mais cette naissance se déroule-t-elle de la même
manière si l’enfant est un garçon ou une fille ? Y a-t-il des différences entre filles et
garçons à la naissance ? Si oui, lesquelles et comment les expliquer?
1.2. Accoucher d’une fille ou d’un garçon : déception ou honneur ?
« …Quant à elles, elles ont des droits équivalents à leurs obligations, conformément
à la bienséance… »1 Ceci laisserait entendre que les femmes ont les mêmes droits
que les hommes. Pourtant, à la suite de la lecture du Coran, il est bel et bien écrit :
« Mais les hommes ont cependant une prédominance sur elles. »2 Comment
expliquer cette contradiction (qui n’est certes point la seule) dans le Coran?
J’avouerai que je ne le sais point. Je me demande même si une quelconque réponse
pourrait exister. Un argument serait peut-être que le garçon a plus d’importance
dans la société de par le fait qu’il sauvegarde le patrimoine familial, tandis que la fille
elle, va enrichir la maison des autres. Lorsque j’ai interrogé à ce propos Chloé Sisi,
jeune Marocaine « rencontrée » sur Internet, elle m’a répondu qu’il y avait un sens
caché, non apparent dans certaines sourates3 et que, lorsque je ne les comprenais
point, c’est que je ne percevais pas ce sens caché. A dire vrai, je me demande si
elle-même l’a compris, puisqu’elle m’avait dit qu’elle chercherait une explication à
cette contradiction et que j’attends toujours sa réponse…
Soit, bien que les mentalités aient évolué ces dernières années, et que sur un
échantillon de dix jeunes maghrébins interrogés, seuls 10% d’entre eux continuent
de penser que l’homme est supérieur à la femme 4, cette réalité est toujours bien
présente. Et ceci, dès la naissance. En effet, tout au long de sa grossesse, la femme
maghrébine espère porter en elle un garçon. Si le nouveau-né s’avère être une fille,
c’est la consternation. J’ai pu vérifié la cohérence de ces propos, lors d’un entretien
avec Hedia Renggli , dans lequel elle me parle de sa mère: « Ma mère a toujours
1
Le Coran 2 ; 228.
Le Coran 2 ; 278.
3
Ce terme désigne un passage du Coran.
4
Voir questionnaire annexé, question n°13.
2
Naissance, enfance et adolescence au Maghreb
10
souhaité avoir un garçon. Elle a eu d’abord trois filles, dont moi, je suis l’aînée. Je ne
voyais pas du tout pourquoi elle préférait avoir un garçon plutôt qu’une fille. Mais je
partageais avec elle cette attente de savoir si oui ou non, ce serait un garçon. Moi je
m’en fichais de savoir si c’était une fille ou un garçon. Moi, avoir encore une petite
sœur, ça m’allait très bien. Avant chaque naissance, je sentais ma mère anxieuse,
excitée à l’idée de mettre au monde un garçon. Je me souviens à la naissance de
mes sœurs comme l’entourage disait : « c’est encore une fille… ». En effet, la plupart
du temps, c’est l’entourage, la famille qui met la pression sur la future maman. Si les
autres femmes de la famille ont mis au monde un garçon, elle voudra également
avoir un garçon. C’est une question d’honneur. « Pour ma mère avoir un fils, c’était
pouvoir se vanter, c’était un honneur. C’était juste pour pouvoir dire « t’as vu, moi j’ai
réussi à mettre au monde un fils ! » C’était comme une performance. C’était pour
pouvoir montrer à sa belle-mère qu’elle avait épousé son fils et que de son fils elle
avait créé un fils qui ferait lui-même des fils. » La naissance d’un garçon c’est le
premier pas vers les sept garçons souhaités dans les louanges du mariage. De par
sa naissance, la femme maghrébine se libère d’un poids, de contraintes et
s’épanouit. « L’enfant maghrébin est très attendu et désiré par sa mère pour qui il
représente le statut social et narcissique », affirme le psychologue Bendahman1. La
naissance d’une fille est beaucoup plus « silencieuse ». J’entends par là que les
parents sont certes contents de cet événement, mais la fête n’est pas aussi grande
que lors de la naissance d’un garçon. Quand la mère d’Hedia a finalement accouché
d’un garçon, Hedia se souvient de l’ambiance : « C’était la fête à la maison. Elle avait
fait une grande fête. Il y avait toute la famille, ça a duré trois jours. Je me souviens,
on avait tué des moutons. C’était vraiment la fête. Tout le monde était content, ma
mère rayonnait. A la naissance de mes sœurs c’était incomparable. Une fille qui
naissait ce n’était pas intéressant. Mais pourquoi ? Pourquoi n’y avait-il pas de fête
comme ça pour les filles ? Moi, je ne comprenais pas. » Après la naissance, la
tradition consiste à donner un prénom à l’enfant au septième jour. Le choix du
prénom ne se fait pas au hasard. Souvent ces prénoms ont une signification. On
donnera facilement à une fille le prénom d’une parente défunte qu’on aimait
beaucoup ; quant au garçon, il sera souvent appelé Mohamed, comme le prophète.
1
BENDAHMAN, H. (1982) : Fonction paternelle au Maghreb, Thèse en psychologie, Université Louis-Pasteur
Strasbourg.
Naissance, enfance et adolescence au Maghreb
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Dans la famille de Hedia, on remarque bien cette symbolique des prénoms :
« D’abord moi c’est Hedia qui veut dire « cadeau » parce que j’étais quand même le
premier enfant. Après, il y a eu ma sœur Souad qui signifie « bonheur » et déjà là,
ma mère était déçue de ne pas avoir eu un fils. Puis, il y a eu Najia. L’accouchement
a été très difficile. Najia a failli mourir et c’est pour ça qu’ils l’ont appelée Najia, qui
veut dire « la sauvée ». Après avoir eu trois filles, ma mère espérait vraiment un
garçon, et quand elle a accouché de son quatrième enfant qui était encore une fille,
elle était à nouveau déçue. Elle l’a appelée Radhia, qui signifie « contentement,
satisfaction ». Il fallait qu’elle se contente comme ça. Puis lorsque Salwa est née,
ma mère attendait toujours un garçon. Ainsi Salwa signifiait « consolation ».
Finalement elle a eu mon frère; Abdel Kader. Abdel c’est le nom divin, ça signifie
« serviteur tout puissant ». Alors, ma mère elle était sûre que comme elle avait eu
tellement de filles avant, alors elle allait avoir que des garçons maintenant qu’il y
avait eu Abdel. Elle était vraiment sûre que le sixième enfant serait un garçon. Mais
c’était une fille et quand elle est née, elle l’a complètement abandonnée, elle ne lui a
même pas donné de prénom. Elle ne la voulait même pas. C’est moi qui lui ai choisi
un prénom. Je l’ai appelée Ibtissam Malek qui veut dire « sourire de l’ange ». C’est
moi qui la langeais, qui l’habillais, qui lui donnais à manger. J’étais comme une sorte
de mère. Mais moi je ne voulais pas de ce rôle, je n’étais pas sa mère, j’étais une
petite fille qui avait envie d’aller jouer dehors. » De manière générale, les traitements
d’une mère vis-à-vis de son bébé seront différents s’il s’agit d’une fille ou d’un
garçon. En effet, de par sa frustration de ne point avoir eu de garçon, la mère va être
moins attentive aux soins apportés à sa fille qu’à son garçon. L’attention maternelle
se concentre sur le visage de la petite fille. Au septième jour, sa mère la maquillera
pour la première fois. La psychiatre Sophie Garnero a observé que les bébés filles
étaient plus souvent emmaillotées que les garçons « comme si on leur appliquait plus
volontiers des craintes, comme si on voulait encourager leurs dispositions à la
dépendance »1.
Au terme de cette première partie de mon travail qui traite de la naissance, je me
suis demandé comment se déroulait l’accouchement pour la femme maghrébine en
1
GARNERO S. (1982): Essai d’approche des relations précoces mère-enfant de la naissance à dix-huit mois en
milieu culturel algérois, Mémoire de spécialisation en psychiatrie, Faculté de Médecine de l’Université de Paris
Val de Marne.
Naissance, enfance et adolescence au Maghreb
12
Suisse. En effet, je trouvais intéressant de me pencher sur la façon dont le fossé
culturel était géré tant par les sages-femmes que par les futures mères maghrébines
lors de l’accouchement.
Pour ce faire, je me suis rendue dans le bureau de
Charlotte Gardiol qui est infirmière-chef sage-femme au CHUV.
1.2.
L’accouchement de femmes maghrébines en Suisse
« Je me souviens de cette femme convertie à l’Islam dont le mari était musulman. Il
a fait un foin pas possible parce que plusieurs médecins ont vu sa femme. C’était
d’une violence ! Alors on a dû contacter l’Imâm Ramadan, qui est quelqu’un de très
ouvert. Il est très réaliste. […] Il y a peu de temps, on a eu une femme musulmane
dont le mari était maghrébin et il était très fâché parce qu’un homme avait touché sa
femme. » 1 En effet, les femmes maghrébines sont très pudiques et lors de
l’accouchement, il ne faut pas qu’elles soient vues par un homme. C’est ainsi qu’il
faut leur faire comprendre qu’il y a des gynécologues femmes, mais qu’on ne peut
pas exiger une présence féminine sans arrêt. « Une fois, il fallait qu’on prélève un
tout petit peu de sang sur la tête du bébé alors que le bébé était encore dans
l’utérus. Et le seul médecin présent qui pouvait faire cet examen était un homme. Le
père ne voulait donc pas faire cet examen au bébé, disant qu’il préférait que son
enfant décède plutôt qu’un homme touche sa femme. Donc pour nous, ça a une
résonance très importante : la pratique religieuse serait plus forte que la protection
de l’enfant. Alors nous, soignantes, on se positionne pour la sécurité de l’un et de
l’autre. Suite à cela, j’ai dit qu’il fallait que l’on rediscute avec l’éthicien pour savoir à
peu près quelle attitude avoir dans de pareilles situations, car c’est vrai que ce sont
les parents qui sont responsables de leurs enfants et c’est vrai que parfois, on a
tendance à dépasser nos limites de soignantes en nous imposant. Alors est-ce qu’on
prend la responsabilité lorsqu’un père nous dit qu’il préfère que son enfant meure
plutôt qu’un homme touche sa femme ? Qui va être responsable après des
éventuelles conséquences chez l’enfant ? » Ainsi, les sages-femmes suisses
s’interrogent souvent face à de telles situations et se demandent si elles
transgressent des convictions divines et dans quelle mesure cela peut porter atteinte
à la vie de l’enfant. Le corps infirmier doit parfois rencontrer l’Imâm lorsque certaines
1
Extrait de l’interview de Charlotte Gardiol, CHUV, juillet 2001, annexé en fin de travail. A noter que toutes les
prochaines citations jusqu’à la fin du premier chapitre de cette étude sont tirées de cet interview.
Naissance, enfance et adolescence au Maghreb
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personnes se plaignent d’un irrespect de leurs croyances, d’un désaccord avec le
Coran. Charlotte Gardiol a insisté sur la différence entre simples musulmans
pratiquants et intégristes. En effet, l’accouchement ne pose pas tant de questions
lorsque ce sont des couples qui sont adaptés à la culture européenne. Les femmes
maghrébines profitent des moyens techniques très développés, ce sont de plus
grandes consommatrices des moyens techniques mis en place en Suisse que les
Européennes. Elles ont plus envie de bénéficier d’une anesthésie péridurale, elles
apprécient ce luxe d’accoucher dans un hôpital bien équipé car elles ont entendu des
histoires, des récits de la part de certaines femmes de la communauté demeurées
dans leur pays d’origine, dont les accouchements étaient très difficiles. Parfois, à
l’approche d’une autre culture, on remet en question sa propre façon de penser : « Et
puis, j’avais aussi vécu une situation très intéressante avec une femme maghrébine,
c’était il y a une dizaine d’années. Cette femme n’avait pas de langes chez elle donc
elle avait de nouveau langé son enfant à la mode « momie » . Cela m’avait interpellé,
je me disais « mais ce bébé va être mouillé jusqu’au cou ! » et puis ce bébé avait au
contraire une peau parfaitement propre et pas irritée. Je pense que l’alimentation
qu’elle prenait faisait que le bébé ne devait pas avoir l’urine acide. C’est pour cela
que je trouve intéressant de voir qu’elles perpétuent certaines traditions qui sont
fondées, parce que le premier regard a été de me dire « fais attention à ça », mais je
me suis toujours imposé de ne pas vouloir tout faire en fonction de moi, mais de me
dire « sois attentive à être sûre qu’il n’y ait pas d’ effet secondaire pour l’enfant » et
c’est là, tout d’un coup, qu’on peut faire le parallèle et puis se dire « mais pourquoi
ces enfants dont on a l’impression qu’ils macèrent dans le pipi ont une peau parfaite
tandis que celui qui a des langes et qui n’est pas changé pendant huit heures, lui, il a
une irritation cutanée. » C’est par de tels récits que nous pouvons remarquer
l’immense richesse de la diversité de cultures. Nous enseignons et nous apprenons.
Très souvent, les femmes maghrébines ont un pied entre deux mondes. D’un côté,
elles désirent perpétuer les traditions et puis d’un autre côté, elles ont très envie de
passer à la mode européenne. « Alors qu’Alima produisait encore du lait très riche
pour ses jumeaux, elle voulait à tout prix commencer à leur donner du lait en poudre.
Alors je lui disais que chez nous les femmes n’utilisaient pas ces boîtes et là, on
sentait que c’était comme si elle voulait avoir accès à un luxe, elle me disait que si on
avait fait ceci c’était forcément meilleur pour les enfants. Mais non, le meilleur c’est le
Naissance, enfance et adolescence au Maghreb
14
lait maternel. C’est difficile de les raisonner parce qu’elles croient qu’ici toutes les
femmes donnent du lait artificiel. »
Si les sages-femmes suisses sont parfois confrontées à des situations difficiles, il
arrive qu’elles vivent des moments plus amusants : « Je me souviens aussi d’une
histoire d’un couple marocain, une histoire assez rigolote d’ailleurs. Les deux
amoureux avaient eu des rapports avant leur mariage et puis ils avaient eu un bébé
prématuré qui pesait 4.5kg. Ils ont donc annoncé à la famille qu’il était né à vingt-huit
semaines, qu’il était né plus tôt, dans le but que la famille ne comprenne pas qu’ils
avaient conçu ce bébé avant le mariage. J’ai vu cela plusieurs fois. Des bébés qui
naissent parfaitement à terme et qui sont présumés « prématurés » vis-à-vis de la
famille restant au pays.
Ainsi, on se rend compte que ce moment de l’accouchement n’est pas forcément
évident, ni pour la future maman maghrébine, ni pour la sage-femme suisse, mais
c’est justement ce choc de deux cultures que je trouve merveilleux et grâce auquel
on peut remettre en question sa propre façon de penser.
Si, lors de la naissance, la différence entre fille et
garçon est déjà bien présente, elle ne disparaît pas
du jour au lendemain…
Une jeune mère algérienne nourrissant son enfant.
Image tirée d’un site internet.
Naissance, enfance et adolescence au Maghreb
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CHAPITRE 2 : Enfance au Maghreb
2.1 . Etre une petite fille au Maghreb, les étapes importantes
« Le garçon, le père s’en occupe ; pour la fille, c’est la mère qui en a le souci : elle
l’éduque pour en faire une fille accomplie. »1, dit-on en Kabylie.
En effet, dès son plus jeune âge, la fillette est confiée à sa maman, son père ne s’en
occupe que très peu. « Mon papa ne jouait pas avec nous. Si je devais définir mon
père, je dirais qu’il était comme un soleil. C’était une présence. Il rayonnait. Il était làhaut, il dominait. On n’avait pas de dialogues face à face avec lui, sur le même
niveau. »2 La petite fille maghrébine doit apprendre à subir, à être docile. Lorsqu’elle
pleure, elle n’est pas consolée, à elle de le faire seule. Elle comprend bien vite que
si Dieu lui a donné un corps de femme, ce n’est pas pour le montrer. C’est pourquoi
elle doit adopter un comportement empreint de réserve, de retenue, de décence. Elle
porte ainsi de longues robes qui lui cachent les mollets, elle a les bras et la tête
recouverts. Elle ne doit parler qu’après qu’on lui ait adressé la parole. Elle ne doit
pas se montrer bavarde et doit tenir secrètes les conversations et la vie des femmes,
surtout à l’égard des hommes. Dès sa sixième année, sa mère l’instruit quant aux
travaux ménagers. Elle apprend à balayer, à coudre, à laver la vaisselle, à cuisiner…
D’après une enquête en Tunisie, pays du Maghreb le plus « moderne », 84% des
femmes ont participé dès leur plus jeune âge aux travaux ménagers, contre 5% des
hommes.3 Lorsqu’elle a quatre ou cinq ans, la fillette dort à l’écart des hommes et de
ses frères. Puis, à l’âge de six ans, elle n’a plus le droit de jouer avec des garçons, ni
demeurer en la présence d’hommes, exception faite de son père et de ses frères.
« Moi, je voulais faire tout comme les garçons. J’avais les cheveux très courts, la
coupe brosse, tirés en arrière. Je jouais toujours avec les garçons dehors. Il y a des
femmes qui disaient à ma mère qu’il ne fallait pas me laisser jouer avec des garçons,
que ce n’était pas bien. Mais pourquoi les filles ne pouvaient-elles pas jouer avec des
garçons ? Quel était le mal ? »4 La fille doit être très respectueuse envers les
hommes, consciente de leur autorité et de leur supériorité. Elle ne doit pas leur
1
GENEVOIS, H.(1970) : La mère, FDB, Fort National (II).
Interview avec Hedia Renggli.
3
ZAMITI-HORCHANI, M. : les Tunisiennes, leurs droits et l’idée qu’on s’en fait, in Peuples Méditerranéens, n°22
janvier 1983.
4
Interview avec Hedia Renggli
2
Naissance, enfance et adolescence au Maghreb
16
sourire, éviter de les regarder. Dès l’âge de trois ans commence l’éducation
religieuse de
la petite Maghrébine. Tout d’abord, elle apprend des formules
religieuses en imitant son entourage. Puis, elle apprend à prier, instruite par les
vieilles femmes. En effet, l’éducation religieuse se fait la plupart du temps au sein de
la famille. 80% des jeunes Maghrébins1 affirment que ce sont leurs parents qui les
ont initiés au Coran. « Mes parents ne m’ont infligé aucune religion. C’est moi qui ai
choisi et qui ai compris où se trouvait la vérité. Petite, ils me laissaient jouer avec des
livres religieux et ils m’ont même une fois laissé regarder la Bible ! Ils ne voulaient
rien m’imposer. » mentionne Zeineb, lors de notre entretien. Pourtant, elle poursuit:
« Depuis toute petite, mon père découpe ou poinçonne les photos qu’il trouve
indécentes dans les journaux, programmes de télévisions… C’est lui qui choisit les
programmes qu’on peut regarder à la télévision. »
N’est-ce pas une manière
d’imposer sa pensée que d’agir ainsi ?…Je ne peux m’empêcher d’avoir cette idée à
l’esprit.
2.2.
Etre un petit garçon au Maghreb, les étapes importantes
L’importance de la maternité dans la vie d’une femme a permis de comprendre quelle
pouvait être la force de l’attachement d’une mère à son fils. En effet, par sa
naissance, le garçon comble sa mère et lui permet ainsi d’acquérir une place
honorable dans la société maghrébine : mère de garçon. Ainsi, dès tout petit, le
garçon peut s’épanouir pleinement, vivant en parfaite symbiose avec sa mère. Au
contraire de la petite fille, le petit garçon est encouragé dans toutes ses
manifestations violentes traduisant son insatisfaction : il convient « qu’il sache
inspirer la crainte, comme un lion féroce, mettre le monde à ses pied, faire respecter
même son ombre. »2 Il doit faire preuve de combativité, ne pas se laisser intimider
par les autres garçons de son âge. Sa mère l’encourage souvent à la violence,
considérée comme valeur essentiellement virile. C’est ainsi que le changement entre
le bébé et le petit garçon est très brutal : le petit Maghrébin passe d’un tendre
univers maternel où règne les caresses, la chaleur du sein, de l’allaitement, de
l’amour, à un univers d’hommes où il doit faire sa place, sans hésiter à recourir à la
violence pour se montrer viril. Vers l’âge de six ans, le petit garçon est exclu du
1
2
Voir questionnaire annexé
GENEVOIS, H.(1966): Education familiale en Kabylie, FDB, Fort National (I)
Naissance, enfance et adolescence au Maghreb
17
hammam des femmes et il entre dans celui des hommes. Encore une rupture à
laquelle il lui est difficile de faire face ; le hammam des femmes était comme un
prolongement maternel, un domaine chaleureux où les femmes se détendaient toute
la journée alors que les enfants jouaient à leur guise tandis que le hammam des
hommes est plus austère, on y demeure moins longtemps, les corps sont
pudiquement voilés. Au hammam des hommes, le fils n’accompagne pas son père.
On s’y rend avec des hommes de classes d’âge identiques, des amis. Puis, un autre
événement intervient aussi lors de l’enfance : la circoncision. C’est un rite
préislamique mais qui est très souvent adopté au Maghreb, à des âges variables
entre cinq et huit ans, simultanément à l’exclusion du hammam des femmes. C’est
une étape très marquante dans la vie du garçon, c’est un rite marqué par la violence,
le sang, la souffrance. Elle est à la fois désirée et redoutée. Actuellement, 60% des
jeunes Maghrébins que j’ai interrogés, - filles et garçons -, se déclarent favorables à
la circoncision 1. Grâce à la circoncision, le jeune homme est apte à la reproduction
et il peut ainsi prendre sa place parmi les hommes. Grâce à cette étape, le nouveau
circoncis partage les privilèges masculins : il a désormais autorité et prééminence sur
les femmes.2 « Mon frère c’était le roi. Chaque fois qu’il voulait quelque chose, au
lieu d’aller le chercher lui-même, il appelait mes sœurs pour qu’elles aillent lui
chercher ce qu’il désirait. Tout le temps il disait : « Apporte-moi ceci, apporte-moi
cela ! » Et mes sœurs lui obéissaient ! Moi je leur disais de le laisser faire tout seul,
mais elles y allaient quand même. »3 Quant à ses rapports avec les autres hommes,
le garçon doit respecter la hiérarchie établie : tant qu’il n’aura pas
de fils à son tour, il restera le fils de son père.
Par sa naissance, le garçon
comble sa mère. Ainsi, elle lui
porte beaucoup d’attention.
Dès son plus jeune âge, le garçon doit savoir se faire
respecter, se montrer viril, écouter la voix de ses ancêtres
hommes.
1
Voir questionnaires annexés.
Le Coran, 4, 38.
3
Interview avec Hedia Renggli
2
Naissance, enfance et adolescence au Maghreb
18
CHAPITRE 3 : Adolescence au Maghreb
3.1 Entre joies et contraintes
Pour la jeune fille, l’adolescence est la période où les interdits se multiplient, où elle
doit redoubler de discrétion dans tous ses mouvements, ses gestes, ses paroles,
comme si sa seule présence était une indécence. Si son corps évolue, si elle prend
des formes, ce n’est certainement pas pour les montrer. « Tout comme l’homme, la
femme est humaine. Mais la femme, elle, a la féminité. En portant le foulard, elle
marque la limite entre sa vie privée et sa vie publique. En vie publique, je me couvre
et puis en vie privée, je me découvre, je m’habille comme j’en ai envie. Enfin, je ne
vais pas m’habiller de la même manière devant mon mari que devant mes enfants ou
devant mon frère. C’est une question de pudeur, je ne me promènerais pas en
culotte dans la maison, c’est logique ! »1 A noter que tout au long de mon travail, j’ai
pu remarqué à quel point les Maghrébins étaient pudiques, à quel point ils n’aimaient
pas parler de leur vie intime, aborder le sujet de la sexualité. « Dans la famille, on ne
parle pas de ce qui est personnel. On ne dit pas ce qu’on pense. On le ressent, c’est
tout. On ne parle pas non plus de sa vie intime. Cela ne se fait pas. »2 Lors de ses
premières règles, la jeune fille éprouve un certain malaise, elle ne sait pas à qui se
confier, puisque c’est un sujet intime qu’on évite, comme tous les autres. « Je me
souviens la première fois que j’avais eu mes règles. Ma mère vérifiait tout par
derrière. Après moi, c’était toujours elle qui allait aux toilettes. Je ne sais pas ce
qu’elle faisait, elle voulait voir… Elle était sûre que j’étais enceinte. Je trouvais cela
très gênant. Bien sûr, on se taisait. »3 Ainsi, plus elle se rapproche du mariage, plus
la jeune fille est surveillée par son entourage. Il faut qu’elle reste vierge pour son
futur mari. En effet, la question de la virginité est très significative au Maghreb. Ce
n’est donc pas un hasard si 90% des Maghrébins interrogés sont favorables au
respect de la virginité jusqu’au mariage. 4
« Comme j’étais plus têtue que les autres et que j’avais dit que je ne voulais pas me
marier, tout le monde était sûr que j’avais un amoureux. C’était leur obsession. Tout
le monde m’observait. Ils avaient tous tellement peur que j’aille coucher avant le
1
Voir interview annexé de Zeineb.
Voir interview annexé de Hedia Renggli.
3
Voir interview annexé de Hedia Renggli.
2
Naissance, enfance et adolescence au Maghreb
19
mariage qu’ils me suivaient même à l’université. Quand je voyais quelqu’un que je
connaissais qui n’avait rien à faire à l’université, je lui rentrais dedans exprès et lui
demandais ce qu’il faisait là. Il était toujours embarrassé. En Tunisie, dès que deux
personnes tombent amoureux, on veut les marier tout de suite parce qu’on a peur
qu’ils fassent des bêtises avant le mariage. C’est fou ce que ça m’énervait qu’on
m’espionne comme ça. »1 Ainsi, la virginité est un droit pour le mari à tel point que la
« non-virginité » représente une situation d’invalidité pour le mariage. Par cette
pression, la jeune fille est en quelque sorte dépossédée de son propre corps dans ce
qu’il a de plus intime, puisque la sauvegarde de l’intégrité de son hymen est l’affaire
de toute la famille. Comme toute la sexualité, la virginité est placée sous contrôle
social ; elle ne saurait être laissée à la gestion des individus, comme elle ne saurait
être liée à l’affectivité. Si la femme doit rester vierge jusqu’au mariage, qu’en est-il
de l’homme ? « Mon père il aimait les femmes…(elle sourit). D’ailleurs il le disait luimême : « moi je suis un coq, j’ai chanté sur tous les toits ! ». Et ma mère le savait.
Mais elle ne disait rien. Au contraire, elle était toute fière de pouvoir dire autour d’elle
que c’était une femme honnête qui n’était jamais allée voir ailleurs. Son mari lui, il
pouvait aller voir ailleurs, mais elle, elle devait le respecter. Personne n’est jamais
venu chanter sur son toit ! Cela aussi je ne comprenais pas. Pourquoi les hommes
avaient-ils le droit de faire ce qu’ils voulaient et pas les femmes ? Pourquoi les
femmes devaient-elles rester vierges pour le mariage et pas les hommes ? De toute
façon, à la base c’est injuste : comment voulez-vous voir si un homme est encore
vierge ou pas ? »
2
Car en effet, si tous les jeunes garçons qui ont répondu à mon
questionnaire se disent aussi favorables au respect de la virginité jusqu’au mariage,
comment aller prouver qu’eux non plus ne vivent pas de relations sexuelles avant le
mariage ? A la question : « Etes-vous favorable au respect de la virginité jusqu’au
mariage ? », un des jeunes Maghrébins interrogé a d’ailleurs répondu : « Pour moi
c’est non, mais c’est oui ». On remarque donc bien l’ambivalence de leur position.
Durant l’adolescence, le garçon a gardé cet étroit lien avec sa mère qui lui
manifestera toujours sa préférence. « En fait, au sein de la maisonnée, la relation
entre la mère et le fils est de beaucoup la plus forte et la plus profonde qui unisse
étroitement et durablement un homme et une femme : mère et fils constituent le seul
4
Voir questionnaire annexé.
Voir interview annexé de Hedia Renggli.
2
Voir interview annexé de Hedia Renggli.
1
Naissance, enfance et adolescence au Maghreb
20
couple hétérosexuel véritablement uni et stable dans cette société patrilinéaire et
patriarcale »1.
3.2.
Quelques éléments d’étude comparative entre des adolescents
maghrébins et des adolescents suisses
Au cours de cette recherche, j’ai bénéficié des avantages indéniables de l’outil de
travail que représente Internet.
En effet, j’ai pu recenser de jeunes Maghrébins et
de jeunes Suisses, auxquels j’ai envoyé un questionnaire traitant de sujets très
divers touchant l’adolescence. Que ce soit à propos de la religion, de la famille, de
l’amour, de la sexualité, j’avais envie de confronter leurs différents modes de pensée
dans une perspective interculturelle. Bien sûr, il serait fort prétentieux de ma part
d’en tirer des conclusions hâtives, et cela n’en est guère mon intention. Je me
bornerai à observer dans les grandes lignes les résultats obtenus en fonction des
réponses apportées aux différentes questions.
Bien que l’échantillonnage de
personnes interrogées ne soit de loin pas suffisant 2 pour que les résultats se prêtent
à une quelconque analyse prétendument scientifique, l’on constatera tout de même à
la lecture des histogrammes3 qu’il y a des tendances fort marquées selon qu’il s’agit
des questionnaires remplis par les jeunes Maghrébins ou par les jeunes Suisses.
J’ai noté que même si le Maghreb semble s’être laissé entraîner dans une vague de
modernisme ces dernières années, un grand fossé demeure néanmoins entre les us
et coutumes de l’Occident et ceux du Maghreb . Je n’oserais en aucune manière
affirmer des causes à ces états de fait, causes qui sont certainement multifactorielles et dont l’énoncé dépasse largement le cadre de ce travail et pourrait faire
l’objet d’une thèse.
1
LACOSTE-DUJARDIN C.(1996) : Des mères contre les femmes, Maternité et patriarcat au Maghreb, Ed. La
Découverte, Paris.
2
10 Maghrébins et 10 Suisses.
3
Schémas comparatifs sur lesquels on peut lire les résultats en pourcentage.
Naissance, enfance et adolescence au Maghreb
21
Tout d’abord, penchons-nous sur le thème de la religion :
M a ghr eb:
je su is cr oy a nt , c a
100
100
80
Sui ss e:
j e sui s cr o yan t, ca
80
60
40
60
20
0
20
40
0
je pense
vraimen t
que Dieu
exist e
M aghr e b:
mes
parent s
m'ont
éduqué
ainsi
il est
rassurant
de penser
que qqn
nous
prot ège
je ne sais
pas
pourquoi ej
suis
croyan t
je pense
vraimen t
que Dieu
exist e
je ne suis
pas
croyant
l 'e nse ignement du Co ran
con vi e nt . . .
Sui ss e:
m
100
100
80
80
60
60
40
40
20
20
mes
parent s
m'ont
éduqué
ainsi
il est
rassurant
de penser
que qqn
nous
prot ège
je ne sais
je ne suis
pas
pas croyant
pourquoi ej
suis
croyant
l 'e nse ignem en t de la Bi bl e m
con vi ent .. .
0
0
t out à fai t
M agh reb :
assez bien
pas tellement
t out à fai t
pas du tout
je l is l e Cor an à la fr équ e
s ui vant e. ..
100
100
assez bien
pas tellemen t
pas du tout
Sui sse : j e li s la Bi bl e à l a fr équ e
sui van te. ..
80
80
60
60
40
40
20
20
0
0
t ous les jours
souvent
rarement
jamais
t ous les jours
souvent
rarement
jamais
Les Maghrébins et les Suisses appréhendent la religion dans une vision très
différente. Les Maghrébins se disent tous musulmans et répondent affirmativement à
100% qu’ils sont croyants car ils pensent vraiment que Dieu existe. Ils sont aussi tout
à fait satisfaits, et ce, à 100%, de l’enseignement du Coran. Quant aux Suisses, ils
paraissent bien moins convaincus, voire pas du tout, par la religion : 20% d’entre eux
disent ne pas être croyants et, de ceux qui prétendent l’être, 30% ne savent
cependant pas pourquoi ils croient en Dieu.
Naissance, enfance et adolescence au Maghreb
22
M aghr e b: j e pou rr ai s me mar i er av e c
d' une cul tu re di ff ér e nt e de l a mienne
Sui sse : j e pour rai s me m a ri e r av ec
d' une cu lt ur e di ff ér e nt e de l a mie nn
100
100
80
80
60
60
40
40
20
20
0
0
oui
oui
non
non
Il me semble aussi important de mentionner l’impact que peut avoir la religion sur
une société. Car si 60% des jeunes Maghrébins interrogés prétendent qu’ils ne
pourraient pas se marier avec quelqu’un d’une autre culture, ils ont quasiment tous
précisé que leur décision dépendait de la religion et que c’est notamment la religion
qui leur interdisait le mariage avec des Juifs.
J’ai noté que la religion1 pouvait engendrer ou renforcer certains tabous au Maghreb.
Un des principaux tabous étant la sexualité.
M aghr e b:
l a sex ual it é e st
Sui ss e: la s ex ua li té es t
100
100
80
80
60
40
60
40
20
20
0
un sujet dont on
parle libremen t en
f amille
un sujet difficileà
partager en famille
un sujet tabou dont
on ne parle pas
0
un sujet don t on
parle bre
li ment en
famille
un suje t diff icileà
partager en famille
un sujet tabou don t
on ne parle pas
Aussi, il est surprenant de constater que si 70% des jeunes Suisses interrogés
déclarent parler librement de la sexualité en famille, 60 % des Maghrébins, eux,
répondent que la sexualité est un sujet tabou dont ils ne parlent pas en famille…
1
Dans de nombreuses sourates du Coran, il est écrit que la femme doit porter un voile, ne pas attirer les
regards, baisser les yeux… Son corps est ainsi quelque chose qui dérange, qu’il ne faut pas montrer. Cette
idée transmise aux musulmans ne peut que renforcer leur pudeur face à des sujets tels que la sexualité, les
relations avant le mariage…
Naissance, enfance et adolescence au Maghreb
23
Sui sse : j e s ui s f av o rab le au r e spe ct de
v i rgi ni té ju squ 'au m a ri a ge
M aghr e b: j e sui s fav or a bl e a u r esp ect de
v i rgi ni té ju squ' au m ar ia ge
100
100
80
80
60
60
40
40
20
20
0
0
oui
oui
non
non
Préserver sa virginité jusqu’au mariage ? 90% des Maghrébins se disent pour.
Quant aux Suisses, seuls 20% d’entre eux y sont favorables et partagent cette
idéologie. Je parle d’idéologie car à la lecture des questionnaires maghrébins, je me
suis demandée à quel point leurs réponses -à savoir qu’ils étaient favorables au
respect de la virginité jusqu’au mariage- démontraient leur véritable envie et non pas
une idée préconçue de l’amour, vivement influencée par des convictions
religieuses… Car si les Maghrébins répondaient « je suis favorable au respect de la
virginité jusqu’au mariage », ils précisaient, comme l’a fait Fatima : « Mais on peut
tous faire des erreurs ... » Ainsi, faire l’amour serait-il une « erreur » ?
M agh reb:
pour moi , l' Occi de nt c' e
S ui s se:
100
pour moi , le Maghr e b c' e
100
80
80
musique,
discos
le rêve
0
monde qui
dégénère
0
gogo
20
sexe à
40
20
technologie
60
40
liberté
60
La majorité des Suisses interrogés associent le Maghreb avec les femmes soumises.
Néanmoins, 20 % d’entre eux y voit une culture formidable. A l’inverse de la
soumission, les Maghrébins associent à 40% l’Occident avec la notion de liberté.
30% d’entre eux y voient plutôt un continent où règnent les technologies poussées,
et ils n’ont pas tout tort : la proportion de 30% seulement de Maghrébins possédant
un téléphone portable contre 80% de Suisses le démontre.
Naissance, enfance et adolescence au Maghreb
24
Je ne saurais terminer ce travail sans mentionner en quelques mots les événements
qui ont bousculé notre monde durant ce dernier mois de septembre 2001, à savoir
les attentats terroristes perpétrés contre le World Trade Center de New York. Loin
de moi l’idée de polémiquer, mais il ne m’est pas possible de passer sous silence
une catastrophe mondiale aussi conséquente au moment où je me penche sur
quelques aspects liés à la religion musulmane. A la suite de pareils événements, il
n’est pas surprenant de constater que 60% des Maghrébins et 70% des Suisses
interrogés ont peur de l’évolution du monde…
M aghr e b: l' év o lu ti on du mond
Su iss e: l'év ol u ti on du mond
100
100
80
80
60
60
40
40
20
20
0
0
me fascine
m'effraie
es t
merveilleuse
m'impo r te peu
me fascine
m'ef f raie
est
merveilleuse
m'impor te peu
« Désolé si j’ai tardé à te répondre, j’étais
tellement préoccupée par les attentats contre les
USA et ça m’a fait tellement de peine de penser
à tous ces innocents ( mais il faut dire aussi que
les USA ont soutenu et protégé les terroristes
lors d’un attentat à la bombe qui a frappé Alger
et qui a fait des dizaines de morts et des
centaines de blessés en 1995…) J’espère que
ces attentats n’ont pas affecté l’image que tu
avais de l’islam et je veux t’assurer que l’islam
est contre cela et que notre religion condamne
fermement ces actes. »
Extrait d’un mail reçu le 20.10.01 de Chloé Sissi,
une jeune algérienne « rencontrée » sur internet.
A la suite des événements tragiques du 11
septembre
2001 (voir photo du haut), de
nombreux Musulmans se sont rassemblés pour
prier pour les milliers de victimes. ( photo du bas
à Tunis) Ainsi on remarque que tous les
Musulmans ne sont pas extrémistes et il est
essentiel de savoir faire cette différence
photos tirées de www.archives.infini.net
Naissance, enfance et adolescence au Maghreb
25
CONCLUSION
En conclusion, il me semble que désormais je situe mieux la position de la femme
dans la société maghrébine. J’ai saisi que la différence flagrante entre homme et
femme était ancrée dans les esprits et s’installait dès la naissance. Constatant les
profondes convictions religieuses des Musulmans interrogés, et après une lecture
partielle du Coran, j’ai l’impression de mieux comprendre leur mode de pensée.
J’ai découvert également de nombreuses coutumes liées à la naissance qui m’ont
fascinées. Grâce aux jeunes Maghrébins avec lesquels j’ai eu la chance de pouvoir
correspondre via internet, j’ai observé que l’opinion publique était très mitigée : entre
extrémisme et quête de modernisme, entre envie d’émancipation et poids des
traditions. Quant à la femme, même si son statut a déjà fortement évolué ces
dernières années, il n’en demeure pas moins qu’elle vit dans l’ombre de son mari, un
mari qu’elle effraie toujours autant. Car l’homme craint la femme. L’idée qu’elle
puisse s’affirmer, après tant d’années de silence, n’est certes pas facile à accepter
pour les hommes, qui ont cru si longtemps pouvoir tout maîtriser. Mais il est
important de noter que la femme attise également cette idée d’infériorité à l’homme,
en traitant son fils comme un roi et en portant moins d’intérêt à sa fille. Lors de la
conception du chapitre sur l’adolescence et au retour des questionnaires envoyés,
j’ai pris conscience du fossé culturel qui pouvait exister entre deux peuples : la
comparaison entre les réponses suisses et maghrébines m’a permis de constater cet
écart qu’il y avait entre les deux peuples.
Cette recherche m’a énormément plu et intéressée ;
en m’adressant à des
adolescents de mon âge, je me suis ainsi sentie très concernée par ce sujet et
certaines réponses m’ont beaucoup touchée, interpellée.
Lors d’un interview, j’ai été particulièrement troublée. Les personnes musulmanes
interrogées n’ont pas fait preuve de beaucoup d’ouverture d’esprit en émettant des
critiques à l’égard de la religion protestante. Elles semblaient persuadées de détenir
la Vérité et désiraient sans doute me faire partager leur idéologie. Cela a eu le
mérite de m’interpeller et je me suis remise en question en réfléchissant à ma religion
et à mes valeurs de vie.
Naissance, enfance et adolescence au Maghreb
26
Finalement, j’ai réalisé ce que cela signifiait d’entreprendre un travail de cette
ampleur, d’utiliser une méthodologie adéquate, d’élaborer un questionnaire
approprié, de préparer des interviews en ciblant les questions prioritaires, de
rechercher de la documentation, d’utiliser de manière plus approfondie certains
programmes à l’ordinateur tels que Excel et Word. Si je devais poursuivre ce travail,
j’étudierais en profondeur ce fossé culturel entre l’Occident et le Maghreb par le biais
d’une enquête s’adressant à un collectif de personnes nettement supérieur, en
traitant notamment de questions d’ordre historique et anthropologique.
Il me semble qu’à l’heure où les inégalités sociales se font tant ressentir, il serait
impérieux que chacun s’intéresse aux cultures étrangères pour mieux comprendre
l’Autre dans ses envies et ses besoins. De par ce travail, j’ai l’impression d’avoir fait
un petit pas sur le chemin qui mène vers un monde de compréhension et d’harmonie
entre les hommes. De nombreux pas restent encore à faire …
Au terme de ces lignes, je puis affirmer que j’adhère aux propos d’André Malraux
lorsqu’il énonce que « Juger, c’est de toute façon ne pas comprendre, puisque si l’on
comprenait, on ne pourrait plus juger ».
Naissance, enfance et adolescence au Maghreb
27
BIBLIOGRAPHIE
Monographies et ouvrages divers
•
BENDAHMAN, H. (1982) : Fonction paternelle au Maghreb, Université LouisPasteur-Strasbourg1, thèse en psychologie.
•
GARNERO S. (1982): Essai d’approche des relations précoces mère-enfant
de la naissance à dix-huit mois en milieu culturel algérois, Mémoire de
spécialisation en psychiatrie, Faculté .de Médecine de l’Université de Paris
Val de Marne.
•
GENEVOIS H. (1970) : La mère, FDB, Fort National (II).
•
GENEVOIS H. (1966): Education familiale en Kabylie, FDB, Fort National (I)
•
GENEVOIS H. (1969) : La femme kabyle, les travaux et les jours, FDB, Fort
National (II).
•
LACOSTE-DUJARDIN C. (1996) : Des mères contre les femmes, Maternité et
patriarcat au Maghreb, Ed. La Découverte, Paris.
•
LE CORAN (1980), traduction Régis Blachère, Paris, Maison-neuve et Larose.
•
MOKEDDEM M. (1993) : « L’interdite », Ed. Grasset et Fasquelle.
•
NASEEF F. (1995) : Droits et devoirs de la femme en Islam, à la lumière du
Coran et de la Sunna, Ed. Tawhid.
•
PERNET V. (1991) : Traditions, Travail infirmier post-diplôme, Lausanne.
Articles
•
SIJELMASSI Mohammed, BOUTALEB Youssef, HILMI Latifa (1952):
Positions d’accouchement, rites, mythes et symboles autour de la naissance
dans le Maghreb, tiré de l’ouvrage de MATTHIEU J. et MANEVILLE R. Les
Accoucheuses musulmanes traditionnelles de Casablanca, Publications de
l’Institut des Hautes Etudes marocaines.
•
ZAMITI-HORCHANI, M. : les Tunisiennes, leurs droits et l’idée qu’on s’en fait,
in Peuples Méditerranéens, n°22, janvier 1983.
Pages Web
•
www.archives.infini.net
•
www.neufmoisetplus.com/photos
•
http://perso.wanadoo.fr/jacques.nimier

Documents pareils